« L’extension du domaine humanitaire et les nouvelles tendances de l’internationalisme » : différence entre les versions

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Avec la fin de la Première Guerre mondiale, proclamée le 11 novembre 1918, le CICR s’est chargé du rapatriement des prisonniers de guerre : au total, plus de 420'000 prisonniers ont été rapatriés par le Comité, avant que la nouvelle Société des Nations ne s’en charge en 1920, assurant le retour des autres prisonniers, ainsi que des millions de réfugiés qu’avait laissé la guerre. Pour son service irremplaçable à l’humanité, le Comité s’est vu accorder le Prix Nobel de la Paix en 1917, le seul que la Fondation Nobel ait décernée pendant la guerre. La résonance du prestige du CICR était alors incontestable, et a indubitablement contribué à l’émergence de Genève en tant que capitale internationale : grâce à son esprit humanitaire, solidaire et pacifiste, la ville a été choisie pour abriter non seulement la Société des Nations et ses nombreuses agences, mais aussi la large majorité des ONG transnationales.
• Malgré la fin des combats en Europe occidentale, le CICR, fort de sa nouvelle autorité morale et de ses ambitions agrandies, faisait toujours face à une catastrophe humanitaire de taille : les combats faisaient toujours rage en Russie et en Turquie, où la guerre mondiale a laissé place à des guerres civiles encore plus désastreuses, des révolutions sanglantes avaient lieu à travers les pays d’Europe centrale, des millions de prisonniers de guerre et de réfugiés démunis traversaient l’Europe meurtrie par la désolation, la famine et surtout par les épidémies de grippe espagnole et de typhus qui emmenaient des millions de vies.
• Cet état des choses déplorable a contribué à attiser la fièvre humanitaire qui parcourait alors le monde : c’est alors que naît la célèbre ONG volontariste Save the children, de la réformatrice sociale britannique Eglantyne Jebb, qui créera l’Union internationale de secourt aux enfants en partenariat avec le CICR. De plus, avec la fondation de la Société des Nations, Genève devient le haut lieu de l’échange, de la coopération et de la solidarité internationale : en coopération étroite avec le CICR et les autres organisations internationales déjà établies dans la région, la SDN fonde une quantité de bureaux et d’agences spécialisées pour promouvoir et défendre la paix et le progrès à travers le monde de l’entre-deux-guerres.
- Parmi ces agences, la Haute Commission pour les Réfugiés fondé par l’initiative du diplomate et délégué norvégien à la SDN Fridtjof Nansen, a prit les devants dans la tâche difficile du secourt aux réfugiés. Le célèbre « passeport de Nansen » avait permis à des centaines de milliers de réfugiés apatrides de quitter leur situation de misère, de voyager, de se rapatrier et de s’établir librement à travers l’Europe : en 1938, l’organisation a reçu le Prix Nobel de la Paix pour ses contributions à l’humanité.
- De plus, une multitude d’ONG et d’associations privées caritatives transnationales sont apparues à Genève pour contribuer à l’œuvre humanitaire et progressiste des organisations internationales et leurs agences, telles que la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, Le Comité international pour le placement des intellectuels immigrés, la Ligue pour les Etats-Unis d’Europe, l’Office central pour l’entraide des Eglises, la YWCA et la YMCA, le Comité de désarment chrétien, le Congrès juif mondial, le Conseil œcuménique des Eglises, la Ligue internationale pour la défense des indigènes, et bien d’autres.
7.1). La SDN et les ONG face aux défis humanitaires dans l’entre-deux-guerre
• L’expérience traumatisante de la Première Guerre mondiale a démontré les manquements et l’insuffisance des Conventions de La Haye, notamment en ce qui concerne le traitement des prisonniers de guerre et des civils. C’est dans cette perspective que le CICR (soutenu par son Président Gustave Ador) avait négocié en 1918 un accord bilatéral entre l’Allemagne et la France qui visait à mettre au point des standards minimaux de traitement pour les prisonniers de guerre contraignants ; ce traité a servi de base pour la discussion sur un nouveau code élargi après la fin de la guerre. En 1921 et en 1923, des Conférences ont été tenues sous l’égide du CICR et ont résulté à un engagement des Parties à adopter un tel accord, qui a été signé à Genève en 1929 : la Convention III de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre.
• La Convention établissait en des termes précis et stricts les obligations et les interdictions des Etats parties, notamment :
- l’interdiction des représailles envers les prisonniers de guerre, l’obligation de traiter humainement les prisonniers de guerre, condamnant tout acte de torture, de pression physique ou psychologique envers les prisonniers ;
- la Convention établissait entre autres l’organisation des camps et fixait des obligations sanitaires minimales, que ce soit au niveau de l’hygiène, du travail et de la nourriture, réglant également les sanctions pénales ou disciplinaires permises, l’établissement de service de renseignement, et la question du rapatriement.
