L’âge d’or du pacifisme

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L’âge d’or du pacifisme
Faculté Faculté des Lettres
Département Département d’histoire générale
Professeur(s) Matthias Schulz
Cours Sociétés et acteurs non-gouvernementaux en relations internationales

Lectures


Le pacifisme connaît son âge d’or dans les années précédant la Première Guerre mondiale : le mouvement prend alors toute son ampleur, s’organise à travers les frontières et génère toute une série d’idées concrètes et approfondies sur une organisation internationale pour la paix, idées qui seront matérialisées par l’établissement de la Société des Nations.

L’exposé porte sur la deuxième vague du pacifisme parce qu’on a déjà parlé de la vague des années 1840 et 1850 et des conférences qui avaient lieu. Il y a eu une certaine pause due à l’essor de la realpolitik et de la fréquence des guerres. Puis, de nouvelles associations pour la paix étaient nées au cours des années 1860 et 1870. Donc, la structure est d’abord de regarder les nouvelles associations, puis le rôle des associations du droit international, puis la parlementarisation du mouvement moyennant l’union interparlementaire, la fondation du Bureau international de la paix et l’organisation des femmes pacifistes, il y avait aussi d’autres buts de réforme sociale dans les mouvements de femmes, mais il y avait aussi des organisations pacifistes ou prioritairement pacifistes.

Ainsi, il est possible de structurer ces développements autour de cinq tendances générales :

  1. Après l’échec du pacifisme de la première vague face à la Guerre de Crimée, le mouvement renaît de ses cendres à partir de la crise de Luxembourg de 1867 où une confrontation armée entre la France et la Prusse a été évitée par la médiation : cet évènement, acclamé par les pacifistes, a marqué l’émergence de la deuxième vague pacifiste. Ce nouvel essor sera secoué par la Guerre de 1870, mais en sortira plus consolidé grâce au ralliement d’un grand nombre de personnes outrées par la guerre et le fait que le conflit soit finalement réglé de façon pacifique.
  2. Avec cette renaissance pacifiste, la recherche sur la structuration de la paix internationale s’approfondit, notamment grâce à l’Institut de droit international qui s’instaure en 1873 à Gand, en Belgique.
  3. Une nouvelle tendance ingénieuse a été la parlementarisation du mouvement, à savoir une implication organisée de membres des gouvernements du monde en vue d’établir un dialogue constructif, l’entendement et le rapprochement international ainsi que la consolidation transnationale de la paix. Cette tendance s’est cristallisée par l’Union interparlementaire, fondée en 1889 par Frédéric Passy.
  4. S’en suit une institutionnalisation de la coopération transnationale pacifiste avec la création du Bureau international de la paix en 1891.
  5. En résulte une plus grande implication du mouvement dans la haute politique internationale et des répercussions réelles grâce aux « Congrès de la paix » à l’origine des conventions de La Haye de 1899 et 1907.

Il faut rappeler que tous ces développements de l’âge d’or du pacifisme ont lieu sur le fond de tendances diamétralement opposées, qui compromettent les efforts des pacifistes et sapent leurs progrès. En effet, la fin du long XIXème siècle est une époque de triomphe de l’impérialisme chauvin, de la subjugation coloniale, du militarisme belliqueux et de la rivalité acharnée entre les empires européens pour la domination du monde, qui entraînent l’humanité dans une escalade aux tensions. La haine xénophobe et la cruauté des crimes contre l’humanité du colonialisme sont alors éclipsées par la rhétorique du patriotisme et de la mission civilisatrice, qui dressent un mur infranchissable aux arguments impérieux des pacifistes et des progressistes.

Nouvelles associations nées au cours des années 1860 et 1870[modifier | modifier le wikicode]

On peut d’abord distinguer dans cette deuxième vague différents types d’organisations pacifistes et il renoue un peu avec la structure précédente. D’abord, il y a eu un pacifisme des syndicalistes, des socialistes, mais aussi des libre-échangistes ajoutés à cette vague du pacifisme radical ou du pacifisme religieux des quakers. Donc, de nouveaux courants s’ajoutent au mouvement pacifiste original.

On sein des exemples, il y a la ligue internationale pour la paix et la liberté, le Workingmen’s Peace Association en Grande-Bretagne qui était une organisation syndicaliste essentiellement à l’origine qui devient la International arbitration league plus tard, la Société des amis de la paix qui est une organisation française qui aussi s’inscrit sur ses drapeaux l’idée de l’arbitrage.

Deuxièmement, le pacifisme des juristes nés à cette époque-là avec la naissance de l’Institut du droit international et la American law association. Puis, il y a eu la parlementarisation moyennant l’Union interparlementaire et une institutionnalisation de la coopération transfrontalière avec la naissance du bureau international pour la paix fondée en 1891 et l’Organisation des congrès universels de la paix.

Le fondateur de deux de ces associations nationales était d’abord Frédéric Passy qui était le fondateur entre autres de la Ligue internationale et permanente de la paix, mais aussi le fondateur de la Société française des amis de la paix. Deux décennies plus tard, il fut également impliqué dans la fondation de l’Union interparlementaire et dans la création du Bureau international de la paix. Il méritait vraiment le premier prix Nobel de la paix qui lui fut décerné conjointement avec Henri Dunant en 1901.

Donc, Passy venait d’une famille relativement aisée pour ne pas dire riche française, et il était économiste e formation et venait en fait du courant réaliste ou pragmatique des libre-échangistes qui étaient favorables à la paix. Dans tous ses discours, il mettait en avant les coûts effrayants de la guerre et aussi les coûts d’armements qui faisaient ou qui détournait les ressources de la société au détriment des objectifs sociaux, éducatifs, culturels et humanitaires. Donc, pour lui, l’argument économique était l’argument clef contre la guerre.

La ligue internationale et permanente de la paix qui était ouverte vers l’international donc paix exclusivement française a été dissoute suite à la guerre franco-allemande. Donc, il a recommencé d’une certaine manière avec une société purement française des amis de la paix. Mais il ne restait pas là, il se reconnectait avec les réseaux notamment britanniques au cours des années 1880.

La Ligue internationale pour la paix et la liberté est fondée, entre autres, par le philosophe français Charles Lemmonier et avec une participation très forte des membres suisses du mouvement pacifiste. C’était à l’origine une plateforme de très grande renommée, mais aussi d’une orientation idéologique républicaine et socialiste poussée en tout cas en partie qui était rapidement déchirée entre les diverses tendances idéologiques, elle n’a pas cessé d’exister, mais il y a eu une partie des pacifistes qui a quitté cette association-là. À l’origine, lors du premier congrès qui avait lieu à Genève, il y avait par exemple l’écrivain français Victor Hugo qui participait, il y avait également le révolutionnaire français Louis Blanc mais aussi l’anarchiste socialiste Michail Bakunin de la Russie qui faisait parti. Donc, il y a eu vraiment des figures emblématiques de divers courants. Donc aussi des libre-échangistes britanniques comme John Stuart Mill et John Bright, mais aussi beaucoup de socialistes comme Alexander Herzen ou Johan Becker ou le révolutionnaire italien Giuseppe Garibaldi.

On peut dire que l’idée originale de Charles Lemmonier était de réunir toutes les forces progressistes, démocratiques et républicaines et socialistes de l’époque sous une seule organisation, mais il n’a pas fait le compte ou il n’a pas tenu compte des objectifs de Karl Marx, l’idéal du mouvement socialiste qui avait fondé sa propre organisation internationale et qui avait donc mobilisé donc les socialistes pour s’en retirer.

Il y a donc de nouvelles structures qui se mettent en place pendant les années 1860 et 1870, puis il y a différents milieux qui enrichissent d’une certaine manière le mouvement pacifiste dans la deuxième partie du XIXème siècle. C’est à partir des années 1860 et 1870 que se forment de nouvelles associations. Un élément très important étant l’entrée des juristes dans ce domaine des pacifistes. C’est notamment par le biais de l’établissement de l’institut du droit international en Belgique à Genk, et du côté américain, la fondation de la American international law association. C’était un élément clef. La deuxième partie clef était la parlementarisation du mouvement, il y quelques parlementaires notamment d’abord des groupes français et des groupes britanniques qui se sont mis ensemble afin de former une conférence interparlementaire puis une union interparlementaire qui englobait des parlementaires pacifistes de l’Europe essentiellement amis aussi quelques-uns des États-Unis et du Canada. Une nouvelle branche au niveau international a été fondé ou mis en marche la même année que l’Union interparlementaire, à savoir le Bureau international de la paix qui était une association internationale privée qui réunissait les différentes associations pacifistes nationales.

Ajoutons à cela, parmi d’autres organisations qu’il y avait aussi des organisations des femmes ou féministes orientées à la paix ; soulignons que l’intérêt premier des organisations féminines n’était pas la paix, mais c’est plutôt devenu l’une de leurs thématiques importantes lorsque c’était après la Première Guerre mondiale.

