« Géographie de la richesse et du développement » : différence entre les versions
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= Des inégalités majeures = | = Des inégalités majeures = | ||
La grande question est la question spatiale afin de savoir si le PIB est également réparti dans l’espace. Des indices statistiques permettent de faire ça en prenant chaque unité spatiale pour calculer l’écart-type ou l’indice de Gini pour calculer l’égalité ou l'inégalité de la répartition d'une variable au sein d'une population. | |||
== Cartes == | == Cartes == | ||
En géographie, on utilise des cartes pour se rendre compte de l'étendue des « dégâts ». Cette carte nous montre le PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat. Apparait quatre catégories de pays, les pays les plus riches entre 24000$ et 60000$ par an, les pays pauvres entre 600$ et 4000$ et puis une catégorie intermédiaire entre 4000$ et 24000$. Il y a des règles statistiques afin de constituer ces classes. Par exemple, on n’a pas fait en sorte d’avoir des classes d'égale amplitude. | |||
La première remarque est les contrastes qui sont majeurs. Ce qui nous importe est de comparer les classes. Il y a un quart des pays où le pays où le PIB par habitant est inférieur à 40000$ et puis un autre quart dans le monde où le PIB par habitant est supérieur à 25000$. C’est un écart de 1 à 5. Il y a des inégalités et elles sont majeures. Autre chose est intéressant. Il y a des effets de regroupement que l’on appel en géographie une autocorrélation spatiale. Un pays donné a un de très grandes chances d'avoir un PIB comparable aux pays voisins. Autrement dit, un pays a de très grandes chances d’avoir la même couleur que ses voisins. Un grand paquet apparaît sur toute l'Afrique qui est très homogènes, en Amérique du Sud, en Amérique du Nord mais aussi en Europe. Il doit y avoir une loi géographique, une règle géographique derrière. Si il n’y en avait pas, on aurait au sein de chaque continent un gai mélange de toutes les couleurs mais ce n’est pas le cas. Qu’est-ce qui fait que tous ces pays se trouvent dans la classe la plus pauvre ou la classe plus riches ? Les contrastes de richesses sont très forts à l’échelle du monde et ils semblent répondre à des règles de distribution. Assez rare sont les lieux où on voit à une frontière un pays très riche qui côtoie un pays très pauvre. | |||
Cette carte suit le principe de l’anamorphose. La taille de chaque entité n'est pas proportionnelle à la superficie de cette entité sur l'espace réel, la superficie de la quantité est relative à une autre variable, en l'occurrence la population. Les pays très peuplés verront leurs superficies représentées en grand et les pays plus pauvres verront leur superficie en petits. Est-ce que les contrastes sont plus forts ou moins fort lorsqu’on passe du PIB à l’IDH. On ne peut pas comparer parce que le PIB passe de 600$ à 60000$ et si les pays plus pauvres s'appauvrissent, les pays plus riches s'enrichissent. Le pays le plus pauvres a un indice de 0,27 et le pays le plus riche a un indice de 0,94 est entre temps, il y a six classes. On ne peut pas dire qu’un pays qui a un indice de 0,4 a un indice de développement humain deux fois meilleur qu’un pays qui a un indice de développement de 0,2. On ne peut pas les comparer. Deux pays contigus ont de grandes chances d’avoir un IDH comparable. Il ne semble pas y avoir de corrélation nette entre la population du pays et sa richesse. On ne peut pas affirmer que les pays très peuplés sont plus riches ou plus pauvres que les pays qui sont peu peuplés. Il y a une grande situation d’inégalité à l’échelle mondiale et des règles de répartition. | |||
Avec cette carte, plus le pays est hypertrophié, plus le PIB par habitant est important. Le contraste avec les deux cartes précédentes est fort. À l'échelle du monde, entre les continents des grands, il y a de grands contrastes richesse. | |||
Cette carte nous indique le PIB par région Europe. On change d’échelle en considérant un continent. À cette échelle, est-ce qu'on observe là encore un phénomène d’autocorrélation spatiale ? Cette carte a été réalisée à partir d’écart à la moyenne. Dans la classe grise, on voit des régions qui sont dans la moyenne européenne. Les pays en gris sont quasiment dans la moyenne alors que les pays en jaune sont un tout petit peu plus au dessus de la moyenne. On constate unécart de 3 à 6 entre la région la plus riche et la région la plus pauvre. Comparé à l’échelle mondiale, cela n’est rien du tout. Autrement dit, les écarts de richesses entre les régions européennes sont 10 fois moindres que les écarts de richesse entre les pays du monde. On est face à un phénomène qui n'est pas un invariant d’échelle. C'est un phénomène économique, social, physique ou climatologique qui lui-même a quelques échelle qu’on l’observe, c’est un fractale. Si on change d'échelle, les inégalités disparaissent. Il y a encore unphénomène d’autocorrélation spatiale avec des régions qui se touchent. Il y a une règle spatiale, ce n’est pas distribué n'importe comment. Il y a une régularité tout comme à l’échelle du monde. | |||
C’est une carte de la France. La carte que la France possède relève 36000 villes. Sur cette carte figure dans les couleurs chaudes les régions riches et puis dans les régions dans les couleurs les plus froides les régions les plus pauvres. Dans l’espace fuchsia, les habitants ont un tiers de revenus en plus que la moyenne française alors que dans la zone verte, cela veut dire qu’en moyenne, les gens sont 30 % plus pauvre que la moyenne nationale. L'écart entre les communes les plus riches et les plus pauvres dans le cadre de l’espace français est de 1 à 2. Il y a un niveau assez fin d’inégalités. Cela n’est pas distribué n'importe comment, il y a aussi à cette échelle des règles d'organisation spatiale. | |||
Que l’on considère le monde, un continent ou un pays, il y a des règles géographiques de répartition de la richesse. En revanche, concernant la pauvreté, plus on regarde un espace de près moins les inégalités sont apparentes. | |||
Cette carte est celle de la moyenne des revenus imposable. En moyenne, le revenu imposable en Suisse est de 68000 francs par habitant, dans les cantons les plus pauvres on est entre 20000 francs et 43000 francs, dans les cantons les plus riches on est entre 96000 francs puis 338000 francs. Les contrastes entre les districts de Suisse sont plus forts que les contrastes entre les communes françaises. Là aussi, il y a une règle géographique car on voit que les régions pauvres sont les montagnes et que les régions riches se trouvent en plaine. | |||
Détroit est un exemple caricatural de ségrégations raciales. Dans le centre-ville de Détroit, il y a entre 80% et 85% de la population alors qu’il n’y en a quasiment pas dans la banlieue. La banlieue est riche blanche avec des emplois et le centre-ville est pauvre, noir et il n’y a pas d’emplois. Quel est le niveau moyen de revenus dans la ville de Détroit ? Moins de 17000$ par habitant et par an. Dans les zones les plus riches de l'agglomération, le niveau moyen est supérieur à 57000$. C’est un écart de 1 à 3. C’est un écart plus important qu’entre les communes françaises mais cela marche aussi pour les villes françaises avec des contrastes de richesses importants. Il y a une rupture dans les échelles puisqu’il y a une inégalité très forte entre les continents, forte entre les pays, faible entre les régions d'un pays et de nouveau forte à l'échelle d’un pays. C'est un modèle centre-périphérie. | |||
Il y a des règles géographiques à toutes les échelles : à toutes les échelles richesses et de pauvretés on a tendance à se regrouper renvoyant au phénomène autocorrélation spatiale. Les inégalités majeures sont à l'échelle du monde entre les continents et à l'échelle locale d'une ville. Le problème de méthode face au problème théorique est que les inégalités qui nous obsèdent sont les inégalités internationales. La question soulevée est pourquoi les inégalités sont plus marquées à certaines échelles qu’à d’autres ? | |||
== Les échelles des inégalités == | == Les échelles des inégalités == | ||
