« Ethique du réalisme » : différence entre les versions

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Ce sont les mensonges des politiques, des généraux, des soldats qui montrent qu’il y a une place, certes faible, mais qui existe et qui est remplie par des considérations de nature morale.
Ce sont les mensonges des politiques, des généraux, des soldats qui montrent qu’il y a une place, certes faible, mais qui existe et qui est remplie par des considérations de nature morale.
John Mearsheimer a beaucoup écrit sur le mensonge en politique. Dans son ouvrage, il affirme que le mensonge est une pratique courante et répandue en politique internationale, et que les États l'utilisent souvent comme moyen de promouvoir leurs propres intérêts. Il affirme que les États recourent fréquemment à la tromperie, à la dissimulation et à la déformation des faits afin d'obtenir un avantage sur leurs rivaux et d'atteindre leurs objectifs. Par exemple, les États peuvent mentir sur leurs intentions, leurs capacités ou leurs actions afin de tromper d'autres États et d'obtenir un avantage dans les négociations ou les conflits. Mearsheimer soutient également que le mensonge est souvent une stratégie rationnelle et efficace en politique internationale, et qu'il peut être justifié par l'intérêt national ou l'autodéfense. Les opinions de Mearsheimer sur le mensonge en politique sont sceptiques et critiques, et remettent en question l'hypothèse commune selon laquelle les États agissent toujours de bonne foi et disent la vérité dans leurs interactions les uns avec les autres.


== Grandes doctrine par rapport à la guerre ==
== Grandes doctrine par rapport à la guerre ==

Version du 14 décembre 2022 à 17:08

Introduction

Nous allons voir l’éthique du réalisme politique, on voit donc toute la réflexion sur le « devoir être ».

Même le réalisme politique a une dimension éthique. Les développements scientifiques en termes d’analyse sur le néoréalisme se veulent amoraux, ils ne se posent pas la question de la morale alors que les réalistes classiques se la posent et en particulier Hans Morgenthau qui, à partir de 1948 et la première édition de son ouvrage Politics Among Nations: The Struggle for Power and Peace[1], jusque dans les années 1980, va déterminer la pensée dans le domaine des relations internationales.

Ce qui est curieux et dommage est que le développement plus moderne du réalisme, sauf de rares exceptions, ne se pose pas la question de l’éthique, de comment agir dans un monde réaliste, mais se pose la question de ce qu’est le réalisme, comment l’analyser dans une structure internationale façonnée par le réalisme comme relais des relations interétatiques.

Hans Morgenthau

Deux auteurs ont eu une grande influence d’abord Max Weber et Hans Morgenthau.

Après la fin de la Première guerre mondiale, deux conférences, dont une Politik Als Beruf[2] donnée par Max Weber renvoie à l’éthiquent de l‘homme politique, l’être humain.

L’éthique de la conviction (Gesinnungsethik) et l'éthique de la responsabilité (Verantwortungsethik) ne sont pas contradictoires, mais elles se complètent l'une l'autre et constituent ensemble l'homme authentique, c'est-à-dire un homme qui peut prétendre à la « vocation politique ».

Il y a chez Weber l’éthique de la conviction et l’éthique de la responsabilité ; elles ne sont pas contradictoires, l’homme politique qui en fait sa profession arrive véritablement à compléter les enseignements de l’une par les enseignements de l’autre ; celui qui les synthétise mérite d’avoir l’étiquette d’homme politique dans le sens noble du terme.

Qu’est-ce que l’éthique ?

L’étymologie de éthique, éthique vient du terme grec « ethos » (du grec ancien ἦθος ễthos, pluriel ἤθη ếthê ) soit les mœurs, l’étude de l’éthique est une étude systémique est l’étude des bonnes mœurs. L'éthique est souvent confondue avec la philosophie. La différence étant principalement que l'éthique implique l'étude et la pratique des bonnes mœurs, alors que la philosophie traite des idées. L'éthique, en tant que domaine de connaissance, vise à fournir une compréhension ou un guide à ceux qui se conduisent et qui entretiennent des relations avec les autres dans la vie quotidienne.

Le terme "éthique" peut aussi désigner simplement la "morale", c'est-à-dire tout code de conduite ou ligne directrice pour le comportement d'une personne. L’étymologie de la morale vient du latin « morales », les mœurs, les bonnes mœurs, bien se comporter, bien agir, bien décider, bien parler, pas bien efficacement, mais bien dans le sens du devoir être pas dans le sens instrumental de l’efficacité.

