Le CICR et les limites de l’action humanitaire pendant la Deuxième guerre mondiale

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Le CICR et les limites de l’action humanitaire pendant la Deuxième guerre mondiale
Faculté Faculté des Lettres
Département Département d’histoire générale
Professeur(s) Matthias Schulz
Cours Sociétés et acteurs non-gouvernementaux en relations internationales

Lectures


Les Défis Politiques et Territoriaux de l'Après-Guerre[modifier | modifier le wikicode]

La génération ayant vécu la Première Guerre mondiale s'est adaptée à une intensité de violence politique et à une haine de l'autre inimaginables aujourd'hui. Ce contexte d'après-guerre, marqué par des tensions et une coopération internationale difficile, est souligné par Francesco Nitti, ex-Premier ministre italien, dans son ouvrage "L'Europa senza pace". Nitti critique vivement l'ordre établi par les traités de paix de 1919 et 1920, décrivant l'Europe post-Première Guerre mondiale comme un continent sans paix, illustrant les défis de reconstruction et de réconciliation auxquels elle était confrontée.

Après la Première Guerre mondiale, les traités de paix, en particulier le Traité de Versailles, redessinent la carte de l'Europe, créant des tensions et alimentant le révisionnisme. L'Allemagne se voit imposer des réparations écrasantes et perd des territoires stratégiques, comme l'Alsace-Lorraine, ce qui nourrit un sentiment d'injustice et pave la voie au révisionnisme qui contribuera à l'ascension du nazisme. La Hongrie, réduite par le Traité de Trianon, perd deux tiers de son territoire et un tiers de sa population magyarophone, exacerbant le sentiment nationaliste et révisionniste. L'Italie, insatisfaite des gains territoriaux malgré son rôle dans la victoire alliée, exprime son mécontentement, ce qui favorise l'émergence du fascisme sous Mussolini, prônant une politique expansionniste. Ces tensions et mécontentements territoriaux, combinés aux crises économiques et à l'instabilité politique de l'entre-deux-guerres, forment le terreau sur lequel les idéologies extrémistes et révisionnistes prennent racine, menant à la Seconde Guerre mondiale.

D'accord, approfondissons avec une richesse de détails. Les travaux de Raymond Poindevin et Pierre Renouvin, historiens éminents, mettent en lumière un révisionnisme français post-Première Guerre mondiale, lié au sentiment que le Traité de Versailles de 1919 n'a pas suffisamment sanctionné l'Allemagne. Parallèlement, le révisionnisme soviétique découle des défaites territoriales de la Russie, amplifiées par la Révolution de 1917 et la guerre soviéto-polonaise (1919-1921), qui voit la naissance des États baltes, la perte de la Finlande et d'importants territoires polonais. Ces pertes, couplées à un nationalisme exacerbé, témoignent des secousses géopolitiques et idéologiques profondes de l'époque, façonnant le paysage politique européen interbellique.

Le Renversement Politique et L'Avenir des Démocraties[modifier | modifier le wikicode]

L'entre-deux-guerres est marqué par une montée significative du protectionnisme, en réponse aux bouleversements économiques et à la redéfinition géopolitique post-Première Guerre mondiale. Les nations, cherchant à protéger leurs industries naissantes ou affaiblies par la guerre, imposent des tarifs douaniers élevés et limitent les importations. Cette période voit également l'apparition de blocs économiques et la fragmentation du commerce mondial, exacerbée par la Grande Dépression de 1929, qui incite encore plus au repli national.

La période de l'entre-deux-guerres est caractérisée par un bouleversement économique mondial. La Grande Dépression, débutant en 1929, marque un tournant décisif avec l'effondrement des marchés boursiers et une crise économique profonde affectant des nations entières. Cette période voit l'abandon progressif de la mondialisation économique prévalente avant la Première Guerre mondiale, les nations adoptant des politiques protectionnistes pour sauvegarder leurs économies locales. Les barrières commerciales se multiplient, entravant le commerce international et exacerbant la crise.

En parallèle, l'Europe et d'autres régions du monde témoignent de la montée en puissance de dictatures autoritaires et totalitaires. La fragilité économique et le désarroi social servent de terreau fertile à l'ascension de régimes autoritaires, promettant ordre et stabilité mais au prix de libertés individuelles. De l'Italie fasciste de Mussolini à l'Allemagne nazie d'Hitler, en passant par l'Espagne franquiste, les démocraties reculent face à des gouvernements centralisés et des idéologies extrêmes.

Initialement, des figures comme William Rappard, représentant la Suisse à la Société des Nations, pouvaient encore parler d'une "victoire de la démocratie" en Europe au milieu des années 1920. Cependant, à l'approche de la fin des années 1930, le paysage politique européen s'était profondément transformé. Presque partout, les démocraties avaient cédé la place à des régimes dictatoriaux, une évolution marquant un revirement radical par rapport aux espoirs placés dans l'après-Première Guerre mondiale. Cette transition de la mondialisation et de la démocratie vers le protectionnisme et le totalitarisme illustre les profondes mutations socio-économiques et politiques de l'entre-deux-guerres, posant les bases des conflits et des défis du XXe siècle.

Dans l'Europe des années 1930, quelques bastions de la démocratie résistent face à la vague autoritaire. L'Angleterre, la Suisse, la France, les pays Benelux, et certains États scandinaves maintiennent des systèmes politiques démocratiques, malgré la pression croissante des idéologies extrémistes et des régimes autoritaires voisins. Ces démocraties servent de refuges et de centres pour les forces politiques antifascistes et pour la résistance contre l'expansionnisme des régimes totalitaires. Parallèlement, la majorité de l'Europe bascule dans l'autoritarisme. L'Espagne, sous Franco, le Portugal avec Salazar, l'Italie de Mussolini, et l'Allemagne d'Hitler, sont parmi les exemples les plus marquants de cette transformation. Les nouveaux régimes balkaniques et les États d'Europe centrale et de l'Est suivent également cette tendance, établissant des gouvernements autoritaires qui répriment toute opposition politique. Les dictatures mettent en place des systèmes de censure et de surveillance pour contrôler l'information et supprimer les opinions dissidentes.

Les dictatures de cette époque pratiquent une persécution systématique contre les opposants politiques. Cette répression varie en intensité et en méthode, mais elle se manifeste universellement à travers des arrestations arbitraires, des tortures, des exécutions extrajudiciaires, et des campagnes de propagande visant à discréditer et démanteler les mouvements de résistance. La censure de la presse et la suppression de la liberté d'expression sont des outils courants pour maintenir le pouvoir et contrôler le discours public. Le bouleversement politique en Europe pendant l'entre-deux-guerres révèle une lutte entre des forces démocratiques en déclin et des régimes autoritaires en ascension. Cette période critique façonne le continent pour des décennies, menant inévitablement au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Les leçons tirées de cette époque de transition demeurent pertinentes pour la compréhension des dynamiques politiques contemporaines et des défis posés par l'autoritarisme.

À la fin du XIXe siècle, Vienne devient un foyer d'antisémitisme avec des figures comme Karl Lueger, maire de la ville, qui a utilisé l'antisémitisme comme outil politique. Cette idéologie s'est ensuite répandue en Allemagne, où elle a été institutionnalisée sous le régime nazi après l'accession d'Adolf Hitler au pouvoir en 1933. Les lois de Nuremberg de 1935 et la Nuit de Cristal en 1938 marquent des étapes clés dans la persécution des Juifs, débouchant sur la tragédie de l'Holocauste. Cette évolution montre la transition de l'antisémitisme d'une hostilité diffuse à une politique d'État visant à l'extermination.

La Pologne et en Union soviétique ont connu des périodes d'intense hostilité envers les Juifs avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. En Pologne, les tensions et violences antisémites étaient marquées par des pogromes, des actes de violence dirigés contre les communautés juives. En Union soviétique, bien que l'idéologie officielle rejetait l'antisémitisme, des politiques et des purges sous Staline ont ciblé spécifiquement les Juifs, sous des accusations de nationalisme bourgeois ou de sionisme. Ces contextes montrent la variabilité de l'antisémitisme, influencée par des facteurs politiques, économiques et sociaux complexes.

L'Internationalisme Face aux Nouveaux Défis[modifier | modifier le wikicode]

L'internationalisme, dans le contexte pré-1914, était une idéologie naissante, embrassant l'idée d'une solidarité transnationale et s'appuyant sur une matrice de valeurs partagées, principalement européennes. Cette période, souvent qualifiée de "Belle Époque" (1871-1914), était marquée par des avancées technologiques et sociales significatives qui allaient à la fois encourager et compliquer la vision internationaliste.

À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, l'innovation dans le secteur des communications – notamment le télégraphe, le téléphone, et plus tard, la radio – a révolutionné la manière dont les informations étaient partagées à travers le monde. Ces avancées ont permis une interaction sans précédent entre les nations et les cultures, créant un terreau fertile pour l'idéologie internationaliste. En 1865, la création de l'Union Internationale des Télécommunications, l'une des premières organisations intergouvernementales, illustre bien cette volonté de collaboration au-delà des frontières nationales.

La fin du XIXe siècle a également été le théâtre d'une démocratisation progressive dans de nombreuses sociétés européennes. L'extension du droit de vote à des segments plus larges de la population, les réformes sociales et l'émergence des premiers mouvements ouvriers internationaux, comme la Deuxième Internationale fondée en 1889, ont favorisé l'émergence d'une conscience de classe transnationale. Ces mouvements, prônant la solidarité internationale parmi les travailleurs, ont contribué à poser les fondations d'un internationalisme basé sur des principes de justice sociale et d'égalité.

Cependant, cet élan vers l'internationalisme se heurtait à des forces puissantes et souvent antagonistes. Le nationalisme, en plein essor à cette époque, fonctionnait en contradiction directe avec les idéaux internationalistes, favorisant l'identité nationale et les intérêts étatiques au détriment de la solidarité internationale. En outre, l'impérialisme européen, incarné par la course aux colonies africaines et asiatiques, exacerbait les tensions internationales et cultivait une rivalité plutôt qu'une collaboration entre les puissances.

L'exemple le plus frappant de cette contradiction est la crise de juillet 1914, qui a précipité le monde dans la Première Guerre mondiale. Loin d'unir les nations dans un esprit de coopération, les ambitions impérialistes et les alliances militaires rigides ont conduit à un conflit dévastateur, mettant en lumière les limites de l'internationalisme de l'époque.

Bien que l'internationalisme avant 1914 ait été renforcé par des progrès technologiques et une démocratisation progressive, il était profondément entravé par les courants dominants du nationalisme et de l'impérialisme. La Première Guerre mondiale marquera un tournant, révélant les profondes failles de l'ordre international de l'époque et posant les bases pour une refonte de l'internationalisme dans l'entre-deux-guerres, notamment avec la création de la Société des Nations en 1920, dans un effort pour prévenir de futurs conflits globaux. Cette période souligne l'importance et la complexité des interactions entre les mouvements sociaux internes, les avancées technologiques, et les dynamiques politiques globales dans la formation et la réforme des idéaux internationalistes.

Dans les années 1920 et 1930, l'internationalisme fut confronté à de nouveaux défis majeurs, marqués principalement par l'ascension des régimes autoritaires et totalitaires. Cette période, située entre les deux guerres mondiales, a vu l'émergence de gouvernements qui ont profondément remis en question les principes et les espoirs portés par l'internationalisme.

En Union Soviétique, le régime bolchevique, devenu totalitaire sous Joseph Staline à partir des années 1920, présentait un paradoxe pour l'internationalisme. D'une part, l'Union Soviétique se positionnait comme le berceau du prolétariat international, cherchant à exporter la révolution communiste dans le monde entier. D'autre part, la politique de "socialisme dans un seul pays" adoptée sous Staline marquait un tournant vers un certain nationalisme soviétique, s'éloignant de l'internationalisme prolétarien prôné par Lénine. Le régime de Staline, caractérisé par la répression politique, les purges massives, et la collectivisation forcée, a également jeté une ombre sur l'attrait idéologique du communisme comme modèle internationaliste.

En Italie, l'ascension de Benito Mussolini au pouvoir en 1922 et l'établissement du régime fasciste ont marqué le début de l'autoritarisme en Europe. Le fascisme italien, avec son emphase sur le nationalisme ultranationaliste, l'expansionnisme et le contrôle total de l'État sur la société, était intrinsèquement opposé à l'internationalisme. L'Allemagne nazie, sous Adolf Hitler à partir de 1933, a poussé ces principes encore plus loin, avec une idéologie basée sur le racisme, l'antisémitisme, et la conquête. Le régime nazi représentait une menace directe à l'internationalisme, non seulement par sa politique agressive de Lebensraum (espace vital) mais aussi par son mépris total pour la coopération internationale et le droit international.

La guerre civile espagnole (1936-1939) a été un moment décisif pour l'internationalisme, avec des volontaires du monde entier rejoignant les Brigades internationales pour lutter contre le soulèvement nationaliste de Francisco Franco, soutenu par l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie. Cet épisode a illustré le potentiel de l'internationalisme en action, bien que finalement, le triomphe de Franco ait marqué une autre victoire pour l'autoritarisme en Europe.

Le Japon, de son côté, poursuivait une politique impérialiste agressive en Asie, marquée par l'invasion de la Mandchourie en 1931 et l'expansion ultérieure en Chine. Le militarisme japonais, avec son idéologie d'expansion impériale et de supériorité ethnique, s'opposait diamétralement à l'internationalisme, contribuant à l'érosion de la sécurité collective en Asie.

Les années 1920 et 1930 ont ainsi vu l'internationalisme confronté à des défis sans précédent, avec l'ascension de régimes qui non seulement rejetaient ses principes mais menaçaient directement la paix et la sécurité mondiales. L'échec de la Société des Nations à prévenir ces conflits et à gérer l'agression des puissances autoritaires et totalitaires a souligné les limites de l'internationalisme dans un monde de plus en plus polarisé. Ces défis ont finalement culminé avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en 1939, un conflit qui remettrait profondément en question l'ordre international et les fondements mêmes de l'internationalisme.

Le défi du totalitarisme[modifier | modifier le wikicode]

L'internationalisme au défis du totalitarisme[modifier | modifier le wikicode]

L'internationalisme, avec ses racines profondément ancrées dans l'idée de solidarité au-delà des frontières nationales, se heurtait à des obstacles considérables dans les régimes totalitaires qui marquèrent le XXe siècle. Ces régimes, caractérisés par leur contrôle absolu sur la société, l'économie, et la politique, ainsi que par leur tendance à cultiver un culte de la personnalité autour d'un leader, représentaient une antithèse directe des principes de l'internationalisme. La capacité de la société civile à s'organiser librement est un pilier de l'internationalisme, promouvant la coopération et la compréhension mutuelle entre les peuples. Cependant, les dictatures totalitaires, telles que celles dirigées par Staline en Union Soviétique, Hitler en Allemagne, et Mussolini en Italie, s'employaient systématiquement à supprimer toute forme d'organisation autonome de la société civile.

Dans l'Union Soviétique de l'après-révolution de 1917, et particulièrement sous Staline dans les années 1920 jusqu'à sa mort en 1953, le régime chercha à centraliser le pouvoir, éliminant toute opposition réelle ou perçue au sein du Parti Communiste ou dans la société. Les purges, les procès-spectacles, et le système des Goulags étaient des outils de cette répression. Malgré l'engagement rhétorique envers le prolétariat international, la politique stalinienne de "socialisme dans un seul pays" reflétait une forme de nationalisme qui se détournait de l'internationalisme prolétarien originel.

L'Allemagne nazie, sous Hitler de 1933 à 1945, incarnait également l'oppression de la société civile, mais avec des idéologies radicalement différentes basées sur le racisme, le nationalisme extrême, et l'expansionnisme. Les organisations de la société civile étaient soit nazifiées, soit dissoutes. Les Juifs, les communistes, les syndicalistes, et d'autres étaient persécutés, démontrant la manière dont le régime totalitaire pouvait non seulement supprimer, mais également détourner la société civile à des fins autoritaires.

En Italie, Mussolini instaura le fascisme comme idéologie d'État dès les années 1920, mettant en avant des valeurs de nationalisme belliqueux, rejetant l'internationalisme au profit d'une glorification de l'État italien. Les organisations indépendantes, y compris les syndicats et les partis politiques, furent dissoutes ou absorbées par des structures étatiques, annihilant ainsi toute forme d'opposition civile organisée.

Ces régimes partageaient un mépris commun pour les principes démocratiques qui facilitent l'organisation libre de la société civile, considérant de telles libertés comme des menaces à leur pouvoir absolu. L'internationalisme, qui dépend de la libre association et de la solidarité transfrontalière, était directement en conflit avec ces systèmes. Les tentatives de mouvements internationaux, qu'ils soient socialistes, pacifistes, ou de droits de l'homme, de fonctionner ou de s'exprimer librement sous ces régimes furent extrêmement limitées, voire dangereuses.

Ce conflit entre l'internationalisme et les dictatures totalitaires ne se limitait pas à l'Europe. Par exemple, au Japon impérial pré-1945, l'expansion militaire et l'embrassement d'un nationalisme divin justifiant la suprématie japonaise sur l'Asie entravèrent toute forme d'internationalisme. Les sociétés civiles dans les territoires occupés furent réprimées, et l'organisation indépendante japonaise fut canalisée vers le soutien de l'effort de guerre.

