Modification de Interazionismo e Costruttivismo
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|[[Introduzione alle scienze politiche]] | |[[Introduzione alle scienze politiche]] | ||
|[[ | |[[La pensée sociale d'Émile Durkheim et Pierre Bourdieu]] ● [[Aux origines de la chute de la République de Weimar]] ● [[La pensée sociale de Max Weber et Vilfredo Pareto]] ● [[La notion de « concept » en sciences-sociales]] ● [[Histoire de la discipline de la science politique : théories et conceptions]] ● [[Marxisme et Structuralisme]] ● [[Fonctionnalisme et Systémisme]] ● [[Interactionnisme et Constructivisme]] ● [[Les théories de l’anthropologie politique]] ● [[Le débat des trois I : intérêts, institutions et idées]] ● [[La théorie du choix rationnel et l'analyse des intérêts en science politique]] ● [[Approche analytique des institutions en science politique]] ● [[L'étude des idées et idéologies dans la science politique]] ● [[Les théories de la guerre en science politique]] ● [[La Guerre : conceptions et évolutions]] ● [[La raison d’État]] ● [[État, souveraineté, mondialisation, gouvernance multiniveaux]] ● [[Les théories de la violence en science politique]] ● [[Welfare State et biopouvoir]] ● [[Analyse des régimes démocratiques et des processus de démocratisation]] ● [[Systèmes Électoraux : Mécanismes, Enjeux et Conséquences]] ● [[Le système de gouvernement des démocraties]] ● [[Morphologie des contestations]] ● [[L’action dans la théorie politique]] ● [[Introduction à la politique suisse]] ● [[Introduction au comportement politique]] ● [[Analyse des Politiques Publiques : définition et cycle d'une politique publique]] ● [[Analyse des Politiques Publiques : mise à l'agenda et formulation]] ● [[Analyse des Politiques Publiques : mise en œuvre et évaluation]] ● [[Introduction à la sous-discipline des relations internationales]] | ||
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Tutte queste situazioni possono sconvolgere l'ordine sociale e causare imbarazzo o disagio agli altri partecipanti all'interazione. Tuttavia, Goffman sostiene che queste interruzioni possono anche essere un'opportunità per esaminare e sfidare le norme sociali stabilite. | Tutte queste situazioni possono sconvolgere l'ordine sociale e causare imbarazzo o disagio agli altri partecipanti all'interazione. Tuttavia, Goffman sostiene che queste interruzioni possono anche essere un'opportunità per esaminare e sfidare le norme sociali stabilite. | ||
= La | = La théorie constructiviste = | ||
== | == Aux origines : l’épistémologie d'Alfred Schütz (1899 - 1959) == | ||
[[Fichier:Alfred Schütz.jpg|vignette|150px|Alfred Schütz.]] | [[Fichier:Alfred Schütz.jpg|vignette|150px|Alfred Schütz.]] | ||
Alfred Schütz | Alfred Schütz était un sociologue et philosophe autrichien qui a grandement contribué au développement de la phénoménologie sociale, une approche qui cherche à comprendre la manière dont les individus donnent du sens à leur monde social. Schütz estime que notre compréhension du monde est structurée par notre expérience directe de celui-ci. C'est-à-dire que nous construisons notre réalité sur la base de notre propre perspective et de nos expériences personnelles. Il soutient que les individus interagissent avec le monde sur la base de leurs interprétations et compréhensions subjectives de celui-ci. Pour Schütz, la réalité est un phénomène construit socialement. Chaque individu a une conception unique et subjective de la réalité, basée sur ses expériences personnelles, ses interactions avec les autres et ses interprétations de ces expériences et interactions. Cette perspective est souvent appelée "constructionnisme social". Dans la lignée de Schütz, Goffman a également exploré la manière dont les individus construisent et interprètent leur réalité sociale, se concentrant en particulier sur la façon dont les individus présentent et gèrent eux-mêmes dans différentes situations sociales. Dans cette perspective, un "objet de pensée" peut être compris comme quelque chose qui est construit par les individus à travers leur interaction et leur interprétation du monde. Par exemple, les normes sociales, les rôles de genre et les identités culturelles peuvent tous être considérés comme des "objets de pensée" construits socialement. | ||
Dans le domaine des sciences sociales, et plus généralement dans la recherche, la construction de l'objet d'étude est une étape cruciale qui nécessite un travail rigoureux de conceptualisation et d'opérationnalisation. Cela signifie que le chercheur définit précisément ce qu'il cherche à étudier (conceptualisation) et détermine comment il va mesurer ou observer ce phénomène (opérationnalisation). La construction de l'objet d'étude implique généralement de prendre un concept ou une idée générale et de le/la transformer en quelque chose de spécifique, mesurable et observable. Par exemple, un chercheur intéressé par l'étude de la "qualité de vie" devra définir précisément ce qu'il entend par cette notion (par exemple, en incluant des facteurs tels que la santé, le bien-être économique, les relations sociales, etc.) et déterminer comment il va mesurer chacun de ces facteurs. Il est également important de noter que la construction de l'objet d'étude est souvent influencée par le cadre théorique du chercheur, c'est-à-dire l'ensemble des théories et des concepts qu'il utilise pour comprendre son sujet. Ainsi, différents chercheurs peuvent construire et interpréter l'objet d'étude de manière différente, en fonction de leur perspective théorique. Enfin, il est essentiel de comprendre que la construction de l'objet d'étude est une étape fondamentale de la recherche scientifique, qui permet de garantir la validité et la fiabilité de la recherche. Sans une définition claire et précise de l'objet d'étude, il serait très difficile, voire impossible, de mener une recherche rigoureuse et de produire des résultats fiables. | |||
