Modification de La naissance du concept moderne de l’État

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{{Infobox Lecture
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| cours = [[Histoire de la pensée juridique et politique : les fondements de la pensée juridique et politique moderne 1500 – 1850]]
| faculté =
| département =
| professeurs = [[Alexis Keller]]<ref>[https://en.wikipedia.org/wiki/Alexis_Keller Alexis Keller - Wikipedia]</ref><ref>[https://www.unige.ch/droit/collaborateur/professeurs/keller-alexis/ Alexis Keller - Faculté de droit - UNIGE]</ref><ref>[https://www.ictj.org/about/alexis-keller Alexis Keller | International Center for Transitional Justice]</ref>
| enregistrement =
| lectures =
* [[Machiavel et la Renaissance italienne]]
* [[L’ère de la Réforme]]
* [[La naissance du concept moderne de l’État]]
* [[John Locke et le débat sur le gouvernement civil]]
* [[Montesquieu et la définition de l’État libre]]
* [[Jean-Jacques Rousseau et le nouveau pacte social]]
* [[Le Fédéraliste et la théorie politique américaine]]
* [[John Stuart Mill, démocratie et limites de l’Etat libéral]]
}}
{{Translations
| en = The birth of the modern concept of the state
| es = El nacimiento del concepto moderno de Estado
}}
= Jean Bodin et la question de la souveraineté =
= Jean Bodin et la question de la souveraineté =


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C’est un raisonnement obsessionnel qui s’appuie d’abord sur la traditionnelle division du droit romain de l’imperium qui divise l’imperium entre souveraineté majeure et souveraineté mineure c’est-à-dire les attributs de la souveraineté les plus importants et les attributs de la souveraineté qui l’étaient moins.  
C’est un raisonnement obsessionnel qui s’appuie d’abord sur la traditionnelle division du droit romain de l’imperium qui divise l’imperium entre souveraineté majeure et souveraineté mineure c’est-à-dire les attributs de la souveraineté les plus importants et les attributs de la souveraineté qui l’étaient moins.  


L’imperium merum est la souveraineté majeure de celui qui détient le glaive, le pouvoir et les armes, mais il s’est appuyé sur cette division qui soulève la question est de savoir si les Romains ont divisé la souveraineté en imperium merum et imperium mixtum, y a-t-il des compétences qui doivent être associées qu’à une entité ? Parallèlement à cette question qu’il se pose, il va adopter une perspective comparative historique qui va donner beaucoup d’importance à la coutume locale.
L’imperium merum est la souveraineté majeure de celui qui détient le glaive, le pouvoir et les armes, mais il s’est appuyé sur cette division qui soulève la question est de savoir si les romains ont divisé la souveraineté en imperium merum et imperium mixtum, y a-t-il des compétences qui doivent être associé qu’à une entité ? Parallèlement à cette question qu’il se pose, il va adopter une perspective comparative historique qui va donner beaucoup d’importance à la coutume locale.


Bodin va définir la souveraineté qui ne doit plus être divisée entre une souveraineté majeure et mineure, pour cela il va s’appuyer sur de très nombreuses lectures certes du droit romain, mais il va surtout se plonger dans l’histoire des nations et l’histoire comparée des États en mettant l’accent sur le rôle des coutumes en soulignant que chaque État à ses mécanismes juridiques et ses visions différentes. Il emprunte à Aristote la vision Grèce, à Polybe la vision romaine, à certains juristes médiévaux, il se plonge dans l’histoire du droit passé pour voir si on ne peut tirer une définition unique de la souveraineté.
Bodin va définir la souveraineté qui ne doit plus être divisée entre une souveraineté majeure et mineure, pour cela il va s’appuyer sur de très nombreuses lectures certes du droit romain, mais il va surtout se plonger dans l’histoire des nations et l’histoire comparée des États en mettant l’accent sur le rôle des coutumes en soulignant que chaque État à ses mécanismes juridiques et ses visions différentes. Il emprunte à Aristote la vision Grèce, à Polybe la vision romaine, à certains juristes médiévaux, il se plonge dans l’histoire du droit passé pour voir si on ne peut tirer une définition unique de la souveraineté.
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Il en arrive après son analyse des différents régimes politiques à découvrir que la souveraineté peut être définie par cinq attributs :
Il en arrive après son analyse des différents régimes politiques à découvrir que la souveraineté peut être définie par cinq attributs :
*désignation des magistrats et l’attribution des pouvoirs de chacun : le souverain peut designer les magistrats et attribuer le pouvoir aux uns et aux autres
*désignation des magistrats et l’attribution des pouvoirs de chacun : le souverain peut designer les magistrats et attribuer le pouvoir aux uns et aux autres
*peut établir ou abolir les lois : le souverain, quel qu’il soit, le corps politique ou le peuple, peut établir et abolir les lois
*peut établir ou abolir les lois : le souverain quel qu’il soit, le corps politique ou le peuple, peut établir et abolir les lois
*peut déclarer la guerre et/ou conclure la paix
*peut déclarer la guerre et/ou conclure la paix
*il est l’instance qui peut entendre les magistrats en dernier recours
*il est l’instance qui peut entendre les magistrats en dernier recours
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Tout souverain a ces cinq attributs, la souveraineté est définie par ces cinq caractéristiques qu’elles soient la souveraineté d’un roi ou du peuple, ce sont les attributs de la souveraineté moderne.  
Tout souverain a ces cinq attributs, la souveraineté est définie par ces cinq caractéristiques qu’elles soient la souveraineté d’un roi ou du peuple, ce sont les attributs de la souveraineté moderne.  


La première définition de la souveraineté qui nous est offerte qui est très juridique à un certain nombre de conséquences sur la définition des cinq attributs présentés par Bodin. Tout d’abord, il y a une vraie clarification des pouvoirs publics, au fond en présentant et en décrivant ces cinq attributs de ce que constitue la souveraineté et du pouvoir souverain, Bodin fait œuvre de clarificateur de quels sont les pouvoirs de qui.
La première définition de la souveraineté qui nous est offerte qui est très juridique à un certain nombre de conséquences sur la définition des cinq attributs présentés par Bodin. Tout d’abord il y une vraie clarification des pouvoirs publics, au fond en présentant et en décrivant ces cinq attributs de ce que constitue la souveraineté et du pouvoir souverain, Bodin fait œuvre de clarificateur de quels sont les pouvoirs de qui.


La première conséquence est que les monarchomaques avaient affirmé un certain nombre de choses, Bodin clarifie les prérogatives des pouvoirs publics.
La première conséquence est que les monarchomaques avaient affirmé un certain nombre de choses, Bodin clarifie les prérogatives des pouvoirs publics.


La deuxième conséquence est qu’il refuse la vision de la constitution mixte de Machiavel et de ses héritiers humanistes et admirateurs de Rome qui avait été soutenue : s’il y est opposé à une division et à un éparpillement de la souveraineté, de la division des compétences, il ne va pas défendre une constitution qui par définition divise le pouvoir ; autrement dit, l’homme qui dispose d’une forte concentration du pouvoir ne va pas soutenir une idée qui répartit le pouvoir dans différentes entités.
La deuxième conséquence est qu’il refuse la vision de la constitution mixte de Machiavel et de ses héritiers humanistes et admirateurs de Rome qui avait été soutenue : s’il y est opposé à une division et à un éparpillement de la souveraineté, de la division des compétences, il ne va pas défendre une constitution qui par définition divise le pouvoir ; autrement dit, l’homme qui dispose d’une forte concentration du pouvoir ne va pas soutenir une idée qui repartit le pouvoir dans différentes entités.


