« L'impulsion humanitaire à l'époque de la realpolitik : la Croix-Rouge (1863 – 1914) » : différence entre les versions

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Au niveau de la Prusse, Albrecht Graf von Roon qui était le ministre de la guerre à l’époque et qui est devenu maréchal après l’unification allemande, savait bien qu’il y avait une expérience de charité volontaire pendant les guerres napoléoniennes. Ajouté à cela, il y avait des motivations domestiques spécifiques en Prusse qui poussait la Prusse à soutenir comme première puissance, grande puissance la convention de Genève. D’abord, il y a eu un conflit budgétaire entre le roi et le Parlement Prusse à l’époque concernant la réforme de l’armée. Le roi voulait réformer et élargir l’armé, le parlement ne voulait pas payer. Donc, il y a eu un conflit budgétaire. Ce conflit se développait en conflit constitutionnel puisque lorsque de Bismarck était nommé comme premier ministre en Prusse, il décidait d’ignorer l’opposition du parlement et d’adopter quand même les réformes, de dépenser de l’argent ; sans que le budget ait été voté et approuvé par le parlement, il le mettait en œuvre. Par conséquent, il y a eu un conflit constitutionnel qui agaçait les relations entre roi et parlement en Prusse entre 1862 et 1866 jusqu’à la guerre avec l’Autriche.
Au niveau de la Prusse, Albrecht Graf von Roon qui était le ministre de la guerre à l’époque et qui est devenu maréchal après l’unification allemande, savait bien qu’il y avait une expérience de charité volontaire pendant les guerres napoléoniennes. Ajouté à cela, il y avait des motivations domestiques spécifiques en Prusse qui poussait la Prusse à soutenir comme première puissance, grande puissance la convention de Genève. D’abord, il y a eu un conflit budgétaire entre le roi et le Parlement Prusse à l’époque concernant la réforme de l’armée. Le roi voulait réformer et élargir l’armé, le parlement ne voulait pas payer. Donc, il y a eu un conflit budgétaire. Ce conflit se développait en conflit constitutionnel puisque lorsque de Bismarck était nommé comme premier ministre en Prusse, il décidait d’ignorer l’opposition du parlement et d’adopter quand même les réformes, de dépenser de l’argent ; sans que le budget ait été voté et approuvé par le parlement, il le mettait en œuvre. Par conséquent, il y a eu un conflit constitutionnel qui agaçait les relations entre roi et parlement en Prusse entre 1862 et 1866 jusqu’à la guerre avec l’Autriche.
Donc, il y a eu des raisons budgétaires, parce que si en plus de la réforme militaire envisagée, il fallait encore élargir les services sanitaires de manière substantielle ce qui aurait aggravé le conflit budgétaire entre le roi et le Parlement. Tandis que le mouvement de la Croix Rouge proposait par Dunant et le comité des cinq offrait la possibilité bienvenue au ministre de la guerre Prusse de résoudre au moins le problème des services sanitaires en mobilisant simplement la société civile à un coût gratuite. Donc, gratuité de ces services volontaires était vraiment élément clef.
On voit ici clairement que cette organisation volontaire paraissait utile à von Roon. Il évoquait aussi dans se correspondance avec Bismarck la crainte d’une guerre imminente avec le Danemark, donc c’était le bon moment d’organiser des services sanitaires au préalable. Il soulignait même dans sa correspondance avec Bismarck la possibilité pour la monarchie d’en bénéficier en soignant son image. Ce sont des documents qui parlent vraiment de l’intérêt étatique qui régissait et dominait à l’époque. C’est très intéressant parce que la Prusse n’était pas le seul État à ce moment-là où il y a une vague de libéralisation mais quand même un monarque plutôt conservateur donc des tensions qui se développaient dans la société, une libéralisation dans la presse mais un gouvernement qui reste conservateur. La monarchie devait inventer des bonnes causes afin de soigner son image. C’est un élément assez important.


= L’action humanitaire dans un système international en mutation =
= L’action humanitaire dans un système international en mutation =

Version du 20 mars 2016 à 12:38

Nous allons parler de l’impulsion humanitaire à l’époque de la realpolitik. Nous allons essayer de renouer un mouvement transnational et la politique international et c’est donc de la Croix que nous allons de 1863, année de sa fondation jusqu’à la Première guerre mondiale. Dans une première partie nous allons nous interroger sur le rôle que joue la charité dans cette époque et ensuite quel rôle joue précisément cette tendance politique, cette tendance à penser en politique étrangère à cette époque là.