Alfred Schütz | Alfred Schütz a proposé une approche phénoménologique de la sociologie, ce qui signifie qu'il s'est intéressé à la manière dont les individus perçoivent et interprètent le monde qui les entoure. Selon lui, notre compréhension du monde est toujours une construction de second degré, basée sur nos interprétations personnelles et subjectives de la réalité. Selon Schütz, la tâche du sociologue est de comprendre ces constructions subjectives de la réalité, et non pas de chercher à découvrir une quelconque "réalité objective". Pour cela, il est nécessaire de développer des outils et des méthodes de recherche qui permettent d'explorer et de comprendre les perceptions et les interprétations des individus. Cela signifie qu'au lieu de simplement observer le comportement des individus, le chercheur doit s'efforcer de comprendre le sens que les individus donnent à leur comportement et à leur expérience. Cela peut impliquer des méthodes de recherche qualitatives, comme les entretiens en profondeur ou l'observation participante, qui permettent de recueillir des données détaillées sur les expériences et les perceptions des individus. Dans ce sens, l'approche de Schütz peut être vue comme une critique des approches plus traditionnelles de la sociologie, qui cherchent à expliquer le comportement social en termes de lois ou de structures objectives. Au contraire, Schütz soutient que le comportement social ne peut être compris qu'en prenant en compte la perspective des acteurs sociaux eux-mêmes. | ||
L' | L'approche constructiviste, représentée par des penseurs comme Schütz et Goffman, met l'accent sur l'importance de comprendre les réalités sociales telles qu'elles sont perçues et construites par les individus eux-mêmes. Cette perspective souligne le rôle actif des individus dans la création et la transformation de leur monde social. Dans ce contexte, la recherche sociologique n'est pas seulement une question d'observation et de description de la réalité sociale. Il s'agit aussi de comprendre comment cette réalité est construite, comment elle est vécue et comment elle est interprétée par les individus. Cette approche nécessite une réflexion épistémologique sur les méthodes de recherche utilisées et les hypothèses sur lesquelles elles reposent. Cela implique également de reconnaître que notre propre compréhension en tant que chercheurs est également une construction, façonnée par nos propres expériences, nos propres perspectives et notre propre contexte culturel et historique. Ainsi, l'objectif n'est pas d'arriver à une "vérité" objective ou universelle, mais plutôt de comprendre les multiples réalités qui sont construites et vécues par les individus dans différents contextes sociaux. | ||
== La | == La philosophie du langage de John Searle == | ||
[[Fichier:John searle2.jpg|vignette|200px|John searle en 2005.]] | [[Fichier:John searle2.jpg|vignette|200px|John searle en 2005.]] | ||
John Searle | John Searle est un philosophe américain renommé, qui a beaucoup travaillé sur la philosophie du langage et de l'esprit. Dans "The Construction of Social Reality" (1995), Searle explore comment nos conceptions de la réalité sont façonnées par nos croyances et nos pratiques sociales. Il distingue entre les faits bruts, qui existent indépendamment de toute intervention humaine (par exemple, la gravité), et les faits institutionnels, qui existent uniquement en raison de notre croyance en eux (par exemple, l'idée de l'argent comme un moyen d'échange). Searle soutient que beaucoup de nos réalités sociales - comme les gouvernements, les mariages, l'argent et les biens immobiliers - sont construites par des processus langagiers. Par exemple, lorsque nous disons "Ceci est de l'argent", nous contribuons à créer la réalité sociale selon laquelle le papier ou le métal que nous tenons a une certaine valeur. De même, lorsque nous disons "Nous sommes mariés", nous créons une nouvelle réalité sociale avec des droits, des obligations et des attentes spécifiques. La perspective de Searle sur le constructivisme est donc étroitement liée à la façon dont le langage contribue à construire notre réalité sociale. | ||
