Les théories de la guerre en science politique

De Baripedia
Alexandre et Darius face à face Musée archéologique national de Naples.

Nous allons élaborer des réflexions de contenu et travailler sur la question de comment une science, en l’occurrence la science politique, est-elle parvenue à se saisir bien ou mal de la guerre. Nous sommes dans une phase de transformation malheureuse très importante de guerres sur la planète et en même temps nous allons traiter le sujet du point de vue de la science politique.

La guerre est d’abord un phénomène de lutte entre puissances étatiques, c’est-à-dire entre gouvernements et penser le conflit comme un objet de conflit entre États-nations. À partir du XIXème siècle apparait la guerre de partisan. C’est un changement de nature, car ce sont des individus qui partent en guerre contre un État. D’autre part, une autre inversion conceptuelle est inquiétante, car on rentre dans des guerres qui n’ont plus de raisons de s’arrêter.

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Pourquoi la science politique s’est-elle intéressée à la guerre ?

La science politique s’intéresse à la guerre, car c’est une composante de la condition humaine. Toutes les sociétés ont rencontré sur le cheminement la guerre. La chance que l’Europe a eue de ne pas connaître de guerre depuis 1945, à l’exception de l’ex-Yougoslavie, est quelque chose de rarissime dans l’histoire de l’humanité.

Il y a aussi une concomitance historique entre la guerre et la naissance de la science politique. La science politique va naître en tant que disciple au moment où on s’interroge sur la capacité de vivre ensemble, c’est-à-dire autour de la Première guerre mondiale. D’autre part, le XXIème siècle va être le siècle des guerres avec les guerres entre les États-Unis et l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Japon est le choc de deux guerres mondiales.

Les guerres révolutionnaires vont naître de la décolonisation. C’est le fait que le monde figé implose par le poids de revendication identitaire et d’autonomie face aux colonisations. La problématique de la guerre nucléaire va rapidement se poser menant par deux fois a des potentiels troisième guerre mondiale avec la Guerre de Corée et la crise des missiles de Cuba. Dans l’époque contemporaine émergent les guerres onusiennes avec les guerres du Golfe et la guerre d’Afghanistan.

Nous sommes dans un monde en guerre qui va aller très loin puis qu’il va jusqu’au terrorisme. Les implications du 11 Septembre sur les guerres d’Afghanistan ont prouvées.

Les conséquences sont particulièrement importantes et notamment humaines. À l’époque de la guerre de Solferino, on dénombrait 40000 morts militaires et 1 mort civile. La Première guerre mondiale engendre des pertes à hauteur de 50% de militaires et 50% de civils, car la stratégie change. La stratégie est une économie de la guerre, un effort de guerre surdimensionné qui prend en otage les populations.

Qu’est-ce que la guerre ?

L’économie de la guerre a changé de nature, ce sont des guerres de durée qui s’installent. Cette économie de la guerre qui va devoir mettre des outils de production au service de l’armement va avoir des incidences en termes de stratégie, dès lors l’objectif est de détruire les outils de production. On rentre dans des guerres ou on a 10% de morts militaires et 90% de morts civiles.

La première inversion est qu’il est intéressant de s’interroger sur la guerre, car c’est une inversion de la normalité qui est la paix, on reste dans du civilisationnel. Ce que l’on voit apparaître est que la guerre est un temps suspendu qui est paradoxalement la continuité du débat sous une autre forme, car la guerre est toujours une forme de discussion. La guerre intéresse beaucoup la science politique et beaucoup de domaines, car c’est la continuation du politique par d’autres moyens, d’où l’importance de détruite totalement son adversaire.

George Bataille définit la guerre comme « un jeu suprême, un jeu stratégique, un jeu dans lequel on met sur le tapis vert absolument tout ce que l'on a, sa vie »[1]. Dès lors, l’issue doit produire un vainqueur et un vaincu.

C’est l’inversion d’un système et un dialogue par la force.

La guerre : un objet de lutte entre puissances étatiques

Un phénomène ancien vs la guerre moderne interétatique

Un phénomène ancien

Ce qui est intéressant à questionner est la dimension mythique de la guerre, c’est-à-dire comment les États construisent un discours de la guerre qui engage le concept de sacrifice.

Quand on étudie la guerre, il y a de la mobilisation idéologique pour faciliter la cohésion de la masse. Celui qui n’est pas d’accord avec la guerre est un renégat, il a trahi la cause. Après le 11 septembre, très peu d’intellectuels ont réussi à dire que George Bush se trompe en qualifiant le terrorisme de guerre, cette position était d’un héroïsme absolu, car ils subissaient la stigmatisation des médias américains.