- finalement, la Convention fixait le rôle du CICR comme gardien de la Convention, et réservait au Comité le droit de rendre visite à tous les prisonniers (et s’entretenir sans témoins) dans tous les camps sans aucune restriction.
• Le CICR faisait également face à des défis de taille sur le terrain. En particulier, le Comité est intervenu massivement auprès des Etats et des factions changeantes qu’a laissé la guerre dans le sillage des empires russe, allemand et autrichien, pour se charger des millions de prisonniers de guerre et de réfugiés qui restaient toujours cloîtrés en Europe de l’Est : la nature des contentieux politiques et de la situation humanitaire déplorable laissait ces millions de personnes abandonnées à la discrimination, au épidémies et à la faim ; les populations russes, allemandes et autrichiennes qui sont devenues des minorité dans de nouveaux Etats nationalistes ont été particulièrement touchées.
- Le CICR a commencé à se charger du rapatriement des prisonniers de guerre germaniques, restés en Russie à cause de la Guerre civile russe, et des prisonniers russes maintenus en Allemagne par réciprocité : les prisonniers alliés ont été rapidement rapatriés grâce aux clauses d’échange insérées dans les accords d’armistice. La SDN a pris la relève dans la question des prisonniers de guerre en 1920.
• Par la suite, s’est posé le défi humanitaire créé par l’apparition de millions de réfugiés dispersés en Europe de l’Est, phénomène sans précédents dans l’histoire. La désolation et les carences laissées par la guerre, mais aussi la restructuration des frontières par les Traités de la paix ont laissé des millions de déplacés en proie à la misère, la faim, la maladie, le froid et à la persécution dans les nouveaux Etats nationalistes de l’Europe de l’Est. De plus, dès 1917, un flux massif de réfugiés fuyant le désastre de la Guerre civile russe a débarqué en Europe.
- La situation sollicitait, en premier lieu, l’organisation d’une aide d’urgence de taille pour mettre toutes ces personnes à l’abri du besoin ainsi que leur établissement intermédiaire ; puis, une solution de long terme devait être trouvée. Hors, le rapatriement, solution courante pour le problème de réfugiés, était soit impossible, soit non désiré par les réfugiés. Dès lors, il fallait organiser et faciliter l’établissement définitif de toutes ces personnes dans des pays d’accueil, dont il fallait encore gagner la coopération. La Haute Commission pour les Réfugiés de Nansen, suivi par l’Office International des Réfugiés s’est chargé de tous ces défis pour réaliser l’établissement définitif des réfugiés de la guerre.
- La crise humanitaire et le revers économique qu’a laissée la Guerre civile russe a pourtant continué à se faire sentir pendant toutes les années 20’s dans la nouvelle Union Soviétique, ce malgré la fin des hostilités et le retrais du communisme de guerre en faveur du nouveau plan économique. Un nombre d’ONG, notamment la American Relief Admninistration, ont œuvré avec le CICR pour procurer de l’aide humanitaire aux populations soviétiques démunies face à la famine, la maladie et la misère.
• Un autre drame humanitaire de l’époque a été la propagation désastreuse de maladies épidémiques, dont la grippe espagnole et le typhus, qui ont emmené plus de 50 millions de vie. L’origine exacte des épidémies reste débattue, mais une fois en Europe centrale et orientale, les maladies ont pris racine et se sont catalysés à cause de la sous-nutrition et de la désolation générales, puis se sont diffusés par connexité affectant presque un tiers de l’humanité.
- En outre des Etats et des organisations interétatiques, le CICR et un nombre d’ONG volontaristes telles que Save the children ont œuvré pour limiter les dégâts et procurer de l’aide humanitaire aux innombrables victimes, notamment les plus vulnérables, dont les enfants : ces derniers devenaient l’objet central du secourt transnational, et sont devenus les bénéficiaires de la plupart des donations et de l’aide organisées par les ONG et les charités.
• En outre des prisonniers de guerre et des réfugiés, un autre mouvement colossal de population a eu lieu en 1923 dans le cadre du Traité de Lausanne qui mettait fin à la Guerre civile turque qui opposait la Turquie réformée d’Atatürk à diverses factions.
- La guerre avait éclaté suite au Traité de la paix de Sèvre qui partitionnait l’Etat Ottoman, et a été rejetée avec outrage par le nouveau gouvernement républicain et nationaliste dirigé par Atatürk. A la fin de la guerre, la vision d’Atatürk d’un peuple turque uni sous l’égide d’un Etat réformé s’est réalisé, mais a laissé de profonds contentieux avec la minorité grecque qui restait très présente dans le pays : pour éviter de prolonger la guerre civile et d’engendrer une lutte ethnique potentiellement génocidaire, les Etats turques et grecques se sont accordés de procéder à un échange forcé des populations vers l’Etat qui en représente la nationalité : c’est alors que naît la pratique désastreuse de déportation et d’homogénéisation des populations pour des buts idéologiques.
                                     
