« Géographie de la richesse et du développement » : différence entre les versions

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== Richesse et PIB ==
== Richesse et PIB ==
Pour mesurer les inégalités, il faut des chiffres. Le premier chiffre disponible est celui du produit intérieur brut. Le PIB est la somme des plus-values produites dans un pays donné pendant un an. L’idée de plus-value complique les choses notamment autour de la question de la redistribution. Cetindicateur ne dit rien de la nationalité des producteurs. Si une entreprise américaine produit en Suisse, on comptabilise dans le PIB Suisse. Ce qui compte dans le PIB est ce qui se passe au sein de l’espace national. C’est une définition très géographique de la production. Au contraire, le produit national brut parle de la somme de la plus-value produite pendant un an par des nationaux. On intègre ce que les suisses produisent sur le territoire et à l’étranger. Le PNB est une notion moins géographique que le PIB.
Le PIB ne mesure pas la richesse, pas la production mais il mesure l’enrichissement. Le PIB parle de l’augmentation de la richesse donc de la croissance. Il y a le stock de la richesse que personne ne mesure jamais et qu’on ne connaît pas. Il y l’augmentation pendant l’année de la richesse qui est le PIB et il y a l’augmentation du PIB qu’on appel la croissance. La croissance c’est l’augmentation de l’augmentation de la richesse. En d’autres termes, la croissance est l’accélération de l’enrichissement. Le patrimoine est ce dont on dispose sur le compte en banque, le PIB est le revenu et lacroissance et l’augmentation du revenu de cette année par rapport à l’année dernière. Parler de croissance zéro ne signifie pas qu’on ne s’enrichie pas, cela veut dire qu’il n’y a pas d’accélération de l’enrichissement. Il y a une corrélation importante entre l’enrichissement et la richesse, entre la richesse d’un pays et son PIB. En revanche, il n’y a pas vraiment de corrélation entre d’un côté la richesse et l’enrichissement et d’un autre côté la croissance. Les pays dont l’enrichissement s’accélère ne sont pas les plus riches. La promesse de compensation et de nivèlement ne se fait pas dans la richesse mais dans la croissance.
Il y a des pays où l’économie souterraine et très importante, et il y a des pays qui où le don contre don est très important. Le PIB est plutôt une bonne estimation pour les pays qui ont peu d’économie souterraine et où l’économie de marché occupe un grande part de leur économie et plutôt unemauvaise estimation pour les pays où il y a beaucoup d’économie souterraine et où le don contre don joue un rôle important. Ce qui importe est le PIB rapporté aux habitants.
Ce qui nous intéresse bien sûr n'est pas seulement le revenu ou la richesse mais aussi ce que ça permet de faire. Comme le coût de la vie extrêmement variable à toutes les échelles, il impact lourdement les revenus. Si le coût de la vie est deux fois plus important dans un endroit B par rapport à un endroit A, il faut mettre en perspective les revenus et le coût de la vie et le niveau de vie. On peut avoir quelqu'un qui vit à Madagascar exactement qui à le même niveau de vie que quelqu'un dans le Massif central ou à Zurich mais à chaque fois, il faut multiplier les salaires pour obtenir la même chose. Il faut essayer de contrôler cette difficulté.
Une première façon de la contrôler et de choisir un indicateur. Un très bon indicateur est celui du Big Mac. Si on traduit un salaire ou un PIB en nombre de McDo, en nombre d'hamburgers, on a une bonne intégration du coût de la vie. En général, on fait les choses sérieusement et a été proposé un indice qui est le PIB par habitant [PPA]. Le PPA est l’acronyme pour « parité de pouvoir d'achat ». On va corriger le PIB par habitant en fonction de ce que ce revenu par habitant permet de faire effectivement. On va le traduire en dollars uniformément et puis en suite en parité de pouvoir d'achat. Si avec 100 euro en France pouvait faire la même chose qu'avec 10 € à Madagascar, on va corriger ainsi les revenus et on va considérer que les 10 € à Madagascar valent autant que les 100 euro en France. Il se trouve que le coût de la vie est très élevé là où les salaires sont élevés. Il y a une très bonne corrélation entre le niveau de salaire et le cout de la vie, à l’inverse, le coût de la vie est très bas là où il y a très peu revenu.
C’est une très bonne corrélation mais ce n'est pas une parfaite corrélation. Si les deux variaient, exactement de la même façon, tout le monde aurait le même niveau de vie partout. Cette idée qu’il y aurait une corrélation positive entre le coût de la vie et les revenus laisse penser que les écarts de PIB qui peuvent avoir l’air très brutaux quand on les mesures sans tenir compte de la parité en achat vont être réduit si on prend en compte la parité de pouvoir d'achat. Le nivellement va sévir : tous les pays pauvres sont des pays où le coût de la vie est faible, en parité de pouvoir d’achat cela va surévaluer les revenus ; en revanche, les pays riches sont des pays où le coût de la vie est élevé et cela va diminuer le revenus en terme de pouvoir d’achat. Effectivement, lorsqu’on passe d’une carte des PIB dans le monde par habitants à une carte de parité des pouvoirs d’achat dans le monde, il y a une réduction des écarts. Donc, les écarts de niveaux de vie sont moins criants en fait que les écarts de PIB parce que le biais du coût de la vie intervenir.
Un deuxième élément est à prendre en compte dans cette effet de réduction des inégalité est que le très certainement le PIB reflète mieux l'économie réelle des pays riches que des pays pauvres. Dans les pays pauvres l'économie hors-marché est souvent importante avec souvent le secteur gris, un secteur noir, une économie souterraine qui ne sont pas pris en compte par le PIB alors que plus souvent dans les pays riches, cette part est plus réduite parce que les gens sont plus vertueux mais aussi parce qu’il va y avoir plus de contrôle. Au-delà d'un de ces marchés souterrains qui ne sont pas pris en compte par le PIB, il y a le fait que dans les pays riches, la part du marché est plus importante que dans les pays pauvres. Dans les pays pauvres, les systèmes d'entraides et les systèmes d'autoconsommation sont plus importants et évidemment cela n’apparaît pas dans le PIB. Les réseaux d'entraide, les réseaux familiaux et les réseaux claniques d’entraide sont aussi très importants. Il a beaucoup, par exemple, de prêts qui vont se faire par des systèmes claniques qui ne vont pas se faire par les banques et qui donc ne sont pas comptabilisés dans le PIB. Ceci va donc aussi compenser les inégalités entre pays riches et pays mesurés avec le PIB puisque cette mesure du PIB est une très grosse part l'économie dans les pays riches mais une part assez réduite dans les pays pauvres. C’est une conclusion assez optimiste qui est que les inégalités en termes de PIB par habitant qui semblent criantes sont en fait moins importantes qu’on ne le croit si on tient compte des corrections de la PPP et si on tient compte de l'importance de l'économie souterraine et l'autoconsommation et des circuits d’entraide.
À la fin des années 1980, on commence à s'inquiéter de l'omniprésence et de l'importance qu’a acquis l’indicateur du PIB par habitant. Pour une part en fonction des points que nous avons évoqués mais aussi parce que on lui fait jouer un rôle qui devrait être le sien, le PIB, ''stricto sensus'', n’est qu’un indicateur économique et ce n'est pas l’unique indicateur économique. Pourquoi se sert-on du PIB par habitant ? Est-ce que c'est pour mesurer l'économie des pays ? « Oui » bien sûr, la comparer, mesure de la croissance, « oui » bien sûre. Derrière, il y a autre chose avec l'idée que l’on voudrait obtenir un indicateur qui permette de mesurer la réussite des sociétés, l'amélioration des situations, le progrès et le développement. On va ranger les pays par ordre de PIB par habitant, par ordre croissant et décroissant. Évidemment, faire jouer ce rôle à un indicateur économique qui n’est que un indicateur économique est insuffisant. C'est insuffisant parce que pour mesurer la réussite d’une société où l'amélioration d’une situation, on est d'accord pour dire que la mesure de l'économie sur le profit de plus-value des revenus est insuffisant. On pourrait dire que ces éléments sont variables dans laquelle on parle. Certaines cultures vont accorder par exemple une plus grande importance à la dimension du religieux, à la métaphysique ou encore au spirituelle. Le but dans ces cas est d'obtenir des critères qui sont universels reconnus par tous. Il est sûr que le PIB par habitant est un critère reconnu par tous. Toutes choses égales par ailleurs, il vaut mieux être riche que pauvre. On est tous d'accord pour dire que toutes choses égales par ailleurs, il vaut mieux être en bonne santé que malade.