La troisième conséquence est que Bodin va présenter une vision de la souveraineté comme une vision indivisible : c’est l’affirmation de l’idée que la souveraineté est indivisible ; puisqu’il est confronté à la confusion que la division des pouvoirs peut susciter, il va être contre la division de la souveraineté.
La troisième conséquence est que Bodin va présenter une vision de la souveraineté comme une vision indivisible : c’est l’affirmation de l’idée que la souveraineté est indivisible ; puisqu’il est confronté à la confusion que la division des pouvoirs peut susciter, il va être contre la division de la souveraineté.
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Cette idée va permettre à Hobbes de dire que celui qui a la souveraineté n’est ni le roi ni le peuple, mais c’est l’État. C’est l’idée d’affirmer qu’il y a dans tout corps politique, un individu ou un groupe d’individus qui détient tous les pouvoirs et en qui tout le pouvoir et souveraineté est concentré.  
Cette idée va permettre à Hobbes de dire que celui qui a la souveraineté n’est ni le roi ni le peuple, mais c’est l’État. C’est l’idée d’affirmer qu’il y a dans tout corps politique, un individu ou un groupe d’individus qui détient tous les pouvoirs et en qui tout le pouvoir et souveraineté est concentré.  


== Jean Bodin Méthode pour étudier l’Histoire, 1566 ==
== Jean Bodin - Méthode pour étudier l’Histoire, 1566 ==
Dans cet ouvrage, Bodin explique la souveraineté et affirme l’indivisibilité. C’est un texte important parce qu’il est un texte fondateur de la théorie politique.  
Dans cet ouvrage, Bodin explique la souveraineté et affirme l’indivisibilité. C’est un texte important parce qu’il est un texte fondateur de la théorie politique.  


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{{citation bloc|Nous appellerons donc magistrat tout homme qui participe à l’autorité publique.}}
{{citation bloc|Nous appellerons donc magistrat tout homme qui participe à l’autorité publique.}}


Celle ou celui qui exerce une parcelle d’autorité publique s’appelle un magistrat et la question est de savoir si un magistrat parmi les magistrats exerce cette souveraineté, avec un « primus inter pares », qui est détenteur de cette souveraineté ?
Celle ou celui qui exerce une parcelle d’autorité publique s’appelle un magistrat et la question est de savoir si un magistrat parmi les magistrats exerce cette souveraineté, avec un « primus inter pares », qui est détenteur de cette souveraineté ?


{{citation bloc|Qui donc reconnaîtrait pour magistrat un homme dépourvu d’agent d’exécution et incapable de commander quoi que ce soit ? Cela peut s’accorder avec les charges et les honneurs, mais avec l’autorité il n’en va pas de même. Et sur ce point Charles Sigonio et N. Grucchi se sont trompés pour avoir pensé, à la suite de Festus, que l’on devait leur reconnaître sinon l’autorité du moins le pouvoir. Mais sur ce point, il convient de suivre les règles des jurisconsultes et non celles des grammairiens : or pour eux, la potestas est tantôt égale et tantôt supérieure à l’imperium.}}
{{citation bloc|Qui donc reconnaîtrait pour magistrat un homme dépourvu d’agent d’exécution et incapable de commander quoi que ce soit ? Cela peut s’accorder avec les charges et les honneurs, mais avec l’autorité il n’en va pas de même. Et sur ce point Charles Sigonio et N. Grucchi se sont trompés pour avoir pensé, à la suite de Festus, que l’on devait leur reconnaître sinon l’autorité du moins le pouvoir. Mais sur ce point il convient de suivre les règles des jurisconsultes et non celles des grammairiens : or pour eux la potestas est tantôt égale et tantôt supérieure à l’imperium.}}


Le magistrat qui exerce son pouvoir et sa puissance a un pouvoir égal ou même parfois supérieur à l’imperium ; il y a des magistrats et une inégalité des pouvoirs au sein même des magistrats.
Le magistrat qui exerce son pouvoir et sa puissance a un pouvoir égal ou même parfois supérieur à l’imperium ; il y a des magistrats et une inégalité des pouvoirs au sein même des magistrats.


Certains ne font qu’exécuter des ordres, d’autres sont véritablement détenteurs de la souveraineté ; c’est l’idée qu’il y a différentes catégories de magistrats, certains ont le pouvoir d’exécuter qui est la potestas et d’autres ont l’imperium.  
Certains ne font qu’exécuter des ordres, d’autres sont véritablement détenteurs de la souveraineté ; c’est l’idée qu’il y a différentes catégories de magistrats, certains ont le pouvoir d’exécuter qui est la potestas et d’autres ont l’imperium.  


{{citation bloc|[De la souveraineté] Arrivons-en fin à la définition de l’autorité suprême en quoi réside le principe de la République, Aristote l’a appelée le pouvoir politique suprême ou autorité suprême, les Italiens la Seigneurie, et nous la souveraineté (suveranitatem) tandis que les Latins employaient le terme de puissance suprême (summa rerum) et d’autorité suprême (summum imperium).}}
{{citation bloc|[De la souveraineté] Arrivons-en fin à la définition de l’autorité suprême en quoi réside le principe de la République, Aristote l’a appelée le pouvoir politique suprême ou autorité suprême, les Italiens la Seigneurie, et nous la souveraineté (suveranitatem) tandis que les Latins employaient le terme de puissance suprême (summa rerum) et d’autorité suprême (summum imperium).}}
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Cette notion, ô combien importante, qui est l’attribut d’un magistrat, a porté dans l’histoire différents noms.  
Cette notion, ô combien importante, qui est l’attribut d’un magistrat, a porté dans l’histoire différents noms.  


{{citation bloc|Aussi lorsque je compare les arguments d’Aristote, de Polybe, de Denys et des principaux jurisconsultes, et que je les confronte avec l’histoire des États, je vois que la souveraineté consiste en cinq attributs essentiels : le premier et le plus important est de nommer les plus hauts magistrats et de définir à chacun son office, le second est de promulguer ou d’abroger les lois, le troisième de déclarer la guerre et de conclure la paix, le quatrième de juger en dernier ressort par-dessus tous les magistrats, et le dernier d’avoir le droit de vie et de mort aux endroits où même la loi ne prête pas de clémence.}}
{{citation bloc|Aussi lorsque je compare les arguments d’Aristote, de Polybe, de Denys et des principaux jurisconsultes, et que je les confronte avec l’histoire des États, je vois que la souveraineté consiste en cinq attributs essentiels : le premier et le plus important est de nommer les plus hauts magistrats et de définir à chacun son office, le second est de promulguer ou d’abroger les lois, le troisième de déclarer la guerre et de conclure la paix, le quatrième de juger en dernier ressort par-dessus tous les magistrats, et le dernier d’avoir le droit de vie et de mort aux endroits où même la loi ne prête pas de clémence.}}


Cette dernière compétence le fait douter, car si le souverain est celui qui décide de la vie ou de la mort de quelqu’un et que c’est le juge qui décide de la vie ou de la mort de quelqu’un alors le juge est détenteur d’une passerelle de souveraineté à moins de faire des juges le détenteur de toute la souveraineté ; il y a une incohérence dans son raisonnement.
Cette dernière compétence le fait douter, car si le souverain est celui qui décide de la vie ou de la mort de quelqu’un et que c’est le juge qui décide de la vie ou de la mort de quelqu’un alors le juge est détenteur d’une passerelle de souveraineté à moins de faire des juges le détenteur de toute la souveraineté ; il y a une incohérence dans son raisonnement.


Pour qu’elle ne soit la prérogative d’un seul pouvoir, les juges n’ont jamais la souveraineté, mais exercent un pouvoir y compris de vie et de mort que par délégation. Bodin va faire la distinction.
Pour qu’elle ne soit la prérogative d’un seul pouvoir, les juges n’ont jamais la souveraineté, mais exercent un pouvoir y compris de vie et de mort que par délégation. Bodin va faire la distinction.