Le deuxième point est la motivation des États à joindre la convention de Genève de 1866. C’est la convention qui crée le droit humanitaire international. C’est la première convention multilatérale sur le droit humanitaire international. Ensuite, nous allons parler de l’action humanitaire dans un système international en mutation avec notamment l’essor de l’impérialisme européen et le problème de la mise de la mise en œuvre de la convention de Genève qu’on appel en anglais le compliance-enforcement. Finalement, une occasion manqué, l’action humanitaire en temps de paix ; pourquoi la Croix Rouge ne s’est pas engagé de plus et à partir de très tôt pour la solidarité, la charité internationale en temps de paix, pourquoi pas lors des catastrophes naturelles.

Charité et realpolitik

D’abord, comme on peut le constater déjà à partir de l’intitulé, l’internationalisme humanitaire de la Croix Rouge résulte des deux courants opposés et parallèle qui se mettent en place au cours des années 1850 et 1860. C’est d’abord l’internationalisme culturel dont l’internationalisme humanitaire est une variation. C’est un terme formulé par Akira Iriye, professeur à Harvard d’origine japonaise. Il entend par l’internationalisme culturel tous les efforts et pratiques qui favorisent la coopération pacifique et interculturelle entre société, l’établissement des réseaux de communication transfrontalière et l’amélioration de la compréhension mutuelle et des échanges. C’est l’internationalisme culturel et l’internationalisme humanitaire de la Croix Rouge en fait partie mais il est distinct quand même dans cette catégorie plus large.

Le deuxième courant est donc la realpolitik. La realpolitik est un terme introduit en 1853 par Ludwig A. von Rochau, un publiciste allemand dans son ouvrage Grundsätze der Realpolitik. C’est une analyse très affinée de la transformation de la politique étrangère dans l’époque qu’il vie donc suite aux révolutions et à la répression des révolutions de 1848 et 1849. En fait, ce qu’il constate est un retour d’une politique étrangère ambitieuse des monarchies européennes où les monarchies prennent des risques calculés et font appel au nationalisme. Auparavant, les monarchies étaient souvent contre le nationalisme et bien entendu surtout les monarchies multinationales ou les empires multinationales comme l’Empire autrichien.

Dans cette realpolitik, la violence devient de nouveau une option. C’est-à-dire qu’après le Congrès de Vienne, il n’y a pas eu de guerre majeure européenne. La première guerre est en 1853 avec la guerre de Crimée qui est le résultat d’une surenchère des tensions par la Russie, par la France et par l’Empire ottoman. C’est la Russie qui porte le plus de responsabilité pour l’éclatement de la guerre de Crimée. Par la suite, il y a eu la guerre d’unification italienne, les guerres d’unification allemande, la guerre de sécession aux États-Unis et le soulèvement polonais réprimé par le Tsar de la Russie. On peut constater qu’à cette époque là le risque de guerre augmente et par conséquent, les sociétés réfléchissent sur les conséquences et pensent à des initiatives.

Donc, c’est la société civile et les décideurs politiques qui lancent conjointement le mouvement de la Croix Rouge internationale.

En quoi est-ce que le mouvement de la Croix Rouge est distincte ou similaire avec le pacifisme ou d’autres mouvements ?

On peut dire que le mouvement de la Croix Rouge tel que fondé suite à la conférence de Genève en 1863 émane de la société civile et mobilise celle-ci. Elle favorise la coopération internationale, elle favorise la formation d’un réseau qui dépasse les frontières, et comme le pacifisme, elle est motivée ou mobilisée en partie par la souffrance causée par une pratique culturelle archaïque qu’est la guerre. Comme les pacifistes, le mouvement de la Croix Rouge s’est fait des soucis sur les conséquences de la guerre.

Mais il y a aussi des caractéristiques distinctes de ce mouvement. D’abord, il organise l’implication à grande échelle des femmes dans la société civile internationale. La Croix Rouge sans les femmes, ce n’est pas possible, ce n’est pas pensable. Le mouvement de la Croix Rouge favorise également la coopération internationale en faveur des victimes de la guerre mais en temps de guerre contrairement au pacifisme qui favorise la paix ou la coopération en temps de paix.

La Croix Rouge présente la guerre comme un élément incontournable de la vie humaine émanent d’une certaine manière de la nature humaine elle même tandis que les pacifistes présentent la guerre comme incompatible avec l’humanité ou au moins les pacifistes radicaux, les non résistants parmi les quakers. Les quakers sont non résistants, ils s’opposent à toute forme de violence, même défensive.

Le pacifisme veut réguler le jus ad bellum, le droit de faire la guerre. Il veut trouver des alternatives pour la guerre. La Croix Rouge, au contraire, veut réguler le jus in bello, c’est-à-dire le droit qui régie la manière de faire al guerre. Il veut réguler le comportement des États pendant la guerre. En d’autres termes, d’un point de vue juridique, il veut humaniser la guerre ; c’est ce que veut la Croix Rouge. Le résultat de ces efforts était sur la table très rapidement.

