Origines et débuts d’Amnesty International

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Origines et débuts d’Amnesty International
Faculté Faculté des Lettres
Département Département d’histoire générale
Professeur(s) Matthias Schulz
Cours Sociétés et acteurs non-gouvernementaux en relations internationales

Lectures


À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il y a eu une situation humanitaire assez catastrophique en Europe ainsi que dans certaines parties d’Asie. Cependant, pour maintenir l’équilibre entre les différents courants de l’internationalisme et des ONG, il importe de changer. Avec les origines de Amnesty International, c’est un petit saut dans les années 1960.

L’affaire Dreyfus et le problème des droits de l’homme[modifier | modifier le wikicode]

Le procès d’Alfred Dreyfus au Conseil de guerre de Rennes.

Autour de l’Affaire Dreyfus nait l’idée d’un activisme autour des droits de l’homme. C’est en 1894 qu’une affaire d’espionnage a éclaté entre la France et l’Allemagne puisqu’on avait trouvé dans les corbeilles de déchet de l’ambassade allemande à Paris des traces de documents français. Cela de manière répétée. Une fois que le gouvernement français avait appris qu’il y a des documents confidentiels qui se trouvent dans la poubelle de l’ambassade allemande, il y a eu des recherches pour tracer l’origine de cette source et pour savoir pourquoi l’ambassade allemande disposait des documents secrets du gouvernement français.

On a considéré après quelques investigations que c’était le colonel Alfred Dreyfus, colonel de l’armée française d’origine juive qui était derrière ce passage des informations secrètes. Il a été accusé et condamné par un tribunal militaire et il semble que le jugement a été très fortement motivé par un sentiment antisémite très fort en France. Dreyfus condamné à perpétuité et transporté sur l’île du diable. Une partie de l’opinion publique a fortement contesté cette condamnation.

Un titre conçu pour frapper au premier coup d’œil.

En 1898, Émile Zola, le grand romancier français avait rouvert le dossier Dreyfus dans un essaie intitulé ’’J’accuse… !’’ et publié dans le journal L'Aurore du 13 janvier 1898.[1] Dans cet article, Émile Zola avec sa réputation de romancier, grande figure de la culture française et de la civilisation littéraire française, a accusé les autorités militaires d’avoir orienté le procès et d’avoir produit des documents pour pouvoir arriver à une condamnation d’Alfred Dreyfus bien qu’il semble avoir eu de forts doutes quant à sa culpabilité.

Cette réouverture de l’affaire a mobilisé de nouvelles recherches et notamment des recherches investigations de journalistes et finalement à mobiliser aussi le gouvernement. Après quelques années, on a pu identifier des documents qui avaient été falsifiés durant le procès. Lorsqu’on étai en train de trouver la personne qui avait falsifié, cette personne s’est suicidée. Il y a eu réouverture du procès, la peine a d’abord réduit, mais les doutes persistaient et finalement Dreyfus a été déclaré innocent dans l’affaire. Le coupable était un comte naturalisé français depuis des générations, mais de famille d’origine autrichienne. Le compte Esterhazy, un joueur qui avait de grandes dettes contractées lors de jeux et qui pour compenser ses problèmes financiers avait livré des informations à l’ambassade allemande.

On peut ajouter que dû à la mobilisation notamment d’Émile Zola, la société civile française a été très active et activement suivi les deux procès contre Dreyfus. La Ligue française pour les droits de l’homme, qui se veut un lieu de recours contre les injustices ou l’arbitraire, défenseur de l’état de droit, a vu le jour à cause de l’affaire Dreyfus. Une partie de la société civile s’est mobilisée pour faire en sorte que chaque individu fasse l’objet d’une procédure juridique juste et qu’il ne sera pas condamné seulement à cause de son appartenance à un certain groupe religieux ou à cause de sa foi.

Dreyfus a en fin de compte été libéré et réhabilité bien que les termes de sa réhabilitation n’étaient pas tout à fait satisfaisants, il avait perdu des années de sa vie, la retraite n’était pas la retraite complète d’un officier de l’armée française. Mais l’héritage de cette affaire est très important. Il y avait une ligne française pour les droits de l’homme qui faisait donc sienne la lutte pour les droits de l’homme en France. Il y a eu aussi des mouvements parallèles dans les États voisins d’abord comme la Belgique, mais aussi le Suisse et l’Allemagne, où l’on a vu la naissance des ligues pour les droits de l’homme et une fédération internationale des ligues pour les droits de l’homme a vu le jour dans l’entre-deux-guerres.

Cependant, à l’époque, c’était l’époque de la souveraineté étatique absolue où aucun État ne tolérait l’ingérence d’un autre dans ses affaires intérieures. Par conséquent, les ligues pour les droits de l’homme étaient clairement concentré sur les affaires intérieures d’un État. C’est-à-dire sur les droits de citoyens à l’intérieur d’un État et non pas la défense des droits humains sur le plan international.

Cet héritage est cependant important comme arrière-plan de l’entre-deux-guerres qui connait la multiplication des dictatures. Des dictatures même totalitaires qui niaient de manière systématique à un certain groupe les droits de l’homme et surtout à l’opposition politique.

L’après-guerre, ONG et droits de l’homme[modifier | modifier le wikicode]

Vers un nouveau paradigme ? Du droit des minorités aux droits de l’homme[modifier | modifier le wikicode]

Dans l’entre-deux-guerres, s’il y avait une protection pour les droits de l’homme sur le plan international dans l’entre-deux-guerres, on peut considérer la protection des minorités.

Dans les enceintes de la Société des Nations, les États avaient créé un système de protection pour les minorités nationales en Europe de l’Est surtout conjointement avec la création des nouvelles frontières en Europe de l’Est. Les nouvelles frontières créaient de nouvelles situations pour un nombre très important des minorités nationales ou des groupes nationaux qui se trouvaient, dus aux nouvelles frontières, en minorité face à une majorité nationale. Ce système de protection des droits de l’homme était donc créé sur le plan international dans l’entre-deux-guerres. Cependant, son objectif primaire n’était pas d’assurer les droits de l’homme, mais plutôt d’assurer la stabilité des frontières créées en 1919 et 1920. Donc, il y a eu une politique sécuritaire qui obligeait les États occidentaux, les États victorieux de penser en termes d’une stabilisation en Europe de l’Est et pour stabiliser les sociétés en Europe de l’Est, il voulait que les gouvernements protègent les droits des minorités sinon les minorités commençaient à exiger l’indépendance ou l’appartenance à un autre État comme les minorités nationales allemandes ou les minorités nationales hongroises avec trois millions de Hongrois vivant en dehors de la Hongrie par exemple ou entre dix et douze millions d’Allemands. Donc, on craignait que ces minorités pouvaient déstabiliser l’ordre international.

