Nations et nationalismes dans les pays communistes : 1917 – 1989

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Il faut regarder en miroir de ces projets de l’Europe occidentale du côté de l’Union Soviétique et de la politique soviétique des nationalités : comment un État soviétique réalise la tension entre internationalisme et nationalisme ?

Comment dans la zone énorme de l’Union Soviétique, les communistes règlent la question des nationalismes ?

Comment passe t-on d’une pensée et d’une doctrine internationaliste à une pratique nationaliste dans le premier État qui se réclame du socialisme, l’URSS, puis dans les pays des démocraties populaires après la Seconde Guerre mondiale ?

Politique des nationalités de l’Union Soviétique[modifier | modifier le wikicode]

Le projet socialiste[modifier | modifier le wikicode]

Dans le projet socialiste il y a une promesse de libération d’autres peuples opprimés. Ce n’était pas le souci primaire de Lénine et de ses collègues mais la grande Russie puis l’Union Soviétique avaient des peuples d’Asie sur son territoire.

La question de penser à d’autres peuples était toujours là ainsi que la question du modèle que l’on peut projeter vers l’extérieur.

Lorsqu’on a parlé d‘internationalisme, l’idée d’une phase de libération des peuples et parfaitement intégrable mais aussi la question de dire qu’on puisse imaginer qu’une révolution sociale et un changement de l’ordre de propriété : est-ce que cette idée de révolution socialiste est exportable ?

Après la Première guerre mondiale, il y a un bref espoir d’internationalisation avec les Conseils, l’agitation des populismes et le modèle de la révolution bolchévique va permettre de battre le capitalisme mais ça n’a pas marché.

Les bolchéviques se réclament toujours internationaliste mais l’idée de la révolution mondiale était réduite par le réalisme et la reconnaissance des rapports de force dans le monde avec l’idée que c’est dans le seul pays Russe ou le communisme et réalité par le socialisme et la Révolution n’est que renvoyée à plus tard.

C’est un réalisme dicté par la défaite et par la répression des révoltes assez brèves dans les capitales de l’Est mais il y a l’ambition et l’utopie d’exporter le modèle bolchévique, le modèle de planification et l’ordre social à d’autres peuples.

Les voisins n’étaient pas véritablement convaincus par la doctrine marxiste et le bolchévisme mais c’était un modèle de libération.

Les positions des leaders soviétiques[modifier | modifier le wikicode]

Lénine[modifier | modifier le wikicode]

Lénine, à partir de 1912, s’intéresse à cette question en formulant des idées qui à ce moment étaient des idées qui circulaient aussi parmi des libéraux et des hommes politiques avec l’idée de droit à l’autodétermination. On retrouve cette idée dans les quatorze points de Wilson avec l’idée du droit des peuples à déterminer leur propre destin.[1]

C’était anti-impérialiste et stratégique dans son idée d’une révolution internationale défendant les droits des nationalités.

Staline[modifier | modifier le wikicode]

Staline à la conférence de Téhéran, en 1943.

Staline était le spécialiste des questions nationales au sein du parti bolchévique. À partir de 1917, il devient commissaire de la commission des nationalités.

Il définit la nation comme « une communauté humaine stable, historiquement constituée, née sur la base d’une communauté de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique, qui se traduit dans une communauté de culture »[2].

C’est une définition non-ethnique. La définition de peuple biologique, d’ethnie n’est pas là. Il n’y a pas de définition raciale de la nation, dans un certain sens c’est une définition constructiviste.

Staline n’est pas russe, il vient de Géorgie, d’une nationalité au sein de l’empire Russe. En revanche, il y a un phénomène de suridentification prônant un nationalisme russe devenant très visible lorsqu’il prend le pouvoir en tant que leader unique et qu’il dirige l’Union Soviétique pendant la Deuxième Guerre mondiale.

À ce moment, ses positions ne sont pas très contradictoires mais jusque dans les années 1920, la Russie est en guerre civile.

Il y avait des rêves et des ambitions nationalistes parmi beaucoup de peuples qui étaient avant la première guerre sous la tutelle du tsar mais ce fut réglé par l’Armée Rouge. Toutefois, reste la question des nationalistes à l’intérieur de la nouvelle union.

Nationalismes dans les pays socialistes[modifier | modifier le wikicode]

La politique des nationalités des années 1920 et 1930 : l’époque de l’affirmative action empire – Terry Martin –[modifier | modifier le wikicode]

Staline est plus réticent que Lénine à donner de l’autonomie aux peuples. Les bolchéviques qui sont largement des russes mais pas seulement n’essaient pas de créer un État centralisé unifié, ils créent une union sur plusieurs niveaux avec la Russie en tant que fédération.

