Demande et offre agrégée

De Baripedia

Comme nous avons vu dans le chapitre précédent, les économies fluctuent fortement autour de leur niveau de production de plein emploi. Pendant une récession on aura une baisse de l’activité économique et une sous-utilisation des facteurs de production (y compris du chômage). Pendant un boom ou expansion on aura une sur-utilisation des facteurs de production.

Les économistes se basent sur le modèle de demande et offre agrégées (DA-OA) pour analyser les fluctuations de l'activité économique autour de la tendance de long terme.

Les modèle DA-OA et IS-LM sont intimement liés. En particulier, il peut facilement être montré que la fonction de demande agrégée capture tous les couples (Y, P) garantissant l'équilibre simultané du marché des B&S (courbe IS) et du marché de la monnaie (courbe LM). La principale différence entre ces deux modèles est que le modèle IS-LM considère le niveau général des prix comme étant exogène et il n'est donc pas équipé pour analyser les effets de long terme des politiques macroéconomiques. En revanche, le modèle DA-OA permet de montrer comment le niveau général des prix et le PIB réel sont simultanément déterminés.


Demande agrégée

La demande agrégée

La demande agrégée (DA) indique la quantité de biens et services produits dans l’économie domestique demandée par les consommateurs, les investisseurs, le gouvernement et le reste du monde pour chaque niveau général des prix dans l’ économie (NB.: la dépense totale E du modèle IS-LM met plutôt en évidence le lien entre demande et revenu):

La demande agrégée, tout comme la demande pour un bien, diminue avec le niveau des prix => DA(P) , mais pour des raisons qui sont différentes de celles − propres à la micro-économie.

Une des raisons pour lesquelles la demande d’un bien augmente lorsque le prix diminue est l’effet de substitution avec d’autres biens. Si le prix du café diminue relativement au prix du chocolat (variation du prix relatif), on consomme plus de café par rapport au chocolat (en supposant que le café et le chocolat sont des biens substituables).

Avec la demande agrégée, il n’y a pas d’effet de substitution par définition.

La DA et le niveau général des prix

  1. L’effet fortune (wealth) et la consommation: comme on a vu dans le chapitre 8, lorsque les prix tombent les individus se sentent plus riches, car un 1$ peut acheter plus qu’auparavant (la valeur de la monnaie ↑) → leur consommation augmente → DA augmente.
  2. L’effet sur le taux d’intérêt et l’investissement: comme on a vu dans le chapitre 8, quand les prix ↓ les ménages ont besoin de moins de monnaie pour des raisons de transaction → ils offrent plus de fonds prêtables à parité de r → ceci provoque une baisse du taux d’intérêt d’équilibre et donc une hausse de l’investissement car il devient moins cher d’emprunter pour investir (plus d’investissements deviennent rentables avec un taux d’intérêt plus faible) → DA augmente.
  3. L’effet sur la balance commerciale: si les prix des biens produits localement tombent, la demande pour ces biens augmente par rapport à celle des biens produits dans le RDM → les exportations augmentent et les importations diminuent → DA augmente.

La DA est une fonction inverse des prix.

Déplacements de la DA

Le prix n'est pas le seul facteur qui influence la demande agrégée → chocs exogènes qui peuvent influencer la position de la DA :

  1. Changement dans la volonté à consommer (versus épargner) = propension marginal à consommer (pmc). Ceci peut être provoqué à son tour par une augmentation de l’espérance de vie, par des anticipations de récession ou boom, par une bulle immobilière, par une variation exogène de la richesse des ménages etc.
  2. Changement dans la volonté à investir (anticipations sur le cycle économique)
  3. Changements dans les dépenses publiques
  4. Changements dans la demande nette du reste du monde: une récession à l’étranger va diminuer les exportations nettes domestiques et donc provoquer un déplacement de la DA.

Forme et position de la DA

Intromacro Forme et position de la DA 1.png

Offre de court et de long terme

L’offre agrégée de court et long terme

À long terme la courbe d’offre agrégée (OA) est totalement inélastique, car la quantité produite de biens et services au plein emploi ne dépend pas des prix, mais des quantités disponibles des facteurs de production et des connaissances techniques → L’offre agrégée qui correspond au niveau de production de plein emploi (ou naturel, ou potentiel) ne dépend donc pas des prix et se déplace lorsque l’offre de l’un des facteurs de production change, ou lorsqu’on a un changement dans les connaissances technologiques.

À court terme la courbe d’offre agrégée (OA) est élastique, et la quantité offerte de biens et services augmente ou diminue en fonction du niveau des prix dans l’économie. A cause de frictions dans le système économique à court terme, qui font que le niveau des prix anticipé par les individus n’est pas identique au niveau des prix observé (imperfections du marché), lorsque le niveau des prix observé est plus élevé (bas) que le niveau des prix anticipé, on va produire plus (moins) qu’au niveau de plein emploi.

L'OA et le niveau général des prix

  1. La théorie des salaires rigides (sticky wages): quand les prix baissent, les salaires mettent plus longtemps à s’ajuster (les contrats sont fixés pour des périodes relativement longues). Les producteurs font donc face à des prix plus bas, mais à des coûts aussi élevés qu’avant la chute de prix → ils diminueront le niveau de production et l’emploi → OA baisse.
  2. La théorie des prix rigides (sticky prices): les prix baissent, mais certaines entreprises mettent longtemps à les ajuster (coûts de menu). La demande diminue pour ces entreprises qui n’ajustent pas les prix rapidement, et elles devront donc diminuer les quantités produites et l’emploi → OA baisse.
  3. La théorie des perceptions erronées: les prix baissent, mais certaines entreprises ne se rendent pas compte qu'il s'agit d'une baisse généralisée et pensent que c’est seulement leur prix qui décroît (baisse de prix relatifs), et diminuent donc leur production et leur emploi → OA baisse.

