L’ONU et la sécurité internationale : 1945 – 2013

De Baripedia

Pouvoirs essentiels de l’ONU pour la résolution des différends

Il faut citer l’article 99 qui a été ajouté à San Francisco permettant au secrétaire général de l’ONU de porter au Conseil de sécurité tout situation qu’il juge délicate pour le maintien de la paix internationale. Un secrétaire général en fonction gagne une influence non-négligeable sur ce qui se passe et peut jouer un rôle actif pouvant offrir de plus ses bons-offices comme dans le cadre du Vietnam où l’ONU ne joue pas un rôle formel. Le secrétaire général peut envoyer des intermédiaires spéciaux.

Le chapitre VI prévoit le règlement pacifique des différends. Le chapitre VII consacre les mesures en cas de rupture de la paix ou d’agression. Le maintien de la paix n’est pas prévu par la charte même. Nous avons vu que les casques bleus sont devenus un instrument central de l’ONU en matière de sauvegarde des lignes d’armistice étant un exemple intéressant du droit international. Quelque chose de pas prévu va se développer. Le chapitre VIII prévoit une coopération avec des organisations régionales.

L’Assemblée générale dispose d’une fonction subsidiaire qui est que si le Conseil de sécurité n’arrive pas à résoudre une question, il est possible pour l’Assemblée générale de la traiter. La résolution du 3 novembre 1950 « Unifié pour de la paix » a accordée cette compétence à l’Assemblée générale qui pouvait convoquer une séance extraordinaire. C’est un autre exemple du développement du droit international n’étant pas prévu par la Charte originale. C’est un hommage à ce que pensait Wilson à savoir qu’il était mieux de créer une organisation de manière dynamique plutôt qu’une paix.

Limitations du pouvoir de l’ONU

La question de la souveraineté des États est soulevée par la Charte de l’ONU qui ne prévoit l’intervention que dans le cas de conflits interétatiques. Il n’était pas contraignant pour les États de signer la charte vu que la charte est prévue pour des cas où il y aurait une situation de conflit ou de guerre entre États.

Une deuxième limite à l’efficacité de son travail est la question de la vitesse de ses décisions. Les commissions multilatérales de l’ONU ne fonctionnent pas toujours de manière effective. Il y a aussi le fait que les États membres du Conseil de sécurité n’ont pas toujours intérêt à agir de manière rapide et ont intérêt à retarder une décision étant un problème pour l‘efficacité de l’ONU. Il y a également le véto de grandes puissances. Dans tous les conflits qui concernent directement les intérêts des grandes puissances du Conseil de sécurité, l’organisation peut être bloquée à travers le véto des grandes puissances. Il y aussi la question de la prolifération nucléaire avec une sorte de « véto de la bombe ». Avec la prolifération des bombes atomiques ou des bombes à nitrogènes, les États peuvent exercer un véto factuel à travers la menace de la bombe atomique réduisant les possibilités de l’ONU notamment avec l’exemple de la Corée du Nord.

Evolution intellectuelle de la politique de sécurité des Secrétaires généraux

Chacun des secrétaires généraux a essayé de donner un visage à son mandat à travers des innovations.

Trygve Lie : 1946 – 1952

Lie fut le premier secrétaire général n’ayant aucun modèle pour s’orienter. Il est à l’origine du programme Force for Peace. Lie a adopté une position ouverte dans les conflits internationaux ayant agit sans l’accord préalable de membres permanents du Conseil de sécurité lu ayant valu des critiques durant la Guerre de Corée et en particulier du camp soviétique. Il a adopté une position favorable à l’entrée de la République de Chine à la place de Taïwan au Conseil de sécurité. À travers sa prise de position en faveur de la Corée du sud, Lie s’est exposé énormément dans le cadre de la Guerre froide menant au refus de l’Union soviétique de soutenir sa réélection. Il a donné un profil fort créant une image forte du poste de secrétaire général des Nations Unies donnant un modèle pour ses successeurs.