Le mouvement a été fondé en 1863 et en 1864, un an plus tard, la convention de Genève était née. C’est un succès fulminant. Donc, on fonde un mouvement et une année plus tard on a une convention multilatérale sur table, c’est incroyable.

Le pacifisme, en revanche, prend beaucoup de temps pour faire adopter une règle contre la guerre. En 1899 a lieu la première conférence de La Haye qui est une convention multilatérale qui voit le jour qui définit quelques méthodes de résolution des différends aux préliminaires de la guerre. C’est l’arbitrage, la médiation, et la commission d’enquête qui sont trois méthodes. Ces méthodes sont peaufinées mais pas beaucoup, surtout la Cour d’arbitrage mise en place. La deuxième conférence de La Haye a lieu en 1907. La guerre est supprimée ou abolie en droit internationale en 1928 avec le pacte Kellogs-Briand. En 1928 la guerre cesse d’être un instrument de droit d’une certaine manière. En réalité, c’est sous certaines conditions.

En tout cas, les pacifistes existaient déjà à la fin du XIXème siècle mais pour arriver à un texte quelconque qui vise à prévenir la pratique de la guerre, il fallait attendre plus qu’un siècle. Donc, il y a une distinction très claire entre le mouvement pacifiste et son succès et le mouvement de la Croix Rouge et son succès. C’est étonnant et cela souligne d’une certaine manière que le mouvement de la Croix Rouge est plus proche peut être aux États que le mouvement pacifiste au XIXème siècle.

Pour comprendre le mouvement de la Croix Rouge, il ne faut pas l’isoler dans une histoire de la philanthropie mais il faut bien l’intégrer dans une histoire des relations internationales. Si on met l’accent seulement sur les personnes qui ont animées le mouvement de la Croix Rouge au départ comme Henri Dunant, on ne comprend tout à fait l’histoire de ce mouvement. Donc, on peut formuler quelques questions commet pourquoi est-ce que les États soutiennent la convention de Genève et comment les principes et valeurs du mouvement de la Croix Rouge ont été transférés dans les sociétés réceptrices, à ce que la solidarité ou la charité en temps de guerre s’est une bonne idée mais on sait qu’il y avait du nationalisme et de l’impérialisme à l’époque ; est-ce que les acteurs étatiques ont internalisé les valeurs de la charité et de la solidarité en temps de guerre et comment est-ce qu’on peut les mettre en pratique, et comment était abordé le problème de la mise en application, donc ce problème de la complience et de l’enforcement de la convention de Genève et du mouvement de la Croix Rouge. Quel était le rôle du mouvement, quel était les stratégies du CICR, du comité international de la Croix Rouge qui a son siège à Genève qui émane du Comité original qui avait fondé ce mouvement, le comité international pour le secours aux militaire blessés et malades qui était le nom original de ce CICR de nos jours.

D’abord, sur cette notion de transfère, transfère d’une norme ou d’un principe dans une autre société, les idées du mouvement de la Croix Rouge étaient nées à Genève, on va voir, il émane de la société philanthropique genevoise mais ils étaient transféré d’une certaine manière parce que tout le monde en fait a signé la convention de Genève lorsque la Première guerre mondiale était éclatée n’est-ce pas, le mouvement de la Croix Rouge était universel quasiment. Tous les États avaient un mouvement de la Croix Rouge et tous les États avait presque adhéré à la convention de Genève. Donc, il y a eu donc lieu a un transfert interculturel des valeurs, des normes, des principes de Genève comme lors du mouvement abolitionniste où là aussi il y a eu un transfert des valeurs, des principes, des normes.

Donc qu’est-ce que c’est maintenant un transfert interculturel ? C’est un processus au cours duquel une ou plusieurs idées, coutumes ou pratiques sont transmises d’un espace culturel à l’autre. Donc, des idées, des coutumes ou des pratiques. Des idées, ce sont des normes, principes, valeurs aussi. Et pendant que les idées soient reçues par une société réceptrice, elles sont soit acceptées, soit modifiées, soit déformées soit régenté par l’espace culturel dite récepteur, c’est-à-dire on peut utiliser le terme de transfert interculturel pour un processus complexe de transmission des valeurs à une autre société.

Une société réceptrice modifie quasiment nécessairement les valeurs, normes, principes ou idées d’une autre société parce qu’il y a déjà le transfert linguistique. Donc, les concepts, les mots doivent varier. Puis, les connotations varient nécessairement. Puis, il peut y avoir l’influence de l’idéologie par exemple qui est l’idéologie nationale ou une idéologie politique. Donc, le processus de transfert interculturel n’est pas linéaire.

Il peut avoir aussi un transfert culturel, un transfert interculturel puis rejet dans la société réceptrice. La société réceptrice peut dire en fin qu’elle reçoit les valeurs mais elle ne les partage pas, donc c’est un processus ouvert.