À l’intérieur de la Russie il y a l’idée de la fédération et de la confédération puisque le territoire et multiculturels et multiethniques. Les pays autour de la Russie créés des régimes sous influence soviétique.

La politique des bolchéviques va contribuer à enraciner territorialement le fait national.

Les communistes n’ont pas éliminés les nations en URSS, au contraire, ils les ont institutionnalisés. Ainsi, est décidé la création de la fédération en RSFSR (République socialiste fédérative soviétique des Russie) en 1918 puis de l’URSS en 1922.

Il y a dans un certain sens une double structure fédérale qui va se structurer dans un débat entre Staline et Lénine autour de la question de l’autonomie à donner aux peuples et aux partis politiques dans les petits États. Sont-ce juste des branches du grand parti bolchévique ou des partis communistes dans ces différents États avec des droits propres ?

Il y une tension entre transformer cet État avec une idée qui vient du centre avec des campagnes d’industrialisation, d’alphabétisation, de nationalisation voulant créer une structure de pouvoir centrale mais la structure de l’union est fédérative.

On va encourager dans un certain sens l’identité nationale de ces différents peuples. L’administration de l’empire du tsar avait déjà engagée des recensements de la population avec une attention particulière à la question des nationalités.

La liaison entre nationalité et langue est centrale dans la définition stalinienne de cette question : toutes les langues (192) sont recensées lors du recensement de 1926 (tout comme en 1897 et 1939).

Les identités ne sont pas exactes tandis que les catégories vont être démultipliées. Pour tous les décideurs, il est clair qu’il ne serait pas possible de donner une autonomie étatique et même administrative à tant de minorités.

En 1920 sont créés des autonomies nationalistes avec des territoires autonomes et des petits territoires culturellement et linguistique très cohérent.

Les autorités soviétiques vont utiliser le critère de la langue avec une hiérarchisation arbitraire.

Dans le Caucase du Sud, au contraire, une politique d’unification en 1922 entre l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie ensemble pour former une république transcaucasienne qui est de nouveau dissoute en 1936 en trois blocs.

Les soviétiques ont essayé de donner des droits en donnant une certaine autonomie de reconnaître la culture et les langues afin de ne pas avoir de mobilisations nationalistes. Plusieurs politiciens bolchéviques sont passés par la prison des peuples austro-hongrois alors ils vont relativiser les nationalismes.

L’URSS avant l’éclatement en 1991[modifier | modifier le wikicode]

#! Republic Map of the Union Republics between 1956–1991
1 Flag of Russian SFSR Russian SFSR Republics of the USSR.png
2 Flag of Ukrainian SSR Ukrainian SSR
3 Flag of Belarusian SSR Belorussian SSR
4 Flag of Uzbekistan SSR Uzbek SSR
5 Flag of Kazakhstan SSR Kazakh SSR
6 Flag of Georgian SSR Georgian SSR
7 Flag of Azerbaijan SSR Azerbaijan SSR
8 Flag of Lithuanian SSR Lithuanian SSR
9 Flag of Moldovan SSR Moldavian SSR
10 Flag of Latvian SSR Latvian SSR
11 Flag of Kyrgyzstan SSR Kirghiz SSR
12 Flag of Tajikistan SSR Tajik SSR
13 Flag of Armenian SSR Armenian SSR
14 Flag of Turkmenistan SSR Turkmen SSR
15 Flag of Estonian SSR Estonian SSR

On essaie d’accommoder des identités nationales et des ambitions d’indépendances sans pour autant leur permettre de quitter l’Union Soviétique. Il y a toujours une pensée géopolitique.

L’éclatement de l’URSS en 1991[modifier | modifier le wikicode]

atlas-historique.net]

Un certain nombre de pays cherchent l’indépendance tandis que d’autres ont obtenu leur indépendance. Les anciens pays de l’Europe centrale appartenant à la zone d’influence soviétique cherchent à ce moment leur indépendance idéologique.

Pour l’analyser les relations politiques actuelles, il y a une mémoire de plusieurs empires et des tensions entre voisins qui ne sont pas tout à fait mortes aujourd’hui.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. THRONTVEIT, T. (2011). The Fable of the Fourteen Points: Woodrow Wilson and National Self-Determination. Diplomatic History, 35(3), 445–481. https://doi.org/10.1111/j.1467-7709.2011.00959.x
  2. Staline, 1913 (texte français dans Staline, 1978, p. 15).