John Searle considère le langage comme un élément fondamental de notre construction de la réalité sociale. Selon lui, le langage n'est pas seulement un moyen de communiquer des informations, mais aussi un outil pour créer et modifier notre réalité sociale. Dans ses travaux, il se concentre sur ce qu'il appelle les "actes de langage", qui sont les différentes façons dont nous utilisons le langage pour effectuer des actions dans le monde social. Par exemple, lorsque nous faisons une promesse, nous utilisons le langage pour créer une obligation sociale. Quand nous nommons quelque chose, nous utilisons le langage pour donner une identité à un objet ou à une personne. Quand nous formulons des lois ou des règles, nous utilisons le langage pour établir des normes de comportement. Le point de vue de Searle sur le langage est donc très proche de celui de Piaget, qui a également considéré le langage comme une construction essentielle à notre compréhension et à notre interaction avec le monde. | |||
John Searle | John Searle a été un contributeur majeur à la philosophie du langage, une sous-discipline de la philosophie qui s'intéresse aux concepts liés au langage et à son utilisation. Selon lui, le langage joue un rôle crucial dans la construction de notre réalité sociale. Il soutient que lorsque nous utilisons le langage, nous effectuons ce qu'il appelle des "actes de parole". Un acte de parole n'est pas seulement l'acte de dire quelque chose, mais c'est aussi l'acte de faire quelque chose à travers ces mots. Par exemple, en disant "Je promets de faire la vaisselle", on ne communique pas seulement une information, mais on s'engage également dans une action (faire une promesse). Selon Searle, ces actes de parole ont le pouvoir de créer des réalités sociales. Par exemple, lorsque le maire d'une ville dit "Je déclare cette foire ouverte", il ne décrit pas seulement une situation, il crée aussi une nouvelle réalité : la foire est maintenant officiellement ouverte. C'est par ce processus que le langage contribue à la construction de notre réalité sociale. En d'autres termes, Searle voit le langage non pas seulement comme un moyen de décrire le monde, mais aussi comme un moyen de le changer. C'est pourquoi il affirme que "la parole est une forme d'action". | ||
L'étude de l'étymologie, qui est l'origine et l'histoire des mots, peut apporter beaucoup d'informations précieuses sur la façon dont nous utilisons le langage pour concevoir et construire notre réalité. Chaque mot a une histoire, et cette histoire est souvent liée à la façon dont nous comprenons le monde. Par exemple, le mot "comprendre" vient du latin "comprehendere", qui signifie "saisir ensemble". Cela suggère que pour comprendre quelque chose, nous devons être capables de saisir tous ses aspects en même temps, de les assembler en un tout cohérent. Par conséquent, en étudiant l'étymologie des mots, nous pouvons mieux comprendre comment nous utilisons le langage pour donner du sens au monde qui nous entoure. Cela peut nous aider à réfléchir de manière plus critique à la façon dont nous utilisons le langage, à repérer les présupposés cachés dans notre discours, et à développer de nouvelles façons de penser et de parler du monde. Cependant, il est également important de noter que l'étymologie n'est pas toujours un guide fiable pour comprendre le sens actuel d'un mot. Les significations des mots changent avec le temps, et parfois, la signification originale d'un mot peut être très différente de son usage actuel. Par conséquent, bien que l'étymologie puisse offrir des perspectives intéressantes, elle doit être utilisée avec prudence en tant qu'outil d'analyse linguistique. | |||
Le langage joue un rôle essentiel dans la façon dont nous concevons et construisons notre réalité sociale. Il est non seulement un outil de communication, mais également un moyen par lequel nous faisons sens du monde qui nous entoure. Voici quelques façons dont le langage contribue à la construction de la réalité sociale : | |||
* | * Catégorisation et conceptualisation : Le langage nous aide à diviser le monde en catégories et concepts compréhensibles. Par exemple, les mots que nous utilisons pour décrire les couleurs, les émotions, ou les relations sociales nous aident à structurer notre expérience du monde. | ||
* | * Création et transmission de la culture : Le langage est le principal véhicule de la culture. Il nous permet de partager nos idées, nos croyances et nos valeurs, et de transmettre notre culture de génération en génération. | ||
* | * Négociation et création de sens : Grâce au langage, nous pouvons discuter, débattre, et négocier le sens des événements, des idées et des expériences. Cela est particulièrement important dans les situations de changement social ou de conflit. | ||
* | * Création et maintien des relations sociales : Le langage nous permet de créer et de maintenir des relations sociales. Par exemple, nous utilisons le langage pour exprimer notre affection, notre respect, ou notre hostilité envers les autres. | ||
* | * Définition et construction de l'identité : Le langage joue un rôle important dans la façon dont nous définissons notre identité et notre place dans la société. Par exemple, la façon dont nous parlons et les mots que nous utilisons peuvent refléter notre origine ethnique, notre classe sociale, notre genre, etc. | ||
Il | Le langage est un outil puissant qui façonne notre compréhension du monde et notre interaction avec lui. Il contribue à la construction de notre réalité sociale de manière complexe et multifacette. | ||