Donc, c’est la seule exception de la règle qui régissait dans l’entre-deux-guerres, à savoir la règle que la souveraineté étatique primait et empêchait l’ingérence dans les affaires d’un autre État en matière des droits de l’homme. Bien entendu, les États de l’Europe de l’Est qui lors de la signature des traités de paix et lors de l’accord des frontières étaient obligés d’accepter l’établissement de ce système de protection des minorités, n’étaient pas tous très content de ce système de protection de minorités parce que ce système indiquait qu’ils étaient les seules à être soumis à une certaine surveillance sur le plan international en manière des droits de l’homme ou plutôt droit des minorités. Donc, il y avait une inégalité. Les vainqueurs évidemment ne se soumettaient pas à un tel système.

L’après-guerre[modifier | modifier le wikicode]

À la fin de la Deuxième guerre mondiale, les décisions politiques étaient déterminées en partie par le système des protections des minorités nationales en Europe de l’Est n’a pas fonctionné. Ce système n’a pas suffi pour stabiliser l’ordre international dans l’entre-deux-guerres.

Il faut souligner notamment que Hitler avait manipulé avec un certain succès les Allemands vivant en dehors de frontière allemande notamment en Tchécoslovaquie et en Pologne pour revendiquer leur adhésion à l’empire allemand. Sous ce prétexte finalement, Hitler annexé les sudètes suites à des pressions qu’on peut qualifier comme violente sur le gouvernement tchécoslovaque et un accord conclut avec la Grande-Bretagne, la France et l’Italie. Il a attaqué la Pologne Gdańsk et ailleurs aussi sous prétexte qu’il fallait libérer les Allemands. Bien entendu, il avait annexé pas seulement les parties où il y avait de la population en Pologne donc là aussi les parties où il y avait des Polonais.

Le gouvernement américain, suite à des débats très controversés pendant la Deuxième Guerre mondiale avait décidé que pour résoudre une fois pour toutes le problème des minorités en Europe est-centrale, il fallait assainir les États, c’est-à-dire expulser à la limite les Allemands de l’Europe de l’Est. C’est ainsi que 12 millions d’Allemands avaient perdu leur foyer en Europe est-central en 1945 et 1946. La Pologne a été transférée en partie à l’est au profit de l’Union soviétique qui avait maintenu les annexions agrées avec Hitler dans le cadre du pacte Hitler-Staline en 1939, c’est-à-dire les parties est de la Pologne, les États baltes et la Carélie qui appartenait à la Finlande avant 1939.

Cette décision nous apparaît cruelle comme une sorte de nettoyage éthique, cependant, il faut comprendre le contexte de la Deuxième Guerre mondiale et les atrocités commises sous le nom de l’Allemagne nazi.

Dans les mouvements de résistance, le respect des droits de l’homme figurait comme une des revendications majeures pour l’Europe d’après-guerre. Le respect des droits de l’homme semble à la résistance comme la base de toute sécurité internationale comme aussi de la stabilité des sociétés à l’intérieur. Droit de l’homme, démocratie et États-Unis d’Europe étaient les trois concepts clefs formulés comme revendications par la résistance pour l’avenir de l’Europe.

Le Congrès juif mondiale lui aussi et d’autres organisation de la société civile américaine exigeait à la fin des hostilités que le respect des droits de l’homme devienne une norme internationale. Il exigeait notamment que dans la charte des Nations Unies soient déjà codifiées comme base du système international. Or, cela n’a pas été fait. Il y a des allusions et des mentions des droits de l’homme dans la charte des Nations Unies, mais la codification des droits de l’homme sur le plan international a été considéré par les gouvernements comme un problème trop important pour être fait de manière rapide au moment où on voulait créer les Nations Unies.

En d’autres termes, les États n’étaient pas d’accord comment définir exactement les droits de l’homme et quelles obligations ils étaient prêts de contracter en matière des droits de l’homme. Donc, il fallait laisser un peu plus de temps et ils ont créé déjà dans la charte des Nations Unies la Commission pour les droits de l’homme qui était mandatait de préparer donc la codification des droits de l’homme sur le plan international.

Donc, pour conclure cet aspect, le droit des minorités a été de plus en plus marginalisé, car considéré comme insuffisant et comme peut être déstabilisateur comme idée tandis que les droits de l’homme émergent comme nouveau paradigme sur le plan international tandis que la réalité des droits de l’homme était encore relativement catastrophique à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

La Deuxième Guerre mondiale avait causé à peu près cinquante millions de morts, à la fin des hostilités, il fallait libérer les camps avec à peu près dix millions de prisonniers de guerre, sept millions de travailleurs déplacés, y compris des travailleurs forcés, des centaines de milliers de survivants des camps de concentration. Il y avait à peu près une trentaine de millions de réfugiés ou de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays notamment parce que les villes étaient largement détruites en Europe centrale donc la partie de la Russie, l’Ukraine, la Pologne, l’Allemagne, mais aussi des villes comme Rotterdam était largement détruite et bien entendu aussi un peu plus au sud des villes étaient largement détruite.

Il y avait donc un manque de logement, à peu près vingt millions de personnes sans-abris, des famines, des épidémies, il fallait rapatrier également les prisonniers de guerre et les personnes déplacées. C’était un travail gigantesque qui attendait les Alliés, les puissances victorieuses après la libération des territoires du nazisme. Cependant, confronté à cette tâche, le contexte international changeait très rapidement, déjà pendant la Deuxième Guerre mondiale, il y a eu une certaine tension idéologique et un manque de confiance entre les Alliés dû à leur système politique très varié, donc l’Union soviétique communiste et la Grande-Bretagne et les États-Unis, pays capitalistes et démocratiques. Et donc, se développait très rapidement à la fin de la Deuxième Guerre mondiale ladite Guerre froide, c’est-à-dire une confrontation idéologique, politique, économique et systémique entre le communisme et la démocratie.

À partir de 1949, commençaient les guerres de décolonisation et les guerres de décolonisation attiraient l’attention des deux superpuissances, l’Union soviétique et les États-Unis qui disposaient au moment seul de l’arme nucléaire, l’Union soviétique à partir de 1949 et les États-Unis déjà à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Donc les guerres de colonisation attiraient fortement l’attention de l’Union soviétique et des États-Unis et les guerres de décolonisation se développaient souvent dans un contexte de confrontation Est – Ouest où on soutenait le mouvement de libération pour des raisons idéologiques. Ou bien, on soutenait le gouvernement en place, le gouvernement impérial pour des raisons idéologiques, c’est-à-dire parce que le gouvernement impérial représentait la démocratie et le capitalisme tandis que le mouvement d’indépendance et parfois à orientation gauchiste ou communiste.

Le conflit entre les États-Unis et l’Union soviétique s’est élargi sur le plan mondial très rapidement et il y a eu une sorte de concurrence des modèles politiques et économiques qui s’affrontaient sur le terrain du tiers-monde. Dans ce contexte-là, tout ce que nous lions souvent aux ONG, tous les domaines d’actions des ONG deviennent en fait des champs d’action dans un contexte de Guerre froide. Donc l’aide humanitaire, l’aide au développement, les droits de l’homme deviennent des instruments politiques de la Guerre froide. C’est un élément très important.

Il y a partout aide humanitaire, aide au développement, rhétorique des droits de l’homme, le danger d’une instrumentalisation de ces notions, de ces concepts et des actions liées. Instrumentalisation, c’est-à-dire politisation de l’aide.