Il est possible avec un couteau de tuer une personne ou pour sauver une personne ; le couteau dans ce cas n’est pas bien ou mauvais en soi, mais un instrument pour le bien.

Le terme éthique est plus noble que le terme moral qui est plus concret.

En relations internationales, y a-t-il de la place pour l’éthique ?

Des généraux athéniens dictent aux méliens ce qu’il faut faire, c’est la force brute qui l’emporte.

L’hypocrisie en relations internationales

Selon Walzer, l'hypocrisie dans les relations internationales fait référence à la pratique des États qui font des déclarations morales et promeuvent des valeurs morales, tout en s'engageant dans des actions qui contredisent ces déclarations et ces valeurs. Walzer affirme que l'hypocrisie est une caractéristique commune de la politique internationale, et qu'elle apparaît souvent lorsque les États poursuivent leurs propres intérêts et objectifs au détriment des autres. Par exemple, un État peut prétendre soutenir la démocratie et les droits de l'homme, tout en soutenant des régimes autoritaires ou en commettant des violations des droits de l'homme. De cette façon, l'hypocrisie dans les relations internationales peut être considérée comme une forme de duplicité morale, dans laquelle les États utilisent la rhétorique morale pour promouvoir leurs propres intérêts et dissimuler leurs propres méfaits.

Rochefoucauld, écrivain et moraliste français, est célèbre pour ses observations cyniques sur la nature humaine et la façon dont les gens se trompent souvent eux-mêmes et trompent les autres. Dans son célèbre ouvrage, "Les Maximes", il traite abondamment de l'hypocrisie, proposant une série d'observations et de réflexions sur le sujet. Par exemple, il écrit : "L'hypocrisie est le tribut que le vice paie à la vertu". En d'autres termes, il suggère que l'hypocrisie est une façon pour les personnes qui ont un comportement immoral ou contraire à l'éthique d'essayer de paraître vertueuses afin d'éviter d'être jugées ou critiquées. Il écrit également : "L'hypocrisie est l'hommage que le vice rend à la vertu, et c'est pourquoi l'hypocrite est plus méprisable que l'homme ouvertement vicieux." Dans ce cas, il suggère que l'hypocrisie est une forme de manque de sincérité, et qu'elle est pire que le simple fait d'être malhonnête ou immoral. Les observations de Rochefoucauld sur l'hypocrisie sont typiquement cyniques et critiques, et elles donnent une vision sombre de la nature humaine et de la façon dont les gens se trompent eux-mêmes et trompent les autres.

Jean-Paul Sartre, philosophe et écrivain français, est célèbre pour sa philosophie existentialiste, qui met l'accent sur la liberté et la responsabilité de l'individu dans la détermination de sa propre existence. Dans son œuvre, Sartre aborde l'hypocrisie comme une forme de mauvaise foi, dans laquelle les individus se trompent eux-mêmes et trompent les autres afin d'éviter de faire face à la vérité sur eux-mêmes et sur leurs actions. Par exemple, dans son livre "L'être et le néant", il écrit : "L'hypocrisie est le vice qui consiste à nier, par ses actes, les vérités que l'on prétend détenir." En d'autres termes, il affirme que l'hypocrisie est une forme d'auto-illusion, dans laquelle les individus prétendent croire en certaines valeurs ou principes, mais leurs actions contredisent ces croyances. Il écrit également : "L'hypocrisie est l'hommage que le vice rend à la vertu, mais cet hommage n'est qu'apparent, car le véritable hommage qui est rendu n'est pas à la vertu elle-même mais à l'apparence de la vertu." Dans ce cas, il suggère que l'hypocrisie est une manière de paraître vertueux, même quand on ne l'est pas, afin d'éviter d'être jugé ou critiqué. Le point de vue de Sartre sur l'hypocrisie est critique et met l'accent sur les façons dont l'hypocrisie est une forme d'auto-illusion et de mauvaise foi.

Si on regarde les discours des politiques, au fond, on voit un élément important d’hypocrisie, les gens se rendent compte pas une analyse fine et indirecte qu’ils ne disent pas ce qu’ils pensent, représentant les intérêts de leur État comme étant meilleurs que les intérêts de l’adversaire.

La méthodologie de l’analyse par l’hypocrisie est une méthode ou le mal en parlant bien rend hommage à la vertu. On ne trouve d’homme d’État qui parle des véritables motivations de son État.