La ligue internationale et permanente de la paix fondée par Fréderic Passy et son successeur est la Société française des amis des la paix. Frédéric Passy émanait d’une famille aisée française, économiste de formation, et était avocat de la paix pour des raisons économiques essentiellement. Donc, il promouvait l’argument rationnel et économique de la paix, il ne faisait aucune référence ou presque à la religion contrairement aux pacifistes de la première partie du XIXème siècle qu’on avait vu aux États-Unis et en Grande-Bretagne notamment émanant du milieu des quakers et en partie aussi des anglicans. Donc, c’était un pacifisme réaliste. Donc, il était le fondateur aussi de la Ligue internationale et permanente pour la paix, mais elle a été dissoute suite à la guerre franco-allemande et c’est parce qu’il y avait aussi des membres allemands et après la guerre franco-allemande, cette symbiose ne pouvait plus marcher, en tout cas pas tout de suite et donc il a fondé la Société des, mais de la paix uniquement composée des Français.

Frédéric Passy est essentiel à mentionner parce qu’il était aussi le fondateur ou l’un des fondateurs de l’Union interparlementaire et le premier président du Congrès universel de la paix qui avait lieu en 1889, le premier congrès qui se veut universel de la paix, mais qui renoue un peu avec les traditions des congrès pacifistes que l’on avait déjà vus se développer dans les années 1840 et 1850. C’est une nouvelle vague des congrès universels de la paix qui commence à partir de 1889. Frédéric Passy est aussi le premier prix Nobel qu’il avait reçu ensemble avec Henri Dunant fondateur du Comité international de la Croix Rouge et du mouvement de la Croix Rouge.

L’association a été fondée sur le fond ou sur l’arrière-plan de la guerre dite allemande entre la Prusse et l’Autriche qui avait impliquait rapidement la France parce que la France suite à la conclusion très rapide de cette guerre revendiquait une compensation territoriale pour l’agrandissement de la Prusse. Le problème de la France était qu’elle avait conclu un traité de neutralité bienveillante avec l’Autriche, mais l’Autriche n’avait pas gagné. Avec l’Autriche, elle avait agréé quelques aménagements territoriaux en faveur de l’Italie et en faveur de soi-même, à savoir une compensation au bord du Rhin. Donc, la Prusse n’était évidemment pas du tout impliquée dans ces négociations et lorsqu’après la fin de la guerre Napoléon III revendiquait le Luxembourg, alors, les États allemands n’étaient pas du tout d’accord à lui accorder le Luxembourg qui faisait partie jusqu’en 1866 de la Confédération germanique bien qu’étant gouverné en Union personnelle par le prince des Pays-Bas. Donc, c’était un peu compliqué, mais c’était comme cela à l’époque, il y avait de telles histoires.

En fait, Frédéric Passy s’est opposé contre la revendication territoriale, donc la compensation proclamée par Napoléon III. Il avait essayé sur le plan de la politique intérieure de calmer un peu les esprits et donc il a produit un peu de contre vent contre cette revendication de Napoléon. Précisément, il a lancé des courriers de lecteurs et publié lui-même dans le journal français ‘’Le temps’’ où il se prononçait donc contre cette revendication. Par son intervention, sur l’opinion française, il a facilité la solution pacifique de ce différend moyennant une conférence qui avait lieu sous les auspices du ministre des affaires étrangères britannique à Londres, une conférence du dit Concert européen. Même dans cette période relativement difficile de realpolitik, le concert européen a pu apaiser certains conflits.

L’esprit de tolérance religieuse animé la Ligue internationale et permanente de la paix puisqu’il y a eu parmi les membres fondateurs un prêtre protestant, un prêtre catholique et un rabbin juif.

Finalement, la Ligue a été dissoute parce que le pacifisme libre-échangiste évoqué par Passy n’était pas suffisamment porteur pour survivre dans la forme d’une association internationale, la guerre franco-allemande surtout parce qu’il y avait à la fois des membres allemands et des membres français dans cette Ligue internationale jusqu’à la guerre.

Ce qui se dégage comme la thématique la plus importante lorsque Passy fonde l’organisation successeur à savoir la Société des amis français de la paix est la lutte pour l’arbitrage. Il devient un point central clairement de ces activités.

Une autre association est la Ligue internationale pour la paix et la liberté fondée la même année que la ligue international e de Passy en 1867 à Genève. La Ligue internationale pour la paix et la liberté était un assemblage assez intéressant, très hétérogène des différents courants politiques un peu plus radical ; et on peut si l’on veut essayer de trouver un dénominateur commun, on peut dire que beaucoup de ses membres étaient des républicains convaincus, mais c’était aussi en partie son problème, à savoir qu’il n’y avait pas de monarchies en Europe à l’époque sauf la Suisse. C’était encore la fondation de la troisième république en 1867, c’est quatre ans avant, après il y avait aussi la Troisième République française, mais au moment de sa fondation, il n’y avait juste qu’une république en Suisse, pas d’autres républiques en Europe et par conséquent, le mouvement partait de l’hypothèse un peu utopique d’abord d’abolir les monarchies et établir des républiques pour en suite faire de la paix.

Cela s’explique en partie par la présence des socialistes et des radicaux de toute envergure comme, par exemple, le socialiste anarchiste Mickael Bakounine ou le socialiste français Louis Blanc, mais aussi l’écrivain bourgeois, mais quand même radical démocrate pour l’époque, Victor Hugo, faisait partie des membres fondateurs. Le fondateur est Charles Lemmonier, un philosophe français qui était lui aussi un républicain convaincu.

Donc, c’est devenu une plateforme de grande renommée, mais qui ne descendait pas, qui avait des problèmes d’orientation parce qu’en plus de socialistes poussé, il y avait aussi des pacifistes bourgeois plus classiques. Donc, cette ligue internationale était rapidement déchirée entre diverses tendances idéologiques. On peut aussi mentionner le libre-échangiste britannique John Stuart Mill et John Bright.

Le Congrès de Genève de cette ligue internationale pour la paix et la liberté développait un programme en faveur de la solidarité de tous les peuples européens sur la base du principe de l’autodétermination des peuples. Donc, en principe, c’est l’autodétermination des peuples par nationalité. Il se fait aussi l’avocat de l’abolition des monarchies et de l’établissement des Républiques démocratiques, il se fait avocat de la séparation entre l’Église et l’État donc il est l’avocat d’un programme radicalement laïciste, il se prononce en faveur de l’abolition des armes permanentes et en faveur d’une fédération des États européens.

Là aussi, on peut voir un certain utopisme qui était brisé très rapidement dû à la guerre franco-allemande de 1870 – 1871. Soulignons que cette idée des États-Unis d’Europe est revenue donc depuis le discours tenu par Victor Hugo lors du Congrès de la paix de Paris de 1849 donc juste après la troisième Révolution française donc la révolution de février de 1848 où il y a eu ce congrès universel de la paix à Paris. Donc, cette idée, ce beau mot de Victor Hugo sur les États-Unis d’Europe est revenu à l’époque avec une certaine vigueur.

Cela se traduit notamment dans la publication d’une revue relativement éphémère, mais quand même qui a été publié pendant quatre ans, intitulé Die Vereinigten Staaten von Europa édité avec la participation de deux révolutionnaires allemands que son Johan Jacoby et Ludvig Simon, et publié également en français Les États-Unis d’Europe, et la version française a été éditée par le pacifiste genevois Elie Ducommun entre 1868 et 1871. Eli Ducommun, d’ailleurs est le deuxième prix Nobel de la paix qu’il avait obtenu en 1902, fils oublié de Genève.

Pourquoi donc cette Ligue internationale de la liberté et de la paix a été relativement déchirée ? Pour deux raisons essentiellement : d’abord à cause de la guerre franco-allemande qui a déchiré sa composition et a mis à mal les différents membres français et allemands ; et d’autre part, elle a été déchirée parce qu’il y a eu des orientations idéologiques très fortes dans ce mouvement et des objectifs accessoires, voire même prioritaires pour certains des activistes comme l’installation du socialisme et des républiques, donc l’abolition des monarchies ce qui a mené à des querelles idéologiques. Et en partie, ces querelles étaient mobilisées volontairement par Karl Marx, fondateur du mouvement socialiste qui était en train de fonder ce qui s’appelait la Première internationale socialiste donc une association internationale des socialistes qui voulait réunir les prolétaires, les travailleurs sur le plan européen d’abord puis éventuellement sur le plan universel.

Donc, il y avait des socialistes qui avaient quitté la Ligue internationale pour la paix et la liberté et qui se sont réuni dans l’Alliance internationale de la démocratie socialiste donc la première internationale socialiste qui avait publié par la suite un journal pacifiste aussi qui s’appelait Der Vorbote. En revanche, le camp républicain bourgeois comme Victor Hugo par exemple continuait à être attaché à la Ligue internationale pour la paix et la liberté et Elie Ducommun également continuait à rester attacher à cette organisation. Donc, elle continue en fait à exister pendant quelques années après la guerre franco-allemande. Elle ne se dissout pas avec la guerre franco-allemande.

Sur les tensions nationalistes, sur les problèmes d’orientation idéologique, soulignons encore que la Suisse républicaine et fédérale sert souvent de modèle de référence pour ce mouvement pacifiste à l’époque parce qu’elle est une république et elle est une fédération donc les pacifistes de toute l’Europe sont relativement favorables à donner aux suisses un rôle prépondérant dans ce mouvement. Et cela explique une présence très forte d’Elie Ducommun ou d’Albert Gobat par exemple par la suite lorsque sont fondés l’Union interparlementaire et le Bureau international de la paix.

