Un monde multipolaire : 1989 – 2011

De Baripedia

D'après un cours de Ludovic Tournès[1][2][3]

L'expression "monde multipolaire" fait référence à un système international dans lequel le pouvoir est partagé entre plusieurs États ou groupes d'États. C'est une alternative à un monde unipolaire, où un seul État (comme les États-Unis après la Guerre Froide) ou un groupe d'États (comme l'Occident pendant la Guerre Froide) détient la majorité du pouvoir mondial. Le passage d'un monde unipolaire à un monde multipolaire a créé de nouvelles dynamiques de pouvoir et de nouvelles tensions sur la scène mondiale. Les puissances émergentes et les blocs de pouvoir ont commencé à revendiquer plus d'influence dans les affaires mondiales, souvent à travers des voies économiques et politiques.

La fin de la Guerre Froide a été marquée par la chute du mur de Berlin en 1989 et la dissolution de l'Union soviétique en 1991. Ces événements ont mis fin à près d'un demi-siècle de bipolarité mondiale, avec les États-Unis et l'Union soviétique comme superpuissances dominantes. Avec la fin de la Guerre Froide, les États-Unis sont devenus la seule superpuissance mondiale, ce qui a conduit à une période de domination unipolaire. Cette période de domination unipolaire a été néanmoins de courte durée. Au cours des années 1990 et 2000, plusieurs autres pays ont commencé à augmenter leur influence sur la scène mondiale. La Chine, en particulier, a connu une croissance économique rapide qui a renforcé son pouvoir et son influence. De même, l'Union européenne s'est consolidée et élargie, devenant un acteur majeur dans les affaires mondiales. D'autres pays, comme l'Inde et le Brésil, ont également commencé à jouer un rôle plus important

La transition vers un monde multipolaire n'a pas été sans défis. De nombreux conflits régionaux ont éclaté, souvent en raison de rivalités de pouvoir ou de ressources. Par exemple, les guerres en Irak et en Afghanistan ont été en partie le résultat de la lutte pour le contrôle des ressources pétrolières et gazières. De même, les tensions entre les États-Unis et la Russie ont continué à se manifester, notamment en raison de désaccords sur des questions telles que l'expansion de l'OTAN et la question de la Crimée. Le passage à un monde multipolaire reste un processus en cours et l'avenir de ce nouveau système international est incertain. Les tensions entre les grandes puissances, les conflits régionaux, et les défis mondiaux comme le changement climatique et la prolifération nucléaire continueront à façonner l'équilibre du pouvoir mondial dans les années à venir.

L’effondrement du bloc soviétique[modifier | modifier le wikicode]

L'effondrement du bloc soviétique est l'un des événements les plus marquants de la fin du XXe siècle. Il a non seulement mis fin à près de 50 ans de Guerre Froide, mais a également conduit à des changements profonds et souvent tumultueux dans les pays d'Europe de l'Est et du monde entier. La Pologne est souvent citée comme le lieu où les premières fissures dans le bloc soviétique ont commencé à apparaître. Le mouvement Solidarité, dirigé par Lech Wałęsa, a organisé une série de grèves en 1980 pour protester contre les conditions de travail et le régime communiste. Ces grèves ont conduit à des négociations avec le gouvernement et à la reconnaissance de Solidarité en tant que premier syndicat indépendant dans un pays communiste. En Hongrie, le gouvernement a commencé à libéraliser son économie et à introduire des réformes politiques dans les années 1980. En 1989, la Hongrie a commencé à démanteler sa frontière avec l'Autriche, ouvrant une brèche dans le Rideau de fer qui séparait l'Est et l'Ouest. La Tchécoslovaquie a connu une "Révolution de velours" pacifique en 1989, où des manifestations massives ont conduit à la démission du gouvernement communiste. La Roumanie a été le seul pays à connaître une révolution violente. En décembre 1989, des manifestations contre le régime de Nicolae Ceaușescu ont été violemment réprimées, mais ont finalement conduit à l'arrestation et à l'exécution de Ceaușescu. Et enfin, en novembre 1989, le mur de Berlin est tombé. Cet événement symbolique a marqué la fin de la Guerre Froide et a ouvert la voie à la réunification de l'Allemagne l'année suivante. Tous ces événements ont marqué le début de la transition de ces pays vers des économies de marché et des systèmes politiques démocratiques. Cependant, cette transition n'a pas été facile et ces pays continuent de faire face à des défis liés à leur passé communiste.

Indéniablement, l'effondrement du bloc soviétique représente un tournant historique qui a redéfini l'équilibre mondial des forces. En première position, se distingue l'ascension des États-Unis comme unique superpuissance du globe. Cette nouvelle stature leur a conféré une influence déterminante sur le plan international. Leur prépondérance a été particulièrement palpable durant les années 1990, comme en témoignent leurs interventions militaires en Bosnie, au Kosovo et en Irak. En parallèle, la Russie, autrefois géant mondial, a connu une dégringolade marquée de son emprise internationale. La désintégration de l'Union soviétique a conduit à une chute drastique de sa puissance, autant sur les plans militaire et économique que politique. De nombreuses républiques qui étaient auparavant sous son giron sont devenues indépendantes. Toutefois, la Russie, en particulier sous l'égide de Vladimir Poutine, s'est attelée à regagner son influence d'antan. Par ailleurs, la chute du bloc soviétique a insufflé un nouvel élan à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Plusieurs pays d'Europe de l'Est, anciennement sous l'ombre soviétique, ont intégré l'OTAN, consolidant ainsi le rôle de cette alliance dans le paysage sécuritaire européen. L'effondrement de la Guerre Froide a également donné lieu à des mutations significatives dans l'économie mondiale. Le déclin du communisme a favorisé l'adoption du système d'économie de marché dans de nombreux pays, alimentant ainsi la globalisation et l'interdépendance économique. En dépit de l'essor des États-Unis comme unique superpuissance, la chute du bloc soviétique a ouvert la voie à d'autres nations pour augmenter leur influence. La Chine, par exemple, a su profiter de cette opportunité pour dynamiser sa croissance économique et amplifier son rôle sur l'échiquier mondial.

La disparition du système bipolaire a laissé un vide de pouvoir dans certaines régions du monde, donnant lieu à une série de conflits et de tensions. Les anciens états tampons entre l'Est et l'Ouest ont dû trouver leur propre voie, parfois en déclenchant des conflits internes ou en devenant des points de friction entre les nouvelles puissances émergentes. Dans certains cas, la fin de la Guerre Froide a ouvert la voie à des tensions ethniques ou politiques qui étaient auparavant réprimées par la structure du pouvoir bipolaire. Les conflits dans les Balkans dans les années 1990 sont un exemple frappant, où les tensions ethniques ont dégénéré en violence à grande échelle après la chute du communisme. En outre, dans certaines régions comme le Moyen-Orient, le vide de pouvoir a exacerbé les rivalités régionales et a conduit à une augmentation des conflits et de l'instabilité. En l'absence d'un équilibre clair du pouvoir, plusieurs pays ont cherché à étendre leur influence, souvent par des moyens militaires. Dans l'ensemble, la transition vers un monde multipolaire a apporté de nouvelles complexités et défis en termes de relations internationales, alors que les nations naviguent dans cette nouvelle dynamique de pouvoir.

Le système communiste à bout de souffle[modifier | modifier le wikicode]

La montée en puissance de l'Union soviétique[modifier | modifier le wikicode]

Avant la révolution de 1917, la Russie, qui allait devenir le cœur de l'Union soviétique, était largement perçue comme un pays en développement, avec une économie dominée par l'agriculture et un niveau de développement global notablement inférieur à celui des pays d'Europe occidentale. En 1917, l'économie russe, qui était sur le point de devenir l'Union soviétique, était largement en retard par rapport à ses homologues européens occidentaux. Une grande partie de la population vivait dans des conditions rudimentaires, avec un niveau de vie faible, des salaires insuffisants et un taux d'alphabétisation bas. De plus, la Russie était économiquement fortement tributaire de l'agriculture, avec une faible industrialisation et des infrastructures sous-développées.

La Première Guerre mondiale a exercé une pression énorme sur ce fragile équilibre économique, entraînant des pertes économiques et humaines dévastatrices qui ont exacerbé l'état précaire du pays. La révolution de 1917 a toutefois ouvert la voie à un changement radical. Les dirigeants bolcheviques qui ont pris le pouvoir après la révolution ont initié un programme audacieux de développement économique et industriel. Malgré des coûts humains et sociaux très élevés, y compris la famine, les purges politiques et la répression politique générale, ces politiques ont entraîné une croissance économique rapide. En quelques décennies, l'Union soviétique a été transformée d'une économie largement agraire à une superpuissance industrielle, dotée d'une capacité militaire massive. Bien que l'Union soviétique soit devenue une superpuissance mondiale, elle a continué à connaître des problèmes économiques et sociaux internes considérables. Le manque d'efficacité économique, la corruption, la mauvaise gestion et les privations ont persisté tout au long de l'existence de l'Union soviétique, et ont contribué à son effondrement final en 1991.

Au cours de la Guerre Froide, l'Union soviétique a mené une politique d'armement importante pour concurrencer les États-Unis, ce qui a eu un coût économique significatif. Le gouvernement soviétique a investi massivement dans l'industrie militaire, utilisant une grande partie de ses ressources pour financer ces efforts. Cela a abouti à des sacrifices pour la population soviétique, y compris une diminution du niveau de vie et un ralentissement du développement économique général. Malgré ces défis, il est important de noter que l'Union soviétique n'était pas considérée comme un pays du tiers monde lorsqu'elle est devenue une superpuissance. Après la Seconde Guerre mondiale, l'Union soviétique s'est imposée comme l'une des deux superpuissances mondiales, rivalisant avec les États-Unis. Bien que son économie fût fortement centralisée, elle était suffisamment développée pour rivaliser avec les États-Unis dans des domaines tels que la recherche spatiale, la technologie militaire et la production industrielle. Cette rivalité et cette course aux armements ont eu un coût économique important pour l'Union soviétique, qui a contribué à des problèmes économiques internes et finalement à l'effondrement de l'Union en 1991.

L'effondrement de l'Union soviétique[modifier | modifier le wikicode]

Les facteurs d'effondrement structurels[modifier | modifier le wikicode]

L'effondrement de l'Union soviétique a été le produit de plusieurs facteurs interconnectés qui ont pris de l'ampleur au fil des décennies.

Les tensions internes étaient un élément clé de ce processus. La corruption endémique et l'inefficacité économique ont suscité un mécontentement croissant parmi la population soviétique. La structure centralisée et planifiée de l'économie soviétique, tout en ayant permis des progrès initiaux en matière d'industrialisation et de développement, a fini par étouffer l'innovation et l'efficacité économique. Les problèmes économiques ont été exacerbés par la course aux armements avec les États-Unis, qui a épuisé une grande partie des ressources de l'Union soviétique. De plus, la répression politique et l'absence de libertés civiles ont également alimenté la résistance interne. L'oppression de la dissidence et le manque de liberté d'expression ont créé un climat de peur et de ressentiment. Des événements comme la révolte de Budapest en 1956, le Printemps de Prague en 1968 et le mouvement Solidarność en Pologne dans les années 1980 ont clairement montré un mécontentement croissant parmi les citoyens des pays satellites de l'Union soviétique. En plus de ces pressions internes, l'Union soviétique a également été soumise à des pressions extérieures. La compétition avec les États-Unis sur le plan militaire, économique et idéologique a exercé une tension constante sur le régime soviétique. Finalement, ces facteurs, combinés à la politique de glasnost (ouverture) et de perestroïka (restructuration) de Mikhaïl Gorbatchev, ont conduit à l'effondrement de l'Union soviétique en 1991.

L'Union soviétique a été soumise à des pressions extérieures significatives pendant la Guerre Froide, en particulier de la part des États-Unis et de leurs alliés en Europe occidentale. Ces pressions ont joué un rôle important dans l'effondrement final de l'Union soviétique. La stratégie de confrontation adoptée par les États-Unis et leurs alliés a inclus un certain nombre d'approches. Les États-Unis ont, par exemple, investi massivement dans leur arsenal militaire, forçant l'Union soviétique à faire de même afin de maintenir une parité stratégique. Cela a placé une énorme pression économique sur l'Union soviétique, qui a lutté pour maintenir le rythme tout en essayant de répondre aux besoins économiques et sociaux de sa population. En outre, les États-Unis et leurs alliés ont soutenu activement les mouvements de dissidence et les groupes de droits de l'homme dans les pays du bloc soviétique. Ils ont utilisé une variété de méthodes, y compris la radiodiffusion, le soutien financier, et la diplomatie, pour encourager ces mouvements. Cela a exercé une pression politique sur l'Union soviétique et a contribué à susciter un mécontentement interne. L'effet combiné de ces pressions intérieures et extérieures a finalement conduit à l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, marquant la fin de la Guerre Froide et le début d'une nouvelle ère dans les relations internationales.

Les facteurs de contestations du modèle[modifier | modifier le wikicode]

La publication de "L'Archipel du Goulag" par Alexandre Soljenitsyne en 1974 a marqué un tournant significatif dans la manière dont le régime soviétique était perçu à l'étranger. Ce récit détaillé et personnel du système de camps de travail forcé soviétiques a mis en lumière la réalité de la répression politique et des violations des droits de l'homme sous le régime communiste. La révélation de ces atrocités a contribué à ébranler l'image du communisme soviétique et à intensifier les critiques envers le régime. L'ouvrage a été largement lu et discuté en Occident, contribuant à un changement dans l'opinion publique et à une prise de conscience de la réalité de la vie en Union soviétique. Néanmoins, ces révélations n'étaient pas nouvelles pour de nombreux citoyens soviétiques et dissidents. Nombre d'entre eux étaient déjà conscients de la brutalité du régime et avaient vécu ou avaient été témoins des conséquences directes de sa répression. Toutefois, l'impact de "L'Archipel du Goulag" a été dans la manière dont il a réussi à porter ces réalités à la connaissance d'un public international plus large, alimentant ainsi une pression extérieure accrue sur le régime soviétique.

Les mouvements de dissidence dans les pays du bloc de l'Est, notamment le mouvement Solidarność en Pologne, ont joué un rôle crucial dans la contestation du régime soviétique. Ce syndicat indépendant, dirigé par Lech Walesa, a réussi à mobiliser des millions de travailleurs polonais pour protester contre le régime communiste en Pologne, marquant ainsi un tournant décisif dans l'histoire de l'Europe de l'Est. Parallèlement à ces mouvements de contestation interne, la révélation des atrocités commises par le régime soviétique a contribué à ébranler le "mythe soviétique". La réalité des violations des droits de l'homme, de la répression politique et du système concentrationnaire en Union soviétique a été progressivement révélée au monde, sapant ainsi la légitimité et le soutien au régime soviétique. Ces facteurs combinés - la dissidence interne, la pression externe et la prise de conscience des abus du régime - ont conduit à un affaiblissement progressif du régime soviétique, qui a finalement culminé avec sa chute à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Cet effondrement a marqué la fin de près d'un demi-siècle de domination soviétique en Europe de l'Est et a ouvert la voie à une période de transformations politiques, économiques et sociales majeures dans la région.

L'arrivée au pouvoir de Léonid Brejnev en 1964 a marqué un durcissement du régime soviétique. Brejnev a imposé une politique étrangère plus assertive, cherchant à élargir et à renforcer l'influence soviétique sur la scène internationale. Cela s'est traduit par un soutien accru aux mouvements communistes et de libération nationale dans le monde, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Simultanément, Brejnev a mis en place une politique intérieure de répression accrue. C'est sous son règne que fut formulée la "Doctrine Brejnev", qui stipulait que l'Union soviétique avait le droit d'intervenir dans les affaires internes de tout pays communiste pour protéger le système socialiste. Cette doctrine a été utilisée pour justifier l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968, mettant fin à la période de libéralisation connue sous le nom de "Printemps de Prague". En outre, la dissidence interne a été sévèrement réprimée sous Brejnev. Les dissidents qui critiquaient le régime ou demandaient plus de libertés politiques et civiles ont été surveillés, harcelés, arrêtés et souvent envoyés en prison ou en exil. Cette politique de répression a contribué à l'isolement de l'Union soviétique et a alimenté le ressentiment et l'opposition à l'intérieur du pays. Cette période de "glaciation" a duré jusqu'au début des années 1980, lorsque le nouveau dirigeant soviétique Mikhail Gorbatchev a entrepris une série de réformes politiques et économiques connues sous le nom de "glasnost" (ouverture) et "perestroïka" (restructuration), qui ont finalement conduit à l'effondrement de l'Union soviétique à la fin de la décennie.

L'intensification et l'appaisement de la rivalité entre grandes puissances[modifier | modifier le wikicode]

L'époque de Léonid Brejnev a marqué une escalade dans la compétition entre l'Union soviétique et les États-Unis, instaurant une ère de tensions élevées communément appelée la "guerre froide". Ces deux superpuissances ont considérablement augmenté leur stock d'armes nucléaires et se sont engagées dans une compétition mondiale pour étendre leur influence, en soutenant divers mouvements politiques et en s'impliquant directement dans plusieurs conflits régionaux. Cette période a été caractérisée par la course aux armements, des interventions militaires indirectes et l'usage de la diplomatie et de la propagande pour gagner des alliés et influencer le cours des événements mondiaux. La rivalité idéologique entre le communisme et le capitalisme a été un autre aspect clé de cette période, chaque camp cherchant à promouvoir son propre système comme le modèle à suivre.

Cependant, ce climat de confrontation intense et de "glaciation" n'a pas persisté indéfiniment. L'arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir en 1985 a inauguré une ère de changement et de réforme pour l'Union soviétique. Avec ses politiques de "glasnost" (ouverture) et de "perestroïka" (restructuration), Gorbatchev a cherché à moderniser l'économie soviétique et à assouplir la rigidité du régime politique. En outre, Gorbatchev a cherché à apaiser les relations Est-Ouest, favorisant une détente avec les États-Unis et les pays occidentaux. Ces initiatives ont conduit à la fin de la guerre froide et ont joué un rôle clé dans les événements qui ont abouti à l'effondrement de l'Union soviétique à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Ainsi, une période qui avait débuté par une intensification de la confrontation entre les superpuissances a culminé par un processus de détente et de transformation qui a redéfini le paysage politique mondial.

L'influence des facteurs économiques[modifier | modifier le wikicode]

Au fur et à mesure que les années 1980 avançaient, le système économique soviétique a progressivement démontré son incapacité à répondre aux défis du temps. Malgré des ambitions élevées de modernisation et d'industrialisation, l'Union soviétique a échoué à rattraper le niveau de vie des pays occidentaux. L'économie soviétique reposait sur une planification centralisée, avec un contrôle d'État absolu sur la production. Les moyens de production étaient détenus par l'État, ce qui signifiait que toutes les entreprises étaient gérées par l'État plutôt que par des propriétaires privés. Cet arrangement a conduit à une lourde bureaucratie, une allocation inefficace des ressources et une stagnation économique. L'absence de concurrence et l'absence d'incitations pour améliorer l'efficacité ou innover ont également joué un rôle dans l'échec du système. L'Union soviétique a également connu une corruption généralisée, exacerbée par un système de rationnement et une économie noire en plein essor. En outre, les efforts considérables consacrés à la course aux armements avec l'Occident ont drainé une partie substantielle des ressources de l'Union soviétique, ce qui a aggravé la crise économique. Au final, l'économie soviétique n'a pas réussi à s'adapter et à répondre aux besoins changeants de sa population, contribuant à l'instabilité qui a finalement conduit à l'effondrement de l'Union soviétique.

Pendant les années 1970 et 1980, une série de facteurs externes a amplifié les problèmes économiques de l'Union soviétique. Parmi ces facteurs, la chute des prix du pétrole a eu un impact particulièrement dévastateur. Le pétrole constituait une source importante de revenus pour l'Union soviétique et lorsque les prix ont chuté, l'économie soviétique a souffert. Parallèlement, les dépenses militaires ont grimpé de manière spectaculaire à mesure que l'Union soviétique s'engageait dans une course aux armements avec les États-Unis. Ces dépenses exorbitantes ont drainé les ressources financières du pays, réduisant encore davantage les investissements dans d'autres secteurs de l'économie et entravant la croissance économique. Ces facteurs externes ont ajouté une pression supplémentaire à une économie déjà à bout de souffle. Ils ont contribué à exacerber les faiblesses structurelles du système économique soviétique, accélérant ainsi son déclin et finalement contribuant à l'effondrement de l'Union soviétique.

La convergence de ces facteurs économiques négatifs a créé une crise majeure pour l'Union soviétique. La dette du pays s'est rapidement accumulée, le coût de la vie a augmenté à cause de l'inflation galopante, et des pénuries de biens de consommation de base sont devenues monnaie courante. Ces problèmes ont sapé la confiance du public envers le système économique soviétique. Face à cette réalité de plus en plus difficile, de nombreux citoyens ont commencé à douter de la capacité du gouvernement soviétique à assurer leur bien-être. L'écart grandissant entre la promesse du communisme et la réalité du quotidien a nourri une contestation politique croissante. Les appels à une réforme économique se sont amplifiés, augmentant la pression sur le gouvernement pour qu'il modifie son approche. Cette érosion de la confiance et cette montée de l'insatisfaction ont finalement joué un rôle clé dans l'effondrement de l'Union soviétique. Ces développements ont non seulement affaibli la légitimité du système soviétique, mais ils ont également alimenté les mouvements de protestation et de dissidence qui ont précipité la chute du régime.

La crise économique a indubitablement joué un rôle prépondérant dans l'effondrement final de l'Union soviétique. Elle a sapé la crédibilité du régime, érodant la confiance que les citoyens avaient envers leur gouvernement. La pénurie de biens de base, la hausse du coût de la vie, et l'inefficacité généralisée de l'économie ont suscité un mécontentement généralisé parmi la population, mettant à mal la légitimité du gouvernement. Cette crise économique, couplée à un contexte politique de plus en plus tendu, a donc contribué de manière significative à l'effondrement du régime soviétique.

La guerre d'Afghanistan[modifier | modifier le wikicode]

Carte de l'invasion de l'Afghanistan par l'armée soviétique en 1979.

La guerre en Afghanistan, lancée en 1979, a véritablement constitué un poids lourd pour l'économie soviétique et a considérablement ébranlé la confiance du peuple dans son gouvernement. Cette guerre, aussi coûteuse en ressources qu'en vies humaines, a suscité une impopularité grandissante. Les dirigeants soviétiques ont fait face à de vives critiques pour leur politique étrangère belliqueuse et leur intervention militaire dans les affaires internes d'autres pays. Ces éléments ont progressivement alimenté une perte de confiance de la part de la population, engendrant une opposition politique de plus en plus forte. Ces facteurs, associés à d'autres, ont finalement conduit à la chute du régime soviétique.

La guerre en Afghanistan a constitué l'un des facteurs déclencheurs majeurs de l'insurrection politique généralisée en Union soviétique, événement qui a finalement mené à la chute du régime. Ce conflit, mené sur un terrain de guérilla où les forces soviétiques se sont retrouvées enlisées pendant des années, a été particulièrement onéreux en termes de vies humaines et de ressources matérielles. Il a suscité une large impopularité parmi les citoyens soviétiques, contribuant ainsi à alimenter le mécontentement généralisé. L'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique a été largement critiquée, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, comme une forme d'impérialisme ou de néocolonialisme. Cette perception a contribué à isoler encore plus l'Union soviétique sur la scène internationale et a renforcé l'opposition interne. À l'intérieur de l'Union soviétique, la guerre a contribué à une désillusion croissante vis-à-vis du régime et de sa rhétorique idéologique. Les pertes humaines, le coût économique de la guerre et son impopularité croissante ont exacerbé le mécontentement existant envers la corruption gouvernementale, la répression politique et les problèmes économiques persistants. À l'extérieur de l'Union soviétique, la guerre a été condamnée par une grande partie de la communauté internationale. Cela a non seulement isolé l'Union soviétique, mais a également créé une occasion pour les États-Unis et leurs alliés de soutenir activement les moudjahidines afghans, ce qui a encore accru la pression sur l'Union soviétique.

La chute du mur de Berlin: Causes et conséquences[modifier | modifier le wikicode]

La chute du mur de Berlin[modifier | modifier le wikicode]

La chute du mur de Berlin a été le produit d'une combinaison complexe de facteurs politiques, économiques et sociaux, à la fois internes et externes à la RDA et à l'Union soviétique.

Au niveau interne, la RDA a été confrontée à une série de problèmes graves. L'économie du pays était en mauvais état, avec une croissance économique stagnante, une dette extérieure élevée et un manque de biens de consommation. De plus, il y avait un mécontentement généralisé parmi la population envers le régime communiste autoritaire. Les citoyens de la RDA étaient frustrés par le manque de liberté et la répression politique, ainsi que par les inégalités économiques et le manque d'opportunités.

Au niveau externe, l'Union soviétique a connu une série de changements politiques majeurs sous la direction de Mikhaïl Gorbatchev. Sa politique de glasnost (ouverture) et de perestroïka (restructuration) a entraîné une certaine libéralisation politique et économique, non seulement en Union soviétique, mais aussi dans d'autres pays du bloc de l'Est. De plus, Gorbatchev a adopté une politique de non-intervention dans les affaires internes des pays satellites de l'Union soviétique, ce qui a permis à des mouvements de protestation de se développer dans ces pays sans craindre une intervention militaire soviétique.

Tous ces facteurs ont contribué à créer un environnement propice à l'effondrement du mur de Berlin. La pression populaire pour le changement en RDA, combinée à l'ouverture politique en Union soviétique, a conduit à un point de basculement où le gouvernement de la RDA n'a plus été en mesure de maintenir le contrôle. Le 9 novembre 1989, les autorités de la RDA ont annoncé que tous les citoyens de la RDA pourraient visiter l'Allemagne de l'Ouest et Berlin-Ouest - ce qui a conduit à la chute du mur de Berlin.

