La réaction conservatrice aux États-Unis : 1980 - 2000, vers une société polarisée

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Jusqu’où sont allées les États-Unis ? Chronologie politique[modifier | modifier le wikicode]

Depuis Nixon jusqu’à aujourd’hui, il y a un va-et-vient régulier entre les démocrates et les républicains. Cette chronologie d’équilibre politique ne donne pas une bonne impression. D’ailleurs, Obama a été critiqué par les Républicains, la propagande anti-Obama essaie de faire passer le message qu’il est communiste, socialiste. Beaucoup de caricatures racistes montrent la polarisation profonde dans le discours politique américain.

Les années 1970 : une décennie difficile[modifier | modifier le wikicode]

On est toujours tentés de ne pas parler de cette décennie difficile pour passer aux années 1980, mais elle reste importante. Nixon est élu en 1968 en promettant la loi et l’ordre. Nixon a en effet quelques grands moments (l’homme sur la lune), mais sa présidence est marquée de moments difficiles :

  • guerre du Vietnam, qui traine sans succès contre le Viêt-Cong et se fait dans une barbarie qui contribue au traumatisme collectif. En 1973, les États-Unis signent un traité de cessez-le feu et se retirent du Vietnam. Conséquence : la chute de Saigon en 1975 qui est une grande défaite dans la politique américaine.
  • scandale de Watergate qui commence en 1972. Le Parti Républicain a envoyé des cambrioleurs pour espionner sur les campagnes du Parti démocrate. Nixon nie tout, mais on réussit à prouver par la suite qu’il savait tout. Ceci mène à la démission de Nixon en 1974, ce qui est la première fois qu’un président est forcé à démissionner. Cela crée une grande crise de confiance entre les Américains et leur gouvernement.
  • on a aussi des difficultés économiques : le premier choc pétrolier causé par le pic de production des États-Unis a été dépassé en 1971, ce qui veut dire qu’on doit acheter du pétrole sur les marchés internationaux. On a une dépendance du marché intérieur, qui est couplée avec l’embargo des pays arabes (contre la politique États-Unis avec Israël). Les prix grimpent, ce qui cause une grave crise économique aux États-Unis.

Le contexte économique de la résurgence conservatrice[modifier | modifier le wikicode]

Pendant les années 1950 - 1960, il y avait une croissance économique du PIB importante allant jusqu'à plus de 4%, mais celle-ci ralentit considérablement et tombe à 2% en quelques mois dans les années 1970. Ceci touche gravement à la répartition de revenus. (les couches moyennes profitaient de cette répartition, ce qui n’est plus le cas lorsque la croissance diminue)

De plus, la puissance économique des États-Unis se contracte dans le monde. Dans la production mondiale, l’importance des États-Unis diminue. Ceci est aussi le cas dans la participation dans le commerce international, qui diminue de 20%.

Toutefois, il y a de plus en plus d’Américains qui sont actifs sur le marché du travail, et 43 millions de postes sont créées entre 1970 et 1995 dans le secteur du service. Ils sont mal payés. Évidemment, il y a plus d’Américains qui travaillent, mais ils travaillent pour beaucoup moins et avec moins de prestations sociales. La distribution de revenus devient de plus en plus inégale.

Ce ralentissement économique et les crises qui ont suivi n’amènent pourtant pas les Américains à chercher un retour au consensus libéral d’après-guerre. Au contraire, on découvre un nouveau consensus conservateur qui amène la politique économique dans une autre direction. On adopte des valeurs conservatrices de la famille, du patriotisme. On veut la diminution des services de l’État et cela contribue à l’accentuation des inégalités sociales.

Le bicentenaire de 1976 et l’élection de Jimmy Carter[modifier | modifier le wikicode]

Il était clair qu’après Nixon les démocrates allaient gagner. C’est donc Jimmy Carter qui gagne les élections, l’année où on fête le bicentenaire des États-Unis (1976).

