Langues, religions et cultures au Moyen-Orient

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Langues

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La région est caractérisée par sa diversité, surtout au niveau des langues. Il existe trois grandes familles :

  • Ouralo-altaïque : région russe, azerbaidjanais, le turc,…
  • Indo-européenne : le persan, le kurde, l’arménien,…
  • Sémite ou sémitiques : l’arabe, l’hébreu, araméen, assyrien,…

Comme partout ailleurs, de nombreux dialectes sont présents. Environ 20 langues minoritaires sont également parlées au Moyen-Orient. Par exemple, à l’intérieur de la Turquie, le turc change beaucoup. C’est la même chose pour l’arabe, le kurde, l’arménien. Les mouvements de population ainsi que la religion ont fortement propagé les différents langages. Depuis, les États-nations instaurent un ou plusieurs langages officiels sur leur territoire et pour leur population. Les effets de l’imposition d’une langue étatique poussent à la fois au nationalisme et à la disparition des autres dialectes, mais à la fois à l’intérêt de ces langues « interdites ».

Religion

Au sens large, le Moyen-Orient comprend l’Anatolie, l’Égypte et la Mésopotamie. C’est aussi le lieu de naissance des trois religions monothéistes ou révélées : le Christianisme, l’Islam et le Judaïsme. Cette région a aussi vu également naître le zoroastrisme, qui résume la vie entre la lutte perpétuelle entre le Bien et le Mal.

Judaïsme

Dans le récit, Abraham fait une alliance avec Jahvé qui lui promet une terre promise. Il a une femme, Sara, et une esclave, Agar. Il a deux enfants : Isaac, fils de Sara, ancêtre des juifs et Ismaël, fils d’Agar, ancêtre des musulmans. Le fils d’Isaac, Jacob, va créer les 12 tribus d’Israël et constituer les Hébreux. Ils vont s’installer en Égypte, mais vont être réduits en esclavage. C’est à ce moment que Moïse entre en scène, voulant les ramener à Canaan, la terre promise. Sur le Sinaï, Dieu lui remet la Torah, la loi.

Au 13ème siècle avant J-C, les Hébreux reviennent en Palestine. Le roi, Salomon, va y édifier le Temple, là où sera déposée la loi remise à Moïse. C’est aussi la période des prophètes. La première catastrophe, en -722, est la destruction d’Israël par les Assyriens et la déportation des Hébreux en Mésopotamie. Les rabbins vont élaborer le commentaire de la Torah, la Mishna, qu’ils vont améliorer, ce qui deviendra avec la Torah, le Talmud.

La deuxième catastrophe se passe en -586 quand les Mésopotamiens vont détruire le royaume du Sud et le Temple sera détruit. À partir de -332, le territoire est sous domination romaine, Romains qui vont détruire le Temple reconstruit et déporter les juifs. Dès lors, les juifs vont se disperser dans le monde (étymologie du mot « diaspora »). Il faut noter que les Hébreux représentent plutôt le peuple tandis que les juifs pourraient être considérés principalement selon leur religion.

Les juifs ashkénazes vont s’établir en Europe et vont donner naissance à une langue hybride entre l’Hébreu et l’Allemand (Yiddish) tandis que les juifs établis en Espagne vont créer le Ladino. À cela, il faut ajouter le caractère de la religion (orthodoxe, modéré…).

Christianisme

Pour le Christianisme, le prophète est Jésus, né à Bethléem et crucifié à Jérusalem. Au 4ème siècle, la religion devient celle de l’Empire romain. Pour ne pas être liés aux Romains pour des raisons politiques, certains chrétiens se détachent de l’empire et de la religion qui l’accompagne. Le plus grand débat repose sur la nature de Jésus : est-il homme ? Fils de Dieu ?

Le conseil de Nicée tranche en 325 sur le fait que Jésus est consubstantiel au Père engendré et non pas créé. Ceci va procéder à la création de plusieurs églises, d’Orient et d’Occident (deux natures en une personne : divine et humaine). Ces églises vont aussi soit accepter la version de l’Empereur ou bien la rejeter (Jacobites).

En 1054, Rome et Constantinople subissent le Grand Schisme, celui des églises d’Orient et d’Occident. Au 16ème siècle, le protestantisme fait son apparition. Dans l’intervalle, certaines églises d’Orient vont prêter allégeance à Rome. Alors que la diversité religieuse est surprenante, les Chrétiens sont, au fil des siècles, de moins en moins nombreux.

Islam

L’Islam connaît une personne centrale: Mahomet (570-632). Il commerce, connaît le monde et les autres religions. Conscient des injustices, cela explique l’importance fondamentale de la justice dans la religion. Alors qu’il reçoit les conseils de Dieu, cela créer des tensions avec ses proches.

En juin 622, il quitte La Mecque pour rejoindre Médine. Alors qu’il réussit son périple et réunit du monde autour de lui, il meurt en 632, sans laisser de successeur. À ce moment se pose la question de qui va guider l’Oummat. De cette division émergent les Sunnites (Sunna = tradition) et les chiites (Bei « t = de la maison). Le successeur est le calife, qui donnera naissance au califat (l’empire musulman). On se met d’accord sur ce débat et commence la période, en 632-661, des califes élus.