L'internationalisme, au cours de cette période tumultueuse, se trouvait souvent en opposition, non seulement idéologique mais aussi pratique, avec les régimes totalitaires. Les espaces pour la libre organisation et l'expression étaient réduits à néant, mettant en lumière la lutte inhérente entre les forces de l'autoritarisme et celles qui cherchent à promouvoir la solidarité et la coopération au-delà des

Qu’est-ce que le totalitarisme ?[modifier | modifier le wikicode]

Centralisatoin du pouvoir[modifier | modifier le wikicode]

Le totalitarisme, phénomène politique du XXe siècle, marque une rupture radicale avec les formes traditionnelles de gouvernance par son aspiration à contrôler non seulement l'appareil d'État et ses mécanismes de pouvoir, mais également l'ensemble des sphères de la vie individuelle et collective. Contrairement aux dictatures autoritaires qui peuvent maintenir certaines structures de la société civile et préserver un semblant d'ordre constitutionnel, les régimes totalitaires s'engagent dans une démarche d'ingénierie sociale et idéologique sans précédent, cherchant à modeler les citoyens selon une vision unique et monolithique.

La montée au pouvoir de régimes comme l'Allemagne nazie sous Adolf Hitler à partir de 1933, l'Union Soviétique sous Joseph Staline, ou encore l'Italie fasciste sous Benito Mussolini, démontre la méthode par laquelle le totalitarisme déconstruit systématiquement l'ordre démocratique et constitutionnel. En Allemagne, l'incendie du Reichstag en février 1933 fut utilisé comme prétexte pour promulguer le Décret du Reichstag, suspendant les droits civils et permettant la détention sans procès. Ceci marqua le début d'une série d'actions visant à consolider le pouvoir nazi, culminant avec les Lois de Nuremberg de 1935 qui retirèrent aux Juifs allemands leurs droits civiques.

La suppression des libertés fondamentales et l'instauration d'un climat de terreur sont des caractéristiques distinctives des régimes totalitaires. Le Goulag soviétique, vaste réseau de camps de travail forcé, est devenu le symbole de la répression politique sous Staline, engloutissant des millions de personnes accusées d'opposition au régime. En Italie et en Allemagne, les opposants politiques, ainsi que les minorités et d'autres groupes ciblés, subissaient persécutions et violences, forçant un nombre significatif d'entre eux à fuir leurs pays, devenant ainsi des réfugiés politiques.

L'aspect le plus distinctif et peut-être le plus pernicieux du totalitarisme réside dans son ambition de saturer l'espace public et privé avec une idéologie d'État homogène. Le fascisme italien, le nazisme allemand et le stalinisme soviétique ne se contentaient pas de contrôler les moyens de production ou les institutions politiques; ils visaient également à façonner les pensées, les sentiments, et les relations interpersonnelles de chaque individu. L'endoctrinement à travers l'éducation, la propagande omniprésente dans les médias, et la surveillance constante étaient employés pour inculquer les valeurs et les normes du régime, visant à créer un "homme nouveau" entièrement dévoué à l'État.

Les régimes totalitaires cherchaient à éliminer toute distinction entre la vie publique et la vie privée, éradiquant les espaces où une indépendance de pensée ou une dissidence pourrait germer. En Union Soviétique, les purges de Staline dans les années 1930 visaient non seulement les élites politiques et militaires, mais également les artistes, les scientifiques, et les citoyens ordinaires, témoignant d'une tentative de contrôler toutes les facettes de la société. En Allemagne, le contrôle s'étendait à la culture, à l'éducation, et même à la biologie, avec des programmes eugéniques visant à "purifier" la race allemande.

Le totalitarisme se distingue par son approche holistique et son ambition d'englober tous les aspects de l'existence humaine sous l'égide d'une idéologie dominante. Cette aspiration à une uniformité idéologique et à un contrôle total sur la société représente non seulement une menace pour les droits individuels et collectifs, mais aussi pour l'essence même de la diversité humaine et de la liberté de pensée.

Répréssion politique[modifier | modifier le wikicode]

La dictature totalitaire, dans son essence, se caractérise par un usage systématique et étendu d'instruments de répression politique pour éliminer toute opposition et maintenir le pouvoir absolu. Ces mécanismes de contrôle sont manifestes dans l'Union Soviétique, où le régime, sous la direction de Vladimir Lénine suivie de Joseph Staline, a établi un modèle de totalitarisme qui englobait les sphères économique, politique, et culturelle, tout en se revendiquant porteur d'une idéologie communiste destinée à s'exporter bien au-delà de ses frontières.

Au cœur de l'appareil répressif soviétique se trouvait la police politique, initialement connue sous le nom de Tchéka, fondée peu après la Révolution d'Octobre en 1917. Transformée en GPU, puis en NKVD, et finalement en KGB, cette institution était chargée de la sécurité de l'État, mais dans les faits, elle servait à traquer, à arrêter, et à éliminer ceux qui étaient considérés comme des ennemis du régime. Sous Staline, particulièrement durant la Grande Terreur des années 1930, la police politique a joué un rôle central dans les purges qui ont mené à l'exécution, à la détention, ou à l'exil de millions de personnes.

Le système des Goulags, un réseau étendu de camps de travail forcé disséminé à travers l'URSS, est un autre instrument de répression emblématique de la dictature stalinienne. Les détenus, souvent des prisonniers politiques, des "koulaks" (paysans aisés récalcitrants à la collectivisation), des criminels, ou des membres de groupes ethniques punis collectivement, étaient forcés à travailler dans des conditions extrêmes. Ces camps ont été une source de main-d'œuvre bon marché pour les projets d'industrialisation forcée du pays et ont contribué à l'économie soviétique tout en brisant les individus et en réprimant toute forme de dissidence.

L'industrialisation rapide et la collectivisation des terres agricoles étaient au centre de la politique économique stalinienne dans les années 1920 et 1930. Ces politiques visaient à transformer l'URSS en une puissance industrielle capable de rivaliser avec les nations occidentales et à financer la militarisation. Cependant, elles ont été menées avec une brutalité extrême, provoquant des famines massives, particulièrement en Ukraine (Holodomor), et exacerbant les tensions au sein de la société soviétique.

Les purges stalinienne, culminant durant la Grande Terreur de 1937-1938, ont éliminé une large portion de l'élite militaire, politique, et intellectuelle de l'Union Soviétique, ainsi que de nombreux citoyens ordinaires. Ces purges étaient justifiées par la prétendue nécessité d'éliminer les "éléments contre-révolutionnaires" et les "traîtres" au sein de la société, mais elles servaient avant tout à consolider le pouvoir de Staline. Les procès-spectacles, les exécutions sommaires, et les déportations massives étaient monnaie courante, avec des estimations des victimes variant considérablement, atteignant parfois le chiffre de 30 millions de morts sur l'ensemble de l'histoire du communisme soviétique, bien que ce chiffre soit sujet à débat parmi les historiens.

La période du début du XXe siècle jusqu'au milieu du siècle a été marquée par l'émergence et la consolidation de régimes totalitaires qui ont radicalement transformé le paysage politique et social de nombreux pays. La centralisation extrême du pouvoir était une caractéristique commune de ces États, qu'ils soient fascistes, comme l'Italie sous Benito Mussolini dès les années 1920 et l'Allemagne sous Adolf Hitler à partir de 1933, ou communistes, comme l'Union Soviétique sous Joseph Staline, en particulier durant les années 1930 et 1940. Cette centralisation ne se contentait pas de concentrer le pouvoir politique; elle englobait également une surveillance étroite de la société, une répression des libertés civiles et politiques, et une tentative de contrôler tous les aspects de la vie quotidienne des citoyens.

Dans ces régimes, l'État s'efforçait d'éliminer ou de réduire drastiquement l'espace pour toute forme d'autonomie ou d'indépendance des associations privées, y compris des organisations non gouvernementales (ONG) et des groupes de la société civile. Cette situation était le résultat direct de la perception de ces entités comme potentiellement subversives ou comme vecteurs d'idéologies opposées à celle de l'État. En Union Soviétique, par exemple, le contrôle sur les associations et sur la société civile était si strict que toute forme d'organisation indépendante du Parti communiste était pratiquement inexistante. En Allemagne nazie, des organisations telles que les syndicats furent dissous et remplacés par des entités étatiques, tandis que d'autres groupes, comme les associations juives, furent persécutés et démantelés.

L'imperméabilité des frontières, tant littérales qu'idéologiques, entre les puissances de l'Axe et celles de la Grande Alliance durant la Seconde Guerre Mondiale, exacerbait encore la difficulté pour les ONG transnationales d'opérer. La guerre froide qui suivit ne fit qu'accentuer ces divisions, créant un monde bipolaire où la marge de manœuvre pour les initiatives internationales de société civile était extrêmement limitée. Le Rideau de fer, en particulier, symbolisait cette division et rendait les échanges culturels, politiques, ou humanitaires entre l'Est et l'Ouest particulièrement difficiles.

Dans ce contexte, la lutte idéologique ne se limitait pas à la confrontation militaire ou politique entre États; elle s'étendait à une bataille pour le contrôle des esprits et des cœurs au sein même des sociétés. Les régimes totalitaires investissaient massivement dans la propagande et utilisaient la censure et la surveillance pour s'assurer que seule la version officielle de la vérité était accessible. Ce contrôle de l'information visait à isoler les citoyens des influences étrangères et à renforcer l'idéologie de l'État.

Malgré ces conditions adverses, certaines ONG et organisations transnationales ont tenté de percer le voile de l'isolation et du contrôle étatique. Par exemple, le Comité International de la Croix-Rouge a opéré durant la Seconde Guerre Mondiale, fournissant une aide humanitaire dans des conditions extrêmement difficiles et souvent au péril de ses membres. De même, après la guerre, des organisations telles que l'UNESCO ont été créées dans l'espoir de favoriser la paix et la compréhension internationale à travers l'éducation, la science, et la culture.

Ces efforts, bien que souvent entravés par les réalités politiques de l'époque, témoignent de la résilience de la société civile et de sa capacité à s'adapter et à chercher des moyens de poursuivre ses objectifs même dans les environnements les plus hostiles. La période totalitaire du XXe siècle souligne l'importance cruciale de la lutte pour maintenir et étendre l'espace pour l'engagement civique et la solidarité transnationale face à l'oppression.

Collectivisation et nationalisatoin des moyens de production[modifier | modifier le wikicode]

L'Union Soviétique sous Joseph Staline dans les années 1930 représente un exemple marquant de la manière dont une idéologie, en l'occurrence le communisme, a été traduite en termes économiques à travers des politiques d'expropriation, de collectivisation, et de nationalisation des moyens de production. Ces mesures radicales visaient à remodeler l'économie soviétique sur des principes socialistes, en éliminant la propriété privée au profit d'une gestion étatique de l'économie, dans le but ultime de construire une société sans classes.

L'expropriation des propriétaires privés et la collectivisation des terres agricoles ont été parmi les premières étapes de cette transformation. Lancée officiellement à la fin des années 1920, la collectivisation forcée visait à regrouper les terres, les équipements et le bétail en fermes collectives (kolkhozes) et en fermes d'État (sovkhozes). Ce processus fut marqué par une résistance considérable de la part des paysans, notamment des koulaks (paysans aisés), qui furent dépeints par le régime stalinien comme des ennemis de la classe ouvrière. La réponse du gouvernement à cette résistance fut brutale: répression, déportations massives et exécutions. Les famines qui en résultèrent, notamment l'Holodomor en Ukraine entre 1932 et 1933, furent des catastrophes humaines directement liées à ces politiques, entraînant la mort de millions de personnes.

L'industrialisation forcée fut un autre pilier de la transformation économique stalinienne. Staline considérait l'industrialisation rapide comme essentielle pour moderniser l'économie soviétique et la préparer à toute confrontation militaire avec les puissances capitalistes de l'Occident. Cette campagne d'industrialisation fut financée, en partie, par les excédents générés par la collectivisation agricole et mise en œuvre au travers de plans quinquennaux. Le premier plan quinquennal (1928-1932) se concentra sur le développement des industries lourdes, telles que la sidérurgie et la production de machines.

Les Goulags, ou camps de travail forcé, jouèrent un rôle crucial dans cette industrialisation. Des millions de personnes, y compris des paysans récalcitrants, des opposants politiques, ou simplement des individus accusés de crimes contre l'État, furent envoyées dans ces camps. Les détenus des Goulags furent exploités comme main-d'œuvre bon marché dans des conditions extrêmement dures, contribuant ainsi aux grands projets d'infrastructure et industriels de l'ère stalinienne. La mortalité dans ces camps était élevée, due aux travaux forcés, aux mauvaises conditions de vie, à la faim et aux maladies.

La traduction économique de l'idéologie communiste sous Staline, par l'expropriation, la collectivisation, la nationalisation, et l'industrialisation forcée, a remodelé profondément la société et l'économie soviétiques. Ces politiques ont non seulement visé à instaurer une base économique pour le communisme, mais ont également servi comme instruments de répression politique, consolidant le pouvoir de l'État totalitaire sur les individus. Les conséquences humaines de ces politiques furent dévastatrices, avec des millions de morts dues à la famine, aux purges, et aux conditions de vie dans les Goulags. Cette période est un témoignage des extrêmes auxquels un régime peut recourir pour tenter de modeler la société selon une idéologie particulière, soulignant les liens étroits entre politique économique, répression, et transformation sociale dans les États totalitaires.

La culture[modifier | modifier le wikicode]

Le totalitarisme s'étend bien au-delà du contrôle économique et politique, cherchant également à dominer le domaine culturel. L'Union Soviétique sous Staline offre un exemple frappant de cette volonté d'infuser tous les aspects de la vie culturelle avec l'idéologie d'État. La promotion du réalisme socialiste dans les arts, la censure généralisée, et l'interdiction des œuvres jugées non conformes à l'idéologie communiste étaient autant de moyens d'assurer que la culture servait les objectifs du régime.

Le réalisme socialiste fut érigé en doctrine officielle de l'art soviétique à partir de 1934. Ce style artistique et littéraire devait dépeindre la vie soviétique de manière positive et édifiante, montrant la lutte des classes sous un jour favorable au communisme et glorifiant les accomplissements du peuple soviétique et du Parti. Les artistes étaient encouragés, voire contraints, à produire des œuvres qui s'alignaient sur ces thèmes, renforçant ainsi l'idéologie et les objectifs politiques de l'État. Les peintures, les sculptures, les films, la musique, et la littérature devaient tous contribuer à l'éducation idéologique et à la motivation du peuple soviétique.

La censure était un outil crucial pour contrôler le discours culturel et intellectuel. Le gouvernement soviétique exerçait une surveillance étroite sur les publications, les représentations théâtrales, le cinéma, et tous les autres médias, pour s'assurer qu'ils étaient en accord avec les principes du réalisme socialiste et qu'ils ne contenaient rien qui pourrait être perçu comme critique envers le régime ou ses dirigeants. Les livres et autres œuvres jugés non conformes étaient interdits et souvent détruits. Des auteurs et intellectuels, dont les idées étaient considérées comme dangereuses pour le pouvoir soviétique, furent persécutés, emprisonnés, ou forcés à l'exil.

La censure en Union Soviétique était institutionnalisée et omniprésente, gérée par plusieurs organismes d'État dont le plus notable était le Glavlit, responsable de la supervision de la censure des médias et de la littérature. Cette censure s'étendait à toutes les formes d'expression et de communication, des livres et journaux aux lettres privées et aux conversations téléphoniques. L'objectif était d'éliminer toute opposition, réelle ou potentielle, à la doctrine officielle et de maintenir le monopole du Parti sur la vérité et l'information.

Les impacts de ces politiques sur la culture et la société soviétiques furent profonds. D'une part, elles ont réussi à créer une certaine unité idéologique et à promouvoir les valeurs du régime. D'autre part, elles ont étouffé la créativité, réprimé la diversité des pensées et des expressions, et conduit à la persécution de nombreux artistes et intellectuels talentueux. Le climat de peur et d'autocensure qui en résultait limitait gravement le développement culturel et intellectuel du pays.

L'approche totalitaire de l'Union Soviétique envers la culture souligne la centralité de la culture et de l'art dans la consolidation du pouvoir. En contrôlant strictement la production culturelle, le régime stalinien cherchait à forger une société qui incarnait et promouvait les idéaux communistes, tout en éliminant toute forme de dissidence ou de critique. Ces politiques culturelles, tout en visant à unifier et à motiver, ont également révélé les limites et les contradictions inhérentes au projet totalitaire, notamment dans sa capacité à réprimer mais non à éteindre complètement l'esprit créatif et critique.

