Modification de Le CICR et les limites de l’action humanitaire pendant la Deuxième guerre mondiale

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La position du CICR pendant la Shoah, bien que basée sur des principes humanitaires fondamentaux, a révélé les tensions et les dilemmes inhérents à l'action humanitaire en temps de guerre. La nécessité de maintenir la neutralité et l'impartialité pour pouvoir aider le plus grand nombre possible de personnes a parfois entravé la capacité du CICR à dénoncer les horreurs de la Shoah de manière plus vigoureuse. Cette période a souligné l'importance de trouver un équilibre entre ces principes et la responsabilité de témoigner et d'agir face aux crimes contre l'humanité.
La position du CICR pendant la Shoah, bien que basée sur des principes humanitaires fondamentaux, a révélé les tensions et les dilemmes inhérents à l'action humanitaire en temps de guerre. La nécessité de maintenir la neutralité et l'impartialité pour pouvoir aider le plus grand nombre possible de personnes a parfois entravé la capacité du CICR à dénoncer les horreurs de la Shoah de manière plus vigoureuse. Cette période a souligné l'importance de trouver un équilibre entre ces principes et la responsabilité de témoigner et d'agir face aux crimes contre l'humanité.


=== Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a été confronté à des dilemmes éthiques et stratégiques considérables pendant la Seconde Guerre mondiale, en particulier face à l'extermination systématique de millions de civils par le régime nazi ===
Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a été confronté à des dilemmes éthiques et stratégiques considérables pendant la Seconde Guerre mondiale, en particulier face à l'extermination systématique de millions de civils par le régime nazi. L'une des préoccupations majeures du CICR était de maintenir l'unité et la neutralité du mouvement de la Croix-Rouge, essentiels pour son fonctionnement et son acceptation par toutes les parties en conflit. Cette approche a façonné les décisions du Comité concernant la Shoah et les atrocités nazies.


Le CICR a toujours insisté sur les principes d'unité et de neutralité pour garantir l'accès aux victimes de guerre et la possibilité d'exercer ses fonctions humanitaires. Prendre position publiquement contre le régime nazi aurait pu être perçu comme une attaque contre le Reich, compromettant ainsi les relations du CICR avec les autorités nazies et, par conséquent, son efficacité sur le terrain. L'idée était que toute dénonciation publique des atrocités nazies risquait de nuire à la mission humanitaire globale du CICR, notamment en ce qui concerne l'aide aux prisonniers de guerre.
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À l'intérieur du CICR, des discussions ont eu lieu sur la possibilité de lancer un appel à la protection de la population civile. Cependant, cette proposition a finalement été écartée. Les membres du Comité craignaient que cela soit perçu comme une critique directe du Reich, ce qui pourrait non seulement entraver leurs efforts humanitaires mais aussi aller à l'encontre de la position officielle du gouvernement suisse, qui maintenait une stricte neutralité pendant le conflit.
Il a été avancé que l’unité du mouvement de la Croix Rouge devait être maintenue et qu’il était de toute façon inutile de prendre position ou d’agir sur la question, voire contre-productif, puisque cela pouvait remettre en cause son action humanitaire relative aux prisonniers de guerre. L’idée d’un appel à la protection de la population civile a été discutée par le Comité, mais a fini par être exclue puisque cela pouvait être perçu comme une attaque contre le Reich, ce qui compromettrait davantage le Comité dans son œuvre humanitaire et allait à l’encontre de la position du gouvernement suisse.
 
La neutralité suisse était un facteur déterminant pour le CICR, basé à Genève. Le gouvernement suisse, cherchant à éviter toute implication directe dans le conflit, influençait le CICR pour qu'il adopte une position similaire, limitant ainsi les possibilités d'intervention directe ou de condamnation publique des actions nazies.
Cependant, la situation a commencé à changer avec la victoire des Alliés à Stalingrad qui annonçait le début de la fin du nazisme et plus particulièrement suivant le Débarquement de Normandie concomitant à la grande poussée de l’Armée soviétique vers l’Ouest dans le cadre du Plan Bagration. C’est en hiver 1944, alors que les troupes alliées avaient libéré une grande partie de l’Europe occupée et commençaient déjà son invasion dans le territoire allemand, que le CICR a intensifié ses efforts en faveur des internés dans les camps de concentration avec l’appui des Alliés.
 