{{citation bloc|Celui qui possède d’après son statut l’autorité, la juridiction ou quelque attribut de ce genre peut le considérer comme sa propriété véritable, et il lui est loisible de le déléguer à un autre, comme l’écrit Ulpien, au sujet de la juridiction, dans son livre sur « Les coutumes des anciens » : mais celui qui possède une délégation ne peut pas plus la transmettre à un tiers qu’il ne ferait pour un objet prêté : autrement il serait inculpé de vol.}}
{{citation bloc|Celui qui possède d’après son statut l’autorité, la juridiction ou quelque attribut de ce genre peut le considérer comme sa propriété véritable, et il lui est loisible de le déléguer à un autre, comme l’écrit Ulpien, au sujet de la juridiction, dans son livre sur « Les coutumes des anciens » : mais celui qui possède une délégation ne peut pas plus la transmettre à un tiers qu’il ne ferait pour un objet prêté : autrement il serait inculpé de vol.}}


Lorsqu’on est le souverain on peut déléguer le pouvoir, mais celui a qui on délègue le pouvoir ne peut réclamer être titulaire de cette souveraineté, il ne l’a que reçu qu’en délégation, mais il n’en est jamais le propriétaire.  
Lorsqu’on est le souverain on peut déléguer le pouvoir, mais celui a qui on délègue le pouvoir ne peut réclamer être titulaire de cette souveraineté, il ne l’a que reçu qu’en délégation, mais il n’en est jamais le propriétaire.  
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Le massacre de la Saint Barthelemy de 1572 a provoqué des remous et installé un climat d’instabilité politique en France, la pensée de Bodin est une pensée de l’ordre, quelque chose relève de la provocation anarchique chez les monarchomaques, c’est une pensée de l’ordre dans un contexte de désordre. Le contexte social et politique de l’époque, la volonté de lutter contre les écrits monarchomaques et le sentiment de Bodin d’avoir laissé des contradictions dans ses écrits de 1566 va le mener à rédiger son ouvrage de 1576 qui est ‘’Les six livres de la République’’.  
Le massacre de la Saint Barthelemy de 1572 a provoqué des remous et installé un climat d’instabilité politique en France, la pensée de Bodin est une pensée de l’ordre, quelque chose relève de la provocation anarchique chez les monarchomaques, c’est une pensée de l’ordre dans un contexte de désordre. Le contexte social et politique de l’époque, la volonté de lutter contre les écrits monarchomaques et le sentiment de Bodin d’avoir laissé des contradictions dans ses écrits de 1566 va le mener à rédiger son ouvrage de 1576 qui est ‘’Les six livres de la République’’.  


La réponse de Bodin est complexe, il raisonne par étape, si la souveraineté est et doit être indivisible, une et absolue alors aucun acte de résistance de la part d’un sujet n’est justifié ; il est intéressant de noter que Bodin, catholique convaincu, va recourir aux arguments de Luther et de Calvin pour démonter la théorie de la résistance.  
La réponse de Bodin est complexe, il raisonne par étape, si la souveraineté est et doit être indivisible, une et absolue alors aucun acte de résistance de la part d’un sujet n’est justifié ; il est intéressant de noter que Bodin, catholique convaincu, va recourir aux arguments de Luther et de Calvin pour démonter la théorie de la résistance.  


La première étape est qu’aucun acte de résistance n’est toléré parce que omni potestas a deo, la deuxième étape est qu’il y a des cas où la résistance est possible dans le cas d’un monarque usurpateur n’ayant pas la légitimé, à l’exception de ce qu’il appelle le tyran usurpateur la résistante est veine. La troisième étape est que pour éviter toute forme de résistance, il faut affirmer l’absolutisme, le principe de la souveraineté absolue.  
La première étape est qu’aucun acte de résistance n’est toléré parce que omni potestas a deo, la deuxième étape est qu’il y a des cas où la résistance est possible dans le cas d’un monarque usurpateur n’ayant pas la légitimé, à l’exception de ce qu’il appelle le tyran usurpateur la résistante est veine. La troisième étape est que pour éviter toute forme de résistance, il faut affirmer l’absolutisme, le principe de la souveraineté absolue.  


Autrement dit, sans recourir à une justification théologique de la souveraineté absolue, pour fonder la souveraineté absolue sur d’autres arguments que d’autres arguments théologiques, il faut la faire reposer sur l’argument de la nécessité. Il est nécessaire à l’ordre et au fonctionnement de l’État que la souveraineté soit indivisible et absolue.
Autrement dit, sans recourir à une justification théologique de la souveraineté absolue, pour fonder la souveraineté absolue sur d’autres arguments que d’autres arguments théologiques, il faut la faire reposer sur l’argument de la nécessité. Il est nécessaire à l’ordre et au fonctionnement de l‘État que la souveraineté soit indivisible et absolue.


La dernière étape de son raisonnement est que la souveraineté pour Bodin est un tout, un attribut unique de la puissance publique, mais surtout le caractère essentiel de la souveraineté est le pouvoir d’édicter et d’abroger les lois.
La dernière étape de son raisonnement est que la souveraineté pour Bodin est un tout, un attribut unique de la puissance publique, mais surtout le caractère essentiel de la souveraineté est le pouvoir d’édicter et d’abroger les lois.


Cette idée est essentielle, ce que Bodin nous dit est que la souveraineté n’est pas seulement indivisible, absolue et perpétuelle, mais surtout que ce qui fait le souverain parmi tous les attribue, celui qui est le plus important est le pouvoir de faire et de défaire la loi ; le souverain est celui qui fait et défait la loi.
Cette idée est essentielle, ce que Bodin nous dit est que la souveraineté n’est pas seulement indivisible, absolue et perpétuelle, mais surtout que ce qui fait le souverain parmi tous les attribue, celui qui est le plus important est le pouvoir de faire et de défaire la loi ; le souverain est celui qui fait et défait la loi.


En d’autres termes, le souverain est ainsi le législateur pour Bodin, la question n’est de savoir qui est le législateur : pour Bodin, le législateur est le roi. Pour que l’État fonctionne bien et que le pouvoir législatif soit exercé dans l’ordre, le régime monarchique est le plus propice à accueillir cette conception de la souveraineté.  
En d’autres termes le souverain est ainsi le législateur pour Bodin, la question n’est de savoir qui est le législateur : pour Bodin le législateur est le roi. Pour que l’État fonctionne bien et que le pouvoir législatif soit exercé dans l’ordre, le régime monarchique est le plus propice à accueillir cette conception de la souveraineté.  


Il faut faire attention à dire que la monarchie est le meilleur des régimes parce que seul le roi détient la souveraineté ; le roi doit être encadré par des freins ce l’on appelle en droit public français les lois fondamentales du royaume. Le roi de France peut légiférer et adopter le droit et en édicter d’autres, mais il ne peut violer les lois fondamentales du royaume, d’une certaine manière le souverain est limité.  
Il faut faire attention à dire que la monarchie est le meilleur des régimes parce que seul le roi détient la souveraineté ; le roi doit être encadré par des freins ce l’on appelle en droit public français les lois fondamentales du royaume. Le roi de France peut légiférer et adopter le droit et en édicter d’autres, mais il ne peut violer les lois fondamentales du royaume, d’une certaine manière le souverain est limité.  