On peut dire qu’avec la guerre franco-allemande et cette nouvelle démonstration des avancées de la technologie de guerre, un certain pragmatisme est rentré dans les esprits de beaucoup de pacifistes. Donc, l’idée des États-Unis d’Europe était un peu écartée et le mouvement pacifiste de diverses affiliations commençait à se concentrer de plus en plus sur l’arbitrage. Et cela notamment aussi à cause de l’entrée de certains juristes dans le domaine du pacifisme. Par exemple, sur l’arrière-plan de la guerre franco-allemande, le Workingmen’s peace associaiton de Randal Cremer avait publié un appel pour l’établissement d’une Cour internationale d’arbitrage. Donc, ici, cela devient un appel type qui apparaît fréquemment dans la presse, dans les journaux de l’époque.

Le mouvement pour l’arbitrage a connu un essor particulier à cause de l’adoption par les États-Unis et par le Royaume-Uni de la décision de soumettre un différend qui les opposait depuis la guerre de Sécession à l’arbitrage qui était le différend concernant le navire Alabama. Il y a une salle Alabama dans l’hôtel de ville de Genève, non pas parce qu’on aime tellement l’État d’Alabama aux États-Unis, mais parce que le différent anglo-américain concernant le navire Alabama a été négocié par des arbitres à Genève, dans l’hôtel de ville, dans la salle dite aujourd’hui Alabama. C’est le premier grand cas d’arbitrage qui avait lieu au cours du XIXème siècle. Il y a eu un prédécesseur qui est le traité Jay, un traité d’arbitrage conclu également entre les États-Unis et la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIème siècle concernant les différends non résolus suite à la guerre d’indépendance des Américains. Mais là, c’était une autre période évidemment.

Il s’agissait d’un navire, d’abord un bateau ordinaire qui a été rééquipé et remodelé en un navire de guerre sur un chantier naval britannique pendant la guerre de Sécession. Bien entendu, c’était un navire du Sud donc de la Confédération et non pas de l’Union. Cependant, la Grande-Bretagne a été neutre pendant la guerre de Sécession. Lorsque le navire Alabama est rentré dans le Sud, il a commencé à participer aux batailles navales causant des dommages aux navires du Nord. Les Américains avaient trouvé que le navire a été rééquipé pour la guerre en Grande-Bretagne pendant la guerre de Sécession et c’était une violation de la neutralité par les Britanniques. Donc, le gouvernement britannique qui se déclarait neutre aurait dû empêcher que le navire soit livré à la Confédération du Sud qui sont les États sécessionnistes des États-Unis. Alors, lorsque la Grande-Bretagne avait accepté le principe de l’arbitrage, le gouvernement était conscient que les arbitres allaient très probablement se prononcer pour une indemnité que la Grande-Bretagne devrait payer. Par conséquent, l’admission de l’arbitrage était déjà une concession de la part des Britanniques. Le cas négocié à Genève culminait avec l’obligation de la Grande-Bretagne de payer une indemnité, ce que la Grande-Bretagne faisait et par conséquent, les pacifistes de toutes les couleurs étaient ravis par le fait que l’arbitrage fonctionne. Personne n’a perdu son honneur, l’arbitrage peut fonctionner.

Donc, de nombreux pacifistes commencent à revendiquer l’établissement d’un système général d’arbitrage comme Henry Richard propose, pacifiste britannique, et la House of commons accepte en 1873 une résolution en faveur d’un système permanent d’arbitrage entre nations. Il faut juste encore le mettre en place. Le parlement belge, néerlandais, suédois et italien adopte des résolutions analogues, mais non pas les parlements français, allemand et danois par exemple. Donc, il y a quand même une multiplication des associations nationales pour l’arbitrage international.

Autre matière, les juristes, c’est l’International law association. D’abord, le juriste américain Dave Dadley Field, il proposait en 1872 un premier plan détaillé pour la procédure internationale d’arbitrage. Typiquement, les autres suivaient un peu ses exemples. Il avait imaginé la création d’une commission mixte avec cinq juristes par chaque nation impliquée dans un différend qui devait préparer un rapport dans les six mois. Faute d’un accord, ou au cas ou une partie du différend n’était pas d’accord avec ces conclusions, un autre tribunal composait de sept juges choisis par les parties d’une liste préétablie devait se réunir pour décider du différend. Là, typiquement, les juristes devaient appartenir à des pays neutres.

Donc, on peut dire que les juristes de pays impliqués dans des différends étaient d’abord mis en avant, mais s’ils n’étaient pas capables à résoudre sur la base juridique le différend, ils devaient passer à une deuxième instance ce différend et cette fois-ci cette instance devait être composée de juristes neutres ou émanant des autres nations en tout cas.

C’est autour de David Adley Field que se formule la International law association. Au même moment se formait en Europe un mouvement des juristes pour la paix par le droit international. On peut dire que c’est surtout autour du Belge Gustave Roulan Jacquemein que s’est formé l’institut du droit international à Genk. Une première impulsion a été donnée par le juriste germano-américain France Lieber, père du Les sources du droit des conflits armés#Les conférences adoptées pendant la guerre de Sécession par le président américain Abraham Lincoln. Il avait proposé dé réunir un congrès international de juristes afin d’étudier les moyens pacifiques pour résoudre les conflits internationaux. C’est en 1871, donc sur l’arrière-plan de la guerre franco-allemande de nouveau, que Lieber reprend la proposition dans une lettre adressée au barreau Gustave Rolain Jacquemine coéditeur à l’époque de la première revue scientifique française du droit international qui lui réuni en octobre 1873 donc une conférence des onze juristes éminents et ressortissants des divers pays européens qui finalement décide de créer l’institut du droit international à Genk aujourd’hui basé à Genève.

Le pacifisme de deuxième vague[modifier | modifier le wikicode]

La deuxième vague pacifiste commence autour de 1867, avec notamment la fondation de la ligue internationale et permanente de la paix par Frédéric Passy, un juriste, économiste, homme d’État républicain, progressiste, libre-échangiste et pacifiste français : en tant que militant engagé pour la paix à l’origine de l’Union interparlementaire et du Bureau international de la Paix, Passy a été le co-récipient du premier Prix Nobel de la paix de 1901 avec Henry Dunant pour ses contributions à l’humanité et à la cause pacifiste. Passy avait repris les arguments réalistes de Richard Cobden, et a constamment milité pour l’abandon de la guerre en tant que moyen pour résoudre les différents par les États du monde non pas par des arguments moraux, mais d’utilité, des coûts extrêmes et des bénéfices médiocres de la guerre.

Grâce à son engagement et à son discours impérieux, Frédéric Passy est devenu le leader et la voix du mouvement pacifiste à travers le monde. Il est accédé à ce rang après avoir gagné l’estime de tous les pacifistes lors de la crise du Luxembourg.

La crise du Luxembourg s’était développée entre la France de Napoléon III et la Confédération de l’Allemagne du Nord dominé par la Prusse de Guillaume I dans leur confrontation pour le contrôle du Luxembourg, place d’armes stratégique de l’Europe occidentale. L’élément déclencheur de la crise a été la démarche osée de Napoléon III qui avait profité de la guerre imminente entre l’Autriche et la Prusse pour s’approprier des terres allemandes en misant sur la victoire de l’Autriche. Le calcul s’est avéré faux, alors que la Prusse qui a remporté la victoire après six semaines de combats s’est tournée à l’Ouest pour revendiquer le Luxembourg que Napoléon III visait à s’octroyer.

La Confédération, dirigée par le Chancelier Otto von Bismarck, était prête à défendre son emprise sur le Luxembourg et sa garnison déployée dans la région depuis des décennies. Pour éviter une guerre ouverte, entre avec l’Empire français, les deux États se sont convenu pour ouvrir une Conférence diplomatique multilatérale à Londres, mettant le sort du conflit entre les mains du Concert de l’Europe. Ce dernier est parvenu à résoudre le conflit en accordant la souveraineté et la neutralité du Luxembourg, soumises à la garantie des quatre grandes puissances : ainsi, la médiation avait parmi d’éviter une confrontation majeure, ou plutôt de la retarder, puisque les ressentiments qu’elle avait nourris des deux côtés du Rhin mèneront à la Guerre francoprusse de 1870.

Dans le cadre de cette crise et de sa résolution, le rôle du pacifiste Frédéric Passy a été de lancer une initiative de courriers aux lecteurs du journal Le Temps où Passy s’était proclamé ardemment contre la revendication du Luxembourg par la France et revendiquait la résolution pacifique du conflit : cette démarche avait largement sensibilisé le public français et européen en apaisant les passions nationalistes et belliqueuses, alors que les États s’étaient avérés incapables ou réticents à le faire.

Le succès de cette initiative et l’intérêt qu’elle a suscité ont permis de rallier un grand nombre de nouveaux adeptes au mouvement ainsi que la création de la Ligue internationale et permanente de la paix. Celle-ci a été largement reconnue pour son esprit de tolérance, notamment de tolérance religieuse, puisque des membres de toutes les ethnies et de toutes les confessions de la région se retrouvaient dans un esprit de fraternité dans ses rangs. Néanmoins, la Ligue avait ses points faibles et ses sources de division, qui ont culminé à sa dissolution suite à la Guerre francoprusse.