Dag Hammarskjöld : 1953 – 1961

Le successeur de Lie est le suédois Dag Hammarskjöld soutenu par la France et la Grande-Bretagne dans un contexte de Guerre froide. Hammarskjöld était un diplomate brillant et discret. Par sa nature réservée et diplomatique, il est parvenu à élargir les compétence du secrétaire général et à rehausser le respect accordé à cette fonction. Hammarskjöld a profité de la mort de Staline en 1953 et avec l’arrivée de Khrouchtchev pouvant proposer une certaine ouverture antagoniste dans un contexte de Guerre froide. Il y a introduit les casques bleus dans la crise de Suez de 1956 étant encore aujourd’hui l’un des instruments les plus important de l’ONU. Il a eu recours à une diplomatie de conciliation menant à des résultats et créant de dynamiques à l’intérieur de l’ONU. Il a été réélu grâce à cette position conciliante sans aucune opposition en 1958. Dans la crise congolaise, il y a commencé à tomber sous les critiques vu qu’on lui a reprochait d’être au service de l’intérêt de la Belgique et des États-Unis. C’est dans ce contexte que Khrouchtchev avait élaboré un plan lors d’un discours de remplacer le secrétaire général par une troïka. La figure du secrétaire général devient tellement forte que des États comme l’URSS cherchent à diminuer son influence. Hammarskjöld est décédé dans un crash au Congo qui donne encore aujourd’hui matière à spéculation.

U Thant : 1961 – 1971

U Thant est le premier secrétaire général qui n’est pas européen. U Thant était ambassadeur de la Birmanie auprès des Nations Unies et jouissait d’une bonne réputation auprès des États d’Afrique et d’Asie. U Thant était un diplomate calme et expérimenté pouvant résister à une grande pression ce qu’il montre pendant la crise des missiles de Cuba. Thant va reprendre la doctrine de Hammarskjöld. Il a également réussi à amener la question des tensions sociales entre les États plus riches et les États du tiers-monde, il y a aussi un élargissement des thématiques liées au travail des Nations Unies qui se fait beaucoup plus large. C’est grâce à U Thant qu’on voit que le potentiel des tensions sociales entre nord et sud ont une grande importance et qu’il est nécessaire des les aborder au niveau international.

Kurt Waldheim : 1971 – 1981

Kurt Waldheim était l’ambassadeur d’Autriche auprès des Nations Unies pendant de nombreuses années. Son bilan en tant que secrétaire général et président de l’État autrichien est mitigé. La période des années 1970 fut des années difficiles pour l’ONU en pleine Guerre froide. Waldheim s’est fait remarquer pour son engagement pour les droits de l’homme préconisant une ONU active en cas de violation des droits de l’Homme et s’est investie pour les prisonniers politiques engageant des conférences importantes pour aider les boat people mais aussi pour aider les réfugiés du Cambodge.

Perez de Cuellar : 1981 – 1991

Perez de Cuellar prend fonction en 1981. Il promouvait une diplomatie tranquille et une meilleure répartition des richesses. Les États-Unis sous Reagan ont critiqué l’ONU et son secrétaire général. Après le dégèle avec l’Union soviétique, une nouvelle phase plus constructive a commencée pour l’ONU mais aussi pour Perez de Cuellar. Son mandat va être couronné par des médiations qui ont du succès comme en Afghanistan, au Cambodge et en Amérique centrale. Son retrait a eu lieu peu après la fin de la Guerre froide. On peut dire que Perez de Cuellar était le dernier secrétaire général de l’ONU dans la Guerre froide. Il y a également cherché à moderniser le secrétaire général des Nations Unies. Il promeut l’étude « Perspectives for the 1990s » mettant l’accent sur les capacités du secrétariat de rassembler des informations pour empêcher l’éclatement d’un conflit. Il y a l’idée du secrétariat comme organe de « supervision globale » des centres de tensions internationales, ce qui est appelé le « Global Watch ». Est créé l’« Office for Research and Information Collection ». Néanmoins, le contexte de Guerre froide fait que beaucoup de question sont résolues par les États-Unis et l’URSS.

