Modification de The Formation of Global Migration Systems
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La continuité de la migration, même après la fin d'une crise spécifique, peut être comprise en tenant compte de la complexité et de l'interdépendance des facteurs qui influencent la migration. La migration n'est pas déclenchée par un seul événement ou une seule condition, mais résulte plutôt d'une combinaison de facteurs qui interagissent et se complètent. L'un des éléments cruciaux est l'effet cumulatif des migrations antérieures. Les migrations précédentes créent des communautés diasporiques dans les pays de destination, qui à leur tour encouragent et facilitent l'arrivée de nouveaux migrants. Cette forme de migration en chaîne signifie que les mouvements de population peuvent se perpétuer même après la disparition de la cause initiale. Les crises, en plus de leurs impacts immédiats, peuvent entraîner des changements sociétaux et culturels durables. Ces changements peuvent modifier de manière permanente les structures économiques et sociales, ainsi que les aspirations et les attentes des individus, ce qui peut continuer à motiver la migration longtemps après la fin de la crise. De plus, les perceptions et les attentes jouent un rôle important. Les opportunités perçues à l'étranger, souvent idéalisées grâce aux récits de réussite des migrants précédents, peuvent continuer à inciter à la migration. Ces perceptions peuvent persister même lorsque la réalité est différente, alimentant ainsi la migration continue. Les conditions économiques et politiques prolongées résultant de crises antérieures peuvent également entretenir la migration. Par exemple, des transformations économiques majeures ou un chômage élevé persistant après la fin de la crise peuvent pousser les gens à chercher de meilleures opportunités ailleurs. Les politiques migratoires des pays de destination et la législation internationale influencent aussi la continuité de la migration. Des politiques plus libérales et des accords facilitant la migration peuvent encourager un flux continu de migrants. Enfin, une fois que la migration devient une option viable et reconnue, elle peut devenir une réponse standard aux défis économiques ou sociaux, même en l'absence d'une crise aiguë. Cette inertie sociale et économique peut maintenir le mouvement des populations bien après la résolution des problèmes qui l'ont initialement motivé. Dans son ensemble, la migration est un processus dynamique et multifactoriel, où divers facteurs sociaux, économiques, politiques et personnels s'entremêlent, souvent créant un élan qui perpétue la migration au-delà de ses causes initiales. | |||
La crise de la pomme de terre en Irlande en 1845, également connue sous le nom de Grande Famine, a été un événement déclencheur majeur de l'émigration irlandaise vers les États-Unis. Cette catastrophe, combinée avec le développement de la navigation à vapeur rendant les voyages transatlantiques plus accessibles et abordables, a coïncidé avec la perception des États-Unis comme un lieu de rêve et d'opportunité. Ces facteurs ont conduit à une émigration massive de deux millions d'Irlandais, un mouvement qui s'est poursuivi même après la fin de la famine. | |||
Le fait que la migration ait continué même après 1914, quand les salaires moyens en Irlande et aux États-Unis étaient devenus similaires, illustre la complexité des motifs de migration. Cela suggère que les décisions de migrer ne dépendent pas uniquement de considérations économiques immédiates, mais aussi de facteurs plus larges et parfois plus nuancés. Premièrement, l'émigration avait déjà créé des réseaux établis aux États-Unis. Ces communautés diasporiques irlandaises offraient du soutien, des informations et des opportunités pour les nouveaux arrivants, ce qui rendait la migration vers les États-Unis plus attractive et moins risquée. Deuxièmement, les perceptions et attentes à l'égard des États-Unis, en tant que terre d'opportunité, ont continué de jouer un rôle majeur. Le "rêve américain", alimenté par des récits de réussite et une idéalisation de la vie aux États-Unis, a maintenu son attrait, même si la réalité économique était devenue moins favorable. Troisièmement, les effets à long terme de la Grande Famine et des politiques britanniques en Irlande ont peut-être laissé des cicatrices économiques et sociales profondes, influençant la décision de continuer à émigrer. La mémoire collective de la famine, ainsi que la quête d'une plus grande stabilité politique et économique, ont pu contribuer à la poursuite de l'émigration. Enfin, la migration, une fois devenue une pratique courante, peut s'auto-entretenir. La décision de migrer est souvent influencée par les actions de ceux qui sont partis avant, créant un phénomène de migration en chaîne qui peut perdurer indépendamment des conditions économiques initiales. Bien que les salaires moyens aient pu se niveler entre l'Irlande et les États-Unis, d'autres facteurs, tels que les réseaux sociaux, les perceptions culturelles, l'histoire et les dynamiques de migration établies, ont continué à motiver les Irlandais à émigrer vers les États-Unis. | |||