Chaque fois qu'il y a un écart entre le prix observé et le prix anticipé cet écart se traduit de manière plus ou moins forte (selon un paramètre alpha) dans une variation de l'offre par rapport au niveau de production de plein emploi.

Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle Production\ de\ court\ terme\ (Y)\ = Production\ de\ plein\ emploi\ (Y_PE)\ + α [Prix\ observé\ (P) – Prix\ anticipé\ (P^e)]}

L’OA est une fonction directe des prix.

Déplacements de la courbe d’offre de court terme

Chocs qui peuvent influencer la position de l’OA:

A court terme Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle Y = Y_PE + α (P – P^e)} => la fonction d’offre de court terme se déplace pour les mêmes raisons qui provoquent un déplacement de la courbe d’offre de long terme: hausse de la productivité ou de l’offre des facteurs de production (, , , ou ) ou amélioration des connaissances technologiques ().

Mais il existe une raison supplémentaire qui fait déplacer la courbe d’OA à court terme: les variations des anticipations sur les prix provoquent des déplacements de l’offre agrégée de court terme. En particulier, une hausse du prix attendu provoque une ↓ de l’OA de court terme pour tout prix observé (déplacement de la courbe vers la gauche → on anticipe que les coûts de production vont augmenter et on baisse le niveau de production à parité de prix observé).

Forme et déplacement de l’OA

Intromacro Forme et déplacement de OA 1.png
Intromacro Forme et déplacement de OA 2.png

Fluctuations de court terme

Equilibre

Déplacement de la DA

Déplacement de l’OA

Quel modèle pour le taux d’intérêt ?

Court vs long terme

Rappel des différences principales qu'il existe entre les approches de long terme et de court terme en macroéconomie.

Trois variables macroéconomiques centrales pour comprendre cette distinction :

  • la production de biens et service ;
  • le taux d'intérêt réel ;
  • le niveau général des prix.

À long terme

  1. La production est déterminée par l'offre de capital et de travail ainsi que par la technologie de production disponible afin de transformer ces facteurs en un certain niveau de production (qui est souvent appelé le taux « naturel » de production).
  2. Pour tout niveau de production, le taux d'intérêt réel équilibre l'offre et la demande de fonds prêtables.
  3. Le niveau général des prix équilibre alors l'offre et la demande de monnaie. Les modifications de l'offre de monnaie engendrent des modifications proportionnelles du niveau général des prix.

N.B. Les trois propositions ci-dessus représentent l'essentiel de la théorie économique classique. La majorité des économistes pensent que ces propositions sont adéquates pour décrire le fonctionnement de l'économie dans le long terme.

À court terme

Les propositions du point précédent ne sont plus valides. Ainsi, dans le court terme, il est préférable de penser le fonctionnement de l'économie comme suit :

  1. Le niveau général des prix est fixé à une certaine valeur (déterminée en fonction des anticipations passées) et dans le court terme il ne réagit que faiblement aux changements des conditions économiques.
  2. Pour tout niveau général des prix,le taux d'intérêt s'ajuste afin d'équilibrer l'offre et la demande de monnaie.
  3. Le niveau de production répond aux modifications de la demande agrégée de biens et services, qui est en partie déterminée par le taux d'intérêt réalisant l'équilibre du marché de la monnaie.

Résumé

Les fluctuations économiques sont difficiles à prédire et les économistes utilisent le modèle de demande agrégée (DA) et offre agrégée (OA) pour analyser ces fluctuations dans le court terme.

La demande agrégée a une pente négative dans l’espace (quantité, niveau général des prix) due à un effet “fortune”, un effet sur le taux d’intérêt et un effet sur la balance commerciale.

Tout choc qui affecte la consommation, l’investissement, les dépenses publiques et le solde de la balance commerciale va provoquer des mouvements de la fonction de demande.

Dans le long terme l’offre agrégée est verticale, mais dans le court terme elle a une pente positive, dans l’espace (quantité, niveau général des prix)

Il y a 3 explications possibles pour cette pente positive à courte terme: des salaires rigides, des prix rigides, ou des perceptions erronées.

Les déplacements de la courbe d’offre à court terme sont expliqués par les mêmes facteurs que les déplacements de la courbe d’offre à long terme.

Mais il existe une raison supplémentaire: les variations des anticipations sur le niveau de prix vont affecter la position de la courbe d’offre.

Les changements dans la demande et dans l’offre agrégée vont provoquer à court terme des changements dans le niveau d’output et des prix.

Mais à long terme les changements dans la demande agrégée vont provoquer seulement des changements dans le niveau des prix et l’offre agrégée se réajuste et on retourne à l’équilibre initial.

À court terme on peut essayer de corriger l’impact d’une contraction de l’offre agrégée en stimulant la DA (avec une augmentation de la dépense publique par exemple), et ceci va augmenter l’output a court terme, mais va aussi provoquer une augmentation du niveau général de prix plus grande que celle provoquée initialement par la contraction de l’OA.

Références