D’un côté, il est vu comme une chance de créer un sentiment de fierté nationale. Mais il n’y a pas de grande fête nationale, on n’essaie pas de rassembler des millions de personnes. Cela reste une fête décentralisée et le seul aspect national des festivités est le Freedom Train qui circule pendant une année, sans grande résonance.

Jimmy Carter le démocrate est élu pour plusieurs raisons :

  • gouverneur d’un petit Etat au Sud, n’était pas du tout connu au niveau national. Il avait une distance avec le monde politique de Washington et donc « les mains blanches ». Il n’avait rien avoir avec la corruption de Washington.
  • de plus, il est religieux, pasteur de son église.
  • Carter avait une réputation d’avoir sauvé la compagnie familiale, et avait donc cette image de self made man. Il est porteur des « traditions américaines ».

Carter conseille aux États-Unis d’épargner de l’énergie, du pétrole, de l’eau, ce qui constitue un message négatif qui passe toujours assez mal. Il vit des situations difficiles quant à l’économie. En ce qui concerne la politique extérieure, il a une politique de détente dans la Guerre Froide, même s’il critique les dictateurs de l’URSS et de l’Amérique du Sud. On n’aime pas trop la moralisation de Carter sur les droits de l’Homme.

L’attrait du conservatisme[modifier | modifier le wikicode]

C’est un signe du conservatisme américain que l’élection de Carter. En effet, cela démontre du manque de confiance du gouvernement. Les conservateurs commencent à travailler en « Think tanks » dès les années 1960. Des institutions sont financées par les industries ou des individus très riches, qui organisent des conférences et colloques. Ils deviennent des faiseurs d'opinions et essaient de mettre en avant le point de vue dans les médias ou encore à la télévision.

Ils ont beaucoup de ressources, des publications sont envoyées aux écoles et aux sympathisants. Une vraie machinerie se met en place pour assurer une diffusion des idées conservatrices. Les conservateurs ont aussi découvert qu’ils devraient organiser et mobiliser la base, pas seulement l’élite. On recrute dans les églises, chez les jeunes, dans les écoles.

Ces politiques sont basées sur le principe de l’entreprise libre, l’État ne devrait pas intervenir dans le marché, on insiste sur la liberté individuelle, les valeurs américaines traditionnelles (famille, religion) et on lutte pour une défense nationale forte. On répudie la politique de détente et on veut des armements dans le contexte de la Guerre froide.

Reagan et les républicains lancent une campagne optimiste (personnalité chaleureuse, très sympathique), on veut libérer l’économie de l’emprise du gouvernement afin de remplir le potentiel des États-Unis. Carter, qui souhaite un respect des droits de l’homme et milite pour une baisse de la consommation de pétrole a du mal à lui tenir tête lors des élections en 1980. On s’oppose encore une fois à la corruption du gouvernement, à la puissance de Washington. Cet argument populiste fonctionne bien et Reagan est réélu en 1984.

Reagan et Bush : Visions, réalités, héritages[modifier | modifier le wikicode]

La politique néo-libérale de Reagan se base sur l’idée que la dérégulation causera une croissance économique très forte. Le secteur des médias se développe très fort et la libéralisation des médias (CNN, Fox News, MSNBC, etc.) change le public politique américain. On a une fragmentation du public, qui choisit ce qu’il va écouter. On n’a plus « les » nouvelles, on a différentes nouvelles et donc différents publics politiques. On a des spécialisations des journaux pour toucher certains publics.

Politique extérieure de Reagan : radicale, on ne peut plus continuer avec la détente. L’empire soviétique est l’empire du mal. L’anti-communisme de Reagan mène à des contre-révolutions en Amérique centrale, il finance cette contre-révolution. Reagan aime dire que son anti-communisme a mené à la chute du Mur de Berlin et à la désintégration de l’empire du mal. Ceci n’est pas vrai… Mais la perception américaine à cette époque est celle-là et c’est de cette façon qu’il est resté dans la mémoire collective américaine.