La guerre ne peut se vivre que de façon sublimée, en d’autres termes, la rationalité peut perdre du poids dans les évaluations.

La guerre moderne

Banquet de la garde civique d'Amsterdam à l'occasion de la paix de Münster par Bartholomeus van der Helst, peint en 1648

La guerre de Trente Ans qui dura de 1618 à 1648 est une guerre de religion qui va impliquer des grandes puissances à savoir la France contre l’Autriche et la Suède. Cette guerre va aboutir au traité de Westphalie qui va poser les prémices de la guerre moderne.

Le traité de Westphalie consacre la souveraineté des États, la guerre ne peut être que des guerres interétatiques, donc au cœur même de la question de la guerre interétatique il y a l’État est l’idée de l’État-Nations qui et mené à conduire la guerre. Le droit public international de la guerre est un droit d’État-Nations qui pose des règles pour faire la guerre :

  1. va inventer la diplomatie moderne ;
  2. les États sont souverains et ce sont les États qui sont au fondement de l’ordre international, dès lors pour faire une guerre il faut suivre un processus ;
    1. proclamer une déclaration de guerre ;
    2. il faut savoir terminer la guerre par des traités de paix.

La théorisation de la guerre

Le grand débat est que d’un point de vue de la science politique on a longtemps vécu sur un pseudo évidence de la guerre parce que la guerre historiquement était ramenée du côté de l’art à avoir « l’art de la guerre ». Pour Platon et Aristote, ce qui définit la politique est que la politique est un « art ».

L’art de la guerre est une technique construite comme l’est l’art de la politique qui fait que l’on a attiré la guerre du côté de la stratégie. Le génie militaire de Napoléon est qu’il contrevient aux lois de la guerre, il s’organise toujours en système pour que ses adversaires croient qu’il n’y a pas de surprise alors que l’art de la guerre est défini selon des procédés. Dans ce paradoxe, la guerre est à la fois de la norme et du dépassement de la norme qui crie un effet de surprise. Il y a un espace de la stratégie qui permettait de ne pas analyser la guerre comme un objet plus compliqué des sciences sociales.

La guerre est un objet de philosophie qui pose un problème de culture et de conscience : Du coup, la question fondamentale est de savoir si l’on peut de la même façon que le suicide est un fait social, la guerre est un phénomène social que l’on peut étudier en tant que tel, dès lors la guerre peut être pensée, c’est quelque chose que l’on peut analyser du côté de la philosophie et notamment la philosophie politique.

Hugo Grotius

Hugo Grotius
Portrait par Michiel Jansz. van Mierevelt (1631).

Grotius a rédigé un ouvrage intitulé De jure belli ac pacis sur le droit de la guerre et le droit de la paix, il va s’interroger sur la possibilité d’un droit de la guerre. Ce sont des questions toujours d’actualité avec les notions de guerre juste et de guerre injuste. Grotius s'interroge sur le fait de savoir si peut-on construire un droit de la guerre et dans quelle mesure peut-il jouer la guerre elle-même ou l’arrêter. Le droit de la guerre est possible dans deux cas précis:

  • guerre défensive : seul la guerre défensive est juste : protéger des populations contre un agresseur extérieur.
  • guerre coercitive : destinée à punir ceux qui détournent et s’opposent au droit.

Par contre, il va rendre la guerre illégitime dans les autres cas comme la guerre de conquête, car un État-nation n’a pas pour objet de conquérir d’autres États donc cette guerre est injuste.

Le droit de la guerre dans la théorie de Grotius est aussi un droit de la paix, c‘est parce que l’on va la qualifier que l’on va pouvoir qualifier les conditions de paix. Si l’agresseur est dans une position d’injustice, il doit être sanctionné par d’autres États.

Thomas Hobbes

Le Léviathan, ou Traité de la matière, de la forme et du pouvoir d'une république ecclésiastique et civile, 1651.

Dans Le Léviathan, Hobbes va réfléchir sur les causes de la guerre civile en s’interrogeant sur les motivations de la guerre. Cela va être au fondement de la construction de l’État moderne de nous dire que cela va être l’état de nature.

L‘état de nature peut être soit le chaos ou au contraire l’absolue égalité. Hobbes est du côté de l’interprétation chaotique parce que l’état de nature relèverait les pulsions des individus qui sont des pulsions destructrices menant à la guerre.