L'autonomisation des flux migratoires est un concept crucial pour comprendre pourquoi la migration continue souvent même après la disparition des causes initiales. Ce phénomène implique que, une fois que les migrations commencent en réponse à certaines conditions ou crises, elles tendent à développer une dynamique propre qui les maintient au-delà de la résolution de ces conditions initiales. Dans le cas de l'émigration irlandaise vers les États-Unis, par exemple, la Grande Famine a été le facteur déclencheur. Cependant, une fois que les communautés irlandaises se sont établies aux États-Unis et que les réseaux de migrants ont été créés, ces réseaux ont commencé à jouer un rôle autonome dans la promotion et la facilitation de la migration supplémentaire. Les communautés diasporiques fournissent non seulement des informations et un soutien aux nouveaux arrivants, mais créent également un sentiment d'appartenance et de connexion avec le pays de destination, indépendamment des conditions économiques ou politiques qui ont initialement motivé la migration. De plus, la migration en chaîne, où les migrants suivent les membres de leur famille, leurs amis ou leurs concitoyens dans le pays de destination, devient un moteur important de la migration continue. Ces réseaux sociaux et familiaux peuvent être plus influents dans les décisions de migration que les facteurs économiques ou politiques. En outre, les perceptions et les attentes peuvent aussi jouer un rôle dans l'autonomisation des flux migratoires. Les mythes et les récits autour des pays de destination, tels que le "rêve américain" dans le contexte des États-Unis, continuent d'attirer les migrants même si la réalité économique est différente de l'image idéalisée. Les flux migratoires, une fois initiés, peuvent acquérir une autonomie par rapport à leurs causes originales. Les réseaux sociaux, les attentes culturelles, et les dynamiques de migration en chaîne contribuent à maintenir et à amplifier ces flux, même en l'absence des conditions qui les ont déclenchés initialement. Cela explique pourquoi la migration peut continuer à un rythme soutenu même après que les circonstances ayant provoqué le premier mouvement migratoire aient changé ou disparu. | |||
L'explication du phénomène d'autonomisation des flux migratoires, en particulier dans le contexte de la migration irlandaise vers les États-Unis, repose en grande partie sur le rôle des réseaux sociaux et de la communication entre les migrants et leurs familles restées au pays. Lorsqu'un migrant irlandais s'installe aux États-Unis, les lettres et les informations qu'il envoie à sa famille en Irlande jouent un rôle crucial dans la poursuite de la migration. Ces correspondances offrent des informations fiables et pratiques sur la vie aux États-Unis, y compris des conseils sur les démarches d'immigration, les opportunités d'emploi, les quartiers où vivre et ceux à éviter. Cette communication directe et fiable renforce la confiance des membres de la famille et des amis restés en Irlande, car elle provient de sources qu'ils connaissent et en qui ils ont confiance. Elle crée un lien tangible entre le pays d'origine et le pays de destination, réduisant ainsi l'incertitude et le risque perçu associés à la migration. En fournissant un réseau social et un soutien, les migrants établis encouragent d'autres membres de la famille et de la communauté à les rejoindre. Ce phénomène est un exemple typique de migration en chaîne, où les migrants suivent les voies tracées par ceux qui les ont précédés, créant ainsi des schémas de migration établis et renforçant la dynamique des flux migratoires. De plus, ceux qui choisissent de migrer sont souvent les individus les plus ouverts et entreprenants, ceux qui sont disposés à prendre des risques et à chercher de nouvelles opportunités. Cela peut conduire à une sorte de sélection auto-entretenue, où les populations qui restent dans le pays d'origine sont souvent plus conservatrices ou moins enclines à la prise de risque. La migration irlandaise vers les États-Unis illustre comment les réseaux sociaux et la communication entre les migrants et leurs familles peuvent créer et maintenir des flux migratoires. Ces dynamiques montrent également comment la migration peut transformer non seulement les sociétés d'accueil, mais aussi les communautés d'origine, souvent en façonnant la composition et les attitudes de ces populations sur le long terme. | |||