La fin de la domination communiste en Europe[modifier | modifier le wikicode]

La chute du mur de Berlin a également signalé la fin de la division idéologique du monde en blocs Est-Ouest qui a prévalu pendant la majeure partie du XXe siècle. Elle a marqué le début d'une nouvelle ère dans les relations internationales, caractérisée par l'hégémonie des États-Unis et le triomphe apparent des idéaux démocratiques et capitalistes. Cela dit, le chemin vers la démocratie et le capitalisme n'a pas été facile pour tous les pays qui ont émergé de l'effondrement du bloc soviétique. La transition économique a été particulièrement difficile, avec une hausse significative du chômage, de l'inflation et de la pauvreté dans de nombreux pays. De plus, les réformes politiques ont souvent été minées par la corruption, la mauvaise gouvernance et l'autoritarisme. En outre, l'éclatement de l'Union soviétique et la fin de la domination communiste en Europe de l'Est ont également eu des conséquences géopolitiques majeures. Ils ont conduit à l'émergence de nouveaux pays indépendants, chacun avec ses propres défis politiques et économiques. Ils ont également alimenté des conflits régionaux et des tensions ethniques, comme on l'a vu dans les Balkans dans les années 1990.

L'ouverture de la frontière entre la Hongrie et l'Autriche en 1989 a été un événement marquant dans l'histoire de la chute du bloc de l'Est et du rideau de fer. Ce geste a non seulement offert un échappatoire aux citoyens est-allemands qui cherchaient à quitter le bloc communiste, mais il a également mis en évidence l'érosion de l'autorité et du contrôle du régime communiste en Europe de l'Est. La décision de la Hongrie de démanteler ses barrières frontalières a été l'un des nombreux signes que le pouvoir des régimes communistes dans la région s'effritait. Il a aussi montré que les politiques de glasnost (transparence) et de perestroïka (restructuration) introduites par le leader soviétique Mikhaïl Gorbatchev avaient des répercussions bien au-delà des frontières de l'Union soviétique. De plus, cet événement a également démontré le rôle important que des pays individuels comme la Hongrie ont joué dans la chute du bloc de l'Est. Bien que la fin de la guerre froide soit souvent associée à des acteurs et des événements plus grands, tels que la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'Union soviétique, la décision de la Hongrie d'ouvrir ses frontières a été une étape cruciale qui a préparé le terrain pour ces événements historiques.

En Pologne, l'accord de la "table ronde" entre le gouvernement communiste et le syndicat indépendant Solidarność a conduit à des élections semi-libres le 4 juin 1989. Dans ces élections, Solidarność a remporté une victoire écrasante. Bien que le parti communiste se soit réservé un certain nombre de sièges au parlement, l'ampleur de la victoire de Solidarność a clairement montré que le régime communiste n'avait plus le soutien du peuple polonais. Cet événement a marqué le début de la fin du communisme en Pologne. De même, en Hongrie, la victoire du Forum démocratique hongrois lors des élections législatives de 1990 a marqué la fin du régime communiste dans le pays. Cette victoire a été précédée par un processus de libéralisation et de réforme qui avait débuté dans les années 1980. Dans l'ensemble, ces élections ont été des signes clairs de la fin de l'hégémonie communiste en Europe de l'Est et de l'émergence de nouvelles démocraties dans la région.

La chute du régime de Nicolae Ceaușescu en Roumanie a été l'un des moments les plus dramatiques de la fin du communisme en Europe de l'Est. Alors que la plupart des autres régimes communistes de la région ont été renversés par des mouvements de protestation relativement pacifiques ou des transitions politiques négociées, en Roumanie, la fin du communisme a été marquée par une violence significative. Les manifestations ont commencé à Timișoara en décembre 1989 en réponse à la tentative du gouvernement de déporter un pasteur protestant d'origine hongroise, László Tőkés, qui avait critiqué les politiques du régime. Les protestations se sont rapidement étendues à tout le pays, malgré la répression violente des forces de sécurité. Finalement, l'armée s'est retournée contre Ceaușescu, qui a été capturé alors qu'il tentait de fuir Bucarest en hélicoptère. Après un procès sommaire, Nicolae Ceaușescu et son épouse Elena ont été exécutés le jour de Noël 1989. La fin de la dictature de Ceaușescu a marqué le début d'une période de transition difficile en Roumanie, qui a dû faire face à de nombreux défis, dont l'établissement d'institutions démocratiques, la réforme de l'économie et la gestion des conséquences de la répression et de la corruption généralisée du régime de Ceaușescu.

La réunificationde l'Allemagne[modifier | modifier le wikicode]

La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 est l'un des moments les plus symboliques de l'histoire du XXe siècle. Elle a non seulement marqué la fin de la division de l'Allemagne, mais a également symbolisé la fin de la Guerre froide et de la division de l'Europe en blocs de l'Est et de l'Ouest. La chute du mur de Berlin a été précédée par des manifestations de plus en plus importantes et de pressions pour des réformes en Allemagne de l'Est (RDA). En réponse à ces pressions, le gouvernement de la RDA a annoncé une libéralisation des restrictions sur les voyages à l'étranger pour les citoyens est-allemands. Cependant, en raison d'une confusion dans la communication de cette politique, les citoyens ont cru que les frontières étaient complètement ouvertes et se sont précipités vers le mur, forçant finalement les gardes à ouvrir les points de contrôle. La chute du mur de Berlin a eu des répercussions profondes, ouvrant la voie à la réunification de l'Allemagne moins d'un an plus tard, en octobre 1990, et accélérant les changements politiques dans d'autres pays d'Europe de l'Est. C'est un événement qui continue d'être célébré comme un symbole de liberté et d'unification.

Après la chute du mur de Berlin en novembre 1989, la pression en faveur de la réunification de l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest a augmenté de manière significative. Au début de 1990, des élections libres ont eu lieu en Allemagne de l'Est pour la première fois depuis des décennies, et les partis favorables à la réunification ont remporté une victoire écrasante. Au cours de l'été et de l'automne 1990, les deux Allemagnes ont négocié un traité de réunification, et la voie a été ouverte pour que l'Allemagne de l'Est rejoigne la République fédérale d'Allemagne. Le 3 octobre 1990, la réunification a été officiellement proclamée, et l'Allemagne de l'Est a cessé d'exister. La réunification de l'Allemagne a été un événement majeur dans l'histoire post-Seconde Guerre mondiale, marquant la fin de près d'un demi-siècle de division de l'Allemagne et symbolisant la fin de la Guerre froide. Elle a également posé de nombreux défis, car l'Allemagne unifiée a dû intégrer deux systèmes économiques et sociaux très différents.

La fin du Pacte de Varsovie[modifier | modifier le wikicode]

Le Pacte de Varsovie, officiellement connu sous le nom de Traité d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle, a été une organisation de défense collective des pays communistes d'Europe de l'Est pendant la guerre froide, sous le leadership de l'Union soviétique. Il a été créé en 1955 en réponse à l'adhésion de la République fédérale d'Allemagne (Allemagne de l'Ouest) à l'OTAN. La dissolution du Pacte de Varsovie en 1991 est survenue après plusieurs années de changements politiques et sociaux dans les pays de l'Europe de l'Est, y compris l'effondrement des régimes communistes dans ces pays et la fin de la guerre froide. Avec la dissolution de l'Union soviétique plus tard dans la même année, le Pacte de Varsovie a perdu sa raison d'être et a été officiellement dissous. La fin du Pacte de Varsovie a marqué la fin de la division militaire de l'Europe qui avait existé pendant la guerre froide, et a ouvert la voie à l'expansion de l'OTAN en Europe de l'Est dans les années suivantes.

Après la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991, beaucoup de ses anciens membres ont commencé à se tourner vers l'Ouest. Au cours des années 1990 et 2000, plusieurs anciens membres du Pacte de Varsovie ont rejoint l'OTAN et l'Union européenne, marquant une transition significative vers des systèmes démocratiques et des économies de marché. Ces transitions n'ont pas été sans difficultés. Les défis incluaient la transformation des économies planifiées en économies de marché, la réforme des systèmes politiques pour devenir des démocraties pluralistes, et la gestion des tensions ethniques et nationalistes qui avaient été supprimées pendant la période communiste. Néanmoins, la fin du Pacte de Varsovie et le déplacement vers l'ouest de ses anciens membres ont été des éléments clés de la réorganisation géopolitique de l'Europe après la fin de la guerre froide.

Création de la Communauté des États Indépendants (CEI)[modifier | modifier le wikicode]

La dissolution de l'Union soviétique en décembre 1991 a marqué la fin de la Guerre froide et a profondément transformé la géopolitique mondiale. L'Union soviétique a été remplacée par 15 États indépendants, dont la Russie est le plus grand et le plus influent.

La Communauté des États Indépendants (CEI) a été créée pour faciliter la coopération entre ces États nouvellement indépendants et gérer certains des problèmes hérités de l'Union soviétique, comme la coordination économique et la gestion des armes nucléaires. Cependant, la CEI n'a jamais réussi à exercer une autorité significative et sa pertinence a diminué avec le temps, car plusieurs de ses membres se sont tournés vers l'Europe et l'Ouest.

Les États membres ont conservé leur souveraineté et ont poursuivi des politiques étrangères indépendantes. Plusieurs d'entre eux, en particulier les États baltes et ceux d'Europe de l'Est, ont cherché à se rapprocher de l'Ouest et à intégrer des structures européennes et atlantiques comme l'Union européenne et l'OTAN.

L'emergence d'un nouvel ordre mondial[modifier | modifier le wikicode]

L'achèvement de la Guerre froide et la désintégration de l'Union soviétique ont radicalement transformé l'échiquier géopolitique mondial. Le schéma bipolaire propre à la Guerre froide, marqué par une opposition intense entre deux superpuissances prédominantes, s'est métamorphosé en un monde multipolaire, caractérisé par une complexité accrue.

Dans ce nouvel ordre mondial post-Guerre froide, bien que les États-Unis aient conservé leur statut de superpuissance militaire et économique, leur hégémonie n'est plus aussi incontestable qu'auparavant. D'autres nations, telles que la Chine, l'Inde et l'Union européenne, ont émergé en tant que forces majeures sur la scène internationale. Par ailleurs, la mondialisation a permis à une multitude d'autres pays et régions d'accroître leur influence et leur importance. Les entités multilatérales, notamment les Nations Unies et l'Organisation mondiale du commerce, ont pris un rôle plus prééminent dans la régulation des affaires globales. De surcroît, les problématiques transnationales telles que le changement climatique, le terrorisme international, les pandémies et le cyberespace sont devenues de plus en plus pertinentes, déstabilisant la structure traditionnelle de l'ordre mondial fondée sur les États-nations.

La décomposition de l'Union soviétique et du bloc communiste a provoqué une refonte totale de l'ordre géopolitique mondial instauré à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. La division bipolaire du monde entre les États-Unis et l'Union soviétique a cédé la place à une multipolarité où de nouveaux acteurs sont venus prendre place sur la scène internationale. La fin de la guerre froide a également suscité d'importants bouleversements dans les relations internationales, notamment la réunification de l'Allemagne, l'arrêt de la course aux armements, la démilitarisation de l'Europe de l'Est, et la transition vers la démocratie dans de nombreux pays d'Europe centrale et de l'Est. Ces événements ont eu des répercussions significatives sur la politique et les relations internationales des décennies suivantes.

La transition de la Russie: Déclin et Renaissance[modifier | modifier le wikicode]

L'effondrement de l'URSS a plongé la Russie dans une période de crise économique et politique intense. Le pays a traversé une époque de tumulte, ponctuée par des réformes économiques exigeantes, une inflation débridée et un déclin du niveau de vie. De plus, le passage d'un régime communiste à un régime démocratique a été semé d'embûches, teinté de conflits internes et de luttes entre divers groupes politiques. La Russie a également dû affronter de grands défis géopolitiques, avec la perte de ses anciennes républiques socialistes, le questionnement de son statut de superpuissance et l'ascension de nouveaux acteurs régionaux.

Face à cette situation, la Russie a adopté une politique de recentrage, illustrée par l'intervention en Tchétchénie en 1994 qui a déclenché une longue séquence de guerre et de tensions dans la région. En dépit des épreuves rencontrées, la Russie a réussi à stabiliser son économie et à renforcer son régime politique tout au long des années 2000, notamment sous la présidence de Vladimir Poutine. Aujourd'hui, le pays est considéré comme une force montante sur la scène internationale, avec une économie en pleine expansion et une influence diplomatique croissante.

La transition économique et les conséquences sociales[modifier | modifier le wikicode]

L'effondrement de l'Union soviétique a plongé la Russie dans une phase de transition économique tumultueuse, où elle a tenté de passer d'une économie planifiée à une économie de marché. Cette période a été marquée par une contraction drastique de la production industrielle, une conséquence directe de la libéralisation et des réformes structurelles radicales. Beaucoup d'industries, qui dépendaient fortement des subventions de l'État sous le régime soviétique, n'ont pas réussi à s'adapter aux nouvelles réalités du marché et ont dû fermer leurs portes. Cela a entraîné une hausse significative du taux de chômage, plongeant de nombreuses familles dans la précarité.

Durant les années 1990, la Russie a traversé une époque de mutation économique ardue, sous-tendue par des réformes économiques et structurelles destinées à faire évoluer le pays d'une économie planifiée vers une économie de marché. Les acteurs internationaux tels que le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale ont largement influencé cette transition, exerçant des pressions substantielles pour la mise en œuvre de ces changements. Ces réformes économiques ont conduit à la libéralisation des prix et du commerce, à la privatisation massive des entreprises d'État, à la diminution des subventions et à l'adoption d'une politique monétaire plus rigide pour combattre l'inflation. Ces changements radicaux, bien que nécessaires pour l'évolution économique du pays, ont souvent été difficiles à vivre pour une grande partie de la population russe.

Ces réformes ont eu des conséquences socio-économiques graves, notamment une montée de la pauvreté, une augmentation du taux de chômage et une dégradation des conditions de vie pour une grande partie de la population russe. De surcroît, cette mutation économique a été émaillée par de la corruption et une privatisation contestable de nombreuses entreprises publiques. Ces pratiques ont bénéficié à une élite économique et politique restreinte, mais ont laissé une grande partie de la population russe démunie et sans emploi. La mutation économique a provoqué une chute drastique de la production industrielle, une hausse alarmante du chômage, de l'inflation et de la pauvreté. Les coûts des produits de première nécessité ont connu une envolée spectaculaire, pendant que les salaires stagnaient, entrainant une dégradation du pouvoir d'achat des ménages.

Cette période a été marquée par une grande instabilité politique et sociale, avec des manifestations, des grèves et des violences, ainsi que par une augmentation de la criminalité et de la corruption. Parallèlement à cela, le gouvernement a dû faire face à une inflation galopante. La libéralisation des prix, mise en œuvre dans le cadre des réformes économiques, a entraîné une hausse spectaculaire des coûts des produits de première nécessité. Le contraste avec la période soviétique, où les prix étaient contrôlés et subsidés par l'État, était frappant. Cela a eu un impact direct et douloureux sur le pouvoir d'achat des ménages, dont beaucoup ont vu leur niveau de vie se dégrader de façon dramatique. La pauvreté a augmenté de manière alarmante pendant cette période. Alors que le pays tentait de s'adapter à son nouveau modèle économique, de nombreux Russes ont été laissés pour compte, incapables de répondre à l'augmentation du coût de la vie ou de trouver un emploi dans une économie en mutation rapide. Les inégalités se sont creusées, avec une élite économique et politique qui a profité de la privatisation de l'économie, tandis que la majorité de la population a connu une chute vertigineuse de ses conditions de vie.

La transition vers une économie de marché a rendu la Russie plus exposée aux fluctuations et aux crises économiques mondiales. Avant cette transition, sous le régime soviétique, l'économie russe était largement isolée de l'économie mondiale, ce qui la protégeait en partie des crises économiques externes. Cependant, avec l'intégration progressive de la Russie dans l'économie mondiale, cette protection a disparu. La crise financière asiatique de 1997 a été l'un des premiers grands tests de la résilience de l'économie russe post-soviétique. Le choc économique en Asie a rapidement touché la Russie, principalement en raison de la baisse des prix des matières premières, qui constituaient une part importante des exportations russes. Cette crise a exacerbé les problèmes économiques existants en Russie, entraînant une crise financière en 1998 qui a vu le rouble se déprécier massivement et le gouvernement russe déclarer un moratoire sur la dette publique. La crise financière mondiale de 2008 a également eu un impact significatif sur l'économie russe. La chute des prix des matières premières, notamment du pétrole, a entraîné une contraction économique sévère. En outre, l'intégration de la Russie dans le système financier mondial a signifié que la crise du crédit qui a frappé les économies occidentales a également affecté la Russie, avec une baisse des investissements étrangers et une fuite des capitaux. Ces crises ont révélé la vulnérabilité de l'économie russe face aux chocs externes et ont souligné la nécessité pour le pays de diversifier son économie, qui reste fortement dépendante des exportations de matières premières, en particulier du pétrole et du gaz.

La guerre de Tchétchénie[modifier | modifier le wikicode]

La guerre en Tchétchénie a représenté l'un des plus grands défis sécuritaires pour la Russie post-soviétique. Ce conflit a débuté en 1994 lorsque la Tchétchénie, une république autonome située dans le Caucase du Nord, a déclaré son indépendance de la Russie. En réponse, le gouvernement russe a lancé une intervention militaire pour rétablir son autorité.

La première guerre de Tchétchénie, qui a duré de 1994 à 1996, a été une épreuve militaire et politique majeure pour la Russie post-soviétique. En dépit de l'énorme avantage des forces russes en termes de nombre et de technologie, la résistance tchétchène s'est avérée extrêmement tenace et capable de mener une guérilla efficace contre les troupes russes. Cette résistance s'explique par plusieurs facteurs. Premièrement, le terrain montagneux de la Tchétchénie a fourni aux forces tchétchènes une protection naturelle et de nombreux endroits pour se cacher et lancer des attaques. Deuxièmement, de nombreux Tchétchènes étaient profondément engagés dans la cause de l'indépendance et étaient prêts à se battre jusqu'à la mort pour défendre leur patrie. Enfin, les forces tchétchènes étaient dirigées par des chefs de guerre expérimentés qui connaissaient bien les tactiques de guérilla. L'incapacité des forces russes à prendre le contrôle rapide de la Tchétchénie a également été exacerbée par les problèmes structurels et organisationnels au sein de l'armée russe. De nombreux soldats russes étaient mal formés, mal équipés et mal préparés pour les conditions de combat en Tchétchénie. De plus, la coordination entre les différentes branches des forces de sécurité russes a souvent été déficiente, ce qui a rendu la conduite des opérations militaires encore plus difficile. La première guerre de Tchétchénie a eu un coût humain énorme, avec des milliers de morts et de blessés de chaque côté, et a conduit à d'importants déplacements de population. Elle a également été marquée par de graves violations des droits de l'homme, notamment des exécutions extrajudiciaires, des tortures et des disparitions forcées.

La seconde guerre de Tchétchénie, qui a commencé en 1999 et s'est officiellement terminée en 2009, a été une période de conflit intense et de violence généralisée. Elle a commencé à la suite d'attaques terroristes en Russie et de l'invasion du Dagestan par des militants tchétchènes. Cette guerre a été caractérisée par une utilisation accrue de la force par le gouvernement russe et par une intensification de la violence. Cette deuxième guerre a été encore plus dévastatrice que la première, causant la mort de milliers de personnes et le déplacement de centaines de milliers d'autres. Les villes et les villages de Tchétchénie ont été fortement endommagés et l'infrastructure de la région a été largement détruite. Des violations massives des droits de l'homme ont été commises par toutes les parties au conflit, y compris des exécutions extrajudiciaires, des tortures, des enlèvements et des attaques contre des civils. Ces abus ont été largement documentés par des organisations de défense des droits de l'homme, mais peu d'entre eux ont fait l'objet d'enquêtes sérieuses ou de poursuites. L'intervention militaire russe en Tchétchénie a également eu des répercussions politiques importantes. Elle a contribué à l'élection de Vladimir Poutine à la présidence de la Russie en 2000, et a marqué le début d'une période de pouvoir autoritaire et de renforcement de l'État en Russie.

La guerre en Tchétchénie a joué un rôle significatif dans l'ascension politique de Vladimir Poutine. Lorsque Poutine a été nommé Premier ministre par le président Boris Eltsine en 1999, la Russie faisait face à une série de défis internes et externes. Parmi ceux-ci, la situation en Tchétchénie était l'un des plus urgents. Poutine a fait de la résolution du conflit tchétchène une priorité, promettant de rétablir l'ordre et l'autorité de l'État russe. Lorsque des attaques terroristes ont frappé plusieurs villes russes en 1999, Poutine a attribué rapidement la responsabilité aux séparatistes tchétchènes, et a lancé une deuxième guerre contre la Tchétchénie. Cette décision a été accueillie avec un large soutien de l'opinion publique russe, et a renforcé l'image de Poutine en tant que leader fort et résolu. Poutine a utilisé la guerre en Tchétchénie pour consolider son pouvoir, promouvoir le nationalisme et démontrer sa volonté d'utiliser la force pour préserver l'intégrité territoriale de la Russie. La gestion de la guerre en Tchétchénie par Poutine a également eu un impact sur les relations de la Russie avec le reste du monde. Bien que la conduite de la guerre ait été critiquée pour ses violations des droits de l'homme, la communauté internationale a largement accepté la position de Poutine selon laquelle la guerre en Tchétchénie était une partie nécessaire de la lutte mondiale contre le terrorisme. Cela a permis à Poutine de consolider son contrôle sur la Tchétchénie et de renforcer son pouvoir en Russie, tout en résistant à la pression internationale pour une résolution pacifique du conflit.

Les conséquences de la perte d'influence internationale[modifier | modifier le wikicode]

L'effondrement de l'Union soviétique a entraîné une crise économique profonde en Russie et une instabilité politique considérable. Ces défis internes ont limité la capacité de la Russie à exercer une influence significative sur la scène internationale.

Au cours de la guerre du Golfe en 1990-1991, la Russie (alors encore l'Union Soviétique jusqu'en décembre 1991) traversait une période de crise économique et de changements politiques internes majeurs. L'effondrement imminent de l'Union soviétique a laissé le pays dans une situation de grande instabilité, à la fois sur le plan intérieur et sur la scène internationale. Par conséquent, la Russie n'était pas en mesure de s'opposer efficacement à l'intervention dirigée par les États-Unis pour libérer le Koweït, qui avait été envahi par l'Irak en août 1990. En fait, l'Union soviétique, sous la direction de Mikhail Gorbatchev, a fini par soutenir la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies qui autorisait l'usage de la force pour expulser l'Irak du Koweït. Cela était en contraste avec la période de la Guerre froide, où l'Union soviétique et les États-Unis se retrouvaient fréquemment en opposition directe sur les questions de politique internationale. La guerre du Golfe a été un exemple frappant de la diminution de l'influence mondiale de la Russie durant cette période de transition.

La fragmentation de la Yougoslavie dans les années 1990 a vu la Russie jouer un rôle moins influent que ce qu'elle aurait souhaité, malgré des liens historiques et culturels profonds avec la région, en particulier avec la Serbie. L'instabilité politique et économique interne de la Russie a limité sa capacité à projeter son influence sur la scène internationale. Durant les guerres de Yougoslavie, la Russie a principalement adopté une position de soutien à la Serbie. Cependant, son opposition à l'intervention de l'OTAN en 1999 lors du conflit au Kosovo n'a pas réussi à empêcher l'action militaire. Ce fut un exemple révélateur de la diminution de l'influence de la Russie sur la scène mondiale à cette époque. De plus, la Russie a été critiquée pour son utilisation du droit de veto en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, en particulier lorsqu'elle a bloqué plusieurs résolutions concernant la situation en Bosnie et au Kosovo. Ces actions ont suscité des controverses et ont conduit à des tensions avec les autres membres du Conseil de sécurité, notamment les États-Unis et les pays européens. Cependant, depuis le début des années 2000, la Russie a cherché à rétablir son influence sur la scène mondiale, en partie grâce à une économie plus stable et à une stratégie étrangère plus assertive sous la direction de Vladimir Poutine. Cette renaissance a été particulièrement visible dans les anciennes républiques soviétiques, mais également sur la scène mondiale, où la Russie a montré une volonté de défendre ses intérêts et de contester l'ordre international dominé par l'Occident.

Bien que la Russie ait hérité du siège de l'Union soviétique au Conseil de sécurité après l'effondrement de l'URSS, son influence au sein de cet organe a été affaiblie par ses difficultés économiques et politiques internes.

La Communauté des États Indépendants (CEI)[modifier | modifier le wikicode]

Malgré les profondes difficultés économiques et politiques qu'elle a traversées lors de la transition post-soviétique, la Russie a réussi à maintenir une influence prépondérante dans sa région. Son héritage en tant qu'ancienne puissance dominante de l'Union soviétique, conjugué à son potentiel militaire conséquent, dont son arsenal nucléaire, a contribué à préserver son statut de grande puissance régionale. L'influence de la Russie sur les pays membres de la Communauté des États Indépendants (CEI), une organisation comprenant plusieurs anciennes républiques soviétiques, est une autre facette de sa puissance régionale. La Russie a souvent utilisé la CEI comme un instrument pour maintenir son influence dans la région post-soviétique, à travers une combinaison de leviers économiques, politiques et parfois militaires.

Sous la présidence de Vladimir Poutine au début des années 2000, la Russie a entamé une campagne délibérée pour renforcer sa présence sur la scène internationale. Elle a travaillé à reconstituer son influence et son autorité, qui avaient été sérieusement érodées pendant la décennie précédente. Poutine a adopté une politique étrangère visant à contester l'ordre mondial unipolaire dominé par les États-Unis après la Guerre froide. Au lieu de cela, il a défendu l'idée d'un ordre mondial multipolaire où plusieurs grandes puissances, dont la Russie, exerceraient une influence significative. Cette politique s'est traduite par un rôle plus actif de la Russie dans les affaires mondiales, notamment à travers son statut de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, son rôle dans les organisations régionales comme l'Organisation de coopération de Shanghai, et ses relations avec d'autres pays émergents comme la Chine et l'Inde. La Russie a également utilisé son abondance de ressources énergétiques, notamment le pétrole et le gaz, comme outil de pouvoir et d'influence à l'échelle mondiale.

