Morphologie des contestations

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La morphologie des contestations définit des formes d’actions. Le social a des formes qui représentent un système d’organisation social spécifique. Dès lors, il existe des formes d’homogénéité dans les actions entreprises.

Il existe un nombre important de mots qui décrivent des situations sociales différentes. Pour certains auteurs, elles ne sont pas aussi distinctes que ce que l’on pourrait espérer.

Le mot protestation signifie au départ « témoigner » venant du mot « protestantisme ». Protester provient du mot latin « protestare », c’est la protestation de sa bonne foi. La protestation est une affirmation qui dans le protestantisme est un espace du religieux qui critique le catholicisme qui a trop développé le sacré, elle n’est pas tournée vers la violence. C’est d’abord un témoignage parce qu’il se fonde dans sa dimension la plus contemporaine à savoir l’étymologie protestante. Le principe du protestantisme étant une attestation de foi dans le sens où il la témoigne d’une façon différente affirmant la notion de la protestation : les valeurs ne sont peut-être pas nécessairement celle qu’on pense, condamnation de dérives du catholicisme. C’est une critique du catholicisme. On voit apparaître aussi des notions très modernes comme celle de dignité de l’homme, de libre arbitre ou encore d'opposition au monde pour bâtir un monde meilleur.

On porte une interprétation humaniste de la société. C’est une dimension positive qui à travers la relecture des textes va permettre réinterroger les textes bibliques et arriver de nouvelles institutions religieuses et de nouvelles pratiques. La religion protestante va être une religion d’institution avec notamment la création d’une communauté protestante.

Cette réflexion est une question importante, car elle nous engage sur des questions d’actualité que sont la cohésion d’ensemble ainsi que les pratiques collectives.

Au-delà de l’indignation, il y a la construction d’un sens collectif. C’est un paradigme du changement. Ce changement peut revêtir des formes multiples détenant une haute forme symbolique.

Dans le concept de protestation, il y a une question de l’échange, car, plus on monte dans l’intensité, plus le dialogue est limité. Ainsi la protestation est une alternative à ceux qui font l’action.

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Du conflit à la subversion

Le conflit

Julien Freund.

La science politique est obligée de se saisir de ce vocabulaire et des formes de comportements sociétaux qui se caractérisent autour de la protestation. Ainsi, la première notion qui apparait est la notion de conflit.

Le conflit est intéressent parce qu’il va au-delà de la protestation, pouvant être interprété comme une étape de post-protestation.

Julien Freund (1921-1995), philosophe strasbourgeois, développe les questions de légitimité politique et de la violence en relisant. Il articule une réflexion sur la morphologie du conflit et sur la notion de conflit :

  • acte quelque chose d’autre que la protestation : le conflit n’est pas nécessairement de l’ordre de l’accident. La meilleure preuve à prendre est le marxisme qui n’est pas un accident de l’histoire, mais qui s’est construit dans la pensée du conflit.
  • Le conflit est une divergence d’intérêts profonde qui engage un conflit. Il repère une tension forte dans la notion de conflit entre ceux qui considèrent que l’espace public convient et ceux qui sont partisans d’un changement. Des positionnements se sont faits en se nourrissant des contradictions de la société : ils amènent naturellement le conflit. Il existe plusieurs types de conflits.
    • Social : un conflit social est la mise en forme d’une structure de négociation par le conflit ; le syndicalisme est inhérent à toute démocratie, le syndicat est une représentation d’intérêts qui va négocier ces intérêts avec les gouvernements sur la base du conflit social. Pour les marxistes, c’est l’expression d’un mode de production contradictoire. C’est un rapport de force prenant essence dans des changements que l’on refuse
    • de classe
  • toute société est par essence conflictuelle : le conflit est itinérant à la société, il est de l’ordre de la progressivité à savoir qu’il n’est pas forcement négatif. L’histoire montre que toute société a des formes de conflits. Plus une société connait des mutations rapides, plus elle s’emballe à un rythme qu’elle ne maitrise pas, plus il y a des risques de potentialité de conflit, c’est un décalage entre des temps qui s’accélèrent et une capacité humaine qui a des difficultés d’adaptation, dans le cas de transformations sociales et politiques fortes, l’homme développe une résistance et une opposition au changement. C’est un concept de discordance.
  • Le conflit est propre à la conception de l’espace public. Le conflit projette dans la question de l’espace public au sens philosophique et politique du terme. En s’inscrivant dans cet ensemble des individus, il s’inscrit dans une potentialité de conflictualité.

Dès lors, le conflit est une forme possible des relations sociales, c’est-à-dire que les relations sociales sont par nature même conflictuelles.