= | = Intégration et Assimilation: Le Cas Américain = | ||
=== | === Dichotomie Sociale: Dominants (WASP) vs Dominés === | ||
L'intégration et l'assimilation des immigrants aux États-Unis ont toujours été des processus complexes, influencés par des dynamiques de pouvoir et des structures sociales préexistantes. Dans le contexte américain, les White Anglo-Saxon Protestants (WASPs) ont longtemps constitué le groupe dominant, tant sur le plan politique qu'économique. Cette domination reflète l'héritage de la vieille migration, principalement britannique, scandinave et allemande, qui a formé la base de la société américaine dès ses débuts. | |||
Ces groupes, en raison de leurs origines ethniques et de leur appartenance religieuse (protestante), ont souvent été perçus comme le "noyau" de l'identité américaine. Ils ont joué un rôle majeur dans la formation des institutions politiques et économiques des États-Unis et ont longtemps occupé une position privilégiée dans la hiérarchie sociale et culturelle du pays. | |||
L'élection de John F. Kennedy en tant que président en 1960 a marqué un tournant significatif dans l'histoire américaine. Kennedy était non seulement d'origine irlandaise, mais aussi catholique, ce qui le distinguait du profil WASP traditionnellement associé aux leaders politiques américains. Sa présidence a symbolisé une certaine ouverture dans la société américaine et a indiqué une évolution dans l'acceptation des groupes ethniques et religieux qui étaient auparavant marginalisés ou tenus à l'écart des sphères de pouvoir. | |||
Kennedy' | La présidence de Kennedy a également reflété et peut-être contribué à des changements plus larges dans la société américaine concernant l'intégration et l'assimilation des différents groupes ethniques et religieux. Son succès en tant que premier président catholique et d'origine irlandaise a défié certaines des normes et des attentes traditionnelles sur qui pouvait accéder au pouvoir dans la société américaine. | ||
=== | === Formation de Communautés Immigrées et Segmentation Urbaine === | ||
L'autonomisation des flux migratoires a joué un rôle clé dans la formation de communautés d'immigrants et la segmentation de l'espace dans les villes américaines, comme en témoignent les quartiers tels que Chinatown ou Little Italy. Ce phénomène s'explique par la tendance des migrants à rejoindre des membres de leur famille ou des connaissances qui se sont déjà établis dans le pays de destination. Ces réseaux familiaux et sociaux offrent un soutien indispensable aux nouveaux arrivants, facilitant leur installation et intégration. | |||
Dans ce contexte, les migrants tendent à se regrouper avec d'autres membres de leur communauté, créant ainsi des enclaves ethniques au sein des villes. Ces quartiers, comme Chinatown pour les immigrants chinois ou Little Italy pour les immigrants italiens, servent de lieux de rassemblement où les traditions culturelles, la langue, et les pratiques sociales peuvent être préservées et transmises. Ils offrent également un espace où les migrants peuvent se soutenir mutuellement, tant sur le plan économique que social. | |||
Concernant la mafia italienne, son émergence aux États-Unis est liée aux défis auxquels les immigrants italiens étaient confrontés, notamment en termes de protection contre les agressions et de discrimination. Dans l'absence de structures de soutien adéquates et face à la marginalisation, certains membres de la communauté italienne se sont tournés vers des organisations clandestines pour assurer leur protection et avancer leurs intérêts. Cependant, il est important de noter que ces organisations, bien que présentées parfois comme des protecteurs de la communauté, se sont souvent engagées dans des activités criminelles et ont eu un impact complexe et parfois négatif sur les communautés qu'elles prétendaient servir. | |||
Ces quartiers ethniques et ces structures communautaires sont des témoignages de la manière dont les immigrants ont façonné et continuent de façonner le paysage culturel et social des villes américaines. Ils reflètent les défis, les stratégies d'adaptation, et les contributions des immigrants à la société américaine. | |||
=== | === Défis d'Intégration des Nouveaux Immigrants === | ||