== Peter Berger | == Peter Berger et Thomas Luckman : « la construction sociale de la réalité » == | ||
Peter L. Berger | Peter L. Berger et Thomas Luckmann, dans leur livre influent "The Social Construction of Reality" (1966), ont développé une théorie de la connaissance en sociologie qui explique comment les réalités sociales sont créées, institutionnalisées et rendues significatives pour les individus au sein d'une société. Pour eux, la réalité est un phénomène à la fois objectif et subjectif, construit à travers les interactions humaines et le langage. | ||
* | * Construction sociale de la réalité : Pour Berger et Luckmann, la réalité n'est pas une entité externe fixe et immuable, mais plutôt un phénomène en constante évolution qui est construit et remodelé par les interactions humaines. Les individus, par leurs actions et leurs interactions, créent une réalité sociale qui, bien que subjective, est perçue comme objective et "réelle". | ||
* | * Rôle du langage : Le langage est essentiel à ce processus de construction sociale de la réalité. Il fournit le cadre dans lequel les individus interprètent, décrivent et donnent un sens à leur expérience du monde. Par l'échange de symboles et de significations par le langage, les individus construisent conjointement une réalité partagée. | ||
* | * Institutionnalisation et rôles sociaux : Les patterns répétés d'interaction deviennent institutionnalisés, c'est-à-dire qu'ils se transforment en structures sociales stables et prévisibles, comme la famille, l'éducation, le gouvernement, etc. Ces institutions, à leur tour, influencent le comportement des individus en leur assignant des rôles spécifiques. | ||
* | * Réalité subjective et objective : Bien que la réalité soit construite socialement, elle est vécue par les individus comme une réalité objective indépendante de leur volonté. C'est ce que Berger et Luckmann appellent la "réification" - le processus par lequel la réalité socialement construite est perçue comme une réalité objective et inaltérable. | ||
La | La perspective de Berger et Luckmann met en évidence le rôle central des interactions sociales et du langage dans la construction de notre réalité perçue. Les sciences sociales, à leur avis, devraient donc se concentrer sur la compréhension de ces processus de construction sociale de la réalité. | ||
Peter L. Berger | Peter L. Berger et Thomas Luckmann, dans leur livre "The Social Construction of Reality", expliquent que la réalité est constamment créée et modifiée par les interactions sociales. Ils soulignent trois concepts clés dans ce processus : | ||
* | * Le langage comme fondement de la connaissance de la vie quotidienne : Le langage n'est pas seulement un outil de communication, mais également un moyen par lequel les individus donnent du sens à leur monde. C'est par le langage que nous nommons, catégorisons et interprétons notre expérience du monde. Ainsi, le langage joue un rôle crucial dans la construction de notre réalité sociale. | ||
* La | * La société comme réalité objective : Bien que la société soit socialement construite, elle est perçue par les individus comme une réalité objective et indépendante de leur volonté. Les institutions sociales, les normes et les règles sont considérées comme des entités existantes en dehors de l'individu et exercent une influence et un contrôle sur son comportement. Cette objectivation de la réalité sociale contribue à la stabilité et à la continuité de la société. | ||
* La | * La société comme réalité subjective : Berger et Luckmann soutiennent également que la réalité sociale est une réalité subjective. En d'autres termes, les individus donnent du sens à leur monde à travers leurs propres perspectives et expériences. Cela implique l'identification à l'autre, où nous apprenons à voir le monde à travers les yeux des autres. C'est ce processus d'internalisation qui nous permet de comprendre et de nous conformer aux attentes et aux normes sociales. | ||
Berger | Berger et Luckmann démontrent que la réalité est un construit social, façonné par le langage et les interactions sociales, et perçu comme une entité objective qui exerce une influence sur l'individu. En même temps, la réalité est une expérience subjective, influencée par notre identification et notre empathie envers les autres. | ||
Du point de vue de la science politique, le pouvoir est un élément central de la construction sociale de la réalité. Le pouvoir est l'aptitude à influencer les comportements d'autres individus ou groupes d'individus, en établissant des règles, des normes et des structures qui façonnent et dirigent les comportements sociaux. | |||
Le pouvoir peut se manifester de diverses manières dans une société : | |||
* | * Pouvoir institutionnel : Il s'agit de l'autorité et du contrôle exercés par les institutions sociales, telles que le gouvernement, les organisations juridiques, les établissements d'enseignement, les organisations religieuses, etc. Ces institutions établissent des normes et des règles qui orientent le comportement des individus. | ||