Pour éviter la guerre, il faut construire un État fort en instaurant la raison par l’abandon de la théorie du droit naturel pour passer à un contrat social. Ce qui fonde l’État moderne est la capacité à vivre à travers le contrat qui garantit la paix. Dans les missions que Hobbes pensent à l’État moderne il y a la construction d’une armée, car elle garantit la paix.

Emmanuel Kant

Kant va s’interroger sur ce qu’il appelait la construction de la paix et sur les moyens pour arriver à la paix perpétuelle et comment fabriquer une théorie juridique de la paix.

La paix ne peut pas se fonder sur l’émotion et sur l’affect, elle est fondée sur la rationalité. Dès lors, seule la raison peut conduire les hommes à accepter la paix, c’est une raison morale. La seule solution est de penser une mutualisation de différents.

Portrait de Emmanuel Kant

Il faut inventer un droit international de la paix qui est la gestion des rapports de force entre nations sur la base que la régulation est nécessaire parce qu’il y aura toujours des guerres.

L’apport important de Kant va être de dire que le droit international public qu’il faut construire ne sera pas le droit du plus fort. Cela doit être quelque chose d’autre qui est un droit de la paix qui n’est pas un droit de la guerre. Il faut fabriquer une paix universelle, mais il est avant tout nécessaire de penser trois niveaux de paix :

  • droit de politique interne : si tous les pays adoptent une constitution républicaine, les conflits à l’intérieur des pays pourraient être gérés.
  • droit international interfédéral/interétatique : si un droit de la paix a été créé à l’intérieur des États par un système de constitution républicaine il peut y avoir un système de relations partenariales entre les États.
  • droit international d’hospitalité : c’est la capacité des États à dialoguer dans une paix perpétuelle. C’est un droit international cosmopolite.

C’est un penseur intéressant, car c’est l’auteur et le concepteur de l’émergence d’un droit international public de la paix sur la base que tout doit être librement consenti et qu’il faut lutter contre tout système autocratique, c’est-à-dire de personnalisation du pouvoir, pouvant amener la guerre.La paix entre les États se construit par des souverainetés limitées.

Hegel

Portrait de Hegel par Schlesinger (1831)

Hegel va s’interroger sur la guerre en l’interprétant comme un comportement subjectif de l’être. Au fond la guerre ne peut pas s’arrêter, car elle permet à la subjectivité de l’individu de se situer dans un champ politique. Dès lors la guerre ne peut pas disparaitre parce que d’une certaine façon elle permet aux subjectivités d’exister et va permettre aux différents peuples de surmonter ses oppositions pour se solidifier.

La guerre a un avantage extraordinaire, car elle arrive à sublimer les différences des individus dans l’espace de l’État-nation, elle rassemble et efface les contradictions renvoyant directement aux théories de René Girard.

Machiavel

Article détaillé : La Renaissance italienne.
Portrait posthume de Machiavel par Santi di Tito, au Palazzo Vecchio de Florence

Machiavel est un humaniste dans une principauté de Florence qui organise les milices de citoyens et il rédige Le Prince où il va décrire les modes de gouvernement. Machiavel travail sur les qualités du gouverneur et pour cela il doit s’approprier l’art de la guerre qui est nécessaire pour son pouvoir qui détient une vertu morale. Dès lors, la fin justifie les moyens, car ce qui est le plus important est d’atteindre des objectifs peu importe la façon de les obtenir. Un objectif moral par la guerre n’est pas grave s’il n’est pas en lui-même moral, car l’objectif tient l’ensemble du dispositif.

Lorsque l’on qualifie un individu de machiavélique, on suggère qu’il y a une contradiction entre l’affirmation des buts et la gestion des moyens pour arriver à ses fins.

Chez Machiavel, il a y a une tendance très inquiétante parce que la question de la guerre est valorisée.

Antoine-Henri de Jomini

Antoine-Henri de Jomini fut capitaine de l’armée suisse et rédigea un traité de l’art de la guerre avec une méthode d’analyse stratégique en posant la question : qu’est-ce que la stratégie ?

C’est un ensemble d’éléments sur lequel on voit un effort de gestion du terrain :

  • le positionnement des troupes ;
  • l’analyse in situ des forces en présence ;
  • les modalités de l’attaque des points faibles ;
  • les conditions tactiques de la poursuite de l’ennemi ;
  • les conditions de la maîtrise du mouvement ;
  • l’intégration du concept de mobilité et de surprise ;
  • la ruse comme les fausses attaques, l’apparence de décrochements et les contre-attaques.

