Les défis de l’État-Providence

De Baripedia


Aujourd’hui, il existe une sensation d’effritement de l’État-Providence. Cela manifeste le recul de la capacité de l’État à protéger ses citoyens dans un contexte de mondialisation. C'est un désaveu et une désillusion de l’État-providence en même temps qu'une montée des tensions xénophobes et nationalistes qui caractérisent la rupture entre deux contextes.

La crise de l’emploi à la base de la crise de l’État-providence

Les innovations créaient plus d’emplois qu’elles n’en détruisaient. L’innovation permettait de développer de nouvelles activités économiques en créant plus d’emplois qu’elle n’en détruisait. Ainsi, la balance était toujours positive sur le temps moyen. Désormais, toute innovation semble destructrice d’emplois. L’innovation remet en cause la fonction de l’individu dans le processus économique. Ce sont des emplois de basse catégorie non remplacés.

L’État-providence a été créé dans une situation de crise, mais n’a jamais eu à affronter des périodes d’incertitude et de remise en question. La crise de 1973 affecte profondément la structure de l’État-providence. L’État-providence est deux fois frappé. D'une part aux rentrées [1], c'est-à-dire que la crise de l’emploi est à la base de la crise de l’État-providence, car le chômage empêche les rentrées de cotisation et remet en cause le financement de la structure sociale ; d'autre part aux charges avec l'impossibilité de redistribuer des aides sociales alors que le nombre de chômeurs ne cesse d'augmenter. Ainsi, les coûts diminués des rentrées engendrent un déficit.

L’État-providence à son apogée

Son apogée a aussi été sa crise. Il a été attaqué de plus en plus par les différents camps à savoir la droite puis la gauche gouvernementale qui s’est ralliée à une nouvelle orthodoxie de politique économique. On est passé de la politique keynésienne au primat absolu de l’orthodoxie budgétaire.

L'orthodoxie est devenue la règle d’or. C’est une des composantes de l’ordo-libéralisme allemand qui prend sa revanche sur la politique keynésienne. C’est l’idée d’une orthodoxie budgétaire sur la base d’une orthodoxie monétaire. L’absence de déficit de l’État fait que celui-ci peut avoir une monnaie forte. L’ordo-libéralisme conditionne la politique économique européenne actuelle beaucoup plus que le néo-libéralisme.

Après cet apogée, une réforme du système s’est enclenchée dans le cadre d'une politique de la dette. La dette publique apparait désormais comme une réalité et un enjeu politique. Beaucoup de pays européens ont mené dans les années 1980 des politiques keynésiennes.

Les remises en cause

L’apparition du déficit budgétaire puis de la dette publique est d’abord une réalité puis un enjeu politique devenant un débat. Après la crise de 1973, l’État français a continué à s’endetter afin de mener une politique économique contra-cyclique. Malgré cette politique, cela n’a pas fonctionné faisant entrer la France dans la spirale de la dette.

Vont émerger des critiques. La première critique est que l'État-providence est un système dévoreur des fonds publics. La critique néolibérale était que cela était un système qui dévorait des fonds publics sans créer de la richesse. Une seconde critique est l’efficacité sociale de l’État-providence qui est remise en question. Pour les néolibéralistes, c’est un État social inefficace qui ne motive pas à travailler. C'est un système qui va être reformé à partir des années 1980 qui est également la période où le libéralisme est à son apogée. Au Royaume-Uni, Thatcher va mener de profondes réformes en 1979 et aux États-Unis, Reagan le ferra en 1981.

Cependant, bien que des politiques libérales aient été menées, les dépenses sociales ont augmenté pour les États-Unis et le Royaume-Uni. Au contraire, l’État-providence scandinave a diminué ses dépenses. Du démantèlement de l'État-providence, il en résulte un accroissement du taux de pauvreté et une aggravation de l'inégalité dans la distribution des revenus.

La pauvreté

C’est un concept socioéconomique qui est une réalité évidente pour un certain nombre d’individus, cependant, c’est un concept difficile à mesurer. Le seuil de pauvreté reste une appréciation complexe et relative qui est discutable et une mesure ambiguë.

Aux États-Unis, à la fin des années 1950, 22% de la population totale vie sous le seuil de pauvreté, au milieu des années 1970, on constate une diminution de onze points pour un score de 11%. En 1994, les statistiques repartent à la hausse de trois points, signe d'une dégradation avec un taux à 15% de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Lorsque l’on prend un seuil stable corrigé par l’inflation on constate un taux de 22% dans les années 1950 tandis qu’il avait diminué de 50% dans le milieu des années 1970. Aujourd’hui on constate un retour vers le niveau de 1950. C'est aussi une tendance à la hausse dans l’Union européenne depuis 25 ans.

Les inégalités

La remontée de la pauvreté est en partie liée à la remontée des inégalités.

Depuis la révolution industrielle

Entre les années 1850 et les années 1930, les conditions de vie ont tendance à s’améliorer. De 1930 à 1970, on constate un recul de la pauvreté par la montée de la société de consommation grâce à l’application du modèle fordiste et le soutient de l’État-providence notamment par les revenus de transferts. De 1970 à aujourd'hui, les inégalités ont tendance à remonter. Le financement de l’État-providence est une question d’économie politique caractérisée par une croissance économique incertaine.

Évolution récente

Entre 1979 et 2001, les 5% les plus aisés des ménages américains ont vu leurs revenus progresser de 81% (après inflation), contre 3% pour les 20% des plus pauvres. Au bas de l'échelle, un américain sur 10 a un revenu inférieur aujourd’hui à celui qui était le sien en 1977. Les classes moyennes, soit 6 Américains sur 10, ont vu leur revenu augmenter de 8% par rapport à 1977. En haut de l'échelle, 20% des américains ont un revenu supérieur de 43% par rapport à cette date et au sommet, un américain sur 10 a vu ses revenus exploser de 115% sur la même période.

Les causes de la montée des inégalités

La réalité d’une montée des inégalités est claire à l’exception de quelques rares cas. Le recul de l’État providence est l’une des causes de la montée des inégalités et de la pauvreté. D’autre part, la mondialisation, notamment celle du marché du travail, a créé une nouvelle intensité concurrentielle ainsi que des délocalisations tandis que les moyens de transport actuels permettent d’acheminer rapidement et à des coûts bas les productions. Ainsi, il y a une véritable désindustrialisation.

La société est dominée par les emplois du tertiaire qui pose le problème des emplois détruits et créés. Cependant, il y a un problème d’adéquation des compétences entre les emplois du secteur industriel et du secteur tertiaire. Cette dynamique s’accompagne d’une dualisation du marché du travail, c’est-à-dire que l’on crée de moins en moins d’emploi au milieu, mais les emplois se crient de plus en plus aux extrêmes. Les migrants sont soit en bas de l’échelle soit au haut de l’échelle. Il y a une propension. Le passage à une société postindustrielle est aussi l'une des causes de ce bouleversement des sociétés.

Annexes

Références