Cette approche prudente a permis au CICR de continuer ses opérations humanitaires dans une certaine mesure, en particulier en ce qui concerne les prisonniers de guerre. En maintenant une position de neutralité stricte, le CICR a pu préserver un accès limité aux camps de prisonniers et fournir des colis de secours, même si cet accès était souvent sévèrement restreint et manipulé par les autorités nazies.
C’est dans les derniers mois de la guerre que le CICR lancera sa campagne d’aide en faveur des détenus des camps de concentration et des fabriques esclavagistes allemandes. Notamment, en mars 1945, le commandant du RSHA et sous-responsable du système concentrationnaire Kaltenbrunner avait négocié un accord avec le CICR donnant un accès permanent aux délégués du Comité vers certains camps.
 
Après la guerre, la politique de neutralité du CICR pendant la Shoah a été critiquée pour son manque de dénonciation publique et d'action plus ferme face aux atrocités nazies. De nombreux observateurs et historiens ont soutenu que le CICR aurait dû adopter une position plus active pour protéger les civils et dénoncer les crimes de guerre. Cette période a conduit à une réflexion interne et internationale sur les responsabilités des organisations humanitaires face aux génocides et aux violations massives des droits de l'homme.
 
La décision du CICR de maintenir une neutralité stricte et de ne pas lancer un appel public à la protection des civils pendant la Shoah reflète les tensions entre les principes humanitaires et les réalités politiques et opérationnelles. Bien que cette approche ait permis au CICR de continuer à fournir une aide essentielle dans certains domaines, elle a également montré les limites de la neutralité en face de crimes contre l'humanité d'une telle ampleur. Les leçons tirées de cette période ont été cruciales pour le développement des cadres internationaux de protection des civils et des réponses humanitaires aux crises futures.
 
=== la situation a commencé à changer avec la victoire des Alliés à Stalingrad en février 1943, un tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale qui annonçait le début du déclin du nazisme ===
Cependant, la situation a commencé à changer avec la victoire des Alliés à Stalingrad en février 1943, un tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale qui annonçait le début du déclin du nazisme. Ce changement de marée s'est accentué avec le Débarquement de Normandie le 6 juin 1944 et la grande offensive soviétique vers l'Ouest, connue sous le nom de Plan Bagration, lancée en juin 1944. Ces événements ont marqué le début de la libération de l'Europe occupée par les Nazis.
 
Avec ces victoires alliées, le CICR a trouvé une nouvelle opportunité pour intensifier ses efforts en faveur des internés dans les camps de concentration nazis. L'avancée des troupes alliées et soviétiques a permis de libérer de vastes territoires et de nombreux camps de concentration. En hiver 1944, alors que les Alliés pénétraient de plus en plus profondément en territoire allemand, le CICR a renforcé ses actions humanitaires grâce à un meilleur accès et un soutien accru des puissances alliées.
 
Avec le recul des forces nazies, les Alliés ont été plus ouverts à coopérer avec le CICR pour fournir une aide humanitaire aux victimes des camps de concentration. Cette coopération a permis au CICR de redoubler d'efforts pour envoyer des colis de secours, des médicaments, et d'autres fournitures essentielles aux détenus. Les autorités nazies, face à une défaite imminente, ont parfois été contraintes de permettre plus de visites et d'assistance humanitaire, bien que souvent sous la contrainte des circonstances militaires et de la pression internationale croissante.
 