La tâche de la géographie serait à deux niveaux : d'une part expliquer pourquoi ça se passe pas de la même façon à toutes les échelles et ensuiterendre compte des phénomènes d'organisation de l'espace à ces différences échelles. Il y aurait de grandes deux grandes hypothèses : | |||
La première consisterait à dire que ce qui explique les résultats ne sont peut-être pas des processus économiques en tant que tel mais des processus politiques de compensation qui serait l'œuvre. L'idée étant qu’il y aurait dans la nature de la géographie de l'espace le fait d’être marqué par de très forts contrastes de développement et que ceux-ci seraient compensés à certaines échelles mais pas à d'autres. Il est possible d’envisager que si le marché, par exemple, produit des égalités localement, d'autres systèmes peuvent apparaître comme des systèmes de don contre don ou des systèmes de redistribution qui vont pallier les inégalités mises en place par celui-ci. Il y aurait des circulations de richesses qui viendraient par une sorte d'appel du vide changer les inégalités mises en place par l'économie. À titre d'exemple, dans le cadre de la redistribution, il faut qu'il y ait une autorité en imaginant une autorité qui soit impliquée dans le respect de la justice sociale et de la justice spatiale qui voudrait que toutes les parties du territoire qui sont sous sa coupe bénéficient d'une situation égale. On peut imaginer, par exemple, qu’un État tienne à ce que toutes les régions qu’il compose soient traitées sur le même pied, sur le plan économique, c'est-à-dire que qu’il y ait autant d'hôpitaux, autant d'universités et autant de casernes de pompiers, etc. alors que les ressources de chacune de ces régions ne le permettent pas nécessairement. On ne peut pas admettre que dans certaines régions, la sécurité soit moins sûre et l’éducation soit moins bonne ou que la santé soit moins bien traitée. L’État va intervenir en ponctionnant la richesse dans les régions où il y a beaucoup de revenus et va transférer ces sommes pour les investir dans les zones à bas revenus. Par exemple, beaucoup d'argent est dégagé à Genève et à Zurich et au lieu de construire des hôpitaux de plus à Genève et Zurich où déjà l'offre médicale est excellente, on va mettre ces hôpitaux dans le Tessin là où les revenus sont moins importants. On opère un transfert. | |||
Ces transferts de richesses peuvent venir compenser les inégalités spatiales. Idem à l'échelle de l'Europe où il y a des régions très riches et des régions pauvres. Au niveau de l'Union européenne, il y a des procédures qui opèrent des transferts de richesses des régions riches vers les régions pauvres sous la forme de prélèvement d'un côté avec les impôts et les taxes et sous la forme de subventions de l'autre avec des investissements mais aussi des aides. On pourrait donc imaginer en fonction de cette hypothèse que les échelles où on observe le moins d'inégalité seraient en fait les échelles où il y a les meilleurs circuits de compensation. Ce qu'il faut expliquer ce n'est pas les espaces où les richesses sont inégales mais ce qu’il fautexpliquer sont les espaces où il n'y a pas beaucoup d'inégalités. Ce qu'il faudrait expliquer est moins l'inégalité que l'égalité et se poser la question à quel niveau et comment les systèmes de compensation des inégalités spatiales sont-ils les plus efficaces. Par exemple, est-ce qu’à l'échelle de vie, est-ce qu'il existe des bons systèmes de compensation de l'inégalité spatiale ? La question est une question de nature politique. Elle porte sur deux points. Le premier est sur l'existence de ces autorités, il n’y a pas d'autorité à l’échelle mondiale par exemple. Deuxièmement, les partis pris à savoir leschoix idéologiques, politiques et économiques des autorités. Est-ce que, par exemple, pour une ville comme Genève, la question des inégalités de richesses entre les quartiers n'est pas une priorité ? À l'échelle d'une région, cela est considéré comme scandaleux. Pourquoi la justice sociale et spatiale ne fonctionne pas de la même façon à toutes les échelles ? L'idée que l'on peut résoudre des problèmes de justice raciale à travers la justice spatiale n'est pas évidente non plus. L'idée que la solution pour un problème sociale a une solution spatiale ne va pas de soi. | |||
Un problème français et celui des « grands ensembles ». Depuis longtemps, on considère que pour résoudre le problème des « grands ensembles », des cités et des banlieues, on considère que la solution est entre les mains des urbanistes qui doivent trouver des solutions urbaines avec de nouveaux dessins de bâtiments, des solutions architecturales. Ce n’est pas évident. Il y a d'autres questions à poser en rapport avec le postcolonial, en rapport avec la place des communautés en France, en rapport avec l'intégration des jeunes générations qui ne sont pas des questions urbaines. Il faut bien faire la différence entre la justice sociale et la justice spatiale mais sans oublier que parfois les deux fonctionnent ensemble. Si vous considérez séparer la situation israélo-palestinienne, cela est sûr que c'est une situation qu’on ne peut régler si on ne la règle pas d'abord sur le plan spatial. Cela ne veut pas dire que c’est le seul problème. Toutes les inégalités spatiales de redistribution des richesses ne sont pas forcément un problème social. Ce n'est pas forcément scandaleux. | |||
À ces différentes échelles, on voit que la justice sociale et que la justice spatiale ne se superposent pas tout à fait. En raison de cela, il est logique de la part des collectivités locales en fonction de l’échelle à laquelle on se place, de penser qu’il n'est pas toujours nécessaire de compenser les hétérogénéités spatiales de richesses. Il y a des échelles auxquels il est absolument indispensable et puis d'autres où cela ne l’est pas. La capacité d'une collectivité à compenser l'inégale répartition des richesses est fonctions de deux critères : | |||
- est-ce qu'il existe une autorité à cette échelle ; | |||
- si cette autorité existe, est-ce qu'elle considère que cela est légitime et prioritaire de régler cette hétérogénéité. | |||
Il semble assez évident que la faiblesse des inégalités régionales au sein de l'Europe est un des effets de la politique économique européenne. | |||
En Allemagne, avant la chute du mur de Berlin, avant 1989, il y avait évidemment un contraste de richesses très fort entre l'Allemagne de l'Est, la RDA d'obédience communiste et la RFA alliée du capitalisme. L’une avait connue un bon niveau de développement et l'autre non avec une grosse différence de PIB. À l'époque, il aurait été impensable d'effectuer un transfert de richesses entre l'Ouest et l’Est pour que les deux arrivent au même niveau. Il n'y avait pas de communauté entre l'Allemagne de l'Est et l'Allemagne de l'Ouest et cette absence de communauté faisait qu'il était impossible de faire des compensations sous forme de transferts dans le cadre d’un circuit de redistribution entre l'Allemagne de l'Est et l'Allemagne de l'Ouest. En 1989, le mur tombe à la grande surprise générale. Quelques années plus tard, les deux Allemagne n'en sont plus qu'une et donc à ce moment là, bien sûr, une communauté se forme. Cette communauté qui fait que tous les allemands se sentent qu’il soit de l'Est ou de l’Ouest appartenir à la même nation légitime engendre des transferts. À ce moment, des transferts vont être initiés si bien que le niveau de transfert de richesses entre l'Allemagne de l'Est et l’Allemagne de l'Ouest est aujourd'hui faible. On n'a pas totalement rattrapé le niveau mais il y a eu un rattrapage très fort. De façon caricaturale, les allemands de l'Ouest ont payés beaucoup d'impôts pour financer le rattrapage de l’Allemagne de l’Est. Ils ont considérés comme « normal » parce que c'était logique de le faire pour leur communauté nationale. Cela a moins marché avec la Grèce, car il était moins évident de réussir à convaincre les allemands aujourd'hui de faire ce qu'ils avaient fait pour l'Europe de l’Est de le faire pour la Grèce parce que le sentiment de communauté n'existe pas. | |||
