« L'étude des idées et idéologies dans la science politique » : différence entre les versions

De Baripedia
Ligne 35 : Ligne 35 :


== World views ==
== World views ==
les visions du monde sont des systèmes de pensées et de croyances qui englobent à la fois des représentations causales et des représentations normatives. Elles fournissent une perspective globale et cohérente sur la façon dont le monde fonctionne, en intégrant des valeurs, des principes, des croyances causales et des objectifs politiques. Les visions du monde sont souvent influencées par des idéologies, des perspectives culturelles, religieuses, philosophiques ou politiques, et elles façonnent la manière dont les individus et les sociétés comprennent et interprètent la réalité qui les entoure. Elles peuvent influencer les attitudes, les comportements et les politiques dans divers domaines, y compris la politique étrangère, l'économie, les questions sociales, etc.
Les visions du monde sont des systèmes de pensées et de croyances qui englobent à la fois des représentations causales et des représentations normatives. Elles fournissent une perspective globale et cohérente sur la façon dont le monde fonctionne, en intégrant des valeurs, des principes, des croyances causales et des objectifs politiques. Les visions du monde sont souvent influencées par des idéologies, des perspectives culturelles, religieuses, philosophiques ou politiques, et elles façonnent la manière dont les individus et les sociétés comprennent et interprètent la réalité qui les entoure. Elles peuvent influencer les attitudes, les comportements et les politiques dans divers domaines, y compris la politique étrangère, l'économie, les questions sociales, etc.


Par exemple, une vision du monde libérale peut se fonder sur des représentations causales qui mettent l'accent sur l'importance des droits individuels, de la liberté et du marché libre pour promouvoir la prospérité et l'épanouissement humain. Sur le plan normatif, cette vision du monde peut soutenir des principes tels que l'égalité des chances, la protection des droits de l'homme et la primauté de la liberté individuelle. De même, une vision du monde conservatrice peut s'appuyer sur des représentations causales mettant en avant l'importance des traditions, de l'ordre social et de la stabilité pour maintenir la cohésion et la continuité. Elle peut être guidée par des principes tels que la préservation des valeurs morales et culturelles, le respect de l'autorité et la promotion de l'ordre social.
Par exemple, une vision du monde libérale peut se fonder sur des représentations causales qui mettent l'accent sur l'importance des droits individuels, de la liberté et du marché libre pour promouvoir la prospérité et l'épanouissement humain. Sur le plan normatif, cette vision du monde peut soutenir des principes tels que l'égalité des chances, la protection des droits de l'homme et la primauté de la liberté individuelle. De même, une vision du monde conservatrice peut s'appuyer sur des représentations causales mettant en avant l'importance des traditions, de l'ordre social et de la stabilité pour maintenir la cohésion et la continuité. Elle peut être guidée par des principes tels que la préservation des valeurs morales et culturelles, le respect de l'autorité et la promotion de l'ordre social.
Ligne 66 : Ligne 66 :


Cependant, même dans le domaine scientifique, des éléments normatifs peuvent être présents. Les croyances normatives telles que l'humanisme des Lumières et la foi dans le progrès peuvent influencer les orientations et les valeurs qui guident la recherche scientifique et les applications technologiques. Ces croyances normatives peuvent être des soubassements importants pour la motivation et l'orientation des scientifiques dans leurs efforts pour comprendre et transformer le monde. La science elle-même est influencée par des facteurs sociaux, culturels et politiques. Les choix de recherche, les priorités, les financements et les applications de la science peuvent être influencés par des considérations normatives et des valeurs sociétales. Les débats éthiques entourant les questions telles que la recherche sur les cellules souches, les manipulations génétiques ou l'intelligence artificielle en sont des exemples. La vision scientifique du monde repose sur des principes de rationalité, de recherche de causes et d'explications empiriques. Cependant, des éléments normatifs peuvent également être présents, influençant les valeurs, les orientations et les applications de la science. La combinaison de représentations causales et normatives dans la vision scientifique contribue à la formation des visions du monde et à la compréhension des phénomènes observés.
Cependant, même dans le domaine scientifique, des éléments normatifs peuvent être présents. Les croyances normatives telles que l'humanisme des Lumières et la foi dans le progrès peuvent influencer les orientations et les valeurs qui guident la recherche scientifique et les applications technologiques. Ces croyances normatives peuvent être des soubassements importants pour la motivation et l'orientation des scientifiques dans leurs efforts pour comprendre et transformer le monde. La science elle-même est influencée par des facteurs sociaux, culturels et politiques. Les choix de recherche, les priorités, les financements et les applications de la science peuvent être influencés par des considérations normatives et des valeurs sociétales. Les débats éthiques entourant les questions telles que la recherche sur les cellules souches, les manipulations génétiques ou l'intelligence artificielle en sont des exemples. La vision scientifique du monde repose sur des principes de rationalité, de recherche de causes et d'explications empiriques. Cependant, des éléments normatifs peuvent également être présents, influençant les valeurs, les orientations et les applications de la science. La combinaison de représentations causales et normatives dans la vision scientifique contribue à la formation des visions du monde et à la compréhension des phénomènes observés.
{{Début cadre|écarlate}}
   
'''Nota bene'''
*'''Grandes religions'''
**'''Christianisme'''
La perspective catholique a des représentations de type normative  comme, par exemple, la question de l'euthanasie, de l'avortement allant à l’encontre de ses valeurs et aussi des  représentations de type causal comme le paradigme de l'origine de la vie, car ce qui découle que la vie appartient à  dieux, donc, l'euthanasie et condamnée.
*'''Protestantisme'''
Max Weber développe une le lien entre religion et  développement économique dans sa  thèse sur l'esprit du protestantisme et l'élément capitaliste. Cette théorie  peut être analysée par ses effets dans la trajectoire économique des certains pays.
*'''Cultures''''
La culture détermine les valeurs des individus et  sa  perception de la réalité
 
{{Fin cadre|écarlate}}


= Les idéologies =
= Les idéologies =

Version du 1 juin 2023 à 19:05

Les idées et les idéologies exercent une influence significative sur les résultats politiques et les politiques mises en place. Les idées, qui représentent les croyances et les perceptions des individus, ainsi que les idéologies, qui sont des systèmes d'idées plus vastes, jouent un rôle crucial dans la formation de l'opinion publique. Elles façonnent la manière dont les problèmes politiques sont perçus et influencent les positions adoptées par les individus sur différentes questions. De plus, les idées et les idéologies guident les choix des décideurs politiques lors de la formulation de politiques spécifiques. Les partis politiques et les gouvernements, alignés sur des idéologies particulières, adoptent des politiques en accord avec celles-ci. Par conséquent, les idées et les idéologies peuvent mobiliser les citoyens et les électeurs autour de certains objectifs politiques. Elles servent également à former des coalitions politiques, où des groupes partageant des idées similaires s'unissent pour influencer les résultats politiques. Bien que d'autres facteurs tels que les intérêts économiques et les contraintes institutionnelles jouent également un rôle, les idées et les idéologies fournissent un cadre idéologique essentiel qui façonne les résultats et les politiques politiques.