- Des centaines de milliers de Turcs, mais aussi 1,5 millions de Grecs ont été déportés et échangés entre les deux Etats en vertu du traité, qui tout en restaurant la paix et la stabilité dans la région, provoquait des conséquences humanitaires dramatiques pour les populations déportées. La question était particulièrement ardue en Grèce, où l’intégration d’un nombre considérable de personnes était très problématique.
- L’aide de la SDN, mais aussi du CICR et de quelques ONG avait été sollicitée par l’Etat grecque : c’est dans le cadre de cette intégration que le Bureau International de Travail s’est véritablement développé, donnant au droit international une nouvelle teinte sociale.
• Les problèmes de dénationalisation des populations a persisté dans les années 30’s, avec la persécution des minorités ethniques dans des régimes nationalistes, notamment la dénationalisation et la privation de droits de citoyenneté suivi par la confiscation des biens des juifs d’Allemagne nazie, ce qui a provoqué l’outrage international à l’origine du retrais de l’Allemagne de la SDN.
7.2). Le renouveau internationaliste :
• Le mouvement pour la paix par le droit et le rejet de la guerre comme moyen de résolution de différents prend tout son essor avec la fin de la guerre. Face à la destruction brutale et à la désolation qu’ont laissé les combats de la guerre, le mouvement pour le désarmement général une ampleur inédite dans l’entre-deux-guerres, gravitant notamment autour de Conférences internationales sur le désarmement sous la roulette de la Société des Nations et avec l’appui d’un nombre d’ONG, dont l’Union internationale de secourt aux enfants, qui se mobilisent pour faire pression sur les gouvernements. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de l’émergence d’ONG sur la scène internationale à travers la SDN.
- Cette dernière exerçait une influence salutaire sur les Etats membres et oeuvrait pour la promotion du dessein des ONG humanitaires, notamment à travers le Haut Commissaire Fridtjof Nansen, défenseur de la cause des réfugiés russes, grecs et arméniens, et bien d’autres ainsi que Albert Thomas, directeur du BIT.
- Nansen était également à l’origine du Comité consultatif des organisations privées dans le cadre de la SDN, attirant et donnant une voix aux ONG et à la société civile sur la scène inter- nationale, qui cessait dès lors d’être le domaine réservé des Etats, qui se développera à l’avenir par la coopération étroite entre les ONG et l’ECOSOC de l’ONU.
- Néanmoins, le déclin de la SDN lors des années 30’s s’accompagnait par une perte d’influence et un changement des pratiques. A partir du moment où le Secrétaire Général britannique Eric Drummond a quitté la SDN en 1932 et son successeur Joseph Avenol prenait les reines, la vision intergouvernementale d’avant-guerre s’est instaurait à l’organisation, qui venait de perdre Fridtjof Nansen, le plus militant et progressiste de ses fonctionnaires. Après l’abolition du Comité en 1933, la SDN s’est dessaisi de la gestion des réfugiés, notamment des réfugiés allemands.
• C’est à cette époque que le mouvement pour les droits de l’homme devient réellement international, notamment grâce à la Fédération internationale des droits de l’homme. En 1922, une vingtaine de ligues nationales, dont les ligues française et allemande, créent la FIDH. Elle est alors la première organisation internationale de défense des droits de l’Homme. Son mot d’ordre : « La paix par les droits de l’Homme ».