On voit très bien comment les questions de communauté et d'autorité jouent à certaines échelles et pas à d'autres. La faiblesse d'inégalités entre les régions de la Suisse contre les régions de la France s'explique bien sûre par le rôle des deux gouvernements dans ses politiques d'aménagement pour réussir à limiter les immigrés. | |||
La seule explication donnée aux inégalités dans un premier temps, consiste à dire que l'accumulation de richesses procède de certaines causes et que ces causes agissent différemment selon le lieu ou que le développement suppose des ressources et que ces ressources sont inégalement distribuées dans l'espace. Le problème est reporté plus loin. Pour le dire de façon très caricaturale, un exemple est que ce qui permet le développement est le climat tempéré. Du coup, on explique par ce facteur la différence de richesses entre les pays du Sud et les pays du Nord. Il faudrait trouver un facteur de ressources qui permettrait d'expliquer le développement et qui seraient localisé là où précisément le développement a eu lieu est absente des endroits où le développement n'a pas eu lieu. L'hétérogénéité de la répartition des richesses serait liée à une inégale distribution de ces facteurs explicatifs. | |||
La troisième hypothèse est l'idée que la richesse diffuse, qu’il y a des effets de contagions et que cette diffusion est freinée par l'obstacle de la distance. Cela pourrait expliquer pourquoi des foyers se développent, des foyers d'accumulation du capital, au lieu de se diffuser partout dans l'espace à l'image d'une poche qui contiendrait des billes qu'on ouvrirait sur une table cirée et qui partirait dans tous les sens. Cette poche de billes qu’on ouvre, tombe comme sur un terrain sablonneux et reste au même endroit. Cette explication n’est pas du tout la même que de se dire que c’est le terrain lui-même qui présente un potentiel différent pour la formation de billes. Les billes tombent toutes au même endroit et ne vont pas se diffuser de la même façon. On peut imaginer aussi que c’est le système de rigole dans le terrain qui fait que les billes sont canalisées dans un sens et pas dans l'autre. | |||
Si la première explication est un système de compensation, la deuxième explication est la propriété de l'espace. Ces propriétés de l'espace seraient de nature différente : | |||
*l'hétérogénéité de l'espace : les ressources et les causes ne sont pas distribuées de la même façon ; | |||
*l’opacité : c'est-à-dire, le frein que l'espace est de façon hétérogène, de façon isotropiques, le frein qu’il fait exercer sur le déplacement notamment des richesses. | |||
= Facteurs explicatifs = | = Facteurs explicatifs = |
Version du 21 février 2015 à 11:43
Le premier mystère qu’on a expliqué est celui de l’inégale répartition de la richesse. Il y a plein de mots pour le dire qui sont en général euphémisés. On va parler volontiers d’inégalité de développement, on va opposer les pays du nord et les pays du sud ou on va encore parler de croissance. Il faut rappeler la brutalité des faits qui est la question de la pauvreté et de la richesse : il y a des pays pauvres et des pays riches. C’est un phénomène massif qu’on ne parvient pas à expliquer. Au fond, on ne dispose pas aujourd’hui d’une théorie vraiment satisfaisante qui explique pourquoi on a des pays riches et des pays pauvres et qui expliquerait pourquoi il y a des pays riches et pourquoi il y a des pays pauvres. Il faudrait essayer de dénaturaliser cette représentation et de se dire que c’est une chose très bizarre et tellement bizarre qu’on ne parvient pas à l’expliquer. D’un côté, on l’accepte comme allant de soi et de l’autre côté on ne parvient pas à l’expliquer et à la théoriser. Ce qu’on a du mal à comprendre est l’inégale répartition des richesses dans l’espace. Non seulement c’est incompréhensible et c’est aussi scandaleux parce que la question de la justice spatiale est une question de justice sociale. Les gens ne sont pas mobiles et nés quelque part ce qui veut que si il y a une inégale répartition des richesses, on est condamné à la pauvreté. Cette « malédiction » est liée au fait que les espaces sont inégalement riches. C’est quelque chose de bizarre, massif, qu’on ne parvient pas à expliquer et scandaleux. On est tellement habitué que cette injustice criante et ce mystère fait qu’on ne le voit plus en faisant une question centrale en géographie.
Sur le plan théorique, la persistance des inégalités, malgré la mondialisation, hypothèque la théorie de Ricardo et la théorie de l’avantage comparatif. Si il y a bien de la mondialisation, si de plus en plus de pays ouvrent de plus en plus de secteurs à l’économie alors de plus en plus de pays devraient s’enrichir. La question soulevée est quel est le rapport entre les inégalités spatiales et la mondialisation ? Est-ce que comme le prédit Ricardo la mondialisation se produit par un enrichissement de tous se traduisant par une diminution des inégalités et si ce n’est pas le cas pourquoi ? Réfléchir sur l’inégale répartition des richesses est s’interroger sur l‘évolution récente des inégalités pour voir quel impact la mondialisation a eu.
Ambiguïtés des notions de richesse et de développement
On trouve beaucoup de termes pour parler des inégalités dans l’espace. On parle de pays pauvre, de pays riche ou à d’autres échelles qui sous-entendent un certain nombre d’éléments. Pourtant c’est un abus de langage parce qu’une ville, un pays ou une région de possède rien, seul les habitants possèdent quelque chose. Un espace n’est jamais riche et n’est jamais pauvre, en revanche, dans un espace, il y a des gens qui sont riches et des gens qui sont pauvres. La richesse de quelqu’un n’est pas forcement à l’endroit où il vie. Il peut y avoir une disjonction entre le lieu de la richesse et le lieu de la personne qui possède la richesse. Il est important de faire la différence qu’il ne faut pas parler de la richesse des espaces mais des gens qui y habitent. Si on raisonne en terme d’espace, un territoire ne possède rien mais ses habitants possèdent. Néanmoins, il faut différencier les habitants entre eux. La question de l’inégalité de niveau de vie entre les habitants est importante.
Richesse et PIB
Pour mesurer les inégalités, il faut des chiffres. Le premier chiffre disponible est celui du produit intérieur brut. Le PIB est la somme des plus-values produites dans un pays donné pendant un an. L’idée de plus-value complique les choses notamment autour de la question de la redistribution. Cetindicateur ne dit rien de la nationalité des producteurs. Si une entreprise américaine produit en Suisse, on comptabilise dans le PIB Suisse. Ce qui compte dans le PIB est ce qui se passe au sein de l’espace national. C’est une définition très géographique de la production. Au contraire, le produit national brut parle de la somme de la plus-value produite pendant un an par des nationaux. On intègre ce que les suisses produisent sur le territoire et à l’étranger. Le PNB est une notion moins géographique que le PIB.
Le PIB ne mesure pas la richesse, pas la production mais il mesure l’enrichissement. Le PIB parle de l’augmentation de la richesse donc de la croissance. Il y a le stock de la richesse que personne ne mesure jamais et qu’on ne connaît pas. Il y l’augmentation pendant l’année de la richesse qui est le PIB et il y a l’augmentation du PIB qu’on appel la croissance. La croissance c’est l’augmentation de l’augmentation de la richesse. En d’autres termes, la croissance est l’accélération de l’enrichissement. Le patrimoine est ce dont on dispose sur le compte en banque, le PIB est le revenu et lacroissance et l’augmentation du revenu de cette année par rapport à l’année dernière. Parler de croissance zéro ne signifie pas qu’on ne s’enrichie pas, cela veut dire qu’il n’y a pas d’accélération de l’enrichissement. Il y a une corrélation importante entre l’enrichissement et la richesse, entre la richesse d’un pays et son PIB. En revanche, il n’y a pas vraiment de corrélation entre d’un côté la richesse et l’enrichissement et d’un autre côté la croissance. Les pays dont l’enrichissement s’accélère ne sont pas les plus riches. La promesse de compensation et de nivèlement ne se fait pas dans la richesse mais dans la croissance.