Bodin donne l’exemple de la loi salique qui est la loi fondamentale du royaume de France disant que la couronne se transmet par les héritiers mâles. L’autre loi fondamentale et que le souverain doit respecter est les lois naturelles et les lois de dieu et plus précisément le souverain doit toujours respecter la loi naturelle étant le droit à la liberté qui refuse l’arbitraire et le souverain ne peut pas exproprier un individu.  
Bodin donne l’exemple de la loi salique qui est la loi fondamentale du royaume de France disant que la couronne se transmet par les héritiers mâles. L’autre loi fondamentale et que le souverain doit respecter est les lois naturelles et les lois de dieu et plus précisément le souverain doit toujours respecter la loi naturelle étant le droit à la liberté qui refuse l’arbitraire et le souverain ne peut pas exproprier un individu.  
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La définition qu’il donne de la souveraineté aura un immense impact, Bodin va définir de manière entièrement nouvelle la notion de souveraineté en en faisant un élément essentiel du concept d’État.
La définition qu’il donne de la souveraineté aura un immense impact, Bodin va définir de manière entièrement nouvelle la notion de souveraineté en en faisant un élément essentiel du concept d’État.


Il écrit toutefois à une époque où dans certaines régions du monde quelque chose de nouveau et de mystérieux émerge, c’est une révolution dans l’ordre de l’épistémologie soit l’ordre de la connaissance ; cette révolution est la révolution scientifique.
Il écrit toutefois à une époque où dans certaines régions du monde quelque chose de nouveau et de mystérieux émerge, c’est une révolution dans l’ordre de l’épistémologie soit l’ordre de la connaissance ; cette révolution est la révolution scientifique.
Machiavel avait tenté de poser les jalons de la république, les monarchomaques avaient apporté l’idée qu’on ne peut résister à l’autorité politique qu’à certaines conditions, Bodin propose une définition de la souveraineté très centralisatrice, mais quelque part Hobbes va bénéficier d’une révolution dans l’ordre du savoir.
Machiavel avait tenté de poser les jalons de la république, les monarchomaques avaient apporté l’idée qu’on ne peut résister à l’autorité politique qu’à certaines conditions, Bodin propose une définition de la souveraineté très centralisatrice, mais quelque part Hobbes va bénéficier d’une révolution dans l’ordre du savoir.
   
   
Pour Bodin, la souveraineté, c’est-à-dire la puissance publique appartient un pouvoir qui n’appartient qu’à elle, c’est la souveraineté qui a trois caractéristiques :
Pour Bodin, la souveraineté, c’est-à-dire la puissance publique appartient un pouvoir qui n’appartient qu’à elle, c’est la souveraineté qui a trois caractéristiques:
*perpétuelle ;
*perpétuelle ;
*absolue ;
*absolue ;
*inaliénable.
*inaliénable.


Un peu avant 1566 et surtout en 1576, Bodin est arrivé à la conclusion que la souveraineté est construite autour de ces trois critères. Pour qu’une personne soit dite « souveraine », cela implique qu’elle doit exercer un certain nombre de compétences qui n’appartiennent qu’à elle.
Un peu avant 1566 et surtout en 1576, Bodin est arrivé à la conclusion que la souveraineté est construite autour de ces trois critères. Pour qu’une personne soit dite « souveraine » cela implique qu’elle doit exercer un certain nombre de compétences qui n’appartiennent qu’à elle.


Bodin est le premier qui définit la souveraineté en indiquant que celui ou l’institution qui possède la souveraineté possède des compétences qui sont exerçables et qui n’appartiennent qu’à elle. Hobbes ira plus loin en disant que l’entité qui possède un certain nombre de compétences exclusives est l’État qui possède en son nom propre un certain nombre de compétences exclusives que Bodin appelait la souveraineté.  
Bodin est le premier qui définit la souveraineté en indiquant que celui ou l’institution qui possède la souveraineté possède des compétences qui sont exerçables et qui n’appartiennent qu’à elle. Hobbes ira plus loin en disant que l’entité qui possède un certain nombre de compétences exclusives est l’État qui possède en son nom propre un certain nombre de compétences exclusives que Bodin appelait la souveraineté.  
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Bodin propose cette définition assez large de la souveraineté, et en a fait l’attribut de ce qu’on appelle la république ou la puissance publique sans qu’on ne donne le nom d’État.
Bodin propose cette définition assez large de la souveraineté, et en a fait l’attribut de ce qu’on appelle la république ou la puissance publique sans qu’on ne donne le nom d’État.


Bodin définit de manière entièrement nouvelle la notion de souveraineté en s’appuyant sur ces trois caractéristiques, comment et où ?
Bodin définit de manière entièrement nouvelle la notion de souveraineté en s’appuyant sur ces trois caractéristiques, comment et ?


== Jean Bodin – Les six livres de la République, 1576 ==
== Jean Bodin – Les six livres de la République, 1576 ==
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Bodin nous dit que ce qu’on appelle république et qui peut prendre plusieurs formes, d’un gouvernement populaire, d’une aristocratie ou du pouvoir royal, ce régime de la république a une caractéristique unique qui est qu’elle détient la puissance souveraine. Autrement dit, que ce soit un homme, un groupe d’homme ou le corps politique dans son entier, la respublica est détentrice de la puissance souveraine.  
Bodin nous dit que ce qu’on appelle république et qui peut prendre plusieurs formes, d’un gouvernement populaire, d’une aristocratie ou du pouvoir royal, ce régime de la république a une caractéristique unique qui est qu’elle détient la puissance souveraine. Autrement dit, que ce soit un homme, un groupe d’homme ou le corps politique dans son entier, la respublica est détentrice de la puissance souveraine.  


Ensuite, il analyse la notion de perpétuelle :
Ensuite il analyse la notion de perpétuelle :


{{citation bloc|J’ai dit que cette puissance est perpétuelle, parce qu’il se peut faire qu’on donne puissance absolue à un ou plusieurs à certains temps, lequel expiré, ils ne sont plus rien que sujet ; étant qu’ils sont en puissance, ils ne se peuvent appeler Princes souverains, vu qu’ils ne sont que dépositaires, et gardes de cette puissance, jusqu’à ce qu’il plaise au peuple ou au Prince la révoquer, qui en demeure toujours saisi.}}
{{citation bloc|J’ai dit que cette puissance est perpétuelle, parce qu’il se peut faire qu’on donne puissance absolue à un ou plusieurs à certains temps, lequel expiré, ils ne sont plus rien que sujet ; étant qu’ils sont en puissance, ils ne se peuvent appeler Princes souverains, vu qu’ils ne sont que dépositaires, et gardes de cette puissance, jusqu’à ce qu’il plaise au peuple ou au Prince la révoquer, qui en demeure toujours saisi.}}
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Bodin veut réaffirmer le caractère perpétuel donc indéfini dans le temps de la souveraineté.
Bodin veut réaffirmer le caractère perpétuel donc indéfini dans le temps de la souveraineté.


Rome avait dans sa constitution une disposition, à l’époque des Romains être le Dictator était horrifique : lorsque la République romaine était menacée, le Sénat romain pouvait suspendre l’application des lois en fonction d’application constitutionnelle et requérir à un dictateur qui avait les pleins pouvoirs afin de défendre la République à tout prix, c’était un moment où les lois étaient suspendues ; le dictateur gouvernait par décret et la constitution romaine le prévoyait. Il a une seule condition que ce Dictator est qu’il ne devait pas venir de Rome afin qu’il ne prenne pas parti ou émane d’une communauté.
Rome avait dans sa constitution une disposition, à l’époque des romains être le Dictator était horrifique : lorsque la République romaine était menacée, le Sénat romain pouvait suspendre l’application des lois en fonction d’application constitutionnelle et requérir à un dictateur qui avait les pleins pouvoirs afin de défendre la République à tout prix, c’était un moment où les lois étaient suspendues ; le dictateur gouvernait par décret et la constitution romaine le prévoyait. Il a une seule condition que ce Dictator est qu’il ne devait pas venir de Rome afin qu’il ne prenne pas parti ou émane d’une communauté.