La même année, Passy fonde une nouvelle organisation, cette fois strictement française et beaucoup plus ciblée et pragmatique que la précédente : la Société française pour l’arbitrage entre les nations, couplées dès 1872 par une nouvelle société idéologique, la Société française des amis de la paix. La lutte pour l’arbitrage entrait alors au centre d’intérêt.

Une autre organisation pacifiste transnationale avait été créée en 1867 par l’initiative du philosophe français Charles Lemonnier et des membres suisses du mouvement pacifiste : la Ligue internationale pour la paix et la liberté, dirigée par l’idée de rallier les mouvements républicains et socialistes à la cause pacifiste. Celle-ci avait connu de grands succès au début, avec des congrès réguliers qui rassemblait des personnalités éminentes telles que le pacifiste romancier Victor Hugo, le socialiste français Louis Blanc, l’anarchiste russe Mikhaïl Bakounine, le publiciste socialiste russe Alexandre Herzen, mais aussi des libre-échangistes britanniques tels que John S. Mill et John Bright et le révolutionnaire et général italien Giuseppe Garibaldi.

La Ligue avait développé dans ses Congrès un programme pour la solidarité de tous les peuples (bien que l’Europe en était le destinataire principal) ainsi que l’abolition des monarchies et l’établissement de Républiques démocratiques se basant sur le principe de l’autodétermination des peuples, la séparation de l’Église et de l’État, le désarmement progressif, avec l’abolition des armées permanentes, et finalement la création d’une confédération des États européens, comme dessinée par Victor Hugo lors de son discours d’inauguration au Congrès de la paix de Paris en 1849.

Par la suite, plusieurs branches nationales de la Ligue sont apparues, dont le Workingmen’s peace association, fondée par le pacifiste britannique William Cremer, cofondateur de l’Union interparlementaire avec Passy. Néanmoins, la Ligue s’est rapidement fragmentée et s’est dissoute sous le poids de tensions croissantes entre républicains libéraux et socialistes radicaux et leurs contradictions idéologiques.

Approfondissement de la recherche de la paix[modifier | modifier le wikicode]

Avec la Guerre francoprusse et les nouveaux ressentiments qu’elle génère, les idées grandioses de confédération européenne et de désarmement sont brisées. L’heure est alors aux programmes pragmatiques et réalistes axés autour du développement de la coopération et du droit internationaux. C’est alors que triomphe l’idée d’arbitrage comme moyen de prédilection pour la résolution de différends interétatiques, acclamée par les pacifistes qui dénoncent les nombreuses retombées néfastes de la Guerre de 1870 et promue grâce à la résolution salutaire du cas de l’Alabama par arbitrage :

Le cas de l’Alabama fait référence à un scandale qui a rapproché le Royaume-Uni et les États-Unis à la confrontation lors de la Guerre de Sécession, à cause de la vente aux Sudistes de matériel militaire, dont la Corvette de l’Alabama, par l’Empire britannique en violation de son statut d’État neutre au conflit. Pour éviter le jeu néfaste de représailles et la dégradation évidente des relations diplomatiques qui s’en suivrait, les parties ont décidé de convoquer une Cour d’arbitrage à Genève qui en 1873 a condamné le Royaume-Uni à payer des indemnités aux États-Unis, jugement qui sera accepté et respecté par la Grande-Bretagne, alors première superpuissance mondiale :

Dès lors, l’idée que le droit international peut résoudre tous les conflits entre États de façon pacifique émerge et gagne les cœurs et les esprits de moult personnes, notamment du MP britannique Henry Richardson, qui prône l’arbitrage en tant que système permanent de résolution de conflits internationaux. La question concrète qui se pose alors est : le droit international peut-il remplacer et abolir la guerre ?

En 1873, l’Association de droit international est fondée à Bruxelles en vue d’étudier, de clarifier et de développer le droit international – il s’agit d’une des ONG les plus éminentes en la matière qui a tenu des groupes d’étude, des comités, des revues régulières ainsi qu’une Conférence tous les deux ans jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit de l’une des nombreuses manifestations d’un mouvement pour la paix internationale plus cohérent et plus approfondi.

L’un des avant-coureur de ce mouvement fut Franz Lieber, un intellectuel américain d’origine allemande qui fut chargé par le Président Lincoln de rédiger le code Lieber, un code de conduite détaillée et progressiste pour l’armée nordiste lors de la Guerre de Sécession, qui va d’ailleurs inspirer de nombreuses autres codifications humanitaires, notamment les Conventions de Genève.

Ayant réfléchi sur le droit de la guerre, en vue de l’amélioration du sort des blessés, des prisonniers et des civils, Lieber s’intéresse au droit à la guerre, afin d’empêcher l’éclatement de cette dernière. C’est ainsi qu’il appelle un nombre d’autres juristes internationaux à une conférence pour fonder en 1873 l’Institut de droit international à Gand, en Belgique, pour se pencher sur la question.

L’institut va approfondir et diffuser les connaissances du Ius ad bellum à travers les États du monde pour établir, définir et préciser les principes généraux du droit international, améliorer la formation des juristes et des diplomates ainsi que de faire intérioriser les principes de DIP à la société internationale, le tout en vue d’abolir la guerre et de la remplacer par le droit.

En 1880, l’Institut sort le Manuel d’Oxford, un manuel de droit de la guerre qui servira de base pour les conventions de La Haye et dont l’auteur principal et Gustave Moynier. Le manuel concrétisait, précisait et résumait les nombreuses résolutions et études qu’avait faites l’Institut dans le domaine.

Pour ses contributions au mouvement pour la paix, l’Institut de droit international reçut en 1904 le Prix Nobel de la Paix.

Le rôle des associations du droit international[modifier | modifier le wikicode]

Faisait partie de cet institut notamment le premier président italien Pasquale Stanislao Mancini ou du côté suisse Johan Kasapr Bunchi, juriste très éminent qui avait enseigné en Allemagne la plupart de sa vie. L’institut du droit international avait contribué par la suite surtout à la recherche et aux idées de codification du droit international, à l’élaboration des principes du droit international et à l’approfondissement de la doctrine juridique. Donc, ils ont développé par exemple des bases du droit maritime, ils ont travaillé sur la protection des câbles télégraphiques sous-marins, ils ont travaillé beaucoup sur l’approfondissement du droit privé international, sur le droit de la guerre, ils ont rédigé le manuel Oxford qui a influencé les conférences de La Haye sur la guerre, etc. Ils ont contribué également à l’amélioration de la formation des juristes, à la diffusion des connaissances et ils ont focalisé le mouvement pacifiste sur l’arbitrage.

L’annuaire du droit international édité par l’Institut du droit international reste jusqu’à nos jours la référence la plus citée dans le domaine du droit international. L’institut du droit international reçoit aussi un prix Nobel de la paix en 1904.

Les bases étaient fondées d’une certaine manière pour une consolidation du mouvement pacifiste. Et c’est donc sous l’impulsion de Frédéric Passy du côté français et de William Cremer notamment que soit fondé deux organisations, mais la première est surtout l’Union interparlementaire réunie sous les auspices de ces deux lors du Bureau international de la paix William Cramer jouait un rôle plutôt accessoire. Donc l’idée était de réunir les élites parlementaires en faveur de la paix pour avoir un certain poids et un accès plus direct aux gouvernements donc pour avoir plus de poids avec les gouvernements directement. Le deuxième objectif était de parlementariser la politique étrangère, c’est-à-dire de faire en sorte que la politique étrangère reste sous contrôle parlementaire ce qui n’était pas évident parce que l’Europe était en phase de transition entre un système monarchique à un système démocratique avec chaque État étant un peu à un stade différent sur l’échelle vers la démocratie.=

Parlementarisation du mouvement[modifier | modifier le wikicode]

À partir des années 1870, tous les groupes pacifistes sont convaincus que l’arbitrage est la solution de prédilection pour pacifier les relations entre les États et éviter la guerre.

L’un des pacifistes les plus éminents de l’époque, le syndicaliste britannique William Cremer, prend l’initiative et fonde la International Arbitration League en 1875. Peu après, il est élu au Parlement britannique où il promeut ses idées pacifistes : il oeuvrera notamment pour l’établissement d’un traité d’arbitrage général pour le règlement de litiges internationaux entre le Royaume-Uni et les États-Unis, initiative qui n’aboutira malheureusement pas.

Alors, donc, le rôle de l’arbitrage a déjà été souligné. En Angleterre, Williman Rendal Cremer et Rodshon Pratt formaient des associations dévouées en particulier à l’arbitrage et cela est un élément qui menait à la fondation de l’Union interparlementaire qui était d’abord une Union interparlementaire pour la promotion de l’arbitrage. Le deuxième élément peut être était que l’idée d’une union interparlementaire était dans l’air pendant quelques années déjà depuis le milieu des années 1870. On peut citer notamment le pacifiste allemand Edward Luwentag qui avait publié en 1874 un article en faveur d’une union interparlementaire universelle pour la paix, et le délégué autrichien, donc parlementaire autrichien Louis FIchowt avait proposé en 1875 une conférence internationale annuelle des députés donc la mise en réseau des députés de différentes nations donc ce sont des initiatives qui avait donc circuler des idées qui circulaient à travers les nations et qui ont finalement trouvé leur répercussion dans l’initiative prise finalement par Frédéric Passy and Randal Cramer. Cette initiative a été prise après que les deux avaient subi les défaites sur le plan national.