Il y a des pays où l’économie souterraine et très importante, et il y a des pays qui où le don contre don est très important. Le PIB est plutôt une bonne estimation pour les pays qui ont peu d’économie souterraine et où l’économie de marché occupe un grande part de leur économie et plutôt unemauvaise estimation pour les pays où il y a beaucoup d’économie souterraine et où le don contre don joue un rôle important. Ce qui importe est le PIB rapporté aux habitants.
Ce qui nous intéresse bien sûr n'est pas seulement le revenu ou la richesse mais aussi ce que ça permet de faire. Comme le coût de la vie extrêmement variable à toutes les échelles, il impact lourdement les revenus. Si le coût de la vie est deux fois plus important dans un endroit B par rapport à un endroit A, il faut mettre en perspective les revenus et le coût de la vie et le niveau de vie. On peut avoir quelqu'un qui vit à Madagascar exactement qui à le même niveau de vie que quelqu'un dans le Massif central ou à Zurich mais à chaque fois, il faut multiplier les salaires pour obtenir la même chose. Il faut essayer de contrôler cette difficulté.
Une première façon de la contrôler et de choisir un indicateur. Un très bon indicateur est celui du Big Mac. Si on traduit un salaire ou un PIB en nombre de McDo, en nombre d'hamburgers, on a une bonne intégration du coût de la vie. En général, on fait les choses sérieusement et a été proposé un indice qui est le PIB par habitant [PPA]. Le PPA est l’acronyme pour « parité de pouvoir d'achat ». On va corriger le PIB par habitant en fonction de ce que ce revenu par habitant permet de faire effectivement. On va le traduire en dollars uniformément et puis en suite en parité de pouvoir d'achat. Si avec 100 euro en France pouvait faire la même chose qu'avec 10 € à Madagascar, on va corriger ainsi les revenus et on va considérer que les 10 € à Madagascar valent autant que les 100 euro en France. Il se trouve que le coût de la vie est très élevé là où les salaires sont élevés. Il y a une très bonne corrélation entre le niveau de salaire et le cout de la vie, à l’inverse, le coût de la vie est très bas là où il y a très peu revenu.
C’est une très bonne corrélation mais ce n'est pas une parfaite corrélation. Si les deux variaient, exactement de la même façon, tout le monde aurait le même niveau de vie partout. Cette idée qu’il y aurait une corrélation positive entre le coût de la vie et les revenus laisse penser que les écarts de PIB qui peuvent avoir l’air très brutaux quand on les mesures sans tenir compte de la parité en achat vont être réduit si on prend en compte la parité de pouvoir d'achat. Le nivellement va sévir : tous les pays pauvres sont des pays où le coût de la vie est faible, en parité de pouvoir d’achat cela va surévaluer les revenus ; en revanche, les pays riches sont des pays où le coût de la vie est élevé et cela va diminuer le revenus en terme de pouvoir d’achat. Effectivement, lorsqu’on passe d’une carte des PIB dans le monde par habitants à une carte de parité des pouvoirs d’achat dans le monde, il y a une réduction des écarts. Donc, les écarts de niveaux de vie sont moins criants en fait que les écarts de PIB parce que le biais du coût de la vie intervenir.
Un deuxième élément est à prendre en compte dans cette effet de réduction des inégalité est que le très certainement le PIB reflète mieux l'économie réelle des pays riches que des pays pauvres. Dans les pays pauvres l'économie hors-marché est souvent importante avec souvent le secteur gris, un secteur noir, une économie souterraine qui ne sont pas pris en compte par le PIB alors que plus souvent dans les pays riches, cette part est plus réduite parce que les gens sont plus vertueux mais aussi parce qu’il va y avoir plus de contrôle. Au-delà d'un de ces marchés souterrains qui ne sont pas pris en compte par le PIB, il y a le fait que dans les pays riches, la part du marché est plus importante que dans les pays pauvres. Dans les pays pauvres, les systèmes d'entraides et les systèmes d'autoconsommation sont plus importants et évidemment cela n’apparaît pas dans le PIB. Les réseaux d'entraide, les réseaux familiaux et les réseaux claniques d’entraide sont aussi très importants. Il a beaucoup, par exemple, de prêts qui vont se faire par des systèmes claniques qui ne vont pas se faire par les banques et qui donc ne sont pas comptabilisés dans le PIB. Ceci va donc aussi compenser les inégalités entre pays riches et pays mesurés avec le PIB puisque cette mesure du PIB est une très grosse part l'économie dans les pays riches mais une part assez réduite dans les pays pauvres. C’est une conclusion assez optimiste qui est que les inégalités en termes de PIB par habitant qui semblent criantes sont en fait moins importantes qu’on ne le croit si on tient compte des corrections de la PPP et si on tient compte de l'importance de l'économie souterraine et l'autoconsommation et des circuits d’entraide.
À la fin des années 1980, on commence à s'inquiéter de l'omniprésence et de l'importance qu’a acquis l’indicateur du PIB par habitant. Pour une part en fonction des points que nous avons évoqués mais aussi parce que on lui fait jouer un rôle qui devrait être le sien, le PIB, stricto sensus, n’est qu’un indicateur économique et ce n'est pas l’unique indicateur économique. Pourquoi se sert-on du PIB par habitant ? Est-ce que c'est pour mesurer l'économie des pays ? « Oui » bien sûr, la comparer, mesure de la croissance, « oui » bien sûre. Derrière, il y a autre chose avec l'idée que l’on voudrait obtenir un indicateur qui permette de mesurer la réussite des sociétés, l'amélioration des situations, le progrès et le développement. On va ranger les pays par ordre de PIB par habitant, par ordre croissant et décroissant. Évidemment, faire jouer ce rôle à un indicateur économique qui n’est que un indicateur économique est insuffisant. C'est insuffisant parce que pour mesurer la réussite d’une société où l'amélioration d’une situation, on est d'accord pour dire que la mesure de l'économie sur le profit de plus-value des revenus est insuffisant. On pourrait dire que ces éléments sont variables dans laquelle on parle. Certaines cultures vont accorder par exemple une plus grande importance à la dimension du religieux, à la métaphysique ou encore au spirituelle. Le but dans ces cas est d'obtenir des critères qui sont universels reconnus par tous. Il est sûr que le PIB par habitant est un critère reconnu par tous. Toutes choses égales par ailleurs, il vaut mieux être riche que pauvre. On est tous d'accord pour dire que toutes choses égales par ailleurs, il vaut mieux être en bonne santé que malade.
D’autres indicateurs ?
Un troisième élément qu'on va prendre en compte est la scolarité. Toutes choses égales par ailleurs, une société réussie mieux si elle a bon niveau de formation, c’est-à-dire si elle a une part importante de sa population qui a des diplômes de bon niveau. La santé, l'éducation et les revenus vont être intégrés dans un indice qu’on va appeler l’IDH qui est l'indice de développement humain.