Vers une nouvelle relation entre OI et ONG ?[modifier | modifier le wikicode]

Dans ce contexte d’une deuxième après-guerre, il y avait aussi de nouvelles relations qui se tissaient entre la nouvelle organisation internationale et les ONG. Le contexte humanitaire décrit, l’essor de la Guerre froide et la décolonisation offrent en fait beaucoup de nouvelles opportunités pour les ONG pour offrir leurs services aux sociétés occidentales. Il y a eu par conséquent une multiplication des ONG à l’Ouest au service de l’humanité, de la démocratie et bien entendu de l’occident et des valeurs de l’occident.

En revanche, à l’Est, il n’y avait pas en général une société civile libre ou bien une société civile créée sous les auspices de l’État contrôlé par le parti communiste en général. Le seul acteur non étatique relativement indépendant était l’Église en Europe de l’Est. Elle agissait avec des moyens limités bien entendu et surtout à l’extérieur des frontières.

Suite à la décolonisation du tiers-monde, les sociétés du tiers-monde commencent à revendiquer l’aide au développement des pays industrialisés invitant ainsi les ONG à jouer un rôle pour infléchir leur développement et pour infléchir les relations internationales en faveur du Sud.

Depuis les années 1960 aussi, il y a eu un essor des ONG émanant du Sud tandis qu’auparavant on parle surtout des ONG de l’Occident et jusqu’à nos jours peut-être, mais en vérité, suite à la décolonisation, suite à l’installation de quelques systèmes démocratiques avec des variations conjoncturelles évidemment, il y a eu quand même une prolifération des ONG au sud.

Autre développement important est que la Charte des Nations Unies définie le terme ONG, introduit le terme ONG alors qu’auparavant on avait parlé surtout dans la littérature et dans le contexte contemporain de l’avant-guerre ou de l’entre-deux-guerres des associations internationales privées. C’est à partir de la Charte qu’on commence à parler des ONG puisque la Charte introduit ce terme dans le débat politique. La Charte de l’ONU prévoit notamment la possibilité d’accréditation d’une ONG avec un statut consultatif auprès du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC). Ainsi, l’ONU va plus loin que la Société des Nations puisque la Société des Nations a tissé des liens, mais elle n’avait pas eu un cadre pour ces liens définis déjà dans ses statut or la Charte donne déjà un cadre d’affiliation avec un but explicit, à savoir la consultation.

Le fait que dans les pays communistes il n’y avait quasiment pas de société civile libre résulte donc en une prise de contact des Nations Unies avec de préférence la société civile occidentale. Et à partir de la naissance des ONG au sud, aussi avec les ONG du sud. Mais clairement, lorsque les Nations Unies sont nées, la société civile, les ONG, c’était l’occident. Cela est aussi un élément qu’il faut retenir.

L’accréditation des ONG auprès de l’ONU renforce la légitimité des premières et renforce de facto la légitimité des deux, des ONG et de l’organisation internationales. L’ONU, en offrant ce geste, en liant des liens directs avec la société civile, elle interagit directement avec la société et pas seulement avec les gouvernements. L’ONU développe des liens directs avec la société ou avec les sociétés moyennant des représentants de la société civile. Donc, cela donne un peu plus de légitimité pour l’ONU et bien entendu, pour l’ONG, cela signifie que sa voix consultative est demandée. Cela est parce qu’elle acquiert une certaine autorité morale. Par conséquent, l’ONG peut aussi prétendre à cette autorité morale, elle peut moyennant la preuve de l’accréditation à l’ONU dire que son expertise est reconnue. Donc c’est l’expertise, le caractère souvent professionnel des ONG ou des fonctionnaires de l’ONG, et l’autorité morale, c’est-à-dire qu’il est reconnu que l’ONG s’investit dans une bonne cause. Donc c’est réciproquement avantageux que l’ONU soit capable d’accréditer des ONG avec un statut consultatif, cela renforce les deux.

ONG et Déclaration universelle[modifier | modifier le wikicode]

L’influence des organisations américaines u compris le Congrès juif mondial avait demandé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale que les droits de l’homme deviennent une norme internationale. Par conséquent, les États avaient discuté cette question des droits de l’homme, ils avaient cependant décidé qu’on ne peut pas définition de manière précise des obligations des États en matière des droits de l’homme dans la charte. Donc, on a relevé les droits de l’homme au niveau d’un principe de la Charte.

Un principe veut dire que c’est une idée normative qu’il faut suivre, mais sans définir les applications concrètes, les obligations concrètes qui en résulte pour les États. Cependant, en contrepartie, la Charte se base aussi sur le principe de la souveraineté étatique et avec la souveraineté étatique, on voit le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un États ; Donc on met dans la Charte deux principes qui sont d’une certaine manière mutuellement exclusifs. Parce que si on dit qu’il faut respecter les droits de l’homme, si on définit cela comme un principe international et si on définit un principe international, la souveraineté étatique et le principe de la non-ingérence, cela veut dire qu’aucun État ne peut intervenir en matière de droit de l’homme dans les affaires d’un autre État. Donc, c’est à chaque État de veiller à lui-même qu’il respecte les droits de l’homme face à ses citoyens. Donc, aucune mesure d’action, aucune marge d’action est visible dans la Charte en faveur des droits de l’homme, il y a juste l’idée des droits de l’homme qui est là, don c’est très peu en vérité.

Pour aller plus loin, les États avaient établi la commission pour les droits de l’homme de l’ONU pour élaborer un code normatif plus peaufiné avec des obligations réelles des États. Cependant, les États déclarent rapidement que la Commission des droits de l’homme n’est pas compétente à traiter des plaintes individuelles. En fait, tout de suite après sa formation, les États-Unis ont été plus ou moins inondé des plaintes individuelles par rapport aux violations des droits de l’homme. La Commission a été substantiellement incapable de travailler là-dessus parce qu’il y avait trop de place et de plus les États ne voulaient pas qu’elle s’en charge parce que cela aurait instauré un mécanisme de surveillance sur les affaires intérieures des États.

La Commission des droits de l’homme a été élaborée, a été chargée ou mandaté d’élaborer un cadre juridique sur les droits de l’homme et dans les discussions de la Commission, il est prévu rapidement une sorte de séparation des différentes approches par rapport aux droits de l’homme. À savoir, on prévoit d’adopter rapidement une déclaration en faveur des droits de l’homme, plus tard un code juridique qui le les États puis dans un troisième temps de règles de supervision. Donc en fait, les éléments sont séparés et éloignés dans le temps, c’est-à-dire qu’on déclare les droits de l’homme tout de suite ou rapidement, après les règles qui obligent les États à les respecter viennent après et c’était plus que vingt ans après, et les règles d’application suivent par la suite, or il se trouve que c’est l’un des deux grands pactes des droits de l’homme de 1966 qu’il y a des règles d’application et des mécanismes de surveillance qui sont prévus parce que le pays communistes pour les droits qu’ils réclamaient, à savoir les droits économiques et sociaux, les pays communistes n’étaient pas prêt à accepter une surveillance quelconque.