== D’autres indicateurs ? ==
== D’autres indicateurs ? ==
Un troisième élément qu'on va prendre en compte est la scolarité. Toutes choses égales par ailleurs, une société réussie mieux si elle a bon niveau de formation, c’est-à-dire si elle a une part importante de sa population qui a des diplômes de bon niveau. La santé, l'éducation et les revenus vont être intégrés dans un indice qu’on va appeler l’IDH qui est l'indice de développement humain.
Le tiers de l'indice est constitué par le PIB et plus exactement par le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat ce qui corrige déjà la dimension des mesures du revenu pour mesurer le niveau de vie. Le deuxième facteur démographique est la santé, l'indicateur à savoir, l'espérance de vie à la naissance. Toute chose égale par ailleurs, il est mieux un pays où l'espérance de vie à la naissance est élevée. L'espérance de vie à la naissance à un sens très intuitif qui est combien de temps on peut espérer vivre. En moyenne, une espérance vie de 80 ans veut dire qu’en moyenne on va vivre 80 ans dans une société. En fait c'était, c'est ainsi plus abstrait qu’il n'y paraît. On le calcule en reprenant les taux de mortalité de chaque classe d'âge aujourd'hui. Cela revient à appliquer aux générations futures les taux de mortalités d’aujourd'hui. Le critère « éducation » est le degré d'éducation moyen. Chacun des critères compte un tiers : économie, santé, éducation.
Si on prend les trois, c'est qu’ils ne sont pas parfaitement corrélés. Si les trois variaient de la même façon ça n'a aurait aucun sens de sans servir. Si le PIB augmente, très souvent le niveau d’espérance de vie augmente et puis l'éducation augmente mais avec des petites variantes.
Le terme de « développement » veut dire que si on considère qu'une société est développée, cette société a un PIB par habitant élevé, une espérance de vie et un niveau d'éducation élevé. Si on appel cela le « développement humain », il faut apprécier que cet indice est composite et qu’il n'a plus aucun sens intuitif. Qu'est-ce qu'il mesure au fond ? On ne sait pas trop. On va remplacer les classements fait dans le monde dans le pays avec le PIB par habitant avec le classement d’IDH. Il y a des exemples de pays avec qui, quand on passe du PIB à l’IDH, vont perdre des places ou en gagner. Un pays qui monte dans la hiérarchie, qui gagne des places, quand on passe du PIB à l’IDH, cela veut dire que la société est trop développé pour sa richesse, ou pour le dire autrement, cette société sait très bien utiliser son revenus pour se développer. C’est un pays qui transforme très bien sa richesse en développement. Un pays qui descend dans le classement quand on passe du PIB à l’IDH, cela veut dire que le fait de prendre en compte l'éducation et la santé le plombe. Pour poser les choses autrement. Cela veut dire qu'il parvient mal à transformer sa richesse en développement.
Des pays ont un PIB différent mais un IDH comparable : l'Espagne et Singapour. L’IDH est quasiment le même soit 0,89 qui est un très bon IDH alors que le PIB de l'Espagne et de 16000 et le PIB de Singapour de 28000. Il y a une grosse différence dans le PIB car à Singapour, le PIB est quasiment deux fois supérieur à l'Espagne. Singapour est deux fois plus riche. Pourtant Singapour et l’Espagne ont le même IDH. Cela veut dire évidemment que les scores pour l'Espagne pour l'espérance de vie et pour l’éducation sont très bons et que toute chose égale par ailleurs, à Singapour, ils sont médiocres. Autrement dit, l'Espagne arrive très bien à transformer sa relativement maigre richesse en développement et que Singapour a des richesses mais cela ne se traduit pas vraiment par quelque chose qui soit du même niveau dans l'espérance de vie ou l'éducation. Un autre exemple est celui de la Géorgie et la Turquie qui ont un même IDH de l'ordre de 0,73 alors que on est à 2000 pour le PIB par habitant en Géorgie et à 6300 pour le PIB par habitant en Turquie. C'est-à-dire qu’avec trois fois moins de richesses, la Géorgie a le même niveau de développement que la Turquie. Donc, la Turquie utilise très mal ses revenus en termes de développement humain.
La porte était ouverte avec l’IDH à la prise en compte de facteurs non-économiques. Des économistes et des économètres ont suggérés que des choses manquaient dans l’IDH. À été proposé par exemple un indice qui est l’IDG qui est l'indice de développement humain genré intégrant une quatrième facteur qui est les inégalités hommes et femmes. On peut imaginer que, toutes choses égales par ailleurs, qu’une société où les hommes et les femmes sont égaux est mieux. Pas tous les pays du monde signeraient cette idée que cela mieux. Évidemment, c’est un indice qui a été imposé par les pays occidentaux.
Un deuxième élément est la question du seuil de pauvreté. L’IDH, l’IDG et le PIB sont des moyennes. Lorsqu’on dit qu'on a par exemple un PIB de 14000 $ par habitant et par an, cela veut dire que le revenu disponible en moyenne pour chaque habitant est de 14000 $. Il est possible de se retrouver dans une situation où absolument personne ne gagne 14000 $, ni d'ailleurs une somme comprise entre 10000$ et 16000$. Cette moyenne de 14000$ renverrait en fait à réalité qu’une part importante de la population est pauvre, donc gagne 5000$ par an et une part de la population serait très riche et qui gagnerait 100000$ par an. Cela peut très bien ne correspondre à aucune réalité dans la vie du pays en question. On peut imaginer ainsi deux configurations :
*une configuration pour un pays où le PIB habitant est de 20000$ et tout le monde gagne 20000$.
*une configuration où le pays a le même PIB de 20000$ par habitant et par an mais où cette moyenne cache de profondes disparités entre une grande partie des populations soit 90 % qui gagne 5000 $ par habitant et par an et une petite part de la population soit 10 % qui gagne entre 40000$ et 50000$ par habitant et par an. On est tous d'accord pour dire que la deuxième société est moins réussie, moins bien et moins développée que la première.
Une façon de prendre en compte cette question des inégalités et la pauvreté est d'intégrer dans l’IDH le nombre de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Moins il y a de personnes qui vivent en dessous du seuil pauvreté et plus la société est développée. Il est compliqué d'essayer de définir ce seuil de pauvreté parce que cela dépend de la parité de pouvoir d'achat et la PPA est une donnée relative. Dire que la pauvreté ou la richesse et quand on compare à quelqu'un. Le seuil de pauvreté en dollars par jour ne va pas être le même dans tous les pays.