Le Sénat votait la suspension des lois, faisait appel à quelqu’un d’extérieur pour gouverner par décret dans les cas où elle était menacée ; cet homme, ce groupe d’homme amené à gouverner Rome par ces mesures exceptionnelles était appelé Dictator.  
Le Sénat votait la suspension des lois, faisait appel à quelqu’un d’extérieur pour gouverner par décret dans les cas où elle était menacée ; cet homme, ce groupe d’homme amené à gouverner Rome par ces mesures exceptionnelles était appelé Dictator.  
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{{citation bloc|Ce qu’est la puissance absolue. Poursuivons maintenant l’autre partie de notre définition, et disons que signifient ces mots, PUISSANCE ABSOLUE. Car le peuple ou les seigneurs d’une République peuvent donner purement et simplement la puissance souveraine et perpétuelle à quelqu’un pour disposer des biens, des personnes, et de tout l’état à son plaisir.}}
{{citation bloc|Ce qu’est la puissance absolue. Poursuivons maintenant l’autre partie de notre définition, et disons que signifient ces mots, PUISSANCE ABSOLUE. Car le peuple ou les seigneurs d’une République peuvent donner purement et simplement la puissance souveraine et perpétuelle à quelqu’un pour disposer des biens, des personnes, et de tout l’état à son plaisir.}}


La souveraineté est absolue parce qu’elle ne peut pas se déléguer, plus précisément si on délègue l’exercice du pouvoir à des magistrats on ne leur délègue pas la souveraineté, on leur donne le pouvoir d’exercer, on leur attribue un certain nombre de compétences, mais cela ne signifie pas qu’ils héritent de la souveraineté ; autrement dit, ils exercent des parcelles de souveraineté, mais ils ne la possèdent pas parce que la souveraineté est absolue et le prince ne peut pas s’en défaire.
La souveraineté est absolue parce qu’elle ne peut pas se déléguer, plus précisément si on délègue l’exercice du pouvoir à des magistrats on ne leur délègue pas la souveraineté, on leur donne le pouvoir d’exercer, on leur attribue un certain nombre de compétences, mais cela ne signifie pas qu’ils héritent de la souveraineté ; autrement dit ils exercent des parcelles de souveraineté, mais ils ne la possèdent pas parce que la souveraineté est absolue et le prince ne peut pas s’en défaire.


Cela implique que le souverain est toujours au-dessus des lois ; on voit très bien qu’au fond, si elle est absolue et inaliénable, c’est parce que c’est celui qui possède la souveraineté a le pouvoir de faire et de défaire les lois, la caractéristique essentielle de la souveraineté et de faire et défaire les lois.
Cela implique que le souverain est toujours au-dessus des lois ; on voit très bien qu’au fond, si elle est absolue et inaliénable, c’est parce que c’est celui qui possède la souveraineté a le pouvoir de faire et de défaire les lois, la caractéristique essentielle de la souveraineté et de faire et défaire les lois.


Celui qui a la souveraineté, son pouvoir parmi d’autres, est celui de faire et défaire la loi ; pour Rousseau, celui qui fait et défait les lois est le peuple donc le peuple est souverain.
Celui qui a la souveraineté, son pouvoir parmi d’autres, est celui de faire et défaire la loi ; pour Rousseau celui qui fait et défait les lois est le peuple donc le peuple est souverain.


{{citation bloc|Aussi, la souveraineté donnée à un Prince sous charges et conditions, n’est pas proprement souveraineté, ni puissance absolue, si ce n’est que les conditions apposées en la création du Prince, soient de la Loi de Dieu ou de nature, comme il se fait après que le grand Roi de Tartarie est mort (…) or il faut que ceux-là qui sont souverains ne soient aucunement sujets aux commandements d’autrui, et qu’ils puissent donner loi aux sujets, et casser ou anéantir les lois inutiles, pour en faire d’autres : ce que ne peut faire celui qui est sujet aux lois, ou à ceux qui ont commandement sur lui. C’est pourquoi la loi dit que le Prince est absous de la puissance des lois, et ce mot de loi emporte aussi en Latin le commandement de celui qui a la souveraineté.}}
{{citation bloc|Aussi, la souveraineté donnée à un Prince sous charges et conditions, n’est pas proprement souveraineté, ni puissance absolue, si ce n’est que les conditions apposées en la création du Prince, soient de la Loi de Dieu ou de nature, comme il se fait après que le grand Roi de Tartarie est mort (…) or il faut que ceux-là qui sont souverains ne soient aucunement sujets aux commandements d’autrui, et qu’ils puissent donner loi aux sujets, et casser ou anéantir les lois inutiles, pour en faire d’autres : ce que ne peut faire celui qui est sujet aux lois, ou à ceux qui ont commandement sur lui. C’est pourquoi la loi dit que le Prince est absous de la puissance des lois, et ce mot de loi emporte aussi en Latin le commandement de celui qui a la souveraineté.}}
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Le contrat entre gouvernant et gouvernés n’est pas la question de qui fait la loi, il attaque la vision des monarchomaques qui déduisaient le pouvoir du corps politique de l’idée de contrat, pour Bodin on ne peut déduire de l’idée de contrat que le corps politique a tous les pouvoirs, seul le roi fait et défait la loi alors c’est le souverain.  
Le contrat entre gouvernant et gouvernés n’est pas la question de qui fait la loi, il attaque la vision des monarchomaques qui déduisaient le pouvoir du corps politique de l’idée de contrat, pour Bodin on ne peut déduire de l’idée de contrat que le corps politique a tous les pouvoirs, seul le roi fait et défait la loi alors c’est le souverain.  


{{citation bloc|Il ne faut donc pas confondre la loi et le contrat, car la loi dépend de celui qui a la souveraineté, qui peut obliger tous ses sujets, et ne s’y peut obliger soi-même ; et la convention est mutuelle entre le Prince et les sujets, qui oblige les deux parties réciproquement. Et ne peut l’une des parties y contrevenir au préjudice, et sans le consentement de l’autre.}}
{{citation bloc|Il ne faut donc pas confondre la loi et le contrat, car la loi dépend de celui qui a la souveraineté, qui peut obliger tous ses sujets, et ne s’y peu obliger soi-même ; et la convention est mutuelle entre le Prince et les sujets, qui oblige les deux parties réciproquement. Et ne peut l’une des parties y contrevenir au préjudice, et sans le consentement de l’autre.}}


Pour Bodin, on passe un contrat avec le roi qui fait et défait la loi, ce n’est pas parce que le prince décrète et propose des lois au nom de la souveraineté qui ne plaisent pas au corps politique qu’ils peuvent le renverser.  
Pour Bodin, on passe un contrat avec le roi qui fait et défait la loi, ce n’est pas parce que le prince décrète et propose des lois au nom de la souveraineté qui ne plaisent pas au corps politique qu’ils peuvent le renverser.  
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Comment cette révolution de type philosophique est fondée ? Comment Hobbes construit sa nouvelle philosophie politique et sa philosophie du droit ?
Comment cette révolution de type philosophique est fondée ? Comment Hobbes construit sa nouvelle philosophie politique et sa philosophie du droit ?


== L’état de nature : une vision anthropologique ==
== L'état de nature : une vision anthropologique ==
Hobbes marqué par les sciences exactes, pense que pour construire et définir l’État moderne et pour proposer une nouvelle vision de l’État il faut avant tout réfléchir à l’homme. Hobbes est convaincu que toute philosophie politique et philosophie du droit est donc fondée avant tout sur une anthropologie ; il faut avant tout se poser la question de qu’est-ce que l’Homme ?
Hobbes marqué par les sciences exactes, pense que pour construire et définir l’État moderne et pour proposer une nouvelle vision de l’État il faut avant tout réfléchir à l’homme. Hobbes est convaincu que toute philosophie politique et philosophie du droit est donc fondée avant tout sur une anthropologie ; il faut avant tout se poser la question de qu’est-ce que l’Homme ?