Qu'est-ce qu'une idée en science politique ?

Selon Goldstein et Keohane dans leur ouvrage "Ideas and Foreign Policy: Beliefs, Institutions, and Political Change" publié en 1993, les idées peuvent être comprises comme des représentations normatives, des représentations causales ou des visions du monde.[1] Ces différentes formes d'idées jouent un rôle essentiel dans la façon dont les politiques étrangères sont formulées et mises en œuvre.

Les idéologies peuvent jouer un rôle significatif en tant que créatrices de politiques, en particulier en influençant la vision globale des gouvernements et des décideurs politiques. Cependant,l'ampleur de l'influence des idéologies peut varier en fonction du contexte politique, des contraintes institutionnelles et d'autres facteurs.

Les trois types d'idées mentionnés par Goldstein et Keohane - les représentations normatives, les représentations causales et les visions du monde - peuvent tous contribuer à la création de politiques :

  • Les représentations normatives font référence aux principes, aux valeurs et aux normes qui guident les actions politiques. Elles définissent ce qui est jugé bon, juste ou moral dans le domaine des relations internationales. Les représentations normatives peuvent inclure des idées telles que la démocratie, les droits de l'homme, l'égalité, la justice sociale, la liberté, etc. Ces idées normatives influencent les objectifs et les orientations des politiques étrangères d'un État, ainsi que les choix qu'il fait sur la scène internationale.
  • Les représentations causales se réfèrent aux croyances sur les relations de cause à effet dans le domaine des relations internationales. Elles impliquent des idées sur les facteurs qui déterminent les résultats politiques et les comportements des acteurs internationaux. Par exemple, certaines idées causales peuvent considérer que les conflits internationaux sont principalement causés par des facteurs économiques, tandis que d'autres peuvent privilégier des explications basées sur des facteurs politiques ou culturels. Les représentations causales façonnent la compréhension des politiciens et des décideurs politiques sur les problèmes mondiaux et influencent les politiques qu'ils mettent en place en réponse à ces problèmes.
  • Les visions du monde, quant à elles, représentent des cadres plus larges qui englobent à la fois des représentations normatives et causales. Elles fournissent une vision globale de la façon dont le monde fonctionne, en intégrant des idées sur les valeurs, les causes et les conséquences dans un système cohérent. Les visions du monde peuvent être idéologiques, culturelles, religieuses ou philosophiques, et elles jouent un rôle majeur dans la formation des politiques étrangères. Elles déterminent les priorités, les alliances, les stratégies et les choix politiques d'un État sur la scène internationale.

Les idées, qu'elles soient sous forme de représentations normatives, causales ou de visions du monde, sont des éléments clés qui influencent la formulation et la mise en œuvre des politiques étrangères. Elles façonnent les objectifs, les orientations, les choix et les comportements des acteurs politiques dans le domaine des relations internationales.

Principled beliefs

les représentations normatives, également appelées principled beliefs, fournissent des critères pour établir des distinctions entre ce qui est considéré comme juste, bon, moral ou éthique par opposition à ce qui est considéré comme faux, mauvais ou immoral. Ces idées normatives sont basées sur des principes, des valeurs et des normes qui guident les jugements moraux et éthiques d'une société ou d'un individu. Elles fournissent un cadre évaluatif pour déterminer les actions et les politiques souhaitables dans différents domaines de la vie, y compris la sphère politique. Ces représentations normatives peuvent varier d'une culture à l'autre et d'une idéologie à l'autre, reflétant les différences de valeurs et de systèmes de croyances. Elles influencent la manière dont les individus et les sociétés évaluent et prennent des décisions concernant les questions politiques, sociales et morales.

Les représentations normatives, ou principled beliefs, sont des suppositions ou des croyances concernant la façon dont le monde devrait être et les actions qui devraient être entreprises. Elles fournissent un critère pour établir des distinctions entre ce qui est considéré comme bien et ce qui est considéré comme mal, juste ou injuste, souhaitable ou indésirable. Ces représentations normatives sont ancrées dans des principes, des valeurs et des normes morales qui guident les choix et les actions des individus et des sociétés. Elles expriment les idéaux et les aspirations concernant le comportement humain, la justice, l'équité, la liberté, l'égalité et d'autres valeurs fondamentales. Les principled beliefs influencent la façon dont les individus évaluent les situations, prennent des décisions et formulent des politiques, en cherchant à aligner les actions sur les normes et les idéaux moraux qu'ils considèrent comme étant les plus justes et les plus appropriés.

L'affirmation "je crois que l'esclavage n'est pas humain" exprime une représentation normative claire. Elle établit une distinction entre ce qui est considéré comme humain et ce qui ne l'est pas, et elle indique que l'action à entreprendre devrait être l'abolition de l'esclavage. Cette représentation normative se base sur une évaluation morale selon laquelle l'esclavage est injuste, immoral et contraire à la dignité humaine. Elle reflète la conviction que tous les individus devraient être libres et égaux, et que l'esclavage va à l'encontre de ces principes. Cette représentation normative peut servir de fondement pour justifier et promouvoir l'action politique visant à mettre fin à l'esclavage et à établir des normes sociales et juridiques qui protègent les droits fondamentaux des individus.