Boutros Boutros-Ghali : 1992 – 1996

Boutros Boutros-Ghali avant d’être promu était ministre suppléant de l’Égypte ayant joué un rôle important pour les accords de camp David et dans l’Union africaine. Il voulait conduire l’ONU dans une nouvelle ère cherchant à donner une nouvelle ligne principale de conduite à l’ONU. Son Agenda pour la paix comprenait des points importants et réalisables pour le renforcement du maintien de la paix notamment en mettant l’accent sur la prévention rapide (early warning) , le stationnement préventif avec des accords des parties (zones démilitarisées, stationnement des casques bleus pas après, mais avant un conflit), des missions sur place du secrétariat ou encore des missions sur place du Conseil de sécurité (fact-finding missions) Ce n’était pas une période facile pour l’ONU. Beaucoup d’États, à la fin de la Guerre froide, ont cherchés à trouver leur propre chemin restreignant la marge de manœuvre de l’ONU dans ce contexte. L’Agenda pour le développement visait à lutter contre la pauvreté, les famines comme qui était perçues comme cause de conflit. Ainsi, il va renforcer l’aide humanitaire dans des situations de détresse. L’Agenda pour la démocratisation met en exergue l’absence des structures démocratiques comme source de conflit. Boutros-Ghali va porter une assistance à restaurer ou consolider des structures démocratiques, pour l’organisation et la supervision des élections, la rédaction des constitutions mais encore pour le renforcement des capacités de gouvernance, l’assistance technique aux administrations tout comme la formation des polices.

Kofi Annan : 1997 – 2006

Kofi Annan est un personnage charismatique qui a beaucoup marqué le développement des Nations Unies marquant un changement assez fort à la suite du mandat de Boutros Boutros-Ghali passant de la prévention des guerres interétatiques à la prévention des conflits armés y compris des guerres civiles notamment à travers des mesures opérationnelles de médiation ou d’intervention rapide lors des crises. Annan a poussé le concept que en plus du fait d’être libre de la peur, il fallait aussi être libre de la violence construisant le concept de « global human security » qui est une sécurité qui se définit aussi avec la liberté du besoin. Il y a une ouverture du concept de sécurité qui participe d’une ouverture humanitaire mettant un focus sur la dignité humaine et le bien-être. La conception de la sécurité militaire a une ouverture de plus en plus large où la sécurité humaine est liée au concept de la santé, de la sécurité juridique, de l’éducation, de l’accès aux ressource dans le cadre d’une société non-violente. La lutte contre la pauvreté et la réduction de la misère sont devenus des tâches importantes de la politique de sécurité qui est un élargissement substantiel de ce qu’est le concept de sécurité. Il y a un ensemble de mesures structurelles et systématiques. Les mesures structurelles sont le renforcement des capacités des sociétés à autogérer des conflits (capacity-building), le renforcement de la culture de la paix avec la paix comme résultat des valeurs et pratiques culturelles ou encore l’organisation de « dialogues démocratiques » au sein des sociétés frappées par des conflits internes. Les mesures systémiques sont par exemple le contrôle de la traite des diamants, de le traite illicite des armes légères, ou encore des mesures visant à contrer la prolifération des armes ABC, lutter contre la pauvreté, empêcher la dégradation de l’environnement et ses conséquences conflictuelles sur les sociétés.

Ban Ki Moon : 2007 – 2016

Ban Ki Moon a été élu en 2007 étant dans son deuxième mandat qui va prendre fin en 2016. Il est diplomate de la Corée du sud. On peut voir une évolution intellectuelle mais il est difficile de dire ce que la personnalité elle-même a amené en rapport avec le contexte et les contingences.

Médiation

L’organisation peut servir à travers ses bons-offices, agir en tant que médiateur, observer et effectuer du fact-finding. Le Secrétaire général comme le Conseil de sécurité joue un rôle important dans ce secteur.