La théorie de la sédimentation dans le contexte de l'immigration aux États-Unis offre un cadre pour comprendre comment différentes vagues d'immigration sont intégrées dans la société américaine et comment les perceptions et les traitements de ces groupes changent au fil du temps. Cette théorie suggère que chaque nouvelle vague d'immigrants subit initialement des difficultés d'intégration, y compris des expériences de discrimination et de racisme, mais que ces défis s'atténuent avec l'arrivée de groupes ultérieurs. | |||
Dans le cas des immigrés de la "nouvelle vague", principalement italiens et slaves, arrivés aux États-Unis vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, ils ont été confrontés à des défis significatifs d'intégration. Ces groupes, en raison de leurs différences culturelles, linguistiques et religieuses par rapport à la majorité anglo-saxonne protestante, ont souvent été perçus comme des "étrangers" difficiles à assimiler. | |||
Selon la théorie de la sédimentation, ces groupes ont été soumis à des préjugés et à une marginalisation initiale. Cependant, avec l'arrivée de nouvelles vagues d'immigrants, les groupes précédemment marginalisés ont commencé à être perçus comme plus intégrés ou "américanisés". Par exemple, les immigrants irlandais et allemands, qui avaient été auparavant l'objet de discrimination, ont vu leur statut s'améliorer relativement avec l'arrivée des immigrants italiens et slaves. Cette dynamique illustre un modèle où les derniers arrivants sont souvent les plus marginalisés et font face au plus grand degré de discrimination. Au fur et à mesure que ces groupes s'établissent, s'intègrent économiquement et politiquement, et à mesure que de nouveaux groupes arrivent, la perception et le traitement de ces communautés immigrées antérieures évoluent. | |||
Cette théorie simplifie une réalité complexe et que l'intégration et l'assimilation sont des processus multifactoriels influencés par de nombreux facteurs, y compris les politiques gouvernementales, les conditions économiques, et les attitudes sociales plus larges. Néanmoins, la théorie de la sédimentation offre un aperçu utile de la manière dont les dynamiques d'intégration peuvent évoluer au sein d'une société avec des vagues successives d'immigration. | |||
=== | === Conséquences de l'Industrialisation sur la Société Américaine === | ||
À la fin du XIXe siècle, l'Amérique a connu des changements significatifs dans son paysage économique et social, en partie dus à la fin de la conquête du Far West et à l'industrialisation rapide. La fermeture de la frontière ouest, souvent symbolisée par le recensement de 1890 déclarant la fin de la "frontière" américaine, a marqué un tournant dans les opportunités disponibles pour les immigrants et les citoyens américains. | |||
Pendant des décennies, la migration vers l'Ouest avait été une voie pour de nombreux Américains et immigrants pour devenir propriétaires de terres. Cette expansion vers l'ouest, bien que tragiquement conflictuelle et dévastatrice pour les populations autochtones, était perçue comme une opportunité de prospérité et de succès individuel, symbolisée par l'accès à la propriété foncière. Cependant, avec la fin effective de cette expansion, les opportunités de posséder des terres et de s'établir en tant que fermiers indépendants ont considérablement diminué. En parallèle, les États-Unis ont connu une industrialisation rapide, avec le développement de grandes usines et le besoin croissant de main-d'œuvre dans les zones urbaines. Les immigrants arrivant à cette période se sont donc retrouvés dans une situation différente de celle des générations précédentes. Au lieu de s'orienter vers l'agriculture et la conquête de terres, ils se sont tournés vers les emplois industriels, devenant des employés dans des usines souvent caractérisées par des conditions de travail difficiles, des salaires bas et des heures longues. | |||
Cette transition a eu plusieurs implications. Premièrement, elle a signifié un changement dans le rêve américain, passant de la propriété foncière à l'emploi industriel. Deuxièmement, l'afflux de main-d'œuvre a contribué à maintenir les salaires bas, créant des conditions économiques difficiles pour de nombreux travailleurs, tant immigrants que natifs. Troisièmement, cela a renforcé la division de classe, car la capacité de devenir propriétaire de terres, un symbole de succès et d'indépendance, devenait de moins en moins accessible. La fin de la conquête du Far West et l'industrialisation ont marqué une période de transition majeure dans l'histoire des États-Unis, redéfinissant les opportunités et les défis auxquels les immigrants et les citoyens étaient confrontés. Ces changements ont également contribué à façonner la structure socio-économique du pays, avec des répercussions qui se sont fait sentir bien au-delà de cette période. | |||