Il y a aussi l’impérialisme qui pèse sur les sociétés européennes à l’époque, c’est l’idéologie dominante. Donc, comment est-ce que les valeurs de la Croix Rouge et l’impérialisme, comment est-ce qu’ils se conjuguent. Il y a eu évidemment des tensions donc il faut en parler.

Henri Dunant fut le fondateur du mouvement de la Croix Rouge. Henri Dunant a écrit l’ouvrage Un souvenir de Solferino publié en 1862 parce qu’il a eu une expérience dans sa vie qui l’a bouleversé. Il a vu le champ de bataille de Solferino, donc la bataille entre le Piémont-Sardaigne et la France d’une part, et l’Autriche d’une autre part qui mena finalement à l’unification italienne. Le champ de bataille de Solferino était plein de corps et de blessés, 40000 victimes à la suite d’une bataille qui a durée un seul jour.

Dunant est arrivé le soir de la bataille, il n’a pas vu la bataille elle même, mais il est arrivé le soir lorsque les puissances victorieuses sont donc restées sur place et la puissance vaincue, l’Autriche a l’époque s’était déjà retiré et retiré sans amener ses blessés. Les blessés étaient encore sur le champ de bataille, le terrain était aux français et aux piémontais. À l’époque, il n’y avait pas d’accord sur le soin des blessés. Donc, le soin des blessés était laissé à la fois au corps sanitaire des armés piémontaise et français et aux volontaires. Donc, les volontaires de Solferino et les volontaires de Castiglione près du champ de bataille aidaient à rassembler les blessés et les stocker dans les Églises, sur les rues, dans les ménages privés, un peu partout parce que pour un village de 500 habitants, 40000 blessés sur un champ de bataille est beaucoup.

Dunant participe à cette aide. Il se trouve à Castiglione par le hasard parce qu’il veut voir Napoléon III, l’empereur français pour une affaire en Algérie om il est colonisateur bien que Dunant vient de Genève. Il organise des secours en écrivant à des connaissances à Genève qui eux, s’engagent à envoyer des médicaments, des pansements entre autre à Castiglione. Ramasser toutes les victimes a pris une semaine et beaucoup sont morts parce qu’ils ne pouvaient pas obtenir de l’aide médical rapidement.

Donc, cette expérience, Dunant ne peut pas s’en distancer, elle bouleverse sa vie et il écrit Un souvenir de Solferino en 1862 parce qu’il ressent qu’il ne peut pas transmettre le message lorsqu’il s’entretient simplement avec une personne. Personne ne lui comprend d’une certaine manière. Dans cette ouvrage, il critique l’absence d’accord pour le soin des blessés, il décrit la pratique des volontaires d’aider les soldats blessés, les malades selon le principe tutti fratelli, c’est-à-dire peu importe la nationalité ou l’appartenance à telle ou telle armée, tous les soldats sont traités de manière égale par les volontaires. Il manque évidemment des docteurs de médecine autrichien pour le soin des autrichiens. Il propose dans cette ouvrage l’adoption d’un code international pour le soin des blessés, et en temps de paix déjà, la formation des corps de volontaires pour être prêt à la guerre. Idéalement, ces corps de volontaire de toute les nations pouvaient aider lorsqu’une guerre éclate quelque part. Donc, il pouvait mettre en œuvre d’une certaine manière une solidarité internationale lorsqu’éclatait une guerre.

Dunant publie son livre, il le finance lui-même, il le fait circuler auprès des monarques européens, au près de la haute société surtout pour avoir le plus d’échos auprès des personnes de pouvoir et il réussi. Il réussi parce que lors de la guerre de Crimée entre 1853 et 1856, il y avait déjà une sensibilisation pour les effets de la guerre moderne. La guerre de Crimée avait causé 100000 morts qui opposait la Grande-Bretagne, la France et le Piémont ainsi que l’Empire ottoman d’une part et la Russie d’autre part. Beaucoup de morts était du à a choléra ; en fait plus de soldats sont morts du au choléra que du aux bataille lors de la guerre de Crimée.

Une personne en particulier avait connu une certaine célébrité lors de la guerre de Crimée qui était Florence Nightingale, une infirmière britannique qui voyageait en Crimée avec un corps d’infirmières volontaires, elle était la chef du groupe. À la suite, elle devenait une personnalité éminente dans la réforme du système médical britannique. Donc, elle a connu une ascension sociale très importante et sa famille était contre l’acceptation de la profession d’infirmière parce qu’elle venait d’une « bonne famille ».

Alors que le public était déjà sensibilité pour les conséquences de la guerre moderne, à Genève, la société philanthropique de la ville de Genève invitait Dunant à présenter son livre et suite aux discussions autour de son livre, se formait un comité des cinq mandaté d’explorer les possibilités de mettre en œuvrer les idées de Dunant. C’est ce comité des cinq qui décide de façon autonome de se transformer et de se renommer en Comité international de secours aux militaires blessés et malades en 1863 donc juste après sa fondation. C’est le noyau du Comité international de la Croix Rouge.