Dans les années 2000 et 2010, la Russie a pris une part active dans plusieurs conflits internationaux et processus diplomatiques. Son intervention en Syrie en 2015, par exemple, a changé le cours de la guerre civile en faveur du régime de Bashar al-Assad, faisant de la Russie un acteur clé dans le conflit syrien. De même, la Russie a joué un rôle crucial dans les négociations sur le programme nucléaire iranien, qui ont abouti à l'accord de 2015 connu sous le nom de Plan d'action global conjoint. La Russie a été l'un des six pays à négocier cet accord avec l'Iran, aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et de la Chine. Cependant, l'activisme diplomatique de la Russie a également suscité des controverses. L'annexion de la Crimée en 2014 par la Russie, par exemple, a été largement condamnée par la communauté internationale et a entraîné une série de sanctions économiques contre la Russie de la part des États-Unis et de l'Union européenne. De plus, des allégations d'ingérence de la Russie dans les élections d'autres pays, notamment aux États-Unis en 2016, ont également suscité des tensions avec les pays occidentaux. Ces actions ont contribué à une dégradation des relations entre la Russie et l'Occident, marquant une nouvelle phase de confrontation dans les relations internationales. Toutefois, elles ont également renforcé la position de la Russie en tant qu'acteur mondial clé, capable d'influencer les événements mondiaux de manière significative.

La guerre russo-géorgienne[modifier | modifier le wikicode]

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En avril 1991, la Géorgie proclame son indépendance. En réponse, la Russie cherche à maintenir son emprise sur le pays en appuyant les mouvements séparatistes en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Ces deux régions, soutenues par la Russie, revendiquent leur indépendance de la Géorgie. La Russie voit dans ces conflits une occasion de renforcer son influence régionale et de freiner les tentatives d'émancipation de la Géorgie par rapport à son ancien suzerain soviétique. En 1992, dans le but de réaffirmer son autorité sur ces territoires, la Géorgie se lance dans une tentative de reprise de contrôle de ces régions. Cela déclenche des affrontements violents impliquant à la fois les séparatistes et les forces russes stationnées dans la région. Bien qu'un accord de cessez-le-feu soit signé en 1993, la tension demeure, et les efforts visant à trouver une solution politique durable sont toujours en cours.

La guerre russo-géorgienne de 2008 est un événement crucial dans l'histoire post-soviétique de la région du Caucase. Elle a éclaté suite à des années de tensions croissantes entre la Russie, la Géorgie, et les régions séparatistes de Géorgie soutenues par la Russie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. En août 2008, des combats intenses ont éclaté en Ossétie du Sud après que le gouvernement géorgien a lancé une opération militaire pour reprendre le contrôle de la région. La Russie a rapidement répondu en lançant une vaste offensive militaire contre la Géorgie. En cinq jours, les forces russes ont occupé plusieurs villes géorgiennes et ont bombardé des infrastructures militaires et civiles à travers le pays. L'intervention russe a provoqué une condamnation internationale et a marqué une escalade majeure dans les relations entre la Russie et l'Occident. La guerre a pris fin le 12 août 2008, avec un accord de cessez-le-feu négocié par le président français Nicolas Sarkozy, qui exerçait alors la présidence de l'Union européenne.

Après la guerre, la Russie a officiellement reconnu l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud comme des États indépendants, une décision qui a été largement condamnée par la communauté internationale et qui n'a été reconnue que par un petit nombre de pays. Depuis lors, la Russie a maintenu une présence militaire importante dans ces régions, et la situation reste tendue. La guerre a également eu des répercussions durables sur les relations entre la Russie et l'Occident, et a été l'un des facteurs clés qui ont conduit à une nouvelle ère de confrontation entre la Russie et l'OTAN.

La hausse des prix des matières premières[modifier | modifier le wikicode]

L'essor des prix des matières premières, en particulier le pétrole et le gaz, a offert à la Russie une opportunité économique majeure. Ces ressources, qui constituent une part considérable de son économie, ont propulsé une croissance économique significative. En capitalisant sur cette manne, la Russie a non seulement pu renforcer sa présence sur l'échiquier international, mais aussi consolider sa position dans les affaires mondiales. L'afflux de revenus provenant des hydrocarbures a permis à la Russie d'investir de manière substantielle dans son appareil militaire, conduisant à une modernisation remarquable de ses forces armées. Cette rénovation militaire a renforcé la position stratégique de la Russie sur la scène internationale et a renforcé sa capacité à défendre ses intérêts nationaux.

De plus, la croissance économique de la Russie lui a permis de renforcer ses relations avec des nations émergentes en rapide développement, en particulier la Chine. En se positionnant comme une alternative à la domination américaine dans le système international, la Russie a réussi à établir de nouvelles alliances et à accroître son influence dans le monde multipolaire actuel. Cette stratégie a permis à la Russie de rééquilibrer les forces en présence et de contribuer à la construction d'une dynamique internationale plus diversifiée.

La crise syrienne[modifier | modifier le wikicode]

La crise syrienne a représenté une étape cruciale pour l'affirmation de la Russie sur l'échiquier international. En opposant à plusieurs reprises son veto aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies visant à imposer des sanctions au régime de Bachar el-Assad, la Russie a clairement manifesté sa détermination à préserver ses intérêts en Syrie, tout en contestant les postures occidentales. En fournissant des armes au régime syrien et en coordonnant des frappes aériennes avec l'armée syrienne contre les forces rebelles, la Russie a non seulement soutenu activement Assad, mais a aussi renforcé son influence dans la région. Ce soutien, loin d'être inaperçu, a rehaussé l'image de la Russie comme puissance internationale influente, capable d'intervenir stratégiquement dans des situations complexes.

La Syrie est d'une grande importance stratégique pour la Russie. L'alliance entre la Russie et la Syrie, qui remonte à l'époque soviétique, a persisté au fil des décennies, faisant de la Syrie le dernier véritable allié de la Russie au Proche-Orient. En plus de renforcer l'influence de la Russie dans cette région géopolitiquement critique, cette alliance garantit également l'accès de la Russie à la base navale de Tartous, qui est le seul point d'ancrage russe en Méditerranée et une composante clé de sa projection de force régionale. De plus, la Syrie est un client de premier plan pour l'industrie militaire russe. Les contrats d'armement signés entre les deux pays représentent des milliards de dollars, et l'armée syrienne utilise principalement du matériel militaire russe. En conséquence, un changement de régime en Syrie pourrait sérieusement menacer les intérêts stratégiques et économiques de la Russie. C'est pourquoi la Russie a pris des mesures décisives pour soutenir le régime d'Assad tout au long de la crise syrienne, y compris en fournissant une assistance militaire directe et en utilisant son veto au Conseil de sécurité des Nations Unies pour bloquer les actions qui pourraient nuire au régime.

L'invasion de la Crimée et la guerre d'Ukraine[modifier | modifier le wikicode]

En 2014, la Russie a annexé la Crimée, une péninsule appartenant de jure à l'Ukraine, ce qui a provoqué une crise majeure entre la Russie et l'Occident. Cet acte a été largement condamné par la communauté internationale, y compris par les États-Unis et l'Union européenne, qui ont tous deux imposé des sanctions économiques à la Russie en réponse.

L'annexion de la Crimée par la Russie a suivi une crise politique en Ukraine où le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, a été destitué suite à des protestations populaires, largement connues sous le nom de Euromaidan. La Russie a considéré le renversement de Ianoukovitch, qui était largement considéré comme pro-russe, comme un coup d'État soutenu par l'Occident. Peu après l'annexion de la Crimée, un conflit armé a éclaté dans l'est de l'Ukraine, en particulier dans les régions du Donbass et de Louhansk, où des séparatistes soutenus par la Russie ont déclaré leur indépendance de l'Ukraine.

Le règne de l'Hyperpuissance Américaine: 1991-2001[modifier | modifier le wikicode]

L'hyperpuissance américaine[modifier | modifier le wikicode]

L'effondrement de l'Union soviétique en 1991 a marqué la fin de la guerre froide et a laissé les États-Unis en tant que seule superpuissance mondiale, une période souvent décrite comme unipolaire. Cette position a permis aux États-Unis d'exercer une influence sans précédent dans le monde. Dans le domaine de la sécurité internationale, les États-Unis ont joué un rôle central dans de nombreux conflits et questions de sécurité à travers le monde. Ils ont conduit des interventions militaires, telles que la guerre du Golfe en 1991 et les invasions de l'Afghanistan en 2001 et de l'Irak en 2003, et ont été un acteur clé dans le processus de paix au Moyen-Orient. Sur le plan économique, le dollar américain a continué d'être la monnaie de réserve mondiale, et les États-Unis ont été un acteur majeur dans les institutions économiques internationales telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Ils ont également joué un rôle de premier plan dans la promotion du libre-échange et de la globalisation économique. Dans le domaine technologique, les États-Unis ont été à l'avant-garde de nombreuses innovations, notamment dans les domaines de l'informatique, de l'internet et de la biotechnologie. Des entreprises américaines comme Apple, Google et Microsoft sont devenues des géants mondiaux. Culturellement, les États-Unis ont eu une influence majeure à travers la propagation de leur culture populaire, notamment le cinéma, la musique et la télévision, ainsi que la langue anglaise.

L'hégémonie mondiale des États-Unis est le fruit d'une série d'éléments qui ont doté la nation d'une influence considérable à l'échelle planétaire. En premier lieu, la position géographique privilégiée des États-Unis a joué un rôle pivot. Nichés entre les océans Atlantique et Pacifique, ils ont un accès direct aux continents européen et asiatique. De surcroît, leur proximité avec l'Amérique latine leur attribue une influence notable dans cette région. Ensuite, la puissance militaire des États-Unis est sans égale. Leur armée, la plus forte au monde, est dotée de bases militaires dispersées à travers le globe, et a la capacité de projeter sa puissance sur le théâtre international. Complétée par un arsenal nucléaire substantiel, la puissance militaire des États-Unis est un acteur redoutable de leur prédominance. Le système politique et économique des États-Unis a aussi été un vecteur crucial de leur suprématie. Le modèle américain, combinant démocratie et capitalisme, a été massivement adopté à l'échelle mondiale suite à la fin de la guerre froide. Par ailleurs, étant la plus grande économie mondiale, les États-Unis exercent une influence économique majeure. Enfin, la présence des États-Unis au sein des organisations internationales est un pilier supplémentaire de leur domination. Leur rôle clé dans l'établissement d'institutions mondiales post-Seconde Guerre mondiale, telles que l'ONU, le FMI et la Banque mondiale, perdure et ils continuent à exercer une grande influence au sein de ces organisations.

Cette période de l'hégémonie américaine a été souvent qualifiée d'"hyperpuissance" pour souligner la supériorité absolue des États-Unis dans les affaires mondiales.[4]

Avec la fin de la guerre froide, le paysage de la politique étrangère américaine a subi une transformation profonde. Les États-Unis se sont tournés vers une stratégie davantage axée sur l'avancement de la démocratie et des droits humains à l'échelle mondiale, et la protection des intérêts économiques américains à l'international. Indépendamment de leur affiliation politique, les dirigeants américains successifs ont adhéré à cette politique. Cette ère a aussi été le théâtre de vifs débats concernant l'application appropriée du pouvoir américain sur la scène mondiale. Certains défenseurs d'une approche multilatérale ont prôné une collaboration accrue avec d'autres pays et organisations internationales. En revanche, ceux qui préconisent une démarche unilatérale soutiennent l'idée que les États-Unis devraient agir en fonction de leurs propres intérêts, indépendamment de l'opinion ou de l'intervention d'autres nations.

L'ascension du mouvement néoconservateur[modifier | modifier le wikicode]

L'ascension du mouvement néoconservateur aux États-Unis durant les années 1990 a joué un rôle pivot dans la redéfinition de la politique étrangère américaine. Les néoconservateurs ont plaidé pour l'utilisation de la force militaire et économique des États-Unis afin de diffuser la démocratie et les valeurs occidentales à travers le globe, tout en combattant les régimes autoritaires et les groupes terroristes. Cette orientation est devenue particulièrement évidente à la suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001, qui ont déclenché les invasions de l'Afghanistan et de l'Irak par les États-Unis. Les néoconservateurs ont perçu ces conflits comme des opportunités pour instaurer la démocratie dans ces pays et renverser les régimes autoritaires qui représentaient une menace pour la sécurité des États-Unis.

La politique néoconservatrice a toutefois suscité des critiques, tant sur le plan intérieur qu'international. Nombreux sont ceux qui ont reproché aux néoconservateurs de ne pas prendre en compte la complexité des conflits régionaux, en privilégiant l'action militaire au détriment de la diplomatie et des négociations. D'autres ont fait valoir que l'efficacité de la promotion de la démocratie dépendait d'une approche plus nuancée, impliquant un engagement plus profond avec les sociétés concernées, plutôt que de recourir principalement à la force militaire. Au-delà de ces préoccupations, il y a eu également des inquiétudes quant à l'impact de ces interventions sur la stabilité régionale et sur les droits de l'homme, ainsi que des interrogations sur la légitimité de l'utilisation unilatérale de la force par les États-Unis sans un soutien international large et une autorisation explicite des Nations Unies. Ces critiques ont souligné les limites de la puissance américaine et la nécessité pour les États-Unis de travailler en étroite collaboration avec d'autres pays et organisations internationales pour résoudre les conflits mondiaux.

Lutte contre le terrorisme[modifier | modifier le wikicode]

Depuis le début des années 2000, les États-Unis ont redéfini leur politique étrangère en plaçant la lutte contre le terrorisme islamiste au cœur de leurs préoccupations. Cette nouvelle orientation est principalement due aux attentats du 11 septembre 2001, qui ont causé la mort de près de 3 000 personnes sur le sol américain. Ces attentats, perpétrés par le groupe terroriste Al-Qaïda sous la direction d'Oussama ben Laden, ont profondément marqué l'Amérique et le monde entier. En réponse à cette attaque sans précédent, les États-Unis ont lancé la "guerre contre le terrorisme". Cette campagne militaire mondiale a été dirigée non seulement contre Al-Qaïda, mais aussi contre d'autres groupes terroristes islamistes. Elle a conduit à l'invasion de l'Afghanistan en 2001 et de l'Irak en 2003.

La "guerre contre le terrorisme" a servi de justification pour l'intervention des États-Unis dans plusieurs conflits militaires, notamment en Afghanistan et en Irak. Toutefois, cette politique a été l'objet de nombreuses critiques, tant au niveau national qu'international. L'une des critiques les plus sérieuses a été que cette guerre a conduit à de graves violations des droits de l'homme. Parmi les incidents les plus notables, on trouve les abus et tortures commis dans la prison d'Abou Ghraib en Irak par le personnel militaire américain. Ces actions ont non seulement été condamnées pour leur cruauté, mais ont également terni la réputation des États-Unis en tant que défenseurs des droits de l'homme. En outre, le coût de la "guerre contre le terrorisme" a également été un sujet de préoccupation. En termes financiers, ces conflits ont coûté des billions de dollars aux contribuables américains. Sur le plan humain, les pertes ont été tout aussi tragiques, avec des milliers de soldats américains et un nombre encore plus élevé de civils afghans et irakiens tués. Ces critiques ont conduit à des appels pour une refonte de la politique étrangère américaine, avec une demande de plus grande responsabilité, de transparence et de respect du droit international dans la conduite des opérations militaires.

La décennie 1990 a été jalonnée par plusieurs interventions militaires menées par les États-Unis à l'échelle globale, notamment en Irak et dans les Balkans. Ces interventions, bien que présentées comme des efforts pour instaurer la paix et la démocratie, ont été la cible de nombreuses critiques en raison de leur caractère unilatéral et de leur impact souvent dévastateur sur les populations civiles. Cette époque a aussi été marquée par une série d'attentats terroristes, dont celui perpétré contre le World Trade Center en 1993 et ceux contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya en 1998. Ces actes de terrorisme ont largement contribué à modeler la politique antiterroriste des États-Unis. En réaction à ces événements, le FBI a créé une division antiterroriste dédiée et les États-Unis ont renforcé les mesures de sécurité dans leurs ambassades partout dans le monde. Ces actions témoignent de l'évolution de la stratégie de sécurité nationale des États-Unis, qui a commencé à prendre au sérieux la menace du terrorisme international, et à y consacrer d'importants moyens en termes de politique et de sécurité.

Les attaques terroristes du 11 septembre 2001 ont marqué un tournant décisif dans la politique étrangère des États-Unis, catalysant une focalisation accrue sur la lutte antiterroriste. Ces attaques tragiques ont motivé les États-Unis à redoubler d'efforts pour combattre les organisations terroristes internationales. En réponse aux attaques, orchestrées par le groupe terroriste Al-Qaïda, les États-Unis ont lancé des interventions militaires en Afghanistan et en Irak. Ces opérations visaient non seulement à démanteler Al-Qaïda, mais aussi à éliminer d'autres menaces terroristes perçues. Ces campagnes militaires marquent le début de la "guerre contre le terrorisme", une stratégie qui a profondément influencé la politique étrangère américaine au début du 21ème siècle.

La doctrine de la guerre préventive[modifier | modifier le wikicode]

L'unilatéralisme américain s'est manifesté de manière particulièrement frappante à travers la doctrine de la guerre préventive, promue par l'administration Bush dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001. Cette doctrine controversée préconise l'utilisation de la force militaire préemptive contre des nations ou des groupes identifiés comme des menaces pour la sécurité nationale des États-Unis, sans attendre une agression directe.

L'objectif central de cette stratégie était de neutraliser les menaces potentielles avant qu'elles ne se matérialisent en attaques effectives contre les États-Unis ou leurs alliés. Cela a marqué un changement majeur par rapport à la politique de dissuasion qui avait prévalu pendant la guerre froide, où la force n'était utilisée qu'en réponse à une agression avérée.

Cette doctrine de guerre préventive a été le fondement de l'invasion de l'Irak en 2003. L'administration Bush a justifié l'intervention par la croyance, par la suite discréditée, que l'Irak possédait des armes de destruction massive qui représentaient une menace imminente pour la sécurité des États-Unis. Cette doctrine et ses applications ont fait l'objet de critiques considérables, tant au niveau national qu'international, pour avoir déstabilisé l'équilibre international et violé les principes du droit international.

L'intervention en Somalie[modifier | modifier le wikicode]

L'intervention américaine en Somalie a débuté fin 1992, lorsque le président George H. W. Bush a ordonné l'envoi de troupes pour aider à mettre fin à la famine causée par la guerre civile en cours dans le pays. L'opération, appelée "Restore Hope", était principalement humanitaire, visant à sécuriser l'environnement pour que l'aide alimentaire puisse atteindre ceux qui en avaient le plus besoin. Cependant, la situation s'est rapidement compliquée et est devenue plus violente et chaotique. La bataille de Mogadiscio en 1993, également connue sous le nom de "Black Hawk Down" en raison du film hollywoodien qui a plus tard dramatisé l'événement, est un exemple poignant de l'évolution de l'engagement américain en Somalie. La bataille a résulté en la mort de 18 soldats américains et a marqué un tournant dans l'intervention américaine. Sous la pression de l'opinion publique, les États-Unis ont commencé à retirer leurs troupes de Somalie et l'ont fait complètement en mars 1994.

Depuis lors, les États-Unis ont maintenu une présence plus discrète en Afrique, bien qu'ils aient participé à un certain nombre d'opérations militaires et humanitaires. Par exemple, les États-Unis ont joué un rôle actif dans la lutte contre le groupe terroriste Al-Shabaab en Somalie et ont fourni une aide humanitaire en réponse à diverses crises, comme le génocide au Darfour au Soudan. L'échec de l'intervention en Somalie a marqué profondément la politique étrangère américaine. Elle a montré les limites et les défis de l'utilisation de la force militaire pour résoudre les crises humanitaires et a contribué à une certaine réticence à s'engager militairement dans des conflits étrangers par la suite.

Le conflit yougoslave[modifier | modifier le wikicode]

Même après la fin de la guerre froide, la politique américaine a maintenu un rôle crucial en Europe, et en particulier pendant le conflit yougoslave qui a éclaté dans les années 1990. L'effondrement de la Yougoslavie en plusieurs États a donné lieu à une série de conflits violents, caractérisés par des nettoyages ethniques et des crimes de guerre.

Les États-Unis, en collaboration avec leurs alliés de l'OTAN, ont joué un rôle actif dans les efforts pour mettre fin à ces conflits. Ils ont pris part aux négociations de paix et ont soutenu les interventions militaires de l'OTAN. L'une des interventions les plus notables a été l'opération "Deliberate Force" en 1995, une série de frappes aériennes contre les forces serbes en Bosnie-Herzégovine, en réponse à l'attaque de Srebrenica et au massacre de milliers de Bosniaques musulmans. Plus tard, en 1999, face à la répression brutale des Albanais du Kosovo par le gouvernement serbe, l'OTAN, avec un soutien important des États-Unis, a lancé une autre série de frappes aériennes. Connue sous le nom d'opération "Allied Force", elle visait à mettre fin à la violence et à établir un environnement sûr pour tous les habitants du Kosovo, indépendamment de leur origine ethnique.

L'implication des États-Unis dans les négociations de paix a été un élément clé pour mettre fin aux conflits dans les Balkans, et Richard Holbrooke a joué un rôle particulièrement important à cet égard. Richard Holbrooke, un diplomate américain chevronné, a été nommé envoyé spécial pour les Balkans par le président Bill Clinton. Son travail a été crucial dans les négociations qui ont mené aux Accords de Dayton en 1995, qui ont mis fin à la guerre en Bosnie. Holbrooke et son équipe ont réussi à réunir les dirigeants de la Bosnie, de la Croatie et de la Serbie à la base aérienne de Wright-Patterson dans l'Ohio pour des pourparlers de paix. Les Accords de Dayton, qui ont établi une Bosnie-Herzégovine multiethnique divisée en deux entités - la Fédération de Bosnie-Herzégovine (à majorité bosniaque et croate) et la Republika Srpska (à majorité serbe) - ont été largement crédités à Holbrooke. Ces accords ont mis fin à trois ans et demi de guerre, qui ont fait environ 100 000 morts et déplacé des millions de personnes. Richard Holbrooke est souvent cité comme un exemple d'un diplomate efficace qui a utilisé à la fois des pressions et des négociations pour arriver à un accord de paix. Cependant, la structure complexe de la Bosnie-Herzégovine post-Dayton a aussi été critiquée pour avoir institutionnalisé les divisions ethniques et pour avoir créé un système politique inefficace et sujet à la corruption.

La Première Guerre du Golfe[modifier | modifier le wikicode]

L'invasion du Koweït par l'Irak, sous le commandement de Saddam Hussein en août 1990, a créé une crise internationale majeure. L'ONU a condamné immédiatement cette invasion et a imposé un embargo commercial complet contre l'Irak. Toutefois, face à la détermination de Saddam Hussein à garder le contrôle du Koweït, l'ONU a autorisé l'usage de la force pour libérer le Koweït en novembre de la même année.

Les États-Unis, sous la présidence de George H. W. Bush, ont alors organisé une coalition internationale de 34 pays, incluant de nombreux membres de l'OTAN et de la Ligue Arabe. La mission, connue sous le nom d'opération Tempête du désert, a débuté par une campagne de bombardements aériens en janvier 1991, suivie par une offensive terrestre en février.

La première Guerre du Golfe a été un succès militaire rapide pour la coalition. Les forces irakiennes ont été chassées du Koweït et l'intégrité territoriale du pays a été restaurée. Néanmoins, Saddam Hussein est resté au pouvoir en Irak, une situation qui a contribué à créer les conditions pour une deuxième guerre du Golfe en 2003.

Cette intervention a également montré la capacité des États-Unis à former et à diriger une coalition internationale en réponse à une agression, tout en soulignant leur leadership militaire incontesté à l'époque.

La Deuxième Guerre du Golfe[modifier | modifier le wikicode]

La deuxième Guerre du Golfe, également connue sous le nom de guerre en Irak, a débuté en 2003 avec une invasion de l'Irak par une coalition dirigée par les États-Unis, avec pour objectif principal le renversement de Saddam Hussein. La justification principale de cette intervention était que l'Irak possédait des armes de destruction massive (ADM) qui représentaient une menace pour la sécurité internationale, une affirmation qui s'est révélée être inexacte par la suite. Malgré l'absence d'un mandat de l'ONU et l'opposition de plusieurs pays, les États-Unis, sous la présidence de George W. Bush, ont décidé d'intervenir avec le soutien de quelques alliés, dont le Royaume-Uni. L'invasion a été rapide et Saddam Hussein a été renversé en quelques semaines.

La situation s'est rapidement dégradée après l'invasion. Le manque de planification pour l'après-guerre et les erreurs stratégiques, comme la dissolution de l'armée irakienne, ont conduit à une insurrection et à une violence sectaire généralisée. L'Irak s'est trouvé plongé dans le chaos pendant plusieurs années, avec des milliers de morts et des millions de personnes déplacées. La guerre en Irak a été largement critiquée, tant pour ses justifications initiales que pour sa gestion. Elle a érodé la crédibilité des États-Unis sur la scène internationale et a contribué à un sentiment d'opposition à l'unilatéralisme américain.

L'intervention en Afghanistan[modifier | modifier le wikicode]

L'opération "Enduring Freedom", lancée par les États-Unis et leurs alliés en réponse aux attentats du 11 septembre 2001, visait à démanteler Al-Qaïda et à déloger du pouvoir en Afghanistan le régime des Talibans qui avait abrité et soutenu ce groupe terroriste. Le but était également de capturer ou de tuer Oussama ben Laden, le cerveau présumé derrière ces attaques. Avec le soutien de l'Alliance du Nord, une faction afghane anti-talibane, les forces de la coalition ont rapidement renversé le régime des Talibans. Cependant, la capture de ben Laden s'est révélée plus difficile que prévu, et il a réussi à échapper aux forces de la coalition pendant près d'une décennie avant d'être finalement localisé et tué au Pakistan en 2011. L'intervention en Afghanistan a également impliqué un effort de reconstruction et de stabilisation de long terme du pays, qui a été miné par les conflits et les difficultés politiques, économiques et sociales. Les États-Unis et leurs alliés ont tenté de mettre en place un gouvernement démocratique, de former une nouvelle armée afghane et de contribuer au développement économique du pays.

