L’organisation des rapports de production : un raccourci pour aller de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle

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L’organisation des rapports de production[modifier | modifier le wikicode]

Au début de la révolution industrielle, la taille des entreprises était petite et il y avait une proximité entre employés et employeurs. C’était un système avec peu d’intermédiaires.

Les ingénieurs et la division du travail[modifier | modifier le wikicode]

À partir des années 1870 et 1880, on assiste une montée en puissance des ingénieurs qui s’emparent des postes décisionnels et techniques. L'ingénieur devient un personnage important du fonctionnement industriel, il est celui qui est dans l’opérationnel ainsi que le gestionnaire du quotidien. Plus tard, ceux-ci seront supplantés par des étudiants de HEC, chose qui sera difficile à accepter pour eux.

Durant l’entre-deux-guerres, les ingénieurs vont amener une nouvelle vision du travail à savoir la rationalisation et la mécanisation. Les ingénieurs vont analyser de façon rationnelle et structurelle la production des salariés. Les premiers travaux des ingénieurs vont dans le sens d'un rapprochement de l'homme vers la machine, qui est considéré comme supérieur et devient l'idéal de référence : ils souhaitent le rendre plus productif, plus rapide, plus endurant et plus précis.

Pour cela, une division du travail s'opère, ayant pour but de :

  • Contrôler la main-d'œuvre selon sa productivité: si un ouvrier ne produit pas assez, on peut le vérifier, car on connaît désormais le rendement journalier dont il est capable, contrairement à autrefois où l'ouvrier paresseux pouvait très bien dire qu'il avait fait ce qu'il pouvait.
  • Permettre de donner des garanties aux clients : les délais sont désormais connus et calculables. Ainsi, pour sceller une affaire, un producteur peut en guise de garantie verser au client un acompte que celui-ci peut garder s'il ne reçoit pas sa marchandise à temps. C’est donc une logique commerciale qui n’est pas que productive et industrielle.

Le taylorisme[modifier | modifier le wikicode]

A machinist at the Tabor Company, a firm where Frederick Taylor's consultancy was applied to practice, about 1905.

Le taylorisme est un système de gestion de la production qui vise à maximiser l'efficacité et la productivité en décomposant les tâches en petites opérations simples, en standardisant ces opérations et en utilisant des outils de mesure pour évaluer et améliorer la performance des travailleurs. L'intérêt d'adopter le taylorisme comme mode de production est qu'il permet d'augmenter la vitesse et la quantité de production, tout en réduisant les coûts de main-d'œuvre. Cela peut donc être bénéfique pour les entreprises, car cela leur permet d'augmenter leur profitabilité en produisant plus avec moins de travailleurs.

Le taylorisme est créé vers 1880 par l'ingénieur Frederick Winslow Taylor (1856-1915). Son approche représente l’aboutissement d'études de toute une série d’ingénieurs. Étude scientifique du mouvement des travailleurs visant à décomposer les gestes du travailleur. Réduire au maximum les gestes inutiles, pour optimiser au maximum les gestes utiles. Il préconise l'organisation scientifique du travail au moyen d'une analyse détaillée des modes et techniques de production (gestes, rythmes, cadences, etc.), afin d'établir la meilleure façon de produire, de rémunérer (passage du salaire à la tâche au salaire horaire), et finalement d'obtenir des conditions propres à fournir un rendement maximum. On filme et on chronomètre pour tenter de comprendre ce que font les travailleurs. Le patron est gagnant : meilleure production et, les travailleurs, font un travail plus facile et moins dangereux. Mais ces normes forcent tous les ouvriers à faire le même quota (vieux, jeune, grand, petit). Chaque ouvrier a ainsi sa propre tâche simple à exécuter de manière répétée, ce qui est plus rapide que de concevoir un produit dans son intégralité. Il ne faut cependant pas confondre le taylorisme avec le travail à la chaîne.

Double diffusion du taylorisme :

  • Aux États-Unis : se répand de la fin du XIXème siècle au début XXème siècle en raison des grandes migrations (slave et Italienne). Ces populations illettrées forment une main-d’œuvre sans qualification facilement malléable.
  • En Europe : on considère d'abord que le taylorisme représente un danger pour l'artisanat et que la machine rend l'ouvrier idiot, car celui-ci n'a pas besoin de réfléchir. Cette méthodologie est perçue comme un abêtissement du processus de travail. Mais lors de la Première Guerre mondiale, la main-d’œuvre traditionnelle est envoyée au front. Les femmes et la main-d’œuvre coloniale non qualifiées acceptent ces méthodes de travail. Les pratiques tayloristes fonctionnent parce que la main-d’œuvre est plus docile et en temps de guerre la productivité est une condition nécessaire et vitale de l’effort de guerre.

Intérêts du taylorisme[modifier | modifier le wikicode]

  • Permets de remédier à l'insuffisance de la main-d’œuvre
  • Il offre aux employeurs le moyen de contrôler la classe ouvrière
  • Il permet de faire des gains de productivité
  • Il permet globalement d'abaisser les coûts salariaux

Le travail à la chaîne[modifier | modifier le wikicode]

Eindpunt van de assemblagelijn bij Ford in 1913 rond de tijd dat de wetenschappelijke bedrijfsvoering in de organisatie van de productie werd ingevoerd.