Il y avait des membres qui avaient des liens avec le milieu philanthropique. Donc, en fait, ils faisaient tous partie de la société philanthropique genevoise et en particulier Gustave Moynier était une célébrité dans ce milieu et chacun de ces membres avait une certaine fonction quasiment idéale dans ce comité. Mounier était juriste et philanthrope. En fait il ne pratiquait plus le droit, il était simplement philanthrope bien qu’il était très jeune mais fortuné. Louis Appia était un chirurgien et militaire. Théodore Maunoir était chirurgien civil et il avait un réseau de médecins. Henri Dunant, philanthrope et auteur de l’ouvrage et donc motivé par son expérience personnelle. Finalement, le Général Guillaume-Henri Dufour qui était un ancien général de l’armée suisse, qui avait en fait mené l’armée suisse lors de la guerre civile de 1847. Lors de la Guerre du Sonderbund, Dufour a décidé d’instruire les soldats suisses de l’armée fédérale, de traiter de manière bienveillante les adversaires, donc les soldats appartement au Sonderbund parce qu’il ne voulait pas que la Suisse se divise mais qu’elle puisse se réunir suite à la guerre. Donc, la clémence et la logiques d’une clémence face à l’adversaire était logique pour quelqu’un comme Dufour.

Chacun des membres du comité avait donc une certaine fonction et jouait un rôle pour la mise en place de la convention de Genève. Donc, Moynier dû à ses connaissances de juristes et à son rôle dans le milieu philanthropique et suisse, le général Dufour faisait le lien avec le gouvernement suisse pour qu’il invite les spécialiste, les experts de la chirurgie médicale et du soin du service sanitaire médical des armés puis les délégués des États et Dunant, lui, il mobilisait les experts lors d’un congrès statistique à Berlin, à l’époque, il voyageait là bas pour mobiliser les experts notamment de la médecine. Il rencontrait par le hasard, plusieurs chirurgiens militaires notamment un allemand et un autre chirurgien militaire des Pays Bas.

À la suite, il voyageait différente cours de États allemand, à Berlin, à Karlsruhe, à Vienne, à Dresde pour convaincre le milieu autour de la cour et si possible le monarque lui-même ou son épouse que c’était un mouvement auquel il fallait se rallier. Donc, le comité des cinq avait fait beaucoup pour réussir la convention de Genève et pour fonder ce mouvement de la Croix Rouge. Moynier était le rédacteur en chef d’une première ébauche de la convention de Genève.

Grâce au soutien du gouvernement suisse, une première conférence d’experts, dite conférence préparatoire a été réunie à Genève en octobre 1863 et elle retenait quelques éléments principaux comme suit : à savoir la fondation d’idées de la fondation d’associations nationales de secours aux blessés de guerre, cependant ce point n’était pas retenu dans la convention de 1864 ; la neutralisation par les droit international des blessés de guerre, des services sanitaires et des hôpitaux y compris les hôpitaux mobiles typique pour les armés. La neutralisation des blessés veut dire que les blessés sont traités de manière égale sans différentiation de leur nationalité, sans différenciation entre ami et ennemi ou adversaire, c’est le principe clef de la convention de Genève. Etonnamment, le comité des cinq n’était a priori pas d’accord avec Dunant lorsqu’il envoyait une dépêche de Berlin en disant qu’il faut introduire le principe de la neutralisation des blessés dans cette convention. Moynier était contre, il disait que les États ne l’acceptent pas, Dunant a insisté grâce au soutien qu’il éprouvé dans le gouvernement prusse.

L’identification des infirmières et hôpitaux par une croix rouge pour que les soldats ne tire pas la dessus ou sur les infirmières. Et comme pratique était adopté la réunion en conférence des experts puis comme proposition qu’on réunisse les délégués des gouvernements parce que pour mettre en œuvre une telle collaboration de charité en temps de guerre, il fallait une convention multilatéral et l’accord des États. Les États devaient se lier. Donc, sans l’État, le mouvement ne pouvait pas vraiment agir. Donc, il fallait réunir une deuxième conférence des diplomates munis des plein pouvoirs. Le résultat de cette deuxième conférence était donc la convention de Genève adopté le 22 août 1864.

C’était un tournant dans l’histoire de la codification du droit international parce qu’auparavant, c’était les grandes puissances essentiellement qui déterminaient ce qui est le droit international. Là, c’était deux grandes puissances seulement, la France et la Prusse et huit petits États. Donc, c’est le début d’un multilatéralisme plus ouvert et pas restreint aux grandes puissances. Cependant, aucun rôle a été attribué dans la convention du comité de Genève, ni le comité de Genève ni la formation des associations national était même mentionné dans la convention dû à la position notamment française. Les États veulent en fait contrôler ce mouvement. La convention s’applique uniquement à la guerre terrestre parmi les États membres, pas aux guerres civile ni de mentions des guerres coloniales non plus.