N’y aurait-il pas de formes spécifiques de la conflictualité dans nos sociétés modernes ? Il y a des causes multiples : La nature du conflit est liée à la rapidité des mutations dans une société : aujourd’hui, nous sommes dans des sociétés d’extrême vitesse. Les espaces temps favorisent les modifications rapides. Il y a un risque d’être dépassé par la rapidité. Des frictions de résistance au changement apparaissent. Les conflits vont opposer les tenants d’une modernité à ceux qui estiment pouvoir bénéficier de la structure de changement. Il y a un concept de discordance de temporalité dont émanent des tensions faisant de la société un lieu conflictuel. L’échange se fait dans l’espace public. Il inscrit le conflit, les échanges et éventuellement les règles de gestion de la conflictualité. Des débordements sont possibles, mais restent une forme possible de relations sociales. La gestion se fait dans le cadre sociopolitique de l’espace public. La conflictualité n’est pas extérieure, mais intérieure. Les objets de conflits sont très nombreux, ce n’est pas toujours comprendre l’origine, mais plutôt l’évolution.

Le conflit est impossible à supprimer parce que c’est quelque chose d’intrinsèque à la société, on ne peut lui supprimer quelque chose de structurant.

Oppose la lutte au combat. Pour Freund, il y a une forme démesurée ou la question de la violence revient.

  • la lutte : il faut faire face à de la violence par un procédé distinct, c’est de l’ordre de l’imprévisible. La lutte des classes est par exemple une lutte qui est structurée, elle échappe à l’imprévisibilité parce que c’est une construction, la conscience de classe et le conflit sont une construction de la notion de conflictualité, c’est quelque chose de précis qui a des formes et qui est structuré. Dans les manifestations, le service d’ordre a pour fonction de structurer ceux qui vont manifester, il est nécessaire de créer une structure de l’ordre, ainsi la manifestation permet la protestation. Dès lors, la seule forme structurée de la lutte est la lutte des classes.
  • le combat : le situe dans des types de conflits plus ou moins réglés, mais souvent peuvent se régler. Par exemple, les guerres sont un combat régulé. Le combat a pour fonction de contrôler la violence et de la contenir dans une certaine limite. On retrouve l’idée de Weber que les États modernes sont fondés sur l’usage légitime de la violence.

De plus, Freund oppose dans l’usage de la violence deux types de situations :

  • l’état polémique : vient du mot « polemos » qui renvoie à l’art de la guerre. Il y a une violence ouverte entre États gérés. Les sociétés vont devoir canaliser le conflit.
  • l’état agonal : la société est obligée de transformer la violence et de la rendre opérationnelle pour éviter la destruction. Comment, une société substitut la sécurité à la violence ? C’est, au fond, comment la société redistribue la conflictualité en compétition en en faisant un mode de fonctionnement sociétal. Ainsi, la société capte la violence pour l’institutionnaliser en abandonnant le concept d’ennemie pour le concept d’adversaire, on abolit la violence pure et on la canalise en abolissant l’adversité. Un autre ordre social légitime la société par elle-même. Les rivaux ne se comportent plus comme ennemis, mais comme adversaires par un renoncement à la violence, mais dans une structure institutionnalisée de l’adversité. Le plus faible est celui qui ne peut répondre à ce concept d’adversité sociale dans l’État moderne.

Le problème c’est que l’état agonal n’est pas facile à maintenir, car il y a le risque que la compétition puisse dégénérer sur de la violence propre.

Le sport est par essence dans un espace totalement qui rentre dans la gestion de la violence individuelle, mais c’est en même temps un espace ou la violence peut revenir à chaque instant ; d’un côté il y a le souhait de canaliser la violence sportive pour répondre aux objectifs de l’État moderne. Par ailleurs, ces sports réactivent la violence individuelle. La contradiction est de devoir gérer les manifestations sportives sans violence et d’être soumit à la violence qui ressort à travers le sport.

L’émeute

Émeute des conducteurs routiers à Minneapolis, en 1934.

Le concept d’émeute c’est une dégénérescence des conflits, parce qu’il peut être régulé par des institutions de régulation du conflit.

Ce concept est pour les philosophes la dégénérescence du conflit,renvoyant à « l’émotion ». On est sur le champ émotionnel. Elle est historiquement perçue comme dangereuse parce qu’elle est conduite par l’émotion, c’est-à-dire un comportement non rationnel ; elle est de l’ordre de l’immédiateté. Elles se construisent souvent à partir de la rumeur : elles colportent la dimension émotionnelle dans l’espace public.