William Randal Cremer comme nous l’avons déjà vu avait fondé le Working man peace association en Grande-Bretagne qui était associée à la Ligue internationale pour la paix et la liberté. Donc, cette association pacifiste assez radicale. Randal Cremer était devenu avocat de la paix avec un arrière-plan de syndicaliste ce qui veut dire qu’en Grande-Bretagne, les syndicats entraient en négociation qu’on peut comparer à l’arbitrage avec les associations des employeurs pour fixer les salaires et les conditions de travail de leurs membres. Par conséquent, il a en fait extrapolé cette expérience, il a transféré cette expérience de leader des syndicats sur le plan international et se faisait avocat de la même pratique, donc de l’arbitrage sur le plan international que sur le plan national entre travailleurs et employeurs. Et le Working man peace association a été renommé en International arbitration league en 1875 ce qui démontre aussi que l’arbitrage était vraiment au centre de ces préoccupations.

Cremer avait accru son influence notamment du au fait qu’il avait élu membre du parlement britannique en 1885. Et il avait gagné un ami très important, à savoir l’industrialiste américain Andrew Carnegie lui-même très orienté à promouvoir la paix puisqu’il fondait une fondation, la Carnegie international endowment for peace qui jouait un rôle par la suite, mais surtout dans l’entre-deux-guerres aux États-Unis et en Europe.

En tant que député, Randal Cremer avait essayé de faire adopter par le House of commons britannique, donc par le parlement britannique, une résolution en faveur de la conclusion d’un traité d’arbitrage général entre l’Angleterre et les États-Unis. C’était là l’approche typique, d’abord convaincre deux États à entrer en matière pour négocier un traité d’arbitrage général qui les lie. C’était là l’approche typique des pacifistes à l’époque. Donc il voulait créer un réseau de multiples traités bilatéraux de l’arbitrage. Mais, il n’a pas réussi à convaincre le président américain Cleveland lors d’une visite en 1887. Donc, c’était la défaite d’une certaine manière de William Randal Crammer.

En même temps, l’économiste pacifiste français Frédéric Passy retourne à la vie politique avec la fin de l’ancien régime en France et le début de la Troisième République, où il est élu député à l’Assemblée nationale. Ici aussi, Passy s’engage pour faire de l’arbitrage l’outil obligatoire pour le règlement de différents internationaux, sans grand succès.

Malgré l’obstination des militaristes, Cremer et Passy parviennent à rallier certains députés à leur cause et continuent à élargir leur base pacifiste à travers leurs associations respectives. Lors d’une rencontre à Paris, les deux hommes arrivent à l’idée ingénieuse de mettre sur pied une organisation internationale rassemblant les députés des États du monde qui ferait l’office d’un véritable forum d’échange, de coopération et de négociation multilatéraux entre les gouvernements du monde en vue d’avancer l’idée de l’arbitrage. Cette idée a s’est matérialisée en 1889 par la création de l’Union Interparlementaire. La première session a eu lieu à Berne et a accueilli 96 délégués, issus essentiellement de la Grande-Bretagne et de la France.

Frédéric Passy de sa part a été élu député de l’Assemblée nationale française en 1881. Il avait soumis également un traité d’arbitrage modèle à l’Assemblée nationale française. Suite au rejet du projet par l’Assemblée, Passy accueille Cremer à Paris pour discuter de l’Union de leurs efforts pour le progrès de l’arbitrage. Par la suite, le mouvement pacifiste sera donc de plus en plus centré sur un nombre de députés français et de députés britanniques. Ils réunissaient vingt-cinq députés de leurs pays respectifs à Paris en 1888 et sous la direction de Passy et Cremer, ce groupe propose de réunir la première conférence interparlementaire internationale en juin 1889 à Paris à laquelle participe donc presque une centaine de délégués, la majorité était Française et Anglaise puis il y avait cinq Italiens et un chacun envoyé par la Belgique, le Danemark, les États-Unis, l’Espagne et la Hongrie et le Libéria respectivement. L’exclusion des délégués allemands témoigne du problème de l’internationalisme français, allemand de cette époque.

L’UIP a été un véritable catalyseur pour le mouvement, qui s’est octroyé dès la première Conférence de 1889 d’une voix forte en faveur du règlement pacifique des conflits dans tous les gouvernements du monde. Les idées des délégués n’ont rien d’utopiste, mais sont tout à fait concrètes : il s’agit de promouvoir les traités d’arbitrage permanents et les clauses d’arbitrage dans tous les traités commerciaux, ainsi que d’œuvrer pour apaiser l’opinion publique et convaincre le peuple de se prononcer à travers eux pour infléchir la politique des États vers la paix.

La première conférence interparlementaire se prononce pour la conclusion du traité permanent d’arbitrage entre leurs pays et de l’inclusion d’une clause d’arbitrage dans tous les traités commerciaux. Elle exige que la politique étrangère doive être soumise au contrôle parlementaire et décide de décider de tenir des réunions régulièrement et sous le nom de la Conférence interparlementaire pour l’arbitrage international. Cela se transforme par la suite en Union interparlementaire.

L’UIP continue d’exister aujourd’hui, son siège actuel est Genève au Petit-Saconnex, où les délégués de 194 États se rassemblent régulièrement. L’Union ne saura pas mettre fin à la pratique belligérante des États et ne saura pas prévenir les deux guerres mondiales, mais elle reste aujourd’hui encore un instrument crucial pour la promotion de la paix et l’amélioration de l’entente et du sort des peuples du monde.

Cette Union interparlementaire organise dix-huit conférences avant la Première Guerre mondiale partout en Europe sauf une qui avait lieu à Saint Louis en 1904 à cause de l’exposition mondiale qui avait lieu dans cette même ville en 1904. Passy était pendant dix ans son président, son secrétaire était le conseiller national suisse Alfred Gobat. Le siège de son secrétariat était à Berne puis elle avait déménagé à Bruxelles en 1899 puis à Genève en 1924. Elle avait publié le périodique mensuel La conférence interparlementaire ainsi qu’un annuaire pour informer les députés des affaires politiques des autres pays. En 1914, elle avait vingt-quatre sections nationales y compris une section allemande et elle a été financée d’abord par un don du gouvernement norvégien puis à partir de 1909 par le gouvernement britannique et ensuite, les autres gouvernements avaient suivi à également contribuer au financement de cette Union interparlementaire.

Donc, elle finissait par devenir une organisation soutenue par les gouvernements. C’était l’embryon d’une sorte d’assemblée universelle. L’activité de l’Union interparlementaire était marquée par l’absence des espoirs utopistes. Elle avait clairement concentré ses efforts sur la promotion de l’arbitrage ainsi que d’autres moyens pragmatiques pour la résolution pacifique des différends interétatiques comme, par exemple, la médiation ou les bons offices d’une puissance tiers. Mais la méthode était innovatrice, à savoir de réunir les élites parlementaires dans un cadre transnational pour qu’ils exercent des pressions sur leur gouvernement respectif et sur les partis politiques dont ils font partie et pour qu’ils informent mieux le public. L’influence de ces parlementaires était au plus forte où les gouvernements étaient réellement contrôlés par le parlement soulignant de nouveau que pas tous les États étaient démocratiques à l’époque en Europe.

Donc, il y a eu un rapprochement atmosphérique des députés, il y a eu notamment parmi les succès aussi les deux conférences intergouvernementales de La Haye de 1899 et de 1907 qui figurait parmi ces grands succès. Grand succès parce qu’on parlait de l’arbitrage sur ces conférences. Succès tout relatif parce que ce qui était adopté sur les conférences dites de la paix intergouvernementale de La Haye en 1899 et 1907 n’était pas aussi progressiste que les pacifistes l’espéraient. Donc, soulignons qu’il y avait un certain progrès attaché au mouvement interparlementaire et que l’Union interparlementaire continue à exister jusqu’à nos jours avec son siège à Genève.

Le Bureau international de la Paix[modifier | modifier le wikicode]

Le Bureau international de la paix était créé quasiment parallèlement à l’Union interparlementaire puisque lors de l’exposition universelle qui avait lieu à Paris en 1889, a eu lieu la première réunion interparlementaire et juste quelques jours plus tard avait aussi lieu le premier congrès universel de la paix organisé autour de Frédéric Passy. Donc, c’était juste quelques jours plus tard dans le même endroit plus ou moins avec en parti les mêmes personnes, mais pas toutes qu’avaient lieu cette réunion donc un congrès universel de la paix. C’était Frédéric Passy qui avait présidé ce premier congrès universel de la paix comme aussi la conférence interparlementaire qui avait lieu juste quelques journées avant.

Donc, le congrès universel de la paix a créé une commission d’étude pour donner à la coopération des sociétés nationales pacifistes une base plus solide. Un des participants à cette commission d’étude était le danois Frédéric Bayer. C’est lors du deuxième congrès universel de la pais qui avait lieu à Londres en 1890 que ce même Frédéric Bayer propose la fondation d’un bureau international de la paix comme association privée organisée selon le modèle de l’Union postale universelle avec participation financière des associations nationales. Donc, ce sont les associations nationales qui portent le Bureau international de la paix.