On commence à proposer des « PIB verts » dans les années 1990 qui sont des PIB environnementaux. Ces PIB environnementaux partent du principe que ce n’est pas parce que le PIB augmente que c'est nécessairement une bonne chose. Par exemple, il y a un boum de l'industrie de la cigarette qui produit de la croissance. Est-ce qu'on doit se réjouir de l'accroissement du PIB qui est lié au développement de l'industrie du tabac. L'accroissement du PIB n’est pas seulement lié à la vente de cigarettes, il est aussi lié au fait qu’il y a plein de gens qui vont développer un cancer, ce qui va nécessiter des hôpitaux, des ambulances, des scanners étant une très bonne chose pour le PIB. Il y a peut être des éléments dans le PIB qui sont moins positifs qu'ils n'en ont l'air parce qu’il faut dépenser de l'argent. L'idée que le tabac coûte quelque chose à la société n’est pas claire parce que si on prend en compte les dépenses de santé évitées ainsi que les retraites cela fait de l’argent économisé. Néanmoins, cette façon de raisonner pose des problèmes. Au-delà de la question du jugement ou de la question morale, on pourrait dire que tout ce que la société va dépenser pour soigner les gens qui ont fumés, tous ces gens qui ont des bronchites chroniques, qui vont prendre congés et ne vont pas produire est un coût.
Une activité de dépenses défensives est en quelque sorte le coût d’externaliser une production. Il faut prendre en compte ces coûts. Des propositions ont été faites pour retirer toutes les dépenses défensives du PIB. Il est très compliqué pour se mettre d'accord sur ce qu’est une dépenses défensive. Un deuxième problème avec les ressources naturelles est qu’il faudrait comptabiliser dans l'exploitation des ressources naturelles et spécialement les ressources naturelles non-renouvelables le coût. Ce n’est pas seulement parce que dans l’avenir il n’y en aura plus mais c'est aussi tout ce qu’il va falloir payer et investir pour trouver par exemple des matériaux de substitution et des énergies de substitution. Par exemple, le fait qu'on exploite le pétrole à des très hauts niveaux est ce qui nous oblige à investir dans l’énergie solaire ou encore dans la biomasse. C’est en quelque sorte une dépense défensive car un pays qui épuise ses ressources naturelles augmente son PIB bien que cela ne soit pas comptabilisé positivement. Un pays développé est un pays qui puise le moins possible dans ses ressources naturelles renouvelables. Toutes choses égales par ailleurs, il vaut mieux ne pas trop toucher et pas trop vite à ses ressources renouvelables. Or, le PIB dit le contraire : plus on va épuiser rapidement la richesse et plus le PIB est élevé. On propose de réussir à défalquer du PIB le coût de l'épuisement futur des ressources naturelles et spécialement des ressources non-renouvelable.
Pour les ressources renouvelables, cela est encore plus compliqué. Quel est le coût de l'extinction d’une espèce ? À-t-on idée des potentialités d'avenir de cette espèce ? On n’est pas en mesure de les évaluer mais elles sont en principe quasiment infinies et potentielles. Sur cette base, on a construit l’IBED qui est l'indice de bien-être durable. « Durable » renvoyant à la question de la durabilité mise en avant par le rapport Brundtland qui est qu’une société qui assure la satisfaction de ses membres sans hypothéquer celle des générations futures. L’IBED est compliqué et est aussi très contrintuitif. Le PIB qui comporte l'espérance de vie, le niveau d'éducation moins les dépenses productives moins la destruction des ressources commence à être très abstrait.
L’empreinte écologique en revanche est un indice intéressant. Il a une signification qui est très claire et intuitive. L'empreinte écologique d'une population donnée ou d’une ville par exemple est les mètres carrés qui sont nécessaires pour assurer la satisfaction de ses besoins. L'empreinte écologique de Genève est la surface dont Genève a besoin pour assurer sa consommation. Combien il faut de mètres carrés pour nous fournir en énergie et en aliments, en eau, en endroit où on met nos déchets avec l’idée que la société idéale est une société où son empreinte écologique ne dépasse son territoire. On commence à avoir un souci lorsque l’empreinte écologique d’une population dépasse le nombre de mètres carrés sur lequel elle se trouve. Or, nos besoins augmentant plus vite que nos techniques, l’emprunte écologique à doublé en 40 ans. Cela veut dire qu’on a besoin de plus en plus de surface pour assurer nos besoins.
On a pensé également à des PIB sociaux qui prennent en compte des critères sociaux. A été produit ainsi l'indice de bien-être économique qui va comporter quatre dimensions :
*la consommation courante ;
*l'accumulation des stocks : de tous les critères pris en compte jusqu'à présent aucun ne mesure la richesse mais prend en compte le patrimoine.
*les inégalités ;
*la sécurité économique, c'est-à-dire l'assurance que les acteurs de l'économie ont à propos de leur avenir comme par exemple le risque de chômage.
Ces tentatives sont louables car elles font réfléchir sur qu'est-ce que cela produit, comment l'économie participe et à quel titre et à quel point. Il y a des choses qui nous manquent encore. On peut penser à l’indice de la solitude. Toutes choses égales par ailleurs, est mieux une société où les gens ne sont pas seuls. Il est possible de fabriquer des indices qui mesurent le nombre de nos amis, les gens sur qui on peut compter. Ce n’est pas seulement important en terme de psychologie ou de confort affectif, cela relève aussi en partie de la sécurité économique. Avec des sociétés où de nombreuses personnes souffrent d'isolement, il y aurait quelque chose de raté dans leur développement. On peut aussi parler de la spiritualité. Il serait mieux d'avoir une vie spirituelle, une vie intellectuelle, une vie artistique plutôt que d'être plongé dans le plus vil matérialisme. On peut aller jusqu’à mesurer le bonheur et se dire que ce par quoi il faudrait remplacer la carte du PIB est une carte du bonheur.
Cette carte est la carte du bonheur à l'échelle mondiale. Tout le problème est de savoir comment mesurer le bonheur. Le bonheur est subjectif, il n'y a pas de différence entre être heureux et avoir le sentiment d'être heureux. Le bonheur est quelque chose que l'on ressent. Sur une base auto-déclarative, on nage dans le bonheur en Amérique du Nord, aux États-Unis et au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande, en Colombie, en Suède, en Norvège, également en Mongolie. Cela pose des problèmes de standardisation.
Les pays où le taux de suicide par habitant est le plus élevé sont dans les pays où les gens sont le plus heureux. On pourrait penser objectivement que ce n’est pas vraiment un signe de bonheur. Être « riche » ou « pauvre » est une comparaison au contraire d’être heureux. Et si le suicide était à un luxe destiné aux riches. Le suicide serait un luxe bourgeois. Les gens qui sont empêtrés dans les difficultés de la vie ont peut être moins d’angoisse métaphysique, moins d'ennuis et moins de dépression. On observe que là où on se suicide, c'est là où il y a la richesse. L’idée de la déclaration est peut être une bonne solution mais avec énormément de biais puisque chacun devrait dire la même chose. Le PIB reste le chiffre le plus fiable et celui qui se prête le mieux à des comparaisons même si il est insatisfaisant.