En 641-42 se déroule la Bataille de Nehavend (Ouradisia) entre les Arabes musulmans et l’empire sassanide. Les Arabes, victorieux, purent conquérir la Médie (nord-ouest de l’Iran) et répandre l’islam en Perse tandis que le roi Yazdgard III fuit vers le sud de son empire. Cette bataille est connue par les musulmans comme étant "la victoire des victoires".

Les Chiites sont les partisans d’Ali (~600-661), cousin et gendre du prophète tandis que les Sunnites privilégient un successeur désigné selon les compétences, Muawiya (602-680). La bataille de Siffin en 657 oppose les deux camps, sans désigner de vainqueurs. Ali accepte l’arbitrage, ce qui crée une nouvelle branche : certains de ses soutiens le critiquent pour sa décision et forment donc les Kharijites. Ali est tué, les kharidjites sont accusés et se dispersent. Muawiya soutient que la succession au calife sera héréditaire après lui et va réprimer la famille d’Ali. Son fils, Yazid, revient toujours comme le méchant dans le monde chiite. Yazid va poursuivre le fils d’Ali, Husayn.

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À Kerbala (Irak), en 680, se déroule une bataille entre les deux branches, Husayn et ses proches vont être décimés. La dynastie fondée par Muawiya, perdure jusqu’en 750, califat appelé Omeyyade, installé à Damas.

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Une révolte le renverse pour mettre en place la dynastie Abbasside, représentant l’âge d’or de l’Islam (culture, droit, science,…). Le déclin commence dès le début des croisades, vers 1090 jusqu’en 1291. À partir de 1250, en parallèle, débutent les invasions mongoles qui l’affaiblissent de l’autre côté. En 1258, le califat abbasside s’effondre, pris entre deux fronts : les croisades à l’ouest et les invasions mongoles à l’est.

Entre 1258 et 1500, le monde musulman reste très fragile entre les croisades et les Mongoles. La création de l’Empire ottoman et l’empire Séfévides (1501-1736) vont le stabiliser.

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1517 marque la prise du Caire par les Ottomans, revendiquant le titre de califat, qu’ils transféreront à Istanbul. Mais à la fin du 19ème siècle, bien que l’empire soit sur le déclin, il conservera le lexique de califat, dénué de toute connotation politique, mais conservant sa valeur religieuse. En 1924, Mustafa Kemal abroge le califat. Entre 2014 et 2019, Abu Bakhr Al-Bagdadi s’était autoproclamé Calife (Daesh).

Les musulmans font une séparation tant temporelle que spatiale. D’une part, Jahiliya, période d’ignorance des mœurs musulmanes – qui caractérise l’Arabie avant le 7ème siècle – et aujourd’hui. Sur le plan spatial, Dar al Islam (pays de l’Islam) et Dar al Harb (pays de guerre). Il existe aussi une différence entre les gens : ceux du livre (Al-Kithab), adhérant aux religions monothéistes et invité à adhérer à l’Islam et les autres (qui disparaissent). Le souverain musulman s’engage à protéger les adhérents – Dhimmis, citoyens non musulmans – tandis que les croyants d’autres religions seront soumis à une taxe.

Le statut des gens du livre ne vise pas l’égalité, mais la tolérance.

Sunnisme et Chiisme

Pour les chiites, le pouvoir a été approprié illégitimement. Ils vont se forger une culture du martyr. C’est dans ce contexte qu’apparaissent les imams (descendants du Prophète selon un lien du sang), censés guider la Oummat. Cette hiérarchie a pour but de promouvoir le coran et ses interprétations à la communauté. Du côté des Sunnites, on refuse l’idée qu’il existe une autorité intermédiaire entre Dieu et le croyant.

Ainsi, pour les chiites, le religieux est très important. Les zaydites (Yémen) ne reconnaissent pas le 6ème Imam tandis que les Ismaéliens arrivent jusqu’au 7ème Imam avant de considérer le prochain comme illégitime. Le 12ème imam, après avoir disparu (occulté en 941), est réapparu dans le monde Chiites : cela donne naissance à une nouvelle idéologie, le chiisme duodécimain (90 % des chiites actuels).

L’Islam sunnite connaît aussi des divisions, qu’on appelle Madhab (écoles). Il y en a 4: Hanafite, Chaféite, Malékite, Hanbalite. Les savants ont dû fournir une interprétation (jurisprudence) du Coran, ce qui a débouché sur ces différentes branches. La pratique du Prophète influence l’interprétation du Coran.

Il existe d’autres groupes au Moyen-Orient: Alawites en Syrie, Qizilbash, Druzes (Liban, Israël,…), Alévis (Turquie). Ils sont syncrétiques, donc issus de la fusion de différents cultes (ou hétérodoxes). On peut les considérer comme les sous-branches du Chiisme. Dans tous les cas, la dimension de la trinité entre Mahomet, Allah et Ali est très présente.

Annexes

Références