Lors du troisième congrès universel de la paix qui avait lieu à Rome en 1891, le Bureau international de la paix a été finalement créé, Bernes a été décerné comme lieu de siège de ce bureau international de la paix et Bayer a été élu le premier président tandis que le genevois Elie Ducommun est devenu le secrétaire à titre honorifique de ce Bureau international de la paix.

Qu’a fait le Bureau international de la paix et en quoi il se distingue de l’Union interparlementaire ? D’abord, il servait comme une sorte de secrétariat des associations nationales pacifistes et organise à ce titre là l’échange d’informations, il ouvre des bureaux de liaison notamment à Chicago et à Paris, il coordonne les congrès et conférences des associations nationales donc sur le plan international, et tandis que l’Union interparlementaire avait exercé son influence surtout à travers les Parlements et donc en vue du gouvernement, le Bureau international de la Paix servait plutôt comme outil de propagande pacifiste moyennant les publications, la presse et ses associations nationales.

Donc, le Bureau international de la paix exerçait son influence surtout sur l’opinion publique. Comme cela, il a été décrit parfois comme le deuxième bras du mouvement pacifiste international. Donc, un bras qui pèse sur les gouvernements, l’autre bras qui pèse sur l’opinion publique.

Pour peser sur l’opinion publique, le Bureau international de la paix a publié notamment des bulletins sur le congrès et ajouté à cela une revue, la revue intitulée Le mouvement pacifiste. Auparavant, c’était la correspondance bimensuelle et moins régulièrement, il publia aussi l’annuaire pacifiste. Les principes et objectifs du Bureau international de la paix étaient semblables à ceux de l’Union interparlementaire, donc la promotion de l’arbitrage obligatoire pour tous les États sous une Cour internationale de justice. Le rejet du jus ad bellum, sauf en cas d’autodéfense et éventuellement la création d’une organisation internationale, et c’est une nouvelle idée qui émane maintenant entre juristes parlementaires et mouvement pacifiste.

Le financement du Bureau international de la paix se faisait à l’aide des contributions des associations nationales d’une part, mais aussi et surtout à cause des dons du gouvernement danois, par le gouvernement suisse et par celui de Norvège. Ajouté à cela, il y avait des dons des loges de la franc-maçonnerie et de diverses sociétés de femme. À partir de 1911, la fondation Carnegie également soutenait fortement financièrement le Bureau international de la paix.

Finalement, une femme, parce qu’à cette époque là ce sont encore les hommes très largement qui sont au centre de l’espace public. L’une des femmes entre en scène qui est la pacifiste Bertha von Suttne. Cette baronne autrichienne devenue publiciste, prix Nobel de la paix en 1905, a été l’auteur du roman Bas les armes, qui a été publié dans l’annus mirabilis du mouvement pacifiste à savoir 1889 donc l’année où avait lieu la première conférence interparlementaire et le premier congrès universel de la paix. Cette même année, il y avait également la publication de l’ouvrage Bas les armes de Bertha von Suttne. Ce livre fut un succès mondial, déjà connu lorsque la conférence interparlementaire et le congrès universel de la paix se sont réunis et surtout le romain était traduit dans une quinzaine de langues assez rapidement après sa publication. Donc, la baronne Bertha von Suttne a pu vivre une vie engagée aussi dû à son marri fortuné, mais aussi parce qu’elle a eu lui même une fortune dû à son succès avec le roman. Elle a pu donc s’engager en tant qu’écrivaine et auteur et publiciste pour la paix et c’était sa vocation.

Alors pourquoi est-ce que ‘’Bas les armes’’ fut un succès ? Ce n’est peut-être pas négatif de dire que ce n’est pas la qualité littéraire pure qui était la cause de son succès, mais plutôt l’esprit, l’attaque intellectuelle et morale contre la guerre et contre la course aux armements. Puisque Bertha von Suttne elle discute et ce à la base des figures romanesques d’une relativement jeune femme qui perd deux maris à cause des hostilités, donc à cause des affrontements guerriers, et donc cette discussion est insérée dans un véritable roman de vie. Elle discute la brutalité de la guerre moderne et les conséquences sociales pour les familles, à savoir la production des orphelins et orphelines, l’appauvrissement familial à cause de la perte du père soldat, les famines qui ravagent souvent les pays détruits, les conséquences économiques et psychologiques de la course aux armements. Elle anticipe aussi de manière très perspicace on peut dire la guerre totale comme machine d’élimination et elle soulève le problème du service militaire obligatoire très répandu à l’époque et qui mène à une sorte de surenchère des obligations militaires. Finalement, elle souligne aussi l’ambiguïté de l’organisation de masse du secours aux blessés et aux militaires blessés.

Donc, son ouvrage présente une attaque contre les notions de la noblesse et de l’héroïsme traditionnellement à cette époque là encore attaché à la guerre. Le livre réuni deux arguments essentiels contre la guerre, peut être des arguments naïfs, mais néanmoins correcte à l’époque, à savoir que l’homme est devenu trop civilisé pour continuer la pratique de la guerre selon Bertha von Suttne. Deuxièmement, que le progrès technologique rend la guerre future profondément indifférente des guerres du passé. Et cela, on l’a bien vu avec la Première guerre mondiale et la Deuxième guerre mondiale et avec l’explosion de la bombe atomique puis de la bombe à hydrogène.

Alors, la contribution concrète de Bertha von Suttne au Bureau international de la paix, et d’abord son ouvrage qui est connu et qui stimule la réflexion sur la guerre et sur la course aux armements et qui stimule le mouvement pacifiste, et deuxièmement qu’elle contribue par un article de presse à Vienne à la fondation d’une société autrichienne de la paix qu’elle fonde et dont elle devient l’une des délégués qui participe à partir de 1891 régulièrement lors des congrès universels de la pais organisé par le Bureau international de la paix. Elle devient aussi membre du bureau du Bureau international de la paix. Elle lance aussi un périodique appelé d’après son roman avec le journaliste autrichien vivant à Berlin, Afrled Fried.

Alfred Fried, autrichien lui aussi, mais vivant à Berlin était fondateur avec Bertha von Suttne de la Deutsche Friedensgesellschaft donc de la Société allemande de la paix. Alfred Fried a été intitulé le publiciste le pus prolifique de la paix parce que si on regarde les publications sur la paix parue à cette époque là donc autour des années 1890 et 1900, c’est souvent Aflred Fried qui en est l’auteur. Donc, il était impliqué dans Bas les armes, il était le fondateur de l’annuaire de la vie internationale, donc d’un annuaire sur les activités internationales de divers milieux et éditeur aussi du périodique Die Friedens-Warte, revue scientifique qui existe jusqu’à nos jours animés par des juristes, des politologues et des historiens. Il est aussi l’éditeur du manuel du pacifisme paru en 1905 et donc clairement l’une des figures emblématiques du mouvement de la paix.

Le deuxième grand succès lié avec le nom de Bertha von Suttne était l’association d’un certain Alfred Nobel, norvégien, industrialiste et inventeur des matières explosives notamment dans les années 1860 de la dynamite. Il avait aussi perfectionné la production de nitroglycérine, donc c’était vraiment quelqu’un d’impliqué dans l’industrie des armements au fond. Nobel devenait fortuné à cause de ses inventions, il vivait une vie de cosmopolite, il commençait à s’intéresser pour le mouvement de la paix au cours des années 1880. Il avait eu des contacts préalables à Bertha von Suttne dans sa vie avant qu’elle est devenue romancière. Et lorsqu’elle avait lu le roman d’elle, il avait pris contact avec elle, une correspondance s’est développée. Finalement, Bertha von Suttne demandait son soutien au mouvement pacifiste, son soutien financier plus précisément. À partir de 1892, Alfred von Nobel participait donc au congrès universel de la paix où il a rencontré la baronne et commençait à s’engager pour les idées de l’arbitrage et du désarmement. Nobel a été il semble l’un des premiers à parler d’un pacte des nations où chaque gouvernement s’oblige à défendre de façon collective un pays qui se trouve attaqué. Donc c’est l’anticipation du principe de la sécurité collective. Après un échange avec Bertha von Suttne, il dévoilait l’idée de mettre une partie de sa fortune à la disposition du mouvement pacifiste pour créer un prix de la paix. Ce prix a été décerné suite à la mort de Alfred Nobel à partir de 1901, donc chaque année à la personne ou à l’organisation qui a travaillé le plus pour la paix. Donc, de cela nous vient les prix Nobel puisqu’au prix de la paix s’ajoute aussi les prix en chimie, physique et la littérature et plus récemment, après la Deuxième guerre mondiale a été ajouté un prix pour l’économie qui n’existait pas au départ.

Elie Ducommun, Alfred Gobat suisse secrétaire du Bureau international de la paix. Tobias Asser était un néerlandais qui s’engageait beaucoup pour la mise en place de la Cour international d’arbitrage à La Haye donc suite aux conférences de La Haye, une conférence internationale de l’arbitrage a été créée. Un autre pacifiste américain cette fois ci et Elihu Root qui s’est également engagé pour la mise en place d’une cour internationale d’arbitrage et il avait participé aussi lors des conférences de La Haye donc il a travaillé à ce moment là pour la mise en place de cette cour permanente d’arbitrage. Henri Lafontaine, un belge publiciste fondateur d’une bibliothèque de la paix et rédacteur pendant la Première guerre mondiale de l’ouvrage La grande solution où il propose l’établissement d’une organisation internationale pour la paix par le droit international.