= Des inégalités majeures =
= Des inégalités majeures =

Version du 21 février 2015 à 11:42

Le premier mystère qu’on a expliqué est celui de l’inégale répartition de la richesse. Il y a plein de mots pour le dire qui sont en général euphémisés. On va parler volontiers d’inégalité de développement, on va opposer les pays du nord et les pays du sud ou on va encore parler de croissance. Il faut rappeler la brutalité des faits qui est la question de la pauvreté et de la richesse : il y a des pays pauvres et des pays riches. C’est un phénomène massif qu’on ne parvient pas à expliquer. Au fond, on ne dispose pas aujourd’hui d’une théorie vraiment satisfaisante qui explique pourquoi on a des pays riches et des pays pauvres et qui expliquerait pourquoi il y a des pays riches et pourquoi il y a des pays pauvres. Il faudrait essayer de dénaturaliser cette représentation et de se dire que c’est une chose très bizarre et tellement bizarre qu’on ne parvient pas à l’expliquer. D’un côté, on l’accepte comme allant de soi et de l’autre côté on ne parvient pas à l’expliquer et à la théoriser. Ce qu’on a du mal à comprendre est l’inégale répartition des richesses dans l’espace. Non seulement c’est incompréhensible et c’est aussi scandaleux parce que la question de la justice spatiale est une question de justice sociale. Les gens ne sont pas mobiles et nés quelque part ce qui veut que si il y a une inégale répartition des richesses, on est condamné à la pauvreté. Cette « malédiction » est liée au fait que les espaces sont inégalement riches. C’est quelque chose de bizarre, massif, qu’on ne parvient pas à expliquer et scandaleux. On est tellement habitué que cette injustice criante et ce mystère fait qu’on ne le voit plus en faisant une question centrale en géographie.