Malgré les efforts colossaux déployés par les États-Unis et leurs alliés pour stabiliser l'Afghanistan, le pays continue de faire face à d'immenses défis. Les Talibans ont regagné du terrain et l'insécurité est omniprésente. La corruption est endémique au sein du gouvernement et des institutions, ce qui entrave le développement économique et la fourniture de services publics. La mission de reconstruction a également été marquée par des erreurs stratégiques et tactiques. Par exemple, les efforts pour construire une armée nationale afghane capable de maintenir la sécurité ont été entravés par des problèmes de corruption, de mauvaise gestion et de faible moral. De même, les efforts pour créer un système de gouvernance démocratique ont souvent été minés par les réalités du pouvoir tribal et les allégeances locales. La situation est encore compliquée par la diversité ethnique et culturelle de l'Afghanistan, ainsi que par l'ingérence de pays voisins tels que le Pakistan et l'Iran. En outre, le pays continue de lutter contre les problèmes socio-économiques tels que la pauvreté, l'analphabétisme et le manque d'accès aux soins de santé.

Un mode opératoire controversé et critiqué[modifier | modifier le wikicode]

L'exercice du pouvoir par les États-Unis sur l'arène internationale, notamment par l'usage de la force militaire, a parfois été source de controverses et de critiques, en particulier au cours des deux dernières décennies. Des actions unilatérales, comme l'invasion de l'Irak en 2003, ont suscité l'opposition et la désapprobation de nombreux pays, y compris certains alliés des États-Unis.

L'invasion de l'Irak, justifiée par des accusations de détention d'armes de destruction massive par l'Irak - accusations qui se sont révélées fausses -, a été considérée par de nombreux observateurs comme une violation du droit international. De plus, l'instabilité qui a suivi le renversement du régime de Saddam Hussein a conduit à une montée de l'extrémisme dans la région, avec des conséquences tragiques pour la population irakienne et pour la sécurité internationale.

De même, l'utilisation par les États-Unis de drones pour mener des frappes ciblées, principalement en Afghanistan et au Pakistan, a soulevé des préoccupations quant à la légalité de ces actions au regard du droit international et à leur impact humanitaire. Ces attaques ont souvent causé des pertes civiles et ont été critiquées pour leur manque de transparence.

Ces actions et d'autres ont contribué à ternir l'image des États-Unis sur la scène internationale, sapant ainsi leur légitimité et leur influence en tant que leader mondial. Bien que les États-Unis restent une superpuissance avec une influence considérable, ces controverses ont mis en évidence les défis auxquels ils sont confrontés pour exercer leur pouvoir de manière efficace et responsable.

L’Europe en panne[modifier | modifier le wikicode]

L’approfondissement de l’intégration économique[modifier | modifier le wikicode]

L'intensification de l'intégration économique européenne s'est déroulée progressivement, débutant avec l'établissement de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) en 1951, suivie par la création de la Communauté économique européenne (CEE) en 1957. Ces deux entités ont servi de fondations pour l'intégration économique en Europe en supprimant les obstacles douaniers et en façonnant un marché unifié pour les marchandises et les services. La CECA a représenté une première étape cruciale vers l'intégration, en mettant en commun les ressources en charbon et en acier de six pays européens : la France, l'Allemagne, l'Italie et les trois pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg). Cet accord visait à renforcer les liens économiques entre ces pays et à prévenir les conflits futurs, en particulier entre la France et l'Allemagne. La création de la CEE six ans plus tard a été une étape majeure dans l'approfondissement de l'intégration économique européenne. Les six pays membres de la CECA, rejoints par d'autres au fil des années, ont travaillé à l'élimination progressive des droits de douane et des restrictions quantitatives, et à la mise en place de politiques communes dans divers domaines, comme l'agriculture et les transports. Cette intégration a permis la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes entre les pays membres, jetant les bases de ce qui est aujourd'hui l'Union européenne.

Avec le Traité de Maastricht en 1992, la Communauté économique européenne est devenue l'Union européenne (UE), avec l'ambition d'une plus grande intégration et coopération entre les pays membres. L'UE ne visait pas seulement l'intégration économique, mais aussi politique, avec des coopérations renforcées dans les domaines de la politique étrangère et de sécurité commune, la justice et les affaires intérieures. La création de l'euro en 1999 a été une étape importante vers l'intégration économique, car elle a conduit à la création d'une union monétaire avec une Banque centrale européenne pour gérer la politique monétaire. Au fil des ans, un certain nombre de pays de l'UE ont adopté l'euro comme monnaie, éliminant ainsi les taux de change fluctuants et renforçant encore davantage l'intégration économique.

L'élargissement de l'Union européenne en 2004 a représenté un changement majeur dans la composition de l'UE, car il a marqué l'adhésion de huit pays d'Europe centrale et orientale (PECO) : la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Ces pays avaient tous été sous influence soviétique pendant la guerre froide, mais ils ont connu des transitions vers la démocratie et l'économie de marché dans les années 1990. Chypre et Malte ont également rejoint l'UE en 2004, marquant un élargissement géographiquement plus large de l'Union. En 2007, la Bulgarie et la Roumanie, deux autres pays ayant connu une domination communiste pendant la Guerre Froide, ont rejoint l'UE, portant le nombre total de membres à 27. Ces élargissements successifs ont été vus comme une manière d'unifier l'Europe après les divisions de la Guerre Froide et d'assurer la stabilité, la paix et la prospérité dans la région. Ils ont cependant également apporté des défis en termes d'intégration économique, de respect des normes de l'UE en matière de démocratie et de droits de l'homme, et de gestion de la diversité culturelle et linguistique au sein de l'Union.

L'approfondissement de l'intégration économique a conduit à une coordination plus étroite des politiques économiques et fiscales entre les États membres de l'UE. Cela a été facilité par l'adoption de l'euro et la création de la zone euro, qui ont supprimé les fluctuations des taux de change entre les pays membres et ont permis une plus grande convergence économique. Cependant, cette intégration a également révélé des divergences importantes entre les économies des États membres. Par exemple, la crise de la dette souveraine de la zone euro, qui a commencé en 2009, a mis en lumière les déséquilibres économiques entre les pays du Nord de l'Europe, qui ont généralement des économies plus fortes et plus stables, et les pays du Sud de l'Europe, qui ont souvent des économies plus faibles et des niveaux d'endettement plus élevés. La crise a également souligné les tensions politiques entre les États membres de l'UE et a soulevé des questions sur la viabilité à long terme de l'union monétaire sans une union fiscale plus poussée. Par conséquent, alors que l'approfondissement de l'intégration économique a permis de renforcer la coopération entre les États membres de l'UE, il a également posé de nouveaux défis et a nécessité des efforts continus pour assurer la stabilité et la prospérité de la zone euro.

L'Europe de la défense: Des ambitions à la réalité[modifier | modifier le wikicode]

Blason de l'État-major de l'Union européenne.

La question de la défense européenne[modifier | modifier le wikicode]

L'Europe a souvent eu du mal à parler d'une seule voix sur la scène internationale, ce qui est en partie dû à la diversité de ses États membres et à leurs intérêts parfois divergents. De plus, l'Union européenne a longtemps dépendu de l'OTAN, et en particulier des États-Unis, pour sa défense.

La politique étrangère et de sécurité commune (PESC) de l'Union européenne a été créée dans le but de coordonner les actions des États membres dans le domaine de la politique étrangère. Cependant, son efficacité a souvent été limitée par le fait que les décisions en matière de politique étrangère nécessitent l'unanimité des États membres, ce qui peut être difficile à atteindre. Quant à la défense, la création d'une politique de sécurité et de défense commune (PSDC) a permis de développer des capacités militaires communes et d'entreprendre des missions de maintien de la paix et de gestion de crises en dehors de l'Union européenne. Néanmoins, ces efforts ont été limités et l'Europe reste largement dépendante des États-Unis pour sa défense à travers l'OTAN.

Il y a eu toutefois des signes récents d'un désir accru d'indépendance stratégique de la part de l'Europe. Par exemple, en 2017, l'Union européenne a lancé la Coopération structurée permanente (PESCO) pour développer des projets de défense conjoints. De plus, le président français Emmanuel Macron a appelé à la création d'une "vraie armée européenne". Cependant, ces idées restent controversées et leur mise en œuvre est susceptible d'être un processus à long terme.

L'Union européenne a fait des progrès dans le domaine de la défense et de la sécurité, malgré les nombreux défis à relever. La Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) et l'État-major de l'Union européenne (EMUE) sont des exemples de ces progrès. De plus, en 2017, l'Union a mis en place la Coopération structurée permanente (PESCO) qui vise à approfondir la coopération en matière de défense entre les États membres de l'UE. Cependant, la question de la défense européenne autonome reste complexe. Il y a des différences significatives entre les États membres de l'UE en ce qui concerne les politiques de défense et les priorités stratégiques. De plus, bien que l'idée d'une défense européenne autonome soit séduisante pour certains, d'autres craignent qu'elle n'affaiblisse l'OTAN ou ne crée des tensions avec les États-Unis. L'un des défis majeurs de la défense européenne autonome est de trouver un équilibre entre les intérêts nationaux divers et parfois contradictoires et l'objectif commun d'une défense européenne plus intégrée. Cela nécessite un dialogue continu et une volonté politique forte de la part des États membres. Il est clair que le chemin vers une défense européenne plus intégrée sera probablement long et semé d'embûches, mais les progrès réalisés jusqu'à présent sont encourageants.

Le rôle de l'OTAN dans la défense de l'Europe[modifier | modifier le wikicode]

La question de la défense commune européenne a longtemps été une source de débats et de divergences parmi les États membres de l'Union européenne. Les opinions divergent notamment en ce qui concerne le niveau d'intégration et d'autonomie que devrait avoir la défense européenne. La France, par exemple, a toujours été un fervent défenseur de l'autonomie de la défense européenne. Elle voit dans une défense commune européenne la possibilité d'un poids accru de l'Europe sur la scène internationale et d'une moindre dépendance vis-à-vis des États-Unis. D'autres pays, comme le Royaume-Uni (avant son départ de l'UE), ont tendance à privilégier le cadre de l'OTAN pour la défense collective, craignant qu'une défense européenne autonome ne dilue l'engagement transatlantique et ne crée une duplication inutile des efforts de défense. Néanmoins, ces divergences d'opinions n'ont pas empêché l'Union européenne de faire des progrès dans la mise en place d'une politique de défense commune. L'UE a mis en place des structures de défense communes, comme la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC), et a lancé des initiatives comme la Coopération structurée permanente (PESCO) pour renforcer la coopération en matière de défense. Toutefois, la mise en place d'une véritable défense commune européenne reste un objectif à long terme qui nécessitera encore beaucoup de travail, de compromis et de volonté politique.

Alors que l'OTAN a été et continue d'être la principale organisation de défense pour de nombreux pays européens, les dernières années ont vu des efforts accrus pour renforcer la capacité de défense autonome de l'Europe. Cela est en partie dû à un sentiment accru d'incertitude en matière de sécurité, en particulier face aux actions agressives de la Russie en Ukraine et dans d'autres régions, aux défis posés par le terrorisme et à l'évolution du paysage politique mondial, y compris les relations transatlantiques. Ces préoccupations ont donné lieu à des initiatives visant à renforcer la coopération en matière de défense au sein de l'UE, notamment par le biais de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) et de la Coopération structurée permanente (PESCO). Cependant, il existe toujours des divergences considérables entre les États membres de l'UE sur la direction et le rythme de l'intégration de la défense. Certains pays restent prudents, préoccupés par le risque de duplication avec l'OTAN et par le fait de devoir assumer une plus grande part du fardeau financier de la défense. Par conséquent, bien que des progrès aient été réalisés, la construction d'une véritable défense commune européenne reste un défi à long terme qui nécessitera une volonté politique, un consensus et des investissements importants.

Après la fin de la guerre froide, l'OTAN a dû adapter son rôle et sa mission à un environnement de sécurité internationale en constante évolution. Alors que la menace d'une invasion soviétique en Europe de l'Ouest avait disparu, de nouvelles menaces à la sécurité ont émergé, nécessitant une réponse collective. Parmi ces nouvelles missions figurent la stabilisation de l'Afghanistan après l'intervention de 2001, la mise en œuvre de la résolution de l'ONU en Libye en 2011, la participation à des opérations de maintien de la paix dans les Balkans durant les années 1990 et 2000, et plus récemment, la dissuasion face à l'agression russe en Europe de l'Est. L'OTAN s'est également engagée à renforcer la coopération avec les pays partenaires et à promouvoir le dialogue et la coopération dans le domaine de la sécurité avec des pays du monde entier. Aujourd'hui, l'OTAN continue de jouer un rôle essentiel dans la défense collective de ses membres. Cependant, les divergences de vues entre les membres de l'OTAN sur les priorités stratégiques et les engagements de défense sont devenues de plus en plus apparentes, ce qui a soulevé des questions sur la future direction de l'alliance.

Les pays membres de l'OTAN et son élargissement depuis 1949.

L'élargissement de l'OTAN dans les années 1990 et 2000, qui a vu l'adhésion de nombreux pays d'Europe centrale et orientale, anciennement communistes, était une démarche importante pour ces pays dans leurs efforts pour se sécuriser contre toute resurgences potentielles d'agression russe. Cela a également été un élément essentiel de leur transition vers des démocraties de marché ouvertes alignées sur l'Occident. Cependant, cet élargissement de l'OTAN n'a pas été bien reçu par la Russie, qui y voit une menace pour sa propre sécurité et ses intérêts stratégiques. Les tensions sont particulièrement aiguës concernant l'adhésion potentielle de pays tels que l'Ukraine et la Géorgie, qui ont été au centre de conflits avec la Russie. En réponse à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et à l'intervention russe en Ukraine orientale, l'OTAN a renforcé sa présence militaire dans les pays d'Europe orientale et a augmenté ses efforts pour dissuader toute agression russe future. Cependant, la gestion de la relation avec la Russie reste un défi majeur pour l'OTAN, qui doit équilibrer les besoins de défense de ses membres et la prévention d'une escalade conflictuelle avec la Russie.

L'idée d'une armée européenne[modifier | modifier le wikicode]

Carte montrant les États membres de l'Union et ceux de l'OTAN
  États uniquement membres de l'UE
  États uniquement membres de l'OTAN
  États membres des deux

L'idée d'une armée européenne a été soulevée plusieurs fois par différents dirigeants et penseurs européens. L'objectif serait de donner à l'Europe une plus grande autonomie en matière de défense et de sécurité, afin de ne pas dépendre uniquement de l'OTAN, qui est fortement influencée par les États-Unis. Cela permettrait également à l'Union européenne de répondre plus efficacement aux crises qui se produisent à ses frontières ou qui affectent directement ses intérêts. La création d'une armée européenne impliquerait une coopération beaucoup plus étroite entre les États membres de l'UE en matière de défense, y compris la mise en commun de ressources et de capacités, ainsi que l'harmonisation des doctrines militaires et des procédures de commandement.

L'Eurocorps, créé en 1992, est une force militaire multinationale composée principalement de troupes françaises et allemandes, mais également de contingents de plusieurs autres pays européens. L'Eurocorps est une illustration d'une coopération plus étroite entre les pays de l'UE en matière de défense. Basé à Strasbourg, en France, l'Eurocorps est composé de troupes provenant principalement de cinq pays membres de l'UE - la France, l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et l'Espagne - mais il peut également accueillir des contributions d'autres pays de l'UE et de l'OTAN. L'Eurocorps est capable de fournir un quartier général opérationnel pour commander des missions militaires de l'UE, de l'OTAN, de l'ONU ou d'autres coalitions. Il a été déployé dans plusieurs missions, y compris en Bosnie, au Kosovo et en Afghanistan. Bien qu'il ne soit pas une "armée européenne" à part entière, l'Eurocorps représente un exemple de la façon dont les États membres de l'UE peuvent travailler ensemble pour atteindre des objectifs communs en matière de défense et de sécurité. Cependant, sa taille (environ 1 000 soldats en temps de paix, mais peut être augmentée jusqu'à 60 000 soldats pour des opérations spécifiques) et son champ d'application sont limités, et il est toujours subordonné aux décisions nationales des pays qui fournissent ses troupes.

Malgré les efforts pour renforcer la coopération militaire européenne, la création d'une armée européenne reste un sujet controversé et difficile à réaliser. Les États membres ont des perspectives différentes sur les questions de défense et de sécurité, et il y a des obstacles financiers, logistiques et politiques importants à surmonter pour créer une armée européenne fonctionnelle et efficace.

La création d'une véritable armée européenne est un sujet complexe qui implique divers défis à relever. L'un des principaux défis est le consentement politique nécessaire pour une telle entreprise. Les États membres de l'UE ont des points de vue divers et souvent divergents sur les questions de défense et de sécurité. Par conséquent, obtenir un accord politique robuste pour créer une armée européenne pourrait se révéler difficile. Un autre défi majeur concerne la souveraineté nationale. La mise en place d'une armée européenne nécessiterait une certaine cession de souveraineté nationale en matière de défense. Cela pourrait susciter une résistance considérable de la part de certains États membres qui valorisent fortement leur indépendance dans ce domaine. Le financement est également un obstacle potentiel. Une armée européenne nécessiterait un investissement financier important. Étant donné les contraintes budgétaires actuelles de nombreux États membres, trouver les fonds nécessaires pourrait se révéler problématique. L'interaction avec l'OTAN est également un sujet clé. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'OTAN a été le principal organe de défense européenne. Par conséquent, il faudrait déterminer comment une armée européenne coexisterait avec l'OTAN ou si elle la remplacerait partiellement ou totalement. Enfin, la structure de commandement et la prise de décisions en cas de crise sont des questions cruciales à résoudre. Comment ces responsabilités seraient-elles réparties et quel rôle chaque État membre jouerait-il dans ces processus ? Malgré ces défis, l'UE a fait de la coopération en matière de défense et de sécurité une priorité. Des progrès ont été réalisés avec la création du Fonds européen de défense et la mise en place de la coopération structurée permanente (PESCO) pour la défense et la sécurité. Néanmoins, la création d'une véritable armée européenne reste un objectif à long terme qui nécessitera une coordination et une volonté politiques considérables.

La question de l'Europe politique: Défis et controverses[modifier | modifier le wikicode]

Depuis la démolition symbolique du mur de Berlin qui marquait la fin de la Guerre froide, il est devenu manifeste que le rôle de l'Europe dans les relations internationales ne reflète pas sa considérable influence économique. Cette réalité est particulièrement visible lorsque l'on considère la réponse de l'Europe à une série de crises géopolitiques majeures survenues dans les années 1990. Par exemple, lors du conflit israélo-arabe, une question centrale pour la stabilité du Moyen-Orient, l'Europe n'a pas réussi à imposer sa vision ou sa médiation de manière significative, laissant souvent le leadership diplomatique aux États-Unis. La position de l'Europe était également en retrait lors du génocide au Rwanda, une des tragédies humaines les plus dévastatrices de la fin du XXe siècle. Malgré son héritage colonial et ses liens étroits avec l'Afrique, l'Europe n'a pas su agir de manière décisive pour prévenir ou arrêter le massacre. L'Europe a également eu du mal à gérer le conflit qui se déroulait sur son propre continent, la guerre en Yougoslavie. Malgré sa proximité géographique et les enjeux humanitaires et sécuritaires énormes, l'Europe n'a pas réussi à mettre fin au conflit, et c'est finalement l'intervention de l'OTAN qui a conduit à la résolution de la crise. De même, lors du conflit en Tchétchénie, l'Europe a été largement silencieuse et impuissante face à l'action de la Russie. Durant ces moments décisifs, l'Europe n'a pas joué le rôle principal que son poids économique et historique pourrait suggérer. Son action a souvent été caractérisée par une position secondaire, voire marginale, une situation qui souligne la nécessité d'une politique étrangère et de sécurité plus cohérente et assertive de la part de l'Europe sur la scène mondiale.

L'absence d'une politique étrangère européenne unifiée est l'un des principaux facteurs qui limitent la capacité de l'Europe à agir en tant que puissance globale. Au Conseil de sécurité des Nations Unies, seules deux nations européennes - la France et la Grande-Bretagne - détiennent le droit de veto. Cependant, ces deux pays n'agissent pas en tant que représentants de l'Europe dans son ensemble, mais en fonction de leurs propres intérêts nationaux. Chaque fois qu'une crise internationale éclate, la réaction européenne est souvent fragmentée et incohérente. Les différentes puissances européennes interviennent, non pas avec une vision et des objectifs communs, mais en fonction de leurs propres priorités stratégiques et économiques. Cela donne lieu à une série d'actions indépendantes plutôt qu'à une réponse européenne coordonnée. Cette absence d'unité dilue l'influence de l'Europe sur la scène mondiale et limite sa capacité à façonner les événements internationaux. Pour devenir un acteur international plus efficace et influent, l'Europe devra travailler à la création d'une politique étrangère commune qui reflète et défend ses intérêts et valeurs communs.

Le traité de Lisbonne, adopté en 2009, a marqué un tournant important dans l'effort pour harmoniser la politique étrangère européenne. Ce traité a institué la création d'un Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, un poste qui n'est pas encore tout à fait celui d'un ministre des affaires étrangères européen, mais qui s'en rapproche. Cette avancée a été complétée par la mise en place d'un réseau d'ambassades européennes à travers le monde, jetant les bases d'une politique étrangère européenne plus cohérente et intégrée. On peut donc dire que depuis 2009, l'Europe a commencé à ébaucher une politique étrangère commune. Cependant, la désignation de Catherine Ashton, une Britannique, au poste de Haut Représentant a envoyé un signal ambigu. En effet, le Royaume-Uni s'est historiquement opposé à l'idée d'une politique étrangère commune européenne. Le choix d'Ashton pour ce poste crucial a donc soulevé des questions sur l'engagement réel de l'Union européenne envers l'objectif d'une politique étrangère commune. Malgré ce potentiel faux pas symbolique, l'établissement de la position de Haut Représentant représente néanmoins une étape importante vers une Europe plus unifiée sur le plan international.

Federica Mogherini a été nommée Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité en 2014. Originaire d'Italie, Mogherini avait déjà une expérience significative dans le domaine de la politique étrangère avant sa nomination, ayant servi en tant que ministre italienne des Affaires étrangères. En tant que Haut Représentant, elle a joué un rôle essentiel dans la représentation de l'UE sur la scène internationale, travaillant à coordonner les politiques étrangères des États membres de l'UE et à représenter l'Union lors de discussions internationales. Son mandat a ainsi marqué une étape supplémentaire vers l'établissement d'une politique étrangère commune de l'UE. Cependant, le rôle du Haut Représentant reste délicat étant donné les différences persistantes entre les États membres de l'UE en ce qui concerne certaines questions clés de la politique étrangère. Josep Borrell a succédé à Federica Mogherini en décembre 2019 en tant que Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Il est l'actuel représentant principal de l'Union européenne dans les affaires internationales. D'origine espagnole, Borrell a une vaste expérience en politique, ayant notamment servi en tant que président du Parlement européen de 2004 à 2007 et ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération de l'Espagne de 2018 à 2019. En tant que Haut Représentant, Borrell joue un rôle crucial dans la coordination des politiques étrangères et de sécurité des États membres de l'UE, et il représente l'UE dans les dialogues internationaux sur ces sujets. Son mandat est crucial pour continuer à avancer vers une politique étrangère et de sécurité commune de l'UE, un défi qui nécessite une coopération et une coordination étroites entre les États membres.

L'observation que l'Europe politique semble être en contradiction avec l'Europe économique est une réflexion pertinente. En effet, tandis que l'Union européenne (UE) est devenue une entité économique puissante avec un marché unique et une monnaie commune pour un grand nombre de ses membres, son évolution en tant que puissance politique unifiée reste beaucoup plus inégale. Sur le plan économique, l'UE a réussi à intégrer ses membres grâce à des accords commerciaux, des réglementations communes et la zone euro. Cependant, sur le plan politique, bien qu'il y ait une certaine convergence autour de valeurs partagées et de principes démocratiques, la souveraineté nationale reste prépondérante dans de nombreux domaines. Les États membres ont des points de vue et des intérêts divergents sur des questions majeures, comme la politique étrangère, la défense, l'immigration, et même certaines politiques économiques, ce qui complique la mise en œuvre d'une véritable politique unifiée. La construction d'une Europe politique nécessite non seulement un alignement sur des questions stratégiques, mais aussi une volonté commune d'aller au-delà de la coopération intergouvernementale pour partager la souveraineté dans des domaines traditionnellement réservés aux États-nations. Il reste à voir comment cela se développera à l'avenir.

Le retour des nationalismes: Le cas du conflit yougoslave[modifier | modifier le wikicode]

La décomposition de la Yougoslavie à la fin du XXe siècle est un exemple saisissant du renouveau du nationalisme en Europe. La Yougoslavie, créée après la Première Guerre mondiale, était un État multiculturel et multinational constitué de six républiques et deux provinces autonomes. La mort de son leader charismatique, Tito, en 1980, a déclenché une crise politique, économique et sociale qui a exacerbé les tensions entre les différentes communautés ethniques. À l'aube des années 1990, ces tensions ont atteint un point de rupture. Les dirigeants de la Slovénie et de la Croatie, deux des républiques constitutives de la Yougoslavie, ont déclaré l'indépendance de leurs territoires respectifs. Cette décision a déclenché des conflits armés avec l'armée fédérale yougoslave, entraînant d'autres républiques dans une spirale de guerres civiles et de violences interethniques. L'escalade du conflit a entraîné un bilan humain et matériel effroyable, avec des milliers de morts et des millions de personnes déplacées. Les séquelles de ces conflits se font encore sentir aujourd'hui, alors que la région continue de lutter pour surmonter son passé tumultueux et se dirige vers une perspective européenne plus stable.

Les guerres yougoslaves ont révélé que les tensions nationalistes, longtemps contenues ou marginalisées après la Seconde Guerre mondiale et le début de l'intégration européenne, conservaient un potentiel déstabilisateur immense. Ce conflit a réveillé de sombres souvenirs du passé, rappelant à l'Europe que les vieilles haines et les rivalités ethniques pouvaient ressurgir et causer des dommages dévastateurs. De plus, la crise yougoslave a souligné les défis inhérents à la gestion des conflits ethniques et nationaux dans une région où les identités se superposent et les frontières sont ambiguës. Les divisions ethniques, religieuses et culturelles, bien qu'anciennes, avaient été largement négligées pendant l'ère Tito. Lorsque le conflit a éclaté, la complexité de ces divisions s'est révélée dans toute sa gravité, rendant le processus de paix et de réconciliation extrêmement délicat et prolongé. En fin de compte, l'expérience de la guerre en Yougoslavie a fourni une leçon sombre sur la persistance du nationalisme en Europe et les dangers qu'il peut présenter pour la stabilité et la paix sur le continent.