Ce sont les mensonges des politiques, des généraux, des soldats qui montrent qu’il y a une place, certes faible, mais qui existe et qui est remplie par des considérations de nature morale.

John Mearsheimer a beaucoup écrit sur le mensonge en politique. Dans son ouvrage, il affirme que le mensonge est une pratique courante et répandue en politique internationale, et que les États l'utilisent souvent comme moyen de promouvoir leurs propres intérêts. Il affirme que les États recourent fréquemment à la tromperie, à la dissimulation et à la déformation des faits afin d'obtenir un avantage sur leurs rivaux et d'atteindre leurs objectifs. Par exemple, les États peuvent mentir sur leurs intentions, leurs capacités ou leurs actions afin de tromper d'autres États et d'obtenir un avantage dans les négociations ou les conflits. Mearsheimer soutient également que le mensonge est souvent une stratégie rationnelle et efficace en politique internationale, et qu'il peut être justifié par l'intérêt national ou l'autodéfense. Les opinions de Mearsheimer sur le mensonge en politique sont sceptiques et critiques, et remettent en question l'hypothèse commune selon laquelle les États agissent toujours de bonne foi et disent la vérité dans leurs interactions les uns avec les autres.

Grandes doctrine par rapport à la guerre

Militarisme – éthique aristocratique de la fierté et de la gloire

C'est une sorte d’éthique aristocratique, par la guerre les aristocrates peuvent développer toute leur fierté, peuvent acquérir la gloire, dans cette morale aristocratique certains individus sont au-dessus d’autres, la guerre est une bonne chose.

Cette doctrine militariste est une doctrine peu développée et défendue de nos jours en particulier après la Première guerre mondiale.

L’éthique aristocratique existe, Osama Ben Laden le met en avant, le combat contre les infidèles, les occidentaux et leurs alliés israéliens est un noble combat et rien de meilleur que de prendre l’arme pour défendre la foi et convertir tout le monde à la volonté de Dieu, de l’islam dont Mahomet est le prophète.

Il y a des doctrines morales en relations internationales où la guerre est une bonne chose.

Réalisme – éthique de l'intérêt étatique/national et de la prudence

Les Nations, en général, ont un État qui les aide à mobiliser leurs ressources et à développer leur prospérité.

C’est aussi une éthique de la prudence.

Fénelon insiste sur le fait qu’il faut veiller sans cesse aux autres et aller à l’aide pour des raisons de survie, nous allons à la rencontre du plus faible pour assurer cet équilibre.

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Guerre juste – éthique de la justice internationale

La toute première doctrine en relations internationales qui s’intéresse à l’éthique qui considère que les relations internationales ne sont pas que des relations entre forts et faibles, mais qu’il y a des éléments qui dépassent cela, qui sont souhaités, un idéal éthique avancé qui est celui de la justice internationale qui est la doctrine de la guerre juste.

Qu’est-ce que la guerre juste tout en voulant la justice ?

La Deuxième guerre mondiale était une guerre juste. À un moment donné on ne pouvait plus accepter le nazisme et la volonté du nazisme d’une éthique aristocratique ou tout en haut il y a la race arienne et en dessous d’autres races notamment les slaves, les « nègres », il y a une hiérarchie de races, mais cela va à l’encontre au XXème siècle de notre considération que chaque être humain est responsable de ce qu’il fait de bien est de mal.

Cette morale aristocratique justifie la Deuxième guerre mondiale qui de ce point de vue là a été une guerre juste. Une Europe dominée par le nazisme était un système tellement antimoral, antiéthique que le recours à la guerre se justifie justement, on justifie les conséquences de la guerre.

Pacifisme – éthique de la non-violence

Problème du choix moral en politique international

Ambiguïté

Quels principes éthiques généraux appliquer ? Il y a différents principes généraux, le principe du pacifisme s’élève en force contre le principe de la guerre juste; quels sont les bons principes ?

Il y a contradiction entre principes, et même à l’intérieur d’une école de pensée particulière il peut y avoir des conflits entre principes généraux.

Il y a une ambiguïté de principes généraux et une ambiguïté d’application de ces principes généraux à une situation particulière.

Un jugement moral est préférable à l’absence de jugement moral, il faut juger sur le plan moral, il n’y a pas toujours de solutions. On se pose la question du bon agissement, du bien faire, de la bonne fin de nos actes.