Sur le plan théorique, la persistance des inégalités, malgré la mondialisation, hypothèque la théorie de Ricardo et la théorie de l’avantage comparatif. Si il y a bien de la mondialisation, si de plus en plus de pays ouvrent de plus en plus de secteurs à l’économie alors de plus en plus de pays devraient s’enrichir. La question soulevée est quel est le rapport entre les inégalités spatiales et la mondialisation ? Est-ce que comme le prédit Ricardo la mondialisation se produit par un enrichissement de tous se traduisant par une diminution des inégalités et si ce n’est pas le cas pourquoi ? Réfléchir sur l’inégale répartition des richesses est s’interroger sur l‘évolution récente des inégalités pour voir quel impact la mondialisation a eu.

Ambiguïtés des notions de richesse et de développement

On trouve beaucoup de termes pour parler des inégalités dans l’espace. On parle de pays pauvre, de pays riche ou à d’autres échelles qui sous-entendent un certain nombre d’éléments. Pourtant c’est un abus de langage parce qu’une ville, un pays ou une région de possède rien, seul les habitants possèdent quelque chose. Un espace n’est jamais riche et n’est jamais pauvre, en revanche, dans un espace, il y a des gens qui sont riches et des gens qui sont pauvres. La richesse de quelqu’un n’est pas forcement à l’endroit où il vie. Il peut y avoir une disjonction entre le lieu de la richesse et le lieu de la personne qui possède la richesse. Il est important de faire la différence qu’il ne faut pas parler de la richesse des espaces mais des gens qui y habitent. Si on raisonne en terme d’espace, un territoire ne possède rien mais ses habitants possèdent. Néanmoins, il faut différencier les habitants entre eux. La question de l’inégalité de niveau de vie entre les habitants est importante.

Richesse et PIB

Pour mesurer les inégalités, il faut des chiffres. Le premier chiffre disponible est celui du produit intérieur brut. Le PIB est la somme des plus-values produites dans un pays donné pendant un an. L’idée de plus-value complique les choses notamment autour de la question de la redistribution. Cetindicateur ne dit rien de la nationalité des producteurs. Si une entreprise américaine produit en Suisse, on comptabilise dans le PIB Suisse. Ce qui compte dans le PIB est ce qui se passe au sein de l’espace national. C’est une définition très géographique de la production. Au contraire, le produit national brut parle de la somme de la plus-value produite pendant un an par des nationaux. On intègre ce que les suisses produisent sur le territoire et à l’étranger. Le PNB est une notion moins géographique que le PIB.

Le PIB ne mesure pas la richesse, pas la production mais il mesure l’enrichissement. Le PIB parle de l’augmentation de la richesse donc de la croissance. Il y a le stock de la richesse que personne ne mesure jamais et qu’on ne connaît pas. Il y l’augmentation pendant l’année de la richesse qui est le PIB et il y a l’augmentation du PIB qu’on appel la croissance. La croissance c’est l’augmentation de l’augmentation de la richesse. En d’autres termes, la croissance est l’accélération de l’enrichissement. Le patrimoine est ce dont on dispose sur le compte en banque, le PIB est le revenu et lacroissance et l’augmentation du revenu de cette année par rapport à l’année dernière. Parler de croissance zéro ne signifie pas qu’on ne s’enrichie pas, cela veut dire qu’il n’y a pas d’accélération de l’enrichissement. Il y a une corrélation importante entre l’enrichissement et la richesse, entre la richesse d’un pays et son PIB. En revanche, il n’y a pas vraiment de corrélation entre d’un côté la richesse et l’enrichissement et d’un autre côté la croissance. Les pays dont l’enrichissement s’accélère ne sont pas les plus riches. La promesse de compensation et de nivèlement ne se fait pas dans la richesse mais dans la croissance.

Il y a des pays où l’économie souterraine et très importante, et il y a des pays qui où le don contre don est très important. Le PIB est plutôt une bonne estimation pour les pays qui ont peu d’économie souterraine et où l’économie de marché occupe un grande part de leur économie et plutôt unemauvaise estimation pour les pays où il y a beaucoup d’économie souterraine et où le don contre don joue un rôle important. Ce qui importe est le PIB rapporté aux habitants.

Ce qui nous intéresse bien sûr n'est pas seulement le revenu ou la richesse mais aussi ce que ça permet de faire. Comme le coût de la vie extrêmement variable à toutes les échelles, il impact lourdement les revenus. Si le coût de la vie est deux fois plus important dans un endroit B par rapport à un endroit A, il faut mettre en perspective les revenus et le coût de la vie et le niveau de vie. On peut avoir quelqu'un qui vit à Madagascar exactement qui à le même niveau de vie que quelqu'un dans le Massif central ou à Zurich mais à chaque fois, il faut multiplier les salaires pour obtenir la même chose. Il faut essayer de contrôler cette difficulté.

Une première façon de la contrôler et de choisir un indicateur. Un très bon indicateur est celui du Big Mac. Si on traduit un salaire ou un PIB en nombre de McDo, en nombre d'hamburgers, on a une bonne intégration du coût de la vie. En général, on fait les choses sérieusement et a été proposé un indice qui est le PIB par habitant [PPA]. Le PPA est l’acronyme pour « parité de pouvoir d'achat ». On va corriger le PIB par habitant en fonction de ce que ce revenu par habitant permet de faire effectivement. On va le traduire en dollars uniformément et puis en suite en parité de pouvoir d'achat. Si avec 100 euro en France pouvait faire la même chose qu'avec 10 € à Madagascar, on va corriger ainsi les revenus et on va considérer que les 10 € à Madagascar valent autant que les 100 euro en France. Il se trouve que le coût de la vie est très élevé là où les salaires sont élevés. Il y a une très bonne corrélation entre le niveau de salaire et le cout de la vie, à l’inverse, le coût de la vie est très bas là où il y a très peu revenu.