Elles se déchainent brutalement est dépassent les interdits sociaux ainsi que les conventions juridiques et morales. Elles se développent sans calculs et sans moyens, sans pitié, sans raisonnement. Son problème est la difficulté de la maitriser. C’est un espace de transgression des valeurs.

L’émeute est la naissance d’une forme de violence gratuite qui a une dimension récréative. Elle est liée à des caractères objectifs notamment liés à la pauvreté, au chômage, lié au sentiment de marginalisation, au sentiment d’insécurité.

Toute l’histoire de la philosophie et de la théorie classique est de dire que ce qui fait l’art politique est la raison. Aristote et Platon postulent que la politique va devenir un art, c’est-à-dire la capacité d’agir, par l’introduction de la raison, car ce qui est politique est le dessaisissement de l‘émotion.

Toute la philosophie classique va être de dire que l’art politique est le discours de la rationalité.

Les émeutes sont une façon de s’exprimer, c’est une réaction notamment à la provocation des politiques, à la marginalisation. Ainsi, aujourd’hui le discours et celui de l’émotion.

Subversion et révolutions

La subversion est intéressante parce que le préfixe « sub » a une dimension de dépassement de quelque chose. Elle est pensée, c’est de l’ordre du processus et de l’action, mais aussi du côté du renversement en opposition à l’émeute, c’est penser le moyen du renversement à travers une intentionnalité. C’est un changement par un processus qui renvoie à des moyens et à des règles, à savoir les moyens à disposition pour renverser le processus.

C’est la constitution d’une force d’action pour transformer venant du discours militaire et géopolitique :

  • Encerclement idéologique : fabrication d’une barrière idéologique pour empêcher le développement des idées d’un adversaire ;
  • Encerclement politique : travailler les porteurs de décisions, mais aussi restreindre leur liberté d’action et les marginaliser ;
  • Encerclement stratégique : créer un environnement défavorable à l’adversaire pour limiter son action.

C’est une conceptualisation du contrôle de l’adversaire afin de le faire plier. La subversion est de l’ordre de changer les choses par différents types de moyens, dont la force.

Roger Mucchielli (1919 - 1983) développe trois enjeux de la subversion. Ce sont des techniques qui se justifient par la nature du conflit. Elles découlent de savoir-faire qui peuvent déclencher la violence si nécessaire ce qui fait qu’elle est insidieuse :

  • démoraliser la nation visée : décomposer le moral ;
  • discréditer l’autorité : faire des campagnes de communications pour présenter l’adversaire comme un danger ;
  • neutraliser les masses : construire les modalités pour empêcher le soutien des masses au dictateur concerné.

Les médias sont un outil important pour manipuler l’opinion publique. La subversion est de l’ordre de la mise en scène. L’usage des médias permet de fabriquer l’opinion publique qui à travers des diffusions peut changer la réalité telle qu’on la perçoit. En fabriquant une réalité, on fabrique une opposition et les conditions de la destruction d’un régime.

La subversion est tout un système intéressent, car c’est un dispositif qui permet de changer la nature des régimes politiques.

Le renouveau contemporain de la contestation

Le concept de contre-pouvoir

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Depuis une vingtaine d’années, la contestation renait d’une façon différente.

Le livre Du Contre-Pouvoir de Miguel Benasayag et Diego Sztulwarkal s’interrogent sur l’analyse de l’évolution des modèles de lutte dans le monde contemporain. Dans les années 1970, l’action ne pouvait être pensée que par rapport à la question de la construction de l’idéologie. Aujourd’hui, nous sommes passés à autre chose. La précédente génération a échoué aux grands utopismes en pensant que la prise du pouvoir pouvait changer les choses, c’est un constat de l’échec de sa génération. Au contraire aujourd’hui émerge une génération qui développe son discours par le bas et non plus par le top-down. Les problèmes de la planète d’aujourd’hui découlent des échecs du passé. En intégrant les institutions, les militants se sont embourgeoisés avec leurs utopismes.

Le paradoxe est de ne plus se masquer de grandes idéologies pour le changement, mais il ne faut plus avoir de grands programmes, ce qui permet d’avoir des projets et d’être plus actif au sein de la société et pour la faire évoluer.

Comment fabriquer une efficacité politique ? Ne serait-elle pas ailleurs que dans la subversion ?

Au lieu de chercher à conquérir le pouvoir au cœur, il faut peut-être regarder ce qu’il se passe aujourd’hui sur les mobilisations de terrain. L’avenir n’est pas la conquête du pouvoir, mais le contre-pouvoir. Ce qui va changer demain c’est le fait que les gens sur place vont commencer à se mobiliser sur de grandes questions. L’enjeu n’est plus de conduire le pouvoir, mais de fabriquer un contre-pouvoir. Le regard critique sur les grandes questions de société est un mode contestataire.