Le tiers de l'indice est constitué par le PIB et plus exactement par le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat ce qui corrige déjà la dimension des mesures du revenu pour mesurer le niveau de vie. Le deuxième facteur démographique est la santé, l'indicateur à savoir, l'espérance de vie à la naissance. Toute chose égale par ailleurs, il est mieux un pays où l'espérance de vie à la naissance est élevée. L'espérance de vie à la naissance à un sens très intuitif qui est combien de temps on peut espérer vivre. En moyenne, une espérance vie de 80 ans veut dire qu’en moyenne on va vivre 80 ans dans une société. En fait c'était, c'est ainsi plus abstrait qu’il n'y paraît. On le calcule en reprenant les taux de mortalité de chaque classe d'âge aujourd'hui. Cela revient à appliquer aux générations futures les taux de mortalités d’aujourd'hui. Le critère « éducation » est le degré d'éducation moyen. Chacun des critères compte un tiers : économie, santé, éducation.
Si on prend les trois, c'est qu’ils ne sont pas parfaitement corrélés. Si les trois variaient de la même façon ça n'a aurait aucun sens de sans servir. Si le PIB augmente, très souvent le niveau d’espérance de vie augmente et puis l'éducation augmente mais avec des petites variantes.
Le terme de « développement » veut dire que si on considère qu'une société est développée, cette société a un PIB par habitant élevé, une espérance de vie et un niveau d'éducation élevé. Si on appel cela le « développement humain », il faut apprécier que cet indice est composite et qu’il n'a plus aucun sens intuitif. Qu'est-ce qu'il mesure au fond ? On ne sait pas trop. On va remplacer les classements fait dans le monde dans le pays avec le PIB par habitant avec le classement d’IDH. Il y a des exemples de pays avec qui, quand on passe du PIB à l’IDH, vont perdre des places ou en gagner. Un pays qui monte dans la hiérarchie, qui gagne des places, quand on passe du PIB à l’IDH, cela veut dire que la société est trop développé pour sa richesse, ou pour le dire autrement, cette société sait très bien utiliser son revenus pour se développer. C’est un pays qui transforme très bien sa richesse en développement. Un pays qui descend dans le classement quand on passe du PIB à l’IDH, cela veut dire que le fait de prendre en compte l'éducation et la santé le plombe. Pour poser les choses autrement. Cela veut dire qu'il parvient mal à transformer sa richesse en développement.
Des pays ont un PIB différent mais un IDH comparable : l'Espagne et Singapour. L’IDH est quasiment le même soit 0,89 qui est un très bon IDH alors que le PIB de l'Espagne et de 16000 et le PIB de Singapour de 28000. Il y a une grosse différence dans le PIB car à Singapour, le PIB est quasiment deux fois supérieur à l'Espagne. Singapour est deux fois plus riche. Pourtant Singapour et l’Espagne ont le même IDH. Cela veut dire évidemment que les scores pour l'Espagne pour l'espérance de vie et pour l’éducation sont très bons et que toute chose égale par ailleurs, à Singapour, ils sont médiocres. Autrement dit, l'Espagne arrive très bien à transformer sa relativement maigre richesse en développement et que Singapour a des richesses mais cela ne se traduit pas vraiment par quelque chose qui soit du même niveau dans l'espérance de vie ou l'éducation. Un autre exemple est celui de la Géorgie et la Turquie qui ont un même IDH de l'ordre de 0,73 alors que on est à 2000 pour le PIB par habitant en Géorgie et à 6300 pour le PIB par habitant en Turquie. C'est-à-dire qu’avec trois fois moins de richesses, la Géorgie a le même niveau de développement que la Turquie. Donc, la Turquie utilise très mal ses revenus en termes de développement humain.
La porte était ouverte avec l’IDH à la prise en compte de facteurs non-économiques. Des économistes et des économètres ont suggérés que des choses manquaient dans l’IDH. À été proposé par exemple un indice qui est l’IDG qui est l'indice de développement humain genré intégrant une quatrième facteur qui est les inégalités hommes et femmes. On peut imaginer que, toutes choses égales par ailleurs, qu’une société où les hommes et les femmes sont égaux est mieux. Pas tous les pays du monde signeraient cette idée que cela mieux. Évidemment, c’est un indice qui a été imposé par les pays occidentaux.
Un deuxième élément est la question du seuil de pauvreté. L’IDH, l’IDG et le PIB sont des moyennes. Lorsqu’on dit qu'on a par exemple un PIB de 14000 $ par habitant et par an, cela veut dire que le revenu disponible en moyenne pour chaque habitant est de 14000 $. Il est possible de se retrouver dans une situation où absolument personne ne gagne 14000 $, ni d'ailleurs une somme comprise entre 10000$ et 16000$. Cette moyenne de 14000$ renverrait en fait à réalité qu’une part importante de la population est pauvre, donc gagne 5000$ par an et une part de la population serait très riche et qui gagnerait 100000$ par an. Cela peut très bien ne correspondre à aucune réalité dans la vie du pays en question. On peut imaginer ainsi deux configurations :
- une configuration pour un pays où le PIB habitant est de 20000$ et tout le monde gagne 20000$.
- une configuration où le pays a le même PIB de 20000$ par habitant et par an mais où cette moyenne cache de profondes disparités entre une grande partie des populations soit 90 % qui gagne 5000 $ par habitant et par an et une petite part de la population soit 10 % qui gagne entre 40000$ et 50000$ par habitant et par an. On est tous d'accord pour dire que la deuxième société est moins réussie, moins bien et moins développée que la première.
Une façon de prendre en compte cette question des inégalités et la pauvreté est d'intégrer dans l’IDH le nombre de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Moins il y a de personnes qui vivent en dessous du seuil pauvreté et plus la société est développée. Il est compliqué d'essayer de définir ce seuil de pauvreté parce que cela dépend de la parité de pouvoir d'achat et la PPA est une donnée relative. Dire que la pauvreté ou la richesse et quand on compare à quelqu'un. Le seuil de pauvreté en dollars par jour ne va pas être le même dans tous les pays.
On commence à proposer des « PIB verts » dans les années 1990 qui sont des PIB environnementaux. Ces PIB environnementaux partent du principe que ce n’est pas parce que le PIB augmente que c'est nécessairement une bonne chose. Par exemple, il y a un boum de l'industrie de la cigarette qui produit de la croissance. Est-ce qu'on doit se réjouir de l'accroissement du PIB qui est lié au développement de l'industrie du tabac. L'accroissement du PIB n’est pas seulement lié à la vente de cigarettes, il est aussi lié au fait qu’il y a plein de gens qui vont développer un cancer, ce qui va nécessiter des hôpitaux, des ambulances, des scanners étant une très bonne chose pour le PIB. Il y a peut être des éléments dans le PIB qui sont moins positifs qu'ils n'en ont l'air parce qu’il faut dépenser de l'argent. L'idée que le tabac coûte quelque chose à la société n’est pas claire parce que si on prend en compte les dépenses de santé évitées ainsi que les retraites cela fait de l’argent économisé. Néanmoins, cette façon de raisonner pose des problèmes. Au-delà de la question du jugement ou de la question morale, on pourrait dire que tout ce que la société va dépenser pour soigner les gens qui ont fumés, tous ces gens qui ont des bronchites chroniques, qui vont prendre congés et ne vont pas produire est un coût.
Une activité de dépenses défensives est en quelque sorte le coût d’externaliser une production. Il faut prendre en compte ces coûts. Des propositions ont été faites pour retirer toutes les dépenses défensives du PIB. Il est très compliqué pour se mettre d'accord sur ce qu’est une dépenses défensive. Un deuxième problème avec les ressources naturelles est qu’il faudrait comptabiliser dans l'exploitation des ressources naturelles et spécialement les ressources naturelles non-renouvelables le coût. Ce n’est pas seulement parce que dans l’avenir il n’y en aura plus mais c'est aussi tout ce qu’il va falloir payer et investir pour trouver par exemple des matériaux de substitution et des énergies de substitution. Par exemple, le fait qu'on exploite le pétrole à des très hauts niveaux est ce qui nous oblige à investir dans l’énergie solaire ou encore dans la biomasse. C’est en quelque sorte une dépense défensive car un pays qui épuise ses ressources naturelles augmente son PIB bien que cela ne soit pas comptabilisé positivement. Un pays développé est un pays qui puise le moins possible dans ses ressources naturelles renouvelables. Toutes choses égales par ailleurs, il vaut mieux ne pas trop toucher et pas trop vite à ses ressources renouvelables. Or, le PIB dit le contraire : plus on va épuiser rapidement la richesse et plus le PIB est élevé. On propose de réussir à défalquer du PIB le coût de l'épuisement futur des ressources naturelles et spécialement des ressources non-renouvelable.