C’est une très bonne corrélation mais ce n'est pas une parfaite corrélation. Si les deux variaient, exactement de la même façon, tout le monde aurait le même niveau de vie partout. Cette idée qu’il y aurait une corrélation positive entre le coût de la vie et les revenus laisse penser que les écarts de PIB qui peuvent avoir l’air très brutaux quand on les mesures sans tenir compte de la parité en achat vont être réduit si on prend en compte la parité de pouvoir d'achat. Le nivellement va sévir : tous les pays pauvres sont des pays où le coût de la vie est faible, en parité de pouvoir d’achat cela va surévaluer les revenus ; en revanche, les pays riches sont des pays où le coût de la vie est élevé et cela va diminuer le revenus en terme de pouvoir d’achat. Effectivement, lorsqu’on passe d’une carte des PIB dans le monde par habitants à une carte de parité des pouvoirs d’achat dans le monde, il y a une réduction des écarts. Donc, les écarts de niveaux de vie sont moins criants en fait que les écarts de PIB parce que le biais du coût de la vie intervenir.

Un deuxième élément est à prendre en compte dans cette effet de réduction des inégalité est que le très certainement le PIB reflète mieux l'économie réelle des pays riches que des pays pauvres. Dans les pays pauvres l'économie hors-marché est souvent importante avec souvent le secteur gris, un secteur noir, une économie souterraine qui ne sont pas pris en compte par le PIB alors que plus souvent dans les pays riches, cette part est plus réduite parce que les gens sont plus vertueux mais aussi parce qu’il va y avoir plus de contrôle. Au-delà d'un de ces marchés souterrains qui ne sont pas pris en compte par le PIB, il y a le fait que dans les pays riches, la part du marché est plus importante que dans les pays pauvres. Dans les pays pauvres, les systèmes d'entraides et les systèmes d'autoconsommation sont plus importants et évidemment cela n’apparaît pas dans le PIB. Les réseaux d'entraide, les réseaux familiaux et les réseaux claniques d’entraide sont aussi très importants. Il a beaucoup, par exemple, de prêts qui vont se faire par des systèmes claniques qui ne vont pas se faire par les banques et qui donc ne sont pas comptabilisés dans le PIB. Ceci va donc aussi compenser les inégalités entre pays riches et pays mesurés avec le PIB puisque cette mesure du PIB est une très grosse part l'économie dans les pays riches mais une part assez réduite dans les pays pauvres. C’est une conclusion assez optimiste qui est que les inégalités en termes de PIB par habitant qui semblent criantes sont en fait moins importantes qu’on ne le croit si on tient compte des corrections de la PPP et si on tient compte de l'importance de l'économie souterraine et l'autoconsommation et des circuits d’entraide.

À la fin des années 1980, on commence à s'inquiéter de l'omniprésence et de l'importance qu’a acquis l’indicateur du PIB par habitant. Pour une part en fonction des points que nous avons évoqués mais aussi parce que on lui fait jouer un rôle qui devrait être le sien, le PIB, stricto sensus, n’est qu’un indicateur économique et ce n'est pas l’unique indicateur économique. Pourquoi se sert-on du PIB par habitant ? Est-ce que c'est pour mesurer l'économie des pays ? « Oui » bien sûr, la comparer, mesure de la croissance, « oui » bien sûre. Derrière, il y a autre chose avec l'idée que l’on voudrait obtenir un indicateur qui permette de mesurer la réussite des sociétés, l'amélioration des situations, le progrès et le développement. On va ranger les pays par ordre de PIB par habitant, par ordre croissant et décroissant. Évidemment, faire jouer ce rôle à un indicateur économique qui n’est que un indicateur économique est insuffisant. C'est insuffisant parce que pour mesurer la réussite d’une société où l'amélioration d’une situation, on est d'accord pour dire que la mesure de l'économie sur le profit de plus-value des revenus est insuffisant. On pourrait dire que ces éléments sont variables dans laquelle on parle. Certaines cultures vont accorder par exemple une plus grande importance à la dimension du religieux, à la métaphysique ou encore au spirituelle. Le but dans ces cas est d'obtenir des critères qui sont universels reconnus par tous. Il est sûr que le PIB par habitant est un critère reconnu par tous. Toutes choses égales par ailleurs, il vaut mieux être riche que pauvre. On est tous d'accord pour dire que toutes choses égales par ailleurs, il vaut mieux être en bonne santé que malade.

D’autres indicateurs ?

Un troisième élément qu'on va prendre en compte est la scolarité. Toutes choses égales par ailleurs, une société réussie mieux si elle a bon niveau de formation, c’est-à-dire si elle a une part importante de sa population qui a des diplômes de bon niveau. La santé, l'éducation et les revenus vont être intégrés dans un indice qu’on va appeler l’IDH qui est l'indice de développement humain.

Le tiers de l'indice est constitué par le PIB et plus exactement par le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat ce qui corrige déjà la dimension des mesures du revenu pour mesurer le niveau de vie. Le deuxième facteur démographique est la santé, l'indicateur à savoir, l'espérance de vie à la naissance. Toute chose égale par ailleurs, il est mieux un pays où l'espérance de vie à la naissance est élevée. L'espérance de vie à la naissance à un sens très intuitif qui est combien de temps on peut espérer vivre. En moyenne, une espérance vie de 80 ans veut dire qu’en moyenne on va vivre 80 ans dans une société. En fait c'était, c'est ainsi plus abstrait qu’il n'y paraît. On le calcule en reprenant les taux de mortalité de chaque classe d'âge aujourd'hui. Cela revient à appliquer aux générations futures les taux de mortalités d’aujourd'hui. Le critère « éducation » est le degré d'éducation moyen. Chacun des critères compte un tiers : économie, santé, éducation.

Si on prend les trois, c'est qu’ils ne sont pas parfaitement corrélés. Si les trois variaient de la même façon ça n'a aurait aucun sens de sans servir. Si le PIB augmente, très souvent le niveau d’espérance de vie augmente et puis l'éducation augmente mais avec des petites variantes.