De nombreuses ambiguïtés apparaissent notamment vis-à-vis de la violence qui dans un rapport contestataire avec la violence institutionnelle se justifie et trouve une légitimité en faisant face à une violence institutionnelle. Le monde meilleur nécessite plus d’égalité, mais pour construire le monde meilleur selon les préceptes marxistes il faut recourir parfois à la violence. Il faut repenser les conditions de l‘action à partir de la base dans l’utilisation d’une violence contestataire pour remettre en cause les grandes orientations de notre société.

Cet ouvrage permet de comprendre les formes de contestations actuelles. Pour Benasayag, il y a un changement de paradigme de la lutte sociale qui est un glissement du syndicalisme traditionnel qui est la défense d’intérêts spécifiques à une revendication sociétale qui est d’autant plus intéressent, qu’elle peut remettre en cause des grands schémas de pensés des individus.

Les nouveaux mouvements civils de contestation

Ulrich Beck a écrit Pouvoir et contre-pouvoir à l’heure de la mondialisation[1] publié en 2003. Il s’interroge sur les nouveaux paradigmes de la contestation sociale. L’hypothèse est fondée sur le cosmopolitisme méthodologique, c’est l’idée de dire que nous rentrons dans une société mondialisée qui modifie toutes les règles de fonctionnement et des champs sociaux. À partir des mutations de la société de l’information, nous sommes rentrés dans une société mondialisée. La société mondiale qui rassemble les différences est cosmopolite.

Le constat est de dire que si nous sommes rentrés dans le cosmopolitisme nous sommes rentrés dans de nouvelles notions parce que la société est mondialisée. Cela modifie toutes les règles de fonctionnement et d’échange, l’États-Nation n’est plus le seul acteur majeur, le politique fait un qui va au-delà de l’État-nation ; l’État est dépolitisé passant vers une infrapolitisation globale des sociétés menant à une société mondiale cosmopolite qui intègre les différences de cultures. Si nous avons conscience d’appartenir à un seul monde, il est bien clair que la nature des combats contemporains est différente des précédents.

Dès lors, le concept d’État-nation est dépassé, car les combats deviennent globaux. L’État-nation est dépolitisé dans la mondialisation économique. On aboutit à une société civile mondiale ou le politique a perdu de son efficacité faisant apparaître des enjeux cosmopolitiques :

  • la pauvreté ;
  • les risques ;
  • les inégalités ;
  • le réchauffement climatique.

Ce sont les nouvelles questions qui émergent de la société cosmopolite. C’est une société qui doit affronter des défis totalement nouveaux et dont on a pas les éléments de gestion parce que c’est une autre forme de pensée qu’il faut inventer. La souveraineté étatique de l’État-nation ne répond plus à ces questions.

Il développe ce que serait la nouvelle forme de l’État politique. Les lieux de sensibilité d’action collective sont les nouveaux combats : question des boycotts de produits, les politiques écologiques... En réalité le conflit n’a pas disparu, mais ressurgie sur d’autres formes en déqualifiant les formes anciennes de la mobilisation politique.

Il faut comprendre le fait que cette position philosophique cosmopolitique va pouvoir prendre un pas considérable, car toutes les barrières sont levées. Les enjeux de demain ne sont pas de l’ordre de la souveraineté étatique.

La contestation cosmopolitique qui fait éclater le cadre national est produit un nouveau militantisme : émergence de la minorité active de la contestation, ainsi dans un climat tendu émerge des mobilisations des « sans ». De nouveaux espaces, mais aussi des acteurs de la société se mobilisent.

Dès lors que les formes classiques de la protestation ne correspondent plus à l’enjeu de ces luttes.

L’effet de balancier immédiat est que les formes traditionnelles de contestations s’effritent parce qu’elles sont fondées sur des bases corporatistes qui ne sont plus à l’échelle des problèmes.

On assiste à un déplacement de la lutte aujourd’hui notamment avec l’arrivée des jeunes qui sont mobilisés sur des sujets qui les interrogent sur leur devenir.

On change dans les modes d’action. Les modes d’action sont renouvelés à travers des groupes sociaux mobiles :

  • les jeunes ;
  • les femmes actives ;
  • la classe moyenne ;
  • ceux ayant un fort capital culturel qui permet de mobiliser.

La dynamique associative est aussi le fait qu’on va se choisir sa propre cause cosmopolite. On ne s’engage pas sur quelque chose de l’ordre de l’idéologie, sur quelque chose qui acte l’être légitime, mais à défendre. On choisit sa cause en résonance avec sa propre réflexion.