Le travail à la chaîne est un système de production dans lequel les travailleurs sont divisés en différents postes de travail, chacun effectuant une tâche spécifique et répétitive pour produire une partie d'un produit final. Ces travailleurs sont organisés en lignes de production, dans lesquelles les produits sont acheminés d'un poste de travail à l'autre, en suivant une séquence prédéterminée. Le travail à la chaîne permet d'optimiser l'efficacité et la productivité en standardisant les tâches et en augmentant la vitesse de production. Cependant, il peut également être considéré comme une forme d'aliénation pour les travailleurs, en leur imposant des tâches monotones et répétitives.

Henri Ford a été l'un des principaux promoteurs du travail à la chaîne, en mettant en place ce système dans son usine de fabrication de voitures à Detroit, dans le Michigan dès les années 1910. Ford a décomposé les tâches en petites opérations simples, qu'il a standardisées et mesurées pour améliorer la performance des travailleurs. Cela lui a permis d'augmenter considérablement la vitesse et la quantité de production, tout en réduisant les coûts de main-d'œuvre.

Ford a également introduit des innovations technologiques pour faciliter le travail à la chaîne, telles que des convoyeurs mobiles pour acheminer les produits d'un poste de travail à l'autre, et des outils de montage à usage unique pour éviter les interruptions et les erreurs. En utilisant ces techniques, Ford a réussi à produire des voitures à un rythme sans précédent, ce qui lui a permis de devenir l'un des plus grands fabricants de voitures du monde. Son apport au concept de travail à la chaîne a été décisif dans la révolution industrielle, en montrant comment le système peut être utilisé pour augmenter la productivité et la profitabilité des entreprises.

La standardisation des pièces[modifier | modifier le wikicode]

Le travail à la chaîne impose la standardisation des pièces, car on ne peut pas arrêter la chaîne et bloquer toute la production pour faire une petite réparation. Auparavant, l’ajusteur avait pour rôle d’ajuster les pièces manuellement à l’objet fabriqué. La standardisation et la mécanisation permettent de produire des pièces parfaitement standardisées.

Le travail à la chaîne va développer une production uniforme. C’est un processus de fabrication répétitif donnant une gamme réduite, par exemple, de voitures concernant la marque Ford. Seul le design permet de dissocier les produits soignant par la même le fonctionnalisme. Sont éliminées les pièces inutiles ce qui ne limite pas l’efficacité et permet de soigner le produit pour en faire un produit vendeur.

Ainsi, la production est uniforme menant à une gamme réduite passant par un ajustement immédiat sans délai et temps d’attente. Concernant le fonctionnalisme et le design, cela permet de fabriquer à la chaîne tout en intégrant de la modularité. Le design ne spécifie pas seulement les produits, mais aussi les performances, la durée de vie des pièces et du produit est étudiée afin de créer des produits dont la durée de vie est limitée afin qu’il y ait renouvellement de la consommation.

Ce qui est particulier à travers le fonctionnalisme et le design est le fait que c'est une optique industrielle; c'est-à-dire qu'on optimise la production dans une logique de finalité commerciale. En d'autres termes, on fabrique un produit pour le vendre en incitant à la production de masse et à la consommation.

Le fordisme[modifier | modifier le wikicode]

Henry Ford et son modèle T. Ce véhicule, l'un des premiers, est massivement produit grâce au principe du fordisme.

Henry Ford développe un projet économique, mais aussi politique et social. On produit plus, plus vite et à moindres coûts, mais que faire des bénéfices générés? Le Fordisme introduit l’indexation du salaire sur les gains issus de la productivité. Par l’introduction d’un salaire plus élevé, que l'on appelle le « The Five Dollar Day », il permet à ses employés d’acquérir les objets qu'ils produisent, transformant ainsi les travailleurs en consommateurs.

La production de masse peut donc être absorbée par une consommation de masse. Ce modèle va être au cœur du modèle économique de l’économie occidentale du XXe siècle. Certains auteurs néomarxistes vont dénoncer ce modèle comme menant à un "embourgeoisement" de la classe ouvrière européenne. Il y a des dimensions idéologiques et politiques très fortes. D'autre part, Ford permet l'avènement de la société de consommation.

Taylorisme et fordisme.png

L’idée de bon salaire conjugué à une puissance des syndicats permet d’arriver à un système ou les ouvriers sont bien rémunérés. D’un point de vue de la logique politique, c'est une réponse au communisme dans le contexte des Trente glorieuses. D’un point de vue sociopolitique, c’est un instrument de lutte contre le communisme en Europe de l’Ouest en particulier.

Le fordisme est une évolution qui touche le système des grands secteurs industriels. C'est le reflet de ce modèle sociopolitique après la Deuxième Guerre mondiale. Le fordisme est un élément fondamental pour comprendre le système d’après-guerre. Aujourd’hui, on parle de société postfordiste. On oppose le système et les économies flexibles d’aujourd’hui au système fordiste.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]