Economie : On a de la croissance mais pas autant qu’on ne le pensait. Il y a aussi des déficits budgétaires importants, Reagan a presque triplé le déficit budgétaire ! On a des dépenses militaires très importantes pour la lutte contre les soviétiques, ce qui veut dire qu’il y a un manque de ressources pour les autres secteurs. On a également des problèmes de redistribution de revenus causé par la politique économique de Reagan.

Il y a une économie en croissance dans les années 80, mais elle n'est pas égale du tout.

La consolidation incomplète des démocraties en Amérique latine[modifier | modifier le wikicode]

Après 1990, il y a un véritable système politique de démocratie formelle. On a très peu de déceptions politiques, avec comme seules exceptions le cas du Honduras et de Cuba. On a une période de plus de 20 ans de démocratie à peu près stable. En même temps, on a une accélération de la croissance économique, au profit de ceux qui exportent des matières premières (vers l’extérieur comme la Chine ou entre eux). On a donc une création de marchés internes après ce retour à la démocratie.

La politique économique est restée plutôt libérale ; on accepte les exportations de matières premières qui ne sont plus perçues comme un signe de dépendance, mais on essaie de mieux en profiter. On négocie de meilleurs contrats et on utilise cet argent pour une redistribution de richesses à l’intérieur du pays. Cela se passe bien dans la mesure où on a une croissance. Des programmes assurent la nutrition de la population, et notamment des enfants, au Brésil et au Mexique. Ces programmes ont pour condition l’éducation des enfants, en échange de coupons ou d’argent. On essaie d’imposer un peu plus les compagnies étrangères ou imposer progressivement sur le revenu. Les résultats sont assez impressionnants. On a un déclin de l’extrême pauvreté et une hausse de niveau de vie de la « classe moyenne ».

Mais la vie reste dure pour les 25% vivant encore dans l’extrême pauvreté et la malnutrition reste encore un problème. Le statut de « classe moyenne » est souvent encore très précaire.

En 2013, a été demandé aux gens s’ils pensaient que la démocratie était la meilleure solution. L’idée de la démocratie obtient un grand support dans les pays d’Amérique latine et on veut la préserver même dans les temps difficiles.

La « marée rose » : Les présidents de l’Amérique latine aujourd’hui[modifier | modifier le wikicode]

On rebaptise le phénomène du socialisme latino-américain en « marée rose », plus soft que la « marée rouge » des communistes. Les gouvernements qui suivent une politique extérieure indépendante mais une politique économique de marché jusqu’à un certain point. Ils essaient aussi de garder les ressources à l’intérieur du pays. La plupart des gouvernements d’Amérique latine en ce moment sont de centre-gauche, à part quelques exceptions comme la Colombie et le Mexique. On a des « démocraties de marché », on ne parle plus de rebâtir le socialisme, on veut simplement une politique de redistribution des richesses et d’augmentation de standards de vie.

Perspectives[modifier | modifier le wikicode]

Les États-Unis pendant le XXème siècle était le pays le plus riche du monde. Mais après les années 1970, ce standard de vie a commencé à baisser et très peu d’Américains ont profité économiquement de l’après-1970. Les inégalités croissent de façon générale, ce qui est aussi le cas en Amérique latin. Mais en Amérique latine, la croissance de l’inégalité est liée à une augmentation du standard de vie des grandes masses. Tout le monde va mieux, certains beaucoup mieux que les autres mais la tendance est optimiste. Aux États-Unis, les inégalités grandissent mais en plus le standard de vie reste le même ou descend.

En Amérique latine, la démocratie est bien enracinée, et on peut penser que le jeu électoral est vu par les masses comme une manière de pousser le gouvernement à redistribuer les richesses.

Aux États-Unis, il y a une vraie polarisation politique extrême. On tente même parfois de bloquer l’action politique et le gouvernement. Le consensus libéral des États-Unis a été rejeté et il est difficile de mettre les deux tendances dans un même système politique.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]