Même si deux personnes partagent une vision du monde similaire, il est tout à fait possible d'avoir des représentations normatives différentes. Les représentations normatives sont influencées par de nombreux facteurs tels que la culture, les valeurs individuelles, l'éducation, les expériences personnelles et les contextes sociaux. Par conséquent, même au sein d'une idéologie ou d'une vision du monde commune, les individus peuvent interpréter et appliquer ces principes de manière différente, ce qui peut conduire à des représentations normatives divergentes. Par exemple, deux personnes partageant une vision libérale peuvent avoir des positions différentes sur des questions spécifiques telles que l'avortement, le mariage homosexuel, l'interventionnisme économique, etc. Leurs représentations normatives peuvent être influencées par des nuances individuelles, des priorités différentes ou des interprétations variées des principes libéraux fondamentaux.

Cette diversité des représentations normatives est une caractéristique inhérente à la complexité de la pensée humaine et des interactions sociales. Elle reflète la pluralité des perspectives et des opinions au sein d'une société. Les débats et les discussions qui émergent de ces différences peuvent être essentiels pour la démocratie et pour parvenir à des compromis et des solutions politiques qui reflètent les aspirations et les besoins de divers groupes et individus. Il est donc important de reconnaître que les représentations normatives peuvent varier malgré des visions du monde partagées, et cela peut influencer la formulation des politiques et la manière dont différentes idées sont mises en œuvre dans la pratique.

Causal beliefs

les représentations causales sont des suppositions ou des croyances sur la manière dont le monde fonctionne, en mettant l'accent sur les relations de cause à effet. Elles cherchent à expliquer pourquoi certaines situations, événements ou phénomènes se produisent, en identifiant les facteurs qui en sont à l'origine.

Les représentations causales jouent un rôle crucial dans la formulation des politiques, car elles fournissent des explications sur les problèmes sociaux, économiques et politiques, ainsi que sur les solutions possibles. Elles influencent la compréhension des relations de cause à effet et aident à évaluer les conséquences probables des actions politiques. Par exemple, une représentation causale peut affirmer que la pauvreté est principalement causée par des inégalités économiques structurelles. Cette croyance peut conduire à des politiques de redistribution des richesses et de promotion de l'équité sociale. Une autre représentation causale peut soutenir que la violence est le résultat de la désintégration des structures familiales, ce qui pourrait orienter les politiques vers des mesures de soutien familial et de renforcement des liens communautaires.

Les représentations causales peuvent varier en fonction des perspectives idéologiques, des paradigmes de recherche et des expériences individuelles. Différentes interprétations des relations de cause à effet peuvent conduire à des approches politiques divergentes, ce qui souligne l'importance des débats et des discussions pour parvenir à un consensus sur les meilleures actions à entreprendre. Les représentations causales sont basées sur des suppositions et peuvent être sujettes à des erreurs de jugement ou à des biais cognitifs. Il est donc essentiel de s'appuyer sur des preuves empiriques solides et sur une analyse rigoureuse pour évaluer la validité des représentations causales et guider la formulation des politiques fondées sur ces croyances.

La représentation causale met l'accent sur les relations de type causal et économique et peut être utiliser par exemple pour expliquer pourquoi l'esclavage est considéré comme mal. La croyance est que l'esclavage n'est pas économiquement efficace et qu'il engendre de la violence. Par conséquent, les considérations économiques de productivité et d'efficacité deviennent des raisons pour se défaire du système esclavagiste et adopter d'autres moyens de production plus efficaces. Cette représentation causale met en évidence le rôle des motivations économiques dans la compréhension et l'évaluation des pratiques sociales et politiques. Elle souligne l'idée que l'efficacité économique peut être un facteur déterminant dans la remise en question et le rejet de certaines pratiques, même si des considérations éthiques et morales peuvent également être présentes.

Différentes représentations causales peuvent être formulées pour expliquer pourquoi l'esclavage est considéré comme mal, et elles peuvent varier en fonction des perspectives individuelles, des contextes historiques et des cadres conceptuels. Les représentations causales peuvent être influencées par une combinaison de facteurs économiques, sociaux, moraux et culturels, et différentes personnes peuvent accorder plus ou moins d'importance à chacun de ces éléments. En fin de compte, les représentations causales contribuent à la compréhension des causes et des conséquences des phénomènes sociaux et politiques, et elles peuvent influencer les décisions politiques et les actions prises pour promouvoir le changement et l'amélioration sociale.

World views

Les visions du monde sont des systèmes de pensées et de croyances qui englobent à la fois des représentations causales et des représentations normatives. Elles fournissent une perspective globale et cohérente sur la façon dont le monde fonctionne, en intégrant des valeurs, des principes, des croyances causales et des objectifs politiques. Les visions du monde sont souvent influencées par des idéologies, des perspectives culturelles, religieuses, philosophiques ou politiques, et elles façonnent la manière dont les individus et les sociétés comprennent et interprètent la réalité qui les entoure. Elles peuvent influencer les attitudes, les comportements et les politiques dans divers domaines, y compris la politique étrangère, l'économie, les questions sociales, etc.

Par exemple, une vision du monde libérale peut se fonder sur des représentations causales qui mettent l'accent sur l'importance des droits individuels, de la liberté et du marché libre pour promouvoir la prospérité et l'épanouissement humain. Sur le plan normatif, cette vision du monde peut soutenir des principes tels que l'égalité des chances, la protection des droits de l'homme et la primauté de la liberté individuelle. De même, une vision du monde conservatrice peut s'appuyer sur des représentations causales mettant en avant l'importance des traditions, de l'ordre social et de la stabilité pour maintenir la cohésion et la continuité. Elle peut être guidée par des principes tels que la préservation des valeurs morales et culturelles, le respect de l'autorité et la promotion de l'ordre social.

Les visions du monde peuvent varier considérablement d'une personne à l'autre, en fonction de divers facteurs tels que l'éducation, l'expérience, les influences culturelles et les valeurs individuelles. Elles peuvent être à l'origine de différences d'opinions et de débats sur les questions politiques, économiques et sociales. En fin de compte, les visions du monde jouent un rôle fondamental dans la formation des attitudes politiques, l'évaluation des problèmes et la formulation des politiques. Elles fournissent un cadre conceptuel et une orientation idéologique qui influencent les choix et les décisions politiques d'une société.