Hobbes a une véritable vision anthropologique, il décide de réfléchir à la question de l’Homme avant de réfléchir à la question de l’État ; pour réfléchir à la pensée humaine, il réfléchit à partir de l’état de nature. C’est un outil méthodologique pour penser la nature humaine.  
Hobbes a une véritable vision anthropologique, il décide de réfléchir à la question de l’Homme avant de réfléchir à la question de l’État ; pour réfléchir à la pensée humaine, il réfléchit à partir de l’état de nature. C’est un outil méthodologique pour penser la nature humaine.  


Aucun auteur n’avait avant Hobbes pensé à l’Homme en état de nature lorsque nous ne sommes pas encore constitués en communauté ; qu’est-ce que l’Homme en état de nature ?
Aucun auteur n’avait avant Hobbes pensé à l’Homme en état de nature lorsque nous ne sommes pas encore constitués en communauté ; qu’est-ce que l’Homme en état de nature ?


Hobbes réintroduit la question de l’Homme à l’état de nature réfléchissant sur quatre postulats :
Hobbes réintroduit la question de l‘Homme à l’état de nature réfléchissant sur quatre postulats :
*tous les hommes sont naturellement égaux : il n’y a pas de hiérarchie naturelle qui contraindrait l’un à se mettre au service de l’autre. La force et la ruse sont trop faiblesse pour assure un pouvoir durable
*tous les hommes sont naturellement égaux : il n’y a pas de hiérarchie naturelle qui contraindrait l’un à se mettre au service de l’autre. La force et la ruse sont trop faiblesse pour assure un pouvoir durable
*l’homme est un être de désir illimité : l’homme est animé par le désir qui n’est pas le besoin, mais la tendance à affirmer sa puissance. Par le langage, l’homme accède au désir de l’honneur, de la gloire, etc.
*l’homme est un être de désir illimité : l’homme est animé par le désir qui n’est pas le besoin, mais la tendance à affirmer sa puissance. Pa le langage, l’homme accède au désir de l’honneur, de la gloire, etc.
*l’homme est naturellement insociable : loin d’être naturelle, la sociabilité ‘est possible que si tous les hommes sont « tenus » par un pouvoir fort
*l’homme est naturellement insociable : loin d’être naturelle, la sociabilité ‘est possible que si tous les hommes sont « tenus » par un pouvoir fort
*l’état de guerre de tous contre tous est la condition naturelle de l’homme à l’état de nature : chaque individu est animé par la crainte. La spirale du conflit est sans fin.
*l’état de guerre de tous contre tous est la condition naturelle de l’homme à l’état de nature : chaque individu est animé par la crainte. La spirale du conflit est sans fin.


Hobbes va fonder toute sa philosophie de l’État sur ces quatre critères, mais Hobbes constate que de rester à l’état de nature n’est pas très gratifiant : l’homme à l’état de nature n’est pas heureux, mais surtout il constate que comme nous sommes craintif, en d’autres termes on vie en permanence même si on est physiquement le plus d’avoir quelqu’un d’encore plus fort que nous, cet état d’insécurité permanent pousse les hommes à se mettre ensemble. Si nous voulons commercer, la raison nous mène à quitter l’état de nature pour se mettre en état de société.
Hobbes va fonder toute sa philosophie de l’État sur ces quatre critères, mais Hobbes constate que de rester à l’état de nature n’est pas très gratifiant : l’homme à l’état de nature n’est pas heureux, mais surtout il constate que comme nous sommes craintif, en d’autres termes on vie en permanence même si on est physiquement le plus d’avoir quelqu’un d’encore plus fort que nous, cet état d’insécurité permanent pousse les hommes à se mettre ensemble. Si nous voulons commercer, la raison nous mène à quitter l‘état de nature pour se mettre en état de société.


Par la volonté individuelle, l’homme en état de nature, décide et se rend compte de la nécessité de vivre ensemble et de cette nécessité née le Léviathan qui va permettre aux hommes de vivre ensemble au-delà de leurs craintes et au-delà de leur condition originelle éminemment agressive.
Par la volonté individuelle, l’homme en état de nature, décide et se rend compte de la nécessité de vivre ensemble et de cette nécessité née le Léviathan qui va permettre aux hommes de vivre ensemble au-delà de leurs craintes et au-delà de leur condition originelle éminemment agressive.


À l’état de nature, il y a des lois, ce sont les lois naturelles, les lois que l’on retrouve à l’état de nature sont au nombre de dix-neuf. Une loi est importante parce que Rousseau la reprendra : le principe d’autoconservation – self preservation principle –.
À l’état de nature, il y a des lois, ce sont les lois naturelles, les lois que l’on retrouve à l’état de nature sont au nombre de dix-neuf. Une loi est importante parce que Rousseau la reprendra : le principe d’autoconservation – self preservation principle –.


Les lois naturelles sont des lois que l’on trouve avant la constitution de la société, ce sont des lois qui animent une société qui n’existe pas encore. Bodin avait fait d’une loi naturelle une loi essentielle qui est la propriété, pour Hobbes, l’égalité est une loi naturelle, la liberté est une loi naturelle, mais pas la propriété. Pour Hobbes, la propriété qu’elle soit mobilière ou immobilière n’est pas une loi naturelle, c’est une société qui a décidé que le droit de propriété est applicable.
Les lois naturelles sont des lois que l’on trouve avant la constitution de la société, ce sont des lois qui animent une société qui n’existe pas encore. Bodin avait fait d’une loi naturelle une loi essentielle qui est la propriété, pour Hobbes, l’égalité est une loi naturelle, la liberté est une loi naturelle, mais pas la propriété. Pour Hobbes, la propriété qu’elle soit mobilière ou immobilière n’est pas une loi naturelle, c’est une société qui a décidé que le droit de propriété est applicable.
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{{citation bloc|Je vous promets, lecteurs, quatre choses capables de vous obliger à quelque attention, et desquelles je vous mettrai quelques traits devant les yeux e cette préface. Je tâcherai donc de vous y faire remarquer la dignité et l’utilité de la matière que je veux traiter, la droite et courte méthode dont je me servirai, la juste cause et la bonne intention qui m’ont fait prendre la plume, et enfin la modération avec laquelle je coucherai par écrit mes pensées. J’expliquerai en ce traité quels sont les devoirs des hommes, premièrement en tant qu’hommes, puis en tant que citoyens, et finalement en tant que chrétiens [...] On dit que Socrate fut le premier des siècles suivants qui aima la science politique, bien qu’elle ne fût pas encore parfaitement connue, et qu’il n’en aperçût que quelques rayons, comme à travers des nuages, dans le gouvernement de la République […] À son exemple Platon, Aristote, Cicéron, et les autres philosophes grecs et latins, et ensuite non seulement tous les philosophes des autres nations, mais toutes les personnes de grand loisir, s’y sont occupées, comme à une étude aisée, à laquelle il ne fallait pas apporter aucune préparation, ni donner aucun travail, et qui était exposée, et par manière de dire, prostitué au sens commun du premier qui la voulait entendre. C’est un puissant argument de la dignité de cette science que ceux qui croient de la posséder, ou qui tiennent un rang dans lequel on suppose qu’ils n’en sont pas dépourvus […] que presque tout le monde se plaît à en voir une fausse image, et se laisse charmer à une mauvaise représentation ; et qu’elle a été cultivée par des excellents esprits plus que toutes les autres parties de la philosophie. […] Comme donc ces inconvénients sont fort considérables, les avantages qui nous reviennent d’une meilleure information de cette science, sont d’une très grande importance, et son utilité en est toute manifeste.}}
{{citation bloc|Je vous promets, lecteurs, quatre choses capables de vous obliger à quelque attention, et desquelles je vous mettrai quelques traits devant les yeux e cette préface. Je tâcherai donc de vous y faire remarquer la dignité et l’utilité de la matière que je veux traiter, la droite et courte méthode dont je me servirai, la juste cause et la bonne intention qui m’ont fait prendre la plume, et enfin la modération avec laquelle je coucherai par écrit mes pensées. J’expliquerai en ce traité quels sont les devoirs des hommes, premièrement en tant qu’hommes, puis en tant que citoyens, et finalement en tant que chrétiens [...] On dit que Socrate fut le premier des siècles suivants qui aima la science politique, bien qu’elle ne fût pas encore parfaitement connue, et qu’il n’en aperçût que quelques rayons, comme à travers des nuages, dans le gouvernement de la République […] À son exemple Platon, Aristote, Cicéron, et les autres philosophes grecs et latins, et ensuite non seulement tous les philosophes des autres nations, mais toutes les personnes de grand loisir, s’y sont occupées, comme à une étude aisée, à laquelle il ne fallait pas apporter aucune préparation, ni donner aucun travail, et qui était exposée, et par manière de dire, prostitué au sens commun du premier qui la voulait entendre. C’est un puissant argument de la dignité de cette science que ceux qui croient de la posséder, ou qui tiennent un rang dans lequel on suppose qu’ils n’en sont pas dépourvus […] que presque tout le monde se plaît à en voir une fausse image, et se laisse charmer à une mauvaise représentation ; et qu’elle a été cultivée par des excellents esprits plus que toutes les autres parties de la philosophie. […] Comme donc ces inconvénients sont fort considérables, les avantages qui nous reviennent d’une meilleure information de cette science, sont d’une très grande importance, et son utilité en est toute manifeste.}}