Le terme de « développement » veut dire que si on considère qu'une société est développée, cette société a un PIB par habitant élevé, une espérance de vie et un niveau d'éducation élevé. Si on appel cela le « développement humain », il faut apprécier que cet indice est composite et qu’il n'a plus aucun sens intuitif. Qu'est-ce qu'il mesure au fond ? On ne sait pas trop. On va remplacer les classements fait dans le monde dans le pays avec le PIB par habitant avec le classement d’IDH. Il y a des exemples de pays avec qui, quand on passe du PIB à l’IDH, vont perdre des places ou en gagner. Un pays qui monte dans la hiérarchie, qui gagne des places, quand on passe du PIB à l’IDH, cela veut dire que la société est trop développé pour sa richesse, ou pour le dire autrement, cette société sait très bien utiliser son revenus pour se développer. C’est un pays qui transforme très bien sa richesse en développement. Un pays qui descend dans le classement quand on passe du PIB à l’IDH, cela veut dire que le fait de prendre en compte l'éducation et la santé le plombe. Pour poser les choses autrement. Cela veut dire qu'il parvient mal à transformer sa richesse en développement.

Des pays ont un PIB différent mais un IDH comparable : l'Espagne et Singapour. L’IDH est quasiment le même soit 0,89 qui est un très bon IDH alors que le PIB de l'Espagne et de 16000 et le PIB de Singapour de 28000. Il y a une grosse différence dans le PIB car à Singapour, le PIB est quasiment deux fois supérieur à l'Espagne. Singapour est deux fois plus riche. Pourtant Singapour et l’Espagne ont le même IDH. Cela veut dire évidemment que les scores pour l'Espagne pour l'espérance de vie et pour l’éducation sont très bons et que toute chose égale par ailleurs, à Singapour, ils sont médiocres. Autrement dit, l'Espagne arrive très bien à transformer sa relativement maigre richesse en développement et que Singapour a des richesses mais cela ne se traduit pas vraiment par quelque chose qui soit du même niveau dans l'espérance de vie ou l'éducation. Un autre exemple est celui de la Géorgie et la Turquie qui ont un même IDH de l'ordre de 0,73 alors que on est à 2000 pour le PIB par habitant en Géorgie et à 6300 pour le PIB par habitant en Turquie. C'est-à-dire qu’avec trois fois moins de richesses, la Géorgie a le même niveau de développement que la Turquie. Donc, la Turquie utilise très mal ses revenus en termes de développement humain.

La porte était ouverte avec l’IDH à la prise en compte de facteurs non-économiques. Des économistes et des économètres ont suggérés que des choses manquaient dans l’IDH. À été proposé par exemple un indice qui est l’IDG qui est l'indice de développement humain genré intégrant une quatrième facteur qui est les inégalités hommes et femmes. On peut imaginer que, toutes choses égales par ailleurs, qu’une société où les hommes et les femmes sont égaux est mieux. Pas tous les pays du monde signeraient cette idée que cela mieux. Évidemment, c’est un indice qui a été imposé par les pays occidentaux.

Un deuxième élément est la question du seuil de pauvreté. L’IDH, l’IDG et le PIB sont des moyennes. Lorsqu’on dit qu'on a par exemple un PIB de 14000 $ par habitant et par an, cela veut dire que le revenu disponible en moyenne pour chaque habitant est de 14000 $. Il est possible de se retrouver dans une situation où absolument personne ne gagne 14000 $, ni d'ailleurs une somme comprise entre 10000$ et 16000$. Cette moyenne de 14000$ renverrait en fait à réalité qu’une part importante de la population est pauvre, donc gagne 5000$ par an et une part de la population serait très riche et qui gagnerait 100000$ par an. Cela peut très bien ne correspondre à aucune réalité dans la vie du pays en question. On peut imaginer ainsi deux configurations :

  • une configuration pour un pays où le PIB habitant est de 20000$ et tout le monde gagne 20000$.
  • une configuration où le pays a le même PIB de 20000$ par habitant et par an mais où cette moyenne cache de profondes disparités entre une grande partie des populations soit 90 % qui gagne 5000 $ par habitant et par an et une petite part de la population soit 10 % qui gagne entre 40000$ et 50000$ par habitant et par an. On est tous d'accord pour dire que la deuxième société est moins réussie, moins bien et moins développée que la première.

Une façon de prendre en compte cette question des inégalités et la pauvreté est d'intégrer dans l’IDH le nombre de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Moins il y a de personnes qui vivent en dessous du seuil pauvreté et plus la société est développée. Il est compliqué d'essayer de définir ce seuil de pauvreté parce que cela dépend de la parité de pouvoir d'achat et la PPA est une donnée relative. Dire que la pauvreté ou la richesse et quand on compare à quelqu'un. Le seuil de pauvreté en dollars par jour ne va pas être le même dans tous les pays.

On commence à proposer des « PIB verts » dans les années 1990 qui sont des PIB environnementaux. Ces PIB environnementaux partent du principe que ce n’est pas parce que le PIB augmente que c'est nécessairement une bonne chose. Par exemple, il y a un boum de l'industrie de la cigarette qui produit de la croissance. Est-ce qu'on doit se réjouir de l'accroissement du PIB qui est lié au développement de l'industrie du tabac. L'accroissement du PIB n’est pas seulement lié à la vente de cigarettes, il est aussi lié au fait qu’il y a plein de gens qui vont développer un cancer, ce qui va nécessiter des hôpitaux, des ambulances, des scanners étant une très bonne chose pour le PIB. Il y a peut être des éléments dans le PIB qui sont moins positifs qu'ils n'en ont l'air parce qu’il faut dépenser de l'argent. L'idée que le tabac coûte quelque chose à la société n’est pas claire parce que si on prend en compte les dépenses de santé évitées ainsi que les retraites cela fait de l’argent économisé. Néanmoins, cette façon de raisonner pose des problèmes. Au-delà de la question du jugement ou de la question morale, on pourrait dire que tout ce que la société va dépenser pour soigner les gens qui ont fumés, tous ces gens qui ont des bronchites chroniques, qui vont prendre congés et ne vont pas produire est un coût.