Donc, l’adoption de la déclaration universelle des droits de l’homme avait lieu à l’Assemblée générale, avait lieu en 1949. Elle émet un cadre politique normatif et pas un cadre juridique parce qu’il en découle aucune obligation juridique pour les États. Elle est simplement une base pour les négociations ultérieures de la Commission des droits de l’homme et les droits sont défini on peut le dire, surtout par les occidentaux selon les valeurs occidentales.

La déclaration universelle est à la fois le résultat d’une préoccupation avec les droits de l’homme et avec d’une certaine perturbation ou irritation avec les violations de masse des droits de l’homme pendant la Deuxième Guerre mondiale, mais aussi, elle est aussi la conséquence d’une réticence des puissances majeures d’adopter une convention contraignante tout de suite après la Deuxième Guerre mondiale.

En fait, on peut voir que suite à la Deuxième Guerre mondiale, les violations des droits de l’homme sont encore relativement fréquentes dans les empires coloniaux, par exemple, il y a eu de la discrimination et du travail forcé, aux États-Unis la ségrégation raciale et en URSS les droits politiques étaient inexistants. Ce sont abstenus lors du vote sur la déclaration universelle, l’Union soviétique, l’Afrique du Sud et l’Arabie saoudite pour des raisons diverses. Pour l’Arabie saoudite, c’était le droit de l’homme à la liberté religieuse parce que selon l’idéologie du royaume de l’Arabie saoudite, des musulmans ne peuvent pas choisir leur religion. En Afrique du Sud, c’était le régime d’apartheid instauré et en URSS il existait toujours des goulags, des purges et l’opposition était supprimé et la fréquence aussi on peut citer des pogroms antisémites.

Donc, l’essor des droits de l’homme, on peut le constater comme norme politique, mais pas comme norme juridique. La norme juridique n’est pas encore voulue par les États majeurs. Cependant, les droits de l’homme suite à la déclaration universelle deviennent un slogan de la Guerre froide pour discréditer l’autre camp idéologique. L’Union soviétique réclame en fait de réaliser ses droits de l’homme notamment des droits sociaux et économiques tandis que le camp occidental met l’accent sur le droit politiques et des citoyens donc la liberté d’expression, de manifester, la liberté de la presse, etc.

Du au conflit idéologique Est – Ouest, la Commission des droits de l’homme des Nations Unies n’arrive pas à proposer une seule convention des droits de l’homme et se voit obligé à rédiger deux conventions, l’un selon la définition du camp communiste et l’autre selon la définition du camp libéral capitaliste. Il fallait donc attendre vingt ans après la Deuxième guerre mondiale pour que les deux conventions voient le jour en parallèle en 1966, pour l’entrée en vigueur de ces deux conventions, il fallait attendre encore dix and jusqu’à 1976. Les règles d’application ou de supervision ou de surveillance, étaient adoptées uniquement pour le pacte des droits civils et politique donc des droits occidentaux, tandis que pour les doris communistes, il n’y a ni de supervision ni des règles d’applications gréées dans le cadre de l’ONU.

ONG et la Convention contre le génocide[modifier | modifier le wikicode]

Il y a eu deux conventions réelles, qui obligeaient les États à respecter les droits de l’homme. C’est d’abord dans les enceintes de l’ONU la convention contre les génocides. Le fait que l’opinion internationale a été mobilisée par des acteurs individuelles notamment par Raphaël Lemkin qui est un Polonais juif qui avait dû fuir la Pologne occupée pendant la Deuxième guerre mondiale et qui a par la suite enseigné aux États-Unis et conseillé le gouvernement américain pendant la Deuxième guerre mondiale. Après la Deuxième guerre mondiale, il s’est surtout investie à faire adopter par l’ONU une convention contre les génocides, terme qu’il avait inventé lui-même.

La convention internationale contre le génocide est donc une réaction directe contre la Shoah, et la convention oblige les États à intervenir s’il y a un génocide ou de manière préventive s’il y a menace d’un génocide. Donc, l’ONU essaye d’interdire la violation la plus grave des droits humains, mais la Déclaration universelle ne prévoit des sanctions contre un État qui viole les droits de l’homme.

Donc, on est un peu dans une situation ambiguë. Seul lorsqu’il y a génocide, les États sont, selon la convention, obligé d’agir ou lorsqu’il y a menace d’un génocide.

Malheureusement, des États comme les États-Unis par exemple ont tardé très longtemps pour ratifier aussi la convention contre le génocide. C’est Ronald Reagan qui en 1988 a ratifié la convention pour les États-Unis.

La convention européenne pour les droits de l’homme a été la première convention internationale qui avait adopté à la fois des règles des droits de l’homme, des mécanismes de surveillance et qui a créé une Cour européenne pour les droits de l’homme qui est située au-dessus des États qui accepte la convention.

Donc, c’est seul en Europe que tout de suite à la Deuxième guerre mondiale en 1951 et 1952 qu’une convention a été adoptée et mise en vigueur avec des règles contraignantes pour les États et une Cour supranationale qui oblige les États à respecter ces jugements.

La naissance d’Amnesty International[modifier | modifier le wikicode]

Droits de l’homme et Guerre froide[modifier | modifier le wikicode]

Aux États-Unis, dus à la confrontation idéologique avec le monde communiste, il y a eu l’ère du maccarthysme, c’est-à-dire l’ère de persécution des communistes aux États-Unis où les droits politiques ont été clairement balayés ou bafoués. De plus, au milieu des années 1950 voit le jour le Civil Rights Movement puisqu’il y a eu toujours ségrégation raciale notamment dans les États du Sud des États-Unis avec comme figure emblématique Martin Luther King, mais aussi Malcom qui s’est converti à l’islam et qui était l’avocat d’un Civil Rights Movement radical en faveur des personnes de couleur/

Il y a eu des situations aux États-Unis où les droits de l’homme n’étaient pas tous respectés comme le voulait peut-être la rhétorique des États—Unis. Au contraire, il y avait de graves problèmes de droits de l’homme aux États-Unis encore suite à la Deuxième Guerre mondiale et jusqu’au début des années 1970 à peu près. Il y a aussi évidemment des conjonctures, cela revient le problème ou les problèmes liés à la décimation aux États-Unis assez régulièrement. Clairement, à partir des années 1970, il y a une nouvelle ère qui commence avec notamment l’action affirmative et une nouvelle législation en faveur de l’égalité des chances.

Il y a eu les guerres de libérations nationales, avec l’Indonésie, l’Indochine, l’Algérie, et partout il y a eu des répressions des droits de l’homme par les colonisateurs et l’emprisonnement des opposants. Dans l’Algérie française, il y a eu par exemple aussi la torture. La torture a été pratiquée.

Là aussi, les violations des droits de l’homme étaient fréquentes et dans l’Empire britannique on peut encore citer la répression du soulèvement Mau Mau au Kenya.

En Europe et en Amérique latine, il y avait aussi des dictatures capitalistes, à savoir en Europe en Espagne avec franco et au Portugal avec la dictature de Salazar. Les deux avaient violé de manière systématique les droits de l’homme et avaient mis en prison des opposants politiques.