Indétermination

C’est le problème de qui sont les acteurs ? Quelles sont les valeurs qu’il faut considérer ? or, en relations internationales, les acteurs sont des collectivités, des mouvements, des organisations non gouvernementales.

On a différents mouvements transnationaux, organisations internationales et non gouvernementales et il n’est pas clair de qui est la collectivité concernée par rapport à une évaluation morale d’une problématique, est-ce la collectivité de l’ensemble des êtres humaines ?

On donne l’élément de l‘analogie domestique.

Il y a deux exemples qui montrent le problème.

  • deux individus se battent ; que doit-on faire ? il faut intervenir pour protéger le petit, le devoir moral au niveau individuel se donne possible, chez Mencius si un enfant se noie dans le puits alors on va de suite le sauver. Ce sont des relations interpersonnelles.
  • sur le plan national faut-il intervenir en Syrie ? oui ou non ? Pour Mencius pour l’analogie domestique familière, dans le cadre du petit cela est clair, mais sur le plan international cela est beaucoup moins clair, car il y a la question de qui et comment le coût va être supporté.

En Afghanistan, l’occident est en train de détruire la structure patriarcale du patriarcat, des millions d’afghans trouvent que les filles ne doivent pas aller en public à l’école. Dans les relations interpersonnelles, on fait une bonne action, mais si on apporte la modernité aux afghans on favorise une partie de la population et on défavorise une autre partie de la population plus séculaire dans ses traditions.

Nota bene :

  • adulte témoin de violences entre enfants => intervention ?
    • analogie domestique: quid de l'intervention humanitaire ? mais qui en supporte les coûts ? qui en profite ?
  • adulte face au mendiant => aide ?
    • analogie domestique : quid de l'aide au développement économique et social (notamment par les anciens colonisateurs) ?
    • ,mais qui en finance les coûts et qui en profite ?

La nature du politique

La politique est la violence physique légitime selon Weber, l’État a le monopole de la violence légitime.

Cette légitimité par tradition est les règles légales qui sont trois grands types-idéaux d’après la méthodologie wébérienne participant au fait que la politique est aussi la violence, la violence acceptée, la violence légitime, mais tout de même la violence, il y a toujours un élément de violence.

Il y a une tension entre l’éthique de responsabilité qui comme l’écrit Max Weber « nous devons répondre aux conséquences prévisibles de nos âmes » et l’éthique de conviction.

On fait un procès d’intention, si l’intention est bonne, c’est-à-dire les conséquences de nos intentions, il peut toutefois arriver un accident, on pensait de bonne foi que les choses allaient se passer comme on le voulait.

Dans le cas de la Libye, on pouvait prédire que cela se passerait mal…

  • Éthique de la responsabilité

L’éthique de la responsabilité est une responsabilité pour celui qui prend la responsabilité des conséquences d’agir et de ne pas agir qui est aussi une décision.

Ne pas intervenir en Syrie est aussi une décision, c’est quelque chose qu’on peut critiquer. Le jugement éthique se veut plus général.

Le mouvement des indignés de Stéphane Hessel participe un peu à cette prise de conscience, cet appelle qu’on doit agir, on ne peut faire innocemment que rien n’est fait.

  • Éthique de la conviction

Cela veut dire qu’on a des convictions, que l’on agit selon nos convictions et quoi qu’il arrive on a bien agit, « Le chrétien fait son devoir et en ce qui concerne le résultat de l'action il s'en remet à Dieu ».

Si les choses vont très mal, ce n’est pas par la responsabilité de quelqu’un que les choses vont mal, mais cela dépend de dieu.

Il y a cette tension entre ces deux éthiques.

  • Le bien décider – Wertrationalität : nos normes, nos objectifs sont bons en soi.
  • Le bien décider – Zweckrationalität : évaluation procédurale de la décision, rationalité instrumentale.
"bien décider" (Wertrationalität) "bien décider" (Zweckrationalität)
bonnes valeurs rationalité instrumentale/efficacité

La vérité est une valeur éthique indispensable, si la vérité n’existe pas comment peut-on juger du bien ?

La vérité est une valeur éthique indispensable :

  • Intégrité : la vérité elle-même qui est l’intégrité de l‘acteur, l’acteur a une conscience.
  • Vérité : question de la vérité en tant qu’agent moral que nous sommes.

Il y a la réalité empirique : dire comme le régime syrien dit qu’il n’y a pas d’opposition est un mensonge énorme.