Carl von Clausewitz

Pour Clausewitz, la guerre est une relation entre des objectifs politiques et des buts de guerre. Lorsque l’on dit que les guerres d’aujourd’hui sont des guerres sans fin, c’est parce qu’on a perdu leurs objectifs politiques.

La guerre sans fin se développe parce que s’oublie un des principes fondamentaux de la guerre westphalienne qui est que si nous faisons la guerre dans un système westphalien, c’est pour aller vers la paix et non pas pour rester en guerre. Lorsque l’on dit que le temps de la guerre est un temps d’inversion, cela veut simplement dire que la guerre est un temps d’inversion pour revenir vers la paix.

Carl von Clausewitz

La guerre est une parenthèse dont la construction du rapport de force n’a que pour objet la sortie de la guerre. Lorsque Clausewitz parle de la guerre comme une construction politique, il rappelle une chose fondamentale qui est que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens.

Dans l’esprit de la guerre westphalienne, la guerre est subordonnée au politique. Si la guerre d’aujourd’hui est si dangereuse, c’est parce qu’elle devient une guerre sans fin parce que l’objectif politique est oublié. Dès lors, on rentre dans un état de guerre permanent parce que l’on a plus les structures étatiques ou institutionnelles qui rappellent que la guerre à un moment donné doit s’arrêter.

Lorsque l’on étudie des territoires en guerre comme le Darfour, au fil des années, les structures nationales, internationales et étatiques se dissolvent montrant que ce sont des guerres presque privatisées parce que les structures ne sont plus là.

Clausewitz est important, parce qu’au fond, la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, cela signifie qu’il va falloir à un moment donné revenir vers la politique. Sans politique, c’est-à-dire de capacité à structurer le conflit, il est impossible de sortir de la guerre ce qui explique que certains pays d’aujourd’hui sont dans un état de guerre permanent.

Pour Clauswitz, le danger est que la guerre échappe au politique. Il faut absolument que la guerre soit maitrisée par le politique, car c’est la capacité et le registre même de la guerre. Si la guerre échappe au politique, c’est la guerre qui va remplacer le politique, dans ce cas nous rentrons dans la folie dans quelque chose qui nous échappe.

La guerre peut être une formidable machine de négociation de la paix. La guerre se fait parce que la discussion n’est plus possible, mais aussi parce la guerre permet de renégocier la paix.

Maurice Davie

Selon Davie dans l'article The Evolution of War publié en 1930[2], la guerre dans les sociétés primitives renvoie à :

  • la concurrence vitale pour la survie du groupe :
  • les différends religieux ;
  • la vengeance de sang ;
  • la gloire.

Marvin Harris

Marvin Harris

Pour Harris, comme relaté dans son ouvrage Cows, Pigs, Wars and Witches: The Riddles of Culture publié en 1973[3] dans une société traditionnelle, il existe quatre théories sur l’origine de la guerre dans les sociétés primitives :

  • la guerre comme solidarité : elle soude une population, c’est une mode de préfabrication de la légitimité ;
  • la guerre comme jeu : dimension ludique de la guerre, le sport peut être perçu comme la continuité de la guerre ;
  • la guerre propre à la nature humaine ;
  • la guerre comme continuation de la politique : elle permet de fabriquer de la politique.

La guerre et la paix : un objet juridique et de gouvernance internationale

Le droit de la guerre ou droit de La Haye

Nous avons parlé du traité de Westphalie qui engageait une première réflexion sur l’état central de la guerre et le droit de la guerre que l’on appelle aussi le droit de la Haye. C’est le droit qui consiste à pouvoir faire la guerre ; la guerre est soumise au droit public international, il y a des règles. L’attaque de Pearl Harbour est une rupture de la condition même de la guerre.

Le droit de la guerre fixe des droits est des devoirs pour les belligérants dans la conduite des hostilités. À partir du moment où l’on rentre en guerre, il y a des devoirs et des droits.

Ils portent sur la limitation des moyens comme par exemple l’interdiction de munitions qui peuvent affecter les populations civiles. De plus, le droit de la guerre définit des règles et prévoit des sanctions pour ceux qui les enfreindraient. C’est pourquoi il y a souvent au Conseil de sécurité des Nations-Unies des textes qui sont pris contre certains pays qui ont outrepassé les règles de la guerre.

Le droit international humanitaire ou droit de Genève

C’est un droit humanitaire qui a pour objet de protéger ceux qui ne participent pas aux combats et notamment les populations civiles. Ce droit est important, car il a été créé à Genève en 1949 et il est un des fondements juridiques de la protection de civils en cas de conflits armés.