L'intensification des efforts du CICR coïncidait avec la libération progressive des camps de concentration par les forces alliées et soviétiques. Au fur et à mesure que les camps étaient libérés, le CICR et d'autres organisations humanitaires ont joué un rôle crucial dans la fourniture de soins d'urgence aux survivants, souvent gravement malades et affamés. La documentation et le témoignage des atrocités découverts dans ces camps par les délégués du CICR ont également contribué à l'édification du monde sur l'ampleur des crimes nazis.
 
L'une des actions notables du CICR pendant cette période fut l'organisation de convois humanitaires, en collaboration avec la Croix-Rouge suédoise et d'autres associations nationales de la Croix-Rouge. Ces convois, tels que les fameux "bus blancs" de la Croix-Rouge suédoise, ont permis de sauver des milliers de détenus en les évacuant des camps de concentration et en leur fournissant une aide immédiate.
 
La fin de la guerre et la libération des territoires occupés ont permis au CICR d'intensifier ses efforts pour aider les internés des camps de concentration nazis. Grâce à la coopération accrue des Alliés et à l'accès élargi aux zones libérées, le CICR a pu jouer un rôle crucial dans les secours humanitaires pendant les derniers mois du conflit. Cette période a illustré la résilience et l'engagement du CICR envers ses principes humanitaires, malgré les immenses défis et les horreurs de la guerre. Les efforts du CICR et des autres organisations humanitaires durant cette période ont également mis en évidence la nécessité de renforcer les mécanismes internationaux de protection des civils et des prisonniers en temps de guerre, une leçon qui a profondément influencé l'élaboration des Conventions de Genève de 1949.
 
=== C’est dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale que le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a intensifié ses efforts pour aider les détenus des camps de concentration et des fabriques esclavagistes allemandes ===
C’est dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale que le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a intensifié ses efforts pour aider les détenus des camps de concentration et des fabriques esclavagistes allemandes. À mesure que les Alliés progressaient et que la défaite allemande devenait inévitable, le CICR a trouvé de nouvelles opportunités pour intervenir plus directement.
 
En mars 1945, alors que la guerre touchait à sa fin, le CICR a lancé une campagne d’aide en faveur des détenus des camps de concentration et des usines de travail forcé. Cette campagne a bénéficié d'un tournant important lorsqu'Ernst Kaltenbrunner, commandant du Reichssicherheitshauptamt (RSHA) et sous-responsable du système des camps de concentration, a négocié un accord avec le CICR. Cet accord permettait aux délégués du CICR d'avoir un accès permanent à certains camps de concentration.
 
L'accord avec Kaltenbrunner représentait une percée significative pour le CICR, qui avait jusque-là été largement empêché d'accéder aux camps de concentration. Cette ouverture a permis aux délégués du CICR de visiter plus régulièrement certains camps et d'évaluer les conditions de détention. Bien que les nazis aient encore tenté de manipuler ces visites en présentant des conditions temporaires améliorées, l'accès accru a néanmoins permis au CICR de fournir une aide plus substantielle et de documenter les horreurs des camps.
 
Avec ce nouvel accès, le CICR a pu organiser et distribuer de l'aide humanitaire plus efficacement. En collaboration avec la Croix-Rouge suédoise et d'autres associations nationales, le CICR a mis en place des convois humanitaires pour livrer des vivres, des vêtements, des médicaments, et des articles de première nécessité aux détenus. Ces actions ont inclus les fameux "bus blancs" de la Croix-Rouge suédoise, qui ont évacué des milliers de détenus des camps de concentration vers des lieux plus sûrs en Suède et dans d'autres pays neutres.
 
Bien que l'impact de cette aide ait été limité par les conditions chaotiques de la fin de la guerre, elle a néanmoins sauvé de nombreuses vies et apporté un soulagement vital à des milliers de détenus. La présence accrue du CICR dans les camps de concentration a également permis une meilleure documentation des atrocités, fournissant des preuves cruciales qui seraient utilisées plus tard dans les procès pour crimes de guerre.
 