Les motivations des États et le problème du transfert interculturel

Quelles étaient les motivations pour soutenir la convention de Genève et comment se traduisait le transfert interculturel de ces normes ?

Il y a d’abord la thèse utilitariste qui argumente que les États voulaient simplement envoyer leur soldat au champ de bataille le plus vite possible. C’est une argumentation qui doit être écarté à juste titre à cause de la gravité des fractures à l’époque qui causait typiquement des amputations. Donc, un blessé par une balle en 1863 ne pouvait pas être renvoyé au champ de bataille. La méthode de stérilisation qui réduisait de manière notable le nombre des amputations était inventé qu’au début des années 1880 par Louis Pasteur en France.

L’autre argument est la réciprocité donc il y a un certain bénéfice que chaque État peut retirer de cette règle s’il y avait réciprocité. Mais, la règle de la réciprocité n’est pas inscrite dans la convention. On peut dire que les États non membres ne sont pas liés, donc c’est la réciprocité implicite. Mais, il y a eu aussi des applications unilatérales de la convention de Genève. Déjà lors de la première guerre des preuves en 1866 qui opposait les États allemands dans la guerre dite allemande ; il y a eu des États comme la Prusse qui avait adhérés à la convention et des États comme l’Autriche qui n’avait pas adhérés. Cependant, la Prusse avait pendant toute la guerre appliquée de manière stricte la convention de Genève. Donc, on peut se poser la question pourquoi.

La thèse humanitariste ou que c’est l’humanitarisme qui a prévalu, qui était la motivation principale, c’est la thèse de Martha Finnemore. Dans cette article, il n’y a aucune analyse des motivations des États. Martha Finnemore n’a pas analysée, elle n’a jamais vu le discours confidentiel des gouvernements. Il faut aussi dire que le discours du comité des cinq tien bien compte des intérêts des gouvernements. Comme Dunant par exemple, il parle dans les PV du comité international de la Croix Rouge de la charité, de l’obédience et de la gratuité, l’obédience envers les États, gratuité pour les États. Donc, il manque une analyse des contextes de relations internationales.

Il faut regarder la délégation américaine lors de la pré conférence de Genève de 1863 pare que les États-Unis étaient en plein guerre et aux États-Unis s’était formé le US sanitary commission. C’était une organisation volontaire de secours justement. Dans cette organisation volontaire de secours qui œuvrait dans la guerre civile américaine, 3200 femmes étaient déjà engagées. De plus, en avril 1863, le président décrété le code Lieber qui était un code de comportement pour les soldats américains donc de l’Union, y compris un code de comportement par rapport aux blessés de l’adversaire. Donc, c’est-à-dire, il y a eu un précurseur du code de Genève qui était cependant une loi unilatéralement adaptée par les États de l’Union.

Le CICR et le mouvement de la Croix Rouge commencent avec un succès fulminant, à savoir l’adoption par une douzaine d’États d’une convention internationale. Donc, ce qui le distingue clairement des autres associations internationales privées à l’époque ou des autres ONG de nos jours. Souvent, les ONG doivent lutter pendant des décennies pour arriver à l’adoption d’une convention internationale qui adopte les règles qu’ils avaient promus. Pour le mouvement abolitionniste, cela faisait à peu près cent ans qu’il fallait attendre pour la conférence de Bruxelles qui supprime sur le plan international la pratique de l’esclavage et surtout la pratique de la traite en fait.

Il y a ce jeu des personnes engagées dans la philanthropie, dans la charité et des experts dans la médecin d’une partie, dans la chirurgie miliaire d’autre part et des gouvernements et diplomates d’autre part. De façon surprenant, on a attribué aucun rôle au comité de Genève fondateur quand même de ce mouvement dans la convention de Genève. On ne mentionne pas l’idée de former des associations nationales, des volontaires de secours et il y a aussi une certaine délégitimisation, c’est-à-dire que la convention ne s’applique uniquement qu’aux guerres terrestres en Europe mais pas aux guerres maritimes ou aux guerres dans les colonies ni dans les guerres civiles. Les États ne voulaient pas en parler et le Comité des cinq était aussi assez réticent de soulever ces questions là pare qu’on ne voulait pas demander aux États ou aux gouvernements ce qu’ils n’accepteraient en tout cas pas.

Cependant, on peut constater que la convention de Genève était un tournant dans le droit international d’abord parce que c’est la première convention internationale humanitaire et deuxièmement parce que c’était la première convention internationale qui n’était pas poussée ou mise en avant et négocier par les grandes puissances exclusivement mais c’était une convention pour laquelle avait invité le gouvernement suisse. Donc, le gouvernement suisse avait invité pour les négociations.