- En 1927, la FIDH lance un appel à la communauté internationale pour l’adoption d’une « Déclaration mondiale des droits de l’Homme », puis la création d’une Cour criminelle internationale permanente. Elle est la première organisation généraliste à s’engager pour la défense des droits économiques et sociaux.
- La FIDH s’engagera dans la lutte contre le nazisme. Deux des plus éminents dirigeants de la FIDH, René Cassin et Joseph-Paul Boncour, participeront à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
• Le mouvement pan-européen fait également quelques avancées, malgré le climat de ressentiments nationalistes qui règne alors en Europe. Ce mouvement était basé sur une volonté de dépasser les antagonismes produits par l’impérialisme et la guerre, notamment le profond antagonisme franco-allemand. Un nombre d’individus se mobilisaient pour œuvrer au rapprochement entre les deux pays en vue d’une coopération plus étroite sur tout le continent. Parmi les débats sur la question, l’idée d’une fédération européenne émergeait comme un contre-poids aux contentieux nationalistes et une garantie de la paix entre les nations euro- péennes, une alternative à la SDN. L’économie et le commerce étaient au centre du débat.
- Lors de l’occupation de la Ruhr par la France et la Belgique en 1923 et à la crise politique qui s’en suivait, ainsi que la « guerre économique », l’hyperinflation et le malaise économique général dans les pays d’Europe centrale, l’esprit pan-européen revenait au grand jour pour régler les contentieux politiques et pourvoir au soulagement économique. Le mouvement pan-européen gravitait autour de l’organisation Pan-europa, la fédération culturelle européenne et la Ligue pour la coopération économique européenne dirigés par des internationalistes éminents.
- L’idée principale, comme établie par l’éminent internationaliste Richard Coudenhove Kalergi dans son ouvrage Paneuropa, était de créer en Europe une communauté cosmopolite, de lever les barrières au mouvement par une union douanière, favorisant les échanges le commerce et le développement, d’établir un traité d’arbitrage obligatoire et de construire à terme une fédération européenne. L’élan que s’était attribué Kalergi a attiré le Ministre des affaires étrangères français Aristide Briand et le Président du Reichstag allemand Paul Löwe dans l’Union européenne, mobilisant une masse encore plus importante d’intellectuels, d’hommes d’états et d’industriels.
- Le rapprochement des élites française et allemandes à l’idée pan-européenne s’est accélérée à la suite de la fin de l’occupation de la Ruhr et de l’instauration du Plan Dawes qui allégeait la charge économique de l’Allemagne. Dans le Congrès pan-européen de Vienne, quelque 2'000 personnes étaient rassemblées. Le mouvement était à l’arrière plan de plusieurs conférences qui visaient à favoriser le commerce entre les Etats européens. Le point culminant du mouvement a eu lieu en 1930, lorsque Aristide Briand, alors Ministre des affaires étrangères français, annonce un mémorandum en faveur de l’organisation d’un régime « d’union fédérale européenne ».
- Le « plan Briand » avait ensuite été étudié dans des Commissions, notamment à la Société des Nations. Cependant, la plupart des Etats étaient endigués par la Crise de la Grande dépression, et de plus en plus d’Etats européens sombraient vers le nationalisme belliqueux à l’origine de la Deuxième Guerre mondiale.
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Version du 22 février 2014 à 01:55