Les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale ont vu le CICR jouer un rôle crucial dans la fourniture d'aide humanitaire aux détenus des camps de concentration et des usines de travail forcé allemandes. L'accord avec Kaltenbrunner, malgré ses motivations potentiellement cyniques, a permis au CICR d'accéder à certains camps et d'intensifier ses efforts de secours. Cette période a démontré la résilience et l'engagement du CICR à apporter une aide humanitaire même dans les circonstances les plus difficiles, et a souligné l'importance de l'accès humanitaire et de la coopération internationale dans la protection des droits de l'homme en temps de guerre.


= Le CICR face à la Deuxième Guerre mondiale =
= Le CICR face à la Deuxième Guerre mondiale =


=== La Seconde Guerre mondiale a posé des défis sans précédent pour le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), ===
Donc, la problématique générale qui se pose pendant la Deuxième guerre mondiale pour le CICR est comment il peut agir en tant qu’acteur humanitaire en face de ces États totalitaires qui violent systématiquement les droits humains, qui établissent des systèmes de non-droit plus ou moins au moins contre certaines couches de la population, pour certaines couches de la population c’était un système de non-droit. Et comment préserver le droit humanitaire en guerre face à ces totalitarismes ? Cela est la problématique.
La Seconde Guerre mondiale a posé des défis sans précédent pour le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), confronté à des États totalitaires qui violaient systématiquement les droits humains et instauraient des systèmes de non-droit, en particulier contre certaines couches de la population. La problématique générale pour le CICR durant cette période se résume à la question suivante : comment agir en tant qu’acteur humanitaire face à ces régimes et comment préserver le droit humanitaire en temps de guerre face à des totalitarismes qui bafouent ces principes fondamentaux ?
 
Les régimes totalitaires de l'Axe, principalement l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste, ainsi que l'Empire du Japon, ont imposé des politiques d'exclusion, de persécution et de violence extrême contre des groupes spécifiques, créant des environnements où les droits de l'homme et le droit humanitaire étaient systématiquement violés. Ces régimes ont établi des systèmes de non-droit où les protections légales et les normes humanitaires ne s'appliquaient pas, ou étaient largement ignorées.
 
Le CICR a dû maintenir sa neutralité et son impartialité pour pouvoir continuer à opérer dans des zones de conflit et obtenir l'accès aux victimes. Cette neutralité, bien que cruciale pour ses opérations, limitait également sa capacité à dénoncer publiquement les atrocités et à prendre des positions fermes contre les violations systématiques des droits humains. Le CICR a souvent été empêché d'accéder aux camps de concentration et autres lieux de détention. Les informations sur les atrocités provenaient de réfugiés, de fugitifs et de réseaux clandestins, mais l'accès direct était strictement contrôlé par les autorités nazies, rendant difficile toute intervention efficace. L'adhésion à la politique de neutralité stricte de la Suisse influençait les actions du CICR. Toute dénonciation ou prise de position contre les régimes totalitaires risquait de compromettre l'accès humanitaire et d'exposer le CICR à des représailles, limitant ainsi sa capacité à fournir de l'aide.
 
Le CICR a engagé des négociations avec les autorités nazies pour obtenir des accords d'accès, comme celui négocié avec Ernst Kaltenbrunner en mars 1945. Ces accords permettaient un certain accès aux camps de concentration et facilitaient l'envoi de secours, bien que souvent sous des conditions restrictives. Malgré les obstacles, le CICR a réussi à envoyer des centaines de milliers de colis de secours contenant de la nourriture, des vêtements et des médicaments aux détenus. Cette aide, bien que limitée par les conditions de guerre, a apporté un soulagement vital à de nombreux prisonniers. En obtenant un accès, même limité, aux camps de concentration, le CICR a pu documenter les conditions et fournir des preuves cruciales des atrocités commises, contribuant ainsi à la sensibilisation internationale et à la base de preuves utilisées dans les procès pour crimes de guerre après la guerre.
 