Pour ce qui concerne les motivations des gouvernements, il y a eu la thèse utilitariste qui a été écartée pour deux raisons. D’abord renvoyer les soldats au champ de bataille après leur traitement médical cela était guère possible dans les guerres du XIXème siècle. Tout d’abord les guerres étaient toutes relativement courte, et les blessures dues à des balles ou à l’artillerie utilisé pendant le XIXème siècle étaient beaucoup plus grave. Normalement, ceux qui étaient frappés par une balle ou par l’artillerie étaient soit mort soit handicapé et les amputations étaient encore la règle à cette époque là suite à de graves blessures. La méthode de stérilisation n’a été inventé qu’au cours des années 1880 par Louis Pasteur.

La réciprocité était un autre argument invoqué pour la thèse utilitariste mais elle n’est pas inscrite dans la convention, elle est implicite. C’est le dernier argument contre cette thèse là que la réciprocité jouait un rôle. En fait, il y a eu des applications unilatérales de la convention de Genève, donc, il faut chercher ailleurs pour comprendre. Le problème avec la thèse de Finnemore est qu’elle n’analyse pas vraiment les motivations des gouvernements, elle n’analyse pas les discours confidentiels, elle n’analyse pas la correspondance interne des gouvernements. De plus, on sait que lors des négociations, le comité des cinq a parfois su très habilement tenir compte des intérêts des États. Donc, il doit y avoir des intérêts des États. Le bon mot de Dunant, charité, obédience, gratuité est assez parlant à cet égard là. La charité sont les activités qui viennent du bon cœur, obédience veut dire qu’en fait les volontaires se soumettent aux armés, gratuite veut dire que cela ne coûte rien à l’État donc l’État ne peut en tirer que des bénéfices. Donc, il faut analyser un peu plus concrètement le contexte domestique et le contexte en relations internationales pour comprendre comment est lié donc l’initiative humanitaire d’une part et le rôle des gouvernements d’autre part.

Les motivations sont beaucoup plus complexes que le veulent les thèses utilitaristes et monétaristes. D’abord, il y a eu des tensions majeures dans le système des États à l’époque et une certaine instabilité et surtout, une récurrence à la violence interétatique. La guerre de Sécession aux États-Unis, les guerres d’unifications italienne avec d’abord la guerre de 1859 et de 1860 mais aussi la marche des milles de Garibaldi et la conquête de l’Italie du sud. La guerre d’unification italien de 1860 donnait un exemple à d’autres mouvements nationalistes qui n’étaient pas satisfait à l’époque comme le mouvement nationaliste polonais, le mouvement nationaliste allemand, le mouvement nationaliste roumain, le mouvement nationaliste danois par exemple. Et il y avait par exemple un soulèvement des polonais contre la Russie en 1863 lorsque qu’était assemblé la première conférence de Genève, et un conflit national entre le Danemark et les États allemands était en cours de se développer. Donc, il y a eu un véritable risque de guerre durant ces années en Europe.

Donc, on peut constater déjà en regardant seulement le système des États qu’il y a eu du soutien pour la convention parce qu’ils ont comme mesure de précaution, les gouvernants ont été prêt de s’engager dans la voie humanitaire parce qu’ils savaient que si une guerre éclate, alors comme nous lavons vu avec la guerre d’unification italienne, la guerre peut avoir des conséquences assez horrifiantes sur le plan humain.

Le deuxième argument est l’expérience des sociétés parce que al charité en temps de guerre n’était pas vraiment nouveau. Il y a eu ajouté à cela des motivations domestiques spécifiques. Il est possible de l’analyser pour les deux grandes puissances impliquées à l’époque dans la rédaction des conventions de Genève et qui l’avait adopté tout de suite, à savoir la France et la Prusse.

Donc, si on regarde la pré-conférence de 1863, on trouve surtout qu’il y a des délégués américains, allemands et danois. Donc, les délégués allemands et danois étaient très nombreux et la plupart des États qui signaient la convention de Genève étaient des États allemands, le Danemark et la France. C’est déjà la très grande majorité des États.

Pour ce qui concerne les délégués allemands, il faut constater que lors des guerres dites de libération ou guerres napoléoniennes, il y a eu déjà une association religieuse qui avait offerte des services volontaires de secours aux militaires blessés qui était l’Ordre de Saint Jean. Ceci était un élément très présent dans la mémoire allemande et aussi et surtout dans la mémoire des militaires. Par conséquent, il y a eu une expérience, un précédent auquel les militaires pouvaient faire référence. Donc, pour eux ce n’était pas complétement à écarter d’organiser des associations volontaires de secours aux militaires blessés. De plus, l’Ordre de Saint Jean avait utilisé la Croix Rouge sur fond blanc. C’est une ancienne tradition chrétienne, lors des croisades aussi, il y avait des croix rouges sur fond blanc. Cela vient de quelque part, cet emblème existait déjà. C’est un élément.