Une activité de dépenses défensives est en quelque sorte le coût d’externaliser une production. Il faut prendre en compte ces coûts. Des propositions ont été faites pour retirer toutes les dépenses défensives du PIB. Il est très compliqué pour se mettre d'accord sur ce qu’est une dépenses défensive. Un deuxième problème avec les ressources naturelles est qu’il faudrait comptabiliser dans l'exploitation des ressources naturelles et spécialement les ressources naturelles non-renouvelables le coût. Ce n’est pas seulement parce que dans l’avenir il n’y en aura plus mais c'est aussi tout ce qu’il va falloir payer et investir pour trouver par exemple des matériaux de substitution et des énergies de substitution. Par exemple, le fait qu'on exploite le pétrole à des très hauts niveaux est ce qui nous oblige à investir dans l’énergie solaire ou encore dans la biomasse. C’est en quelque sorte une dépense défensive car un pays qui épuise ses ressources naturelles augmente son PIB bien que cela ne soit pas comptabilisé positivement. Un pays développé est un pays qui puise le moins possible dans ses ressources naturelles renouvelables. Toutes choses égales par ailleurs, il vaut mieux ne pas trop toucher et pas trop vite à ses ressources renouvelables. Or, le PIB dit le contraire : plus on va épuiser rapidement la richesse et plus le PIB est élevé. On propose de réussir à défalquer du PIB le coût de l'épuisement futur des ressources naturelles et spécialement des ressources non-renouvelable.

Pour les ressources renouvelables, cela est encore plus compliqué. Quel est le coût de l'extinction d’une espèce ? À-t-on idée des potentialités d'avenir de cette espèce ? On n’est pas en mesure de les évaluer mais elles sont en principe quasiment infinies et potentielles. Sur cette base, on a construit l’IBED qui est l'indice de bien-être durable. « Durable » renvoyant à la question de la durabilité mise en avant par le rapport Brundtland qui est qu’une société qui assure la satisfaction de ses membres sans hypothéquer celle des générations futures. L’IBED est compliqué et est aussi très contrintuitif. Le PIB qui comporte l'espérance de vie, le niveau d'éducation moins les dépenses productives moins la destruction des ressources commence à être très abstrait.

L’empreinte écologique en revanche est un indice intéressant. Il a une signification qui est très claire et intuitive. L'empreinte écologique d'une population donnée ou d’une ville par exemple est les mètres carrés qui sont nécessaires pour assurer la satisfaction de ses besoins. L'empreinte écologique de Genève est la surface dont Genève a besoin pour assurer sa consommation. Combien il faut de mètres carrés pour nous fournir en énergie et en aliments, en eau, en endroit où on met nos déchets avec l’idée que la société idéale est une société où son empreinte écologique ne dépasse son territoire. On commence à avoir un souci lorsque l’empreinte écologique d’une population dépasse le nombre de mètres carrés sur lequel elle se trouve. Or, nos besoins augmentant plus vite que nos techniques, l’emprunte écologique à doublé en 40 ans. Cela veut dire qu’on a besoin de plus en plus de surface pour assurer nos besoins.

On a pensé également à des PIB sociaux qui prennent en compte des critères sociaux. A été produit ainsi l'indice de bien-être économique qui va comporter quatre dimensions :

  • la consommation courante ;
  • l'accumulation des stocks : de tous les critères pris en compte jusqu'à présent aucun ne mesure la richesse mais prend en compte le patrimoine.
  • les inégalités ;
  • la sécurité économique, c'est-à-dire l'assurance que les acteurs de l'économie ont à propos de leur avenir comme par exemple le risque de chômage.

Ces tentatives sont louables car elles font réfléchir sur qu'est-ce que cela produit, comment l'économie participe et à quel titre et à quel point. Il y a des choses qui nous manquent encore. On peut penser à l’indice de la solitude. Toutes choses égales par ailleurs, est mieux une société où les gens ne sont pas seuls. Il est possible de fabriquer des indices qui mesurent le nombre de nos amis, les gens sur qui on peut compter. Ce n’est pas seulement important en terme de psychologie ou de confort affectif, cela relève aussi en partie de la sécurité économique. Avec des sociétés où de nombreuses personnes souffrent d'isolement, il y aurait quelque chose de raté dans leur développement. On peut aussi parler de la spiritualité. Il serait mieux d'avoir une vie spirituelle, une vie intellectuelle, une vie artistique plutôt que d'être plongé dans le plus vil matérialisme. On peut aller jusqu’à mesurer le bonheur et se dire que ce par quoi il faudrait remplacer la carte du PIB est une carte du bonheur.

Cette carte est la carte du bonheur à l'échelle mondiale. Tout le problème est de savoir comment mesurer le bonheur. Le bonheur est subjectif, il n'y a pas de différence entre être heureux et avoir le sentiment d'être heureux. Le bonheur est quelque chose que l'on ressent. Sur une base auto-déclarative, on nage dans le bonheur en Amérique du Nord, aux États-Unis et au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande, en Colombie, en Suède, en Norvège, également en Mongolie. Cela pose des problèmes de standardisation.

Les pays où le taux de suicide par habitant est le plus élevé sont dans les pays où les gens sont le plus heureux. On pourrait penser objectivement que ce n’est pas vraiment un signe de bonheur. Être « riche » ou « pauvre » est une comparaison au contraire d’être heureux. Et si le suicide était à un luxe destiné aux riches. Le suicide serait un luxe bourgeois. Les gens qui sont empêtrés dans les difficultés de la vie ont peut être moins d’angoisse métaphysique, moins d'ennuis et moins de dépression. On observe que là où on se suicide, c'est là où il y a la richesse. L’idée de la déclaration est peut être une bonne solution mais avec énormément de biais puisque chacun devrait dire la même chose. Le PIB reste le chiffre le plus fiable et celui qui se prête le mieux à des comparaisons même si il est insatisfaisant.

Des inégalités majeures

Cartes

Les échelles des inégalités

Facteurs explicatifs

Les échanges comme jeu à somme nulle

Les échanges comme jeu à somme positive

Les milieux naturels

La démographie

Culture et institutions

Les scandales du rendement croissant

Mondialisation

Evolution des inégalités

Répartition de l’enrichissement

Géographie des inégalités

À l’échelle nationale

À l’échelle locale

Références


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