L'Allemagne nazie[modifier | modifier le wikicode]

Le totalitarisme nazie[modifier | modifier le wikicode]

L'Allemagne nazie, sous le régime d'Adolf Hitler de 1933 à 1945, offre un exemple singulier de totalitarisme qui se distingue par ses dimensions politique, raciale et culturelle. Bien que le nazisme ait imposé un contrôle étroit sur la société et cherché à remodeler l'économie selon ses objectifs, il n'a pas entièrement éradiqué les structures capitalistes, marquant ainsi une différence notable avec le totalitarisme économique caractéristique de l'Union Soviétique sous Staline.

Contrairement à l'Union Soviétique, où l'économie était largement collectivisée et les moyens de production nationalisés, l'Allemagne nazie a maintenu et, dans une certaine mesure, renforcé les structures capitalistes. Toutefois, cela ne signifie pas que l'économie allemande était entièrement libre de l'influence étatique. Au contraire, le régime nazi a orchestré une coopération étroite entre l'État, les entreprises et les syndicats, dans le but de servir ses intérêts politiques et militaires. Cela s'est notamment traduit par la mise en place d'associations professionnelles regroupées par branches, connues sous le nom de Front du Travail (Deutsche Arbeitsfront, DAF), après la dissolution des syndicats libres en mai 1933. Cette organisation visait à synchroniser les efforts des travailleurs et des employeurs dans l'objectif d'accroître la production industrielle en préparation à la guerre et à promouvoir l'idéologie nazie au sein de la force de travail.

Bien que le capitalisme ait persisté, l'État nazi a profondément modifié le fonctionnement de l'économie à travers une série d'interventions. Cela comprenait la réarmement massif et les grands projets d'infrastructure, comme les autoroutes (Reichsautobahnen), financés par des dépenses gouvernementales déficitaires. De plus, le contrôle des prix et des salaires, ainsi que des mesures protectionnistes et d'autarcie, visaient à rendre l'Allemagne moins dépendante des importations et à préparer l'économie pour le conflit à venir. Ces politiques ont eu pour effet de réduire le chômage et de stimuler une croissance économique rapide au milieu des années 1930, contribuant à la popularité du régime malgré ses aspects répressifs.

Le concept de "Gleichschaltung" ou de synchronisation était central à la stratégie nazie de consolidation du pouvoir. Cela impliquait l'alignement forcé de toutes les institutions, des associations culturelles et sportives aux écoles et aux églises, sur les principes et les objectifs du Parti nazi. Cette standardisation s'étendait à tous les aspects de la vie allemande, visant à créer une société homogène qui adhère sans question à l'idéologie nazie. Dans ce contexte, les associations professionnelles par branche jouaient un rôle dual : elles facilitaient l'efficacité économique et servaient d'instruments d'endoctrinement et de contrôle.

L'Allemagne nazie illustre un modèle de totalitarisme qui, tout en embrassant des aspects de l'économie de marché, les subordonnait étroitement aux objectifs politiques et idéologiques du régime. La manipulation de l'économie et la synchronisation de la société n'étaient pas des fins en soi, mais des moyens pour atteindre les ambitions expansionnistes et génocidaires du nazisme. En maintenant une façade de capitalisme, le régime a pu mobiliser les ressources économiques nécessaires à ses fins, tout en exerçant un contrôle total sur la société et en éradiquant toute forme de dissidence ou d'opposition.

La mise en place d'un Etat unitair et centralisé[modifier | modifier le wikicode]

L'ascension au pouvoir du gouvernement nazi en Allemagne, sous la direction d'Adolf Hitler en 1933, a marqué le début d'une transformation radicale de la société allemande et de son ordre politique. Le régime nazi a systématiquement démantelé les structures démocratiques et l'état de droit établis par la République de Weimar, une démocratie fragile mais ambitieuse née des cendres de la Première Guerre mondiale en 1919. Cette déconstruction a été justifiée par le régime à travers une rhétorique de "défense contre l'ennemi intérieur", visant prétendument à rétablir l'ordre et à réaliser la destinée de la race allemande, tel que décrit dans le Weltanschauung (vision du monde) d'Hitler.

Le processus de destruction de l'ordre démocratique de la République de Weimar a été rapide et efficace, facilité par l'incendie du Reichstag en février 1933, qui a servi de prétexte pour le décret du Reichstag "Pour la Protection du Peuple et de l'État". Ce décret suspendait les libertés civiles fondamentales et permettait la détention sans procès, marquant le début d'une série d'actions visant à consolider le pouvoir nazi. Le parti nazi a utilisé la violence, l'intimidation, et les manipulations légales pour neutraliser l'opposition, interdire les partis politiques rivaux, et centraliser le contrôle sur l'État.

L'Allemagne, traditionnellement un État fédéral composé de Länder (états) ayant chacun ses propres gouvernements et certaines libertés, a vu sa structure fédérale érodée et finalement démantelée par le régime nazi. En janvier 1934, les lois sur la restructuration de l'État ont effectivement mis fin à l'autonomie des Länder, intégrant leurs gouvernements dans la structure de gouvernement centralisée du Reich. Cette centralisation du pouvoir était essentielle pour Hitler afin d'assurer un contrôle sans partage sur l'ensemble du territoire allemand, éliminant toute forme de résistance ou d'autonomie régionale.

L'expansion territoriale était un élément clé de la politique nazie, visant à réunir tous les peuples germanophones dans un seul Reich et à étendre le "Lebensraum" (espace vital) pour la race allemande. L'Anschluss de l'Autriche en mars 1938, une annexion réalisée sous la pression politique et militaire, fut présentée comme l'unification des peuples allemands. Cette annexion, suivie de l'occupation de la région des Sudètes en Tchécoslovaquie et d'autres territoires, reflétait la volonté d'Hitler d'agrandir l'Allemagne à travers l'incorporation de régions considérées comme historiquement ou ethniquement germaniques, tout en préparant le terrain pour de futures conquêtes.

La période qui a suivi l'arrivée au pouvoir d'Hitler a vu une transformation systématique et totale de l'État allemand, de ses structures politiques, et de sa société. La destruction de l'ordre démocratique de Weimar et la suppression de l'état de droit ont été accompagnées par une centralisation du pouvoir et une expansion territoriale agressive. Ces actions, justifiées par une idéologie raciale et nationaliste toxique, ont non seulement consolidé le régime totalitaire en Allemagne mais ont également posé les bases pour l'expansionnisme et les horreurs qui allaient suivre, menant finalement à la Seconde Guerre mondiale.

une unité idéologique conforme et à une centralisation totale du pouvoir[modifier | modifier le wikicode]

La consolidation du régime nazi en Allemagne a impliqué une série de mesures radicales visant à imposer une unité idéologique stricte et une centralisation totale du pouvoir. Cette stratégie a touché non seulement les institutions étatiques comme le gouvernement et l'armée, mais aussi des entités variées telles que les églises, la presse, les organisations syndicales, et même la Croix-Rouge allemande. L'objectif était d'assurer que toutes les organisations importantes opèrent en stricte conformité avec l'idéologie nazie, éradiquant ainsi toute forme d'autonomie ou de dissidence.

L'incendie du Reichstag en février 1933 a marqué le début de l'assaut nazi contre les libertés civiles. Cet événement a été utilisé par Hitler et le parti nazi pour convaincre le président Hindenburg de signer le "Décret du Reichstag pour la Protection du Peuple et de l'État", suspendant de nombreuses libertés fondamentales et permettant la détention sans procès. Sous couvert de cet incendie, présenté comme un acte de subversion communiste, les nazis ont commencé la persécution systématique des communistes, arrêtant des milliers de personnes et éliminant ainsi l'un de leurs principaux adversaires politiques.

Dès avril 1933, les nazis ont mis en œuvre des politiques d'exclusion raciale et sociale, ciblant spécifiquement les Juifs et d'autres minorités. Ces actions ont commencé par l'exclusion des Juifs et des personnes considérées comme non aryennes de la fonction publique, suivie de la dénationalisation, de l'expropriation de leurs biens, et de leur persécution systématique. Ces mesures ont jeté les bases d'une politique de discrimination raciale et d'antisémitisme d'État, qui serait formalisée et intensifiée dans les années suivantes.

La création de camps de concentration pour y enfermer ceux que le régime considérait comme des ennemis de l'État — incluant des opposants politiques, des Juifs, des homosexuels, des Sinti et des Roma, entre autres — a marqué une escalade dans la répression. En 1935, les lois de Nuremberg ont institutionnalisé la ségrégation raciale et retiré la citoyenneté allemande aux Juifs, légalisant ainsi l'antisémitisme et ouvrant la voie à la "Solution finale". La suppression de tous les partis politiques, à l'exception du NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands), a achevé la transformation de l'Allemagne en un État totalitaire monocorde.

La période qui a suivi l'arrivée au pouvoir d'Hitler en 1933 a vu une érosion méthodique et systématique des libertés civiles en Allemagne, orchestrée à travers une série d'actions légales et illégales. En éliminant l'autonomie des associations privées et en centralisant le contrôle sur toutes les facettes de la société, le régime nazi a non seulement anéanti l'état de droit mais a aussi pavé la voie à l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire humaine. La transformation de l'Allemagne sous le régime nazi illustre de manière frappante comment une société peut être progressivement entraînée dans la tyrannie sous la direction d'un gouvernement autoritaire exploitant les peurs, les préjugés, et le désir de conformité.

la politique de synchronisation[modifier | modifier le wikicode]

La politique de "Gleichschaltung", souvent traduite par synchronisation ou mise au pas, mise en œuvre par le régime nazi peu après l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en 1933, visait à aligner toutes les institutions et associations de la société allemande sur l'idéologie et les objectifs du parti nazi. Cette stratégie a englobé un spectre institutionnel et associatif extrêmement large, s'étendant bien au-delà des seules sphères politiques pour toucher tous les aspects de la vie publique et privée en Allemagne.

Dans le cadre de la mise au pas, les trois branches traditionnelles du pouvoir en Allemagne - exécutif, législatif, et judiciaire - ont été profondément remaniées pour garantir que chaque décision et action soutenait les objectifs du régime nazi.

  • L'Exécutif: Sous Hitler, le pouvoir exécutif a été centralisé de manière draconienne, avec le Führer agissant en tant que chef de l'État et du gouvernement, concentrant ainsi une autorité incontestée.
  • Le Législatif: Le parlement (Reichstag) a été vidé de sa substance démocratique. Après l'incendie du Reichstag en 1933, les libertés fondamentales ont été suspendues, et les pouvoirs du parlement ont été effectivement transférés au cabinet d'Hitler, éliminant ainsi toute forme de contrôle législatif sur le gouvernement.
  • Le Judiciaire: Les tribunaux ont été purgés des juges jugés non conformes à l'idéologie nazie, et le droit a été subordonné aux objectifs du parti, avec l'introduction de concepts comme le "bon sens aryen" comme critères de jugement.

Les syndicats libres ont été parmi les premières cibles de la politique de synchronisation, dissous et remplacés par le Front Allemand du Travail (Deutsche Arbeitsfront, DAF), qui regroupait à la fois les travailleurs et les employeurs sous une structure contrôlée par le parti. Cette organisation servait non seulement à contrôler étroitement le monde du travail mais aussi à diffuser l'idéologie nazie parmi les masses ouvrières et patronales.

La prise de contrôle de la Croix-Rouge Allemande illustre la portée de la politique de synchronisation. En plaçant un nazi à la tête de cette organisation humanitaire internationalement reconnue, le régime a non seulement affirmé son contrôle sur les associations privées mais a aussi cherché à instrumentaliser le prestige et les réseaux de la Croix-Rouge à des fins propagandistes et politiques. Cela a permis au régime nazi d'exploiter l'image et les ressources de la Croix-Rouge pour soutenir ses campagnes militaires et ses politiques raciales, compromettant ainsi l'intégrité et les principes humanitaires de l'organisation.

La politique de synchronisation mise en œuvre par les nazis a été un effort systématique et totalitaire visant à remodeler la société allemande selon l'idéologie du parti. En alignant toutes les institutions, qu'elles soient étatiques, économiques, ou privées, le régime nazi a non seulement consolidé son pouvoir mais a également étouffé toute opposition, créant une société où la dissidence était non seulement dangereuse mais pratiquement impossible. Cette stratégie a été essentielle à la réalisation des objectifs du régime, facilitant la mise en œuvre de ses politiques ultérieures, y compris celles menant à la guerre et au génocide.

la persécution de l’opposition politique[modifier | modifier le wikicode]

Dès les premiers mois suivant l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en janvier 1933, le régime nazi a mis en œuvre une série de mesures visant à consolider son emprise sur l'Allemagne. Parmi ces mesures, l'utilisation de la police politique, la persécution systématique de l'opposition politique et la mise en place de camps de concentration ont été centrales. Ces actions, débutant dès février et mars 1933, seulement six semaines après l'investiture de Hitler, ont marqué le début d'une période sombre de répression politique et de terreur étatique.

La police politique, notamment la Gestapo (Geheime Staatspolizei), créée en 1933, a joué un rôle crucial dans la mise au pas de la société allemande. Sous la direction d'Hermann Göring et plus tard de Heinrich Himmler, la Gestapo avait le pouvoir d'arrêter, d'interroger et de détenir sans jugement toute personne considérée comme une menace pour le régime. Son efficacité reposait en grande partie sur un vaste réseau d'informateurs ainsi que sur la culture de la peur qu'elle instaurait.

La persécution de l'opposition politique a commencé immédiatement après que Hitler ait pris le pouvoir. Les communistes, les sociaux-démocrates, les syndicalistes et d'autres groupes jugés hostiles au nazisme ont été ciblés. L'incendie du Reichstag en février 1933 a fourni le prétexte idéal pour intensifier cette répression sous le couvert de protéger l'État contre ses ennemis. Des milliers d'opposants politiques ont été arrêtés dans les semaines qui ont suivi, marquant le début d'une purge politique à grande échelle.

L'établissement des camps de concentration dès 1933 a symbolisé la matérialisation de la terreur nazie. Contrairement aux Goulags soviétiques, qui étaient principalement des camps de travail forcé, les premiers camps de concentration nazis n'étaient pas initialement centrés sur le travail forcé. Dachau, le premier camp officiellement ouvert fin mars 1933, servait surtout de lieu de détention pour les opposants politiques, les "asociaux" et plus tard, pour les Juifs et d'autres minorités. Ces camps étaient conçus comme des outils de répression et d'intimidation, visant à briser la volonté des détenus et à dissuader toute résistance au régime.

Cependant, le système concentrationnaire nazi a rapidement évolué pour inclure le travail forcé comme un élément central de sa fonction. À mesure que le nombre de camps augmentait et que la guerre approchait, les détenus étaient de plus en plus exploités pour des travaux pénibles au profit de l'effort de guerre allemand et des entreprises privées collaborant avec le régime.

La rapide mise en place d'un appareil répressif par le régime nazi dès 1933 démontre la préméditation et l'efficacité avec lesquelles Hitler et ses partisans ont agi pour consolider leur pouvoir. L'utilisation de la police politique, la persécution de l'opposition et la création des camps de concentration ont non seulement établi les fondements de la dictature nazie, mais ont aussi annoncé les atrocités qui allaient suivre, à mesure que le régime étendait sa définition des "ennemis de l'État" et perfectionnait ses méthodes de terreur et d'oppression.

Les droits civils et politiques sont suspendus[modifier | modifier le wikicode]

Dès les premiers mois suivant leur arrivée au pouvoir en 1933, les nazis, avec le soutien de certains partis conservateurs, ont entrepris de démanteler l'ordre démocratique de la République de Weimar. En mars 1933, le Parlement, dominé par le parti nazi et ses alliés conservateurs, a voté pour la suspension indéterminée des droits civils et politiques. Cette mesure a marqué le début d'une série d'actions visant à établir un État totalitaire sous le contrôle absolu du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).

La suspension des droits civils et politiques a permis au régime nazi de réprimer toute forme d'opposition. Dans les mois qui ont suivi, tous les partis politiques autres que le NSDAP ont été interdits, concrétisant la transformation de l'Allemagne en un État à parti unique. Cette consolidation du pouvoir s'est accompagnée de purges internes visant à éliminer toute dissidence ou menace potentielle à l'autorité incontestée d'Hitler.

Un des événements les plus marquants de cette période fut la Nuit des Longs Couteaux en été 1934. Durant cette purge, Adolf Hitler a ordonné l'élimination de plusieurs dirigeants de la Sturmabteilung (SA), une organisation paramilitaire qui avait joué un rôle crucial dans son ascension au pouvoir. Les victimes incluaient Ernst Röhm, le chef de la SA, ainsi que d'autres figures politiques et militaires perçues comme des menaces potentielles à la stabilité de son régime. Cette action a non seulement consolidé le pouvoir d'Hitler en éliminant des rivaux internes, mais a également renforcé sa position auprès de l'armée régulière, la Reichswehr, qui voyait d'un mauvais œil le pouvoir croissant de la SA.

Les motivations derrière la Nuit des Longs Couteaux ont fait l'objet de nombreuses spéculations, y compris sur les connaissances que certaines victimes auraient pu avoir sur la vie privée d'Hitler, comme ses tendances sexuelles. Bien que des recherches approfondies aient été menées sur ces sujets, beaucoup restent dans le domaine de la spéculation. Comme l'indique le professeur Schulz, sans accès direct à ces travaux de recherche, il est difficile de tirer des conclusions définitives sur ces aspects particuliers de l'histoire nazie.

