Les coûts sociaux de la révolution industrielle

De Baripedia
Évolution de la population urbaine de l'europe 1000 - 1980.png

Les nouveaux espaces

Bassins et villes industrielles

Bassins et villes industrielles révolutoin industrielle.png

Jusqu’en 1800, selon la loi des 15%, la population urbaine ne pouvait excéder les 15%. Cela commence à changer à partir de 1850. Néanmoins, à la fin du XIXème siècle, les paysans constituent toujours la très grande majorité de la population. Il faut attendre les 1950 pour voir le taux d'urbanisation dépasser les 50% en Europe. Aujourd'hui, le taux d'urbanisation est supérieur à 70%. Le premier bassin est l’Angleterre, puis vient la Ruhr allemande et le Nord de la France.

Il faut faire une distinction entre les pays noirs et les villes textiles :

  1. les pays noirs : ce terme est utilisé à cause de la fumée qui se déverse à la campagne. Ce sont les pays du charbon et de métal. Des villages qui tout à coup deviennent des villes industrielles à toute vitesse à cause du charbon puis de la sidérurgie qui suit. Jusque-là, le monde ne bougeait pas. Et tout à coup ces blocages s'effacent, c'est l’industrialisation qui brise ce modèle. La normalité de nos sociétés est aujourd'hui la croissance, on se considère en crise si on n’évolue pas. C'est une fait nouveau et les gens sont pris par la peur d’un désastre. Le charbon est une nouvelle industrie, contrairement au textile et à la sidérurgie, sans compter qu’il demande énormément d’ouvriers. C’est le charbonnage qui fait que les pays noirs se développent beaucoup plus.
  2. les villes textiles : ce sont de petits bourgs qui se développent tout à coup rapidement. Les usines s’installent en ville où se trouvent déjà les commerçants enrichis au XIXème siècle. L’industrie est plus légère ce qui lui permet d'être concentré en ville. L'industrie textile peut se développer en ville car il est l'installer dans des infrastructures sur deux trois quatre étage alors que la sidérurgie doit être à plat, donc à la campagne.

« Quand on a passé le lieu appelé la Petite-Flémalle, la chose devient inexprimable et vraiment magnifique. Toute la vallée semble trouée de cratères en éruption. Quelques-uns dégorgent derrière les taillis des tourbillons de vapeur écarlate étoilée d’étincelles; d’autres dessinent lugubrement sur un fond rouge la noire silhouette des villages; ailleurs les flammes apparaissent à travers les crevasses d’un groupe d’édifices. On croirait qu’une armée ennemie vient de traverser le pays, et que vingt bourgs mis à sac vous offrent à la fois dans cette nuit ténébreuse tous les aspects et toutes les phases de l’incendie, ceux-là embrasés, ceux-ci fumants, les autres flamboyants.

Ce spectacle de guerre est donné par la paix; cette copie effroyable de la dévastation est faite par l’industrie. Vous avez tout simplement là sous les yeux les hauts fourneaux de M. Cockerill. »

— Victor Hugo (1834), Voyage le long du Rhin

Deux types de développement démographique

Vue de Verviers (Milieu du XIXe s.)
Aquarelle de J. Fussell

Dans les villes textiles, les artisans ruraux éparpillés viennent se concentrer en ville. Ils quittent les campagnes pour venir s’installer près des usines étant donné que cela prend beaucoup de temps de se déplacer de la campagne à l'usine. Ce qui est intéréssant est que le nombre de travailleurs du textile est resté le même pour une explosion des gains de productivité. En ville, il y a une concentration des forces dispersée. Vervier est par exemple un ville textile où on dénombre 35000 habitants au début XIXème siècle et 100000 habitants à la fin du XIXème siècle.

Concernant les régions sidérurgiques, les ouvriers se concentrent dans les bassins industriels dans les pays noirs, il n’y a pas non plus d'explosion d’ouvriers. La machine à vapeur permet d’aérer les galeries des mines mais il faut des travailleurs. Le pays noirs connaissent une explosion démographique étant du à l'industrie charbonnière. Par exemple, à Lièges, la population augmente de 50000 habitants à 400000 habitants.