Pour préserver le droit humanitaire en guerre face aux totalitarismes, le CICR a dû équilibrer délicatement ses principes de neutralité avec la nécessité d'agir contre les violations massives des droits humains. Cette période a mis en évidence la nécessité de renforcer les Conventions Internationales. Les expériences de la Seconde Guerre mondiale ont conduit à une révision des Conventions de Genève en 1949, avec des protections plus robustes pour les civils et les prisonniers de guerre, cherchant à prévenir les tragédies futures. L'importance de créer des mécanismes internationaux de surveillance et d'application pour garantir le respect des conventions humanitaires a été soulignée, afin de mieux protéger les populations vulnérables en temps de conflit. La nécessité pour les organisations humanitaires de sensibiliser l'opinion publique internationale et de plaider pour des actions concertées contre les violations des droits humains est devenue évidente, même si cela implique des risques pour l'accès et la neutralité.
 
La problématique pour le CICR pendant la Seconde Guerre mondiale a été de naviguer dans un environnement extrêmement hostile et de trouver des moyens efficaces de préserver et d'appliquer le droit humanitaire face à des régimes totalitaires. Les leçons tirées de cette période ont été fondamentales pour le développement des cadres internationaux de protection des droits humains et du droit humanitaire, soulignant l'importance de l'engagement continu et de la vigilance face aux violations massives des droits humains.
 
=== Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) fait partie d'un vaste mouvement humanitaire qui inclut plusieurs niveaux d'organisation et de coopération ===
Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) fait partie d'un vaste mouvement humanitaire qui inclut plusieurs niveaux d'organisation et de coopération. Ce mouvement comprend la Ligue des associations nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, les associations nationales elles-mêmes qui sont autonomes, et le CICR. Rattachés à ce mouvement et le soutenant, on trouve également les États membres des Conventions de Genève. Ces conventions incluent celle pour les militaires blessés en guerre de campagne, celle pour la guerre maritime, et à partir de 1929, celle pour les prisonniers de guerre.
 
La Ligue des associations nationales, aujourd'hui connue sous le nom de Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), coordonne les efforts des associations nationales et facilite la coopération entre elles. Ces associations nationales, telles que la Croix-Rouge française ou la Croix-Rouge américaine, sont autonomes et gèrent des initiatives humanitaires dans leurs propres pays, tout en collaborant avec d'autres entités du mouvement pour des efforts internationaux.
 
Le CICR, quant à lui, est principalement chargé de veiller à la mise en œuvre des Conventions de Genève et de fournir une assistance humanitaire dans les conflits armés. Le CICR agit en tant qu'intermédiaire neutre et impartial, offrant une protection et une aide aux victimes de guerre. Il est également responsable de promouvoir le respect du droit international humanitaire (DIH) et de développer ces normes.
 
Les Conventions de Genève, qui constituent le fondement juridique des actions du CICR et des autres composantes du mouvement, incluent plusieurs instruments clés. La première convention, adoptée en 1864 et révisée à plusieurs reprises depuis, porte sur l'amélioration du sort des militaires blessés en campagne. La deuxième convention, adoptée en 1906 et également révisée, étend ces protections aux militaires blessés, malades et naufragés en mer. La troisième convention, adoptée en 1929, établit des normes détaillées pour le traitement des prisonniers de guerre, un cadre qui a été crucial durant les conflits du XXe siècle.
 
Ces trois conventions sont soutenues par les États membres, qui ont l'obligation de respecter et de faire respecter ces normes dans les conflits armés. Les États parties aux Conventions de Genève sont tenus de diffuser les principes du DIH, de former leurs forces armées à ces normes, et de prendre des mesures législatives pour punir les violations graves. Cette coopération entre le CICR, les associations nationales et les États membres vise à garantir une réponse coordonnée et efficace aux crises humanitaires, en assurant la protection des personnes affectées par les conflits et en promouvant le respect des normes humanitaires universelles.
 