La culture joue un rôle fondamental dans la détermination des valeurs individuelles et de la perception de la réalité. La culture est un ensemble de normes, de croyances, de valeurs, de traditions, de comportements et de significations partagées au sein d'une communauté ou d'une société. Elle façonne la manière dont les individus voient et comprennent le monde qui les entoure. Les valeurs sont des éléments centraux de la culture. Elles représentent ce qui est considéré comme important, souhaitable et juste au sein d'une société donnée. Les valeurs culturelles peuvent varier d'une société à une autre, influençant ainsi les attitudes et les comportements des individus envers différents aspects de la vie tels que la famille, la religion, le travail, l'éducation, la politique, etc. Par exemple, certaines cultures peuvent valoriser la coopération et l'harmonie sociale, tandis que d'autres peuvent accorder une plus grande importance à l'individualisme et à la compétition. La culture influe également sur la perception de la réalité. Les valeurs, les croyances et les normes culturelles fournissent un cadre interprétatif qui influence la façon dont les individus perçoivent et comprennent leur environnement. La culture détermine les schémas de pensée, les cadres de référence et les attentes qui guident la manière dont les individus interprètent les informations, évaluent les situations et prennent des décisions. Par conséquent, des différences culturelles peuvent conduire à des interprétations et des compréhensions différentes de la réalité, même dans des situations similaires. La culture n'est pas statique et évolue au fil du temps. Les interactions entre les individus, les influences externes, les changements sociaux et les évolutions historiques peuvent entraîner des transformations culturelles. Cependant, la culture demeure un facteur puissant qui influence les valeurs et les perceptions des individus, ainsi que les comportements collectifs au sein d'une société. La compréhension de la diversité culturelle et de son impact sur les valeurs et les perceptions est essentielle pour une communication interculturelle efficace et pour la compréhension des différences et des similitudes entre les sociétés.

Les religions fournissent un cadre de croyances, de pratiques et de valeurs qui donne une signification à l'existence humaine et à la relation entre les êtres humains et le divin. D'un côté, les religions offrent des représentations normatives en énonçant des enseignements moraux, éthiques et spirituels qui guident les comportements et les actions des adeptes. Ces représentations normatives incluent des principes de conduite, des préceptes moraux et des codes de comportement basés sur les valeurs et les prescriptions divines. Par exemple, les Dix Commandements dans le christianisme ou les Cinq Piliers de l'islam énoncent des principes normatifs qui orientent les croyants dans leur vie quotidienne.

D'un autre côté, les religions proposent des représentations causales en fournissant des explications sur l'origine et le fonctionnement de l'univers et de la condition humaine. Elles offrent des interprétations sur les relations de cause à effet et les desseins divins. Par exemple, certaines religions peuvent enseigner que les actions humaines sont liées à des conséquences karmiques, tandis que d'autres peuvent expliquer les événements naturels en termes de volonté divine ou de forces cosmiques. Les religions sont donc des visions du monde complètes qui englobent à la fois des représentations normatives et causales. Elles fournissent un cadre spirituel, moral et philosophique qui influence la compréhension de la réalité, la conduite morale et les choix politiques et sociaux des individus et des communautés religieuses. Cependant, il est important de noter que les interprétations et les pratiques religieuses peuvent varier au sein des différentes traditions religieuses, ce qui peut donner lieu à une diversité d'expressions et de compréhensions au sein d'une même religion.

Dans la perspective catholique du christianisme, on retrouve à la fois des représentations normatives et des représentations causales qui influencent leur position sur des questions telles que l'euthanasie et l'avortement. Du point de vue normatif, la vision catholique considère que la vie humaine est sacrée et qu'elle est un don de Dieu. Par conséquent, l'euthanasie et l'avortement sont considérés comme allant à l'encontre de ces valeurs fondamentales. Selon les enseignements de l'Église catholique, la vie humaine doit être protégée et respectée dès sa conception jusqu'à sa fin naturelle. Ainsi, l'euthanasie, qui implique délibérément la fin de la vie d'une personne, est considérée comme une violation de cette valeur intrinsèque à la vie humaine. Du point de vue causal, la croyance catholique repose sur la conviction que Dieu est le créateur de la vie et qu'Il en est le seul propriétaire. Cette représentation causale influence la position catholique selon laquelle l'acte de mettre fin à la vie humaine, que ce soit par l'euthanasie ou l'avortement, revient à s'arroger un pouvoir qui ne nous appartient pas. La vision causale souligne la relation de dépendance de l'humanité envers Dieu en ce qui concerne l'origine et la finalité de la vie. Ces représentations normatives et causales ont une influence profonde sur la position de l'Église catholique concernant l'euthanasie et l'avortement. Elles guident la réflexion éthique et morale des catholiques, ainsi que les prises de position officielles de l'Église sur ces questions. Cependant, il est important de noter que ces positions peuvent être sujettes à des interprétations et des débats au sein de la communauté catholique, et il peut y avoir des diversités d'opinions parmi les fidèles.  

Max Weber, sociologue allemand du début du XXe siècle, a développé une théorie sur le lien entre la religion, en particulier le protestantisme, et le développement économique. Dans son ouvrage "L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme", Weber soutient que les valeurs et les croyances religieuses du protestantisme, en particulier la branche calviniste du protestantisme, ont joué un rôle important dans la promotion du capitalisme et du développement économique. Selon Weber, l'éthique protestante, caractérisée par des principes tels que le travail acharné, la frugalité, la discipline et la recherche de la réussite matérielle, a favorisé l'émergence d'un esprit entrepreneurial et d'une mentalité axée sur l'accumulation de richesses. Les protestants calvinistes croyaient en la prédestination, selon laquelle Dieu avait déjà choisi ceux qui seraient sauvés et ceux qui seraient condamnés. Pour prouver leur élection divine, les calvinistes mettaient l'accent sur la réussite matérielle comme un signe de la faveur divine. Cela les a incités à travailler dur, à épargner et à investir dans des activités économiques, contribuant ainsi au développement du capitalisme et à la croissance économique. Cependant, il convient de noter que la théorie de Weber a suscité des débats et des critiques au fil du temps. Certains chercheurs remettent en question la portée et l'universalité de ses conclusions, soulignant que d'autres facteurs économiques, sociaux et historiques doivent également être pris en compte dans l'explication du développement économique des pays. Malgré cela, l'idée que les croyances religieuses peuvent influencer les comportements économiques et le développement économique continue d'être un sujet d'étude et de débat au sein des sciences sociales. Il existe une variété de facteurs complexes qui contribuent à la trajectoire économique des pays, et la religion peut jouer un rôle parmi d'autres influences culturelles, politiques, institutionnelles et économiques.