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les États-Unis ont connu une diminution de la fluidité sociale, rendant l'ascension sociale plus difficile pour beaucoup. Cette période a vu l'émergence et la popularisation de certains mythes américains, notamment celui du self-made-man et du cowboy, qui reflétaient l'idéal de réussite individuelle et d'indépendance. Cependant, la réalité historique et sociale de ces mythes était souvent plus complexe et diversifiée que ne le suggèrent les représentations populaires. Le mythe du self-made-man, qui célèbre la capacité d'une personne à s'élever socialement et économiquement par son travail acharné et son ingéniosité, a gagné en popularité pendant cette période. Ce mythe a été renforcé par des histoires d'entrepreneurs et d'industriels qui, partis de rien, auraient bâti des fortunes et des entreprises prospères. Cependant, cette narrative a souvent masqué les barrières structurelles et les inégalités qui rendaient une telle ascension difficile pour la majorité des gens, en particulier pour les immigrants, les minorités ethniques, et les classes ouvrières. En ce qui concerne le mythe du cowboy, l'image populaire du cowboy en tant que figure héroïque, solitaire et intrépide de l'Ouest américain était largement blanche et masculinisée. Néanmoins, la réalité historique montre que les cowboys étaient en fait très diversifiés sur le plan racial et ethnique. Beaucoup d'entre eux étaient des Noirs, des Asiatiques, des Hispaniques et des Amérindiens. Cette diversité reflète la nature multiculturelle de la frontière américaine, bien que cette réalité ait été fréquemment occultée dans les récits et les représentations culturelles dominants. Cette période de l'histoire américaine a vu l'émergence de mythes puissants sur la réussite individuelle et l'aventure, qui étaient à la fois une source d'inspiration et, parfois, un voile sur les réalités sociales et économiques plus complexes. La diminution de la mobilité sociale et les difficultés croissantes d'ascension économique contrastaient avec ces récits idéalisés, révélant les tensions entre l'idéal américain et les expériences vécues par de nombreux citoyens et immigrants aux États-Unis. | |||
== Montée de la Xénophobie et Politiques de Restriction Migratoire == | |||
La xénophobie et la fermeture des frontières aux États-Unis se sont développées en deux phases distinctes, reflétant les tensions et les changements dans la société américaine à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. | |||
La période de de la du XIXe siècle (1890 - 1900) a été marquée par une montée de la xénophobie, en grande partie due à l'arrivée massive d'immigrants de la nouvelle vague, notamment d'Italie, de Russie, et d'autres pays d'Europe de l'Est et du Sud. Ces immigrants, souvent catholiques ou juifs, différaient culturellement et religieusement des populations majoritairement protestantes d'origine anglo-saxonne et germanique. Leur arrivée a suscité des inquiétudes parmi certaines parties de la population américaine, qui craignaient que ces nouveaux arrivants ne puissent pas s'assimiler ou qu'ils ne menacent les emplois et la stabilité économique. Cette période a vu l'émergence de mouvements nativistes et de lois restrictives, comme la Loi d'exclusion des Chinois de 1882, qui visaient à limiter l'immigration de certains groupes. La fin de la Première Guerre mondiale a marqué une deuxième phase de xénophobie et de fermeture des frontières. Cette période a été caractérisée par une intensification des sentiments anti-immigrants, exacerbée par les peurs post-guerre concernant le radicalisme politique (comme le communisme et l'anarchisme) et une récession économique. La "Peur rouge" de 1919-1920, une période de forte peur du communisme aux États-Unis, a souvent été associée aux immigrants, en particulier à ceux d'Europe de l'Est. En réponse à ces craintes, les États-Unis ont adopté des lois d'immigration de plus en plus restrictives, comme les Quota Acts de 1921 et 1924, qui ont mis en place des quotas sévères basés sur les origines nationales et ont considérablement réduit l'immigration en provenance de nombreux pays. | |||
Ces deux périodes reflètent les tensions et les défis que les États-Unis ont rencontrés en intégrant des vagues successives d'immigrants dans une société en rapide évolution. La xénophobie et les politiques restrictives de l'époque ont eu un impact durable sur le paysage de l'immigration aux États-Unis, façonnant à la fois les perceptions et les expériences des immigrants et les politiques migratoires américaines pendant des décennies. | |||