Pour les ressources renouvelables, cela est encore plus compliqué. Quel est le coût de l'extinction d’une espèce ? À-t-on idée des potentialités d'avenir de cette espèce ? On n’est pas en mesure de les évaluer mais elles sont en principe quasiment infinies et potentielles. Sur cette base, on a construit l’IBED qui est l'indice de bien-être durable. « Durable » renvoyant à la question de la durabilité mise en avant par le rapport Brundtland qui est qu’une société qui assure la satisfaction de ses membres sans hypothéquer celle des générations futures. L’IBED est compliqué et est aussi très contrintuitif. Le PIB qui comporte l'espérance de vie, le niveau d'éducation moins les dépenses productives moins la destruction des ressources commence à être très abstrait.
L’empreinte écologique en revanche est un indice intéressant. Il a une signification qui est très claire et intuitive. L'empreinte écologique d'une population donnée ou d’une ville par exemple est les mètres carrés qui sont nécessaires pour assurer la satisfaction de ses besoins. L'empreinte écologique de Genève est la surface dont Genève a besoin pour assurer sa consommation. Combien il faut de mètres carrés pour nous fournir en énergie et en aliments, en eau, en endroit où on met nos déchets avec l’idée que la société idéale est une société où son empreinte écologique ne dépasse son territoire. On commence à avoir un souci lorsque l’empreinte écologique d’une population dépasse le nombre de mètres carrés sur lequel elle se trouve. Or, nos besoins augmentant plus vite que nos techniques, l’emprunte écologique à doublé en 40 ans. Cela veut dire qu’on a besoin de plus en plus de surface pour assurer nos besoins.
On a pensé également à des PIB sociaux qui prennent en compte des critères sociaux. A été produit ainsi l'indice de bien-être économique qui va comporter quatre dimensions :
- la consommation courante ;
- l'accumulation des stocks : de tous les critères pris en compte jusqu'à présent aucun ne mesure la richesse mais prend en compte le patrimoine.
- les inégalités ;
- la sécurité économique, c'est-à-dire l'assurance que les acteurs de l'économie ont à propos de leur avenir comme par exemple le risque de chômage.
Ces tentatives sont louables car elles font réfléchir sur qu'est-ce que cela produit, comment l'économie participe et à quel titre et à quel point. Il y a des choses qui nous manquent encore. On peut penser à l’indice de la solitude. Toutes choses égales par ailleurs, est mieux une société où les gens ne sont pas seuls. Il est possible de fabriquer des indices qui mesurent le nombre de nos amis, les gens sur qui on peut compter. Ce n’est pas seulement important en terme de psychologie ou de confort affectif, cela relève aussi en partie de la sécurité économique. Avec des sociétés où de nombreuses personnes souffrent d'isolement, il y aurait quelque chose de raté dans leur développement. On peut aussi parler de la spiritualité. Il serait mieux d'avoir une vie spirituelle, une vie intellectuelle, une vie artistique plutôt que d'être plongé dans le plus vil matérialisme. On peut aller jusqu’à mesurer le bonheur et se dire que ce par quoi il faudrait remplacer la carte du PIB est une carte du bonheur.
Cette carte est la carte du bonheur à l'échelle mondiale. Tout le problème est de savoir comment mesurer le bonheur. Le bonheur est subjectif, il n'y a pas de différence entre être heureux et avoir le sentiment d'être heureux. Le bonheur est quelque chose que l'on ressent. Sur une base auto-déclarative, on nage dans le bonheur en Amérique du Nord, aux États-Unis et au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande, en Colombie, en Suède, en Norvège, également en Mongolie. Cela pose des problèmes de standardisation.
Les pays où le taux de suicide par habitant est le plus élevé sont dans les pays où les gens sont le plus heureux. On pourrait penser objectivement que ce n’est pas vraiment un signe de bonheur. Être « riche » ou « pauvre » est une comparaison au contraire d’être heureux. Et si le suicide était à un luxe destiné aux riches. Le suicide serait un luxe bourgeois. Les gens qui sont empêtrés dans les difficultés de la vie ont peut être moins d’angoisse métaphysique, moins d'ennuis et moins de dépression. On observe que là où on se suicide, c'est là où il y a la richesse. L’idée de la déclaration est peut être une bonne solution mais avec énormément de biais puisque chacun devrait dire la même chose. Le PIB reste le chiffre le plus fiable et celui qui se prête le mieux à des comparaisons même si il est insatisfaisant.
Des inégalités majeures
La grande question est la question spatiale afin de savoir si le PIB est également réparti dans l’espace. Des indices statistiques permettent de faire ça en prenant chaque unité spatiale pour calculer l’écart-type ou l’indice de Gini pour calculer l’égalité ou l'inégalité de la répartition d'une variable au sein d'une population.
Cartes
En géographie, on utilise des cartes pour se rendre compte de l'étendue des « dégâts ». Cette carte nous montre le PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat. Apparait quatre catégories de pays, les pays les plus riches entre 24000$ et 60000$ par an, les pays pauvres entre 600$ et 4000$ et puis une catégorie intermédiaire entre 4000$ et 24000$. Il y a des règles statistiques afin de constituer ces classes. Par exemple, on n’a pas fait en sorte d’avoir des classes d'égale amplitude.
La première remarque est les contrastes qui sont majeurs. Ce qui nous importe est de comparer les classes. Il y a un quart des pays où le pays où le PIB par habitant est inférieur à 40000$ et puis un autre quart dans le monde où le PIB par habitant est supérieur à 25000$. C’est un écart de 1 à 5. Il y a des inégalités et elles sont majeures. Autre chose est intéressant. Il y a des effets de regroupement que l’on appel en géographie une autocorrélation spatiale. Un pays donné a un de très grandes chances d'avoir un PIB comparable aux pays voisins. Autrement dit, un pays a de très grandes chances d’avoir la même couleur que ses voisins. Un grand paquet apparaît sur toute l'Afrique qui est très homogènes, en Amérique du Sud, en Amérique du Nord mais aussi en Europe. Il doit y avoir une loi géographique, une règle géographique derrière. Si il n’y en avait pas, on aurait au sein de chaque continent un gai mélange de toutes les couleurs mais ce n’est pas le cas. Qu’est-ce qui fait que tous ces pays se trouvent dans la classe la plus pauvre ou la classe plus riches ? Les contrastes de richesses sont très forts à l’échelle du monde et ils semblent répondre à des règles de distribution. Assez rare sont les lieux où on voit à une frontière un pays très riche qui côtoie un pays très pauvre.