Les idéologies peuvent en effet contenir à la fois des éléments normatifs (principes éthiques et valeurs) et des éléments causaux (explications sur les relations de cause à effet) ainsi que des principes philosophiques. Les idéologies fournissent un cadre systématique et cohérent de pensée qui oriente la compréhension de la réalité, les jugements moraux, les explications causales et les objectifs politiques.

Les principes éthiques et normatifs d'une idéologie déterminent ce qui est considéré comme juste, bon, moral ou souhaitable. Ils guident les actions et les politiques en proposant des normes de conduite, des valeurs et des objectifs sociaux. Par exemple, une idéologie libérale peut prôner la liberté individuelle, l'égalité des chances et la protection des droits de l'homme comme principes éthiques fondamentaux. Ces principes normatifs influenceront les positions politiques adoptées par cette idéologie.

Les principes causaux d'une idéologie cherchent à expliquer les relations de cause à effet dans différents domaines sociaux, économiques ou politiques. Ils fournissent des interprétations sur les causes des problèmes et les conséquences des actions. Par exemple, une idéologie socialiste peut avancer que les inégalités économiques sont causées par les structures du capitalisme, tandis qu'une idéologie libérale peut mettre l'accent sur les principes de libre marché et de concurrence comme des facteurs favorisant la croissance économique.

En outre, les idéologies peuvent également incorporer des principes philosophiques, tels que des conceptions de la nature humaine, des idées sur la justice, l'éthique et le rôle de l'État. Ces principes philosophiques offrent un cadre conceptuel plus large qui donne une orientation générale à l'idéologie et influence ses positions politiques. Les idéologies peuvent différer dans leurs principes éthiques, causaux et philosophiques. Différentes idéologies peuvent avoir des visions divergentes sur la façon dont le monde devrait être, quelles sont les causes des problèmes sociaux et quelles sont les solutions appropriées. Les débats entre les idéologies reflètent souvent des divergences sur ces principes fondamentaux.

Une idéologie fournit à la fois une vision de la réalité telle qu'elle est perçue et une vision de la société future idéale telle qu'elle devrait être selon cette idéologie spécifique. Une idéologie propose une interprétation de la réalité sociale, économique et politique actuelle, en mettant en avant les problèmes, les conflits et les inégalités qui existent. D'autre part, une idéologie propose également une vision de la société future idéale. Cette vision idéale est généralement basée sur les principes éthiques, les valeurs et les objectifs de l'idéologie. Elle représente une aspiration vers une société meilleure, qui répond aux besoins, aux valeurs et aux idéaux défendus par cette idéologie spécifique. Cela signifie que les idéologies sont souvent orientées vers un projet de transformation sociale, cherchant à influencer les politiques et les actions pour atteindre cette vision idéale de la société. Par exemple, une idéologie progressiste peut viser à promouvoir l'égalité sociale, la justice économique et l'inclusion, et proposer des politiques et des mesures pour parvenir à cet objectif.

Les visions de la société future idéale peuvent varier considérablement entre les différentes idéologies. Les visions idéales sont influencées par les valeurs, les principes et les objectifs spécifiques de chaque idéologie. Par conséquent, il peut y avoir des divergences significatives dans les propositions et les conceptions de la société idéale entre les différentes idéologies. Les idéologies jouent un rôle important dans la formulation des visions de la réalité et de la société future idéale. Elles fournissent des cadres conceptuels et des orientations politiques qui influencent les discours, les politiques et les actions des individus, des groupes et des mouvements politiques.

La rationalité scientifique et le savoir scientifique jouent un rôle important dans la compréhension du monde et dans la formation des visions du monde. La science cherche à rendre le monde intelligible en fournissant des explications basées sur des observations, des données et des théories vérifiables. Elle s'appuie sur des méthodes rigoureuses et des processus de raisonnement logique pour explorer et expliquer les phénomènes observables. Dans ce contexte, la vision scientifique du monde est souvent caractérisée par une approche basée sur des représentations causales et des explications rationnelles des phénomènes naturels et sociaux. Les scientifiques cherchent à identifier les causes et les mécanismes qui sous-tendent les phénomènes, en utilisant des théories et des modèles qui sont constamment remis en question et améliorés à la lumière de nouvelles données et de nouvelles découvertes.

Cependant, même dans le domaine scientifique, des éléments normatifs peuvent être présents. Les croyances normatives telles que l'humanisme des Lumières et la foi dans le progrès peuvent influencer les orientations et les valeurs qui guident la recherche scientifique et les applications technologiques. Ces croyances normatives peuvent être des soubassements importants pour la motivation et l'orientation des scientifiques dans leurs efforts pour comprendre et transformer le monde. La science elle-même est influencée par des facteurs sociaux, culturels et politiques. Les choix de recherche, les priorités, les financements et les applications de la science peuvent être influencés par des considérations normatives et des valeurs sociétales. Les débats éthiques entourant les questions telles que la recherche sur les cellules souches, les manipulations génétiques ou l'intelligence artificielle en sont des exemples. La vision scientifique du monde repose sur des principes de rationalité, de recherche de causes et d'explications empiriques. Cependant, des éléments normatifs peuvent également être présents, influençant les valeurs, les orientations et les applications de la science. La combinaison de représentations causales et normatives dans la vision scientifique contribue à la formation des visions du monde et à la compréhension des phénomènes observés.

Les idéologies

Les idéologies sont des savoirs systématiques, organisés et cohérents, faits de principes philosophiques, éthiques et causaux qui aident à comprendre, évaluer et agir dans le monde. Elles fournissent un cadre d'interprétation et d'appréciation de la réalité sociale, économique et politique. Les idéologies sont souvent adoptées par des groupes de personnes pour donner du sens à leur expérience sociale et pour guider leur action collective.