=== Le projet de Tokyo, bien que soutenu par les Croix-Rouge nationales et la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge, n'a pas reçu l'approbation des gouvernements ===
Le projet de Tokyo, bien que soutenu par les Croix-Rouge nationales et la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge, n'a pas reçu l'approbation des gouvernements. En conséquence, la protection des civils n'était pas encore pleinement intégrée dans le cadre des responsabilités du CICR à cette époque. Ce projet visait à établir des normes plus précises pour la protection des civils en temps de guerre, mais sans l'approbation des gouvernements, il ne pouvait pas entrer en vigueur.
 
La situation à cette époque était donc que la protection des civils restait insuffisamment couverte par les instruments existants. La Convention de La Haye de 1907, bien qu'elle contienne certaines dispositions concernant les civils dans les zones occupées, était loin d'être exhaustive ou suffisante pour répondre aux besoins croissants de protection humanitaire dans les conflits modernes. Ces lacunes sont devenues tragiquement évidentes pendant la Seconde Guerre mondiale, où des millions de civils ont été victimes de violences, de déportations et de massacres.
 
Le CICR, bien qu'engagé dans des efforts pour protéger les civils, se retrouvait limité par l'absence d'un cadre juridique international robuste spécifiquement dédié à cette question. Les Conventions de Genève de l'époque couvraient principalement les militaires blessés et les prisonniers de guerre, laissant un vide significatif en matière de protection des civils.
 
Cette situation a mis en évidence la nécessité de compléter et de renforcer le droit international humanitaire pour inclure explicitement la protection des civils. Les terribles expériences de la Seconde Guerre mondiale ont finalement conduit à une prise de conscience accrue de cette nécessité, aboutissant à l'adoption des Conventions de Genève de 1949. Ces nouvelles conventions comprenaient la quatrième Convention de Genève, qui établissait des protections détaillées pour les civils en temps de guerre, comblant ainsi une lacune critique du droit humanitaire international.
 
Ainsi, le projet de Tokyo, bien qu'il n'ait pas été ratifié à l'époque, a jeté les bases de discussions et de réflexions qui ont finalement abouti à des développements significatifs dans le droit humanitaire, assurant une meilleure protection des civils dans les conflits futurs.
 
=== Le problème du comportement du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et de sa marge de manœuvre face aux dictatures, et plus particulièrement face aux systèmes totalitaires, a commencé à se poser très tôt dans l'entre-deux-guerres ===
Le problème du comportement du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et de sa marge de manœuvre face aux dictatures, et plus particulièrement face aux systèmes totalitaires, a commencé à se poser très tôt dans l'entre-deux-guerres. Dès 1922, avec l'avènement de l'Italie en tant qu'État fasciste, et encore plus tôt avec l'établissement de l'Union soviétique dans le contexte de la guerre civile russe, les défis pour le CICR sont devenus évidents.
 
La guerre civile russe, qui a vu s'opposer les forces tsaristes aux forces communistes, a créé un environnement où les droits des prisonniers politiques étaient gravement menacés. En réponse à cette situation, le mouvement de la Croix-Rouge, incluant la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge, le CICR et les associations nationales, a adopté en 1921 à Genève une résolution exigeant la protection des prisonniers politiques. Cette résolution était motivée par les actions du gouvernement soviétique, qui emprisonnait systématiquement tous ceux qui s'opposaient au régime communiste.
 
La montée des régimes totalitaires et autoritaires au cours de l'entre-deux-guerres a placé le CICR dans une position délicate. Les dictatures en Italie, en Allemagne, et plus tard en Espagne, ainsi que le régime totalitaire en Union soviétique, posaient des défis considérables pour une organisation basée sur des principes de neutralité et d'impartialité. Le CICR devait naviguer prudemment pour maintenir son accès aux prisonniers et aux victimes de guerre tout en tentant de promouvoir et de faire respecter les principes humanitaires.
 