Conditions de logement et hygiène

Les espaces sont sous-équipés. Les villes textiles subissent le premier choc, parce que ce sont des espaces déjà denses, et il faut accueillir une population nouvelle. On rajoute des étages, on construit des logements au-dessus des ruelles. Dans l’immense majorité des cas, le développement des pays noirs et tout aussi anarchique. Les ouvriers vivent comme des animaux, dans des espèces de bidonvilles. Ces espaces sont à l’origine d’un cercle vicieux, car ces taudis ne sont pas fait pour durer, et on ne peut pas amener l’eau, car c’est très étendu donc ça coute cher, et ça met les taudis sans fondations en danger d’effondrement -> on ne peut pas améliorer l’hygiène. Seule solution :tout recommencer. On passe du stade de village à celui de commune avec énormément d’habitants, mais sans être des villes. Les infrastructures ne suivent pas (Seraing passe de 2 000 à 400 000 habitants). Ni villes ni villages.

Une alimentation déficiente et des salaires bas

Une alimentation déficiente et des salaires bas.png

Les marchés mettent très longtemps à s’organiser, et il y a très peu de commerçants et d’épiciers dans les villes industriels qui en plus en profitent pour pratiquer des prix exagérer. Donc endettement des ouvriers. Les entreprises ont essayé de réagir, avec le truck-system. On vous paye une partie de votre salaire en denrées alimentaires, ou biens de consommations domestiques, que l’entreprise achète en gros. Mais ça donne un pouvoir de l’entreprise sur votre survie immédiate. L’ouvrier est considéré comme immature. Durant tout le XIXème siècle, on va réfléchir au salaire minimum de l’ouvrier pour qu’il puisse vivre mais qu’il n’aille pas se souler. D’où la loi d’Engel : « Plus un individu, une famille, un peuple sont pauvres, plus grand est le pourcentage de leur revenu qu'ils doivent consacrer à leur entretien physique dont la nourriture représente la part la plus importante ». Si on veut mesurer le degré de pauvreté d’un peuple, d’une famille ou d’un individu, voir quel pourcentage de son revenu il consacre à se nourrir. Le faible revenu fait que la majorité de la population ne peut pas payer d’impôts, et c’est le serpent qui se mord la queue.

=> Dureté de la condition ouvrière. Le salaire réel commencera à augmenter quand la révolution industrielle est bien installée,dans la 2ème partie du 19ème.

Le jugement ultime : la mortalité des populations industrielles

Le paradoxe de la croissance

L’espérance de vie s’effondre dans les bassins industriels. Il tombe à 30 ans, c’est un massacre. Mais il grimpe dans les campagnes. Les campagnes perdent la proto-industrie et elles se ruralisent. Les bouches à nourrir en trop migrent vers les villes industrielles, où il y a du travail.

L’environnement plus que le travail

Le rôle meurtrier de l’environnement plutôt que le travail. Les conditions de travail étaient épouvantables. La loi le Chapelier : le patron est cru sur parole alors que l’ouvrier doit prouver ses dires. Elle est utilisée pour interdire les syndicats. Pourtant les émigrants sont les plus robustes, les plus ouverts à la prise de risque et ils ont donc une espérance de vie un peu plus haute. Donc les adultes sont un peu épargnés. Mais la vieillesse vient plus tôt. On s’use littéralement au travail. Alors que les enfants sont les 1ères victimes, car il y a les eaux qui sont souillées, et les enfants meurent de déshydratation et de diarrhées. On amène du lait de la campagne, sauf que le lait ne se conserve pas, donc les enfants en meurent aussi.

Les épidémies de choléra

Peur bleu choléra cheminement.png
Choléra pandémie 1840 - 1855.png

C'est le retour de la mortalité, surtout infantile, dans les villes, à cause du mauvais environnement.