Les idéologies peuvent se manifester dans divers domaines, tels que la politique, l'économie, la religion, l'éducation, etc. Elles peuvent aussi être centrées autour de différentes questions, telles que l'égalité, la liberté, la justice, l'autorité, la propriété, l'identité, etc. Par exemple, le capitalisme et le socialisme sont deux idéologies économiques qui présentent des perspectives différentes sur la propriété et la distribution des ressources. Le capitalisme valorise la propriété privée et l'économie de marché, tandis que le socialisme valorise la propriété collective et l'égalité économique.

Les idéologies peuvent également avoir une influence sur la façon dont les individus et les groupes perçoivent et interagissent avec les autres. Par exemple, une idéologie raciste pourrait conduire à la discrimination et à l'inégalité, tandis qu'une idéologie féministe pourrait promouvoir l'égalité des sexes. Les idéologies ne sont pas statiques ; elles évoluent avec le temps et en fonction du contexte. De plus, il n'est pas rare que les individus et les groupes adoptent des éléments de plusieurs idéologies, créant ainsi des idéologies hybrides ou composites.

Enfin, il est également crucial de comprendre que les idéologies peuvent avoir des conséquences positives et négatives. Elles peuvent inspirer des actions positives, comme la lutte pour l'égalité et la justice, mais elles peuvent aussi justifier des comportements oppressifs et discriminatoires. Par conséquent, l'étude critique des idéologies est une tâche importante dans de nombreuses disciplines, notamment la sociologie, la science politique, la philosophie et la psychologie.

Représentations normatives

  • Comment les idées peuvent influencer les préférences et le pouvoir des groupes et des États ?
Représentations normatives.png

Après la Seconde guerre mondiale, se développe un large accord entre les grandes puissances que les droits humains doivent être protégés. Le 10 décembre 1948 est promulgué lors de l‘Assemblée générale des Nations-Unies la Déclaration universelle des droits de l’homme qui est approuvée par les 58 États membres à Paris.

Les horreurs de la Deuxième guerre mondiale ont amené les européens et les américains au principe que les droits humains devaient protéger et réguler au niveau international et qu’il y avait une responsabilité partagée de la communauté des nations et qu’il ne s’agissait pas exclusivement d’une affaire de souveraineté. Selon Sikkink, il y a un changement qui s’opère dans les représentations normatives des États qui va avoir un effet durable sur les politiques.

Ces nouvelles idées sur les droits humains vinrent à conditionner la perception des États de leurs intérêts à long terme et de leurs préférences.

À partir de 1959, les européens vont établir la Cour européenne des Droits de l’homme qui vise à protéger les citoyens contre les violations de leurs droits par leur propre gouvernement. Des requêtes individuelles ou étatiques peuvent être soumises à cet organe si on estime qu’il y a une violation fondamentale d’un de ces droits par un État.

Ces droits humains deviennent des droits inaliénables et que même une lutte contre le terrorisme invoquée par la raison d’État ne serait être violée.

Dans la pratique, il pourrait être dans l’intérêt national de restreindre les libertés individuelles pour assurer la sécurité d’un État et de mettre des pratiques à l’encontre des droits humains pour obtenir certaines informations. Cela été l’intérêt ancien qui a été dépassé par un intérêt premier pour le respect des droits humains. On voit la préférence des États qui auraient changé suite à l’émergence de ces nouvelles normes internationales à partir de 1945.

Les représentations peuvent aussi influencer le pouvoir politique des agents. La guerre de sécession américaine entre les États du Sud, onze États confédérés qui avaient fait sécession de l’Union et onze États du nord dirigés par le président américain Abraham Lincoln. Un des enjeux a été de mettre fin à l’esclavage alors que les États du sud ne souhaitaient pas mettre fin à cette pratique.

La victoire des abolitionnistes a renforcé la légitimité et les pouvoirs des États du nord. Entre 1897 et 1914, les États-Unis sont un pays caractérisé par l’abondance du facteur de production « terre » et la rareté du facteur du capital « production » et « travail ». Les républicains étaient les ardents défenseurs des classes urbaines dans le nord et le Midwest qui représentaient les intérêts des travailleurs qui était plutôt protectionnistes dans cette période de l’industrialisions de l’histoire américaine. Les démocrates, et c’est l’inverse de ce qui est le cas aujourd’hui, étaient les défenseurs d’intérêts agricoles du sud parce qu’ils étaient productifs et demandaient la hausse des tarifs douaniers.

La victoire des abolitionnistes renforcés leur légitimité est leur pouvoir politique. Dès 1890, les républicains sont parvenus à introduire des mesures protectionnistes pour les intérêts de travailleurs et des capitalistes qui se sont sentis légitimés durant la guerre de sécession, ils étaient la réponse raisonnable à l’évolution socio-économique de la société.

Représentations causales

Comment peuvent-elles influencer les actions et les stratégies des groupes ou des États étant donné leurs préférences ?

Dans Analogies at War: Korea, Munich, Diên Biên Phu, and the Vietnam Decisions of 1965 publié en 1992, Khong traité du rôle que jouent les analogies historiques dans les choix politiques. Les analogies historiques vont ou peuvent exclure certaines options ou choix politiques. Face à une crise, dans un conflit majeur, les décideurs font face à cette incertitude et vont appliquer les recettes ou les leçons apprises du passé ; de l’expérience du passé ils vont déduire le comportement à adopter face à la nouvelle crise.

Selon Khong, l’intelligence humaine opère par analogie qui est l’établissement d’un lien logique entre l’établissement dans le passé et l’établissement d’un autre évènement dans le présent.

Représentations causales.png

Il va analyser la situation à laquelle Truman fait face en 1950 lorsqu’il doit définir un processus mental qui doit décider d’un engagement américain en Corée. L’analogie dont il va devoir tenir compte est l’analogie de Munich.

Munich est restée infameuse dans l’histoire puisque la réponse de ceux qui formeront les alliés durant la Seconde guerre mondial ; la réponse des alliés n’a pas été décisive face à la velléité belliqueuse démontrée déjà par les allemands et les italiens à la fin des années 1930. Ils ont plutôt choisi la voie de l’apaisement. Au contraire, l’apaisement de Munich n’a fait qu’encourager l’agressivité de nazis en Allemagne et de Mussolini en Italie menant à la Seconde guerre mondiale.