Avec la fin de la Première Guerre mondiale, proclamée le 11 novembre 1918, le CICR s’est chargé du rapatriement des prisonniers de guerre : au total, plus de 420'000 prisonniers ont été rapatriés par le Comité, avant que la nouvelle Société des Nations ne s’en charge en 1920, assurant le retour des autres prisonniers, ainsi que des millions de réfugiés qu’avait laissé la guerre. Pour son service irremplaçable à l’humanité, le Comité s’est vu accorder le Prix Nobel de la Paix en 1917, le seul que la Fondation Nobel ait décernée pendant la guerre. La résonance du prestige du CICR était alors incontestable, et a indubitablement contribué à l’émergence de Genève en tant que capitale internationale : grâce à son esprit humanitaire, solidaire et pacifiste, la ville a été choisie pour abriter non seulement la Société des Nations et ses nombreuses agences, mais aussi la large majorité des ONG transnationales.

• Malgré la fin des combats en Europe occidentale, le CICR, fort de sa nouvelle autorité morale et de ses ambitions agrandies, faisait toujours face à une catastrophe humanitaire de taille : les combats faisaient toujours rage en Russie et en Turquie, où la guerre mondiale a laissé place à des guerres civiles encore plus désastreuses, des révolutions sanglantes avaient lieu à travers les pays d’Europe centrale, des millions de prisonniers de guerre et de réfugiés démunis traversaient l’Europe meurtrie par la désolation, la famine et surtout par les épidémies de grippe espagnole et de typhus qui emmenaient des millions de vies.

• Cet état des choses déplorable a contribué à attiser la fièvre humanitaire qui parcourait alors le monde : c’est alors que naît la célèbre ONG volontariste Save the children, de la réformatrice sociale britannique Eglantyne Jebb, qui créera l’Union internationale de secourt aux enfants en partenariat avec le CICR. De plus, avec la fondation de la Société des Nations, Genève devient le haut lieu de l’échange, de la coopération et de la solidarité internationale : en coopération étroite avec le CICR et les autres organisations internationales déjà établies dans la région, la SDN fonde une quantité de bureaux et d’agences spécialisées pour promouvoir et défendre la paix et le progrès à travers le monde de l’entre-deux-guerres.

- Parmi ces agences, la Haute Commission pour les Réfugiés fondé par l’initiative du diplomate et délégué norvégien à la SDN Fridtjof Nansen, a prit les devants dans la tâche difficile du secourt aux réfugiés. Le célèbre « passeport de Nansen » avait permis à des centaines de milliers de réfugiés apatrides de quitter leur situation de misère, de voyager, de se rapatrier et de s’établir librement à travers l’Europe : en 1938, l’organisation a reçu le Prix Nobel de la Paix pour ses contributions à l’humanité.

- De plus, une multitude d’ONG et d’associations privées caritatives transnationales sont apparues à Genève pour contribuer à l’œuvre humanitaire et progressiste des organisations internationales et leurs agences, telles que la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, Le Comité international pour le placement des intellectuels immigrés, la Ligue pour les Etats-Unis d’Europe, l’Office central pour l’entraide des Eglises, la YWCA et la YMCA, le Comité de désarment chrétien, le Congrès juif mondial, le Conseil œcuménique des Eglises, la Ligue internationale pour la défense des indigènes, et bien d’autres.


7.1). La SDN et les ONG face aux défis humanitaires dans l’entre-deux-guerre

• L’expérience traumatisante de la Première Guerre mondiale a démontré les manquements et l’insuffisance des Conventions de La Haye, notamment en ce qui concerne le traitement des prisonniers de guerre et des civils. C’est dans cette perspective que le CICR (soutenu par son Président Gustave Ador) avait négocié en 1918 un accord bilatéral entre l’Allemagne et la France qui visait à mettre au point des standards minimaux de traitement pour les prisonniers de guerre contraignants ; ce traité a servi de base pour la discussion sur un nouveau code élargi après la fin de la guerre. En 1921 et en 1923, des Conférences ont été tenues sous l’égide du CICR et ont résulté à un engagement des Parties à adopter un tel accord, qui a été signé à Genève en 1929 : la Convention III de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre.

