Modification de The legal and political problems of the conquest I
Attention : vous n’êtes pas connecté(e). Votre adresse IP sera visible de tout le monde si vous faites des modifications. Si vous vous connectez ou créez un compte, vos modifications seront attribuées à votre propre nom d’utilisateur(rice) et vous aurez d’autres avantages.
La modification peut être annulée. Veuillez vérifier les différences ci-dessous pour voir si c’est bien ce que vous voulez faire, puis publier ces changements pour finaliser l’annulation de cette modification.
Version actuelle | Votre texte | ||
Ligne 54 : | Ligne 54 : | ||
{{Translations | {{Translations | ||
| fr = Les problèmes juridico-politiques de la conquête I | | fr = Les problèmes juridico-politiques de la conquête I | ||
| es = | | es = | ||
}} | }} | ||
Ligne 160 : | Ligne 160 : | ||
[[Fichier:De Bry 1c.JPG|vignette|upright=0.6|The cruelties of the Spaniards (Jean Théodore de Bry).]] | [[Fichier:De Bry 1c.JPG|vignette|upright=0.6|The cruelties of the Spaniards (Jean Théodore de Bry).]] | ||
De plus, pour Vitoria : {{citation|Les Espagnols peuvent participer biens publics}} affirmant que {{citation|S’il existe chez les barbares des biens communs aux citoyens et aux étrangers, il n’est pas permis aux barbares d’empêcher les Espagnols d’y participer et d’en profiter}} sous-entendu de prétexte de guerre. Le titre de l’ouvrage est parlant {{citation|Leçon sur les Indiens et sur le droit de guerre}}. C’est une logique d’établissement des titres de propriété espagnol et dans une logique de mettre en place les conditions pour faire la guerre. Le non-respect d’une certain nombre de comme le droit du commerce ou de participer au droit public est un juste cause de guerre. | |||
Vitoria | La quatrième réponse de Vitoria est que {{citation|Les Espagnols peuvent acquérir un droit de citoyenneté aux indes}}. Ils peuvent très bien être citoyens du territoire qu’ils ont conquis ouvrant la porte au partage de la souveraineté par les colons. La cinquième réponse de Vitoria est que « En cas d’hostilité de la part des Indiens, les Espagnols peuvent se défendre par la guerre ». Dans cette réponse, il n’y a plus d’ambiguïté : {{citation|supposons que les barbares veuillent interdire aux Espagnols ce qu’on a di plus haut leur être permis par le droit des gens, par exemple le commerce et les autres activités dont on a parlé. Les Espagnols doivent d’abord éviter le scandale en recourant à la sagesse et à la persuasion. Ils doivent montre pas toutes sortes de raison qu’ils ne sont pas venus pour nuire aux Indiens, mais qu’ils veulent être accueillis et vivre paisiblement sans leur porter préjudice. Et ils doivent non seulement l’affirme, mais aussi en donner des preuves, selon ce mot : il convient que les sages éprouvent d’abord toutes choses par la parole. Si les barbares ne veulent pas accepter les raisons qu’on leur donne, mais s’ils veulent recourir à la violence, alors les Espagnols peuvent se défendre et affaire tout ce qui est nécessaire pour leur sécurité, car il est permis de repousse la force par la force. Bien plus, s’ils ne peuvent obtenir la sécurité autrement, ils peuvent construire des citadelles et des fortifications ; et, s’ils ont subi une injustice, ils peuvent, sur la décision de leur prince, la punir par la guerre et exercer les autres droits de la guerre}}. | ||
Le sort des populations dites « autochtones » était scellé, car les justes motifs de guerres sont clairement énoncés. Vitoria ouvre une brèche majeure que la conception papale ou impériale n’avait jamais abordée qui est l’apport d’un discours sur le droit de conquête et sur les conditions du droit de conquête et plus précisément sur les conditions d’une guerre juste. C’est un élément nouveau que l’on ne retrouve pas dans la conception traditionnelle impériale germanique ni dans la conception papale. En d’autres termes, jusqu’à Vitoria, il n’y avait pas ou peu de réflexion sur la guerre et sur le droit de découverte. C’est la réflexion de Vitoria qui va donner à l’idéologie européenne un nouveau caractère et une nouvelle portée. | |||
Vitoria | L’ambiguïté de Vitoria s’évapore lorsque Vitoria affirme {{citation|Les Espagnols peuvent soumettre les Indiens}}. L’ambiguïté que l’on percevait et que l’on décelait au début n’est plus du tout de rigueur : {{citation|Si les Espagnols ont essayé tous les moyens et s’ils ne peuvent obtenir la sécurité de la part des barbares qu’en s’emparant de leurs villes et en les soumettant, ils peuvent aussi le faire légitimement}}. Le ton était donnait. Cette phrase est capitale parce que Vitoria ouvre la voie à une vision beaucoup plus agressive des grands empires. La conquête était un élément important de l’Empire romain, mais Rome, de l’avis des historiens de Rome, n’a pas fait montre d’agressivité ou de conquête du monde. Rome n’a jamais eu la prétention de dominer le monde. Les conceptions papale et impériale ne se sont pas construites sur une vision agressive de l’ordre mondial. C’est une démarche de sécurisation des compétences de l’empereur ou de sécurisation et de protection des compétences du pape. Avec la découverte du Nouveau Monde, le nouveau modèle d’empire et les nouvelles conceptions d’empire qui voient le jour sont beaucoup plus ambitieuses et conquérantes. On voit très bien que le concept d’empire évolue dans un sens beaucoup plus expansionniste. | ||