Il y a une réinvention de l’espace public et une émergence d’une démocratie directe. Tout est dans l’instant. La mobilisation va être efficace parce que ce sont des forums d’actions renouvelés avec une médiatisation instantanée dans le sens ou les médias sont d’autant plus puissants.

Dans tous les pays industrialisés il y a une montée en puissance du militantisme associative qui recherche quelque chose de pragmatique ainsi qu’une participative rapide et effective à des débats de société sans être écrasé par le poids des structures, il y a une capacité de sélection, il faut choisir des causes, celle en adéquation avec le sens de sa quotidienneté.

De plus, se trouve l’émergence d’une contre-expertise avec des solutions intermédiaires. Il y a une efficacité de mobilisation qui remet en cause le lobbying.

Maintenant, il existe un répertoire très large d’action qui permet de créer des actions non conventionnelles qui prennent des aspects« coup de poing » pour montrer les limites des dispositifs institutionnels et qui ne rentrent pas dans une logique structurelle.

L’usage d’internet permet de mettre en lumière des espaces qui étaient jusqu’à peu visible et permet aussi un partage et une exploitation des données dans l’instantané et le direct pour fabriquer un contre-pouvoir international à partir de l’opinion publique. C’est un nouvel investissement de l’espace public qui marginalise les syndicats. Ce sont des mobilisations réactives et rapides qui permettent des réclamations rapides hors d’une logique structurelle débordant la société civile. C’est la fabrication d’une démocratie directe instantanée.

Dès lors, la mobilisation se fait autour des « sans », c’est de l’humanitarisme émotionnel.

Les nouveaux mouvements contestataires rassemblent trois types de populations :

  • Les personnes en situation de souffrance ;
  • Les militants des associations de« sans » (individus politisés) ;
  • Les « personnes-ressources » : militants ou sympathisants requis par l’organisation en raison de leurs compétences individuelles ou de ce qu’ils représentent.

C’est un renouvellement des formes d’action qui permettent de s’interroger sur la publicisation de la lutte. La lutte altermondialiste à une publicisation et une capacité de médiatisation très forte.

Le politique étant construit dans un dispositif social institutionnel, il y a toujours un risque de récupération par le politique, c’est un paradoxe que tous ces nouveaux mouvements connaissent.

L’intérêt d’internet est que cet outil offre la capacité d’accélérer les processus. Cela produit une efficacité et bouscule les institutions sur des questions de priorité et de stimuler l’activisme. Internet fournit une grande capacité d’expertise et de mobilisation d’une communauté dans l’immédiateté. C’est une nouvelle forme de démocratie directe qui produit une efficacité et qui bouscule les partis politiques, les entreprises les firmes internationales sur des questions de priorités.

La capacité de rendre public les choses oblige les entreprises à s’intéresser aux problématiques d’actualité. Cette capacité permet de mobiliser afin d’obstruer les débats internationaux.

Conclusion - Les conflits à venir : vers une nouvelle forme de subversion ?

N’allons-nous pas vers quelque chose d’aller vers quelque chose de plus violent. On constate un retour de la subversion avec des formes renouvelées.

Les experts constatent une radicalisation du discours dans l’extrême gauche qui prône un retour à la subversion qui doit revenir le moteur politique pour changer les choses. Réapparaît un discours binaire entre oppressants et oppressés avec une contestation de la démocratie traditionnelle en disant qu’elle n’est plus une démocratie. C’est un appel à la subversion qui réactualise les idées anciennes de la guérilla urbaine au nom de la nécessité de paralyser le système existant et de penser l’action individuelle et collective comme un mode de transformation de nos sociétés.

Le groupe Tycoon fondé dans les années 1990 s’est autodissous après le 11 septembre. Il s’interroge sur ce qui se joue sur la réflexion théorique autour de la réflexion.

Il y aurait une insurrection qui vient parce que le présent est défini sans issues. Aucune alternative ne semble possible ni à gauche ni à droite. S’il n’y a pas de solutions sociales, nous sommes dans une logique de désespoir, il faut donc faire appel à la subversion. Du coup, il faut réactualiser la guérilla urbaine. On va réactualiser la guérilla : il faut renouer avec les théories de l‘insurrection pour paralyser les moyens existants.

On trouve des nouvelles formes de subversion qui reprennent les anciens procédés, mais apporte aussi quelques innovations.

Est-ce que ces mouvements contestataires peuvent-ils s’inscrire dans la démocratie actuelle ?

Annexes

Références

  1. Pouvoir et contre-pouvoir à l'ère de la mondialisation ; en poche chez Flammarion, Champs-Essais, 2008,