• La Convention établissait en des termes précis et stricts les obligations et les interdictions des Etats parties, notamment :

- l’interdiction des représailles envers les prisonniers de guerre, l’obligation de traiter humainement les prisonniers de guerre, condamnant tout acte de torture, de pression physique ou psychologique envers les prisonniers ;

- la Convention établissait entre autres l’organisation des camps et fixait des obligations sanitaires minimales, que ce soit au niveau de l’hygiène, du travail et de la nourriture, réglant également les sanctions pénales ou disciplinaires permises, l’établissement de service de renseignement, et la question du rapatriement.

- finalement, la Convention fixait le rôle du CICR comme gardien de la Convention, et réservait au Comité le droit de rendre visite à tous les prisonniers (et s’entretenir sans témoins) dans tous les camps sans aucune restriction.

• Le CICR faisait également face à des défis de taille sur le terrain. En particulier, le Comité est intervenu massivement auprès des Etats et des factions changeantes qu’a laissé la guerre dans le sillage des empires russe, allemand et autrichien, pour se charger des millions de prisonniers de guerre et de réfugiés qui restaient toujours cloîtrés en Europe de l’Est : la nature des contentieux politiques et de la situation humanitaire déplorable laissait ces millions de personnes abandonnées à la discrimination, au épidémies et à la faim ; les populations russes, allemandes et autrichiennes qui sont devenues des minorité dans de nouveaux Etats nationalistes ont été particulièrement touchées.

- Le CICR a commencé à se charger du rapatriement des prisonniers de guerre germaniques, restés en Russie à cause de la Guerre civile russe, et des prisonniers russes maintenus en Allemagne par réciprocité : les prisonniers alliés ont été rapidement rapatriés grâce aux clauses d’échange insérées dans les accords d’armistice. La SDN a pris la relève dans la question des prisonniers de guerre en 1920.

• Par la suite, s’est posé le défi humanitaire créé par l’apparition de millions de réfugiés dispersés en Europe de l’Est, phénomène sans précédents dans l’histoire. La désolation et les carences laissées par la guerre, mais aussi la restructuration des frontières par les Traités de la paix ont laissé des millions de déplacés en proie à la misère, la faim, la maladie, le froid et à la persécution dans les nouveaux Etats nationalistes de l’Europe de l’Est. De plus, dès 1917, un flux massif de réfugiés fuyant le désastre de la Guerre civile russe a débarqué en Europe. - La situation sollicitait, en premier lieu, l’organisation d’une aide d’urgence de taille pour mettre toutes ces personnes à l’abri du besoin ainsi que leur établissement intermédiaire ; puis, une solution de long terme devait être trouvée. Hors, le rapatriement, solution courante pour le problème de réfugiés, était soit impossible, soit non désiré par les réfugiés. Dès lors, il fallait organiser et faciliter l’établissement définitif de toutes ces personnes dans des pays d’accueil, dont il fallait encore gagner la coopération. La Haute Commission pour les Réfugiés de Nansen, suivi par l’Office International des Réfugiés s’est chargé de tous ces défis pour réaliser l’établissement définitif des réfugiés de la guerre.

- La crise humanitaire et le revers économique qu’a laissée la Guerre civile russe a pourtant continué à se faire sentir pendant toutes les années 20’s dans la nouvelle Union Soviétique, ce malgré la fin des hostilités et le retrais du communisme de guerre en faveur du nouveau plan économique. Un nombre d’ONG, notamment la American Relief Admninistration, ont œuvré avec le CICR pour procurer de l’aide humanitaire aux populations soviétiques démunies face à la famine, la maladie et la misère.

• Un autre drame humanitaire de l’époque a été la propagation désastreuse de maladies épidémiques, dont la grippe espagnole et le typhus, qui ont emmené plus de 50 millions de vie. L’origine exacte des épidémies reste débattue, mais une fois en Europe centrale et orientale, les maladies ont pris racine et se sont catalysés à cause de la sous-nutrition et de la désolation générales, puis se sont diffusés par connexité affectant presque un tiers de l’humanité.