La résolution de 1921 sur la protection des prisonniers politiques était une tentative précoce de la part du mouvement de la Croix-Rouge de répondre aux réalités brutales des nouveaux régimes totalitaires. Toutefois, la mise en œuvre de cette résolution s'est heurtée à de nombreuses difficultés. Les régimes totalitaires, en raison de leur nature répressive et de leur méfiance envers les organisations internationales, limitaient sévèrement l'accès et l'influence du CICR.  


En Italie fasciste, sous Mussolini, et en Allemagne nazie, sous Hitler, les violations des droits de l'homme étaient systématiques, mais le CICR était souvent contraint par la nécessité de maintenir un certain degré de coopération pour pouvoir aider les prisonniers de guerre et les civils dans la mesure du possible. En Union soviétique, la répression stalinienne et les purges politiques ont créé un environnement extrêmement hostile à toute intervention extérieure, rendant presque impossible pour le CICR de fournir une aide efficace aux prisonniers politiques.
Il y a la Ligue des associations nationales, des associations nationales eux-mêmes autonomes, le CICR et rattaché à ce mouvement et le soutenant sont les États membres des conventions de Genève puisque la convention pour les militaires blessés en guerre de campagne, la convention pour la guerre maritime et à partir de 1929 la convention ou le code en faveur des prisonniers de guerre, trois conventions.


La période de l'entre-deux-guerres a donc été marquée par des efforts du CICR pour s'adapter à un monde de plus en plus dominé par des régimes totalitaires. Les tentatives de promouvoir la protection des prisonniers politiques et d'autres victimes de ces régimes étaient souvent limitées par les réalités politiques et la nécessité de maintenir une neutralité stricte pour ne pas compromettre les opérations humanitaires essentielles. Ces défis ont souligné la complexité de l'action humanitaire dans un contexte de répression systématique et ont posé les bases des réflexions et des réformes qui suivraient dans le cadre des Conventions de Genève et du droit humanitaire international.
Le projet de Tokyo est approuvé par les croix rouges nationales et par la Ligue, mais pas par les gouvernements. Donc, la protection des civils ne rentre pas encore dans les comptes du CICR, on est pas à la base d’une nouvelle convention qui supplémente, qui complémente la convention de La Haye de 1907 qui parle déjà un peu des civils dans les zones occupées.


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Alors, le problème du comportement du CICR ou de la marge de manœuvre du CICR par rapport aux dictatures et notamment au système totalitaire commence à se poser très tôt dans l’entre-deux-guerres parce qu’à partir de 1922, l’Italie devient un État fasciste et déjà auparavant c’est l’Union soviétique qui se met en place dans le cadre d’une guerre civile et ce n’est pas étonnant donc que lors de sa conférence à Genève, le mouvement de la Croix rouge, donc la Ligue, le CICR, les associations nationales, adoptent en 1921 à Genève une résolution exigeant la protection des prisonniers politiques. Le contexte de l’adoption de cette résolution est le contexte de la guerre civile russe qui oppose les forces tsaristes aux forces communistes. Et c’est le gouvernement soviétique qui met en prison les prisonniers politiques, tous ceux qui s’y opposent au communiste.


À partir de 1935, le CICR décide d’intervenir discrètement en faveur des détenus politiques en Allemagne. En fait, c’est Carl Jacob Burckhardt, un membre international qui effectue des visites dans des camps de concentration où sont détenus les prisonniers politiques, quelques prisonniers politiques de l’opposition allemande, opposition très variée, très riche jusqu’à la persécution et à la mort de la plupart des membres de cette opposition dans le cours de la Deuxième Guerre mondiale.
À partir de 1935, le CICR décide d’intervenir discrètement en faveur des détenus politiques en Allemagne. En fait, c’est Carl Jacob Burckhardt, un membre international qui effectue des visites dans des camps de concentration où sont détenus les prisonniers politiques, quelques prisonniers politiques de l’opposition allemande, opposition très variée, très riche jusqu’à la persécution et à la mort de la plupart des membres de cette opposition dans le cours de la Deuxième Guerre mondiale.
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