On retrouve des exigences à l’intérieur et des exigences à l’extérieur qui font que la vérité est une valeur scientifique et une valeur éthique.

Max weber écrit :

« quiconque veut instaurer par la force la justice sociale sur terre a besoin de partisans c'est-à-dire d'un appareil humain. Or cet appareil ne marche que si on lui fait entrevoir les récompenses psychologiques (haine, vengeance, ressentiment, avoir raison à tout prix) ou matérielles (aventure, victoire, butin, pouvoir et prébendes) indispensables, qu'elles soient célestes ou terrestres. »

La théorie du bien public est que pour réaliser un bien public et collectif il faut penser aux individus et notamment les biens privés.

Pour réaliser le bien sur terre comme Ben Laden ou George Bush qui veut instaurer la démocratie en Irak et se débarrasser d’un tyran sanguinaire tout comme Kadhafi, pour faire le bien même si c’est un tyrannicide, ceux qui aident parce que l’action est collective, n’ont pas forcement des objectifs de faire le bien.

Par exemple Gandhi veut faire le bien, mais tous ceux qui suivent le mouvement de Gandhi ont-ils les mêmes convictions ? Certains sont peut-être là parce qu’ils veulent arriver au pouvoir ? L’objectif est d’éliminer les britanniques et ensuite de s’emparer du pouvoir comme Nehru.

C’est une vision notoire des relations internationales, mais il ne faut pas négliger ce que Max Weber nous dit.

Compromission avec « des puissances diaboliques »

C’est dans ce sens que l’exercice du pouvoir au service d’un idéal, selon Weber, est « une compromission avec les puissances diaboliques »

La guerre est un instrument qui est mauvais au service d’une cause qui est bonne, on connait « les mains sales » dans la politique parce qu’on est à la tête d’une collectivité et il faut choisir ; on ne peut éliminer les armes chimiques de la Syrie sans la menacer de la guerre, si Obama ne l’avait pas menacé de frappe il est fort possible que Bashar Al Assad n’aurait pas changé de position concernant les armes chimiques.

Obama a les « mains sales » avec cette menace, mais en même temps le résultat est bon, le problème n’est pas aisé à résoudre, on peut diverger pour ce qu’il essaie de faire.

Pour Weber, « l'éthique de la conviction et l'éthique de la responsabilité ne sont pas contradictoires, mais elles se complètent l'une l'autre et constituent ensemble l'homme authentique.[3] »

Aux sources de l’éthique du réalisme politique classique

La théologie est la philosophie de la religion.

La vision de la nature humaine de Niebuhr et que l’humanité a une capacité à aller se dépasser, nous sommes des êtres spirituels, et la vision anthropologique est celle d’une humanité qui peut aller au-delà, qui peut s’élever de sa condition de pécheur.

L’humanité peut se transcender, mais vie dans le péché, en même temps on nie la condition humaine qu’on est dans le péché. Avec les religions on a des bases importantes solides sur le plan de la morale c’est-à-dire selon le bien. Ce parti pris de Niebuhr montre le parti pris de la nature humaine, on s’approche de dieu tout en restant dans le noir du péché.

Il y a une profonde ambiguïté entre fierté et volonté de la puissance :

« Man is insecure and involved in natural contingency; he seeks to overcome his insecurity by a will-to-power which overreaches the limits of human creatureliness. Man is ignorant and involved in the limitations of a finite mind; but he pretends that he is not limited. He assumes that he can gradually transcend finite limitation until his mind becomes identical with the universal mind. All of his intellectual and cultural pursuits, therefore, become infected with the sin of pride. Man's pride and will-to-power disturb the harmony of creation. »

Dans sa théologie, Niebuhr va avoir une volonté et puissance de l’homme sur trois plans :

  1. recherche de la sécurité : désire de dominer les autres.
  2. recherche de conceptions générales du monde : désir de transcender l’histoire. « All human knowledge is tainted with an 'ideological' taint. It pretends to be more true than it is. It is finite knowledge, gained from a particular perspective; but it pretends to be final and ultimate knowledge ». Toute connaissance est un élément idéologique. Chez Kant, il y a la connaissance a priori.
  3. recherche d’une éthique absolue : désir de transcender les règles morales de son époque, c’est le cas des mouvements.

Chez Niebuhr, il y a un problème de passage de niveau individuel au niveau collectif ou on cumule les égoïsmes qui renforcent le calcul d’intérêt. La conséquence est l’hypocrisie, l’illusion et la folie des grandeurs.