* | * Pouvoir social : Il s'agit de l'influence exercée par les groupes sociaux sur les individus. Cela peut inclure la pression des pairs, l'influence des médias, le poids des traditions culturelles, etc. | ||
* | * Pouvoir individuel : C'est la capacité d'une personne à influencer les autres, que ce soit par le charisme, le savoir, l'expertise, la richesse, le statut social, etc. | ||
Ainsi, la réalité sociale est en partie une construction du pouvoir. Les individus sont soumis aux règles et normes établies par ceux qui détiennent le pouvoir, et participent également à cette construction en acceptant, en négociant ou en résistant à ces règles et normes. En comprenant comment le pouvoir façonne la réalité sociale, nous pouvons mieux comprendre les dynamiques de la société et comment les changements sociaux peuvent survenir. La capacité de faire adhérer les individus à une réalité sociale construite est une dimension essentielle du pouvoir. Les institutions sociales exercent un contrôle sur les individus en établissant et en faisant respecter les normes et les règles qui définissent la réalité sociale. Si un individu remet en question ou viole ces normes et règles, il peut être soumis à diverses formes de sanctions, allant de la désapprobation sociale à des sanctions légales plus sévères. Dans des cas extrêmes, comme celui de Galilée, ceux qui défient l'ordre établi peuvent même être menacés de mort ou d'autres formes de violence extrême. Le cas de Galilée est un exemple de la manière dont le pouvoir peut être utilisé pour imposer une certaine conception de la réalité. Galilée a été condamné par l'Église catholique pour avoir soutenu l'héliocentrisme, une théorie qui contredisait la conception géocentrique du monde acceptée à l'époque. Cependant, il est important de noter que la réalité sociale construite n'est pas immuable et peut être modifiée ou remise en question au fil du temps. Par exemple, malgré la condamnation de Galilée, sa théorie de l'héliocentrisme a finalement été acceptée comme la vérité scientifique. Cela illustre également que le pouvoir n'est pas toujours absolument déterminant : il peut être remis en question et transformé, et les réalités sociales peuvent évoluer à travers ce processus de contestation et de changement. | |||
Selon Berger et Luckmann, la réalité sociale est construite au quotidien à travers des processus d'institutionnalisation et de légitimation. | |||
L' | L'institutionnalisation est le processus par lequel certaines actions et comportements deviennent répétés et prévisibles, formant ainsi des modèles qui façonnent la réalité sociale. Ces modèles de comportement institutionnalisés sont intériorisés par les individus et deviennent des habitudes qui structurent leurs actions quotidiennes. Par exemple, le fait de se lever tôt pour aller travailler, de respecter les règles de circulation routière, ou encore de se conformer aux normes de politesse dans les interactions sociales sont des exemples de comportements institutionnalisés. | ||
Le processus de légitimation, d'autre part, est le mécanisme par lequel ces comportements institutionnalisés sont validés et soutenus par la société. Ils sont justifiés et soutenus par des croyances partagées, des valeurs, des normes et des règles. Par exemple, le respect des lois est légitimé par la croyance que cela est nécessaire pour maintenir l'ordre et la stabilité dans la société. | |||
Ces deux processus fonctionnent ensemble pour créer et maintenir la réalité sociale. L'institutionnalisation établit les comportements et les attentes, tandis que la légitimation fournit la justification et le soutien pour ces comportements et attentes. C'est à travers ces processus que la réalité sociale est construite et maintenue au quotidien. | |||
Il | Le processus d'institutionnalisation est un aspect essentiel de toute société. Il s'agit de formaliser et de codifier les comportements et les interactions entre les individus afin de créer un ordre social stable et prévisible. Cela peut se faire par le biais de lois, de règles, de normes sociales, de traditions, et d'autres formes de structures sociales. L'accoutumance (l'adoption de comportements par habitude ou routine) et la division des tâches (la spécialisation des rôles et des responsabilités) sont deux mécanismes clés de l'institutionnalisation. La transmission est également un aspect crucial de ce processus. Les valeurs, les normes et les comportements institutionnalisés sont transmis d'une génération à l'autre, assurant la continuité et la stabilité de l'ordre social. Le processus de légitimation, quant à lui, consiste à justifier et à valider ces comportements institutionnalisés. Les traditions, le langage, et les croyances partagées jouent un rôle clé dans ce processus, car ils fournissent la justification morale, sociale et culturelle des comportements institutionnalisés. Ces deux processus, l'institutionnalisation et la légitimation, sont intrinsèquement liés et travaillent ensemble pour créer et maintenir la réalité sociale. En d'autres termes, ils contribuent à construire le "monde social" tel que nous le connaissons. | ||