Il y a des lois importantes qui font des distinctions fondamentales entre civil et militaire en temps de guerre. Ce qui est en jeu est le statut du combattant et du prisonnier de guerre.

Ces protocoles ont été plus ou moins adoptés par différents États et justifient la jurisprudence du crime de guerre. Le principe de crime de guerre est celui qui enfreint les règles de la guerre. Le paradoxe est que l’on a un droit international de faire la guerre, un droit international humanitaire de la guerre, mais il n’y a pas de droit international de sortie de guerre.

Il y a deux concepts globaux qui dictent la recherche mondiale d’une gouvernance de la sécurité :

  • l’universalité : tous les êtres humains appartiennent à l’universel ;
  • d’humanité : tout le monde appartient à une communauté humaine qui ne peut accepter tout acte inhumain. Si on appartient à une collectivité humaine il est possible dès lors de qualifier des actes d’inhumanité, c’est-à-dire le droit international public s’intéresse au principe d’inhumanité parce qu’il met en cause le principe des droits de l’homme. C’est parce qu’il a le principe d’humanité que l’on peut poursuivre des tortionnaires et des dictateurs.

Ces deux concepts ont été au fondement de la gouvernance mondiale d’abord au cœur de la Société des Nations, mais qui n’a pu éviter la Première guerre mondiale et puis à travers l’Organisation des Nations-Unies en 1945 avec la création du Conseil de Sécurité, du peace-keeping et du peace-making.

Les guerres des partisans

Elles introduisent les modifications substantielles qui interviennent aux XIXème siècle et XXème siècle. C’est un changement de paradigme, car le concept de parti entend celui qui va défendre une position. La guerre du partisan nous ramène du côté de la gestion des individus plutôt que du côté de la gestion de l’État.

Une nouveauté : la guerre du partisan

Le partisan est celui qui prend parti en défendant une position. C’est quelqu’un qui n’appartient pas au corps régulier de l’armée, il prend les armes pour défendre une cause.

Aymon de Gingins-La-Sarraz

Gingins-La Sarraz était un officier Suisse au service de la principauté de Naples et publie un livre qui s’intitule La guerre défensive en Suisse. Sa théorie est que la Suisse est neutre et il faut renforcer ses capacités défensives, pour maintenir la neutralité suisse il faut fabriquer des partisans qui puissent se mobiliser en cas d’agression.

Pour défendre la Suisse, il faut renforcer les capacités de la guerre en renforçant les insuffisances des troupes par des troupes de partisans. Les partisans servent à pallier le manque de troupes régulières.

La guerre partisane renvoie à des groupes irréguliers qui peuvent se mobiliser dans des systèmes d’attaque et de réponse. Ici, la guerre des partisans est pensée comme un moyen de résister à l’invasion étrangère pour protéger la Suisse ou les autrichiens.

Carl Schmitt : la théorisation de la guerre des partisans

Schmitt conseille le gouvernement von Papen (à gauche) et Schleicher (à droite) dans la question constitutionnelle

Carl Schmitt est un personnage sulfureux par sa prise de position pour les nazis en 1933. Dans la Théorie du partisan, ouvrage publié en 1962 apparait que la guerre moderne va être une guerre de partisans. Ce sont des groupements d’individus qui vont s’engager dans la bataille et cela va se faire à partir d’un moment important qui est la guerre napoléonienne en Espagne .

La guerre de Napoléon en Espagne montre pour la première fois la naissance du partisan en tant que sujet et en tant que personnalité qui va se mobiliser pour chasser les troupes napoléoniennes.

La théorie du partisan est très importante, car Schmitt est le premier à penser que nous entrons dans une nouvelle ère de conflit et que cette nouvelle ère de conflit n’est plus essentiellement des conflits interétatiques, mais des conflits de partisans c’est-à-dire des fractionnements de guerres sur la planète dans lesquels des groupes d’individus en tant que partisan soumis à une radicalité du discours et a une idéologie vont se mobiliser contre un ou plusieurs États. Dès lors, le partisan est une armée irrégulière.

Le concept des guerres révolutionnaires

Les guerres irrégulières émergent dans les grandes phases de libération qui vont mobiliser des populations contre la puissance dominante. Pendant la Seconde guerre mondial, cela sera les résistances contre les nazis, mais ensuite cela va être le FLN contre les français et en Égypte les partisans égyptiens contre le pouvoir anglais, etc.