Cependant, des démocraties instables et des dictatures étaient soutenues fréquemment par les États-Unis en Amérique latine. Souvent avec comme conséquence l’emprisonnement des opposants. Il y a eu aussi des coup d’État en Turquie et à plusieurs reprises en Grèce. Là aussi une répression forte de l’opposition et notamment en Grèce à la fin des années 1960.

Les États-Unis avaient agis dans beaucoup de contextes selon la règle de choisir le moins mal, c’est-à-dire qu’ils avaient choisi fréquemment de soutenir des dictatures conservatrices pour empêcher l’expansion du communisme selon la théorie des dominos. C’est la théorie selon laquelle si un pays tombe sous le joug du communisme, c’est le voisin ou l’un des voisins ou les voisins en général qui vont suivre comme un domino, si un État tombe, d’autres vont suivre.

Dans le tiers-monde libre ou récemment libéré, il y a eu aussi une multiplication des dictatures malgré le fait que la libération, la décolonisation s’était faite souvent avec la revendication à un accès à des droits de l’homme et à la démocratie. En réalité, ce sont très rapidement des dictatures qui se sont installées dans une très grande partie des pays du Sud. Des dictatures au Moyen-Orient ou dans des m-pays arabes décolonisés avaient instauré très rapidement des dictatures autoritaires.

Dans la plupart des pays africains décolonisés, la démocratie avait également cédé la place à la dictature. En Afrique du Sud, le seul pays constamment sous attaque dans le cadre des Nations Unies jusqu’à la fin de l’apartheid, il y a eu donc une dictature de l’élite blanche et la suppression systématique des personnes de couleur avec le système d’apartheid donc de séparions ou de ségrégation raciale.

Dans les pays communistes, il y a eu trente millions de victimes du stalinisme à peu près. Les partis politiques non communistes étaient évidemment interdits. Il y a eu exclusion ou intégration forcée des politiciens non communistes avec les partis communistes, l’opposition a été emprisonné, la police secrète était l’un des instruments les plus importants du régime communiste à l’intérieur pour maintenir la stabilité et l’autorité à l’intérieur. La révolte dans la République démocratique d’Allemagne, c’est-à-dire l’Allemagne de l’Est, l’Allemagne communiste qui s’appelait démocratique, en 1953 était réprimé par les chars soviétiques. Il y a eu une légère déstalinisation à partir de 1955, mais cette déstalinisation a mené à une sorte de printemps des espoirs notamment en Hongrie où en 1956 une révolte avait éclaté et le gouvernement avait fait les siens les revendications de cette révolte, mais elle a été réprimé là aussi avec des chars soviétiques, le gouvernent a été échangé par l’Union soviétique à cause de sa tentative de quitter le bloc de l’Est.

À Cuba, Fidel Castro avait assumé le pouvoir à la fin des années 1950 après une guerre de guérilla et il avait établi une dictature communiste. Au Vietnam, il y a eu la guerre civile entre la dictature communiste du Nord et la dictature autoritaire du Sud. On peut se demander où étaient les doris de l’homme à cette époque-là. Ils étaient là dans la rhétorique des États, des gouvernements, des revendications de la société civile, mais ils étaient bafoués à peu près partout et parfois de manière très violente et très raciale.

Donc, les superpuissances et les puissances coloniales critiquaient surtout les violations de l’autre camp idéologique, mais se taisaient souvent face à leurs propres violations à celle de leurs alliés. Donc, les droits de l’homme deviennent un instrument de la lutte idéologique des blocs en géopolitique plutôt que juridique.

Peter Benenson[modifier | modifier le wikicode]

Dans ce contexte alors, un juriste britannique, Peter Benenson a pris l’initiative pour fonder Amnesty International. Mais Peter Benenson prend le nom de son grand-père maternel après la mort précoce de son père lorsqu’il avait neuf ans. Il était avocat, mais pas dans le sens propre du terme, il devenait avocat après la Deuxième Guerre mondiale, mais il était déjà avocat des droits de l’homme dans un sens plus large dans l’entre-deux-guerres notamment à cause de la dictature franquiste en Espagne et à cause de la percussion des juifs en Allemagne. Il s’intéressait pour la question des droits de l’homme.

Il intègre le parti travailliste aux États-Unis et en 1956 et 1957, il était le cofondateur de Justice, une ONG de juristes britanniques qui s’engageait pour les droits civiques et politiques dans les colonies notamment. Benenson avait vécu par la suite une sorte de transformation spirituelle entre 1958 et 1960. D’abord, il y a eu la conversion religieuse, il a intégré l’Église catholique puis il a eu une grande maladie et guérison en 1960 et les deux évènements ont d’une certaine manière un peu transformé sa vie. Il a décidé au cours de l’année 1960 de vouloir fonder une nouvelle ONG du type plutôt de non spécialistes, ou réunissant des juristes proprement dits, et la société civile au sens large, donc qui se veut populaire, qui attire des personnes y compris des femmes à la recherche d’une activité à la fois sociale et spirituelle. Donc, c’est une sorte de recherche aussi d’une libération religieuse, une sorte de transformation spirituelle qui accompagnait vraiment cette transformation selon Peter Benenson.

S’il y avait une impulsion extérieure aussi, c’est qu’à l’époque, les communistes britanniques et français étaient très actifs à cause de la violation des droits politiques en Espagne et au Portugal puis en Grèce. Depuis, au début de l’année 1961, les communistes britanniques notamment et français organisaient un congrès à Paris intitulé Appeal for Amnesty of Political Prisoners in Spain qui attaqua donc les violations systématiques des droits de l’homme du régime franquiste.

Ce qui déplaisait Peter Benenson était le cadre justement idéologiquement chargé du débat sur les droits de l’homme, c’est-à-dire pour lui, c’était un exemple d’un cynisme pur d’attaquer les dictatures en Espagne et au Portugal, mais ne dire rien sur les violations des droits de l’homme en Union soviétique.

Donc, il était révolté contre la politisation un peu hypocrite des droits de l’homme et visait à fonder une organisation impartiale qui critique les violations indépendamment de la couleur du régime politique qui les commet. Dans ce cadre-là, il lance donc une campagne qui s’intitule aussi Appeal for amnesty donc qui a été clairement inspiré par le congrès à Paris, Appeal for Amnesty of Political Prisoners in Spain. Cette campagne était dirigée contre toutes les violations et en faveur de tous les prisonniers de conscience partout. C’est le terme qui émerge dans les débats avec Erik Baker, son partenaire dans la formation de cette Appeal for amnesty et dans Amnesty International par la suite.

Donc, c’est le terme qui émerge chez Eric Baker, un autre juriste britannique spécialiste de ces questions des droits de l’homme. Le terme de « prisonnier de conscience » indique donc qu’une personne est emprisonnée à cause de ses convictions politiques ou religieuse uniquement sans avoir commis un crime quelconque.

La campagne de Peter Benenson et Eric Baker avait été lancée par un article écrit dans l’Observer, un journal de presse très populaire en Grande-Bretagne en mai 1961, et l’article a été apparu et traduit un peu partout dans le monde. Dans cet article, il décrit la situation de plusieurs prisonniers de conscience dans le monde que cela soit en Espagne, en France ou dans l’Union soviétique pour attirer le fait ou attirer l’attention au fait que le problème des droits de l’homme persistait encore un peu partout dans le monde et qu’il fallait attaquer ce problème au fond.