[[Fichier:DelasCasasParraDF.JPG|vignette|Bartolomé de las Casas.]] | [[Fichier:DelasCasasParraDF.JPG|vignette|Bartolomé de las Casas.]] | ||
Vitoria | La septième réponse de Vitoria est que {{citation|les Espagnols peuvent exercer contre les Indiens tous les droits de la guerre}}. Il est sous-entendu que les Espagnols sont légitimés à intervenir si les Indiens ne respectent pas un certain nombre de droits naturels. | ||
La première partie a quelque part énuméré les droits fondamentaux dans l’ordre international à savoir le droit de découverte et le droit de faire du commerce. La deuxième partie introduit un autre droit qui est le droit d’évangélisation. C’est un apport majeur de la part de Vitoria qui est une réflexion sur le droit d’évangélisation comme droit faisant partie et pouvant être invoqué par les grands empires européens en devenir : « Il peut y avoir un autre titre : l’expansion de la religion chrétienne ». La première réponse est que les chrétiens ont le droit d’évangéliser les Indiens. | |||
La deuxième réponse est que « L’évangélisation des Indiens a été confiée spécialement aux Espagnols ». Cela sera contesté par Grotius en tant que protestant qui ne comprendra pas du tout pourquoi les Espagnols ont le monopole de l’évangélisation. La troisième réponse est que « Cette évangélisation exclut le recours à la force ». C’est un droit qui est un droit invocable, mais qui ne permet pas le recours à la guerre afin de l’imposer. La quatrième réponse évacue toute ambiguïté qui est que {{citation|Les Indiens ne doivent pas s’opposer à l’évangélisation}}. S’ils le font, ils sont susceptibles de faire l’objet d’une guerre. Autrement dit, s’ils s’y opposent, c’est un juste motif de guerre pour l’Empire espagnol et l’Empire portugais : {{citation|Il ressort clairement de cette réponse que, si les Espagnols ne peuvent promouvoir autrement la cause de la religion, il leur est également permis, pour cette raison, de s’emparer de leurs terres et de leurs provinces, de créer de nouveaux chefs, de déposer les anciens et de faire, en vertu du droit de la guerre, ce qu’on pourrait légitimement faire dans d’autres guerres justes. Mais ils doivent toujours agir avec mesure et modération, afin de ne pas aller plus loin qu’il ne faut. Ils doivent préférer abandonner leur propre droit plutôt qu’entreprendre une chose qui n’est pas permise. Enfin, ils doivent constamment tout orient au bien des barbares plutôt qu’à leur propre avantage}}. La marge de manœuvre des Indiens est relativement faible. En d’autres termes, s’ils refusent l’évangélisation, leur chef peut être changé, leurs provinces confisquées et toute la domination espagnole peut être exercées sans retenue. Le droit d’évangélisation n’implique pas la conversion se limitant à la prédication. En d’autres termes, on ne peut pas forcer les Indiens à se convertir, mais ils ne peuvent empêcher les Espagnols et les Portugais de propager la bonne parole. | |||
Vitoria | Vitoria postule la chose suivante : {{citation|Que les Espagnols aient été obligés de recourir à la violence et aux armes pour pouvoir se maintenir là-bas, j’e n’en doute pas. Mais je crains qu’ils soient allés au-delà de ce que permettaient le droit et la justice}}. Il est nécessaire que les puissances européennes qui conquièrent le monde montrent de retenu et respectent un certain nombre de droits ce qui deviendra le jus in bello. | ||
On voit très bien que Vitoria est encore prisonnier de deux visions. Autrement dit, on voit bien qu’en lisant le texte de Vitoria, il oscille entre deux attitudes. Une attitude qui rejette la compétence du pape et la compétence de l’empereur voulant laisser aux Indiens le contrôle, la propriété et la souveraineté sur leur territoire. Dans la troisième partie, l’introduction d’un certain nombre de droits au nom du jus gentium comme le droit de faire du commerce, d’évangéliser et de communiquer ouvre la voie à une vision expansionniste des empires européens. Il y a une tension chez Vitoria entre un homme qui est conscient des horreurs de la conquête, mais qui quelque part fournit un certain nombre d’arguments juridiques afin de la justifier. On retrouve cette tension chez Grotius qui présentera un modèle et une vision impériale cohérente. | |||
À la suite de Vitoria, les empires en Europe se mettent en place commençant à conquérir une partie du monde. Les caractéristiques des empires sont différentes. Les Empires espagnols et portugais ne correspondent pas à l’Empire anglais qui est beaucoup plus tardif. Les caractéristiques matérielles sont différentes. | |||
= The | = The empires = | ||
== Portuguese Empire == | == Portuguese Empire == |