Cette carte suit le principe de l’anamorphose. La taille de chaque entité n'est pas proportionnelle à la superficie de cette entité sur l'espace réel, la superficie de la quantité est relative à une autre variable, en l'occurrence la population. Les pays très peuplés verront leurs superficies représentées en grand et les pays plus pauvres verront leur superficie en petits. Est-ce que les contrastes sont plus forts ou moins fort lorsqu’on passe du PIB à l’IDH. On ne peut pas comparer parce que le PIB passe de 600$ à 60000$ et si les pays plus pauvres s'appauvrissent, les pays plus riches s'enrichissent. Le pays le plus pauvres a un indice de 0,27 et le pays le plus riche a un indice de 0,94 est entre temps, il y a six classes. On ne peut pas dire qu’un pays qui a un indice de 0,4 a un indice de développement humain deux fois meilleur qu’un pays qui a un indice de développement de 0,2. On ne peut pas les comparer. Deux pays contigus ont de grandes chances d’avoir un IDH comparable. Il ne semble pas y avoir de corrélation nette entre la population du pays et sa richesse. On ne peut pas affirmer que les pays très peuplés sont plus riches ou plus pauvres que les pays qui sont peu peuplés. Il y a une grande situation d’inégalité à l’échelle mondiale et des règles de répartition.
Avec cette carte, plus le pays est hypertrophié, plus le PIB par habitant est important. Le contraste avec les deux cartes précédentes est fort. À l'échelle du monde, entre les continents des grands, il y a de grands contrastes richesse.
Cette carte nous indique le PIB par région Europe. On change d’échelle en considérant un continent. À cette échelle, est-ce qu'on observe là encore un phénomène d’autocorrélation spatiale ? Cette carte a été réalisée à partir d’écart à la moyenne. Dans la classe grise, on voit des régions qui sont dans la moyenne européenne. Les pays en gris sont quasiment dans la moyenne alors que les pays en jaune sont un tout petit peu plus au dessus de la moyenne. On constate unécart de 3 à 6 entre la région la plus riche et la région la plus pauvre. Comparé à l’échelle mondiale, cela n’est rien du tout. Autrement dit, les écarts de richesses entre les régions européennes sont 10 fois moindres que les écarts de richesse entre les pays du monde. On est face à un phénomène qui n'est pas un invariant d’échelle. C'est un phénomène économique, social, physique ou climatologique qui lui-même a quelques échelle qu’on l’observe, c’est un fractale. Si on change d'échelle, les inégalités disparaissent. Il y a encore unphénomène d’autocorrélation spatiale avec des régions qui se touchent. Il y a une règle spatiale, ce n’est pas distribué n'importe comment. Il y a une régularité tout comme à l’échelle du monde.
C’est une carte de la France. La carte que la France possède relève 36000 villes. Sur cette carte figure dans les couleurs chaudes les régions riches et puis dans les régions dans les couleurs les plus froides les régions les plus pauvres. Dans l’espace fuchsia, les habitants ont un tiers de revenus en plus que la moyenne française alors que dans la zone verte, cela veut dire qu’en moyenne, les gens sont 30 % plus pauvre que la moyenne nationale. L'écart entre les communes les plus riches et les plus pauvres dans le cadre de l’espace français est de 1 à 2. Il y a un niveau assez fin d’inégalités. Cela n’est pas distribué n'importe comment, il y a aussi à cette échelle des règles d'organisation spatiale.
Que l’on considère le monde, un continent ou un pays, il y a des règles géographiques de répartition de la richesse. En revanche, concernant la pauvreté, plus on regarde un espace de près moins les inégalités sont apparentes.
Cette carte est celle de la moyenne des revenus imposable. En moyenne, le revenu imposable en Suisse est de 68000 francs par habitant, dans les cantons les plus pauvres on est entre 20000 francs et 43000 francs, dans les cantons les plus riches on est entre 96000 francs puis 338000 francs. Les contrastes entre les districts de Suisse sont plus forts que les contrastes entre les communes françaises. Là aussi, il y a une règle géographique car on voit que les régions pauvres sont les montagnes et que les régions riches se trouvent en plaine.
Détroit est un exemple caricatural de ségrégations raciales. Dans le centre-ville de Détroit, il y a entre 80% et 85% de la population alors qu’il n’y en a quasiment pas dans la banlieue. La banlieue est riche blanche avec des emplois et le centre-ville est pauvre, noir et il n’y a pas d’emplois. Quel est le niveau moyen de revenus dans la ville de Détroit ? Moins de 17000$ par habitant et par an. Dans les zones les plus riches de l'agglomération, le niveau moyen est supérieur à 57000$. C’est un écart de 1 à 3. C’est un écart plus important qu’entre les communes françaises mais cela marche aussi pour les villes françaises avec des contrastes de richesses importants. Il y a une rupture dans les échelles puisqu’il y a une inégalité très forte entre les continents, forte entre les pays, faible entre les régions d'un pays et de nouveau forte à l'échelle d’un pays. C'est un modèle centre-périphérie.
Il y a des règles géographiques à toutes les échelles : à toutes les échelles richesses et de pauvretés on a tendance à se regrouper renvoyant au phénomène autocorrélation spatiale. Les inégalités majeures sont à l'échelle du monde entre les continents et à l'échelle locale d'une ville. Le problème de méthode face au problème théorique est que les inégalités qui nous obsèdent sont les inégalités internationales. La question soulevée est pourquoi les inégalités sont plus marquées à certaines échelles qu’à d’autres ?
Les échelles des inégalités
La tâche de la géographie serait à deux niveaux : d'une part expliquer pourquoi ça se passe pas de la même façon à toutes les échelles et ensuiterendre compte des phénomènes d'organisation de l'espace à ces différences échelles. Il y aurait de grandes deux grandes hypothèses :
La première consisterait à dire que ce qui explique les résultats ne sont peut-être pas des processus économiques en tant que tel mais des processus politiques de compensation qui serait l'œuvre. L'idée étant qu’il y aurait dans la nature de la géographie de l'espace le fait d’être marqué par de très forts contrastes de développement et que ceux-ci seraient compensés à certaines échelles mais pas à d'autres. Il est possible d’envisager que si le marché, par exemple, produit des égalités localement, d'autres systèmes peuvent apparaître comme des systèmes de don contre don ou des systèmes de redistribution qui vont pallier les inégalités mises en place par celui-ci. Il y aurait des circulations de richesses qui viendraient par une sorte d'appel du vide changer les inégalités mises en place par l'économie. À titre d'exemple, dans le cadre de la redistribution, il faut qu'il y ait une autorité en imaginant une autorité qui soit impliquée dans le respect de la justice sociale et de la justice spatiale qui voudrait que toutes les parties du territoire qui sont sous sa coupe bénéficient d'une situation égale. On peut imaginer, par exemple, qu’un État tienne à ce que toutes les régions qu’il compose soient traitées sur le même pied, sur le plan économique, c'est-à-dire que qu’il y ait autant d'hôpitaux, autant d'universités et autant de casernes de pompiers, etc. alors que les ressources de chacune de ces régions ne le permettent pas nécessairement. On ne peut pas admettre que dans certaines régions, la sécurité soit moins sûre et l’éducation soit moins bonne ou que la santé soit moins bien traitée. L’État va intervenir en ponctionnant la richesse dans les régions où il y a beaucoup de revenus et va transférer ces sommes pour les investir dans les zones à bas revenus. Par exemple, beaucoup d'argent est dégagé à Genève et à Zurich et au lieu de construire des hôpitaux de plus à Genève et Zurich où déjà l'offre médicale est excellente, on va mettre ces hôpitaux dans le Tessin là où les revenus sont moins importants. On opère un transfert.