Bougie et barbelés Amnesty International.

Cette parution de l’article était accompagnée de lettres adressée aux personnes d’influences qui voulaient les rallier pour soutenir le Appeal for amnesty. Puis, la fin de cette première campagne a été une grande manifestation organisait le 10 décembre 1961, le treizième anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle. C’est de là que vient le symbole de la bougie entouré de barbelé, donc il y a une illusion religieuse avec al bougie et l’allusion à l’emprisonnement.

Donc, la campagne qu’avait commençait Benenson au mois de mai 1961 se transforme en une ONG perpétuelle à cause du soutien qu’elle avait récolté. Il y a eu des conférences et des congrès tenus en 1961 au Luxembourg puis en 1962 à Sisjle en Belgique qui réussit à mobiliser des adhérents sur le continent européen et les adhérant avaient constaté qu’il y avait un potentiel pour fonder des associations nationales d’Amnesty International et de former un mouvement très vaste autour de cette idée.

Donc à partir de 1961 et 1962, sont nés des Prisoners action groups surtout en Europe occidentale et aux États-Unis à la base des volontaires. C’est un grassrouts selon les termes de l’époque. Par exemple, en Grande-Bretagne et en Scandinavie, dans les Pays-Bas et en Allemagne. Il y avait beaucoup de femmes bourgeoises et des activistes sociales qui intégraient Amnesty. Et un staff s’est formé autour de Peter Benenson composé des travailleurs sociaux, des étudies, des enseignets, des professeurs.

Amnesty s’inscrivait par la suite comme organisation bénévole en Angleterre, et au début, elle n’avait pas l’intention de développer le droit international, mais de faire surtout pression sur les gouvernements moyennant l’opinion publique pour qu’il libère les prisonniers ou améliore leur situation, leurs conditions de détention.

Aujourd’hui, il y a un bureau principal à Londres, il y a deux cents collaborateurs professionnels, et à New York et à Genève. Il y a aussi des collaborateurs au niveau national donc pour coordonner les groupes nationaux d’Amnesty International. Depuis 1964, déjà, Amnesty International a été accréditée auprès de l’ECOSOC et à cela s’ajoute donc des groupes d’adoption. Donc, les collaborateurs locaux et les volontaires qui forment des groupes d’adoption des prisonniers dans une multitude de pays.

Donc, il y a une structure professionnelle et une structure de volontaires chez Amnesty International.

Principes et modes d’action d’Amnesty International[modifier | modifier le wikicode]

Donc, l’objectif était de défendre partout dans le monde les droits des prisonniers de conscience, c’est-à-dire les prisonniers politiques ou religieux et les prisonniers politiques arrivent très rapidement au centre d’Amnesty International.

La définition de « prisonnier de conscience » a été proposée par Eric Baker, universitaire, quaker, secrétaire du Peace Council en Grande-Bretagne, c’est-à-dire un engagé dans le mouvement pacifiste. Il avait défini comme prisonnier détenu par un gouvernement exclusivement à cause de leurs convictions politiques, religieuse ou philosophique et qui se sont déclaré contre la violence Cela est un aspect très important. Donc, les prisonniers dits adoptés par Amnesty ne sont pas des prisonniers qui proposent la violence ou qui commettent des actes terroristes par exemple ou qui appellent à commettre des actes violents.

Les principes d’Amnesty sont les neutralités idéologiques, ou la neutralité politique, c’est-à-dire la volonté de ne pas se laisser influencer par une idéologie politique quelconque. C’est pourquoi Amnesty avait adopté le principe des trois régions ou des groupes de trois. Les Prisonners adoption groups adoptent toujours des prisonniers des trois régions, c’est-à-dire par exemple un prisonnier qui est emprisonné par un État capitaliste occidental, un prisonnier qui est emprisonné par un État communiste et un prisonnier de conscience dans les pays du Sud et du tiers-monde, comme ça, Amnesty présente quasiment toujours un regard impartial lorsqu’elle met en lumière le traitement inhumain ou incompatible avec les droits de l’homme d’un prisonnier de conscience.

Amnesty se veut aussi indépendant des gouvernements, ce pour quoi, contrairement au Comité international de la Croix Rouge par exemple, elle n’accepte pas des soutiens financiers par un gouvernement. Elle accepte cependant du soutien par l’Union européenne. Dans, la condition que les prisonniers de conscience soit non violents est très important e Amnesty veut rester loyal à ses principes, c’est aussi un élément clef.

Comment est-ce que Amnesty opère ? Alors, un Comité international exécutif s’établit à Londres qui organise la collecte d’information sur la violation des droits de l’homme dans le monde d’abord moyennant des journaux, ensuite par des missions sur place. Dès que Amnesty International est connue, il obtient de plus en plus d’informations directement par les parents ou les proches des prisonniers de conscience ou les prisonniers eux-mêmes donc ils écrivent tout simplement à Amnesty International s’ils le peuvent ou ils passent une lettre rédigée par des proches qui peuvent les visiter, etc.

Amnesty établie un bureau international exécutif qui établit des listes de prisonniers de conscience dont les droits de l’homme sont bafoués, prend des décisions directives pour le traitement des cas, donc chaque groupe doit adopter trois prisonniers et établie en plus de cela un rapport annuel sur l’état des droits de l’homme dans le monde et adresse l’opinion avec ce rapport annuel.

De plus, il y a aussi pour les membres un bulletin mensuel qui relate les nouveaux cas de prisonniers de conscience ou qui revient sur des cas déjà connus. Donc, les prisonner adoption groups sont responsables pour une très grande partie de l’activisme d’Amnesty International. Ils sont typiquement des groupes locaux qui discutent des cas proposés, donc des cas de prisonniers de conscience proposés par le centre à Londres. Chaque groupe adopte par la suite trois prisonniers émanant chacun de l’une des trois régions et envoie par la suite des lettres aux gouvernements concernés et aux prisons où sont détenus les prisonniers politiques pour appeler l’attention des responsables et des autorités au fait que le sort du prisonnier est observé internationalement.

Donc, c’est simplement pour signaler aux autorités politique qu’attention, Amnesty est conscient qu’ils détiennent un prisonnier de conscience, un prisonnier politique, que ce gouvernement met en prison les opposants politiques non violents et on a alerté l’opinion politique au sort de ce prisonnier. Donc le gouvernement est observé, cela est le message d’Amnesty International aux gouvernements et aux autorités politiques, aux autorités des prisons.

Puisqu’il y a eu des centaines de milliers de groupes locaux qui se sont développées au fur et à mesure dans les années 1960 et 1970, il y a eu beaucoup de lettres qui ont été envoyées aux mêmes autorités. C’est-à-dire qu’il y a une lettre qui arrive pour un prisonnier, mais il y a plusieurs milliers de lettres qui arrivent, qui signalent aux autorités de détention, aux gouvernements en question qu’on regarde le sort de ce prisonnier politique.