- En outre des Etats et des organisations interétatiques, le CICR et un nombre d’ONG volontaristes telles que Save the children ont œuvré pour limiter les dégâts et procurer de l’aide humanitaire aux innombrables victimes, notamment les plus vulnérables, dont les enfants : ces derniers devenaient l’objet central du secourt transnational, et sont devenus les bénéficiaires de la plupart des donations et de l’aide organisées par les ONG et les charités.

• En outre des prisonniers de guerre et des réfugiés, un autre mouvement colossal de population a eu lieu en 1923 dans le cadre du Traité de Lausanne qui mettait fin à la Guerre civile turque qui opposait la Turquie réformée d’Atatürk à diverses factions.

- La guerre avait éclaté suite au Traité de la paix de Sèvre qui partitionnait l’Etat Ottoman, et a été rejetée avec outrage par le nouveau gouvernement républicain et nationaliste dirigé par Atatürk. A la fin de la guerre, la vision d’Atatürk d’un peuple turque uni sous l’égide d’un Etat réformé s’est réalisé, mais a laissé de profonds contentieux avec la minorité grecque qui restait très présente dans le pays : pour éviter de prolonger la guerre civile et d’engendrer une lutte ethnique potentiellement génocidaire, les Etats turques et grecques se sont accordés de procéder à un échange forcé des populations vers l’Etat qui en représente la nationalité : c’est alors que naît la pratique désastreuse de déportation et d’homogénéisation des populations pour des buts idéologiques.

- Des centaines de milliers de Turcs, mais aussi 1,5 millions de Grecs ont été déportés et échangés entre les deux Etats en vertu du traité, qui tout en restaurant la paix et la stabilité dans la région, provoquait des conséquences humanitaires dramatiques pour les populations déportées. La question était particulièrement ardue en Grèce, où l’intégration d’un nombre considérable de personnes était très problématique. - L’aide de la SDN, mais aussi du CICR et de quelques ONG avait été sollicitée par l’Etat grecque : c’est dans le cadre de cette intégration que le Bureau International de Travail s’est véritablement développé, donnant au droit international une nouvelle teinte sociale.

• Les problèmes de dénationalisation des populations a persisté dans les années 30’s, avec la persécution des minorités ethniques dans des régimes nationalistes, notamment la dénationalisation et la privation de droits de citoyenneté suivi par la confiscation des biens des juifs d’Allemagne nazie, ce qui a provoqué l’outrage international à l’origine du retrais de l’Allemagne de la SDN.

7.2). Le renouveau internationaliste :

• Le mouvement pour la paix par le droit et le rejet de la guerre comme moyen de résolution de différents prend tout son essor avec la fin de la guerre. Face à la destruction brutale et à la désolation qu’ont laissé les combats de la guerre, le mouvement pour le désarmement général une ampleur inédite dans l’entre-deux-guerres, gravitant notamment autour de Conférences internationales sur le désarmement sous la roulette de la Société des Nations et avec l’appui d’un nombre d’ONG, dont l’Union internationale de secourt aux enfants, qui se mobilisent pour faire pression sur les gouvernements. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de l’émergence d’ONG sur la scène internationale à travers la SDN.

- Cette dernière exerçait une influence salutaire sur les Etats membres et oeuvrait pour la promotion du dessein des ONG humanitaires, notamment à travers le Haut Commissaire Fridtjof Nansen, défenseur de la cause des réfugiés russes, grecs et arméniens, et bien d’autres ainsi que Albert Thomas, directeur du BIT.

- Nansen était également à l’origine du Comité consultatif des organisations privées dans le cadre de la SDN, attirant et donnant une voix aux ONG et à la société civile sur la scène inter- nationale, qui cessait dès lors d’être le domaine réservé des Etats, qui se développera à l’avenir par la coopération étroite entre les ONG et l’ECOSOC de l’ONU.