Les origines du conflit[modifier | modifier le wikicode]

Le conflit yougoslave plonge ses racines dans un contexte historique riche et complexe, dont les origines remontent au XIXe siècle. C'est à cette époque que l'idée de nationalisme prend son essor en Europe, influençant en particulier les Slaves du Sud dans leur quête d'unité. Cependant, la Serbie, patrie de nombreux Slaves du Sud, n'était pas encore libre de l'empire austro-hongrois ou de l'Empire ottoman. Ce n'est qu'en 1878, au Congrès de Berlin, qu'elle a accédé à l'indépendance formelle, tout en restant sous suzeraineté ottomane. En 1912, la Serbie s'est jointe à une alliance, la Ligue balkanique, composée également de la Bulgarie, de la Grèce et du Monténégro. Leur objectif commun était de chasser les Ottomans des Balkans. Cette alliance a remporté des victoires cruciales lors des deux guerres balkaniques de 1912 et 1913, et a réussi à expulser la Turquie de la région. Au cours de ces guerres, la Serbie a réussi à étendre considérablement son territoire en annexant des régions comme le Kosovo et la Macédoine, ainsi que le Monténégro. Ces acquisitions territoriales ont alimenté le nationalisme serbe et renforcé leur ambition de réunir tous les Slaves du Sud sous une seule entité politique. C'est dans ce contexte que l'attentat de Sarajevo a eu lieu en 1914, déclenchant la Première Guerre mondiale et marquant le début d'un siècle tumultueux pour la région.

La naissance de la Yougoslavie est ancrée dans le traité de Versailles de 1919. Le nouveau Royaume des Serbes, Croates et Slovènes a vu le jour grâce à l'unification de plusieurs entités politiques préexistantes : le Royaume de Serbie, le Royaume du Monténégro et l'État des Slovènes, Croates et Serbes. En tant que groupe ethnique le plus large et le plus influent, les Serbes ont cherché à asseoir leur domination à la fois politique et culturelle sur les autres groupes ethniques, y compris les Croates et les Slovènes. La première constitution de la Yougoslavie, mise en place en 1921, a donné naissance à un État unitaire, fortement centralisé autour de la capitale serbe, Belgrade. Cette centralisation du pouvoir a exacerbé les tensions avec les autres régions, en particulier la Croatie, qui aspiraient à une plus grande autonomie. En réponse à ces tensions, en 1939, les Croates ont créé leur propre gouvernement régional, appelé le Banovine de Croatie. Cependant, ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale que la fédéralisation de la Yougoslavie a été établie, ce qui a permis à chaque république de disposer d'un certain niveau d'autonomie.

Après la Première Guerre mondiale, la création de la Yougoslavie n'a pas apaisé les tensions existantes entre les différentes communautés ethniques. Le roi Alexandre Ier, cherchant à renforcer l'unité de l'État, a mis en œuvre une politique de centralisation. Cela a eu pour conséquence d'accroître l'influence des Serbes, au détriment des autres groupes ethniques. Les tensions nationalistes se sont intensifiées, en particulier parmi les Croates et les Slovènes, qui ont revendiqué plus d'autonomie. En réponse à ces troubles, le roi Alexandre Ier a instauré une dictature royale en 1929, espérant ainsi résoudre les problèmes politiques du pays. Cela a impliqué l'abolition des institutions fédérales et une augmentation de la centralisation. Ces mesures n'ont pas été bien accueillies, surtout par les Croates qui ont continué à revendiquer leur autonomie et leur indépendance. Le régime autoritaire d'Alexandre Ier a persisté jusqu'à son assassinat en 1934, événement qui est considéré comme étant en grande partie une conséquence directe des tensions nationalistes dans le pays. Cette période d'histoire a illustré à quel point la question de l'autonomie et de l'identité nationale peut être profondément enracinée et comment elle peut affecter la stabilité d'un pays sur de longues périodes.

Le conflit entre les forces de centralisation et de décentralisation a joué un rôle crucial dans l'histoire complexe de la Yougoslavie. Les Serbes, qui constituaient la principale force militaire et politique au sein de l'État yougoslave, ont cherché à préserver leur position dominante en prônant une centralisation accrue du pouvoir. D'autre part, les Croates et les Slovènes, en quête de préserver leur autonomie, ont insisté sur une structure fédérale qui favoriserait une plus grande décentralisation du pouvoir. Ces tensions ont constitué une constante au cours de l'existence de la Yougoslavie, alimentant frictions et conflits internes. Elles ont persisté même au-delà de l'ère du règne autoritaire du roi Alexandre Ier, perdurant sous Tito et sa politique de "fraternité et d'unité", jusqu'à la fin du XXe siècle. Finalement, ces tensions non résolues ont conduit à l'éclatement de la Yougoslavie, donnant lieu à une série de conflits tragiques et violents, les guerres yougoslaves des années 1990.

Les tensions religieuses et politiques ont profondément marqué l'histoire de la Yougoslavie, en particulier entre les Serbes orthodoxes et les musulmans bosniaques. Les Serbes, principalement orthodoxes, voyaient souvent les musulmans bosniaques, qui représentaient une proportion significative de la population yougoslave, comme une menace potentielle à leur domination régionale. Les musulmans de Bosnie, en revanche, ont cherché à conserver leur identité distincte, ainsi que leur autonomie culturelle et politique. Ces tensions se sont intensifiées suite à des événements majeurs tels que le décès de Tito en 1980, et l'effondrement du bloc communiste en Europe de l'Est à la fin des années 1980. Ces changements ont créé un vide politique et un climat d'incertitude qui ont offert des opportunités pour les nationalistes de toutes les ethnies. Profitant de ce contexte, ces derniers ont réussi à monter en puissance, mettant en avant leurs revendications séparatistes et attisant les divisions ethniques et religieuses. L'escalade de ces tensions a finalement conduit à l'éclatement de la Yougoslavie et au déclenchement des guerres yougoslaves. Ces conflits, qui ont ravagé la région dans les années 1990, ont été caractérisés par des violences interethniques et des atrocités de masse, mettant en évidence les divisions profondes qui marquaient la société yougoslave.

La Seconde Guerre mondiale a marqué une période particulièrement sombre de l'histoire de la Yougoslavie. Lorsque le pays fut envahi et fragmenté par les forces de l'Axe, l'État indépendant de Croatie fut créé comme un satellite du Troisième Reich. Les nationalistes croates, connus sous le nom d'Oustachis, prirent le pouvoir et établirent un régime qui se caractérisa par des politiques d'extrême brutalité à l'égard des Serbes, des Juifs et des Roms. Parallèlement, ils mirent en place une répression féroce contre les résistants yougoslaves, marquant ainsi une période de terreur et de violences massives. Ce régime Oustachi, allié aux forces de l'Axe, a été à l'origine d'atrocités de masse et de crimes contre l'humanité. Ces actes ont laissé des cicatrices indélébiles sur la région et ont encore accru les tensions interethniques, notamment entre les Serbes et les Croates. Les répercussions de cette période d'occupation nazie se sont fait sentir bien au-delà de la fin de la guerre, alimentant les rancœurs nationalistes qui ont finalement contribué à l'éclatement de la Yougoslavie dans les années 1990. Cette période de l'histoire souligne l'importance des mémoires historiques dans la formation des identités nationales et les conflits interethniques. Les traumas de la Seconde Guerre mondiale ont été réactivés pendant les guerres yougoslaves des années 1990, démontrant ainsi que les conflits du passé peuvent continuer à influencer les relations politiques et intercommunautaires bien des décennies après.

A l'issue de la Seconde Guerre mondiale, la Yougoslavie est parvenue à se libérer du joug nazi sans le soutien direct des Alliés, grâce en grande partie à la résistance menée par Josip Broz Tito. Leader communiste yougoslave charismatique, Tito a émergé comme le chef de file de cette résistance, et son influence ne s'est pas arrêtée là. Il a par la suite assumé la présidence de la nouvelle République fédérale socialiste de Yougoslavie, qu'il a dirigée jusqu'à son décès en 1980. Tito a fait preuve d'une habileté certaine dans la gestion des diverses tensions ethniques et politiques qui marquaient la Yougoslavie. Il a mis en place une structure fédérale qui cherchait à équilibrer les intérêts des différents peuples slaves de Yougoslavie. Sa politique d'autogestion ouvrière était innovante, et sa politique étrangère, résolument indépendante de celle des superpuissances de l'époque (URSS et pays occidentaux), a permis à la Yougoslavie de maintenir une certaine autonomie sur la scène internationale. Durant son mandat, malgré des moments d'instabilité, la Yougoslavie a connu une période de paix relative. Cependant, le décès de Tito a créé un vide de pouvoir et a enlevé le principal arbitre des rivalités ethniques au sein du pays. En l'absence de son influence unificatrice, les tensions interethniques ont progressivement repris de l'ampleur et ont finalement conduit à la dislocation de la fédération yougoslave dans les années 1990, déclenchant une série de conflits sanglants et tragiques.

La période marquant la fin des années 1980 et le début des années 1990 a été témoin d'un renouveau des tensions nationalistes en Yougoslavie, et la figure clé de cette époque est incontestablement Slobodan Milošević. Élu à la présidence de la Serbie en 1989, il a incarné et propagé une politique nationalistique fervente, exacerbant les rivalités ethniques au sein du pays. Le contexte international de l'époque, avec la chute du bloc de l'Est et la dissolution des partis communistes, a fortement influencé la situation politique en Yougoslavie, accentuant davantage sa fragilité. Dans ce climat de tensions croissantes, les républiques de Slovénie et de Croatie ont proclamé leur indépendance en 1991, geste audacieux qui a été imité par la Bosnie-Herzégovine peu de temps après. Le gouvernement serbe, cherchant à maintenir l'intégrité de la Yougoslavie, a tenté par tous les moyens d'empêcher ces sécessions. Cette résistance a déclenché une série de conflits armés d'une brutalité inouïe qui ont ravagé la région. Les hostilités ont culminé avec des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, dont le plus tragique est sans doute le génocide de Srebrenica en 1995, un acte de cruauté qui a choqué la communauté internationale et laissé des cicatrices indélébiles dans l'histoire des Balkans.

L'éclatement de la Yougoslavie[modifier | modifier le wikicode]

Territoire des entités politiques connues sous le nom de Yougoslavie.

En 1992, l'histoire tourne une page cruciale avec la dissolution de la République fédérative socialiste de Yougoslavie. Cette entité est alors remplacée par la République fédérale de Yougoslavie, une formation considérablement réduite qui ne comprend plus que deux des six républiques initiales : la Serbie et le Monténégro. Cependant, même au sein de cette nouvelle structure, la cohésion ne dure pas. Les relations entre la Serbie et le Monténégro se détériorent progressivement, les tensions montent et aboutissent en 2006 à la proclamation d'indépendance du Monténégro. Cet événement marque la fin de l'existence de la Yougoslavie, et souligne une fois de plus la difficulté d'unifier sous une même bannière des peuples aux identités et aspirations distinctes. Cette réalité, qui a été l'un des fils conducteurs du drame yougoslave, continue d'influencer les relations entre les pays des Balkans.

Le nationalisme serbe a été, sans aucun doute, une des dynamiques majeures des conflits ayant émergé à la suite de la désintégration de la Yougoslavie. Sous l'égide de Slobodan Milošević, le gouvernement serbe a adopté une politique expansionniste, faisant valoir des prétentions territoriales sur certaines régions de Croatie et de Bosnie-Herzégovine. Cette revendication était fondée sur l'argument de la protection des populations serbes qui y résidaient. Cependant, ces aspirations géopolitiques ont conduit à des guerres dévastatrices, à la fois en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, qui se sont traduites par de nombreuses atrocités commises à l'encontre des civils. Le massacre de Srebrenica demeure l'un des épisodes les plus sombres et tragiques de cette période. Parallèlement, les mouvements nationalistes croate et bosniaque ont également alimenté les tensions et la spirale de violence. Chaque camp, revendiquant sa propre identité et sa légitimité territoriale, a contribué à envenimer une situation déjà extrêmement complexe. Ce cocktail explosif d'identités nationales et ethniques en opposition a mené à l'éclatement violent de la Yougoslavie, soulignant l'échec des tentatives d'unifier pacifiquement des peuples aux histoires, aux cultures et aux aspirations parfois antagonistes.

La Macédoine a réussi à se séparer de la Yougoslavie relativement pacifiquement en 1991. Les tensions nationalistes n'ont pas atteint le même degré d'intensité en Macédoine qu'en Bosnie-Herzégovine ou en Croatie. Cela peut s'expliquer par la composition ethnique plus diverse de la Macédoine, avec une large minorité albanaise qui représentait environ 25% de la population, ainsi que par le fait que la Macédoine n'avait pas une importante minorité serbe que le gouvernement de Milošević aurait voulu protéger ou annexer. En revanche, la Bosnie-Herzégovine était le théâtre de tensions interethniques beaucoup plus fortes, avec des communautés serbe, croate et bosniaque en compétition pour le contrôle du territoire. Cela a conduit à une guerre très violente de 1992 à 1995, au cours de laquelle de nombreux crimes de guerre ont été commis, notamment le génocide de Srebrenica.

La crise yougoslave a révélé les divisions au sein de l'Union européenne et a souligné son incapacité à mener une politique étrangère et de défense commune efficace. Au début du conflit, l'UE a tenté de jouer un rôle de médiateur et a organisé une série de pourparlers de paix, mais ces efforts ont été entravés par le manque de consensus entre ses États membres. Par exemple, l'Allemagne a été parmi les premiers pays à reconnaître l'indépendance de la Croatie et de la Slovénie, tandis que d'autres pays, comme la France et le Royaume-Uni, étaient plus réticents, craignant que cela n'encourage d'autres séparatismes en Europe. L'UE a finalement été incapable d'arrêter la guerre et a dû s'en remettre à l'OTAN pour mener une intervention militaire en Bosnie-Herzégovine en 1995 et au Kosovo en 1999. La crise yougoslave a donc mis en évidence le besoin de renforcer la politique étrangère et de défense de l'Union européenne, un objectif qui est toujours d'actualité aujourd'hui.

Pendant la crise yougoslave, la Russie, qui a traditionnellement des liens culturels et historiques étroits avec la Serbie en raison de leur patrimoine orthodoxe commun, a soutenu la position de Belgrade. Néanmoins, malgré ce soutien, la Russie a eu du mal à influencer de manière significative l'évolution de la situation sur le terrain. En partie, cela était dû aux difficultés internes que le pays traversait à la suite de l'effondrement de l'Union soviétique. La Russie, confrontée à une instabilité politique et économique considérable, n'était pas en mesure d'adopter une position étrangère aussi active et influente que celle qu'elle occuperait plus tard. En outre, l'influence de la Russie était également limitée par la prédominance des puissances occidentales, en particulier les États-Unis, dans le traitement de la crise yougoslave. L'OTAN, sous la direction des États-Unis, a mené des interventions militaires en Bosnie en 1995 et au Kosovo en 1999, malgré l'opposition de la Russie. Cependant, malgré ces limites, la Russie a continué à soutenir la Serbie dans le contexte post-yougoslave, notamment en refusant de reconnaître l'indépendance du Kosovo proclamée en 2008, une position qu'elle maintient encore aujourd'hui.

La séparation des populations et les conséquences humanitaires[modifier | modifier le wikicode]

L'OTAN a joué un rôle crucial dans la résolution de la guerre en Bosnie-Herzégovine avec l'Opération Deliberate Force. Cette opération a commencé en août 1995, principalement sous la direction des États-Unis, en réponse aux atrocités commises par les forces serbes de Bosnie, notamment le massacre de Srebrenica. La campagne aérienne de l'OTAN contre les positions serbes a été suivie par une offensive au sol de la force croato-bosniaque, ce qui a conduit à un changement de dynamique sur le champ de bataille et a finalement forcé les Serbes de Bosnie à négocier. Les accords de Dayton, signés en novembre 1995, ont mis fin à la guerre et établi une Bosnie-Herzégovine divisée en deux entités semi-autonomes : la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine (à majorité bosniaque et croate) et la République serbe de Bosnie. Cependant, le pays est resté ethniquement divisé, avec de fortes tensions persistantes entre ces groupes. En 1999, l'OTAN est à nouveau intervenue militairement dans la région, cette fois au Kosovo, avec l'Opération Allied Force. Cette campagne aérienne contre les forces de la République fédérale de Yougoslavie (principalement serbes) a été lancée en réponse à la répression violente de la population albanaise du Kosovo par le gouvernement serbe de Slobodan Milošević.

Les Accords de Dayton, bien qu'ayant mis fin à la guerre, ont également codifié certaines divisions ethniques dans la structure politique de la Bosnie-Herzégovine. Le pays a été divisé en deux entités politiques principales : la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine (habité principalement par des Bosniaques et des Croates) et la République serbe de Bosnie (habité principalement par des Serbes). Chaque entité a son propre gouvernement et une grande partie de l'autonomie, mais il existe également un gouvernement central et une présidence tripartite, avec un président de chaque groupe ethnique (Bosniaque, Serbe, Croate) qui se relaient. Toutefois, cette structure a aussi été critiquée pour avoir créé une impasse politique et pour avoir renforcé les divisions ethniques plutôt que de les surmonter. Les tensions et les divergences politiques entre les trois groupes ethniques restent une caractéristique de la Bosnie-Herzégovine jusqu'à aujourd'hui. Cela a rendu le pays politiquement instable et a freiné son développement économique et son intégration dans l'Union européenne et l'OTAN.

Le Kosovo est une autre région des Balkans où les tensions ethniques ont conduit à une violente crise. Après la guerre de Bosnie, le Kosovo est devenu le prochain point de tension entre les Albanais majoritaires dans la province, qui réclamaient plus d'autonomie voire l'indépendance, et le gouvernement serbe, qui cherchait à maintenir son contrôle sur la région. Le conflit a atteint un point culminant en 1998-1999, lorsque les tensions ethniques ont dégénéré en une guerre ouverte. L'Armée de libération du Kosovo (UCK), composée principalement d'Albanais du Kosovo, a combattu les forces de sécurité serbes. Le gouvernement serbe, sous la direction de Slobodan Milošević, a répondu par une campagne brutale de répression qui a entraîné le déplacement forcé et les meurtres de nombreux Albanais du Kosovo. En 1999, l'OTAN est intervenue pour mettre fin à la violence, en menant une campagne de bombardements aériens contre la Serbie. La guerre a pris fin en juin 1999, lorsque l'ONU a pris le contrôle du Kosovo. Le Kosovo a déclaré son indépendance en 2008, ce qui a été reconnu par une grande partie de la communauté internationale, y compris les États-Unis et la plupart des membres de l'Union européenne. Cependant, la Serbie et plusieurs autres pays, dont la Russie et la Chine, n'ont pas reconnu l'indépendance du Kosovo. Aujourd'hui, la situation au Kosovo reste complexe et instable. Bien que la violence ait largement cessé, les tensions ethniques et politiques persistent et l'avenir du Kosovo reste incertain.

L'arrestation de Slobodan Milošević en 2001 et son transfert au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye représentent une étape majeure dans l'histoire post-yougoslave. Milošević a été inculpé de divers crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis pendant les guerres des années 1990. Cependant, il est décédé en détention en mars 2006 avant que son procès ne soit terminé, évitant ainsi un verdict définitif. En ce qui concerne la dissolution de la Yougoslavie, l'indépendance du Monténégro en 2006 et du Kosovo en 2008 ont marqué la fin du processus. Cependant, la situation dans la région reste complexe et la question de l'avenir du Kosovo, en particulier, demeure une source de tensions. Le Kosovo est reconnu comme un État indépendant par une majorité de pays, y compris les États-Unis et une majorité des membres de l'Union européenne, mais d'autres, dont la Serbie et la Russie, continuent de considérer le Kosovo comme une province de la Serbie. Quant au Monténégro, il a réussi à maintenir une relative stabilité depuis son indépendance et a progressé dans son processus d'adhésion à l'Union européenne, bien que des défis subsistent, notamment en matière de corruption et de réformes institutionnelles. La région des Balkans a connu de profondes transformations depuis l'éclatement de la Yougoslavie, et les problèmes hérités de cette période continuent d'influencer la politique de la région jusqu'à ce jour.

La guerre en ex-Yougoslavie reste l'une des périodes les plus sombres de l'histoire européenne récente. Les pertes humaines ont été dévastatrices, avec plus de 100 000 personnes tuées et des millions déplacées. Les atrocités commises pendant le conflit, y compris le génocide de Srebrenica, ont démontré la capacité humaine à commettre une violence extrême envers ses semblables. La guerre a non seulement laissé des cicatrices profondes dans la région, mais elle a aussi eu des répercussions sur la politique internationale. Elle a souligné la difficulté de l'Union européenne à gérer les crises dans sa propre région et les limites de l'ONU en tant que médiateur de conflits. Elle a également conduit à une intervention militaire de l'OTAN, un acte qui a suscité des critiques internationales, mais qui a également été perçu par d'autres comme nécessaire pour mettre fin à la violence. L'héritage de la guerre en ex-Yougoslavie est toujours présent dans les Balkans aujourd'hui, avec des tensions ethniques persistantes et des défis majeurs en termes de réconciliation et de justice pour les victimes du conflit. Malgré les efforts de reconstruction et de réconciliation, le processus de guérison est lent et difficile, et la région continue de lutter pour surmonter le passé.

L'émergence de nouvelles puissances sur l'échiquier mondial[modifier | modifier le wikicode]

Le monde multipolaire dans lequel nous vivons est caractérisé par la présence de plusieurs centres de pouvoir qui ont une influence significative sur le plan international. Ces centres de pouvoir peuvent être des pays, ou des blocs de pays, comme l'Union européenne. La Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie et l'Afrique du Sud sont souvent regroupés sous l'acronyme BRICS. Ces pays ont connu une croissance économique rapide au cours des dernières décennies et ont accru leur influence sur la scène internationale. La Chine, en particulier, est considérée comme une superpuissance émergente, rivalisant avec les États-Unis en termes de pouvoir économique et, de plus en plus, en termes de pouvoir technologique et militaire. L'Inde, avec sa croissance rapide et sa population importante, est également un acteur clé sur la scène internationale. L'Union européenne, en tant qu'union de 27 pays, est un autre acteur majeur dans ce monde multipolaire. Malgré ses défis internes, l'UE a une influence significative, notamment en termes d'économie et de normes réglementaires.

Dans ce monde multipolaire, la coordination et la coopération internationale peuvent être plus complexes, car les intérêts et les valeurs peuvent diverger. Cependant, c'est aussi une occasion d'instaurer une véritable gouvernance mondiale qui reflète la diversité des acteurs mondiaux. Cette multipolarité rend la gouvernance internationale plus complexe, car les différents acteurs ont des objectifs différents et des priorités différentes en matière de politique étrangère. Cependant, cette situation offre de nouvelles opportunités de coopération et de développement économique, ainsi que de nouveaux mécanismes de résolution des conflits et de promotion de la paix et de la sécurité internationales.

La Chine: Un dragon économique[modifier | modifier le wikicode]

Le pays a suivi une trajectoire unique qui a combiné le maintien d'un système politique autoritaire avec des réformes économiques de grande ampleur. Contrairement à l'URSS, la Chine a choisi de conserver une partie de ses structures communistes tout en lançant des réformes économiques dans les années 1980, ce qui a permis de libéraliser son économie et d'attirer des investissements étrangers. Les réformes économiques ont débuté sous la direction de Deng Xiaoping à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Ces réformes, souvent désignées sous le terme de "socialisme à caractéristiques chinoises", ont permis d'ouvrir progressivement l'économie chinoise à l'investissement étranger et de libéraliser certaines parties du marché intérieur, tout en conservant un rôle fort pour l'État dans les secteurs clés de l'économie. Ces réformes ont eu un impact considérable, transformant la Chine d'une économie agraire à une économie industrielle et de services moderne. La Chine est aujourd'hui l'une des plus grandes économies du monde et un acteur majeur dans le commerce mondial. Le Parti communiste chinois a toutefois maintenu un contrôle strict sur le pouvoir politique, avec une surveillance étroite de la société, de la presse et d'Internet, et une répression régulière des dissidents. Le système juridique reste sous le contrôle du parti, et les droits de l'homme sont souvent négligés. Malgré son ouverture économique, la Chine reste donc un régime autoritaire à parti unique.

Le Parti communiste chinois (PCC) a réussi à maintenir un contrôle autoritaire sur le pays tout en introduisant des réformes économiques qui ont stimulé la croissance et amélioré les conditions de vie de nombreux Chinois. Le succès économique du pays a contribué à renforcer la légitimité du PCC. En outre, le PCC a mis en place un système de surveillance et de contrôle social étendu, y compris la censure des médias et d'Internet, la surveillance de la population grâce aux technologies modernes, et la répression des dissidents et des groupes minoritaires. Ces mesures ont permis de contenir l'opposition politique et de prévenir les défis potentiels à l'autorité du parti. En même temps, le PCC a été capable de faire évoluer son idéologie en réponse à des conditions changeantes. Par exemple, bien que le parti continue de s'appuyer sur le langage du marxisme-léninisme, il a également adopté des concepts comme l'économie de marché et l'ouverture à l'investissement étranger. Enfin, le nationalisme a été un outil important pour le PCC pour consolider son pouvoir. Le parti a travaillé dur pour promouvoir l'idée que la Chine est en ascension en tant que puissance mondiale et que le PCC est le seul capable de réaliser ce rêve pour le peuple chinois.