Ce qui vient après avec la Société des Nations et les Nations Unies, ce en large parti préfiguré pré-pensé par le mouvement pacifiste du XIXème siècle. Même s’il y a eu la guerre, la Grande guerre, puis la Deuxième guerre, il y a eu quand même des répercussions sur la longue durée

Institutionnalisation de la coordination transnationale pacifiste[modifier | modifier le wikicode]

Cependant, les députés pacifistes de l’UIP demeuraient une infime minorité opposée à une pratique établie, lucrative et acclamée par les nationalistes : leur influence était trop limitée pour agir efficacement sur l’opinion publique. C’est alors qu’au troisième Congrès universel pour la Paix, qui a lieu à Rome, en 1891, par l’initiative d’un groupe de pacifistes européens dirigés par le Danois Fredrik Bajer, fut créé le Bureau International (Permanent) de la Paix.

Il s’agit de l’une des plus anciennes ONG transnationales pour l’abolition de la guerre. Le Bureau a été établi à Berne en tant qu’organe exécutif de l'union internationale des sociétés de paix « afin de coordonner les activités des différentes sociétés de paix et de promouvoir le concept de résolution pacifique des conflits internationaux » ; la quasi-totalité des organisations de paix de l'époque y étaient affiliées, et présentaient une certaine homogénéité dans leur idéologie et leurs programmes : le mouvement pacifiste était alors plus consolidé que jamais.

Parmi les actions présentées dans ces programmes figuraient majoritairement des procédures d'arbitrage, des traités de paix bilatéraux, la création d'une cour de justice internationale permanente et d'un certain nombre de corps juridictionnels interétatiques pour la coopération et la négociation entre les nations.

Afin de répandre et de promouvoir ces idées, le Bureau organisa les congrès annuels de la paix, publia son agenda et mit en pratique ses décisions. Il créa également un moyen de communication entre les différents individus et associations œuvrant pour la paix, rassembla et publia leurs informations, le plus souvent grâce à sa Correspondance bimensuelle ou son Annuaire du mouvement pacifiste édité chaque année. En 1910, le BIP reçut le Prix Nobel de la paix pour ses contributions majeures au mouvement.

Parallèlement avec l'union interparlementaire, avec laquelle il entretenait des liens étroits, le BIP influença tant les politiciens que le grand public dans le domaine de la recherche de la paix, contribuant à promouvoir ce qui prit finalement la forme de la Société des Nations.

Au fur et à mesure, le mouvement des femmes pour la réforme sociale atteint le domaine de la lutte pour la paix, où les femmes deviennent de plus en plus présentes. La plus importante d’êntre elles est sans doute l’activiste et publiciste autrichienne Bertha von Suttner. Elle est devenue une figure éminente du pacifisme après la publication de son roman « Die Waffen nieder ! », ou Bas les armes, en 1889.

Dans son roman, l’activiste radicale décrit les conséquences désastreuses de deux guerres sur le sort des familles en Allemagne, en se basant sur des faits réels et en mettant en garde la société civile contre l’industrie de l’armement qui, en bénéficiant de la croissance extrême grâce à la course aux armements, incite les États et les peuples d’Europe à une « guerre fratricide ».

Son œuvre est une attaque morale et intellectuelle poignante contre la guerre en tant qu’institution. Plus encore, il s’agit d’un discours révélateur sur la nature incroyablement brutale de la guerre moderne : le danger d’une guerre totale qui déchirerait les sociétés européennes y est dévoilé.

Von Suttner est une pacifiste radicale. Dans ses écrits, elle s’oppose viscéralement à toute forme d’armement et de mobilisation militaire, y compris celle des femmes dans la Croix Rouge. Elle justifie ce point de vue par un discours intelligent et pointu mettant en relation la disponibilité des conditions-cadres matérielles, économiques, culturelles et politique de la guerre et l’incitation, ou le danger que la guerre soit imposée par les États. Ainsi, la résiliation populaire face à la guerre comme réalité sociale, la mobilisation régulière des soldats et des infirmiers, la production militaire et la légalité même de la guerre contribuent à la rendre possible et donc inévitable. Ses arguments pertinents, profonds et révélateurs commanderont l’admiration de nombreuses grandes figures et rallieront une partie majeure de l’intelligentsia à sa cause.

Parmi ces derniers, l’industrialiste et inventeur suédois Alfred Nobel, qui adhère à travers son influence au mouvement pacifiste et créée la Fondation Nobel, pour discerner d’un prix éminent toutes les personnes qui contribueront le plus pour l’avancement de la paix, du désarmement, de la fraternité et de l’entente internationale. La démarche de Nobel s’explique entre autres par la culpabilité que le Suédois a ressentie pour son invention de la dynamite et son inculpation dans l’industrie de l’armement : en rejoignant le mouvement, il appellera la bourgeoisie européenne à la responsabilité et s’engagera pour la cause pacifiste.

Pour ses contributions majeures au mouvement pacifiste, et notamment son œuvre au sein du BIP et autres ONG pacifistes, Bertha von Suttner est devenue la première femme titulaire du Prix Nobel en 1905. Elle est décédée à Vienne à l’âge de 71 ans, la veille de l’ouverture de la Première Guerre mondiale.

Parmi les autres pacifistes éminents de l’époque, l’Autrichien Alfred Fried, le publiciste le plus politique pour la paix. Éditeur des périodiques « Bas les armes » et « Friedenswarte » et fondateur de nombreuses sociétés pacifistes en Europe, il est surtout connu pour avoir rédigé le manuel du pacifisme en 1905, où il argumente non seulement en faveur de la paix par arbitrage, mais aussi en faveur du concept précurseur de sécurité collective, à savoir une consolidation militaire de toutes les nations afin de garantir la sécurité à chacun de ses membres. Pour son engagement en faveur de l’établissement de la Cour Internationale d’Arbitrage à La Haye dans le cadre de la Convention de La Haye, il a reçu le Prix Nobel en 1911, qu’il a partagé avec son collègue Tobias Asser.

Répercussion et implication du mouvement dans la haute politique internationale[modifier | modifier le wikicode]

Les uns après les autres, des intellectuels et des hommes d’État du monde entier se rallieront à la cause des pacifistes, que ce soit par leurs discours, leurs manifestations, ou la littérature de ses guides. Cependant, la haute politique des États, dominée par rivalité impérialiste, la course aux armements et le mécanisme des blocs de l’Entente et de la Triplice restaient hors d’atteinte. Cependant, à l’aube du XXème siècle, les pacifistes vont rallier une personnalité si importante qu’elle va mettre un terme à la stagnation, et ouvrir tout un nouveau volet dans le développement du droit international.

Pendant l’été de 1898, le Tsar de Russie, Nicolas II, a fait appel à tous les États du « monde civilisé » pour discuter des tensions dangereuses qui parcouraient l’Europe engouffrée dans la course aux armements en vue de les mitiger et assurer la paix dans le cadre d’une grande conférence diplomatique qui se tiendrait à La Haye. La déclaration de l’autocrate russe, dirigeant absolu de l’une des plus grandes puissances du monde, a fait sensation à travers le monde : les pacifistes croyaient alors trouver dans l’initiative russe la réalisation potentielle de tous leurs plans lointains. La Conférence à laquelle ils étaient conviés avec tous les États du monde a nourri d’autant plus d’espoirs que dans son ouverture, les buts recherchés furent énoncés comme étant la création d’une Cour permanente internationale qui règlerait tous les contentieux internationaux par le droit d’une part, et le désarment général d’autre part.

Le Tsar, qui avait développé un penchant pacifiste tout à fait sincère, particulièrement grâce à l’influence de pacifistes reconnus tels que Tolstoï, Hugo et Suttner, avait également une motivation tout à fait pragmatique pour lancer cette initiative. Outre la réalisation que la course aux armements mènerait l’Europe vers une guerre destructrice qui menacerait l’existence même de la civilisation européenne, le Tsar avait en tête l’idée de ralentir la course aux armements afin de pourvoir aux réformes économiques et sociales dont le pays avait si désespérément besoin, sans le placer en retard des autres grandes puissances militaires.

La proposition russe de procéder à la substitution de la force brut par le droit international et le désarmement n’a pas fait écho parmi les rivaux du Tsar : les empires européens n’étaient pas prêts à se destituer de leur puissance militaire, et les délégations qu’ils ont envoyées à La Haye étaient chargés de bloquer cette initiative. Rapidement, les négociations se sont heurtées à l’impossibilité de la mission. Cependant, les pacifistes avaient fait leur travail, et ont mobilisé toute la force de l’opinion publique pour que la Conférence ne soit pas compromise.