Ces transferts de richesses peuvent venir compenser les inégalités spatiales. Idem à l'échelle de l'Europe où il y a des régions très riches et des régions pauvres. Au niveau de l'Union européenne, il y a des procédures qui opèrent des transferts de richesses des régions riches vers les régions pauvres sous la forme de prélèvement d'un côté avec les impôts et les taxes et sous la forme de subventions de l'autre avec des investissements mais aussi des aides. On pourrait donc imaginer en fonction de cette hypothèse que les échelles où on observe le moins d'inégalité seraient en fait les échelles où il y a les meilleurs circuits de compensation. Ce qu'il faut expliquer ce n'est pas les espaces où les richesses sont inégales mais ce qu’il fautexpliquer sont les espaces où il n'y a pas beaucoup d'inégalités. Ce qu'il faudrait expliquer est moins l'inégalité que l'égalité et se poser la question à quel niveau et comment les systèmes de compensation des inégalités spatiales sont-ils les plus efficaces. Par exemple, est-ce qu’à l'échelle de vie, est-ce qu'il existe des bons systèmes de compensation de l'inégalité spatiale ? La question est une question de nature politique. Elle porte sur deux points. Le premier est sur l'existence de ces autorités, il n’y a pas d'autorité à l’échelle mondiale par exemple. Deuxièmement, les partis pris à savoir leschoix idéologiques, politiques et économiques des autorités. Est-ce que, par exemple, pour une ville comme Genève, la question des inégalités de richesses entre les quartiers n'est pas une priorité ? À l'échelle d'une région, cela est considéré comme scandaleux. Pourquoi la justice sociale et spatiale ne fonctionne pas de la même façon à toutes les échelles ? L'idée que l'on peut résoudre des problèmes de justice raciale à travers la justice spatiale n'est pas évidente non plus. L'idée que la solution pour un problème sociale a une solution spatiale ne va pas de soi.
Un problème français et celui des « grands ensembles ». Depuis longtemps, on considère que pour résoudre le problème des « grands ensembles », des cités et des banlieues, on considère que la solution est entre les mains des urbanistes qui doivent trouver des solutions urbaines avec de nouveaux dessins de bâtiments, des solutions architecturales. Ce n’est pas évident. Il y a d'autres questions à poser en rapport avec le postcolonial, en rapport avec la place des communautés en France, en rapport avec l'intégration des jeunes générations qui ne sont pas des questions urbaines. Il faut bien faire la différence entre la justice sociale et la justice spatiale mais sans oublier que parfois les deux fonctionnent ensemble. Si vous considérez séparer la situation israélo-palestinienne, cela est sûr que c'est une situation qu’on ne peut régler si on ne la règle pas d'abord sur le plan spatial. Cela ne veut pas dire que c’est le seul problème. Toutes les inégalités spatiales de redistribution des richesses ne sont pas forcément un problème social. Ce n'est pas forcément scandaleux.
À ces différentes échelles, on voit que la justice sociale et que la justice spatiale ne se superposent pas tout à fait. En raison de cela, il est logique de la part des collectivités locales en fonction de l’échelle à laquelle on se place, de penser qu’il n'est pas toujours nécessaire de compenser les hétérogénéités spatiales de richesses. Il y a des échelles auxquels il est absolument indispensable et puis d'autres où cela ne l’est pas. La capacité d'une collectivité à compenser l'inégale répartition des richesses est fonctions de deux critères :
- est-ce qu'il existe une autorité à cette échelle ;
- si cette autorité existe, est-ce qu'elle considère que cela est légitime et prioritaire de régler cette hétérogénéité.
Il semble assez évident que la faiblesse des inégalités régionales au sein de l'Europe est un des effets de la politique économique européenne.
En Allemagne, avant la chute du mur de Berlin, avant 1989, il y avait évidemment un contraste de richesses très fort entre l'Allemagne de l'Est, la RDA d'obédience communiste et la RFA alliée du capitalisme. L’une avait connue un bon niveau de développement et l'autre non avec une grosse différence de PIB. À l'époque, il aurait été impensable d'effectuer un transfert de richesses entre l'Ouest et l’Est pour que les deux arrivent au même niveau. Il n'y avait pas de communauté entre l'Allemagne de l'Est et l'Allemagne de l'Ouest et cette absence de communauté faisait qu'il était impossible de faire des compensations sous forme de transferts dans le cadre d’un circuit de redistribution entre l'Allemagne de l'Est et l'Allemagne de l'Ouest. En 1989, le mur tombe à la grande surprise générale. Quelques années plus tard, les deux Allemagne n'en sont plus qu'une et donc à ce moment là, bien sûr, une communauté se forme. Cette communauté qui fait que tous les allemands se sentent qu’il soit de l'Est ou de l’Ouest appartenir à la même nation légitime engendre des transferts. À ce moment, des transferts vont être initiés si bien que le niveau de transfert de richesses entre l'Allemagne de l'Est et l’Allemagne de l'Ouest est aujourd'hui faible. On n'a pas totalement rattrapé le niveau mais il y a eu un rattrapage très fort. De façon caricaturale, les allemands de l'Ouest ont payés beaucoup d'impôts pour financer le rattrapage de l’Allemagne de l’Est. Ils ont considérés comme « normal » parce que c'était logique de le faire pour leur communauté nationale. Cela a moins marché avec la Grèce, car il était moins évident de réussir à convaincre les allemands aujourd'hui de faire ce qu'ils avaient fait pour l'Europe de l’Est de le faire pour la Grèce parce que le sentiment de communauté n'existe pas.
On voit très bien comment les questions de communauté et d'autorité jouent à certaines échelles et pas à d'autres. La faiblesse d'inégalités entre les régions de la Suisse contre les régions de la France s'explique bien sûre par le rôle des deux gouvernements dans ses politiques d'aménagement pour réussir à limiter les immigrés.
La seule explication donnée aux inégalités dans un premier temps, consiste à dire que l'accumulation de richesses procède de certaines causes et que ces causes agissent différemment selon le lieu ou que le développement suppose des ressources et que ces ressources sont inégalement distribuées dans l'espace. Le problème est reporté plus loin. Pour le dire de façon très caricaturale, un exemple est que ce qui permet le développement est le climat tempéré. Du coup, on explique par ce facteur la différence de richesses entre les pays du Sud et les pays du Nord. Il faudrait trouver un facteur de ressources qui permettrait d'expliquer le développement et qui seraient localisé là où précisément le développement a eu lieu est absente des endroits où le développement n'a pas eu lieu. L'hétérogénéité de la répartition des richesses serait liée à une inégale distribution de ces facteurs explicatifs.
La troisième hypothèse est l'idée que la richesse diffuse, qu’il y a des effets de contagions et que cette diffusion est freinée par l'obstacle de la distance. Cela pourrait expliquer pourquoi des foyers se développent, des foyers d'accumulation du capital, au lieu de se diffuser partout dans l'espace à l'image d'une poche qui contiendrait des billes qu'on ouvrirait sur une table cirée et qui partirait dans tous les sens. Cette poche de billes qu’on ouvre, tombe comme sur un terrain sablonneux et reste au même endroit. Cette explication n’est pas du tout la même que de se dire que c’est le terrain lui-même qui présente un potentiel différent pour la formation de billes. Les billes tombent toutes au même endroit et ne vont pas se diffuser de la même façon. On peut imaginer aussi que c’est le système de rigole dans le terrain qui fait que les billes sont canalisées dans un sens et pas dans l'autre.
Si la première explication est un système de compensation, la deuxième explication est la propriété de l'espace. Ces propriétés de l'espace seraient de nature différente :
- l'hétérogénéité de l'espace : les ressources et les causes ne sont pas distribuées de la même façon ;
- l’opacité : c'est-à-dire, le frein que l'espace est de façon hétérogène, de façon isotropiques, le frein qu’il fait exercer sur le déplacement notamment des richesses.
Facteurs explicatifs
Les échanges comme jeu à somme nulle
Les échanges comme jeu à somme positive
Les milieux naturels
La démographie
Culture et institutions
Les scandales du rendement croissant
Mondialisation
Evolution des inégalités
Répartition de l’enrichissement
Géographie des inégalités
À l’échelle nationale
À l’échelle locale
Références
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