Durant la première période de xénophobie aux États-Unis, à la fin du XIXe siècle, un racisme spécifique ciblant les Asiatiques et les Afro-Américains s'est manifesté de manière notable. Ce racisme était en partie alimenté par la peur que les Blancs ne deviennent minoritaires face à une augmentation perçue de la population asiatique et noire. Ce sentiment était renforcé par des changements démographiques, notamment la baisse de la natalité à partir de 1875, qui était plus prononcée parmi les Blancs aisés que parmi les communautés noires et asiatiques, souvent économiquement défavorisées. Cette peur d'être submergé par des populations non-blanches a conduit à des politiques discriminatoires et à des lois raciales. Par exemple, la Loi d'exclusion des Chinois de 1882 a été l'une des premières et des plus significatives de ces lois, interdisant l'immigration de travailleurs chinois. Elle a établi un précédent pour d'autres législations discriminatoires contre les Asiatiques. | |||
La victoire du Japon sur la Russie en 1905 lors de la guerre russo-japonaise a exacerbé ces craintes aux États-Unis, alimentant des inquiétudes sur la "montée" de l'Asie et une possible menace pour la suprématie occidentale. Cette perception a conduit à une méfiance accrue envers les immigrants japonais et à l'établissement de quotas et de restrictions d'immigration visant spécifiquement les Asiatiques. Ces politiques reflétaient et renforçaient des attitudes racistes et xénophobes déjà présentes dans la société américaine. Le racisme de cette époque n'était pas uniquement dirigé contre les Asiatiques, mais affectait également les Afro-Américains, qui continuaient de faire face à la ségrégation et à la discrimination systémique dans de nombreuses parties du pays. Malgré l'abolition de l'esclavage après la guerre civile, les lois Jim Crow dans le Sud et d'autres formes de discrimination institutionnalisée ont maintenu les Afro-Américains dans une position inférieure sur les plans social, économique et politique. | |||
Après la Première Guerre mondiale, les États-Unis ont connu une deuxième vague de xénophobie et de fermeture des frontières, influencée par des facteurs économiques, sociaux et politiques complexes. Pendant la guerre, l'immigration aux États-Unis avait considérablement diminué, tandis que l'économie américaine était fortement mobilisée pour la production d'armes et de matériel militaire. Avec la fin de la guerre en 1918, l'immigration a repris, alimentée par un grand nombre de réfugiés européens cherchant à fuir les ravages et les bouleversements causés par la guerre. Dans un premier temps, cette vague d'immigration ne posait pas de problème majeur, étant donné que les industries de guerre étaient encore actives. Cependant, avec le retour à une économie de paix en 1920, la situation a rapidement changé. Les commandes militaires ont cessé, entraînant des licenciements massifs et une récession économique. Les syndicats américains, déjà préoccupés par les troubles et les grèves, ont commencé à attribuer la responsabilité du chômage et de la baisse des salaires à l'afflux de nouveaux immigrants. Ces inquiétudes étaient exacerbées par la peur du communisme, en particulier concernant les immigrants en provenance d'Europe de l'Est, où le communisme gagnait en influence. | |||
Dans ce contexte de crainte du communisme, de tensions économiques et de chômage, les attitudes envers les immigrants se sont durcies. Les années 1920 ont vu l'adoption de lois restrictives en matière d'immigration, comme les Quota Acts de 1921 et 1924, qui limitaient sévèrement l'immigration en provenance de nombreux pays, en particulier ceux d'Europe de l'Est et d'Asie. En parallèle, les États-Unis se sont retirés de la scène internationale, malgré leur rôle clé dans la création de la Société des Nations après la Première Guerre mondiale. Ce retrait et le renforcement des quotas d'immigration reflétaient un désir croissant d'isolationnisme et une méfiance envers les influences étrangères. Cette période après la Première Guerre mondiale représente donc un moment crucial dans l'histoire des États-Unis, marqué par des tensions économiques, une montée de l'anticommunisme, et un durcissement des attitudes envers les immigrants. Ces éléments ont contribué à façonner la politique d'immigration américaine et l'identité nationale pour les décennies à venir. | |||
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