Il | Le processus de légitimation est crucial dans toute société. Il est lié au maintien de l'ordre social et de la stabilité en conférant une validité et une acceptabilité aux normes, aux règles, aux institutions et aux comportements établis. C'est une étape clé dans la consolidation et l'acceptation de la réalité sociale construite. Les symboles jouent un rôle majeur dans ce processus. Les symboles - qu'ils soient culturels, religieux, politiques ou autres - servent à communiquer des valeurs, des idéaux et des croyances qui renforcent la réalité sociale construite. Par exemple, dans le contexte du gouvernement et du pouvoir, les symboles tels que les drapeaux, les hymnes nationaux, les monuments, les emblèmes et les rituels officiels contribuent à légitimer l'autorité et à promouvoir une certaine vision de la société. Le processus de légitimation peut également être considéré comme un mécanisme de contrôle social. Il aide à établir et à maintenir les normes et les comportements attendus, et à poser des limites à ce qui est considéré comme acceptable dans une société donnée. Il peut également aider à prévenir ou à gérer les conflits en établissant un consensus autour de ce qui est considéré comme juste et correct. | ||
Le processus de légitimation vise à assurer l'acceptation collective de la réalité sociale construite. Ce processus comprend des mécanismes par lesquels des normes, des valeurs, des croyances et des institutions sont validées et rendues crédibles aux yeux des membres de la société. Lorsque la légitimation est réussie, la réalité sociale construite est largement acceptée comme "naturelle" ou "inévitable", et non comme un produit de la construction sociale. Il est important de noter que la légitimation est un processus dynamique. Les réalités sociales construites peuvent être remises en question, modifiées ou même complètement démantelées à la suite de changements sociaux, culturels, économiques ou politiques. De nouvelles réalités sociales peuvent alors être construites et légitimées. En ce sens, la légitimation est une composante essentielle de la stabilité et du changement sociaux. Elle peut à la fois maintenir l'ordre social existant et faciliter son évolution. | |||
== | == Le constructivisme dans la théorie des relations internationales == | ||
Le constructivisme dans le domaine des relations internationales soutient que les normes, les idées, les identités et les interactions sont des éléments centraux dans la structuration du système international. Il ne perçoit pas les États et autres acteurs internationaux comme étant uniquement motivés par des considérations matérielles comme la sécurité militaire ou la richesse économique, mais aussi par des idées, des valeurs, des cultures et des normes sociales. Pour les constructivistes, le système international n'est pas simplement un champ de bataille pour le pouvoir et la richesse. C'est aussi un domaine de construction sociale, où les acteurs internationaux se façonnent mutuellement à travers leurs interactions. Par exemple, les normes internationales sur les droits de l'homme, l'environnement ou le commerce peuvent influencer le comportement des États et d'autres acteurs internationaux. En outre, les constructivistes soutiennent que les relations internationales sont en constante évolution. Les normes, les idées et les identités des acteurs internationaux peuvent changer avec le temps, et ces changements peuvent à leur tour remodeler le système international. Par exemple, l'émergence de normes internationales sur le changement climatique a contribué à transformer les priorités et les politiques de nombreux États et organisations internationales. Ainsi, le constructivisme offre une perspective dynamique et en constante évolution sur les relations internationales. Il met l'accent sur les processus de construction sociale et l'importance des idées, des valeurs et des normes dans la structuration du système international. | |||
Dans un champ interactionniste, tout comme dans le domaine des relations internationales, les stratégies sont constamment en mouvement et en évolution en réponse aux changements dans le contexte social, politique et économique. Il est crucial de comprendre ces dynamiques pour interpréter correctement les comportements des acteurs et prédire les futurs mouvements ou changements stratégiques. Les stratégies peuvent changer en fonction de divers facteurs, y compris les changements dans les perceptions des intérêts nationaux, les évolutions du contexte international, les transformations internes des acteurs (par exemple, des changements de leadership ou de politique), et les interactions entre les acteurs eux-mêmes. Par exemple, un pays peut choisir de modifier sa stratégie en matière de relations internationales en réponse à un changement de leadership dans un autre pays, à un changement dans le climat politique international, ou à des développements internes tels que des changements économiques ou sociaux. De plus, l'interactionnisme symbolique, qui est une approche constructiviste, suggère que les stratégies sont influencées par les interactions entre les acteurs. Les acteurs interprètent et réagissent aux actions des autres, ce qui peut entraîner des changements dans leurs propres stratégies. Par conséquent, l'analyse des interactions entre les acteurs peut fournir des informations précieuses sur les dynamiques stratégiques dans les relations internationales. | |||