On pensait s’être sorti des épidémies, mais ça revient au 19ème. Il y avait déjà eu le vaccin contre la variole, entre autre, et donc on a l’impression de prendre les choses en main, de jouer à Dieu. On a peur que cela retombe,d’ailleurs, ça retombe avec le choléra. Celui-ci devient une pandémie, c'est à dire à l’échelle mondiale. D’ailleurs son bassin c’est la vallée du Gange. On essaie d’externaliser la faute, ce n’est pas l’hygiène des bassins le problème,c’est la sauvagerie asiatique qui arrive. En plus, c’est la première épidémie médiatique. On le voit se rapprocher, on a le temps d’avoir peur avant qu’il soit vraiment là. Peur collectives nouvelles.

Choéra taux de mortalité par profession en haute marne.png

Tout le monde s’aperçoit que c’est une maladie sociale, qui tue les pauvres en grande, grande majorité. Le virus du choléra est sensible aux acides d’estomac que créent les graisses qu’on mange. Donc ceux qui ne mangent que des pommes de terre ne peuvent pas résister, comme ils sont mal nourris. Sauf qu'on est au XXème siècle, la révolution est passée par là, et des émeutes se créent. Les petites gens accusent les élites de vouloir les empoisonner, pour tuer les révolutionnaires.La thèse de l’empoisonnement est soutenue par le fait que la peau des mourants prend une teinte bleue.

Le médecin est un membre de l’élite social, mais il est le seul à être plus ou moins reconnus et respecté par les petites gens. Car le médecin est bon, il est dévoué, et c’est un savant dans un siècle qui promeut la science. Et cette image résiste malgré leur inefficacité contre le choléra.Car personne ne sait ce qu’est un virus. Une majorité pense même que le choléra n’est pas contagieux. Le médecin développe une médecine d’observation, ce qui devient le cœur de la médecine du XIXème siècle, ainsi que l’étude de leur condition de vie, et de leur nourriture. Les non-contagionnistes eux pensait qu’il ne fallait pas arrêter le commerce, puisque que ce n’était pas contagieux,mais qu’il fallait assainir les villes. Il y a une ségrégation sociale pour essayer de lutter contre le choléra, avec les élites au centre-ville et les petites gens aux périphéries. Mais c’est aussi une ségrégation des classes sociales.

La « question sociale »

La distinction ne se fait plus sur le sang mais sur le statut social engendrant une élite bourgeoise. Est internalisé une hiérarchie sociale et morale. L’élite est constituée d'individus qui ayant réussi à gérer leurs affaires et qui ont donc le crédit afin de gérer le pays. Ce sont d'ailleurs pendant un moment les seuls à pouvoir voter. Les ouvriers sont vus comme des enfants cédant à l’alcoolisme. Une idée reçu par les ouvriers est qu'il ne faut pas se en colère car cela pourrait amener le choléra, c'est pourquoi il n'y a pas de manifestation. Tans ce contexte, les bourgeois deviennent paranoïaque des banlieues ouvrières.

« Si vous osez pénétrer dans les quartiers maudits où [la population ouvrière] habite, vous verrez à chaque pas des hommes et des femmes flétris par le vice et par la misère, des enfants à demi-nus qui pourrissent dans la saleté et étouffent dans des réduits sans jour et sans air. Là, au foyer de la civilisation, vous rencontrerez des milliers d’hommes retombés, à force d’abrutissement, dans la vie sauvage ; là, enfin, vous apercevrez la misère sous un aspect si horrible qu’elle vous inspirera plus de dégoût que de pitié, et que vous serez tenté de la regarder comme le juste châtiment d’un crime [...]. Isolés de la nation, mis en-dehors de la communauté sociale et politique, seuls avec leurs besoins et leurs misères, ils s’agitent pour sortir de cette effrayante solitude, et, comme les barbares auxquels on les a comparés, ils méditent peut-être une invasion. »

— Buret, cité par Chevalier, 594-595.

Notes

Références

<vote type=1 />