Hobbes veut proposer une théorie de l’État utile, efficace et honnête ; d’autre part, la science de la politique reste à fonder. Hobbes va proposer une science politique utile fondée sur toute une série de postulats basés sur une vision de l’homme et par extension sur une vision de l’État. Hobbes construit sa philosophie sur une anthropologie de l’homme très particulière qu’il qualifie de “craintif”, de solitaire et d’”isolé", hanté par la nécessité de survie.  
Hobbes veut proposer une théorie de l’État utile, efficace et honnête ; d’autre part la science de la politique reste à fonder. Hobbes va proposer une science politique utile fondée sur toute une série de postulats basés sur une vision de l’homme et par extension sur une vision de l’État. Hobbes construit sa philosophie sur une anthropologie de l’homme très particulière qu’il qualifie de craintif, de solitaire et d’isolé, hanté par la nécessité de survie.  


Le sentiment de la crainte est le moteur essentiel de nos sociétés humaines à l’état de nature avant que l’état de société naisse impliquant la construction d’un État, d’un Léviathan susceptible et capable de tenir ensemble les hommes indisciplinés et craintifs. La construction hobbesienne vise à défendre l’idée qu’il faut un État fort afin de permettre le vivre ensemble privilégiant la monarchie.  
Le sentiment de la crainte est le moteur essentiel de nos sociétés humaines à l’état de nature avant que l’état de société naisse impliquant la construction d’un État, d’un Léviathan susceptible et capable de tenir ensemble les hommes indisciplinés et craintifs. La construction hobbesienne vise à défendre l’idée qu’il faut un État fort afin de permettre le vivre ensemble privilégiant la monarchie.  
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[[Fichier:Hobbes de cive.jpg|vignette|De cive.]]
[[Fichier:Hobbes de cive.jpg|vignette|De cive.]]


Il est possible de diviser en quatre parties cette préface ''De Cive'' ; dans cette partie, Hobbes montre ce qu’il veut faire, il critique ses prédécesseurs qui ne définissent pas ce qu’est l’État et n’ont pas proposé une science nous permettant de sentir une influence des sciences exactes dans la pensée de Hobbes.
Il est possible de diviser en quatre parties cette préface De Cive ; dans cette partie, Hobbes montre ce qu’il veut faire, il critique ses prédécesseurs qui ne définissent pas ce qu’est l’État et n’ont pas proposé une science nous permettant de sentir une influence des sciences exactes dans la pensée de Hobbes.


Le terme ''science'' revient à plusieurs reprises, ses prédécesseurs n’ont pas compris ce que sont les lois morales, ce qui anime l’homme dans son environnement et n’ont pas proposé une philosophie morale qui tienne la route.
Le terme ''science'' revient à plusieurs reprises, ses prédécesseurs n’ont pas compris ce que sont les lois morales, ce qui anime l’homme dans son environnement et n’ont pas proposé une philosophie morale qui tienne la route.
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Pour Hobbes, indépendamment de sa position sur qu’est-ce que l’Homme, on arrive à une conception de l’État différent ; l’essentiel n’est pas tant le type de gouvernement, mais l’essentiel est que cet État soit fort et puissant avec le pouvoir d’agir sur les hommes et les femmes. En d’autres termes, peu importe la nature de l’État, il faut qu’il y ait une égale puissance souveraine.
Pour Hobbes, indépendamment de sa position sur qu’est-ce que l’Homme, on arrive à une conception de l’État différent ; l’essentiel n’est pas tant le type de gouvernement, mais l’essentiel est que cet État soit fort et puissant avec le pouvoir d’agir sur les hommes et les femmes. En d’autres termes, peu importe la nature de l’État, il faut qu’il y ait une égale puissance souveraine.


Dans cette préface, Hobbes nous dit que cet état de nature est un état instable qui n’est pas propice au vivre ensemble terminant sont introduction en disant qu’il faut redéfinir l’État, trouver une nouvelle « forme politique » qui permette aux Hommes naturellement méchants de vivre ensemble.
Dans cette préface, Hobbes nous dit que cet état de nature est un état instable qui n’est pas propice au vivre ensemble terminant sont introduction en disant qu’il faut redéfinir l’État, trouver une nouvelle « forme politique » qui permette aux Hommes naturellement méchant de vivre ensemble.


Hobbes est confronté à une question essentielle expliquant pourquoi nous avons quitté cet état de nature, mais il n’a pas expliqué sur le plan théorique comment se passait ce passage de l’état de nature à l’état de société, en d’autres termes la manière dont l’État se crée. Il va puiser dans ses prédécesseurs parce qu’il va recourir à la théorie du contrat ; au fond Hobbes va reprendre cette fameuse théorie du contrat, mais va la transformer, il va procéder à une relecture des penseurs reformés qui traditionnellement divisaient le contrat social en deux.
Hobbes est confronté à une question essentielle expliquant pourquoi nous avons quitté cet état de nature, mais il n’a pas expliqué sur le plan théorique comment se passait ce passage de l’état de nature à l’état de société, en d’autres termes la manière dont l’État se crée. Il va puiser dans ses prédécesseurs parce qu’il va recourir à la théorie du contrat ; au fond Hobbes va reprendre cette fameuse théorie du contrat, mais va la transformer, il va procéder à une relecture des penseurs reformés qui traditionnellement divisaient le contrat social en deux.
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Pour Hobbes, le souverain est l’État qui est un Homme ou une assemblée d’hommes qui fait ou défait la loi, c’est une vision descendante ; pour Rousseau, le peuple est souverain, c’est une vision ascendante.
Pour Hobbes, le souverain est l’État qui est un Homme ou une assemblée d’hommes qui fait ou défait la loi, c’est une vision descendante ; pour Rousseau, le peuple est souverain, c’est une vision ascendante.