Le fait qu’il y avait beaucoup de gouvernements qui avaient envoyé des délégués à Genève en 1863 était du au risque de guerre avec le Danemark. Et c’est pourquoi aussi il y avait des délégués danois. Le rôle des délégués américains doit aussi être souligné parce que les États Unis se trouvaient en pleine guerre civile ou guerre de sécession entre le Nord et le Sud. Une délégation des États-Unis qui participait lors de la pré-conférence relatait ses expériences avec la US Sanitary Commission. Là aussi l’expérience joue un rôle important puisque les américains avaient fondé au Nord lors de la guerre de Sécession une commission composée de volontaire et il y avait 3200 femmes qui servaient gratuitement dans cette commission. Donc, la US Sanitary Commission étai bien entendu le comité directeur et les femmes étaient sur le terrain. Il y aussi une dimension genrée. Ceux qui étaient proches à l’armée ou qui était des officiers, dirigeait les femmes qui allaient sur le champ de bataille pour soigner.

Aussi aux États-Unis était adopté par le Nord, par Abraham Lincoln le code Lieber appelé selon Franz Lieber, réfugié au États-Unis suite à la révolution de 1848 en Allemagne. C’était un juriste qui avait proposé au président américain d’adopter un code de conduite et de comportement pour les soldats du Nord afin d’empêcher des brutalités pendant la guerre de Sécession. Donc, c’est ce que le président américain Abraham Lincoln avait fait. Il y avait quand mêmes des actes et des violences atroces, des villes brulées et contre les civils mais il y avait un code de comportement qui comprenait aussi une dimension concernant les soins de militaires blessés. Donc, l’expérience clairement jouait un rôle très important dans l’adoption de la convention de Genève.

Au niveau de la Prusse, Albrecht Graf von Roon qui était le ministre de la guerre à l’époque et qui est devenu maréchal après l’unification allemande, savait bien qu’il y avait une expérience de charité volontaire pendant les guerres napoléoniennes. Ajouté à cela, il y avait des motivations domestiques spécifiques en Prusse qui poussait la Prusse à soutenir comme première puissance, grande puissance la convention de Genève. D’abord, il y a eu un conflit budgétaire entre le roi et le Parlement Prusse à l’époque concernant la réforme de l’armée. Le roi voulait réformer et élargir l’armé, le parlement ne voulait pas payer. Donc, il y a eu un conflit budgétaire. Ce conflit se développait en conflit constitutionnel puisque lorsque de Bismarck était nommé comme premier ministre en Prusse, il décidait d’ignorer l’opposition du parlement et d’adopter quand même les réformes, de dépenser de l’argent ; sans que le budget ait été voté et approuvé par le parlement, il le mettait en œuvre. Par conséquent, il y a eu un conflit constitutionnel qui agaçait les relations entre roi et parlement en Prusse entre 1862 et 1866 jusqu’à la guerre avec l’Autriche.

Donc, il y a eu des raisons budgétaires, parce que si en plus de la réforme militaire envisagée, il fallait encore élargir les services sanitaires de manière substantielle ce qui aurait aggravé le conflit budgétaire entre le roi et le Parlement. Tandis que le mouvement de la Croix Rouge proposait par Dunant et le comité des cinq offrait la possibilité bienvenue au ministre de la guerre Prusse de résoudre au moins le problème des services sanitaires en mobilisant simplement la société civile à un coût gratuite. Donc, gratuité de ces services volontaires était vraiment élément clef.

On voit ici clairement que cette organisation volontaire paraissait utile à von Roon. Il évoquait aussi dans se correspondance avec Bismarck la crainte d’une guerre imminente avec le Danemark, donc c’était le bon moment d’organiser des services sanitaires au préalable. Il soulignait même dans sa correspondance avec Bismarck la possibilité pour la monarchie d’en bénéficier en soignant son image. Ce sont des documents qui parlent vraiment de l’intérêt étatique qui régissait et dominait à l’époque. C’est très intéressant parce que la Prusse n’était pas le seul État à ce moment-là où il y a une vague de libéralisation mais quand même un monarque plutôt conservateur donc des tensions qui se développaient dans la société, une libéralisation dans la presse mais un gouvernement qui reste conservateur. La monarchie devait inventer des bonnes causes afin de soigner son image. C’est un élément assez important.

L’action humanitaire dans un système international en mutation

CICR et le problème de la mise en application (compliance-enforcement)

Une occasion manquée ? L’action humanitaire en temps de paix Conclusion

Annexes

Références