L' | L'approche constructiviste dans les relations internationales s'intéresse beaucoup aux acteurs et à leur interprétation des situations. Le constructivisme insiste sur le fait que les réalités sociales, y compris les structures internationales, sont construites à travers les interactions humaines et les croyances partagées. Voici comment ces niveaux se manifestent dans le contexte des relations internationales : | ||
* | * Rôle des acteurs : Les acteurs dans les relations internationales ne sont pas seulement des États, mais aussi des organisations internationales, des ONG et même des individus. Leur interprétation des situations et leur comportement sont influencés par une variété de facteurs, y compris leurs croyances, leurs valeurs, leurs idéologies, ainsi que leurs intérêts matériels. En effet, les acteurs ont des identités qui influencent leurs intérêts et leurs actions. Par exemple, un pays qui se voit comme un leader mondial en matière de droits de l'homme agira différemment d'un pays qui ne partage pas cette identité. | ||
* | * Construction des réalités sociales : Dans le constructivisme, les structures internationales sont considérées comme des constructions sociales. Cela signifie que les normes, les règles et les institutions qui forment l'ordre international sont le produit de l'interaction humaine. Elles ne sont pas fixes et peuvent être transformées par l'action humaine. Par exemple, les normes internationales sur les droits de l'homme ont évolué au fil du temps en raison des actions et des interactions des États, des organisations internationales et des acteurs de la société civile. | ||
* | * Champ des interactions : Le constructivisme met l'accent sur le rôle des interactions dans la formation des structures internationales et des comportements des acteurs. Les acteurs interagissent les uns avec les autres dans divers contextes, tels que les négociations diplomatiques, les forums internationaux et même les conflits. Ces interactions influencent leur compréhension de la situation, leurs intérêts et leurs actions. | ||
Le constructivisme offre un cadre précieux pour comprendre la dynamique complexe des relations internationales. Il met en évidence le rôle des idées, des normes et des interactions dans la formation de l'ordre international et le comportement des acteurs. | |||
Le constructivisme offre une perspective alternative aux approches plus traditionnelles des relations internationales, comme le réalisme, le libéralisme et le fonctionnalisme. Ces approches ont tendance à se concentrer sur les structures matérielles et les intérêts étatiques comme principaux déterminants du comportement international. Cependant, le constructivisme met l'accent sur l'importance des idées, des normes et des identités dans la structuration de la politique internationale. Il suggère que les intérêts et les identités des États sont façonnés par leurs croyances et leurs interactions avec d'autres acteurs. Ainsi, le comportement international n'est pas simplement le produit de contraintes structurelles ou de calculs d'intérêts matériels, mais est également influencé par des facteurs sociaux et idéologiques. En outre, le constructivisme conteste l'idée que la politique internationale puisse être comprise en termes de systèmes rigides ou de modèles fonctionnalistes. Au lieu de cela, il voit le monde international comme étant en constante évolution, façonné par des processus dynamiques d'interaction et de construction sociale. En ce sens, le constructivisme offre une perspective plus nuancée et plus complexe de la politique internationale, qui prend en compte la diversité des acteurs, des idées et des processus qui façonnent le monde. Cette perspective est particulièrement utile pour comprendre les défis contemporains des relations internationales, tels que le multilatéralisme, les droits de l'homme, le changement climatique et la gouvernance mondiale. | |||
Les théories constructivistes remettent en question l'idée qu'il existe des réalités objectives ou des structures fixes dans les relations internationales, comme le concept de l'anarchie. Elles soutiennent que ces concepts sont en fait des constructions sociales, façonnées par nos croyances, nos normes et nos interactions. L'anarchie, par exemple, est souvent présentée dans les théories réalistes comme une caractéristique fondamentale du système international, où il n'y a pas d'autorité centrale pour imposer des règles ou réguler le comportement des États. Cependant, les constructivistes remettent en question cette idée et suggèrent que l'anarchie elle-même est une construction sociale. Ce n'est pas une réalité objective, mais une perception ou une interprétation de la réalité qui est façonnée par nos croyances et nos interactions. En outre, les constructivistes soutiennent que même en l'absence d'une autorité centrale, il existe des normes, des règles et des institutions internationales qui influencent le comportement des États. Ces normes et institutions ne sont pas simplement le produit de calculs d'intérêts matériels, mais sont également façonnées par des processus de construction sociale. Ainsi, le constructivisme offre une perspective plus nuancée et dynamique sur les relations internationales, qui prend en compte la diversité des acteurs et des processus qui façonnent le monde. Il offre également des outils pour analyser et comprendre des phénomènes complexes tels que les conflits, la coopération, le changement social et la construction de l'ordre international. | |||