La période qui a suivi l'arrivée au pouvoir d'Hitler a été marquée par des actions rapides et décisives pour éliminer toute opposition et consolider le pouvoir au sein d'un État totalitaire. La suspension des droits civils et politiques, l'interdiction des partis autres que le NSDAP, et les purges violentes comme la Nuit des Longs Couteaux ont été des étapes clés dans l'établissement de la dictature nazie, transformant profondément la société allemande et ouvrant la voie à la mise en œuvre de ses politiques ultérieures de guerre et de génocide.

La politique nationaliste révisionniste du régime nazi, sa campagne de réarmement, et sa persécution systématique des Juifs[modifier | modifier le wikicode]

Dès l'accession d'Adolf Hitler au pouvoir en 1933, le régime nazi a commencé à mettre en œuvre une politique nationaliste révisionniste qui s'est rapidement radicalisée. Cette politique était axée sur un fort sentiment de nationalisme, une volonté de réviser les termes du Traité de Versailles, jugés humiliants pour l'Allemagne, et une hostilité manifeste envers certaines populations, en particulier les Juifs. La diffusion de la haine antisémite, encouragée et propagée par le parti nazi, est devenue un pilier central de la politique intérieure nazie, préparant le terrain pour l'expansionnisme agressif du régime à travers le réarmement massif de l'Allemagne. Hitler, en effet, préparait consciemment le pays à la guerre, voyant le conflit comme un moyen d'atteindre ses objectifs de grandeur nationale et de purification raciale.

Le caractère totalitaire du nazisme s'est manifesté non seulement par son contrôle politique et social, mais également par sa dimension profondément raciste et antisémite. Dès avril 1933, le régime a commencé à promulguer des lois antisémites, marquant le début d'une série de mesures législatives destinées à exclure les Juifs de la société allemande. Ces actions ont culminé avec l'adoption des Lois de Nuremberg en 1935, qui ont officiellement retiré aux Juifs allemands leurs droits de citoyenneté et ont imposé de sévères restrictions sur leur vie quotidienne.

La purge du service public, l'exclusion des Juifs de la vie économique et culturelle, et les attaques systématiques contre leurs biens et leurs lieux de culte ont été des éléments clés de cette politique de persécution. En novembre 1938, cette campagne de haine et d'exclusion a atteint un nouveau paroxysme lors de la Nuit de Cristal (Kristallnacht), un pogrom orchestré par les nazis contre les Juifs à travers l'Allemagne. Des magasins juifs ont été détruits, des synagogues incendiées, et des milliers de Juifs arrêtés, marquant une escalade significative dans la violence antisémite du régime.

Cette période a également vu la mise en œuvre d'une guerre économique et culturelle contre les Juifs, caractérisée par des expropriations forcées et des pressions pour les amener à vendre leurs biens à des prix dérisoires. Cette stratégie visait non seulement à appauvrir et à marginaliser la population juive, mais aussi à la déshumaniser aux yeux de la population allemande non juive, facilitant ainsi sa persécution future.

La politique nationaliste révisionniste du régime nazi, sa campagne de réarmement, et sa persécution systématique des Juifs étaient intrinsèquement liées à ses ambitions expansionnistes et à sa vision raciste du monde. Ces éléments, combinés, ont non seulement préparé l'Allemagne à la guerre, mais ont également jeté les bases de l'Holocauste, l'un des génocides les plus dévastateurs de l'histoire humaine.

L'évolution de la politique raciale et antisémite du régime nazi[modifier | modifier le wikicode]

L'évolution de la politique raciale et antisémite du régime nazi a atteint son apogée avec la mise en œuvre de la "Solution finale", l'extermination systématique des Juifs européens. Cette phase génocidaire a débuté par l'établissement de ghettos en Pologne occupée dès 1940, où les Juifs étaient contraints de vivre dans des conditions extrêmement précaires, isolés du reste de la société et soumis à une extrême pauvreté, à la faim et aux maladies.

Le passage de la persécution à l'extermination systématique a été marqué par la mise en place de camps d'extermination en 1941 et 1942. Ces camps, dont les plus tristement célèbres sont Auschwitz-Birkenau, Treblinka, Belzec, Sobibor, Chelmno, et Majdanek, étaient équipés de chambres à gaz et de crématoires destinés à tuer massivement les Juifs et à disposer de leurs corps. La conférence de Wannsee, tenue en janvier 1942, a marqué la formalisation de la "Solution finale à la question juive", orchestrée par les plus hauts responsables du régime nazi, dont beaucoup étaient des membres influents de la Schutzstaffel (SS).

La SS, dirigée par Heinrich Himmler, a joué un rôle central dans l'administration des camps de concentration et d'extermination ainsi que dans la mise en œuvre de la politique d'extermination à travers l'Europe occupée. Sous l'égide de la SS, l'État nazi a créé un vaste réseau de plus de 1000 camps de concentration, travail et extermination dispersés à travers l'Europe. Parmi ceux-ci, huit étaient spécifiquement désignés comme camps d'extermination, lieux où les meurtres de masse étaient commis de manière industrielle.

La SS est devenue, en effet, un État dans l'État, exerçant un contrôle presque illimité sur les politiques de sécurité, de surveillance et d'extermination du régime nazi. À la fin du nazisme, les membres de la SS comptaient parmi les plus puissants et les plus criminels du régime, ayant joué un rôle déterminant dans l'orchestration et l'exécution du génocide.

Ce système de camps, au cœur de la machine d'extermination nazie, représente l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire humaine, illustrant jusqu'où peut mener l'idéologie de haine lorsqu'elle est institutionnalisée et mise en œuvre par un régime totalitaire. La Shoah, qui a résulté en la mort de six millions de Juifs, ainsi que des millions d'autres victimes, demeure un avertissement perpétuel des dangers représentés par le racisme, l'antisémitisme et le totalitarisme.

vision de l'art et de la culture[modifier | modifier le wikicode]

Sur le plan culturel, le régime nazi a cherché à imposer sa vision de l'art et de la culture, fondée sur une idéologie racialiste et nationaliste, en promouvant ce qu'il considérait comme un art "germanique" pur. Cette promotion était accompagnée d'une dénonciation virulente d'autres formes d'expression artistique, notamment celles jugées "dégénérées", c'est-à-dire modernes, avant-gardistes, ou influencées par des artistes juifs et autres groupes considérés comme inférieurs selon la doctrine nazie. En 1937, une exposition d'"Art dégénéré" a été organisée par les nazis à Munich, visant à ridiculiser et condamner les œuvres modernes et expressionnistes, contrastée par une exposition d'art approuvé par le régime qui se tenait simultanément.

Parallèlement à cette tentative de redéfinir l'esthétique culturelle, les nazis ont orchestré des autodafés, brûlant publiquement des livres d'auteurs juifs, marxistes, et d'autres qu'ils jugeaient antithétiques à leur idéologie. Le 10 mai 1933, des étudiants nazis, en collaboration avec des membres du parti, ont organisé l'un des autodafés les plus infâmes, où des milliers de livres ont été brûlés dans des villes à travers l'Allemagne. Parmi les auteurs dont les œuvres ont été détruites figuraient Heinrich Heine, Karl Marx, Sigmund Freud, et de nombreux autres écrivains renommés.

La censure était omniprésente, contrôlant étroitement le contenu publié dans la presse, les livres, le théâtre, le cinéma, et toute autre forme de média. La propagande était le seul discours autorisé, avec Joseph Goebbels, à la tête du ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande, orchestrant une campagne massive pour inculquer l'idéologie nazie à travers tous les canaux de communication disponibles. Les médias devenaient ainsi un outil puissant au service du régime, diffusant une vision du monde conforme aux ambitions et aux préjugés nazis, tout en supprimant toute voix dissidente.

Ces actions culturelles faisaient partie intégrante de l'effort plus large du régime nazi pour contrôler totalement la société allemande, en façonnant non seulement la politique et l'économie, mais aussi l'art, la culture, et les croyances de la population. À travers l'art, la littérature, et les médias, les nazis cherchaient à créer une culture homogène qui reflétait et renforçait leurs idéaux aryens, tout en éliminant toute influence jugée nuisible ou déviante. Cette entreprise de manipulation et de contrôle culturels démontre la compréhension profonde par le régime du pouvoir de la culture en tant qu'outil de cohésion sociale et de légitimation politique, ainsi que son utilisation cynique de cet outil pour consolider son emprise sur le peuple allemand.

La mise en place d'un système de non-droit[modifier | modifier le wikicode]

La mise en place d'un système de non-droit sous le régime nazi a profondément affecté la société allemande, laissant les citoyens sans recours légal en cas de violation de leurs droits par des organes de l'État. La politique de Gleichschaltung, ou synchronisation, a impliqué l'alignement de toutes les institutions étatiques, y compris la police et le système judiciaire, sur les objectifs et l'idéologie du parti nazi. En plaçant des membres du parti nazi à des postes clés au sein de ces institutions, le régime a effectivement éliminé toute indépendance ou neutralité judiciaire, rendant obsolète le concept même de protection juridique pour les individus.

Cette transformation signifiait que si un citoyen était lésé dans ses droits, que ce soit par la police, l'administration, ou toute autre autorité publique, il n'avait pratiquement nulle part où se tourner pour chercher justice. Les mécanismes traditionnels de recours, tels que les plaintes judiciaires ou les enquêtes administratives, étaient soit inaccessibles soit complètement inefficaces, car les institutions étaient elles-mêmes complices des abus.

De plus, la peur omniprésente de la surveillance par la Gestapo (la police secrète d'État) et d'autres organes de sécurité nazis exacerbait le sentiment d'impuissance parmi la population. La simple idée de signaler une injustice ou de défendre les droits d'un concitoyen pouvait exposer une personne à des risques de représailles, allant de la détention arbitraire à la torture, voire à la mort. En conséquence, beaucoup ont choisi de rester silencieux, même face à des violations flagrantes des droits humains.

Le résultat de cette politique de synchronisation a été une société dans laquelle la loi ne servait plus de bouclier pour protéger les individus, mais plutôt d'arme pour renforcer l'emprise du parti nazi et réprimer toute forme de dissidence ou de non-conformité. Les principes fondamentaux de justice et d'équité, qui sous-tendent tout système juridique démocratique, ont été systématiquement démantelés, laissant place à un climat de terreur et d'arbitraire.

En définitive, la mise en place d'un système de non-droit sous le régime nazi illustre les dangers extrêmes que représente la concentration du pouvoir politique et judiciaire entre les mains d'une idéologie totalitaire. Elle met en lumière la nécessité vitale de maintenir une séparation des pouvoirs et de garantir l'indépendance judiciaire comme garde-fous contre l'abus de pouvoir et la tyrannie.

négation profonde de la liberté individuelle et de la dignité humaine[modifier | modifier le wikicode]

Le régime totalitaire mis en place par les nazis en Allemagne a conduit à une négation profonde de la liberté individuelle et de la dignité humaine, marquant une rupture radicale avec les principes fondamentaux sur lesquels repose une société civile organisée et dynamique. Sous l'égide de ce régime, les notions de liberté d'expression, d'association, et de pensée n'étaient pas simplement réprimées ; elles étaient systématiquement éradiquées au profit d'une uniformité idéologique qui infiltrait tous les aspects de la vie allemande.

Les associations et les organisations, qu'elles soient culturelles, professionnelles, ou sociales, n'ont pas été épargnées par cette homogénéisation forcée. Elles ont été nationalisées et intégrées dans la structure du parti nazi, perdant toute autonomie et devenant des véhicules de l'idéologie nazie. Cette appropriation des associations par l'État nazi visait à garantir que chaque facette de la société contribue à la promotion de l'agenda raciste et eugénique du régime. Le parti nazi a imposé sa vision du monde non seulement à travers des politiques de persécution et d'extermination, mais aussi en infiltrant la vie quotidienne des Allemands, en dictant les normes de comportement, de pensée, et d'appartenance.

L'adhésion à l'idéologie nazie était encouragée, souvent sous la contrainte, dans tous les domaines, des arts et de la littérature à l'éducation et aux sciences. Les théories racistes et eugéniques devenaient des principes directeurs dans la recherche scientifique, la médecine, et l'éducation, poussant à des programmes d'euthanasie forcée et à des expériences médicales sur des êtres humains jugés inférieurs ou inutiles selon les critères nazis. La société civile, en tant que telle, cessait d'exister en tant qu'espace de délibération démocratique et de contestation, pour devenir un outil de renforcement du contrôle étatique et de l'idéologie du parti.

Cette érosion de la société civile et la transformation des associations en instruments de l'État totalitaire reflètent l'ampleur de l'emprise nazie sur la société allemande. En abolissant les libertés fondamentales et en soumettant toutes les formes d'organisation sociale à l'idéologie du parti, le régime nazi a non seulement anéanti la dignité humaine mais a aussi profondément altéré le tissu social de l'Allemagne, avec des conséquences qui se feraient sentir bien au-delà de la chute du Troisième Reich. La société civile, pilier de la démocratie et de la liberté, s'est vue réduite à un instrument de propagande au service d'une vision du monde profondément inhumaine et destructrice.

L'implication de la Deutsches Rotes Kreuz (Croix-Rouge allemande, DRK) dans le régime nazi[modifier | modifier le wikicode]

L'implication de la Deutsches Rotes Kreuz (Croix-Rouge allemande, DRK) dans le régime nazi illustre de manière frappante l'ampleur de la transformation des institutions allemandes sous le Troisième Reich. En adhérant au programme nazi, la DRK s'est éloignée des principes fondamentaux du mouvement international de la Croix-Rouge, qui sont basés sur la neutralité, l'impartialité, et l'humanité. Au lieu de servir ces idéaux universels, la Croix-Rouge allemande a été cooptée par le régime nazi et a participé à certaines de ses politiques les plus répréhensibles.

La participation de la DRK au programme d'euthanasie des handicapés, connu sous le nom de "Aktion T4", est un exemple particulièrement sombre de cette collusion. Ce programme visait à éliminer les personnes jugées "indignes de vivre" par le régime, y compris les handicapés physiques et mentaux. La complicité de la DRK dans ces meurtres montre comment l'institution a été détournée de sa mission humanitaire pour servir les objectifs eugéniques et génocidaires du nazisme.

De plus, des membres de la DRK ont été impliqués dans des expérimentations inhumaines sur des prisonniers dans les camps de concentration nazis. Ces expériences, souvent menées sous prétexte de recherche médicale, ont soumis des individus à des souffrances indicibles et à la mort, en violation flagrante de toute éthique médicale et humanitaire.

Pendant ce temps, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), chargé de veiller au respect des Conventions de Genève et des valeurs fondamentales de la Croix-Rouge, a été critiqué pour sa passivité face aux atrocités du régime nazi. Malgré sa connaissance des violations des droits humains commises par les nazis, le CICR a été largement incapable d'agir efficacement pour protéger les victimes de la guerre et de la persécution nazie. Cette inaction a soulevé des questions difficiles sur le rôle et les responsabilités des organisations humanitaires internationales en temps de guerre et de génocide.

La transformation de la DRK sous le nazisme et la réaction du CICR soulignent les dilemmes moraux et éthiques auxquels sont confrontées les institutions humanitaires lorsqu'elles opèrent dans des contextes de régimes totalitaires et génocidaires. Elles mettent également en lumière la capacité des régimes autoritaires à coopter des organisations à des fins malveillantes, ainsi que les limites de l'action humanitaire dans des situations où les normes internationales de droit et d'humanité sont systématiquement bafouées.

radicalisation du régime nazi s'est accentuée avec la montée en puissance de la Schutzstaffel[modifier | modifier le wikicode]

La radicalisation du régime nazi s'est accentuée avec la montée en puissance de la Schutzstaffel (SS), dirigée par Heinrich Himmler. Initialement conçue comme une unité de protection pour les dirigeants du NSDAP, la SS est devenue une organisation paramilitaire d'une extrême loyauté envers Adolf Hitler et a évolué pour exercer un contrôle quasi-total sur les aspects sécuritaires et politiques du régime. Cette transition du pouvoir du NSDAP vers la SS marque un tournant dans la consolidation du pouvoir nazi, où l'État devient non seulement un outil de gouvernance totalitaire mais également un instrument de terreur massive.

Sous Himmler, la SS a orchestré les aspects les plus brutaux du régime nazi, y compris la surveillance, la répression et l'élimination des ennemis du régime. Elle était chargée de la gestion des camps de concentration et de la mise en œuvre de la "Solution finale", le plan génocidaire visant à exterminer les Juifs d'Europe. La SS a également joué un rôle crucial dans l'établissement et la gestion des ghettos en Europe de l'Est, où des millions de Juifs étaient confinés dans des conditions inhumaines avant d'être transportés vers des camps d'extermination.

La centralisation du pouvoir au sein de la SS a entraîné une militarisation de l'administration civile et une radicalisation des pratiques gouvernementales, les transformant en extensions de l'appareil répressif de la SS. Ce processus a non seulement accru l'efficacité du régime nazi dans la mise en œuvre de ses politiques génocidaires, mais a également éliminé toute forme de dissidence ou d'opposition au sein de l'État. Les membres de la SS étaient souvent choisis pour leur idéologie extrême et leur fidélité absolue à Hitler, ce qui a contribué à infuser une brutalité et une détermination fanatique dans les rangs des fonctionnaires de l'État.