La Chine est devenue une puissance internationale incontournable. Avec une population de plus d'un milliard d'habitants, une économie en croissance rapide, des capacités nucléaires et spatiales avancées, et une armée de plus de deux millions de soldats, la Chine joue un rôle important dans la politique mondiale. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la Chine possède un pouvoir de veto et joue un rôle important dans la prise de décisions liées à la paix et à la sécurité internationales. L'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 a marqué son engagement envers le système de commerce mondial basé sur des règles. Cela a aidé à intégrer davantage la Chine dans l'économie mondiale et à accélérer son développement économique. En tant que membre du G20, la Chine participe à des discussions et à des prises de décision sur des questions économiques et financières mondiales majeures. Le G20 rassemble les 19 plus grandes économies du monde et l'Union européenne, et représente plus de 80% du PIB mondial. Les BRICS sont un autre forum important pour la Chine. Il s'agit d'une association de cinq grands pays émergents - Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud - qui cherchent à promouvoir leur influence collective dans les affaires mondiales. Ces participations montrent comment la Chine a progressivement augmenté son rôle et son influence dans la politique mondiale, en passant d'une puissance régionale à une puissance mondiale au cours des dernières décennies. Cependant, avec cette influence croissante vient une responsabilité accrue, et la Chine est souvent confrontée à des pressions pour contribuer davantage à la résolution des problèmes mondiaux, des changements climatiques à la gestion des crises humanitaires.

La Chine a fait des avancées considérables en matière de technologie spatiale, ce qui en fait l'une des principales puissances spatiales mondiales aux côtés des États-Unis et de la Russie. En 2003, la Chine est devenue le troisième pays à envoyer indépendamment un astronaute dans l'espace avec le lancement de Yang Liwei en orbite. Depuis lors, elle a mené plusieurs missions habitées supplémentaires. En ce qui concerne l'exploration lunaire, la Chine a réalisé plusieurs missions réussies, dont la mission Chang'e-4 qui a accompli le premier atterrissage sur la face cachée de la Lune en 2019. Dans le cadre de son ambition de se doter de sa propre station spatiale, la Chine a lancé le premier module de sa station, le "Tiangong" (ou "Palais céleste") en 2021, et prévoit d'achever la construction de la station d'ici 2022. Dans un autre exploit marquant, la Chine a réussi à faire atterrir son rover Zhurong sur Mars en 2021, devenant ainsi le troisième pays à réaliser cet exploit après les États-Unis et l'Union soviétique. Enfin, la Chine a également lancé de nombreux satellites pour diverses applications, y compris la communication, la navigation et l'observation de la Terre, avec son système de navigation Beidou comme alternative notable au GPS américain. Cependant, ces avancées spatiales suscitent des préoccupations en termes de sécurité et de rivalité stratégique, en particulier avec les États-Unis.

La montée en puissance de la Chine est un sujet de grande importance dans la politique et l'économie mondiales. D'une part, le développement économique rapide de la Chine a créé de nouvelles opportunités pour le commerce et l'investissement international. La Chine est désormais le premier partenaire commercial de nombreux pays et un investisseur majeur dans des régions telles que l'Afrique et l'Asie du Sud-Est. Cependant, l'ascension de la Chine suscite également des préoccupations. Sur le plan économique, certaines critiques pointent du doigt les pratiques commerciales de la Chine, telles que la protection de ses industries nationales et l'accusation de manipulation de sa monnaie. De plus, la dépendance croissante de nombreux pays à l'égard de la Chine en tant que partenaire commercial et source d'investissement peut donner à la Chine une influence significative sur leurs décisions politiques et économiques. Sur le plan politique, la gouvernance autoritaire de la Chine et sa répression de la dissidence interne ont suscité des inquiétudes en matière de droits de l'homme. De plus, les ambitions territoriales de la Chine, notamment en mer de Chine méridionale, sont source de tensions avec ses voisins et les États-Unis. La montée de la Chine en tant que puissance globale présente à la fois des défis et des opportunités pour l'ordre mondial existant.

La Chine a adopté une stratégie internationale diversifiée, manifestant des niveaux d'implication différents en fonction des régions et de ses intérêts stratégiques. En Afrique, par exemple, elle a fortement investi dans des projets d'infrastructure et d'exploitation des ressources naturelles. Elle y a établi des partenariats économiques solides avec divers pays, souvent en échange d'un accès à des ressources naturelles précieuses. L'approche chinoise, axée sur le commerce et l'investissement, sans conditionnalités politiques, est parfois décrite comme une forme de "diplomatie des infrastructures". Au Moyen-Orient, la Chine joue un rôle croissant, particulièrement en Iran et en Syrie où elle est un acteur important dans la reconstruction post-conflit. Elle cherche à sécuriser son approvisionnement en énergie et à étendre son influence dans une région stratégique. En Amérique du Sud, même si la Chine est moins visible, son influence économique s'est également accrue, principalement à travers des investissements dans les secteurs de l'énergie, des minéraux et de l'agriculture. L'expansion de la Chine à l'échelle internationale suscite des critiques. Son manque de transparence, le non-respect présumé des normes environnementales et du travail, et l'indifférence apparente aux droits de l'homme et aux valeurs démocratiques font l'objet de controverses. La notion de "piège de la dette", où les pays en développement sont contraints à une dépendance économique envers la Chine, est également un sujet de préoccupation pour la communauté internationale.

L'Inde: Une puissance démographique et technologique[modifier | modifier le wikicode]

L'Inde, avec sa population d'environ 1,3 milliard de personnes, est l'une des économies à la croissance la plus rapide du monde. Les réformes économiques entreprises depuis les années 1980 ont transformé le pays d'une économie fermée et agricole à une économie plus ouverte et diversifiée, avec une industrie dynamique et un secteur des services en expansion. La libéralisation des marchés et l'ouverture à l'investissement étranger ont été des moteurs clés de cette croissance. Elles ont contribué à faire de l'Inde un centre mondial pour les services informatiques et les technologies de l'information, créant des emplois pour des millions de personnes et augmentant les niveaux d'alphabétisation et d'éducation. Parallèlement, l'Inde a également développé d'autres secteurs économiques. Le secteur financier, par exemple, a connu une modernisation et une expansion rapides, soutenues par des réformes réglementaires et l'adoption de technologies numériques. Le secteur manufacturier a également grandi, bien que sa part dans l'économie reste relativement faible comparée à celle des services.

L'Inde est une économie dynamique avec un taux de croissance parmi les plus élevés au monde. Cette croissance est largement alimentée par une urbanisation rapide, une population jeune et une classe moyenne en expansion. Les secteurs clés qui soutiennent la croissance comprennent l'informatique, le secteur des services, l'industrie manufacturière, et de plus en plus, le secteur numérique et l'e-commerce. Cependant, l'Inde fait face à de sérieux défis en dépit de sa forte croissance économique. L'un des problèmes les plus importants est l'inégalité économique. Il existe d'énormes disparités de revenus et de richesse en Inde, non seulement entre les différentes régions du pays, mais aussi entre les différentes classes sociales. Les régions urbaines, notamment les grandes villes comme Mumbai et Bangalore, ont bénéficié de la majorité de la croissance, tandis que de nombreuses régions rurales restent relativement sous-développées et pauvres. De plus, l'Inde doit faire face à une série de défis sociaux, notamment la pauvreté, le manque d'accès à l'éducation de qualité, le chômage, en particulier parmi les jeunes, et les problèmes de santé publique. En outre, la pollution, le changement climatique et le stress hydrique sont d'autres défis majeurs que l'Inde doit relever.

L'Inde a mené son premier essai nucléaire en 1974, une opération appelée "Smiling Buddha". Cet essai a marqué l'entrée de l'Inde dans le club restreint des nations dotées de l'arme nucléaire. L'Inde a ensuite mené une série d'essais nucléaires en 1998, consolidant son statut de puissance nucléaire. Cependant, il est important de noter que l'Inde maintient une politique de "non-première utilisation" pour ce qui est de l'utilisation des armes nucléaires, ce qui signifie qu'elle ne sera pas la première à utiliser ces armes dans un conflit, mais réservera son arsenal nucléaire à la dissuasion et à la réaction en cas d'attaque nucléaire contre elle. L'Inde a également poursuivi un programme nucléaire civil, qui vise à répondre à ses besoins énergétiques croissants. Le pays a plusieurs centrales nucléaires en activité et prévoit de développer davantage son infrastructure nucléaire dans les prochaines années.

L'Inde a fait des avancées significatives dans le domaine de l'exploration spatiale. L'Organisation de Recherche Spatiale Indienne (ISRO) a été créée en 1969 et depuis, l'Inde a réussi à se faire une place parmi les grandes nations spatiales. Le premier satellite indien, Aryabhata, a été lancé par l'Union soviétique en 1975. Cependant, l'ISRO a rapidement acquis la capacité de lancer ses propres satellites et a mis sur orbite le satellite Rohini en 1980. Depuis lors, l'Inde a mené plusieurs missions spatiales impressionnantes. Le pays a lancé avec succès des missions vers la Lune (Chandrayaan-1 en 2008 et Chandrayaan-2 en 2019) et Mars (Mars Orbiter Mission, aussi connue sous le nom de Mangalyaan, en 2013). L'Inde a été le premier pays d'Asie à atteindre l'orbite de Mars et le premier au monde à réussir à le faire dès sa première tentative. L'ISRO a également lancé le programme Gaganyaan, qui vise à envoyer des astronautes indiens dans l'espace d'ici 2023. Si ce projet réussit, l'Inde deviendrait le quatrième pays à envoyer des humains dans l'espace de façon indépendante, après la Russie, les États-Unis et la Chine. En plus de ces missions d'exploration, l'ISRO réalise des lancements commerciaux de satellites pour des clients internationaux, générant des revenus et renforçant la place de l'Inde dans l'industrie spatiale mondiale.

L'Inde, en tant que plus grande démocratie du monde et en tant qu'acteur majeur de l'économie mondiale, cherche à accroître son influence sur la scène internationale. L'Inde est membre du G20, un forum de 19 pays et de l'Union européenne qui représentent ensemble environ 90% de l'économie mondiale, 80% du commerce mondial et les deux tiers de la population mondiale. Le G20 est une plateforme importante pour l'Inde pour discuter et influencer les questions mondiales d'économie et de finance. En outre, l'Inde a exprimé à plusieurs reprises son désir de devenir un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Actuellement, le Conseil de sécurité de l'ONU compte cinq membres permanents - les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni et la France - qui ont tous le droit de veto. L'Inde fait valoir que, compte tenu de sa taille et de son importance croissante, elle devrait avoir une place permanente au Conseil de sécurité. Cependant, la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU est un processus complexe qui nécessite le consentement de la majorité des membres de l'ONU, y compris tous les membres permanents actuels, et jusqu'à présent, aucune réforme n'a été mise en œuvre.

L'Inde est un acteur majeur en Asie et cherche à renforcer sa présence sur la scène internationale. Son économie en croissance rapide, sa population nombreuse et sa démocratie robuste lui confèrent une influence considérable. Cependant, l'Inde est confrontée à de nombreux défis internes, notamment la pauvreté, l'inégalité et le sous-développement, qui pourraient entraver ses ambitions internationales. Sur le plan diplomatique, l'Inde a établi des relations solides avec des puissances mondiales clés comme les États-Unis, la Russie et le Japon, et elle entretient des relations commerciales et économiques importantes avec l'Union européenne. L'Inde est également un membre actif de plusieurs forums multilatéraux, comme le G20, le BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et l'Organisation de coopération de Shanghai. Cependant, l'Inde est confrontée à des tensions géopolitiques avec certains de ses voisins, notamment le Pakistan et la Chine. Les relations entre l'Inde et le Pakistan sont tendues en raison de plusieurs conflits territoriaux non résolus, en particulier celui du Cachemire. Les relations entre l'Inde et la Chine sont également tendues, avec des différends frontaliers persistants et une rivalité stratégique croissante. Malgré ces défis, l'Inde continue de jouer un rôle de plus en plus important sur la scène internationale et cherche à influencer le système international conformément à ses intérêts et valeurs nationaux.

L'Inde a démontré un potentiel considérable pour devenir une superpuissance au XXIe siècle. Son économie, classée sixième au niveau mondial, continue de croître rapidement, alimentée par des secteurs tels que l'information et la technologie, la fabrication et le commerce. Son armée est l'une des plus grandes et des mieux équipées du monde, renforcée par des capacités nucléaires et un programme spatial en développement. Sur la scène internationale, l'Inde a renforcé sa présence en étant membre de groupes influents tels que le G20, le BRICS et le Mouvement des non-alignés. Elle a également renforcé ses liens diplomatiques avec d'autres puissances mondiales, y compris les États-Unis, la Russie, la Chine et l'Union européenne. En dépit de ces avancées, l'Inde doit surmonter de nombreux défis internes et externes pour atteindre son plein potentiel de superpuissance. Les problèmes de pauvreté, d'inégalité sociale et d'infrastructure insuffisante persistent. Par ailleurs, des tensions existent avec certains de ses voisins, notamment le Pakistan et la Chine, sur des questions de frontières et de sécurité. Toutefois, l'Inde a clairement signalé sa volonté d'élargir son influence et d'adopter une posture plus assertive sur la scène mondiale, indiquant une aspiration claire à devenir une puissance mondiale au XXIe siècle.

Le Japon: Une puissance économique en repositionnement[modifier | modifier le wikicode]

Le Japon a accompli une reconstruction spectaculaire après la Seconde Guerre mondiale, se transformant en l'un des plus grands acteurs économiques mondiaux. Grâce à une combinaison de travail acharné, d'ingéniosité et de soutien international, notamment par le biais du plan Marshall, le Japon a réussi à surmonter les dégâts massifs de la guerre et à se propulser vers une prospérité économique sans précédent.

L'économie du Japon est très diversifiée, avec des secteurs clés tels que l'automobile, l'électronique, la sidérurgie et l'industrie chimique. Les entreprises japonaises, telles que Toyota, Sony et Panasonic, sont reconnues à l'échelle mondiale pour leur innovation et la qualité de leurs produits. Le pays est également un leader en matière de recherche et développement, et reste à la pointe des nouvelles technologies, en particulier dans les domaines de l'automatisation, de la robotique et de l'intelligence artificielle.

Politiquement, le Japon est une monarchie constitutionnelle avec un système parlementaire, avec un empereur comme figure symbolique et un Premier ministre qui est le chef du gouvernement. Il a une structure démocratique bien établie avec des élections régulières, une presse libre et un système judiciaire indépendant. Le Japon entretient des relations étroites avec les États-Unis, qui sont un partenaire clé en matière de sécurité depuis la signature du Traité de coopération mutuelle et de sécurité en 1960. Ce traité a été conclu après la fin de l'occupation américaine du Japon à la suite de la Seconde Guerre mondiale et engage les deux pays à se défendre mutuellement en cas d'attaque armée. Cela a joué un rôle déterminant dans la politique de défense du Japon, qui est officiellement pacifiste et ne maintient des forces armées que pour l'autodéfense. En outre, le Japon et les États-Unis ont des liens économiques solides et sont des partenaires commerciaux importants l'un pour l'autre. Ils collaborent également sur diverses questions internationales, allant du changement climatique à la prolifération nucléaire.

La constitution japonaise, aussi appelée la "Constitution de Postdam" car elle a été adoptée après la Seconde Guerre mondiale, impose des restrictions significatives à la capacité du pays à mener une guerre offensive. L'article 9 de cette constitution stipule que "le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation et à la menace ou à l'utilisation de la force en tant que moyen de règlement des conflits internationaux". Par conséquent, bien que le Japon entretienne des forces d'autodéfense, il ne possède pas d'armée conventionnelle et dépend en grande partie des États-Unis pour sa défense. Malgré les restrictions constitutionnelles, le Japon a trouvé des moyens de contribuer à la paix et à la sécurité internationales. Avec l'adoption de la loi sur la coopération internationale pour la paix et la sécurité en 1992, le Japon a pu participer à des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, marquant un changement majeur dans sa politique de sécurité post-Seconde Guerre mondiale. Les Forces d'autodéfense japonaises (JSDF) ont depuis lors participé à plusieurs missions de maintien de la paix, y compris au Cambodge, au Mozambique, au Timor oriental et au Soudan du Sud. Il convient toutefois de noter que ces déploiements sont strictement non combattants et sont généralement axés sur l'ingénierie, la logistique et le soutien médical. Ces initiatives montrent la volonté du Japon de jouer un rôle actif dans les affaires internationales malgré les restrictions constitutionnelles sur l'utilisation de la force militaire. Cela a permis au Japon d'augmenter son influence internationale et de contribuer à la paix et à la stabilité dans le monde.

En tant que troisième plus grande économie du monde, le Japon a une grande influence sur les décisions économiques mondiales. Sa participation active au G7, au G20 et à l'APEC témoigne de son rôle clé dans l'établissement de la politique économique mondiale. En outre, le Japon a toujours été un grand contributeur aux Nations unies et à d'autres organisations multilatérales, ce qui lui confère une influence significative dans ces forums. Il joue un rôle particulièrement important dans les discussions sur le développement durable, l'aide internationale et les droits de l'homme. Ainsi, malgré ses restrictions militaires, le Japon continue d'exercer une influence mondiale considérable grâce à son statut économique et à son engagement en faveur de la diplomatie multilatérale.

Depuis la fin de la Guerre froide, le Japon a redoublé d'efforts pour renforcer sa présence et son influence en Asie. Cela s'est traduit par l'établissement de nombreux accords de libre-échange avec des pays asiatiques, la participation active à des forums de coopération régionale tels que l'ASEAN+3 (qui regroupe les pays de l'ASEAN plus la Chine, le Japon et la Corée du Sud), et un engagement fort dans l'aide au développement. Le Japon est l'un des plus grands donateurs d'aide au développement en Asie, fournissant une assistance significative en matière de développement économique, d'éducation, de santé, et de lutte contre le changement climatique. Ces actions reflètent l'ambition du Japon de jouer un rôle de premier plan dans la stabilité et le développement de la région Asie-Pacifique.

Le Japon a multiplié ses efforts pour élargir son influence diplomatique et économique à l'échelle mondiale. En Amérique latine, par exemple, le Japon a conclu des accords de libre-échange avec plusieurs pays et a augmenté ses investissements, notamment dans les secteurs de l'énergie, des mines et de l'infrastructure. En Afrique, le Japon a renforcé sa présence par le biais de la TICAD (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique), un forum initié par le Japon en 1993 pour promouvoir le dialogue politique et le développement économique sur le continent africain. Par le biais de la TICAD et d'autres initiatives, le Japon s'efforce de soutenir le développement économique de l'Afrique, de favoriser le commerce et les investissements, et de renforcer les liens politiques et culturels. En ce qui concerne le Moyen-Orient, le Japon dépend fortement de cette région pour ses approvisionnements en pétrole et en gaz, et a donc un intérêt stratégique à y maintenir des relations stables et positives. Le Japon a également joué un rôle actif dans les efforts de reconstruction en Irak et en Afghanistan, et a participé à des missions de maintien de la paix sous l'égide des Nations Unies dans la région. Ces efforts reflètent la volonté du Japon de renforcer sa position en tant qu'acteur global majeur, capable d'influencer les dynamiques économiques et politiques à l'échelle mondiale.

Le Japon a su utiliser sa formidable puissance économique comme un outil clé de sa diplomatie. Grâce à son statut de troisième plus grande économie du monde, il a pu se positionner comme un partenaire commercial et financier crucial pour de nombreux pays. Cela a été une stratégie particulièrement efficace pour développer des relations avec des pays qui pourraient autrement être réticents à s'engager avec le Japon sur des questions politiques ou de sécurité. La diplomatie économique du Japon comprend des initiatives telles que l'investissement dans les infrastructures étrangères, l'aide au développement, la conclusion d'accords commerciaux et l'encouragement des entreprises japonaises à investir à l'étranger. Ces efforts permettent au Japon d'augmenter son influence, de promouvoir ses intérêts nationaux et de contribuer à la stabilité économique mondiale. Toutefois, il convient de noter que, bien que la diplomatie économique soit une part importante de la stratégie internationale du Japon, elle n'est pas la seule. Le Japon est également activement impliqué dans des initiatives politiques et de sécurité, comme la participation à des missions de maintien de la paix des Nations Unies et la promotion du désarmement nucléaire. De plus, le Japon maintient une alliance de sécurité solide avec les États-Unis, qui continue de jouer un rôle clé dans sa stratégie de sécurité.

Le Brésil: Un géant émergent en Amérique Latine[modifier | modifier le wikicode]

De 1964 à 1985, le Brésil a été dirigé par une junte militaire qui a exercé un pouvoir autoritaire et répressif. Cette période est marquée par la censure, la répression politique, la torture et l'exil de nombreux opposants politiques. Pendant cette période, la junte militaire a mis en œuvre des politiques économiques qui ont favorisé l'industrialisation et la croissance économique, mais qui ont également accru l'inégalité sociale et la dette extérieure du pays. En 1985, après une période de pression croissante pour le retour à la démocratie, le régime militaire a pris fin et un gouvernement civil a été rétabli.

Cependant, le processus de transition vers la démocratie a été lent et difficile. Les gouvernements démocratiques qui ont suivi ont dû faire face à de nombreux défis, notamment la lutte contre la corruption, l'élaboration de politiques pour réduire la pauvreté et les inégalités sociales, la réforme des institutions politiques et l'établissement de la vérité et de la justice pour les crimes commis pendant la dictature militaire. Au cours des dernières décennies, le Brésil a fait des progrès significatifs sur la voie de la démocratie et du développement économique. Il a réussi à stabiliser son économie, à réduire la pauvreté et les inégalités, et à jouer un rôle plus actif sur la scène internationale. Cependant, le pays continue de faire face à de nombreux défis, tels que la corruption, la violence, les inégalités sociales persistantes et les tensions politiques.

Depuis les années 1990, le Brésil a mis en œuvre une série de réformes économiques visant à stabiliser son économie et à encourager la croissance. Ces réformes comprenaient la privatisation de nombreuses entreprises d'État, la réduction des barrières commerciales, et l'attraction des investissements étrangers. Cette période de libéralisation économique a contribué à une augmentation significative du PIB du Brésil et a permis au pays de devenir l'une des plus grandes économies du monde.

Au cours des années 2000, le Brésil a bénéficié d'un boom des matières premières, ce qui a stimulé la croissance économique et a contribué à la réduction de la pauvreté. Cependant, la dépendance du Brésil à l'égard des exportations de matières premières a également exposé l'économie à la volatilité des prix internationaux. Parallèlement, le Brésil a mis en œuvre des politiques de redistribution des revenus et des programmes de protection sociale qui ont contribué à réduire la pauvreté et les inégalités. Ces politiques comprennent le programme Bolsa Família, qui offre des aides financières aux familles pauvres en échange de leur engagement à envoyer leurs enfants à l'école et à respecter les calendriers de vaccination. Malgré ces progrès, le Brésil reste confronté à de nombreux défis économiques, notamment la nécessité de diversifier son économie, d'améliorer l'infrastructure, de réformer le système fiscal, et de lutter contre la corruption.

Malgré la croissance économique impressionnante du Brésil au début du 21ème siècle, le pays a subi une sévère récession en 2015 et 2016. Cette récession a été provoquée par une combinaison de facteurs, dont une baisse des prix des matières premières, une crise politique interne, et des niveaux élevés de corruption. Depuis lors, le taux de croissance du Brésil a été faible, malgré quelques signes de reprise. Parallèlement, le Brésil est doté d'un immense marché intérieur, qui offre un potentiel énorme pour la croissance économique. Le pays est la plus grande économie d'Amérique latine, et sa population de plus de 200 millions d'habitants représente un marché considérable pour les biens et services.

Le Brésil a investi considérablement dans la modernisation de ses forces armées au cours des dernières années, ce qui a considérablement augmenté ses dépenses de défense. Il possède la deuxième plus grande armée des Amériques, après les États-Unis, ce qui fait de lui un acteur clé dans la sécurité régionale en Amérique du Sud. Toutefois, le Brésil a une tradition de non-intervention militaire dans les conflits internationaux, préférant plutôt utiliser des moyens diplomatiques pour résoudre les différends. Cela est conforme à sa tradition de recherche de solutions pacifiques aux conflits internationaux, un principe inscrit dans la constitution brésilienne. Malgré sa puissance militaire croissante, le Brésil continue donc de privilégier une approche diplomatique et pacifique dans sa politique étrangère.

Le Brésil a joué un rôle significatif dans les missions de maintien de la paix des Nations Unies, en particulier en Haïti. De 2004 à 2017, le Brésil a dirigé la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). L'objectif de cette mission était de maintenir la paix et la stabilité en Haïti après une période de troubles politiques. Lorsque la MINUSTAH a pris fin en 2017, elle a été remplacée par la Mission des Nations Unies pour l'appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), qui a ensuite été remplacée en 2019 par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Ces nouvelles missions ont eu pour but de soutenir le développement durable en Haïti et de renforcer l'État de droit. Bien que le rôle du Brésil ait changé avec ces nouvelles missions, il reste un acteur important dans les efforts de stabilisation en Haïti. La participation du Brésil à ces missions de maintien de la paix souligne son engagement envers la paix et la sécurité régionales, et témoigne de son influence croissante sur la scène internationale.

Les nouvelles zones de tensions dans le monde post-guerre froide[modifier | modifier le wikicode]

Le contrôle de la prolifération nucléaire[modifier | modifier le wikicode]

Les présidents Barack Obama et Dmitri Medvedev le 6 juillet 2009.

La question du désarmement est une préoccupation majeure dans les relations internationales depuis la fin de la Guerre froide.

Les traités START (Strategic Arms Reduction Treaty) ont joué un rôle clé dans les efforts de désarmement nucléaire depuis la fin de la Guerre froide. Ces accords ont été signés entre les États-Unis et l'Union soviétique (puis la Fédération de Russie après la dissolution de l'Union soviétique) afin de limiter et réduire les arsenaux nucléaires des deux superpuissances. Ces accords ont abouti à la signature de deux traités: SALT I en 1972 et SALT II en 1979, mais ce dernier n'a jamais été ratifié en raison de tensions entre les deux pays.

Le traité START I a été signé en 1991, limitant chaque pays à un maximum de 6 000 ogives nucléaires. START II, signé en 1993, prévoyait de réduire davantage ces arsenaux à 3 000-3 500 ogives. Cependant, la Russie n'a jamais ratifié ce traité et l'a finalement dénoncé en 2002.