Le constructivisme remet en question l'idée réaliste de l'anarchie comme état naturel du système international. Pour les constructivistes, l'anarchie n'est pas un état fixe ou présocial, mais une construction qui émerge des interactions entre les acteurs internationaux. En d'autres termes, l'anarchie n'est pas un donné, mais une réalité construite. Les États ne sont pas simplement plongés dans un environnement anarchique ; ils contribuent activement à créer et à maintenir cet état à travers leurs interactions, leurs normes et leurs croyances. Les relations entre les États ne sont pas simplement dictées par le désir de puissance ou la peur de l'insécurité, mais sont également façonnées par des facteurs sociaux, culturels et idéologiques. De plus, le constructivisme reconnaît que les États ne sont pas les seuls acteurs pertinents dans les relations internationales. D'autres acteurs, tels que les organisations internationales, les ONG, les mouvements sociaux et même les individus, peuvent aussi jouer un rôle important. Leur influence ne se limite pas à leur pouvoir matériel, mais peut aussi être déterminée par leur capacité à façonner les normes, les idées et les croyances qui sous-tendent le système international. Dans cette perspective, l'analyse des relations internationales ne peut pas se limiter à l'étude des rapports de force entre les États. Elle doit également prendre en compte les processus sociaux et culturels qui façonnent ces relations et les structures dans lesquelles elles s'insèrent. | |||
Dans le champ des relations internationales, les théories constructivistes apparaissent : ils vont penser la réalité des structures et des conflits et aussi penser l’intersubjectivité c’est-à-dire que c’est le fait que nous sommes dans la représentation et comment certain pays peuvent se permettre de caractériser un autre au nom de l’interprétation de son propre développement. | |||
Le constructivisme met l'accent sur l'importance des normes et des idées dans la structuration des relations internationales. La souveraineté des États, par exemple, est un principe central de l'ordre international, mais elle n'est pas un fait objectif et immuable. Elle est plutôt une construction sociale qui repose sur la reconnaissance mutuelle des États. Dans le cadre constructiviste, les normes internationales, qu'elles soient explicites (comme les traités et les accords internationaux) ou implicites (comme les normes de comportement non écrites), jouent un rôle clé dans la détermination du comportement des États. Ces normes ne sont pas simplement imposées de l'extérieur, mais sont intériorisées par les États, qui les adoptent comme une partie de leur identité et de leurs intérêts. De plus, le constructivisme reconnaît que ces normes peuvent changer au fil du temps en fonction des interactions entre les acteurs internationaux. Si une norme n'est pas respectée ou acceptée par un État, cela peut déclencher des réactions et des négociations qui peuvent finalement conduire à une modification de la norme. En bref, le constructivisme offre une perspective dynamique et évolutive sur les relations internationales, mettant en évidence l'importance des processus sociaux et des interactions dans la formation et la transformation de l'ordre international. | |||
Le constructivisme dans les relations internationales met un accent particulier sur l'importance des identités et des intérêts des acteurs, qui sont vus comme étant construits par l'interaction sociale plutôt que prédéterminés par la nature humaine ou les structures économiques, comme le suggèrent d'autres théories. Cela implique que les États (et d'autres acteurs) sont influencés par les normes et les idées qui prévalent dans la société internationale, et que leurs identités et intérêts peuvent évoluer avec le temps en fonction de ces influences. Par exemple, un État peut adopter certaines normes en matière de droits de l'homme ou de politique environnementale parce qu'elles sont largement acceptées dans la communauté internationale, et non parce qu'elles sont directement dans son intérêt économique ou sécuritaire. De plus, le constructivisme reconnaît que les acteurs ont la capacité d'agir de manière créative et stratégique pour influencer les normes et les idées internationales. Cela peut se faire par le biais de la diplomatie, de la persuasion, de la rhétorique et d'autres formes de communication sociale. Par conséquent, les relations internationales sont vues comme un processus dynamique d'interaction et de négociation, plutôt que comme un jeu à somme nulle déterminé par des intérêts nationaux fixes et inaltérables. | |||
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