La conclusion est qu’une agression initiale doit être immédiatement contrée sinon l’agresseur est encouragé à faire des agressions et des impulsions encore plus importantes par la suite. Ce serait cette analogie qui a permis d’intervenir en Corée.

En 1965, le président Johnson fait face à une situation en Asie du sud-est qui s’aggrave. Depuis les années 1960 sous le président Kennedy, le Laos glisse entre les mains des communistes. L’aviation américaine attaque en représailles des cibles communistes, mais sans grand succès.

Johnson met sur pied des rencontres au sommet de l’État qui doivent décider des stratégies pour la région dont deux options principales se dégagent :

  • est-ce qu’on maintient le cap avec un engagement limité dans la région ?
  • déploie-t-on de nouvelles forces militaire et on pratique l’escalade militaire ?

Il avait cinq options qui peuvent être résumées dans deux orientations de stratégies à savoir statu quo ou escalade militaire. :

  • statut quo : limiter les pertes sans changer fondamentalement la stratégie en maintenant une continuité
  • escalade militaire : peut être effectué par trois options ;
    • envoyer un contingent de 100000 hommes
    • renforcer la puissance de feu de l’aviation
    • faire appel à des réservistes militaires et déclarer une urgence nationale

Johnson va s’entourer de quatre conseillers principaux dont trois vont pousser pour l’option de l’escalade miliaire en envoyant de nouvelles troupes dans la région et en déclarant l’état d’urgence en utilisant l’analogie de Munich.

Un quatrième conseiller va proposer une stratégie plus défensive du statu quo en utilisant une autre analogie qui est l’analogie de Diên Biên Phu. C’est une bataille clef de la guerre d’Indochine en 1954. Les forces françaises étaient opposées à des insurgés vietnamiens qui malgré leur équipement supérieur furent vulnérables aux attaques de la guérilla.

Par cette analogie, ce quatrième conseiller va essayer de convaincre Johnson qu’une stratégie plus limitée dans ses objectifs serait préférable puisqu’une victoire militaire par l’escalade au Vietnam est impossible comme elle a été impossible pour les français au Vietnam.

Ce quatrième conseiller étant dans une position désavantageuse, car son analogie contredisait celles des trois autres, mais aussi parce qu’elle semblait remettre e cause la capacité militaire des États-Unis.

Cette analogie était présente, ce que Khong a montré dans son analyse. Ces analogies étaient présentes dans les choix et les calculs effectués par Johnson en 1965.

Finalement, Johnson a choisi pour l’option d’envoyer un contingent de 100000 hommes sur la base de l’analogie de Munich amenant les États-Unis à s’enfoncer dans un bourbier avec des coûts humains très élevés d’un côté et de l’autre.

On voit clairement qu’une représentation causale, une analogie historique va écarter une stratégie au dépens d’une autre. Khong effectue une lecture critique du choix de Johnson le réprimandant du choix pris, celle de la mauvaise option basée sur la mauvaise analogie.

Quand les représentations causales peuvent influencer le pouvoir politique ?

Sur un raisonnement analogue à celle de NAFTA, mais en utilisant non pas une institution, mais plutôt une idée causale qui est transmis par la mondialisation sociale ou un imaginaire et donc une croyance est que hégémonie idéologique du libéralisme économique dit aussi « néolibéralisme » est sa logique de TINA, c’est-à-dire there is no alternative, peut engendrer des asymétries de pouvoir. De par la mondialisation sociale, c’est-à-dire des flux d’informations transfrontaliers dans les médias, qui est donc bien au niveau d’images qui vont affecter les croyances, les employés des pays riches avancés vont percevoir que le commerce international et la multinationalisation de la production les rendent vulnérables et davantage enclins à accepter des flexibilités.

Les employeurs vont également percevoir que la mondialisation exige pour demeurer compétitive davantage de flexibilité ; il n’y a pas d’alternative à flexibiliser les conditions de travail et c’est notamment la voie que s’apprête à prendre la France. Le mot « flexibilité » est tabou, car la gauche en France est amenée à la table des négociations actuellement pour renforcer la compétitivité de l’économie française.

Tout cela constitue un argument idée qui va renforcer le pouvoir des employeurs et leur capacité de restructurer les conditions de travail puisque cela est indépendant de forces matérielles qui aussi peut-être augmente la compétitivité, mais indépendamment l’effet peut avoir lieu par l’effet d’image qui va convaincre les travailleurs de la menace chinoise et indienne, en les convainquant d’accepter ces sacrifices

Il n’y a l’idéologie néolibérale qu’il n’y a pas d’alternative à des coupes dans des salaires, à la flexibilité, etc.

Comment les représentations causales peuvent influencer les préférences des États, des groupes et des individus moyennant leur interprétation de l’État ?

Nous avons à faire au moment où les idées peuvent influencer la formation des préférences des acteurs. Un individu a plusieurs identités :

  • identité de producteur
  • identité de consommateur.

Un travailleur peu qualifié en Suisse va être un producteur et un consommateur et un consommateur de biens importés. Selon qu’il se comprenne comme producteur ou comme consommateur, cela va l’amener à avoir des attitudes différenciées par rapport au bienfait du libre-échange. Naoi et Kume, par une méthodologie expérimentale, vont montrer que suivant l’identité qui est activité en l’individu, il va exprimer des attitudes différenciées par rapport au libre-échange.

Représentations causales 1.png
Représentations causales 2.png

Pour activer les images, on active les images, un groupe 1 qui est le groupe de producteurs ou avant de poser la question on va leur montrer la première série d’images on peut clairement s’identifier à la condition d’un travailleur. Au groupe 2 on va agiter des images qui révèlent des activités des consommateurs des grandes surfaces, etc.

Les résultats trouvés sont que le soutien individuel au libre-échange est 13 points plus élevés pour les individus auxquels on a activé l’identité de consommateur par rapport au groupe de contrôle, et si on compare le groupe de producteurs et de consommateurs, le soutien individuel au libre-échange est 13% plus élevé parmi les consommateurs.