Et alors, les groupes demandent la libération ou une procédure juridique correcte et des conditions de détention acceptables pour les prisonniers de conscience.

Alors, par comparaison à d’autres ONG, on peut discerner quelques particularités d’Amnesty. Amnesty adresse dès le début les gouvernements ainsi que l’opinion publique et il dénonce les États qui bafouent les droits de l’homme. On voit que le CICR travaille très différent, travail surtout dans la discrétion et de manière confidentielle avec les gouvernements. Mais, en matière des violations des droits de l’homme, il parait pour Amnesty que ce n’est pas la bonne méthode. Il faut bien entendu adresser les gouvernements, mais au fond, il faut aussi mobiliser l’opinion publique et il faut dénoncer les États s’ils ne respectent pas les droits de l’homme.

Amnesty commence à se professionnaliser très rapidement à partir des années 1960 et 1970. Pour renforcer l’effet des groupes d’adoption des prisonniers, le comité exécutif organise par la suite des campagnes autour de certains prisonniers ou type de violation des droits de l’homme. Donc, cela s’ajoute aux activités déjà évoquées, le bulletin mensuel, le rapport annuel, les activités des adoptions groups, donc les campagnes de presse, les campagnes autour d’une thématique pour saisir l’attention du public.

Amnesty commence aussi à lutter pour l’adoption de normes au niveau international et de leur monitoring. Amnesty fait déjà le monitoring, cela est important, mais aussi, elle lutte pour l’adoption, pour l’introduction de nouvelles normes sur le plan international. Et elle développe très rapidement des coopérations avec des organisations qui existaient auparavant comme la fédération internationale des droits de l’homme, mais aussi avec le CICR, avec la commission internationale des juristes fondée à Genève en 1952.

Vers l’autorité morale : l’accréditation à l’ONU[modifier | modifier le wikicode]

Plus tard, aussi avec Helskinki watch et Human right watch, Helsinki watch a été le prédécesseur de Human right watch. Le lien avec l’ONU à Genève est établi très tôt grâce au juriste et au diplomate irlandais Sean MacBride qui était membre du comité exécutif de Amnesty International et secrétaire général à la fin des années 1960 de la Commission internationale des juristes. Donc on voit aussi que parfois des diplomates ont plusieurs fonctions et il y a des diplomates qui sont directement engagés dans le cadre de Amnesty International ce qui a fait ou explique en partie ces relations assez étroites avec l’ONU.

L’accréditation d’Amnesty International à l’ONU a eu lieu très rapidement après sa fondation en 1964 et cela a témoigné de l’autorité morale qu’elle avait acquise jusqu’à ce moment-là et qui n’a cessé de croitre en principe à partir de ce moment-là.

L’accréditation d’une ONG à l’ONU suit normalement à l’établissement d’une certaine réputation de la fiabilité grâce à des recherches bien menées et des informations précises que l’ONG puisse fournir. Dans le cas de Amnesty, l’établissement d’une unité de recherche compétente ont été une condition.

Dans le cas d’Amnesty, l’accréditation était aussi le résultat du fait qu’il y avait dès le début des partisans parmi les gouvernements comme par exemple la Suède et l’Irlande. De plus, la fonction de Amnesty est reliée au fait que l’ONU en tant qu’organisation des États ne veut et ne peut pas vraiment superviser les États en tant qu’organisation internationale. Les États membres ont tendance à ne critiquer que l’adversaire idéologique ou un ennemi ou un rival, mais pas leurs alliés où des États avec un système politique similaire du leur.

L’ONU reconnaît et ce pourquoi à partir des années 1960 elle cherche activement le contact avec des ONG. Donc, elle connaît d’une certaine manière le secrétariat de l’ONU comprend ses manquements et ses déficits et c’est pourquoi elle cherche le contact étroit avec des ONG comme Amnesty. Donc, Amnesty fait un travail complémentaire à celui de l’ONU. Par exemple, le statut consultatif veut signifier que Amnesty International peut participer à des séances informelles de l’ONU ou même à des séances formelles comme la conférence sur les droits de l’homme de l’ONU organisé en 1968.

Campagnes et leurs résultats concrets[modifier | modifier le wikicode]

Amnesty a lancée plusieurs campagnes. D’abord au début des années 1960, c’était les prisonniers de conscience qu’elle avait mise en avant. Et à partir de la fin des années 1960, elle a lancé une campagne contre la torture puis contre les disparitions puisqu’il y a eu des prisonniers de conscience qui sont disparus, c’est-à-dire que les gouvernements les ont soit tués soit mis en prison sans en informer quiconque et il y a eu des exécutions extrajudiciaires et là aussi Amnesty International avait lancé une campagne majeure au cours des années 1980.

Tout cela, sur le contexte de la multiplication des dictatures, que cela soit temporaire ou à plus long terme. Alors les dictatures en Espagne et Portugal se sont effondrées, mais uniquement au milieu des années 1970, en Grèce, il y a eu une petite période de dictature entre la fin des années 1960 et le début des années 1970 où il y avait plus de 6000 prisonniers politiques, et de plus et surtout en Amérique latine, il y a eu une multiplication des dictatures autoritaires comme au Chili à partir du 11 septembre 1973. Selon le professeur Schulz, les attaques terroristes du 11 septembre 2001 visaient également à faire référence au 11 septembre 1973 (à méditer).

Alors, la campagne contre la torture était particulièrement emblématique et réussie par Amnesty International. Elle a adressé d’abord la torture en Grèce suite à l’établissement, suite à un coup d’État d’une dictature militaire ne 1968 et l’emprisonnement d’à peu près 6000 opposants. Amnesty avait organisé une campagne contre la torture et envoyé une mission sur place pour enquêter le sort des prisonniers de conscience et pour œuvrer en faveur de leur détention ou de leurs conditions de détentions acceptables en faveur d’œuvrer pour des procédures juridiques juste et éventuellement pour leur libération.

Suite au coup d’État au Chili, le problème de la torture s’est aggravé encore et donc la campagne avait été reprise contre la torture par Amnesty. Dans ce contexte, des dictatures latino-américaines et notamment au Chili, la campagne avait aussi attiré beaucoup d’attention sur le plan international. Et, c’est dans ce contexte-là que Amnesty avait réussi à faire adopter par plusieurs commissions de l’ONU prises par l’Assemblée générale en 1975 une déclaration contre la torture et d’autres moyens dégradants ou inhumains de prisonniers et finalement au début des années 1980, elle a réuni à faire adopter par l’Assemblée générale de l’ONU une convention contre la torture, donc elle a réussi à implanter dans le droit international des normes contre la torture.

Il y a eu dans les années 2000 d’autres campagnes pour les droits économiques, culturels et sociaux pour les peuples indigènes par exemple et après la fin du conflit idéologique cependant entre communistes et capitalistes, le principe des trois régions ne s’applique plus de manière stricte et Amnesty International est devenue plus tiers-mondiste.

La construction des normes internationales[modifier | modifier le wikicode]

Pour la construction des normes internationales, il y a trois modèles d’explication. L’un est statocentré, l’autre met l’accent sur le rôle des institutions international et le troisième sur la société civile.