- Néanmoins, le déclin de la SDN lors des années 30’s s’accompagnait par une perte d’influence et un changement des pratiques. A partir du moment où le Secrétaire Général britannique Eric Drummond a quitté la SDN en 1932 et son successeur Joseph Avenol prenait les reines, la vision intergouvernementale d’avant-guerre s’est instaurait à l’organisation, qui venait de perdre Fridtjof Nansen, le plus militant et progressiste de ses fonctionnaires. Après l’abolition du Comité en 1933, la SDN s’est dessaisi de la gestion des réfugiés, notamment des réfugiés allemands.

• C’est à cette époque que le mouvement pour les droits de l’homme devient réellement international, notamment grâce à la Fédération internationale des droits de l’homme. En 1922, une vingtaine de ligues nationales, dont les ligues française et allemande, créent la FIDH. Elle est alors la première organisation internationale de défense des droits de l’Homme. Son mot d’ordre : « La paix par les droits de l’Homme ».

- En 1927, la FIDH lance un appel à la communauté internationale pour l’adoption d’une « Déclaration mondiale des droits de l’Homme », puis la création d’une Cour criminelle internationale permanente. Elle est la première organisation généraliste à s’engager pour la défense des droits économiques et sociaux. - La FIDH s’engagera dans la lutte contre le nazisme. Deux des plus éminents dirigeants de la FIDH, René Cassin et Joseph-Paul Boncour, participeront à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

• Le mouvement pan-européen fait également quelques avancées, malgré le climat de ressentiments nationalistes qui règne alors en Europe. Ce mouvement était basé sur une volonté de dépasser les antagonismes produits par l’impérialisme et la guerre, notamment le profond antagonisme franco-allemand. Un nombre d’individus se mobilisaient pour œuvrer au rapprochement entre les deux pays en vue d’une coopération plus étroite sur tout le continent. Parmi les débats sur la question, l’idée d’une fédération européenne émergeait comme un contre-poids aux contentieux nationalistes et une garantie de la paix entre les nations euro- péennes, une alternative à la SDN. L’économie et le commerce étaient au centre du débat.

- Lors de l’occupation de la Ruhr par la France et la Belgique en 1923 et à la crise politique qui s’en suivait, ainsi que la « guerre économique », l’hyperinflation et le malaise économique général dans les pays d’Europe centrale, l’esprit pan-européen revenait au grand jour pour régler les contentieux politiques et pourvoir au soulagement économique. Le mouvement pan-européen gravitait autour de l’organisation Pan-europa, la fédération culturelle européenne et la Ligue pour la coopération économique européenne dirigés par des internationalistes éminents.

- L’idée principale, comme établie par l’éminent internationaliste Richard Coudenhove Kalergi dans son ouvrage Paneuropa, était de créer en Europe une communauté cosmopolite, de lever les barrières au mouvement par une union douanière, favorisant les échanges le commerce et le développement, d’établir un traité d’arbitrage obligatoire et de construire à terme une fédération européenne. L’élan que s’était attribué Kalergi a attiré le Ministre des affaires étrangères français Aristide Briand et le Président du Reichstag allemand Paul Löwe dans l’Union européenne, mobilisant une masse encore plus importante d’intellectuels, d’hommes d’états et d’industriels.

- Le rapprochement des élites française et allemandes à l’idée pan-européenne s’est accélérée à la suite de la fin de l’occupation de la Ruhr et de l’instauration du Plan Dawes qui allégeait la charge économique de l’Allemagne. Dans le Congrès pan-européen de Vienne, quelque 2'000 personnes étaient rassemblées. Le mouvement était à l’arrière plan de plusieurs conférences qui visaient à favoriser le commerce entre les Etats européens. Le point culminant du mouvement a eu lieu en 1930, lorsque Aristide Briand, alors Ministre des affaires étrangères français, annonce un mémorandum en faveur de l’organisation d’un régime « d’union fédérale européenne ».

- Le « plan Briand » avait ensuite été étudié dans des Commissions, notamment à la Société des Nations. Cependant, la plupart des Etats étaient endigués par la Crise de la Grande dépression, et de plus en plus d’Etats européens sombraient vers le nationalisme belliqueux à l’origine de la Deuxième Guerre mondiale.


Références

Notes

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