Le projet de traité START III, qui devait poursuivre la réduction des arsenaux nucléaires, n'a jamais été signé. Cependant, il convient de mentionner le traité "New START" (Nouveau traité de réduction des armes stratégiques) qui a été signé en 2010 par les États-Unis et la Russie. Ce traité a fixé une nouvelle limite de 1 550 ogives déployées pour chaque pays et a été prolongé en février 2021 jusqu'en 2026.

Le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) est l'un des principaux piliers de l'effort international pour limiter la prolifération des armes nucléaires. Entré en vigueur en 1970, ce traité reconnaît cinq pays comme états nucléaires - les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine - et interdit à tous les autres signataires de développer ou d'acquérir des armes nucléaires. Le TNP repose sur trois piliers fondamentaux: la non-prolifération, le désarmement nucléaire et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Selon le traité, les États nucléaires s'engagent à poursuivre de "bonne foi" des négociations sur le désarmement nucléaire, tandis que les États non nucléaires acceptent de ne pas rechercher ou développer des armes nucléaires.

Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) est un accord international crucial. Signé en 1996, il vise à interdire tous les essais nucléaires dans le monde, qu'ils soient à des fins militaires ou pacifiques. Cependant, bien que de nombreux pays aient signé et ratifié le traité, il n'est pas encore entré en vigueur car certains pays possédant des capacités nucléaires ne l'ont pas encore ratifié. Quant au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN), il a été adopté en 2017. Il interdit aux États signataires de développer, tester, produire, acquérir, posséder, stocker, utiliser ou menacer d'utiliser des armes nucléaires. Le TIAN est considéré comme un développement significatif vers le désarmement nucléaire. Cependant, aucun des États dotés d'armes nucléaires n'a signé ce traité jusqu'à présent, ce qui limite son impact. Ces traités et d'autres accords sur le contrôle des armements sont importants pour prévenir la prolifération des armes nucléaires et promouvoir le désarmement nucléaire. Cependant, la mise en œuvre de ces traités et leur respect par tous les pays demeurent des défis majeurs.

Les traités sur le contrôle des armes ne concernent pas seulement les armes nucléaires. Il existe aussi des traités qui visent à limiter et réguler les armes conventionnelles. Le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), signé en 1987 par les États-Unis et l'Union soviétique, interdisait la possession, la production et les essais de missiles balistiques et de croisière à portée intermédiaire. Cependant, en 2019, les États-Unis ont annoncé leur retrait du traité, alléguant que la Russie avait violé ses termes. De plus, le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE), signé en 1990, a limité le nombre de chars, d'artillerie lourde, d'avions de combat et d'hélicoptères d'attaque que les pays de l'OTAN et du Pacte de Varsovie pouvaient déployer en Europe. Cependant, en 2007, la Russie a suspendu sa participation au traité, affirmant que l'élargissement de l'OTAN avait changé l'équilibre des forces en Europe. Ces développements récents soulignent les défis persistants pour le contrôle des armes et le désarmement à l'échelle mondiale. Même si les traités ont joué un rôle crucial dans la prévention des conflits et la limitation de la course aux armements, leur mise en œuvre et leur respect restent des questions clés sur l'agenda international.

La prolifération nucléaire[modifier | modifier le wikicode]

La dissémination des armes nucléaires en ex Union soviétique[modifier | modifier le wikicode]

Après la dislocation de l'Union soviétique, la question de la gestion de l'arsenal nucléaire a été un défi majeur. Trois ex-républiques soviétiques - l'Ukraine, le Kazakhstan et la Biélorussie - héritaient de vastes stocks d'armes nucléaires. Grâce à des accords bilatéraux et multilatéraux, et avec l'aide et le soutien de la Russie et des États-Unis, ces trois nations ont volontairement renoncé à leurs armes nucléaires. C'est un exemple rare et significatif de désarmement nucléaire. Les armes ont été démantelées ou renvoyées en Russie, et les trois nations ont rejoint le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en tant qu'États non nucléaires. Le programme d'assistance américain Cooperative Threat Reduction, parfois appelé Programme Nunn-Lugar (d'après les sénateurs américains Sam Nunn et Richard Lugar), a joué un rôle essentiel dans ce processus, fournissant un financement et une assistance technique pour sécuriser et éliminer les armes de destruction massive sur le territoire de l'ex-Union soviétique. Bien que ces pays aient renoncé à leurs armes nucléaires, la Russie reste l'une des deux plus grandes puissances nucléaires du monde (avec les États-Unis), et la gestion de cet héritage continue d'être une préoccupation majeure pour la stabilité internationale.

Le programme Nunn-Lugar a été un effort bipartisan important du gouvernement américain pour aider à sécuriser et démanteler les armes de destruction massive, en particulier les armes nucléaires, dans les anciennes républiques soviétiques. Ce programme a permis d'éliminer des milliers d'armes nucléaires, de missiles balistiques et de sous-marins nucléaires, ainsi que de sécuriser d'importantes quantités de matériaux nucléaires. La tâche était immense. Par exemple, l'Ukraine possédait le troisième plus grand arsenal nucléaire du monde à l'époque, et le Kazakhstan avait d'importantes installations de stockage et de production d'armes nucléaires. Grâce à l'aide internationale et aux efforts nationaux, ces pays ont réussi à éliminer ces armes et à renforcer la sécurité de leurs installations nucléaires. En plus de ces efforts, plusieurs accords et traités internationaux ont été mis en place pour prévenir la prolifération des armes nucléaires, tels que le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et différents accords de contrôle des armements entre les États-Unis et la Russie.

Les nouvelles puissances nucléaires[modifier | modifier le wikicode]

Le club des puissances nucléaires a augmenté après la Seconde Guerre mondiale. Les cinq premières nations à développer des armes nucléaires sont les États-Unis, l'Union soviétique (maintenant la Russie), le Royaume-Uni, la France et la Chine. Ces cinq pays sont reconnus comme puissances nucléaires par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui a été signé en 1968 et est entré en vigueur en 1970. Depuis lors, d'autres pays ont développé des armes nucléaires, bien que la plupart d'entre eux ne soient pas reconnus comme des puissances nucléaires par le TNP. Cela comprend l'Inde et le Pakistan, qui ont mené des essais nucléaires respectivement en 1974 et 1998, et sont désormais largement considérés comme des puissances nucléaires. Israël est également largement soupçonné de posséder des armes nucléaires, bien qu'il n'ait jamais confirmé ou nié cela officiellement, une politique connue sous le nom d'ambiguïté nucléaire. Enfin, l'Afrique du Sud a développé des armes nucléaires dans les années 1970 et 1980, mais a volontairement démantelé son arsenal nucléaire au début des années 1990, avant la fin de l'apartheid. Il y a aussi le cas de la Corée du Nord qui a mené son premier essai nucléaire en 2006 et a depuis poursuivi son programme nucléaire malgré la condamnation internationale et les sanctions.

Le Brésil, l'Iran et l'Arabie Saoudite ont tous suscité des inquiétudes au fil des années en raison de leurs activités dans le domaine nucléaire. Le Brésil a mené un programme nucléaire civil depuis les années 1950 et a également exploré des technologies liées aux armes nucléaires dans les années 1970 et 1980. Cependant, dans les années 1990, le Brésil a renoncé à la poursuite des armes nucléaires, a signé le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et a établi des accords de sauvegarde avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour assurer la transparence de ses activités nucléaires. En ce qui concerne l'Iran, ses ambitions nucléaires ont été une source de tension majeure sur la scène internationale pendant de nombreuses années. L'Iran a insisté sur le fait que son programme nucléaire est destiné à des fins pacifiques, mais de nombreux pays, en particulier les États-Unis et Israël, ont exprimé des doutes sur les intentions de l'Iran. L'accord de Vienne sur le nucléaire iranien de 2015, aussi connu sous le nom de Plan d'action global commun (JCPOA), a été un effort majeur pour limiter le programme nucléaire de l'Iran en échange d'un allègement des sanctions internationales. Cependant, cet accord a été mis à mal lorsque les États-Unis s'en sont retirés en 2018 sous l'administration Trump. L'Arabie Saoudite, pour sa part, n'a pas officiellement de programme nucléaire militaire. Cependant, elle a exprimé son intérêt pour le développement de l'énergie nucléaire à des fins civiles et a également exprimé publiquement son intention d'acquérir des armes nucléaires si l'Iran le faisait. Ces déclarations, ainsi que les informations faisant état de la coopération saoudienne avec des pays comme le Pakistan sur des questions nucléaires, ont suscité des inquiétudes concernant les intentions de l'Arabie Saoudite. Dans tous ces cas, il est crucial que la communauté internationale reste vigilante et travaille activement à promouvoir la transparence et la non-prolifération nucléaire.

La distinction entre les programmes nucléaires civils et militaires est parfois floue, et certains pays peuvent chercher à développer des armes nucléaires sous couvert de programmes nucléaires civils. C'est une préoccupation majeure en matière de non-prolifération nucléaire. Le cas de l'Iran est un exemple notable. Depuis plusieurs années, l'Iran est soupçonné par de nombreux pays, notamment les États-Unis et plusieurs de leurs alliés, de chercher à acquérir l'arme nucléaire. Le programme nucléaire iranien a suscité de nombreuses inquiétudes en raison de son manque de transparence et de sa capacité potentielle à soutenir un programme d'armement nucléaire. En réponse à ces inquiétudes, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté plusieurs résolutions imposant des sanctions à l'Iran afin de contraindre le pays à limiter son programme nucléaire et à le rendre plus transparent. Cela a conduit à l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, aussi connu sous le nom de Plan d'action global commun (JCPOA), qui a établi des limites strictes sur les activités nucléaires de l'Iran et un régime d'inspection renforcé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

La création de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique[modifier | modifier le wikicode]

L'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), qui fait partie du système des Nations Unies, joue un rôle clé dans la prévention de la prolifération nucléaire. Elle a été créée en 1957 dans le but de promouvoir l'utilisation sûre et pacifique de l'énergie nucléaire. L'AIEA a plusieurs rôles importants. Tout d'abord, elle établit des normes de sécurité nucléaire et aide les pays à les mettre en œuvre. Deuxièmement, elle vérifie que les pays respectent leurs engagements en matière de non-prolifération nucléaire dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Pour ce faire, elle réalise des inspections régulières des installations nucléaires. Enfin, l'AIEA promeut l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire en fournissant des conseils techniques et une formation sur l'énergie nucléaire et ses applications, y compris la production d'électricité, l'utilisation de l'énergie nucléaire en médecine et en agriculture, et la gestion des déchets nucléaires. Bien que l'AIEA joue un rôle vital dans la promotion de l'utilisation sûre et pacifique de l'énergie nucléaire et la prévention de la prolifération nucléaire, son rôle est limité par ce que ses États membres sont disposés à permettre. Par exemple, l'AIEA ne peut inspecter les installations nucléaires d'un pays que si ce pays a signé un accord de sauvegarde avec l'agence.

L'AIEA ne dispose pas de pouvoir coercitif en soi. Elle est avant tout une organisation de surveillance et de vérification. Elle est chargée d'assurer le respect des engagements pris par les États en matière de non-prolifération nucléaire, de sûreté et de sécurité nucléaires, et de coopération technique. Son principal outil pour assurer le respect des obligations de non-prolifération est l'inspection régulière des installations nucléaires des États membres. Ces inspections sont effectuées par des experts de l'AIEA qui examinent les installations, vérifient les documents et les registres, et utilisent une variété d'équipements de surveillance et de techniques d'échantillonnage pour détecter des activités suspectes. Si l'AIEA constate qu'un État n'est pas en conformité avec ses engagements, elle peut rapporter la question à son Conseil des gouverneurs, qui est composé de représentants de 35 États membres. Le Conseil peut ensuite prendre une série de mesures, y compris la transmission de la question au Conseil de sécurité des Nations Unies. Le Conseil de sécurité a le pouvoir d'imposer des sanctions ou de prendre d'autres mesures coercitives contre un État qui ne respecte pas ses obligations en matière de non-prolifération nucléaire. Cependant, l'AIEA elle-même ne peut pas imposer de sanctions ou prendre d'autres mesures coercitives. Elle est plutôt une organisation technique qui fournit une surveillance, une vérification et une assistance techniques.

La question de la traçabilité et de la dissémination des armes nucléaires est un enjeu majeur de la non-prolifération nucléaire. Cela concerne non seulement les armes nucléaires elles-mêmes, mais aussi les matières fissiles (uranium enrichi et plutonium) qui sont utilisées pour les fabriquer. La surveillance de ces matières et de leur transfert est cruciale pour empêcher qu'elles ne tombent entre de mauvaises mains. Il existe une série de mesures de contrôle mises en place pour surveiller et tracer ces matières, allant de la surveillance sur site par l'AIEA à des mécanismes de reporting et de traçabilité. Cependant, ces systèmes ne sont pas infaillibles et des matières fissiles ont parfois disparu ou ont été volées. De plus, avec l'émergence de nouvelles technologies comme les centrifugeuses avancées pour l'enrichissement de l'uranium, il est devenu techniquement plus facile pour les États ou les groupes non étatiques de produire des matières fissiles pour les armes nucléaires. L'autre aspect de la dissémination est la diffusion des connaissances et des technologies nucléaires. Il est de plus en plus difficile de contrôler l'accès à ces informations à l'ère d'internet. Cela soulève des défis pour la non-prolifération nucléaire et nécessite une attention continue de la part de la communauté internationale pour maintenir des régimes de contrôle efficaces.

Le terrorisme transnational: Un nouveau défi de sécurité[modifier | modifier le wikicode]

Bien que le terrorisme existe depuis des siècles, l'attention portée à cette question s'est intensifiée après les attentats du 11 septembre 2001. Ces attaques ont eu un impact significatif sur la manière dont le terrorisme est perçu et traité, notamment par le biais de la "guerre contre le terrorisme" lancée par les États-Unis et leurs alliés. Les conflits armés, tels que la guerre en Afghanistan et la première guerre du Golfe, peuvent créer des conditions favorables à la propagation du terrorisme. Les conflits armés peuvent favoriser le terrorisme en créant un environnement d'instabilité et de violence, qui peut être exploité par des groupes terroristes pour recruter des membres, organiser des attaques et obtenir du soutien. Ces conflits peuvent également générer des sentiments de colère et de ressentiment envers les forces étrangères, qui peuvent à leur tour alimenter le soutien au terrorisme. De plus, les guerres peuvent entraîner le déplacement de populations, la destruction d'infrastructures et la déstabilisation des gouvernements, créant ainsi un vide de pouvoir que les groupes terroristes peuvent chercher à combler.

Ces deux conflits ont eu un impact significatif sur le développement du terrorisme islamiste à travers le monde. La guerre en Afghanistan dans les années 1980 a joué un rôle clé dans la naissance d'Al-Qaïda. Les moudjahidines afghans, soutenus par les États-Unis et d'autres nations occidentales, ont lutté contre l'Union soviétique dans ce qui était essentiellement un proxy de la Guerre Froide. Beaucoup de ces moudjahidines sont devenus plus tard des membres d'Al-Qaïda, dont Oussama ben Laden, qui avait été l'un des nombreux étrangers à se rendre en Afghanistan pour soutenir la cause. Quant à la guerre du Golfe, elle a été perçue par certains comme une agression de l'Occident contre le monde islamique, alimentant le ressentiment et le sentiment anti-occidental dans certaines factions de la communauté islamique. Ce sentiment a été utilisé par des groupes terroristes islamistes pour recruter de nouveaux membres et justifier leurs actions violentes. Ces conflits ont donc été des facteurs majeurs contribuant à la montée du terrorisme islamiste au cours des dernières décennies. Il est cependant important de rappeler que la majorité des musulmans à travers le monde condamne fermement le terrorisme et que les groupes terroristes islamistes ne représentent qu'une infime minorité de la communauté islamique mondiale.

La guerre d'Afghanistan[modifier | modifier le wikicode]

La guerre d'Afghanistan a eu des conséquences durables sur la région et a contribué à la formation de groupes militants islamiques, dont certains sont devenus des acteurs majeurs du terrorisme international. La guerre en Afghanistan dans les années 1980 a été une guerre très destructive et coûteuse en vies humaines. Des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie et des millions d'autres ont été déplacées. Cette guerre a créé une instabilité majeure dans la région, fournissant un terreau fertile pour la montée de groupes militants islamiques.

Les moudjahidines, financés et armés par les États-Unis et d'autres pays occidentaux, ont réussi à repousser l'invasion soviétique. Cependant, après le retrait soviétique, la situation en Afghanistan est restée instable, et de nombreux moudjahidines ont formé leurs propres groupes militants. L'un des plus notables est Al-Qaïda, fondé par Oussama ben Laden, un ancien moudjahidine qui a reçu une formation militaire et un soutien financier des États-Unis pendant la guerre. Après la guerre, l'Afghanistan a été déchiré par la guerre civile, ce qui a conduit à la montée des talibans, un autre groupe islamique militant formé par d'anciens moudjahidines. Les talibans ont pris le contrôle de la majeure partie du pays dans les années 1990 et ont imposé une version extrêmement stricte de la loi islamique.

La guerre en Afghanistan a eu de nombreuses conséquences, notamment l'épuisement de l'économie soviétique, l'affaiblissement de la confiance des citoyens soviétiques dans leur gouvernement et le renforcement de l'islamisme radical. La guerre en Afghanistan a considérablement épuisé les ressources de l'Union soviétique, déjà affaiblie par des problèmes économiques internes. Les dépenses militaires massives associées à la guerre ont accéléré l'effondrement économique de l'URSS. De plus, la guerre impopulaire a érodé la confiance des citoyens soviétiques dans leur gouvernement, contribuant ainsi à l'affaiblissement du régime communiste. En outre, la guerre a créé un environnement propice au développement de l'islamisme radical. Les moudjahidines, soutenus par les États-Unis et d'autres pays, ont réussi à repousser l'armée soviétique. Cependant, une fois la guerre terminée, de nombreux combattants ont trouvé un nouveau but en se tournant vers le djihad mondial. Parmi eux se trouvaient Oussama ben Laden et d'autres futurs dirigeants d'Al-Qaïda, qui ont utilisé l'infrastructure, le soutien financier et les réseaux établis pendant la guerre pour mener des attaques terroristes dans le monde entier.

La situation en Afghanistan a continué à se complexifier après le retrait soviétique. Les moudjahidines ont bien formé le gouvernement de l'Afghanistan dans un premier temps, mais le pays est entré dans une phase de guerre civile en raison des divisions internes entre les différents groupes de moudjahidines. Les talibans, un groupe islamiste radical formé principalement de Pashtouns et ayant des liens étroits avec le Pakistan, ont réussi à prendre le contrôle de Kaboul en 1996 et ont instauré un régime brutal, imposant une interprétation stricte de la loi islamique. Les talibans ont offert refuge à Oussama ben Laden et à son groupe, Al-Qaïda. Après les attaques du 11 septembre 2001 perpétrées par Al-Qaïda, les États-Unis et leurs alliés ont envahi l'Afghanistan et ont rapidement renversé le régime des talibans. Cependant, ils n'ont pas réussi à stabiliser le pays et une insurrection talibane a éclaté. Les moudjahidines ont joué différents rôles dans ce contexte. Certains anciens moudjahidines ont rejoint le nouveau gouvernement soutenu par les États-Unis, tandis que d'autres ont rejoint l'insurrection talibane ou d'autres groupes militants. Il est à noter que le terme "moudjahidines" est généralement utilisé pour désigner les combattants afghans qui ont résisté à l'invasion soviétique, et ne doit pas être confondu avec les militants qui ont combattu contre l'invasion américaine ou le gouvernement afghan soutenu par les États-Unis.

La guerre du Golfe[modifier | modifier le wikicode]

L'opération "Tempête du désert" menée par les États-Unis et leurs alliés contre l'Irak a libéré le Koweït en quelques semaines, mais elle a également causé d'importants dommages civils et infrastructurels en Irak. De plus, malgré leur défaite militaire, Saddam Hussein et son régime sont restés au pouvoir en Irak, ce qui a conduit à une décennie d'isolement international et de sanctions économiques contre le pays.

Les États-Unis ont déployé une gamme impressionnante de technologies militaires avancées, notamment des avions furtifs, des missiles de croisière, des systèmes de reconnaissance par satellite et des armes à guidage de précision. Ces technologies ont permis à la coalition dirigée par les États-Unis de mener une campagne aérienne très efficace, qui a détruit une grande partie des capacités militaires de l'Irak en quelques semaines. Cependant, les bombardements intensifs ont également causé d'importants dommages à l'infrastructure civile de l'Irak, notamment les réseaux d'eau, d'électricité et de transport, ainsi que les écoles, les hôpitaux et les logements. Ces destructions ont entraîné des souffrances considérables pour la population irakienne, tant pendant la guerre que dans les années qui ont suivi, lorsque l'Irak a été soumis à un régime de sanctions économiques strictes. Malgré leur succès technologique, les forces américaines et leurs alliés n'ont pas réussi à éliminer complètement les capacités militaires de l'Irak, et Saddam Hussein a pu rester au pouvoir jusqu'à l'invasion de l'Irak par les États-Unis en 2003.

Cette guerre a également eu d'importantes conséquences politiques et sociales. Elle a renforcé l'importance stratégique du Moyen-Orient pour les États-Unis et leurs alliés, en raison de son rôle dans l'approvisionnement mondial en pétrole. En même temps, elle a exacerbé les tensions entre l'Occident et une partie du monde musulman, en raison de la présence de forces étrangères dans la région et de l'appui des États-Unis à des régimes autoritaires. La guerre a également eu un impact sur la population irakienne, qui a souffert des conséquences des bombardements et des sanctions économiques. Les conditions de vie en Irak se sont dégradées, avec une augmentation de la pauvreté, de la malnutrition et des maladies.

Suite à la guerre du Golfe de 1991, le Conseil de sécurité des Nations unies a imposé des sanctions économiques sévères contre l'Irak dans le cadre de la Résolution 661. Cet embargo a couvert une large gamme de biens, y compris les fournitures médicales et de nombreux aliments de base, ce qui a eu un impact désastreux sur la population civile irakienne. Les rapports d'organisations internationales et d'ONG au cours de la décennie qui a suivi l'instauration de l'embargo ont souligné les effets dévastateurs de ces sanctions. Elles ont entraîné une pénurie aiguë de nourriture, d'eau potable et de médicaments, contribuant à des taux élevés de malnutrition, de maladies et de mortalité, en particulier chez les enfants. En réponse à la crise humanitaire, les Nations unies ont mis en place le programme "Pétrole contre nourriture" en 1995, qui permettait à l'Irak de vendre du pétrole sur les marchés mondiaux en échange de nourriture, de médicaments et d'autres biens humanitaires. Cependant, même ce programme a été critiqué pour son insuffisance et sa mauvaise gestion. Les sanctions contre l'Irak n'ont été levées qu'en 2003, après l'invasion de l'Irak par une coalition dirigée par les États-Unis et le renversement de Saddam Hussein. La période des sanctions a laissé un héritage de pauvreté, de maladies et de désespoir qui a affecté la société irakienne pendant de nombreuses années par la suite.

La guerre du Golfe en 1991 et la présence militaire américaine en Arabie saoudite ont contribué à l'essor du sentiment anti-américain et du terrorisme islamiste. Cela a alimenté l'idéologie d'organisations comme Al-Qaïda. Oussama ben Laden, le fondateur d'Al-Qaïda, était particulièrement en colère contre l'Arabie saoudite pour avoir autorisé les forces américaines à être stationnées sur le sol saoudien - la terre où se trouvent les deux villes les plus saintes de l'islam, La Mecque et Médine. Selon lui, cela constituait une occupation infidèle du sol islamique sacré, et une trahison par les dirigeants saoudiens. Ces facteurs, associés à d'autres griefs, ont alimenté le militantisme islamiste et ont contribué à la radicalisation de certains individus, conduisant finalement aux attaques du 11 septembre 2001 et à d'autres actes de terrorisme dans les années qui ont suivi. De plus, les répercussions de la guerre du Golfe et l'instabilité régionale qui en a résulté ont créé des conditions propices à la montée et à la propagation de l'extrémisme violent dans la région.

L'émergence de la menace Al-Qaïda[modifier | modifier le wikicode]

L'attentat du World Trade Center en 1993 est l'un des premiers exemples majeurs de terrorisme islamiste sur le sol américain. Cette attaque à la bombe, perpétrée par un groupe de terroristes radicaux, a été réalisée avec un camion piégé placé dans le parking souterrain du World Trade Center à New York. Le bilan fut lourd, avec six personnes tuées et plus d'un millier blessées. Cet acte précurseur signalait l'évolution de la menace terroriste à venir. Plus tard, en 1998, nous avons assisté à des attaques coordonnées perpétrées par Al-Qaïda contre les ambassades américaines de Nairobi, au Kenya, et de Dar es Salaam, en Tanzanie. Le bilan de ces attentats fut encore plus tragique, avec plus de 200 personnes tuées et des milliers d'autres blessées. Ces attaques ont contribué à sensibiliser le monde à la menace croissante que représentait Al-Qaïda. En 2002, le monde a été une fois de plus secoué par les attentats de Bali. Réalisés par le groupe Jemaah Islamiyah, affilié à Al-Qaïda, ces attentats à la bombe dans des lieux touristiques ont causé la mort de 202 personnes, dont 88 Australiens, et blessé plus de 200 autres personnes. C'était l'attaque terroriste la plus meurtrière de l'histoire de l'Indonésie. Ces actes de violence ont marqué une escalade dans l'audace et la portée des attaques terroristes internationales. Chacun de ces événements, culminant finalement avec les attentats du 11 septembre 2001, a eu un impact profond sur la perception mondiale de la menace terroriste. Ils ont conduit à des changements majeurs dans les politiques de sécurité nationale et internationale, en réponse à une menace grandissante et de plus en plus complexe.

La question de la loyauté des pays musulmans envers les États-Unis est indéniablement complexe, notamment en raison de la diversité des relations diplomatiques et des contextes historiques. Le Pakistan, par exemple, illustre cette complexité. Le pays est considéré comme un allié important des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Cependant, il a été accusé à plusieurs reprises de soutenir des groupes terroristes, soulignant une ambivalence qui se fonde sur des intérêts économiques, géopolitiques, et des alliances stratégiques. La perception des États-Unis par les pays musulmans est également façonnée par l'histoire récente des interventions militaires américaines dans la région. Les opérations en Irak et en Afghanistan, par exemple, ont suscité des sentiments de méfiance et d'hostilité envers les États-Unis. L'impression qui se dégage souvent est celle d'une superpuissance étrangère imposant sa volonté à la région. Cela a contribué à l'émergence de mouvements radicaux qui rejettent l'influence occidentale et ses valeurs.