L'influence omniprésente de la SS dans les structures de l'État a également impliqué une idéologisation accrue de toutes les sphères de la société allemande, du système judiciaire à l'éducation, en passant par la culture et l'économie. L'administration et l'appareil d'État reflétaient l'idéologie radicale et les pratiques extrémistes de la SS, rendant le régime de plus en plus monolithique et impitoyable dans sa quête pour remodeler la société selon les principes nazis.

Cette évolution du pouvoir au sein du régime nazi illustre comment la SS, sous la direction de Himmler, est devenue un "État dans l'État", dictant non seulement les politiques de sécurité mais influençant profondément l'ensemble de la gouvernance et de la politique intérieure allemande. La radicalisation continue du régime, orchestrée par la SS, a donc joué un rôle crucial dans l'escalade des horreurs commises par le régime nazi, faisant de l'organisation non seulement un garant de la sécurité d'Hitler mais un acteur central dans la mise en œuvre de la terreur et du génocide.

L'union soviétique[modifier | modifier le wikicode]

Le système des camps de travail forcé en Union soviétique[modifier | modifier le wikicode]

Le système des camps de travail forcé en Union soviétique, connu sous le nom de goulags, a effectivement évolué de manière significative au fil du temps, différenciant clairement ses objectifs, ses méthodes et ses impacts de ceux des camps de concentration nazis. Les goulags n'étaient pas seulement des lieux de détention ; ils étaient intégrés dans un vaste réseau économique et avaient pour objectif principal d'exploiter le travail des détenus pour contribuer au développement industriel soviétique.

Les goulags ont été établis peu après la Révolution de 1917, mais c'est sous le règne de Joseph Staline, dans les années 1930, que le système s'est massivement développé. Le décret officiel créant le Goulag en tant qu'agence gouvernementale remonte à 1930, bien que des formes de camps de travail existaient déjà sous Lénine. Ces camps ont été conçus initialement pour isoler et rééduquer les "ennemis de la classe ouvrière" par le travail. Cependant, sous Staline, ils sont devenus des outils de répression politique massifs, utilisés pour déporter et emprisonner des millions de personnes, allant des criminels de droit commun aux prisonniers politiques, en passant par les intellectuels, les membres de l'élite soviétique, et de simples citoyens accusés de sabotage, d'espionnage, ou de toute autre forme de trahison présumée.

Le goulag n'était pas simplement un système punitif ; il était intrinsèquement lié à l'économie soviétique. Les détenus étaient souvent envoyés dans des régions reculées et inhospitalières, telles que la Sibérie et l'Extrême Orient russe, pour travailler dans des mines, des chantiers de construction et des projets d'infrastructure. Le travail forcé des prisonniers contribuait de manière significative à l'économie soviétique, surtout pendant les périodes de projets industriels massifs et de préparation à la guerre.

Contrairement aux campds d'extermination nazis, qui étaient principalement destinés à l'extermination systématique des Juifs et d'autres groupes ciblés, les goulags soviétiques n'avaient pas l'extermination comme objectif explicite. Cependant, les conditions de vie dans les goulags étaient souvent extrêmement dures, et la mortalité y était élevée en raison de la malnutrition, des maladies, du climat rigoureux, et de la surcharge de travail. La terreur et la brutalité étaient monnaie courante, et la survie dépendait souvent de la capacité des prisonniers à endurer des conditions inhumaines.

Le système des goulags a laissé une marque indélébile sur la conscience collective et l'histoire de la Russie et des autres républiques de l'ex-Union Soviétique. La reconnaissance de ces atrocités et la mémoire des souffrances endurées par les millions de personnes qui sont passées par ces camps restent des sujets sensibles et complexes dans la Russie post-soviétique.

En résumé, bien que les goulags aient partagé certaines caractéristiques superficielles avec les camps de concentration nazis, notamment la détention massive et les conditions brutales, leurs contextes, leurs objectifs et leurs effets sur la société étaient profondément différents, reflétant les idéologies distinctes et les politiques des régimes sous lesquels ils ont opéré.

le système de répression[modifier | modifier le wikicode]

Durant les périodes tumultueuses de l'histoire soviétique, le système de répression a intensifié son emprise sur la population, marquant profondément la société par des vagues successives d'arrestations et de déportations massives. Ces périodes de crise ont souvent été des moments d'opportunité pour les acteurs politiques de consolider leur pouvoir en éliminant les éléments jugés indésirables ou menaçants pour le régime.

Après la Révolution de 1917, la Guerre Civile russe (1917-1922) a entraîné un état de désordre généralisé. Pour maintenir l'ordre et assurer la survie du jeune État soviétique, le gouvernement bolchevique a mis en place des mesures extrêmes. Dès cette période, des individus étiquetés comme ennemis, tels que les partisans des Blancs, les monarchistes, ou encore les dissidents politiques, ont été systématiquement arrêtés et souvent exécutés ou envoyés dans des camps de travail précurseurs des goulags.

Un autre moment critique fut la Grande Terreur de 1937-1938, sous le règne de Staline. Cette campagne de répression massive a été en partie déclenchée par la lutte contre l'opposition trotskiste, perçue comme une menace significative pour Staline. Durant cette période, les purges ont été étendues à tous les niveaux de la société soviétique, y compris au sein du Parti communiste lui-même. Les procès de Moscou, qui ont condamné de nombreux hauts dirigeants communistes, en sont un exemple emblématique.

Les "commissaires du peuple", soucieux de prouver leur loyauté envers Staline, étaient souvent les plus zélés dans la mise en œuvre de ces purges, arrêtant des millions d'individus sur la base d'accusations souvent infondées. Ces arrestations se faisaient généralement sans procès équitable, et les détenus étaient soit exécutés, soit envoyés dans le système des goulags.

L'utilisation de la répression et des détentions massives servait plusieurs objectifs pour le régime soviétique. Premièrement, elle éliminait les menaces réelles ou perçues au pouvoir de Staline. Deuxièmement, elle instaurait un climat de peur qui décourageait toute opposition ou dissidence. Enfin, ces campagnes de purges renforçaient le contrôle du Parti sur toutes les strates de la société, en s'assurant que chacun restait aligné sur les directives du gouvernement.

Ces périodes de répression intense ont non seulement laissé des cicatrices profondes dans le tissu social et culturel de l'Union Soviétique, mais ont également eu un impact durable sur la perception du régime soviétique tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ses frontières.

Les purges staliniennes,[modifier | modifier le wikicode]

Les purges staliniennes, incarnées par les vagues d'arrestations et de répressions menées par le NKVD (Commissariat du peuple aux affaires intérieures) et son prédécesseur le GPU (Direction principale de la sécurité de l'État), symbolisent l'un des aspects les plus sombres de la gouvernance soviétique. Ces arrestations massives sans mandat, souvent suivies d'exécutions immédiates ou d'envois dans les goulags, étaient caractéristiques de la terreur d'État qui s'est abattue sur l'Union soviétique, particulièrement intense durant la Grande Terreur de 1937-1938.

Ces campagnes d'arrestations étaient perçues par certains agents du NKVD comme une sorte de compétition, où les chiffres des arrestations et des exécutions étaient utilisés pour mesurer la performance et la loyauté envers Staline. Ces pratiques échappaient totalement au contrôle du système judiciaire, qui était lui-même subordonné aux directives du Parti communiste et de ses organes de sécurité. Les procédures légales standards étaient souvent ignorées, et les accusations portées contre les individus n'avaient pas besoin d'être étayées par des preuves tangibles.

Les détenus se trouvaient sans aucun moyen légal de contester leur détention ou leur sort. Dans un contexte où la société civile était totalement dominée par l'État et où toute forme de dissidence était étouffée, les personnes arrêtées se retrouvaient sans défense et sans voix. La résistance était pratiquement impossible, non seulement à cause de la surveillance omniprésente, mais aussi parce que toute opposition résiduelle se trouvait parmi ceux déjà emprisonnés ou exilés. Les goulags ne servaient donc pas uniquement de lieux de détention, mais aussi d'outils pour éliminer toute résistance et exploiter les détenus comme main-d'œuvre forcée dans des projets colossaux d'infrastructure.

Des projets gigantesques tels que la construction du Canal de la mer Blanche à la mer Baltique (BelMorKanal) et de l'Autoroute Iakutsk Magadan, tristement surnommée "Route des os", illustrent l'utilisation de la main-d'œuvre des prisonniers dans des conditions extrêmement dangereuses et inhumaines. Ces projets, vantés comme des exploits du régime soviétique, étaient en réalité bâtis sur les souffrances et les morts de milliers de détenus. La "Route des os" a ainsi été nommée en référence aux nombreux prisonniers morts pendant sa construction, dont les corps étaient parfois utilisés pour combler des défauts de la route.

La passivité du gouvernement soviétique face à ces atrocités reflète la nature profondément répressive et inhumaine du régime stalinien. L'exploitation, la répression et l'absence de droits fondamentaux définissaient la réalité de millions de citoyens soviétiques sous Staline, mettant en lumière l'une des périodes les plus brutales de l'histoire du XXe siècle. Ces pratiques, loin d'être des aberrations, étaient en réalité des composantes intégrales de la stratégie de gouvernance de Staline, utilisées pour renforcer son contrôle totalitaire et réaliser ses ambitions industrielles à un coût humain catastrophique.

des millions de prisonniers allemands, roumains, italiens, japonais et autres étaient capturés par l’Armée Rouge et transférée vers des camps de travai[modifier | modifier le wikicode]

Pendant la Grande Guerre patriotique, le conflit le plus total dans l’histoire martiale, des millions de prisonniers allemands, roumains, italiens, japonais et autres étaient capturés par l’Armée Rouge et transférée vers des camps de travail. L’URSS n’avait pas signé la Convention de Genève de 1929 relatives au traitement des prisonniers de guerre et ne procurait aux détenus qu’un niveau très basique de protections, comme garanti par les Conventions de La Haye. Néanmoins, leur traitement était considérablement meilleur que celui des prisonniers soviétiques dans les camps des pays de l’axe, où leur statut de Untermensch leur valait un traitement plus qu’inhumain : ceux-là constituaient une majorité des captifs des camps allemands, des milliers de soldats n’ont d’ailleurs jamais vu un camp de guerre et se faisaient fusillés sur place.

Durant la Grande Guerre patriotique, également connue sous le nom de Seconde Guerre mondiale, l'Union soviétique s'est retrouvée au cœur du conflit le plus total de l'histoire martiale. Face à l'invasion par les forces de l'Axe, l'Armée Rouge a capturé des millions de soldats ennemis, notamment des Allemands, des Roumains, des Italiens et des Japonais. Ces prisonniers de guerre (PG) ont été transférés vers des camps de travail répartis à travers l'URSS, où ils ont été soumis à divers travaux forcés.

L'Union soviétique de cette époque n'avait pas ratifié la Convention de Genève de 1929, qui définissait les standards internationaux pour le traitement des prisonniers de guerre. Toutefois, elle était signataire des Conventions de La Haye, qui offraient un cadre plus général pour la conduite en temps de guerre, incluant un niveau basique de protections pour les prisonniers. Malgré cela, les conditions de détention et de travail pour ces prisonniers étaient souvent extrêmement dures, marquées par la faim, le travail épuisant, et des soins médicaux insuffisants.

Néanmoins, comparativement au traitement brutal réservé aux prisonniers soviétiques dans les camps de l'Axe, notamment ceux gérés par les Nazis, où les Soviétiques étaient souvent considérés comme des "Untermensch" (sous-hommes) et étaient soumis à un régime de violence extrême et de négligence mortelle, les prisonniers dans les camps soviétiques bénéficiaient d'un traitement légèrement meilleur. Cette distinction, toutefois, ne doit pas minimiser la dureté des conditions que ces derniers ont endurées.

Les camps de prisonniers gérés par les Nazis étaient notoirement brutaux. Beaucoup de prisonniers soviétiques ne survivaient pas longtemps après leur capture, soit en raison d'exécutions sommaires, soit du fait des conditions inhumaines dans les camps. Il était courant que les soldats capturés sur le front Est soient exécutés sur place ou meurent de faim, de maladie, ou d'épuisement dû au travail forcé.

La gestion des prisonniers de guerre par l'URSS soulève des questions complexes sur le droit international et l'éthique en temps de guerre. Bien que les conditions dans les camps soviétiques aient été dures, elles doivent être contextualisées dans le cadre plus large d'une guerre totale où les violations des lois de la guerre et les brutalités étaient malheureusement courantes des deux côtés. Cela met en lumière les défis inhérents à l'application des normes internationales de traitement des prisonniers dans des contextes de conflit intense et montre que le traitement des prisonniers de guerre reste un sujet crucial pour l'étude des droits de l'homme et des conflits internationaux.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Union soviétique a gardé un grand nombre de prisonniers de guerre issus des armées de l'Axe, notamment des soldats allemands, roumains, hongrois et autres[modifier | modifier le wikicode]

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Union soviétique a gardé un grand nombre de prisonniers de guerre issus des armées de l'Axe, notamment des soldats allemands, roumains, hongrois et autres, qui ont continué à purger leur peine dans des camps de travail répartis à travers le pays. Cette situation a perduré jusque dans les années 1950, les derniers prisonniers n'étant libérés qu'après la mort de Staline en 1953.

Les conditions dans lesquelles ces prisonniers étaient détenus étaient souvent extrêmement dures. Malgré la fin des hostilités, les ressources étaient limitées et la priorité était donnée à la reconstruction du pays et au soutien de la population civile soviétique, elle-même éprouvée par les horreurs de la guerre. Les prisonniers continuaient de travailler dans des projets de reconstruction et d'autres travaux industriels essentiels pour le redressement économique de l'URSS, souvent dans des conditions climatiques sévères et avec peu de soins médicaux ou d'attention à leur bien-être général.

La situation de ces prisonniers de guerre a attiré l'attention et la préoccupation de la communauté internationale. Des organisations humanitaires et des gouvernements étrangers ont déploré les conditions précaires dans lesquelles ces individus étaient détenus. Cependant, l'ampleur des crimes commis par les armées fascistes pendant la guerre, notamment l'invasion brutale de l'Union soviétique et les atrocités perpétrées contre les civils soviétiques, modérait la critique internationale. Beaucoup considéraient que le traitement des prisonniers de guerre par l'URSS devait être vu à travers le prisme de ces crimes.

En outre, l'Union soviétique jouissait d'un certain prestige moral sur la scène internationale à la fin de la guerre. En tant que l'une des principales victimes de l'agression nazie et en tant que force libératrice en Europe, l'URSS a utilisé cette position pour justifier ses politiques, y compris son traitement des prisonniers de guerre. Le rôle de l'URSS dans la défaite de l'Allemagne nazie a été largement reconnu et a conféré à la superpuissance une certaine légitimité pour ses actions d'après-guerre, même celles qui étaient humanitairement discutables.

La situation des prisonniers de guerre en URSS après la Seconde Guerre mondiale illustre les complexités et les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les vainqueurs en temps de guerre. Alors que la libération de ces prisonniers aurait été vue sous un jour humanitaire favorable, les considérations politiques, le désir de justice pour les crimes de guerre et les besoins économiques de l'URSS ont tous joué un rôle dans la prolongation de leur détention. Ce chapitre de l'histoire souligne l'interaction souvent difficile entre justice, vengeance, et réconciliation dans les périodes post-conflit.

Le rôle du CICR[modifier | modifier le wikicode]

Face à ce système de détention, voire d’extermination de masse, le CICR était en grande difficulté. Néanmoins, le Comité réussira à faire valoir tant bien que mal les protections des Conventions de Genève, notamment en ce qui concerne les PDG. Cependant, l’absence d’une Convention protégeant spécifiquement les civils lors des conflits armés, malgré l’incitation du CICR dans les années précédant la guerre, se fera douloureusement sentir.

Avant la guerre, il n’y avait que quelques dispositions abordant de très loin la protection des civils en temps de guerre, notamment des règles sur la distinction et l’immunité d’objets civils « non défendus » (Art. 25 Règlement de La Haye) et quelques protections générales de civils adverses en dehors des hostilités, uniquement dans le cadre de territoires occupés. La détention et la déportation de civils n’étaient pratiquement pas couvertes.

Le but du CICR était d’aboutir à une Convention qui préviendrait des situations humanitaires désastreuses dans le traitement de civils lors de guerres futures, notamment en réglementant l’internement et la détention de civils adverses. Un projet était élaboré et discuté à la Conférence de Tokyo en 1934, mais n’a pas donné de résultats.

À partir de 1935, le CICR commence à intervenir dans des camps de concentration en Allemagne, avant tout des opposants politiques et, dans une moindre mesure, de minorités ethniques et religieuses. Le but du CICR était de protéger les internés, moyennant visites et plaidoyers aux autorités. Néanmoins, les effets de ces visites n’étaient que très limités, vu que celles-ci étaient planifiées par les nazis et ne visaient qu’à légitimer le Reich par le constat de l’organisation neutre que les conditions des détenus étaient en ordre.