On voit comment la projection de l’identité que l’on a de soi-même va affecter sa préférence par rapport au libre-échange dans ce cas.

On voit donc comment le rôle de l’interaction sociale avec l’importance accordée par les constructivistes qui est que l’identité sociale d’une personne en tant que producteur ou consommateur va être fortement dans l‘interaction sociale et dans la vie de tous les jours de l’individu. C’est de là que va ressortir son identité, ses intérêts et ses préférences véridiques.

Dès lors, ses intérêts ne sont pas exogènes déterminés de manière extérieure, mais sont créés dans l‘interaction sociale qui est l’un des apports principaux du constructivisme.

Points forts et points faibles de l'approche par les idées

Focalisé sur la dimension idéelle et normative de l'agir humain

C’est un point souvent complètement négligé par les autres approches parce qu’elles pensent que les idées et les idéologies sont lentes à changer donc elles peuvent souvent être considérées comme constantes dans l'analyse. Ceci peut changer lorsque l’on considère les changements dans une temporalité plus grande-

Sur le court et le moyen terme, on s’attend à des idées et des idéologies constantes; dès lors, on ne va pas s’attendre à des changements.

Sur la longue durée, on s’aperçoit qu’il existe des changements idéologiques majeurs au niveau sociétal et au niveau des acteurs.

L’illustration pourrait être un syndicat de travailleurs qui endosse une politique keynésienne et qui ne pourra pas du jour au lendemain prôner le libéralisme.

Souligne le caractère artificiel socialement construit de l'intérêt, de l'économie et de la Nation

Cette approche va souligner le caractère artificiel des intérêts, de l’économie qui n’est pas détachée des normes sociales de la nation qui va donc montrer que ces intérêts sont socialement construits.

De cette considération, découle que la notion générale avec laquelle cette approche travail et perçoit le changement historique est qu’il y a beaucoup de plus de marge de manoeuvre aux sociétés qu’on pense le croire et surtout si on est dans un cadre institutionnaliste qui souligne le path dependence qui circonscrit les directions en fonction des choix du passé. Dans l’approche par les idées, les intérêts pour un groupe social ne sont pas fixés une fois pour toutes, mais ils sont renégociables dans l’interaction sociale et la lutte sociale. C’est une conception assez élastique et malléable du développement historique.

Il en découle une considération du politique comme étant plastique, opposée à l’explication déterministe. La réalité sociale et politique est malléable parce que les intérêts ne sont pas fixes, car ils sont malléables par l'interaction sociale, par la délibération.

Ainsi, les individus peuvent évoluer, changer leurs préférences s'ils sont convaincus que d’autres objectifs sont valables contrairement à l'approche des idées qui est plus malléable.

Aide à comprendre formation des préférences

Les intérêts ne sont pas déterminés de manière exogène par la structure économique et sociale, mais endogène, c’est-à-dire déterminée par l’interaction.

Les intérêts peuvent être assez facilement changés. Par exemple la délibération à l’intérieur d’un groupe ou la persuasion d’un leader peut amener à modifier la perception que les individus ont de leurs propres intérêts et préférences .

L’ontologie qui sous-tend le constructivisme est l’intersubjectivité à savoir les valeurs communes entre agents, c’est-à-dire les normes des acteurs.

Le défi (ordre empirique) est d’isoler les facteurs idéels des autres variables

La principale difficulté de cette approche est de pouvoir identifier un effet indépendant et autonome du rôle de l’idéologie et des idées sur le développement politique et les politiques. Il faut pouvoir démontrer que les idées ne sont pas forcément une arme utilisée par le groupe d’intérêt le plus puissant, dans ce cas elles n’auraient pas un pouvoir explicatif, mais elles auraient un rôle d’épiphénomène de l’influence des relations de pouvoir et en particulier les acteurs les plus puissants, mais vraiment de montrer que ces facteurs idéels ont une véritable autonomie dans l’explication.

Cox illustre ce qu’est un argument de type idéel puisqu’il va introduire comme variable indépendante idéelle la nécessité de la réforme qui est une construction sociale variant à travers les trois pays analysés à savoir l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark en montrant que dans deux de ces trois cas il y a l’existence d’entrepreneurs politique qui vont avancer un tel discours qui va influencer des décideurs politiques en montrant comment un type de discours va être adopté par les syndicats des Pays-Bas alors qu’ils sont historiquement opposés à des mesures d’activation du marché du travail et qui montre cette formation et redéfinition des préférences des syndicats aux Pays-Bas.

Synthèse des « 3I »

Pour conclure le débat sur les « 3I », il est souvent difficile d’isoler les effets indépendants, des intérêts, des institutions et des idées, mais c’est un travail qui est souvent possible et réalisable. C’est de nouveau dans cette perspective d’explications causales de s’atteler à cette tâche aussi afin de tirer des conclusions sur comment le monde fonctionne et comment il peut être changé tout comme les leviers à tirer pour faire des choix.

La deuxième considération peut proposer que la capacité explicative de ces différentes approches puisse varier, et cela en fonction de l’objet que l’on cherche à identifier et si ce que l’on souhaite expliquer est un changement de politique ou une inertie voir une continuité de certaines structures, institutions et politiques.

Certaines personnes sont plus à même d’expliquer l’inertie constitutionnelle et ce serait l’institutionnalisme qui serait l’approche la mieux à même d’expliquer cela. Peut-être, l’approche par les intérêts est mieux à même d’expliquer les changements dans les institutions puisque les rapports de pouvoir entre acteurs et les institutions vont donc s’adapter à ces changements de relations de pouvoir.

Finalement, l’approche par les idées joue souvent un rôle important pour expliquer comment des choix politiques sont faits lors de grands moments d’incertitudes qui suivent des moments de crises ; lorsque l’on redéfinit le contrat social d’une société, les effets de persuasion, du passé historique et des analogies historiques, jouent un rôle important pour définir la nouvelle trajectoire et les nouvelles décisions à prendre. Dès lors que l’incertitude est grande, le pouvoir des idées et des idéologies joue un rôle important et a un pouvoir explicatif extrêmement fort.

Annexes

Références

  1. Goldstein, Judith, and Robert Owen Keohane, eds. Ideas and foreign policy: beliefs, institutions, and political change. Cornell University Press, 1993.