== Thomas Hobbes, Le Léviathan, 1651, Chapitre XVIII - Des droits des souverains par institution ==
== Thomas Hobbes, Le Léviathan, 1651, Chapitre XVIII - Des droits des souverain par institution ==


{{citation bloc|Une république est dite être instituée quand une multitude d'hommes s'accordent et conviennent par convention ; chacun avec chacun, que, quels que soient l'homme, ou l'assemblée d'hommes auxquels la majorité donnera le droit de présenter la personne de tous, c'est-à-dire d'être leur représentant, chacun, aussi bien celui qui a voté pour que celui qui a voté contre, autorisera toutes les actions et tous les jugements de cet homme, ou assemblée d'hommes, de la même manière que si c'étaient ses propres actions et jugements.}}
{{citation bloc|Une république est dite être instituée quand une multitude d'hommes s'accordent et conviennent par convention ; chacun avec chacun, que, quels que soient l'homme, ou l'assemblée d'hommes auxquels la majorité donnera le droit de présenter la personne de tous, c'est-à-dire d'être leur représentant, chacun, aussi bien celui qui a voté pour que celui qui a voté contre, autorisera toutes les actions et tous les jugements de cet homme, ou assemblée d'hommes, de la même manière que si c'étaient ses propres actions et jugements.}}
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La question est de savoir quelle loi et où ?  
La question est de savoir quelle loi et où ?  


Si la liberté est une loi fondamentale et naturelle, mais pas une nécessairement une loi civile, car aucune loi ne garantit notre liberté par hypothèse ; à partir de Hobbes, on réfléchit à où mettre quoi et notamment où mettre une loi fondamentale. Aujourd’hui, le droit de propriété est un droit fondamental, la question à l’époque de Hobbes est de savoir si la propriété est un droit naturel aujourd’hui interprété comme un droit fondamental.
Si la liberté est une loi fondamentale et naturelle, mais pas une nécessairement une loi civile, car aucune loi ne garantit notre liberté par hypothèse ; à partir de Hobbes on réfléchit à où mettre quoi et notamment où mettre une loi fondamentale. Aujourd’hui le droit de propriété est un droit fondamental, la question à l’époque de Hobbes est de savoir si la propriété est un droit naturel aujourd’hui interprété comme un droit fondamental.


Est-ce la loi naturelle ou la loi des hommes qui module la propriété ? La propriété est-elle un droit fondamental ou pas ? Est-ce que le législateur peut modifier ce droit à la propriété ?
Est-ce la loi naturelle ou la loi des hommes qui module la propriété ? La propriété est-elle un droit fondamental ou pas ? Est-ce que le législateur peut modifier ce droit à la propriété ?


La question de Hobbes et de savoir si on en fait une loi naturelle on ne peut y toucher, mais si on en fait une loi civile on peut y toucher sans violer une loi fondamentale ou naturelle. Dans ce débat, Hobbes va prendre clairement position, la propriété est une institution humaine ne relevant pas d’une autorité supérieure ne pouvant être justifiée au nom d’une loi fondamentale ; la propriété chez Hobbes est certes importante, mais le mien ou le tien relève d’une loi civile.
La question de Hobbes et de savoir si on en fait une loi naturelle on ne peut y toucher, mais si on en fait une loi civile on peut y toucher sans violer une loi fondamentale ou naturelle. Dans ce débat Hobbes va prendre clairement position, la propriété est une institution humaine ne relevant pas d’une autorité supérieure ne pouvant être justifiée au nom d’une loi fondamentale ; la propriété chez Hobbes est certes importante, mais le mien ou le tien relève d’une loi civile.


Si un État décide de restreindre le droit à la propriété, il peut le faire allant à l’encontre de bon nombre de penseurs de l’époque. Rousseau rejoindra Hobbes en ce sens que pour lui « ces règles de propriété sont des lois civiles ». Il faut retenir que le droit de propriété n’est pas inviolable, si le législateur décide d’atteindre à la propriété parce que ce n’est pas une loi fondamentale, il peut le modifier ; Hobbes n’est pas un partisan du droit de propriété : « ces droits sont indivisibles ».  
Si un État décide de restreindre le droit à la propriété, il peut le faire allant à l’encontre de bon nombre de penseurs de l’époque. Rousseau rejoindra Hobbes en ce sens que pour lui « ces règles de propriété sont des lois civiles ». Il faut retenir que le droit de propriété n’est pas inviolable, si le législateur décide d’atteindre à la propriété parce que ce n’est pas une loi fondamentale, il peut le modifier ; Hobbes n’est pas un partisan du droit de propriété : « ces droits sont indivisibles ».  
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Pour Hobbes, l’être humain est libre tant qu’il n’a pas d’obstacles extérieurs qui l’arrêtent, en d’autres termes, un homme privé de liberté est un homme physiquement enchainé, enfermé ; en fait, un homme libre est un homme qui n’est pas astreint par des contraintes physiques et extérieures. Pour Hobbes, toute autre forme de contrainte n’atteint pas la liberté des hommes ; que l’on dise « la bourse ou la vie », on est libre, la contrainte n’est pas physique, bien évidemment c’est une vision très réduite de la liberté et de la contrainte.
Pour Hobbes, l’être humain est libre tant qu’il n’a pas d’obstacles extérieurs qui l’arrêtent, en d’autres termes, un homme privé de liberté est un homme physiquement enchainé, enfermé ; en fait, un homme libre est un homme qui n’est pas astreint par des contraintes physiques et extérieures. Pour Hobbes, toute autre forme de contrainte n’atteint pas la liberté des hommes ; que l’on dise « la bourse ou la vie », on est libre, la contrainte n’est pas physique, bien évidemment c’est une vision très réduite de la liberté et de la contrainte.


Tous les contemporains de Hobbes vont au fond critiquer terriblement cette vision des sujets, pour Hobbes la question est d’arriver à définir une contrainte intérieure : l’individu est libre seulement et seulement s’il n’y a pas d’obstacle extérieur, une contrainte intérieure n’est pas considérée comme attentatoire à la liberté.
Tous les contemporains de Hobbes vont au fond critiquer terriblement cette vision des sujets, pour Hobbes la question est d’arriver à définir une contrainte intérieure : l’individu est libre seulement et seulement si il n’y a pas d’obstacle extérieur, une contrainte intérieure n’est pas considérée comme attentatoire à la liberté.


En définissant la liberté de manière assez réductive, par extension il fait de l’État le titulaire de pouvoirs étendus, au fond chez Hobbes l’État a des pouvoirs très étendus tant qu’il n’atteint pas à notre sécurité physique, si l’État menace on est encore libre, car il n’enferme pas.  
En définissant la liberté de manière assez réductive, par extension il fait de l’État le titulaire de pouvoirs étendus, au fond chez Hobbes l’État a des pouvoirs très étendus tant qu’il n’atteint pas à notre sécurité physique, si l’État menace on est encore libre, car il n’enferme pas.  
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= Annexes =
= Annexes =
*Bodin, Jean. "Methodus Ad Facilem Historiarum Cognitionem." Gallica. <http://gallica.bnf.fr/ark%3A/12148/bpt6k111605f/f1.image.langEN>.
*Bodin, Jean. "Methodus Ad Facilem Historiarum Cognitionem." Gallica. <http://gallica.bnf.fr/ark%3A/12148/bpt6k111605f/f1.image.langEN>.
*Les Six Livres de la République. (2013, août 27). Wikisource. Page consultée le 08:30, août 27, 2013 à partir de //fr.wikisource.org/w/index.php?title=Les_Six_Livres_de_la_R%C3%A9publique&oldid=4204061.
*Jean Bodin, notre contemporain par Jacques Sapir url:https://russeurope.hypotheses.org/5155


= Références =
= Références =
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