On peut distinguer trois étapes :

  • 1945 – 1969, pendant la guerre « très froide » et la décolonisation : cette période est marquée par la crise de Berlin en 1948, la crise de Suez en 1956 ou encore la cris de Cuba en 1962. Est créé la fédération malaysienne suit au conflit sur le Bornéo du nord entre l’Indonésie, les Philippines et le Malay-britannique en 1963. Le fact-finding mission vise à établir le vœux de la population concernée. Au Bahreïn, un conflit entre 1969 et 1970 impliquant l’Iran et le Royaume-Uni a mené à une médiation par Ralph Bunche.
  • 1969 – 1986, crises lors de l’époque de la détente : cette période est marquée par le conflit israélo-arabe . avec la crise des otages à Téhéran qui dura de 1979 à 1981, il faut noter que c’est désormais la Suisse qui gère les intérêts américains en Iran. Le plan de paix proposé par Javier Perez de Cuellar avant la guerre des Iles de Falkland/Malouines fut un échec du au manque de temps.
  • 1987 – 2011, crises de la période après Guerre froide : un conflit entre Turquie et la Bulgarie en 1989 a lieu concernant l’éviction des femmes, enfants et personnes âgés de la minorité Turque. En Afrique du Sud est mis en place un observatoire et une médiation entre l’ANC de Mandela et Inkatha Freedom Party de Mangosuthu Buthelezi afin de limiter et endiguer la violence. Entre 1995 se passe le conflit territorial entre l’Érythrée et le Yémen concernant les îles Ḩānīsh soumis au modèle de résolution d’un différend et à une commission d’arbitrage après médiation du SG. Il y a également eu une médiation française et des bons-offices d’autres membres du Conseil de sécurité notamment de la part de l’Allemagne et des États-Unis. Un conflit territorial a lieu entre le Cameroun et le Nigeria en 2002.

Maintien de la paix

Le maintien de la paix est surement un autre élément très central de l’ONU. Il ne peut toutefois être instauré qu’avec l’accord des parties concernées. Une résolution du Conseil de sécurité est le fondement pour une opération de peace-keeping. En règle générale, les opérations de peace- keeping suivent un processus avec un armistice dont l’application est assurée par les casques bleus devant être issus des pays qui sont neutre par rapport à ce concept. Le concept du maintien de la paix a été développé par Lester Pearson qui avait représenté l’ONU pendant la crise du canal de Suez lui valant le prix Nobel pour la paix en 1957. Une autre personne qui a développée le peace- keeping est Hammarskjöld et Ralph Bunche qui a représenté l’ONU dans le conflit israélo-arabe. Les opération de maintien de la paix se sont multiplié avec de la crise de Suez en 1956, celle du Congo entre 1960 et 1963, celle de Suez de 1973à 1979 survenant après guerre israélo-arabe du Yom Kippur de 1973), mais aussi la crise de Chypres qui commença en 1976 et dure jusqu’à présent, le conflit du Liban de 1982à 1984. Il y a une multiplication des actions de l’ONU après la fin de la Guerre froide comme avec UNPROFOR en ex-Yougoslavie.

Imposition de la paix

Le concept de peace-enforcemnt doit partir dune résolution du Conseil de sécurité basé sur le chapitre VII de la Charte. Les puissances qui détiennent un véto en ont fait peu usage notamment parce que les coûts humains, les risques élevés et les enjeux de pouvoir sont risqués. De nombreux cas ont été résolus dans le cadre du Conseil de sécurité comme la Guerre de Corée de 1950 à 1953, la Guerre civile au Congo qui dura de 1960 à 1963 mais qui fut du maintien de la paix sans paix, la Guerre d’Irak de 1991, la Guerre civile de Somalie de 1992 qui fut aussi du maintien de la paix sans paix, ainsi que le conflit de Bosnie de 1995. L’imposition de la paix c’est aussi fait sans consentement de l’ONU comme ce fut le cas pour le Kosovo en 1999 et l’Irak en 2003.

Sanctions, « smart sanctions »

Mesures préventives

Grands échecs

Conclusion

Notes

Références


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