Une autre activité du CICR était l’aide à l’émigration de personnes persécutées, bien que le programme n’a eu que des effets très limités. La campagne d’aide à l’immigration était pourtant soutenue par la Commission en faveur de l’immigration en Allemagne à l’initiative du Président des États-Unis Franklin D. Roosevelt.

Lorsque la Deuxième Guerre mondiale a éclaté, notamment suite à l’agression allemande contre la Pologne, le CICR s’est concentré sur ses tâches traditionnelles pour lesquelles un cadre conventionnel existait déjà, c’est-à-dire sur la protection des prisonniers de guerre. Plus de 3'700 personnes travaillaient à la tâche à Genève : 40 millions de fichiers ont été établis sur les détenus et près de 100 millions de plis et 33 millions de colis avec 400'000 tonnes de denrées ont été envoyés pendant la guerre aux prisonniers de l’Axe tout comme aux prisonniers Alliés occidentaux, les Soviétiques n’ayant droit à aucun contact avec l’extérieur, pas plus qu’à personnalité juridique ou à quelconque protection conventionnelle ou coutumière : une grande partie d’entre eux étaient systématiquement exterminés sur place dans le cadre de la guerre idéologique menée par le Reich allemand.

Le CICR et le Comité mixte allemand s’engageaient notamment dans le domaine de l’aide spirituelle et intellectuelle des prisonniers : plus qu’un million de livres, 15'000 partitions de musique, 2 millions d’objets en tout genre pour des artisans et artistes ont été envoyés.

La Convention de 1925 prohibant l’utilisation de gaz asphyxiants négociée par le CICR était un succès qui s’est avéré tout à fait salutaire, puisque les armes chimiques n’ont pas été utilisées durant le conflit. L’autre grand succès du CICR a été la Convention relative au traitement des prisonniers de guerre, qui a permis de combler les lacunes désastreuses de l’époque de la Première Guerre mondiale en étendant le régime de protection pour les PDG (bien que la Convention n’a été appliquée que dans le Front occidental, qui ne constituait que moins de 20 % des combats de la guerre).

Les obstacles à l’action humanitaire de la Croix Rouge étaient pourtant nombreux. En particulier, la non-application de la troisième Convention de Genève sur le front de l’Est se faisait sentir : la guerre idéologique que menaient les deux superpuissances militaires donnait souvent lieu à des représailles dévastatrices pour le traitement des prisonniers de guerre, surtout du côté des puissances de l’Axe.

De plus, les interdictions du Droit de La Haye et les protections en faveur des civils, si vague soit-elles, étaient violées de tous les côtés : l’extermination de plus de 20 millions de civils en Pologne et dans l’Union soviétique occupée par les nazis, les représailles par l’Armée Rouge en Europe de l’Est, mais aussi la campagne du bombardement brutal et indiscriminé des Alliés anglo-saxons qui a emmené des millions de vies humaines, notamment en France, dans le Benelux, mais aussi, et surtout en Allemagne au Japon.

Il faut constater que la guerre menée par le Troisième Reich avait deux visages : le premier s’adresser à l’Ouest, avec une adhérence relative aux lois et coutumes de la guerre et une certaine retenue dans la portée des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, et l’autre qui se tournait à l’Est, ou les nazis perpétraient des exactions incommensurablement inhumaines et infiniment cruelles en violant systématiquement tous les droits et les obligations du droit de la guerre.

Cette dichotomie était due à l’idéologie raciale nazie qui posait avançait que les « races » anglo-saxonnes ou latines n’étaient pas inférieures à la « race » arienne, alors que les personnes d’autres « races », comme les Slaves ou les Juifs, étaient considérées comme inférieurs, des sous-hommes parasitaires et détestables qui entraveraient le développement de la race maîtresse : il était un devoir moral de tout Allemand d’œuvrer pour l’extermination des races « inférieures » et l’annexion des terres orientales pour doter l’Allemagne du Lebensraum qui lui advient.

Pour le CICR, la non-application de la Convention de 1929 à une partie majeure des détenus était une difficulté de taille. Les tentatives du CICR de convaincre les belligérants de s’accorder à respecter la Convention ont été vaines, les deux parties exigeant la réciprocité pour la respecter.

Entre novembre 1943 et mai 1945, le CICR avait aussi commencé une action en faveur des détenus civils dans les camps de concentration, qui étaient soit des nationaux considérés comme ennemis politiques, soit des civils provenant des territoires occupés (dont des millions de juifs, de Slaves, de Tsiganes, et bien d’autres).

Les autorités nazies étaient plus que réticentes à donner accès aux délégués du CICR vers les camps de concentration : il leur été demandé de connaître le nom et l’emplacement des détenus pour entrer en contact avec eux. Néanmoins, le CICR est parvenu à envoyer plus de 750'000 aux civils captifs dans les innombrables camps de concentration dispersés à travers l’Europe occupée, contenant des millions de personnes surexploitées, déshumanisées et affamées. Les associations de la Croix Rouge d’autres États neutres s’engageaient également pour la cause, notamment l’association de la Croix Rouge suédoise.

L’absence quasi totale de protections pour les millions de civils dans l’Europe occupée préoccupait le CICR, qui a tenté à plusieurs reprises de faire respecter les dispositions du projet de Tokyo de 1934 : une sorte de gentlemen’s agreement avait été conclue en 1940, mais suite à la défaite de la France et à l’occupation de tout État offrant une résistance à l’Allemagne sur le continent, le CICR s’est retrouvé dans l’incapacité à faire valoir l’accord.

Toutes les dispositions de la future Convention ont été violées, des millions de personnes ont été contraints au travail forcé (jusqu’à 7 millions de personnes), dépossédé de leurs biens, persécutés, opprimés, ou encore déportés et internés dans des camps de concentration ou d’extermination : jusqu’à 8 millions de personnes ont été tués à la chaîne dans le cadre de l’industrie de la mort créée par les SS.

Le traitement insondable et infiniment cruel qu’ont subi des millions de personnes sous l’oppression des nazis mettait le CICR dans une position difficile. Faisant pratiquement seul face au désastre humanitaire, le Comité s’est résolu à poursuivre autant que possible ses traditions et son mandat et œuvrait avec une efficacité décuplée à soutenir et protéger les prisonniers, les blessés et les malades de guerre (là où les États respectaient les Conventions).

En ce qui concerne l’environnement de l’action du CICR, celui-ci souffrait du manque de réciprocité dans les rapports de force, qui étaient dominés par l’Axe dans les premières années de la guerre. Le Comité était également lié par la neutralité absolue que maintenait l’État suisse : tout comme les États neutres, le CICR se voyait contraint de fermer les yeux sur les exactions des nazis, voire de leur rendre service pour ne pas attirer leur courroux.

Malgré le caractère secret des programmes des camps d’extermination, le CICR disposait de nombreuses informations sur les massacres à échelle industrielle instrumentalisés par les SS en Europe de l’Est, notamment à travers des réfugiés et des fugitifs. Exposé devant l’atrocité de la Shoah, le CICR, alors dirigé par l’éminent juriste suisse Max Huber, maintenait malgré tout sa politique de neutralité et d’impartialité traditionnelle.

Il a été avancé que l’unité du mouvement de la Croix Rouge devait être maintenue et qu’il était de toute façon inutile de prendre position ou d’agir sur la question, voire contre-productif, puisque cela pouvait remettre en cause son action humanitaire relative aux prisonniers de guerre. L’idée d’un appel à la protection de la population civile a été discutée par le Comité, mais a fini par être exclue puisque cela pouvait être perçu comme une attaque contre le Reich, ce qui compromettrait davantage le Comité dans son œuvre humanitaire et allait à l’encontre de la position du gouvernement suisse.

Cependant, la situation a commencé à changer avec la victoire des Alliés à Stalingrad qui annonçait le début de la fin du nazisme et plus particulièrement suivant le Débarquement de Normandie concomitant à la grande poussée de l’Armée soviétique vers l’Ouest dans le cadre du Plan Bagration. C’est en hiver 1944, alors que les troupes alliées avaient libéré une grande partie de l’Europe occupée et commençaient déjà son invasion dans le territoire allemand, que le CICR a intensifié ses efforts en faveur des internés dans les camps de concentration avec l’appui des Alliés.

C’est dans les derniers mois de la guerre que le CICR lancera sa campagne d’aide en faveur des détenus des camps de concentration et des fabriques esclavagistes allemandes. Notamment, en mars 1945, le commandant du RSHA et sous-responsable du système concentrationnaire Kaltenbrunner avait négocié un accord avec le CICR donnant un accès permanent aux délégués du Comité vers certains camps.

Le CICR face à la Deuxième Guerre mondiale[modifier | modifier le wikicode]

Donc, la problématique générale qui se pose pendant la Deuxième guerre mondiale pour le CICR est comment il peut agir en tant qu’acteur humanitaire en face de ces États totalitaires qui violent systématiquement les droits humains, qui établissent des systèmes de non-droit plus ou moins au moins contre certaines couches de la population, pour certaines couches de la population c’était un système de non-droit. Et comment préserver le droit humanitaire en guerre face à ces totalitarismes ? Cela est la problématique.

Il y a la Ligue des associations nationales, des associations nationales eux-mêmes autonomes, le CICR et rattaché à ce mouvement et le soutenant sont les États membres des conventions de Genève puisque la convention pour les militaires blessés en guerre de campagne, la convention pour la guerre maritime et à partir de 1929 la convention ou le code en faveur des prisonniers de guerre, trois conventions.

Le projet de Tokyo est approuvé par les croix rouges nationales et par la Ligue, mais pas par les gouvernements. Donc, la protection des civils ne rentre pas encore dans les comptes du CICR, on est pas à la base d’une nouvelle convention qui supplémente, qui complémente la convention de La Haye de 1907 qui parle déjà un peu des civils dans les zones occupées.

Alors, le problème du comportement du CICR ou de la marge de manœuvre du CICR par rapport aux dictatures et notamment au système totalitaire commence à se poser très tôt dans l’entre-deux-guerres parce qu’à partir de 1922, l’Italie devient un État fasciste et déjà auparavant c’est l’Union soviétique qui se met en place dans le cadre d’une guerre civile et ce n’est pas étonnant donc que lors de sa conférence à Genève, le mouvement de la Croix rouge, donc la Ligue, le CICR, les associations nationales, adoptent en 1921 à Genève une résolution exigeant la protection des prisonniers politiques. Le contexte de l’adoption de cette résolution est le contexte de la guerre civile russe qui oppose les forces tsaristes aux forces communistes. Et c’est le gouvernement soviétique qui met en prison les prisonniers politiques, tous ceux qui s’y opposent au communiste.

À partir de 1935, le CICR décide d’intervenir discrètement en faveur des détenus politiques en Allemagne. En fait, c’est Carl Jacob Burckhardt, un membre international qui effectue des visites dans des camps de concentration où sont détenus les prisonniers politiques, quelques prisonniers politiques de l’opposition allemande, opposition très variée, très riche jusqu’à la persécution et à la mort de la plupart des membres de cette opposition dans le cours de la Deuxième Guerre mondiale.

D’autres délégués du CICR visitent notamment le camp de concentration de Theresienstadt en 1938 qui se trouve en Tchécoslovaquie à l’époque, mais la Tchécoslovaquie a été démembré par les accords de Munich et par l’occupation d’abord d’une partie de ce territoire par les nazis en septembre 1938 puis par le reste de la Tchécoslovaquie à partir du mois de mars 1939 en violation de l’accord de Munich. Mais, à ce moment-là, le CICR ne réussit pas vraiment à mobiliser l’opinion contre le nazisme, au contraire, les délégués se laissent tromper par les nazis. En fait, Theresienstadtest organisé un peu comme un camp de concentration modèle pour les journalistes et le CICR venant de l’étranger avant la visite des délégués du CICR. Par conséquent, le rapport est plutôt positif d’une certaine manière pour le gouvernement nazi. Se trouve déjà à ce moment-là beaucoup de juifs à Theresienstadtet cependant le caractère criminel du régime n’est pas assez souligné à cause des conditions de détentions que le CICR considère comme plutôt bénignes.

Un autre problème qui se pose dans les relations du CICR avec le régime nazi est le fait que la Croix Rouge allemande est mise au pas et que le CICR ne s’y oppose pas. Alors, il est clair qu’au moment où la Croix Rouge allemande est dominée de plus en plus par une idéologie nazie, qu’il s’éloigne des valeurs du mouvement de la Croix Rouge. De plus, la Croix Rouge allemande était impliquée dans la mise en place d’un programme d’euthanasie pour l’homicide des handicapés et des aliénés, c’est-à-dire des personnes qui sont mentalement déficientes. L’euthanasie c’est une idéologie plutôt répandue aussi aux États-Unis à l’époque qui vise à purifier la race en tuant des êtres qui sont considérés par les nazis comme de moindres valeurs. Et alors, à partir de ce moment-là, à partir de 1938 et 1939, clairement, la Croix Rouge nationale allemande s’éloigne de plus en plus des valeurs du mouvement et devient plutôt une organisation nazie.

Le CICR ne s’y oppose pas non plus officiellement ou publiquement à la persécution des juifs ou des homosexuels ou des opposants politiques en Allemagne. En fait, il considère toute dénonciation comme incompatible avec sa position neutre et c’est un peu la problématique générale de savoir si l’impartialité et la neutralité est encore justifiables face au mal absolu. Le CICR semble avoir favorisé l’aide à l’immigration des juifs et des opposants allemands et avoir été instrumental dans la mise en place d’une conférence intergouvernementale des biens qui avait eu lieu en 1938 pour porter secours aux réfugiés d’Allemagne, mais cette conférence intergouvernementale a été plutôt un échec. Le CICR se voit dans une situation relativement précaire face aux dictatures, c’est difficile de se positionner et le CICR devient aussi une sorte d’acteur diplomatique. Les liens avec le gouvernement suisse deviennent de plus en plus évidents dans des situations fragiles. L’Italie fasciste est un État voisin voire un État ami, le CICR décide de ne pas partager son savoir sur la guerre chimique, il maintient en revanche les principes d’impartialité et de neutralité face au mal voire face à des crimes de guerre commis par l’Italie fasciste. Donc on constate un problème général.

Le deuxième élément est l’état du droit humanitaire de la guerre en 1939. On peut simplement dire que le droit humanitaire de la guerre en 1939 s’inscrivait entièrement encore dans cette tradition quasiment chevaleresque du XIXème siècle où les États partagent théoriquement un standard de civilisation et de valeurs communes. Le Japon avait adhéré à la convention de Genève pour indiquer qu’elle peut remplir les standards de civilisation proposés par les Européens. Adhérer à la convention de Genève, c’était un signe de pouvoir adhérer à ce standard de civilisation. Le droit de Genève était prévu pour de conflits entre États qui s’accordent aux standards. Ce droit peut prévaloir dans des conflits entre États qui s’accordent aux standards, et dans de telles circonstances, le CICR tire sur son efficacité comme l’avait écrit Jean-Claude Favier, de son autorité morale, de sa neutralité et du respect pour les États pour le CICR. Mais, ce droit n’est pas adapté à la terreur exercée par les États totalitaires contre une partie de leur propre population et en guerre contre une partie de la population dans les territoires occupés.

Cependant, ce droit de l’humanitaire n’est pas adapté à la terreur exercée par les États totalitaires contre une partie de leur propre population et en guerre contre une partie de la population dans les territoires occupés. De plus, le déroulement même au moins du début de la Première Guerre mondiale met le CICR dans une position un peu imprévue. La guerre s’est bien préparé parce qu’il y a eu tellement de signes avant-coureurs qu’à Genève on attendait quasiment l’éclatement de la Deuxième Guerre mondiale.

Le front occidental[modifier | modifier le wikicode]

Cependant, la position imprévue était le fait qu’il y a eu une victoire provisoire de l’Allemagne nazie sur presque tous les fronts. Déjà en été 1940, le seul adversaire qui restait était la Grande-Bretagne et donc l’Allemagne nazies et les puissances de l’Axe tel que l’Autriche, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie avaient conquis les grandes parties de l’Europe, l’Italie avait conquis de grandes parties de l’Europe de la Grèce jusqu’à la Norvège en passant par une partie de la France qui avait capitulé et les Pays-Bas. Et par conséquent, il n’y avait plus de réciprocité dans la guerre, il y avait une puissance vainqueur qui avait fait beaucoup de prisonniers de guerre tandis que les autres puissances étaient vaincues. Donc, la base même de la logique humanitaire à savoir une certaine réciprocité s’est effacée.

C’était le cas au front occidental jusqu’au moment où les alliés commençaient à envahir l’Afrique du Nord en 1942, puis l’Italie en 1943 et la Normandie en 1944. À partir de ces moments-là la page se tournait et la réciprocité était réintroduire. L’applicabilité de la convention de Genève a changé pas grande chose par rapport aux États du manque de réciprocité parce que la convention de Genève de 1929 n’était pas appliquée par l’Union soviétique, elle n’avait pas ratifié la convention. Il y a eu des atrocités qui découlaient indirectement de cette absence d’applicabilité de la convention de Genève de 1929 sur le front oriental.