L'Arabie Saoudite est un allié stratégique majeur des États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette alliance s'est construite principalement autour de la sécurité et de l'énergie. D'un côté, les États-Unis ont apporté leur soutien à l'Arabie Saoudite pour protéger le royaume des menaces extérieures, un engagement qui a été mis en évidence lors de la guerre du Golfe en 1991. De l'autre, l'Arabie Saoudite, grâce à ses réserves pétrolières colossales, a été une source essentielle d'approvisionnement en pétrole pour les États-Unis, ce qui a renforcé son rôle en tant qu'acteur majeur de l'économie mondiale. Cependant, cette alliance a aussi ses zones d'ombre. Le système politique saoudien, profondément conservateur, est souvent critiqué pour son manque de respect des droits de l'homme. En outre, l'Arabie Saoudite est le berceau de l'Islam wahhabite, une interprétation rigoureuse et puritaine de l'Islam. Bien que le gouvernement saoudien se soit engagé dans la lutte contre le terrorisme, cette forme d'Islam est souvent citée comme source d'inspiration pour de nombreux mouvements islamistes radicaux. Ce paradoxe fait de l'Arabie Saoudite un allié complexe pour les États-Unis.

Oussama Ben Laden est devenu l'un des visages les plus reconnus du terrorisme mondial, principalement en raison de son rôle dans l'orchestration des attentats du 11 septembre 2001. Né dans une famille saoudienne fortunée, il a émergé sur la scène internationale dans les années 1980, lorsqu'il a rejoint le djihad contre l'invasion soviétique de l'Afghanistan. Il a apporté un soutien financier et logistique significatif aux moudjahidines afghans, consolidant ainsi sa position de leader au sein des groupes djihadistes. De retour en Arabie saoudite après la guerre, Ben Laden a exprimé sa désapprobation de plus en plus ouvertement envers le gouvernement saoudien, qu'il jugeait corrompu et excessivement aligné sur les intérêts des États-Unis. Après son expulsion d'Arabie saoudite en 1991, il s'est installé au Soudan où il a formé Al-Qaïda, une organisation qui vise à lutter contre l'influence des États-Unis et de leurs alliés dans le monde musulman. Sous la direction de Ben Laden, Al-Qaïda a orchestré une série d'attaques meurtrières, dont les attentats contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya en 1998 et l'attaque contre l'USS Cole en 2000. Cependant, c'est l'attaque du 11 septembre 2001 qui a propulsé Al-Qaïda sur la scène mondiale, entraînant une riposte militaire américaine en Afghanistan et un durcissement de la politique antiterroriste à travers le monde.

La guerre globale contre le terrorisme[modifier | modifier le wikicode]

La vision d'Al-Qaïda va bien au-delà des frontières nationales ou régionales. Le groupe a des ambitions qui embrassent le monde entier, et vise à renverser ce qu'il perçoit comme des régimes corrompus et soutenus par les États-Unis, avec l'intention ultime d'établir un califat mondial sous la charia, la loi islamique. Cette idéologie est ancrée dans une interprétation radicale de l'islam qui légitime le recours à la violence en tant que moyen de réaliser ces objectifs. Dans la vision du monde d'Al-Qaïda, les attentats terroristes sont considérés non seulement comme un moyen légitime, mais également comme un impératif religieux dans le combat contre ce qu'ils appellent les « croisés » occidentaux et leurs alliés. Cette idéologie a été la force motrice derrière une série d'attaques terroristes perpétrées par le groupe et ses affiliés au cours des deux dernières décennies.

Après les attaques dévastatrices du 11 septembre 2001, la lutte contre le terrorisme est devenue une préoccupation centrale pour la communauté internationale. Les États-Unis ont riposté par ce qu'ils ont appelé la "guerre contre le terrorisme", qui a entraîné des interventions militaires en Afghanistan et en Irak. Dans le même temps, de nombreux pays ont durci leur législation en matière de terrorisme et ont renforcé leur coopération en matière de renseignement afin de mieux identifier et contrecarrer les menaces terroristes. Malheureusement, les attaques terroristes n'ont pas diminué, mais se sont propagées à différentes régions du monde, tandis que de nouvelles organisations terroristes ont vu le jour. Parmi les plus notables figure l'État islamique (EI), qui a émergé en Syrie et en Irak, capturant de larges zones de ces pays et mettant en œuvre une version extrêmement brutale de la loi islamique.

La mort d'Oussama Ben Laden en 2011 a porté un coup sévère à Al-Qaida et a affaibli son influence mondiale. Toutefois, l'organisation terroriste a évolué depuis sa création et a donné naissance à de nouvelles branches et factions dans différents pays, notamment Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) et Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Concernant les révolutions arabes, le message d'Al-Qaida n'a pas résonné auprès de la majorité des mouvements populaires qui ont renversé plusieurs régimes autoritaires dans la région. Les manifestants réclamaient en premier lieu davantage de démocratie, de liberté et de justice sociale, plutôt que l'instauration d'un État islamique radical. Cela ne signifie pas que le terrorisme a disparu de la région ; des groupes extrémistes continuent de perpétrer des attaques violentes dans certains pays.

Malgré les coups portés ces dernières années, le réseau Al-Qaida demeure actif. Il s'est fragmenté en plusieurs branches distinctes, dont Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), et Al-Qaida dans le sous-continent indien (AQSI). Ces entités possèdent leurs propres objectifs et zones d'action, mais elles partagent une idéologie commune et recourent aux mêmes méthodes terroristes. Par ailleurs, d'autres groupes terroristes islamistes ont vu le jour ces dernières années. On peut citer notamment l'Etat islamique (EI), qui a supplanté Al-Qaida en tant que principal groupe terroriste mondial, et Boko Haram en Afrique de l'Ouest. Le Mali figure parmi les pays touchés par la présence d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et de groupes affiliés. En 2012, ces derniers ont pris le contrôle de certaines régions du nord du pays. Bien que les forces françaises et africaines soient parvenues à repousser ces groupes, certains restent actifs dans la région et poursuivent leurs attaques contre les forces de sécurité et les civils.

Bien que l'attention des médias et de la politique ait légèrement pivoté vers d'autres problématiques au cours des dernières années, le terrorisme demeure une préoccupation majeure en matière de relations internationales. Les groupes terroristes tels que l'État islamique et Al-Qaïda poursuivent leurs attaques dans divers pays, provoquant des victimes innocentes et générant des tensions entre nations. En outre, la menace terroriste continue d'évoluer. De nouvelles formes de terrorisme, telles que le cyberterrorisme ou l'éco-terrorisme, font leur apparition. Par conséquent, la lutte contre le terrorisme reste une priorité de premier ordre pour les États et les organisations internationales.

Le monde arabe en mouvement: du Printemps Arabe aux conséquences contemporaines[modifier | modifier le wikicode]

Les conséquences géopolitiques du Printemps arabe[modifier | modifier le wikicode]

Le Printemps arabe a joué un rôle significatif dans la refonte des relations internationales, remettant en cause une partie de la politique adoptée par les grandes puissances au Moyen-Orient. Ces révolutions ont révélé les aspirations démocratiques des populations locales et leur refus des régimes autoritaires, souvent soutenus par des puissances étrangères. Dans plusieurs pays de la région, comme la Tunisie, l'Égypte et la Libye, les événements ont entraîné des transformations majeures. De plus, ces bouleversements ont fait ressortir les différences entre les puissances régionales et internationales quant à leur approche des événements. Les dissensions ont porté sur le fait de soutenir les mouvements de protestation ou de maintenir en place les régimes existants. Les tensions entre les grandes puissances ont été particulièrement palpables lors du Printemps arabe, en particulier en Syrie. Cet exemple démontre à quel point les révolutions arabes ont eu des répercussions non seulement sur la politique régionale, mais également sur la géopolitique mondiale.

Le régime de Bachar al-Assad en Syrie a été confronté à une insurrection populaire qui a été brutalement réprimée. Cela a entraîné des réponses internationales variées. La Russie et la Chine ont opposé leur veto à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui condamnaient la répression en Syrie et appelaient à une transition politique pacifique. En revanche, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont apporté un soutien limité aux groupes d'opposition syriens, tout en appelant au départ d'Assad. Le Printemps arabe a également exacerbé les divisions entre les États-Unis et l'Iran, particulièrement en ce qui concerne les situations en Syrie et au Yémen. Les deux nations ont soutenu des camps opposés dans ces conflits, ce qui a contribué à alimenter les tensions régionales. Par ailleurs, les différends entre les États-Unis et leurs alliés traditionnels au Moyen-Orient, comme l'Arabie saoudite et Israël, ont été mis en évidence durant cette période. Les États-Unis ont tenté de maintenir une position équilibrée entre les différents acteurs régionaux, une posture qui a été source de frustration pour certains de leurs alliés traditionnels. Ces derniers auraient souhaité que les États-Unis adoptent une position plus tranchée contre leurs adversaires régionaux.

Le Printemps arabe a représenté une période de changements majeurs et de remises en question pour la région du Moyen-Orient. Des mouvements populaires et des soulèvements dans divers pays arabes ont contesté l'ordre établi et exigé davantage de liberté, de démocratie et de justice sociale. Face à ces bouleversements, les grandes puissances ont dû naviguer dans un nouveau paysage politique et social. Les régimes autoritaires, souvent soutenus par l'Occident, se sont retrouvés affaiblis voire renversés, laissant la place à de nouveaux acteurs politiques. Les conséquences de ces soulèvements ont été complexes et ont parfois débouché sur des situations chaotiques. Certaines transitions démocratiques ont rencontré des obstacles, tandis que d'autres ont déclenché des guerres civiles ou conduit à des retours en arrière vers des régimes autoritaires. Le rôle des groupes islamistes dans ces mouvements de protestation a été une question clé. Certains partis islamistes, comme en Tunisie, ont réussi à prendre pacifiquement le pouvoir, tandis que d'autres ont été accusés de vouloir coopter la révolution à leur avantage ou même de la trahir. Le Printemps arabe a donc marqué une rupture significative avec l'ordre politique et géopolitique précédent dans la région. Il a également soulevé de nouvelles questions et défis pour les acteurs internationaux.

Les enjeux du Printemps arabe[modifier | modifier le wikicode]

Le Printemps arabe a été un mouvement de protestation populaire qui a réclamé des réformes politiques, économiques et sociales dans divers pays du monde arabe. Les soulèvements, qui ont débuté en 2010 et 2011, ont mis en lumière le désir de nombreux citoyens arabes de vivre dans des sociétés plus démocratiques, où les droits et libertés fondamentaux seraient respectés et où la participation à la vie politique et économique serait plus large et équitable. Cependant, les résultats de ces mouvements ont été diversifiés, variant grandement d'un pays à l'autre. Certains pays ont connu des transitions démocratiques plus ou moins réussies, où d'autres ont sombré dans le chaos et la guerre civile. Le Printemps arabe a donc donné lieu à des réalités contrastées, entre espoir de démocratisation et instabilité politique et sociale.

Les Printemps arabes ont introduit de nouveaux éléments de complexité dans la compréhension des relations internationales et des dynamiques politiques du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Les soulèvements populaires qui ont marqué ces mouvements ont été caractérisés par leur spontanéité et l'absence de leadership formel, ce qui a défié les schémas traditionnels de la politique internationale, basés sur des interactions entre entités étatiques ou non étatiques structurées. De plus, les Printemps arabes ont illustré de manière très claire la demande des populations pour une participation plus inclusive et démocratique à la vie politique, ainsi que la nécessité de réformes socio-économiques profondes. Les revendications ne se limitaient pas à un changement de régime, mais englobaient également des demandes plus vastes liées à l'emploi, la corruption, la justice sociale et l'égalité des chances. Cela a donc constitué un défi pour les grandes puissances, car ces mouvements ont montré que les catégories traditionnelles de compréhension des relations internationales sont insuffisantes pour comprendre et répondre aux dynamiques complexes et en évolution rapide de la région. Les Printemps arabes ont ainsi souligné la nécessité de repenser et d'adapter les approches traditionnelles de la diplomatie et des relations internationales pour répondre aux nouvelles réalités de la politique globale.

L'influence de la géopolitique de Guerre froide[modifier | modifier le wikicode]

Bien que la Guerre Froide soit officiellement terminée, ses échos continuent de résonner dans la politique internationale actuelle. Les tensions entre les États-Unis et la Russie, par exemple, restent marquées, que ce soit à travers des conflits géopolitiques régionaux comme en Ukraine, en Syrie ou ailleurs, ou dans le domaine de la cybersécurité et de l'interférence dans les processus démocratiques. La montée de la Chine en tant que puissance globale a également introduit un nouveau dynamisme dans les relations internationales, avec un défi direct à l'hégémonie américaine. La Chine est désormais une force incontournable sur la scène internationale, ce qui génère des tensions, comme dans la Mer de Chine méridionale, et conduit à une reconfiguration des alliances et des équilibres de pouvoir. Par ailleurs, la montée de mouvements populistes et nationalistes dans de nombreux pays occidentaux a également introduit de nouvelles dynamiques. Ces mouvements peuvent remettre en question les institutions et les alliances existantes, et peuvent parfois s'aligner avec les intérêts de certaines des anciennes puissances de la Guerre Froide. Ainsi, bien que le monde ait beaucoup changé depuis la fin de la Guerre Froide, certaines des lignes de fracture et des tensions de cette époque persistent, même si elles sont modifiées et réinterprétées à la lumière des nouveaux défis et dynamiques du 21ème siècle.

La situation au Moyen-Orient est marquée par plusieurs conflits et tensions interconnectés, impliquant une multitude d'acteurs à la fois régionaux et internationaux. L'Iran a émergé comme une puissance régionale clé. Téhéran a étendu son influence en soutenant des acteurs non étatiques tels que le Hezbollah au Liban, les Houthis au Yémen et plusieurs milices chiites en Irak. L'Iran a également soutenu le régime de Bashar al-Assad en Syrie tout au long de la guerre civile, fournissant une aide militaire et économique cruciale. La guerre en Syrie est un autre facteur majeur de la complexité régionale. Ce qui a commencé comme un soulèvement populaire contre le régime de Assad est rapidement devenu une guerre civile prolongée et dévastatrice impliquant de nombreux acteurs. Les pays de la région, comme la Turquie, l'Iran, l'Arabie Saoudite, le Qatar et Israël, ont tous joué un rôle dans le conflit, tout comme les acteurs internationaux tels que les États-Unis, la Russie et l'Union Européenne. L'émergence de l'État islamique (EI) en Irak et en Syrie a également eu un impact significatif, non seulement en raison de ses activités brutales et de ses attaques terroristes, mais aussi en raison de la réponse internationale à sa montée. La campagne militaire pour vaincre l'EI a impliqué une coalition internationale et a eu des implications importantes pour la région. Enfin, il ne faut pas oublier le conflit israélo-palestinien, qui reste un problème central malgré sa longévité, et continue d'affecter les relations entre les pays de la région.

Le régime de Bachar al-Assad a été capable de survivre face à la rébellion et aux pressions internationales en grande partie grâce au soutien de puissances étrangères, en particulier la Russie, l'Iran et dans une moindre mesure, la Chine. La Russie a été le soutien le plus direct et le plus important pour le régime syrien. Dès 2015, la Russie a commencé une intervention militaire en Syrie, soutenant les forces gouvernementales avec des frappes aériennes, des troupes et de l'équipement. Le soutien de la Russie a été crucial pour renverser le cours de la guerre en faveur du régime d'Assad. L'Iran a également joué un rôle significatif en soutenant le régime d'Assad. Téhéran a fourni une aide financière, des conseillers militaires et des forces combattantes, notamment à travers le biais de milices alliées telles que le Hezbollah libanais. L'Iran considère la Syrie comme un allié crucial pour maintenir sa sphère d'influence au Moyen-Orient. La Chine, pour sa part, a été moins directement impliquée sur le terrain en Syrie, mais a néanmoins joué un rôle important en soutenant le régime d'Assad sur la scène internationale. Au Conseil de sécurité de l'ONU, la Chine a plusieurs fois utilisé son droit de veto pour bloquer des résolutions qui auraient autrement imposé des sanctions à la Syrie ou ouvert la voie à une intervention militaire internationale. Ces trois pays ont joué un rôle crucial en permettant à Assad de maintenir son emprise sur le pouvoir en Syrie, malgré la guerre civile et les condamnations internationales.

La Ligue arabe[modifier | modifier le wikicode]

La Ligue arabe a pris des mesures notables contre le régime de Bashar al-Assad en réponse à sa violente répression de la révolte en Syrie. En novembre 2011, la Ligue a suspendu la Syrie, une décision qui a été perçue à l'époque comme un signal fort étant donné que la Ligue a traditionnellement évité de s'ingérer dans les affaires intérieures de ses États membres. La Ligue arabe a pris des mesures sans précédent en réponse à la crise syrienne, reflétant l'ampleur de la violence et les profondes préoccupations régionales concernant la stabilité du Moyen-Orient. Cependant, ces efforts n'ont pas réussi à mettre fin à la violence ou à atteindre une solution politique durable en Syrie. Cela reflète à la fois la complexité du conflit syrien et les limites de la Ligue arabe en tant qu'organisation régionale.

La guerre en Syrie est un conflit complexe qui implique de nombreux acteurs internes et externes avec des intérêts divergents. Les divisions internes de la Ligue arabe, en particulier entre les pays du Golfe et les pays comme l'Algérie et l'Irak, ont rendu difficile la mise en œuvre d'une position unifiée et efficace. De plus, la Ligue arabe a également dû faire face à l'opposition de puissances extérieures comme la Russie et l'Iran, qui ont apporté un soutien significatif au régime d'Assad. L'influence de la Ligue arabe est également limitée par ses propres contraintes institutionnelles. Bien que l'organisation ait été capable de prendre des mesures comme la suspension de la Syrie, elle a peu de moyens pour faire appliquer ses décisions ou pour intervenir efficacement dans les conflits. De plus, la Ligue a généralement évité de s'ingérer dans les affaires internes de ses États membres, ce qui limite sa capacité à répondre à des crises comme celle en Syrie.

Le rôle de la Turquie[modifier | modifier le wikicode]

La Turquie a joué un rôle de plus en plus actif dans les affaires régionales au cours des dernières années. Cela a été en partie dû à la politique étrangère assertive de son président, Recep Tayyip Erdogan, qui a cherché à augmenter l'influence de la Turquie dans le Moyen-Orient et au-delà. L'un des aspects les plus controversés de cette politique a été l'intervention de la Turquie dans le conflit syrien.

L'intervention de la Turquie en Syrie a été très controversée. Ankara a joué un rôle important dans le soutien à divers groupes rebelles opposés au régime d'Assad, tout en cherchant également à contenir l'expansion des forces kurdes dans le nord de la Syrie. Ces dernières, liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une insurrection sur le sol turc, sont considérées par Ankara comme une menace terroriste. En particulier, les opérations militaires turques à Afrin et dans le nord-est de la Syrie ont soulevé de nombreuses inquiétudes sur le plan humanitaire et géopolitique. Du point de vue de la Turquie, ces opérations visent à créer une "zone de sécurité" le long de sa frontière et à contrer ce qu'elle perçoit comme une menace terroriste. Toutefois, ces interventions ont été critiquées par de nombreux acteurs internationaux, notamment par la Russie et l'Iran, qui soutiennent le régime d'Assad, mais aussi par des pays occidentaux qui soutiennent les forces kurdes dans leur lutte contre l'État islamique. Ces opérations ont également soulevé des questions sur le respect des droits de l'homme et du droit international humanitaire, en particulier en ce qui concerne le déplacement de populations civiles et la gestion des prisonniers de l'État islamique. Dans ce contexte complexe et chargé, la Turquie continue de chercher à naviguer entre ses intérêts de sécurité nationale, ses relations internationales et sa position dans le conflit syrien.

La Libye est devenue un autre théâtre d'affrontements géopolitiques avec une série d'acteurs internationaux et régionaux qui soutiennent différentes factions dans le conflit. La Turquie, en particulier, a joué un rôle actif en soutenant le Gouvernement d'Accord National (GAN) reconnu par l'ONU et basé à Tripoli. Le soutien militaire turc, qui comprenait des drones, des conseillers militaires et des mercenaires syriens, a été essentiel pour aider le GAN à repousser une offensive majeure lancée par le maréchal Khalifa Haftar, soutenu par l'Égypte, les Émirats arabes unis, la Russie et d'autres. Le soutien de la Turquie au GAN s'inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer son influence en Méditerranée orientale et à sécuriser des droits sur d'importantes ressources en gaz naturel dans cette région. Cela a également créé des tensions avec d'autres acteurs régionaux et a contribué à la complexité du conflit libyen.

La Turquie a cherché à développer ses relations avec de nombreux pays et régions du monde dans le cadre de sa politique étrangère. Elle a particulièrement renforcé ses relations avec l'Afrique, que ce soit sur le plan économique, diplomatique ou culturel. La Turquie a également cherché à jouer un rôle plus actif en Asie, y compris en Asie centrale où elle partage des liens culturels et linguistiques. Cela étant dit, la politique étrangère de la Turquie a également été confrontée à de nombreux défis. Elle a parfois été critiquée pour son approche assertive et unilatérale sur certaines questions, ce qui a créé des tensions avec d'autres pays. De plus, ses interventions militaires en Syrie et en Libye, ainsi que sa politique envers les Kurdes, ont suscité des controverses. La situation politique interne en Turquie a également une incidence sur sa politique étrangère. Par exemple, les tensions politiques internes, la répression de la dissidence et les préoccupations concernant les droits de l'homme ont affecté les relations de la Turquie avec l'Union européenne et d'autres partenaires. Ainsi, bien que la Turquie aspire à jouer un rôle plus important sur la scène internationale, elle est également confrontée à des défis considérables. La façon dont elle abordera ces défis et les évolutions futures dans la région et dans le monde en général auront un impact significatif sur la direction de sa politique étrangère.

L'influence des États-Unis[modifier | modifier le wikicode]

L'influence des États-Unis au Moyen-Orient a évolué au fil du temps. Les guerres en Afghanistan et en Irak ont marqué un tournant important, avec un coût élevé en termes de vies humaines, de dépenses financières et de capital politique. Elles ont également soulevé des questions sur l'efficacité de l'intervention militaire directe en tant que stratégie de politique étrangère.

L'administration Obama a cherché à réaliser ce qu'elle a appelé un "pivot vers l'Asie", reconnaissant l'importance croissante de l'Asie-Pacifique sur la scène internationale. Ce pivot était censé se refléter par une augmentation des ressources diplomatiques, économiques et militaires consacrées à la région. L'objectif était d'équilibrer l'influence croissante de la Chine et d'assurer la sécurité et la prospérité des États-Unis dans le contexte de l'interdépendance économique mondiale croissante. Cependant, les crises au Moyen-Orient ont continué à attirer l'attention et les ressources des États-Unis. Le conflit syrien, la montée de l'État islamique, et les tensions avec l'Iran ont tous nécessité une attention significative. Ces crises ont montré à quel point il peut être difficile pour un pays, même une superpuissance comme les États-Unis, de réorienter complètement sa politique étrangère. En conséquence, bien que l'administration Obama ait fait des efforts pour réorienter les ressources américaines vers l'Asie-Pacifique, la réalité des défis de sécurité au Moyen-Orient a freiné ces efforts. Le "pivot vers l'Asie" a eu lieu, mais peut-être pas aussi complètement ou aussi rapidement que prévu initialement.

Sous l'administration Trump, les États-Unis ont continué à réévaluer leur rôle au Moyen-Orient. Un des objectifs déclarés de l'administration était de réduire la présence militaire américaine dans la région, ce qui a été reflété par des retraits de troupes en Afghanistan et en Irak. Cependant, ces décisions ont suscité des critiques. Certains analystes ont averti que le retrait pourrait créer un vide de pouvoir susceptible d'être exploité par des groupes terroristes. Ils ont également exprimé des préoccupations sur le fait que ces retraits étaient précipités et manquaient d'une stratégie claire pour maintenir la stabilité après le départ des troupes américaines. En ce qui concerne les accords de normalisation, connus sous le nom d'Accords d'Abraham, ils ont marqué une étape importante dans l'évolution des relations entre Israël et plusieurs pays arabes, notamment les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Cependant, ces accords ont également été critiqués pour avoir contourné la question palestinienne, une source majeure de conflit dans la région. En fin de compte, le défi pour les États-Unis - et pour toute puissance impliquée dans la région - est de naviguer dans un environnement complexe avec de nombreux acteurs aux intérêts divergents. Cela nécessite une diplomatie nuancée et une compréhension approfondie des dynamiques régionales.

Malgré les changements de politique et les tentatives de retrait, les États-Unis restent un acteur clé au Moyen-Orient. Le pays maintient des alliances stratégiques fortes dans la région, notamment avec Israël, l'Arabie Saoudite et l'Égypte, et continue d'exercer une influence importante sur un certain nombre de questions régionales. Cela dit, les États-Unis sont confrontés à un paysage régional en évolution. La montée en puissance de l'Iran, le conflit prolongé en Syrie, les tensions internes dans des pays comme l'Irak et le Liban, la question palestinienne, et l'émergence de puissances extérieures comme la Russie et la Chine, sont autant de facteurs qui compliquent le rôle des États-Unis dans la région. En outre, il est important de souligner que la politique intérieure aux États-Unis a également un impact sur leur politique étrangère. Les questions de la dépense militaire, de l'engagement dans des conflits étrangers, et du rôle des États-Unis sur la scène mondiale sont des sujets de débat politique aux États-Unis.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Page personnelle de Ludovic Tournès sur le site de l'Université de Genève
  2. Publications de Ludovic Tournès | Cairn.info
  3. CV de Ludovic Tournès sur le site de l'Université de la Sorbonne
  4. Il s'agit d'un terme politique, prononcé en 1999 par le ministre des Affaires étrangères français Hubert Védrine au sujet des États-Unis de la fin du xxe siècle