Le rôle d’Amnesty International pour la construction des normes internationaux en fait elle a été beaucoup appliquée déjà un peu dans l’esprit de la convention sur l’énumération de toutes les formes de discrimination raciale, mais elle a été décisive par exemple lors de l’adoption de la convention contre la torture. On peut dire sans la campagne de Amnesty International, il n’y aurait pas de convention contre la torture et d’autres peines ou traitement cruels inhumains ou dégradants.

Amnesty International et l’ONU[modifier | modifier le wikicode]

Il faut souligner les complémentarités entre Amnesty International et l’ONU. Dans l’article Human Rights: Amnesty International and the United Nations, Ramesh Thaku souligne les complémentarités entre les deux organisations. L’impartialité est aussi très centrale pour Amnesty à la fois dans la Guerre froide et dans le conflit Nord – Sud. À cela s’ajoute la professionnalisation et l’expertise comme base de l’autorité. C’est grâce à Amnesty en grande partie que les droits de l’homme ont été fixé comme base de la bonne gouvernance dans les enceintes des Nations Unies.

Conclusion[modifier | modifier le wikicode]

Il y a des milliers de prisonniers de conscience qui ont bénéficié de plusieurs façons d’Amnesty International. D’abord, déjà savoir que quelqu’un en dehors du pays s’occupe et aussi à l’intérieur s’il y a des missions d’Amnesty qui s’occupe du sort d’un prisonnier de conscience, cela relève le moral et cela donne au moins l’idée qu’on est soutenu de l’extérieure, qu’il y ait une société civile qui s’engage ou qui se mobilise pour le sort du prisonnier. Cela est déjà très important. Donc, le moral du prisonnier, la volonté de survivre.

Deuxièmement, en ce qui concerne les conditions de détention. Si Amnesty a soulevé un dossier, alerté l’opinion publique, souvent, les conditions de détention ont pu être améliorées pour les prisonniers de conscience donc les prisonniers politiques ou relègue dans un pays parce que le gouvernement, sachant qu’il y a une opinion internationale qui veille au sort de ce prisonnier, il a été plus prudent dans son traitement et parfois on peut aussi dire que des assassinats, des exécutions extrajudiciaires ont été prévues et empêchés par l’action d’Amnesty.

La libération des prisonniers de conscience a été le résultat d’un millier de cas attribués toujours à Amnesty cette conséquence heureuse de leur action n’est pas toujours justifiée, de toute manière c’est très difficile parce qu’il y a souvent aussi d’autres facteurs. Dans le cas de la dictature grecque évoquée dans le cadre de la campagne contre la torture, Amnesty avait envoyé une mission en Grèce en 1968, 1969 et 1970 et a mobilisé donc l’opinion et ses activités typiques contre la torture et en faveur des prisonniers de conscience, des prisonniers politiques emprisonnés par la dictature grecque. Il s’agissait de 6000 personnes. L’action de Amnesty et aussi le fait que d’autres acteurs été concernés, d’autres nations européennes étaient notamment concernées par l’établissement d’une dictature en Grèce. Par conséquent, l’action de Amnesty a aussi mobilisé d’autres acteurs de s’investir dans ce dossier et c’est notamment dans le cadre du Conseil de l’Europe dans le cadre duquel était ratifié la Convention européenne pour la protection des droits de l’homme en 1952, que la Grèce a en fait été marginalisée et mise sous une pression. La Grèce a été obligée de se retirer du Conseil de l’Europe, et l’une de ses tâches essentielles est notamment de contribuer à la gestion, à la surveillance dans le cadre de la convention européenne des droits de l’homme. Et donc, la dictature grecque a été mise sous pression, et, en fin de compte, en 1971 et 1972, la dictature s’est écroulée et bien entendu, les prisonniers de conscience ont été libérés, la démocratie est revenue en Grèce. Donc, c’est l’ensemble des mesures évidemment qui a produit des conséquences positives pour les prisonniers de conscience, pour les prisonniers politiques. Donc, ce n’est pas uniquement Amnesty, mais c’est la dynamique à laquelle elle a contribuée qui a finalement eu des répercussions majeures pour tous ces prisonniers politiques.

Un autre résultat plus fin est que suite à des critiques, la dictature grecque avait à partir de 1970 à coopérer avec Amnesty International. C’est-à-dire, elle a officiellement admis des missions d’Amnesty International malgré le fait que c’était une dictature. Donc, elle a ressenti le besoin de modifier son action, elle a ressenti qu’elle fallait gérer un peu l’opinion international et en vue de ne pas être parfaitement marginalisée, elle a donc un peu changé son comportement. Donc, même dans des conditions qui apparaissent a priori très négatives pour les prisonniers de conscience, il y a parfois une marge de manœuvre pour influencer le comportement des gouvernements, pour traiter au moins, correctement les prisonniers, c’est-à-dire que l’emprisonnement n’est pas du tout correct évidemment, mais de les traiter sans les torturer par exemple.

Dans le cadre de la campagne contre la torture, dans le cadre du Chili et de l’Argentine aussi, lorsque les dictatures s’établissaient, la pression d’Amnesty a été constante et Amnesty a constamment éveillé l’opinion publique internationale par rapport aux pratiques établies par ces dictatures au cours des années 1970. Il y a eu de la torture, il y a eu des exécutions extrajudiciaires et des disparations. Par conséquent, Amnesty avait organisé des campagnes publicitaires en plus de son but étant annuel et des new letters mensuelles, elle a aussi édité des ouvrages basés sur les recherches et les misions évoqués. Sur toutes les informations récoltées par son département de recherche, elle a mis la lumière sur les exécutions extrajudiciaires qui avaient lieu en Argentine et au Chili, sur les disparitions, c’est-à-dire que les personnes étaient emprisonnées sans en informer les proches et souvent ils étaient exécutés, par exemple jeté sur l’Océan Pacifique, carrément éjecté des avions, pratique courante de la dictature chilienne sous Pinochet.

Donc, ces actions, les actions de Amnesty n’avaient pas toujours pu préserver la vie des prisonniers de conscience, mais au fur et à mesure, mais aussi sur la durée moyenne, les dictatures étaient tellement discréditées qu’elles se sont effondrées. Donc, cela est peut-être aussi un élément essentiel. Amnesty n’a pas fait effondrer les dictatures, mais elle a contribué à les discréditer, elle a soutenu les proches des prisonniers de conscience, elle a mobilisé l’opinion internationale, les États démocratiques pour, disons isoler ces dictatures et finalement dû à des modifications à long terme, dus à des changements internes et du à des pressions internationales, ces dictatures sont disparues.

Aussi d’autres acteurs ont émergé dans ce champ-là, notamment Helsinki Watch et Human Right Watch qui ont eu contribué à d’autres bouleversements importants dans l’histoire du monde. On peut ajouter l’influence d’Amnesty en Afrique du Sud, là, elle avait aussi adopté beaucoup de prisonniers de conscience à condition que les prisonniers de conscience fussent prêts à renoncer à la violence.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. L'Aurore, 13 janvier 1898, lire en ligne [archive] sur Gallica.