Alors, c’est-à-dire que le CICR dépendait pour une grande partie de la guerre, au moins jusqu’à 1943 et 1944, jusqu’aux invasions en Italie et en Normandie de la bonne volonté de l’Allemagne nazie et alors d’une dictature totalitaire qui d’ailleurs se radicalisait au fur et à mesure pendant la guerre, on parle de l’État dans l’État qui se met au pouvoir dans la rémige nazie. C’est la SS qui en fin de compte devient le centre du pouvoir pendant la Deuxième guerre mondiale dans l’État nazi.

Il y a eu une prise d’otage massive des civils ennemis qui suivaient les différentes déclarations de la guerre et des débuts de déportations par l’Allemagne nazie, c’est-à-dire des personnes qui se trouvaient sur le territoire par exemple les territoires occupés, par exemple comme le Danemark ou dans les Pays-Bas, des personnes qui déplaisaient le régime nazi était déportée. Donc, ils n’étaient pas simplement détenus comme des civils dont on craignait éventuellement de participer ou de lancer une guerre civile ou une résistance, mais particulièrement les juifs étaient déportés par l’Allemagne nazie et donc la liste des victimes non militaires peut protéger par les conventions s’allongent.

L’autre difficulté est pour le CICR l’étendue de la Deuxième Guerre mondiale qui dépasse encore très largement l’étendue de la Première Guerre mondiale. Donc, c’est l’invasion Barbarossa lancée par l’Allemagne nazie contre l’Union soviétique en juin 1941 d’une part, et le bombardement de Pearl Harbour par les Japonais qui déclenche l’entrée en guerre des États-Unis qui fait que la Deuxième Guerre mondiale s’étend du Pacifique jusqu’à l’Europe occidentale ou jusqu’aux États-Unis, jusqu’à l’Amérique du Nord bien étendu sans qu’il y ait eu des attaques de l’Amérique du Nord, mais il y avait une guerre aussi dans l’Atlantique donc les mers aussi.

Donc, cela mettait le CICR devant un problème logistique. Contrairement à la Première Guerre mondiale, il n’y avait pas de Croix Rouge danoise qui pouvait effectuer des services parallèles au CICR. Le CICR pendant la Deuxième Guerre mondiale était la seule agence humanitaire agissant en faveur des prisonniers de guerre et il faisait de manière universelle. Donc, l’ampleur de son action était encore plus grande encore que dans la Première Guerre mondiale. C’est pourquoi le CICR craint que la guerre dépasse ses capacités et que le mouvement de la Croix Rouge sera rongé par les régimes totalitaires. Il avait clairement raison et par rapport aux capacités, on peut dire que le CICR a connu un essor fulminant pendant la Deuxième Guerre mondiale et contrairement à la Première Guerre mondiale où il a laissé de problèmes logistiques comme la transportation des colis par exemple à la poste suisse vers la poste néerlandaise, à la poste danoise, le CICR devient un acteur logistique majeur pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il y a eu des pôles gigantesques à Genève stocké avec de denrées alimentaires et de la médecine et des pansements et des médicaments pour transportation en faveur des prisonniers de guerre ou des services de secours donc les services sanitaires des armées.

Le CICR s’appliquait dans trois champs d’action pendant la Deuxième Guerre mondiale. Si on simplifie, on peut différencier sans fin, mais il y a trois champs d’action principaux. Premièrement la protection et le secours en faveur des prisonniers de guerre. Deuxièmement, il se charge partiellement des civils internés dans les zones occupées avec ‘laide d’une commission mixte composée du CICR et d’une Croix Rouge nationale et il essaie de s’occuper, mais c’est encore plus bas dans la liste des priorités des détenus dans les camps de concentration ou qui sont distinctes des camps de prisonnier de guerre ou des civils internés. Mais, les camps de concentration et d’extermination des nazis ne représentent à aucun moment pendant la guerre un groupe particulier pour le CICR. Ce n’est qu’à la fin de 1944 qu’il commence sous la pression des Alliés l’action en leur faveur.

On peut distinguer les activités du CICR pendant la Deuxième guerre mondiale selon les fronts et les possibilités d’action dont disposait le CICR parce que le cadre juridique pour les fronts était varié comme déjà évoquée avec le front oriental. Donc on peut pour simplifier dire que la plupart des actions concrètes du CICR se concentraient sur ledit front occidental, c’est-à-dire sur les hostilités entre l’Allemagne et les puissances de l’Axe d’une part et la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis d’autre part. Donc, le CICR se concentre clairement sur la protection et le secours en faveur des prisonniers de guerre et il y a 3700 personnes qui travaillent à l’agence des prisonniers de guerre établie à Genève par le CICR.

Le travail ressemble très fortement au travail effectué lors de la Première Guerre mondiale, c’est-à-dire que le CICR établit des fichiers à la base des listes des prisonniers de guerre transmises par des puissances. Il établie ne tout cas 40 millions de fichiers et il utilise ces fichiers pour offrir un renseignement moyennant l’agence de renseignements qu’il a établie également en faveur des prisonniers de guerre et des civils. C’est une partie des activités et il essaie de permettre aux familles des prisonniers de guerre de continuer la communication avec les prisonniers.

De plus, le CICR se développe en entreprise peut-être la plus importante de l’Europe en matière de logistique parce qu’il a envoyé environ 33 millions de colis seulement aux prisonniers de guerre au front occidental équivalant à à peu près à 400000 tonnes de denrées alimentaires et de médicaments et d’autres éléments de base comme des vêtements ou des chaussettes. La valeur totale de ce que le CICR avait envoyait ou transmis était payé par les Croix Rouge nationale et envoyée par la suite par le CICR et livrée par la suite par le CICR sur place pour s’assurer qu’il n’y a pas de détournement. Il y a eu des contrôles, des contresignataires par la personne de confiance du camp de prisonnier de guerre. Et donc la valeur totale des denrées envoyée par le CICR est estimée à 3 milliards de francs suisses.

On peut très clairement voir que c’était le champ principal de l’activité du CICR parce que pour les autres fronts, il n’y avait que 30000 tonnes de marchandises, denrées alimentaires et médicaments envoyés. Donc là, pour les prisonniers de guerre sur le front occidental, on peut voir que c’est l’activité logistique principale du CICR.

L’activité était en faveur surtout des prisonniers de guerre Alliés qui sont tombés dans les mains de l’Allemagne nazie. Avec la durée de la guerre, évidemment, il y avait de plus en plus d’Allemands qui tombaient dans les mains des Alliés, mais c’était surtout à partir de l’invasion en Normandie donc à partir de juin 1944 seulement.

Offrir de l’aide spirituelle et intellectuelle aux prisonniers de guerre faisait aussi partie à des activités du CICR parce que l’on connaissait depuis la Première Guerre mondiale des phénomènes de maladie psychologique qui se développait dans les camps à cause de l’inactivité, à cause du manque de stimulation intellectuelle ou spirituelle. Donc le CICR avait, grâce à des dons et des récoltes de fonds, envoyé plus d’un million de livres, des partitions de musiques et plusieurs millions d’objets divers pour des artisans, des artistes.

Pour résumer, on peut dire que les prisonniers de guerre du front occidental étaient plus ou moins protégés et étaient clairement au bénéfice des actions de secours et de renseignement du CICR. Le CICR programmait de nouveau des visites de camps. Donc, il y a eu plusieurs milliers de visites avait effectué moyennant les délégations permanentes tandis que pendant la Première guerre mondiale il avait décidé d’établir des délégations itinérantes. Ici, les délégations étaient permanentes, c’est-à-dire qu’elle était de manière permanente dans les pays concernés. La plus grande délégation était bien entendu en Allemagne nazie à cause du nombre de prisonniers de guerre détenus par l’Allemagne nazie.

Autre activité importante sur le front occidental, le CICR essayait de protéger les civils. Il y a eu en 1940 un accord provisoire, ou ce qu’on peut dire un gentleman agreement entre le CICR et les belligérants concernant l’application des principes du projet de Tokyo dans les zones occupées en faveur des civils. Cela veut dire qu’alors la convention de Tokyo n’entre pas en vigueur bien entendu, mais l’idée du projet de Tokyo était que les civils internés bénéficiant des mêmes conditions de détention que les prisonniers de guerre. C’était là l’idée. Et, cette idée était accueillie finalement après deux ou trois approches du CICR de manière favorable de la part des belligérants sur le front occidental. C’était la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France avant sa capitulation.

Donc, une commission mixte de secours a été créée par la suite entre le CICR et les Croix Rouge nationale avec le siège à Genève, c’est-à-dire à Genève il y a eu le lien entre les Croix Rouge nationales et le CICR pour œuvrer en faveur des civils. Cette commission mixte assure la production de quelques dizaines de milliers de tonnes de produits représentant une valeur de quelque cent cinquante millions de francs suisses, y compris les colis qui lui sont remis par les belligérants et les familles en faveur des civils en zone d’occupation. Donc, cette activité aussi n’est pas négligeable, c’est une activité majeure du CICR.

Dans ce cadre de ses activités en faveur des civils, le CICR avait envoyé sur ses propres frais des colis pour 33 millions de francs suisses, c’est-à-dire en dépensant l’argent provenant des donateurs dont viennent 18,5 millions des citoyens suisses. Donc, l’étendue des activités en faveur des civils s’est élargie de manière considérable par rapport ou en comparaison par rapport à la Première Guerre mondiale. Les civils sont clairement un souci pour le CICR.

Le front oriental[modifier | modifier le wikicode]

Sur le front oriental, la situation et le problème étaient complètement différents. Sur le front oriental, le problème se posait que d’abord, l’Union soviétique n’avait pas ratifié le code en faveur des prisonniers de guerre de 1929 qu’elle refusait d’entrer en matière. Lorsqu’après le lancement de l’agression allemande contre l’Union soviétique, il semblait que l’Union soviétique était prête de considérer l’application de la convention de La Haye de 1907 en faveur des prisonniers de guerre. Elle n’a pas échangé de liste de prisonniers de guerre tandis que l’Allemagne nazie avait envoyé dans un premier temps quelques listes de prisonniers de guerre soviétique faits en début de la campagne contre l’Union soviétique.

Donc, l’Allemagne nazie constatant qu’il n’y a eu pas de réciprocité, que l’Union soviétique ne répondait pas à ses envoies de listes de prisonniers de guerre moyennant le CICR avec le même geste, l’Allemagne nazie avait donc terminé l’envoie des listes des prisonniers de guerre et constatait que ni la convention de 1929 en faveur des prisonniers de guerre ni la convention de La Haye s’appliquait.

Par la suite, ce n’est pas une conséquence directe de la non-application de la convention par l’Union soviétique, mais c’est peut-être un élément qui avait facilité on peut dire pour l’Allemagne de commettre des crimes contre les prisonniers de guerre soviétique et cela s’est aussi simplifié pour l’Union soviétique de traiter les prisonniers allemands comme elle le voulait. Par conséquent, lors de leurs avancées sur le territoire soviétique entre 1941 et 1943, environ 2 millions de prisonniers de guerre soviétiques ont été tués, c’est-à-dire en grande partie assassinés par les troupes spéciales engagées par l’Allemagne nazie.

En revanche, cela n’est évidemment à aucun esprit du droit humanitaire, mais cela n’a pas était non plus conforme à une logique de guerre parce que dans une logique de guerre, il aurait fallu mettre au travail les prisonniers de guerre pour contribuer à la productivité de la machine de guerre donc cela ne correspondant malheureusement à une logique raciste de l’Allemagne nazie.

L’Union soviétique en revanche mettait les prisonniers de guerre allemande dans des camps de travail forcé, dans des goulags ou faisant similarité lors des goulags utilisé et déjà installé lors de l’industrialisation forcée de l’Union soviétique dans les années 1930, raison pour laquelle parmi à peu près entre 1,5 et 2 millions de prisonniers de guerre allemande seulement moins que 500 000 reviennent en Allemagne à la fin des hostilités, les derniers en 1955 seulement. Donc, il y a eu abus on peut dire, les prisonniers de guerre allemande se sont travaillés à la mort en grande partie ou ont été tués carrément dans les prisonniers de guerre et une partie à du rester dans les camps de prisonniers de guerre, dans les camps de travail forcé jusqu’à dix ans après la fin des hostilités.

En Asie[modifier | modifier le wikicode]

En Asie alors, le CICR était confronté à un autre problème encore, à savoir que le Japon n’avait pas non plus ratifié le code des prisonniers de guerre de 1929 et refusait de l’appliquer. De plus, le Japon n’était près d’accepter des délégations du CICR uniquement dans un cadre très limité, à savoir des délégations officielles en plus installées au Japon, à Shanghai et à Hong Kong, mais pas dans les autres territoires occupés par le Japon pendant la guerre comme par exemple l’Indochine, Bornéo, les îles du pacifique ou encore la Malaisie par exemple. Là, le CICR n’était pas autorisé d’installer des délégations officielles, il envoyait parfois des délégations privées qui opéraient dans une insécurité totale avec les résultats que deux de ses délégués étaient décapitée pendant la Deuxième Guerre mondiale par les autorités japonaises sous prétexte d’espionnage sur l’île de Bornéo. Il s’agissait de Matthaeus Visher et de son épouse.

Donc, les activités du CICR dû à l’éloignement du front extrême-oriental et du aux difficultés du au manque de réciprocité dans l’application de la convention de Genève, la marge de manœuvre du CICR était très restreinte en extrême orient. Cependant, dû au fait qu’il y avait une délégation au Japon, Marcel Junod qui était aussi le premier délégué du CICR en Allemagne nazie envoyée en 1939 tout de suite après le début des hostilités, il était aussi le délégué principal du CICR lorsque tombait au Japon la première bombe atomique sur Hiroshima.

Marcel Junod était par conséquent le premier Occidental qui a pu visiter le lieu de la bombe atomique tombé sur Hiroshima et qui pouvait en voir les conséquences. Par conséquent, il avait appelé les Américains à organiser une grande action de secours en faveur des victimes de ce bombardement certainement aussi encore dans l’ignorance des conséquences de la radioactivité qui était émise avec le bombardement sur Hiroshima.

Le CICR face à la Shoah[modifier | modifier le wikicode]

En 1940, en été 1940, de grandes parties de l’Europe étaient occupées par l’Allemagne nazie ou les puissances de l’Axe. L’Allemagne avait notamment occupé la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, le nord de la France, dans le sud de la France il y a eu le régime de Vichy, la Pologne et d’ailleurs c’est l’agression de la Pologne qui avait déclenché la Deuxième Guerre mondiale et ce n’était pas seulement une agression allemande, mais c’était aussi une agression soviétique, puisqu’il y a eu le pacte entre Hitler et Staline qui prévoyait un partage de la Pologne et d’ailleurs les soviétiques avaient aussi pris 200000 prisonniers polonais pendant cette première campagne de la guerre.

La Suisse, l’Espagne et le Portugal étaient neutres, l’Italie était puissance de l’Axe avait commencée des agressions contre l’Albanie avant la guerre déjà et contre la Grèce en 1940. Lorsqu’il y a eu de la résistance très forte en Grèce, les Allemands portaient secours aux troupes italiennes et occupaient finalement la Grèce entre 1940 et 1944.

Donc, l’Europe était très largement occupée par l’Allemagne nazie et partout dans les zones occupées, les allemands commençaient à gouverner et à mettre en place souvent avec la collaboration de quelques forces locales, des politiques antisémites. Et, à partir de ces occupations, commençaient donc aussi des politiques de persécutions.

Comme première victime des persécutions allemandes, il faut citer probablement les intellectuels polonais. À peu près trois millions d’intellectuels polonais, c’est-à-dire des professeurs d’université, des enseignants, des administrateurs étaient mis dans des camps, internés et en partie aussi tués. Cela est chronologiquement le premier groupe visé.

Le deuxième groupe visé était persécuté de manière systématique déjà en Allemagne nazie depuis la prise de pouvoir par Hitler, donc les juifs. Partout dans les zones d’occupations commençaient des rafles et des déportations des juifs. Ils étaient bien entendu commandés par les dirigeants allemands, mais exécutés dépendant de la situation locale plus ou moins avec la collaboration des forces locales. Il y avait quelques pays où il y avait des traditions antisémites comme, par exemple, en Pologne et dans les pays baltes et donc il y avait un peu plus de collaboration.

Les déportés étaient envoyés dans les ghettos et camps de concentration. Les ghettos étaient établis en Europe de l’Est occupée et en particulier dans de grandes villes polonaises comme Varsovie ou Lodz. Les camps de concentration étaient vigoureusement établis pour organiser du travail forcé puis finalement les juifs étaient envoyés au camp d’extermination. Ces camps de la mort étaient au nombre de huit et se trouvaient tous sous le commandement du gouverneur général de la Pologne, Hans Frank. Donc, c’était un gouvernement nazi mené par la SS en Pologne, les huit camps de la mort se trouvaient tous dans cette zone-là sous le commandement de Hans Frank.