Devant cette double impossibilité de, les délégations ont pris l’initiative de détourner leur travail du droit de la paix vers le droit de la guerre, qui était en grand besoin d’une nouvelle codification internationale depuis le temps de la Convention de Genève et de la Déclaration de Saint-Pétersbourg. La Conférence a donc bel et bien donné un produit digne de ce nom avec les conventions de La Haye, qui ont établi un grand nombre de règles de droit de la guerre, en interdisant notamment toute une série d’armes et de stratégies destructrices, dont les balles dum-dum et les « projectiles empoisonnés », tout en codifiant des domaines divers tels que le droit de neutralité, le droit des prisonniers de guerre, et bien d’autres. Les juristes progressistes de l’Institut du droit international, du BIP et d’autres associations pacifistes ont joué un rôle crucial dans cette codification qui reste pertinente encore aujourd’hui.

L’une des plus grandes réalisations des deux Congrès de La Haye (1899 et 1907) a été l’établissement de la Cour Permanente d’Arbitrage à La Haye. La CPA assure l’administration des arbitrages internationaux, des conciliations, et des commissions d’enquête dans des litiges entre États, personnes privées et organisations intergouvernementales. Ainsi, elle se situe ainsi à la croisée du droit international public et privé. La CPA se compose d'un greffe et d'une liste d'arbitres potentiels dans laquelle les parties choisissent les arbitres chargés de régler le différend les opposant. À la grande déception du BIP, de l’UIP et de tous les pacifistes, le recours à la CPA est resté facultatif : à cause de la primauté de la souveraineté des États, le consentement de ces derniers est obligatoire pour tout jugement ou enquête ; cependant, l’exécution de la sentence arbitrale rendue par les arbitres reste contraignante.

Ainsi, si les conventions de La Haye n’ont pas su établir le droit international comme moyen contraignant pour le règlement de litiges internationaux, elles établissent au moins trois voies de règlement pacifique de différends entre États :

  • Soumission d’un litige à l’arbitrage ;
  • Soumission d’un différend à la médiation par des États amicaux ;

Établissement d’une commission d’enquête internationale pour clarifier les faits disputés et apaiser le conflit ;

La deuxième Conférence de La Haye, convoquée suite aux réclamations des pacifistes de l’UIP et du BIP à travers plusieurs États, dont les États-Unis de Théodore Roosevelt, avait pour but de compléter les lacunes de la première et d’en faire progresser les provisions, poussant les États à fonder une « union internationale » en vue de réaliser la coopération directe entre tous les États dans un forum de négociations interétatique permanent. Si la deuxième conférence a réalisé un nombre considérable d’avancées, elle n’a pas su rendre l’arbitrage à la CPA obligatoire et n’a pas réalisé non plus l’union internationale, dont l’établissement avait du être discuté lors de la troisième Conférence de La Haye, annulée en 1914 à cause de la guerre ouverte. Une dernière tentative d’éviter la guerre et de rapprocher les deux camps européens a été la Conférence interparlementaire franco-allemande de 1913, qui a échoué à cause de l’inimitié enracinée entre les deux grandes puissances.

Au final, la deuxième vague pacifiste échouera plus lamentablement que la première : elle se dissipera sous le poids de la Première Guerre mondiale, mais non sans donner naissance à une nouvelle vague pacifiste : plus déterminé et bien plus radical que jamais, les pacifistes de la troisième vague ne prêcheront plus la paix, mais la mèneront, comme une guerre. Tout au long du massacre de la Grande guerre, les pacifistes oeuvreront sans relâche pour mettre fin à la boucherie suicidaire de la guerre, en rejoignant les forces avec le mouvement ébranlé des socialistes et des communistes, des déserteurs de conscience, mais aussi avec les indépendantistes du Tiers-monde et surtout avec les féministes, qui prennent alors les devants.

Au fil du temps, la désillusion gagnera les esprits des États belligérants, qui se détournent chaque jour passant du nationalisme belliqueux à l’origine de la guerre. Lorsque la guerre prend finalement fin en 1918, c’est avant tout une victoire pour les pacifistes de la nouvelle vague qui, réunis derrière le leader américain et l’illustre idéaliste pacifiste Woodrow Wilson, saisissent l’occasion pour construire un nouvel ordre mondial avec la Société des Nations.

Organisation des femmes pacifistes[modifier | modifier le wikicode]

Les organisations des femmes d’abord, il y a plusieurs organisations. L’intérêt des femmes à ce moment là qui commence à s’organiser également sur le plan international, sur la réforme sociale essentiellement, puis les droits féminins. Mais, après la fondation du International council of women et du International women suffer alliance, il y a aussi une organisation ou association des femmes socialistes qui se met en place avec Clara Zetkin et qui mettent plus au centre la paix dans ces activitiés. Pendant la Première guerre mondiale voit le jour la Women league for peace and freedom donc en reprenant un peu l’intitulé de la Ligue internationale pour la paix et la liberté, ici c’est la International women legue for peace and freedom donc une association essentiellement bourgeoise réunissant femmes des pays neutre et des pays en guerre. C’est pendant la guerre que cette association des femmes se réunie et pendant la guerre elle adopte des résolutions appelant les nations, les gouvernements à la paix.

Conclusion et effets du mouvement pacifiste dans le monde politique[modifier | modifier le wikicode]

Est-ce que ce mouvement pacifiste avait des effets ? Certainement, il y avait d’abord des idées insérées dans un débat comme l’arbitrage, le désarmement, l’idée d’une organisation internationale des États-Unis d’Europe. Puis, sur le plan de l’arbitrage donc du progrès pratique, il faut citer les deux cents traités d’arbitrage qui ont été conclu avant la Première guerre mondiale, donc a peu près et surtout après le cas d’Alabama négocié à Genève en 1873. Ajouté à cela, dans la plupart des traités commerciaux ont été ajouté les clauses d’arbitrage donc on peut dire que sur le plan pragmatique, il y a eu quand même des progrès, la création de la Cour permanente d’arbitrage à La Haye a été également un succès de ce mouvement. Cependant, la convention de La Haye par rapport à la résolution pacifique des différends ne prévoyait pas l’arbitrage obligatoire et les États-Nations de l’époque émettaient pour toute méthode des résolutions pacifiques des différends des réserves à savoir des réserves liées au respect de l’honneur national et des intérêts vitaux. Et avec des deux références donc le respecte de l’honneur national et des intérêts vitaux, on pouvait écarter chaque tentative d’arbitrage si on ne le voulait pas.

Donc, le mouvement pacifiste trouvait un écho dans l’opinion, mais les mentalités guerrières persistaient quand même et étaient plus forte finalement. On peut se poser la question de savoir si le pacifisme s’avérait utopique ou plutôt réaliste ou pragmatique avant la Première guerre mondiale. Cette question peut se poser en comparaison avec le mouvement de la Croix Rouge. La Croix Rouge est souvent caractérisée comme réaliste comme le pacifisme est caractérisé comme utopique, mais cela est vraiment quelque chose que l’on peut discuter.

Donc, on peut dire que si on regarde plus largement maintenant, l’internationalisme au cours du XIXème siècle que les filières différentes de l’internationalisme exerçaient une très grande influence. On peut distinguer l’internationalisme humanitaire, l’abolitionnisme et l’humanitaire de la Croix Rouge, l’internationalisme libre-échangiste créé d’abord le libre-échangisme, mais aussi l’étalon-or ou les expositions mondiales sont une conséquence de ce libre-échangisme, les mouvements d’émancipation, les mouvements des femmes et l’internationale socialiste des travailleurs ont lutté pour les droits des groupes d’individus, l’internationalisme de communication a été peut être le mouvement ou la filiale la plus importante puisqu’elle débouchait sur la création de l’Union internationale télégraphique donc une organisation intergouvernementale, l’Union postale universelle aussi elle est une organisation intergouvernementale, la convention métrique qui a aboutie ou mené à la création du Bureau international des poids et mesures et si nous disposons aujourd’hui du kilo et du mètre, c’est surtout comme mesure commun de mesurement n’est-ce pas, c’est surtout du à ce Bureau international des poids et des mesures créé en 1875 ; il y a eu des tentatives de créer de véritables langues internationales, mais c’est semblable comme le kilo ou les mètres n’est-ce pas ce sont aussi des langues de facto. Le mouvement olympique, le sport aussi est une langue d’une certaine manière, ce sont les mêmes langues entendues à toutes les nations.

Et donc, le pacifisme, ce mouvement qui a subi après quelques succès un échec cuisant avec la Première guerre mondiale avait comme cependant que tous les mouvements internationalistes ou presque ont été touché. Le Bureau international pour la paix a été déchiré, l’Union interparlementaire tenait quelques réunions, mais sans les membres des puissances centrales. L’Union postale universelle et l’Union internationale de la télégraphie par exemple, les services qu’ils offraient été interrompu bien entendu entre les belligérants pendant la guerre. Les systèmes de libre-échange et l’étalon-or se sont effondré dû à la guerre.

Il y avait aussi quelques organisations qui continuaient à être active pendant la Première guerre mondiale, c’est la Ligue nationale des femmes de la paix pour la liberté qui a été fondée, l’internationale des socialistes se réunissait une fois à Stockholm pendant la Première guerre mondiale et appelait à l’ouverture des négociations d’une armistice avec participant des pays belligérants et des pays neutres et bien entendu le mouvement le plus actif pendant la Première guerre mondiale est évidemment le mouvement de la Croix Rouge puisque son action humanitaire en temps de guerre qui est le champ de l’internationalisme investi par cette association.

Références[modifier | modifier le wikicode]

Notes[modifier | modifier le wikicode]