Pour les États-Unis, il y a un utopianisme certain avec la thèse du « Destiny Manifest », c’est la destinée des États-Unis d’Amérique que de s’occuper de ceux qui sont brimés.

Pour Wilson, il faut libérer les peuples colonisés en Europe, il y a un discours libérateur. C’est une vision idéaliste des relations internationales qui viennent au service des exploités, des brimés. C’est un moralisme idéologique.

L'éthique réaliste classique de Morgenthau

Morgenthau s’appuie sur Weber. Pour lui, l'homme d'État est un agent moral, un mandataire responsable devant agir suivant l'intérêt national, soit, avant tout, la sécurité nationale soit de préserver l’intégrité des institutions politiques et l’intégrité territoriale.

« The statesman must think in terms of the national interest, conceived as power among other powers. The popular mind, unaware of the fine distinctions of the statesman’s thinking, reasons more often than not in the simple moralistic and legalistic terms of absolute good and absolute evil »

— Hans Morgenthau and Kenneth Thompson, Politics Among Nations, 6e édition (New York: McGraw-Hill, 1985), p. 165

C’est une critique de la démocratie, le peuple et les individus agissent et raisonnent en termes moraux assez simples. Morgenthau critique la propension de voir le monde de façon manichéenne, l’homme d’État doit penser en terme d’intérêt national comme puissance parmi d’autres puissances.

Les principes moraux universels ne peuvent pas être appliqués aux États.

« Realism maintains that universal moral principles cannot be applied to the actions of states (...). The individual may say for himself: "Let justice be done, even if the world must perish", but the state has no right to say so in the name of those who are in its care. (...) While the individual has a moral right to sacrifice himself in defense of such a moral principle, the state has no right to let its moral disapprobation of the infringement of (that moral principle) get in the way of successful political action, itself inspired by the moral principle of national survival. »

— Hans Morgenthau and Kenneth Thompson, Politics Among Nations, 6e édition (New York: McGraw-Hill, 1985), p. 166

Le devoir de l’État est le devoir du « care ».

Au niveau individuel, on peut se sacrifier en défendant un principe moral, mais au niveau de la collectivité on a un devoir moral par rapport à cette collectivité, on ne peut pas agir de façon pure et excessive et idéaliste dans ce contexte qui est le contexte de la responsabilité.

Cela débouche sur la politique du réalisme classique qui est la politique de la prudence.

Chez Niebuhr, l’homme a tendance à penser qu’il détient la vérité, il faut être humble face à Dieu, la chose la plus raisonnable du point de vue instrumental et de la wertnationalitätest d’être prudent.

Avancer prudemment est dans le monde des relations internationales par la diplomatie, la doctrine de l’équilibre des forces où on cherche à veiller à notre sécurité, à empêcher l’excessif agrandissent des autres, on travail à la liberté et au salut public.

« Empêcher le voisin d'être trop puissant, ce n'est point faire un mal : c'est se garantir de la servitude et en garantir ses autres voisins; en un mot, c'est travailler à la liberté, à la tranquillité, au salut public. »

— Fénelon

Morgenthau est donc contre :

  • idéologie éthique : mauvaise justification de la politique étrangère, une morale utilisée à des fins (hypocrites) de légitimation politique.
  • absolutisme moral (ou sentimentalisme) : ériger une valeur morale au-dessus des autres, c’est-à-dire se concentrer sur une seule valeur morale ; c’est faire de l’absolutisme éthique que de ne défendre qu’une même valeur. (exemples: démocratie; ONG monothématiques). Le travail politique est de voir le monde tel qu’il est avec beaucoup de valeurs qui se font face.

En d'autres termes, Morgenthau est wébérien : « l'éthique de la conviction (Gesinnungsethik) et l'éthique de la responsabilité (Verantwortungsethik) ne sont pas contradictoires, mais elles se complètent l'une l'autre et constituent ensemble l'homme authentique, c'est-à-dire un homme qui peut prétendre à la vocation politique ».

Références

Notes

  1. Morgenthau, Hans J. Politics among Nations; the Struggle for Power and Peace. New York: Knopf, 1967
  2. Le Savant et le Politique pdf en texte intégral sur le site Les Classiques des sciences sociales (copyright variable selon les pays)
  3. Le savant et le politique (Paris, Plon, 10/18, 2002, préface de R. Aron, p. 123 et s.)