C’est en automne 1941 que commencent des massacres des juifs d’abord à l’Est. À partir du printemps et de l’été, des expériences ont commencé avec du gaz. Avec l’été 1942, des chambres de mort à gaz étaient établies. Dans le cadre de cette Shoah, ce qui veut dire littéralement « catastrophe » dans l’étymologie juive, ou holocauste plus généralement, mais tiré aussi de la tradition juive qui signifie un sacrifie par le feu d’un animal. Dans le cadre de la Shoah, sont tués à peu près six millions de juifs au total.

Le CICR avait réclamé pendant, mais surtout après la guerre pour se défendre de son inaction relative que les juifs ne fussent pas protégés par aucune convention. Cependant, on peut constater que la convention de La Haye de 1907 accorde un minimum de protection aux civils dans les territoires occupés et les juifs auraient donc dû bénéficier aussi de l’accord provisoire en faveur des principes de Tokyo et de la convention de La Haye simplement.

Le problème était plutôt, selon la critique de Jean-Claude Favier, que les déportés n’ont jamais constitué un groupe à part pour le CICR. Donc, le CICR n’a pas saisi ou n’a pas agi selon ses connaissances en fonction de ce qu’il savait sur les persécutions contre les juifs. La convention IV de La Haye sur les droits et coutumes de la guerre prévoit dans la section III de l’autorité militaire sur les territoires de l’État ennemis. Donc, l’autorité du pouvoir légal étant passée de fait entre les mains des occupants, celui-ci prendra toutes les mesures qui dépendent de lui en mesure d’établir et d’assurer autant qu’il est possible lors de la vie publique en respectant sauf empêchement absolu les lois en vigueur dans le pays. Donc en fait, un occupant est tenu à respecter les lois en vigueur dans le pays et à adopter uniquement des lois en faveur du rétablissement de l’ordre public. L’article 46 prévoit que l’honneur et que les droits de la famille, la vie des individus et la propriété privée ainsi que les convictions religieuses et l’exercice des cultes doivent être respectés. La propriété privée ne peut pas être confisquée. De plus, des réquisitions en nature et des services ne pourront être réclamés des communes ou des habitants que pour les besoins de l’armée d’occupation. Donc des réquisitions, des biens, des propriétés des juifs, tout cela était interdit par la convention de La Haye de 1907 et on peut dire que le CICR aurait pu faire recours à la convention de La Haye de 1907.

La question qui se pose en essayant de comprendre l’attitude du CICR est de savoir ce que savait le CICR de la Shoah. En général, on peut dire que l’extermination des juifs était une affaire secrète de la SS, mais lorsque la guerre avancée, de plus en plus d’informations sur les faits circulaient parce que dans un tel crime, si gigantesque, on ne peut pas le traiter comme une affaire secrète, cela ne reste pas secret.

Alors, à la fin de 1941, le CICR apprend de la part des délégués en Allemagne des nouvelles de massacres sans en conclure qu’il s’agit d’une politique délibérée et systématique. Donc, les délégués du CICR en Allemagne, mais aussi d’ailleurs récoltaient des informations à partir de l’automne 1941 sur les massacres commis sur le front Est. Parce que si un soldat ou un membre de la SS n’était pas d’accord avec ce qu’il a vu ou fait lui-même, il a par exemple témoigné chez lui en partie, il a fait des allusions, il a parlé avec une personne de confiance comme, par exemple, un homme de l’Église et les informations se diffusaient de plus en plus. Les hommes de l’Église pouvaient prendre contact avec le délégué du CICR. Mais le caractère délibéré et systématique des activités n’était pas encore saisi par les membres du CICR à l’époque.

En 1942, lorsque les massacres continuent, le rapport de délégués s’inquiète de plus en plus des nouvelles des massacres, mais sans en imaginer l’échelle. Cela est le deuxième problème. D’abord on pense que ce n’est pas délibéré ou que ce sont des responsables locaux, des officiers pas suffisamment sous contrôle qui font des actes comme ça puis lorsqu’on saisi que c’est une politique délibérée, une politique systématique, on ne peut pas s’imaginer l’échelle des tueries. Il y avait aussi des rescapés qui cherchaient refuge en Suisse qui pouvaient échapper aux camps de concentration et même aux camps de la mort. Ces rescapaient cherchaient parfois la Suisse parce que la Suisse était un îlot en Europe, un pays neutre où ils pouvaient espérer trouver du refuge.

Par conséquent, la Suisse était un lieu où beaucoup d’informations circulaient venant de partout en Europe. De plus, le représentant du congrès juif mondial, Paul Ruegger, se trouvait à Genève presque pendant toute la guerre et entretenait des liens avec le CICR. Donc, toutes les informations que Paul Ruegger recevait des juifs, des organisations juives ou des amis des juifs, ils pouvaient les partager avec le CICR.

Donc, on peut constater de ce flux d’informations que le CICR avait des difficultés d’imaginer l’échelle du crime commis par les nazis contre les juifs, mais qu’au fur à mesure, avec quelques mois de retards, il était quand même mis au courant.

Que faisait le CICR face à ces informations ? Il agissait en fait de manière très doctrinaire, c’est-à-dire en suivant sa doctrine d’impartialité et de neutralité. Le concept de neutralité empêchait apparemment le CICR et Max Huber qui était pendant toute la guerre malade et Carl-Jacob Burckhardt de prendre une position publique contre la persécution des juifs. Cela est un premier problème, pas de prise de position publique, un peu de diplomatie. On partage quelques informations ici et là, mais on ne prend pas position.

Le CICR rendait service aux victimes de la guerre là où les gouvernements le permettaient, mais il se sentait obligé de maintenir leurs bonnes volontés pour accomplir ces missions et le CICR avait défini sa mission principale comme l’aide en faveur des prisonniers de guerre et de secours aux prisonniers de guerre et de renseignement aux prisonniers de guerre. Pour poursuivre ses activités, il voulait donc maintenir la bonne volonté des acteurs gouvernementaux de l’autre côté. C’est-à-dire qu’il voulait maintenir la bonne volonté du gouvernement nazi. Donc, il argumentait après la guerre que pour pouvoir continuer à protéger les prisonniers de guerre des Alliés et des civils internés, il fallait maintenir la neutralité. Cela était pour les dirigeants du CICR la vraie mission du CICR.

Cependant, dans des conflits auparavant, le CICR a exercé le droit d’initiative. Il a pris l’initiative ne faveur de l’amélioration des conditions de détentions des prisonniers de guerre pendant la Première Guerre mondiale, il a aussi lancé un appel pendant la Première guerre mondiale contre l’utilisation des gaz asphyxiants et l’appel a même provoqué des réponses de la part des différents belligérants.

Donc, pourquoi le CICR n’a pas pris l’initiative ? Le CICR prétendait que pour accomplir sa mission et que pour maintenir l’unicité du mouvement de la Croix Rouge, il fallait maintenir la neutralité et l’impartialité alors qu’en réalité la Croix Rouge nationale allemande était synchronisée, mise au pas. Donc, en partie au moins, on peut dire que le CICR n’est pas intervenu pour une fiction, c’est-à-dire pour maintenir l’unicité du mouvement de la Croix Rouge. D’autre part, il n’est pas intervenu en faveur des juifs jusqu’à l’exception des derniers mois de la guerre parce qu’il considérait que sa mission pour la protection des prisonniers de guerre était sa mission réelle et principale. Peut-être, cela était aussi sa mission diplomatique parce que c’était la plus conforme avec la neutralité de la Suisse.

Si on œuvre pour le sort des prisonniers de guerre, d’un côté et de l’autre côté, elle maintient sa neutralité, on peut préserver sa neutralité, on peut même atteindre une certaine gratitude de la part des belligérants. Mais cela veut dire que des raisons politiques imprimaient la logique humanitaire pour le CICR pendant la Deuxième Guerre mondiale. Cela se voit très concrètement lorsque le CICR discute dans le comité international quelle réaction il doit prendre par rapport à ses connaissances sur la Shoah.

Lors de la séance décisive où le CICR a voté en fin de compte contre le lancement d’un appel public pour dénoncer les crimes contre l’humanité commis par les nazis, deux représentants du gouvernement dont le président du Conseil fédéral lui-même, Philipp Etter et Edouard de Haller le délégué du Conseil fédéral aux œuvres d’entraide internationale donc qui faisait le lien entre le gouvernement suisse et le CICR, on empêchait le CICR, le comité international de lancer un appel public. Ce sont les forces politiques qui sont intervenues dans le comité international au moment décisif où le CICR voulait discuter si oui ou non il va lancer un appel public.

Finalement, le CICR s’est décidé en faveur des interventions diplomatiques donc confidentielles, mais il adresse ses demandes d’explications, il transfère ses soucis par rapport aux nouvelles qu’il reçoit concernant des massacres et des persécutions, non pas à Hitler ou Himmler, mais il les adresse dans la tradition diplomatique à Auswärtiges Amt. Bien qu’on sait aujourd’hui que la Auswärtiges Amt était beaucoup plus impliquée dans le génocide que l’on avait pensé au cours des années 1950, la Auswärtiges Amt n’était pas en charge d’exécuter la Shoah, c’était une autre agence qui était responsable et surtout Hitler lui-même qui était responsable.

Donc, il y a aussi eu une certaine soumission du CICR aux dirigeants nazis, on ne veut même pas froisser Hitler en lui envoyant une lettre dans lequel le CICR partage ses soucis concernant ses soucis concernant les nouvelles qu’il reçoit à Genève. Donc, la raison d’État l’emporte clairement sur les objectifs moraux du CICR pendant cette crise unique.

C’est seulement à la fin de la guerre, six mois après le début de l’invasion des Alliés en Normandie que le CICR développe graduellement des activités en faveur des camps de concentration et notamment des camps de la mort. C’est sous pression des alliés occidentaux qu’ils commencent à envoyer de plus en plus des colis aux détenus dans les camps de concentration et des camps de mort. Cependant, son action dépend de la transmission des noms des déportés par les des individus, car l’Allemagne nazie n’accepte que des colis individuels et n’envoie elle-même pas de liste de détenus à Genève. Donc, c’est le Congrès juif mondial et les organisations juives qui savent où se trouve un détenu qui doivent communiquer les noms pour que le CICR puisse envoyer des colis en leur faveur.

Finalement, il y a eu un accord entre Carl-Jacob Burckhardt et Kaltenbrunner, un sous-chef de Himmler dans la SS le 12 mars 1945 qui aboutit à un accord qui permet à un nombre de délégués du CICR d’entrer dans certains camps jusqu’à la fin de la guerre pour empêcher des crimes. Évidemment, c’était un accord conclu par Kaltenbrunner pour sauver sa vie.

À la fin des hostilités, à la pression des gouvernements français et belges, le CICR s’empresse de faire des efforts particuliers auprès de détenus dans les camps de concentration, mais ce n’est qu’à al fin de la guerre qu’il devient vraiment actif sur ces terrains.

La marge de manœuvre des acteurs face aux crimes contre l’humanité[modifier | modifier le wikicode]

Dans les débats historiques sur la Shoah, on distingue les victimes, les responsables criminels et leurs collaborateurs, les by-standers qui sont des acteurs indifférents qui n’agissent pas ni en faveur des victimes ni à l’encontre des victimes et des résistants. Il faut distinguer dans le temps les connaissances sur la Shoah. Donc, avec la continuation de la guerre, les connaissances étaient de plus en plus détaillées même si l’étendue des crimes n’était pas finalement imaginable.

Alors, si on parle des autorités morales comme le CICR et le Pape donc l’Église catholique un général, on peut les qualifier plutôt de by-standers ou comme acteur indifférent pour la plupart ou la durée de la Deuxième Guerre mondiale. Donc, le CICR était un by-stander, un acteur indifférent au sort des juifs.

Texte de l’encyclique Mit brennender Sorge, publié le 17 mars 1937 par Ludwig Sebastian, évêque de Spire.

Par rapport à l’Église catholique, il faut distinguer les différents papes parce qu’il y a une pluralité d’acteurs dans l’Église catholique qui prenait position plus ou moins ouvertement. D’abord, le Pape Pie XI qu’on oublie souvent de mentionner dans ce contexte avait exprimé son opposition au fascisme déjà dans une encyclique en 1931 où il se charge d’accuser le fascisme italien, mais aussi aussi dans une encyclique publiée le 10 mars 1937 en allemand et qui s’adresse spécifiquement aux catholiques allemands. C’est pourquoi l’encyclique s’appelle Mit brennender Sorge, soit Avec une brulante inquiétude. Cette encyclique a été transportée secrètement en Allemagne en plusieurs milliers d’exemplaires et diffusé secrètement dans toutes les paroisses allemandes et lu publiquement dans les Églises le dimanche 21 mars 1937 juste quelques jours après la mort du Pape Pie XI. Le Pape y critique surtout la violation du concordat des nazis, concordat conclu en 1933 et la persécution des catholiques, mais aussi l’idéologie nazisme, le culte de la personnalité et son opposition au christianisme et aux valeurs du christianisme. Évidemment, toute l’argumentation se fait dans un contexte du catholicisme et du christianisme, mais l’opposition face au nazisme est clairement décelée dans le texte. Il y a eu plusieurs milliers de catholiques mis dans ces camps de concentration déjà avant la Deuxième Guerre mondiale.

On se focalise plutôt typiquement sur Pie XII, le successeur du Pape Pie XI, qui a été le coauteur de cette encyclique, mais on lui n’attribue pas ce crédit. On constate simplement qu’il restait simplement plutôt silencieux pendant la Deuxième Guerre mondiale. Donc, c’est une attitude qu’on peut qualifier d’un peut similaire pendant la guerre, le Vatican entouré par l’Italie fasciste se tait plutôt face aux crimes. Il avait condamné des massacres cependant comme à Noël 1942.

L’attitude des démocraties qui sont des acteurs beaucoup plus puissants et aptes à agir qu’une ONG comme le CICR ou comme l’Église catholique. La presse occidentale est informée successivement des massacres à partir de 1942, mais ignore encore la taille et l’étendu de la politique génocidaire des nazis. Les gouvernements américains et britanniques se concentrent jusqu’à la fin sur la guerre, mais ne font pas de la libération des juifs une priorité. Donc, cela est pour les acteurs les plus puissants que sont la Grande-Bretagne et les États-Unis.

Y avait-il des autorités courageuses ? En effet, il y en avait. La Suède par exemple, le gouvernement danois ont sauvé par une action rigoureuse et clandestine en 1940, en fait, tous les ressortissants juifs danois dans une action pendant la nuit, dans le brouillard, ils ont transféré tous les juifs danois par la mer en Suède et ainsi ils ont pu faire en sorte que les forces occupantes nazies n’avaient pu mettre dans des camps ou tuer presque aucun juif.

En août 1941, le Comte de Galen, évêque de Münster avait dénoncé dans un serment public prononcé dans son Église la pratique de l’euthanasie donc l’homicide des handicapés et des aliénés comme une pratique nazie incompatible avec les principes du christianisme. Par conséquent, le régime nazi s’est adapté, il a amoindri la pratique, il a réduit l’échelle de la taille du programme d’euthanasie et a continuée sur une moindre échelle de manière encore plus secrète. Donc, il n’a pas arrêté, mais quand même, cette prise de position publique du Comte de Galen a eu un effet. La Bulgarie alliée à Hitler a refusé à envoyer ses juifs aux chambres de gaz et au contraire à accueilli pendant la guerre des réfugier juifs. Après la guerre, il y avait plus de juifs en Bulgarie qu’auparavant. Donc même pour les alliés on peut constater qu’il y a eu des variations très importantes.

Il y avait une marge de manœuvre pour certains acteurs, seulement le CICR n’avait pas testé sa marge de manœuvre, c’est ça le problème et c’est ça son défaut pendant la Deuxième Guerre mondiale.

La question qui doit revenir si on parle de l’action humanitaire en temps de guerre, savoir s’il a réussi à rendre la guerre plus humaine ; il n’avait pas réussi vraiment parce que l’étendu des actes militaires et l’atrocité des actes militaires et des crimes contre l’humanité a connu une échelle inimaginable pendant la Deuxième guerre mondiale avec les bombardements des villes notamment et la Shoah. Et donc, on peut constater que le CICR pendant la Deuxième Guerre mondiale, il a certainement sauvé beaucoup de prisonniers de guerre, mais il s’est aussi enfermé dans une doctrine un peu dépassée par la technologie de guerre et par les régimes politiques par lesquels il était entouré.

Le CICR n’a pas mobilisé tous ses instruments à savoir l’appel ou la dénonciation publique et cela pour sauver sa mission neutre traditionnelle en faveur des prisonniers des guerres, mais aussi et plus politiquement pour sauver la neutralité de la Suisse. Ajoutons qu’il a reçu le prix Nobel en 1944 pour ses activités en faveur des prisonniers de guerre.

Conclusion[modifier | modifier le wikicode]

La déférence et le silence du CICR devant l’extermination génocidaire des masses de civils dans des camps allemands et d’autres atrocités de la guerre vaudra au Comité la condamnation de certains à la suite de la guerre, ce malgré les efforts et l’aide humanitaire extensifs que l’organisation a procuré pendant la guerre ainsi que l’absence manifeste de mandat pour toute intervention dans la question.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]