Les caractéristiques de la guerre de partisan est que ce sont des guerres qui n’ont pas d’uniforme et qui ont un engagement ainsi qu'une idéologie forte. De plus, la guerre de partisan est une guerre asymétrique, le partisan n’a pas les armements de l’État-nation. Pour remporter ces guerres, il faut jouer d’outils différents à savoir la ruse la surprise. C’est une mobilité extrême qui ‘oppose à la guerre classique.

La guerre révolutionnaire est un concept maoïste qui considère que la révolution ne peut être faite que dans le cadre d'une action politico-militaire. C’est un passage à la guérilla urbaine, car la ville devient la jungle du combat partisan qui se situe principalement dans les années 1960 et 1970. Le grand échec de la guerre de partisan est la guerre du Che en Bolivie.

Des guerres aujourd’hui

De nouvelles incidences

Les guerres modernes mettent à mal le système westphalien

La grande question en science politique et en relations internationales s’interroge sur le passage entre la fin des guerres westphaliennes à des guerres sans fin qui montreraient qu’au fond la guerre a changé de sens. C’est ce que certains auteurs appellent le retour à l’anarchie hobbsienne, c’est-à-dire à un état de guerre permanent.

L’anarchie hobbsienne serait un retour à l’état de nature dans un état de guerre perpétuelle dans un recours massif à la force dans les relations internationales qui est une force de régression et cela dans un état d’anarchie généralisé et dans l‘hypothèse que chacun veut construire son pouvoir au détriment de l’autre.

C’est l’idée que la guerre revient de façon très rapide dans le système des relations internationales et va avoir un impact extrêmement important. Ce sont des guerres diffuses qui vont toucher beaucoup plus les civils que les militaires et ce sont des guerres qui vont être plus radicales parce qu’il n’y a pas de règles de régulation.

L’état de guerre perpétuelle

Ce sont des guerres qui vont avoir des impacts considérables sur la nature, on a des destructions de ressources naturelles accélérées : on en vient à l’hypothèse dans ces guerres qui ne n’ont plus de structure que si l'on veut détruire l’autre il faut détruire ses ressources. Dès lors, on utilise la nature comme facteur de pollution et agent de destruction massive.

D’autre part, dans ces guerres ont va détruire la culture de l’autre, car c’est la destruction d’autrui en tant qu’être humain, on détruit son identité et sa mémoire.

Des guerres sans fin

La guerre relevait d’un exceptionnel et la paix d’une normalité ce qui nous amène à nous demander si la guerre en devient pas être une normalité et la paix ne devient pas quelque chose de l’ordre de l’extraordinaire. La paix peut relever presque comme un horizon impossible à atteindre.

La guerre sans fin est une guerre qui n’a plus de but en s’insérant dans le quotidien par des destructions. Elle va d’autre part instaurer une économie spécifique. Dans les guerres sans fin, il faut constituer des économies spécifiques qui se situent généralement autour de la drogue qui se fait dans une paix impossible, car il n’y a pas d’interlocuteur légitime pour construire de la paix.

Selon certains cas, on peut l’expliquer à la guerre en Irak, depuis le début de la guerre du Golfe, nous entrons dans un cycle permanent de la guerre. Dès lors, la paix devient un horizon conceptuellement impensable.

Une nouvelle théorie politique Michael Walzer

Michael Walzer.

Walzer a publié un ouvrage intitulé Guerres justes et injustes[4] qui pose une réflexion d’un point de vue philosophico-politique sur la guerre et sur la notion guerre juste. Il reprend l’interrogation initiale de Hobbes sur la qualification de la guerre, il va être un théoricien du paradigme légaliste, car il considère que pour que la guerre puisse devenir juste il faut que ce soit une guerre encadrée.

Une guerre juste est une guerre maitrisée, c’est une guerre de combattants légaux. En d’autres termes, il y a une légalité de la guerre. Il va pointer les paradoxes, à savoir le lien entre concepts de guerre juste et morale disant que la guerre est un objet d’anormalité,dans le concept de guerre il n’y a pas quelque chose de moral.

La préoccupation philosophique de Waltz et sa théorie politique est de s’interroger sur la fabrication de la morale sur un objet qui est profondément immoral et où peut-on qualifier la question de la morale.

Il va s‘interroger les situations dans lesquelles la morale peut être restaurée dans la guerre. La guerre est morale lorsqu’il y a une situation défensive face à une agression extérieure. Il y a une situation morale de guerre dans la nature employée. Si on institue une codification des armements, il y a une sorte de morale même si nous fabriquons des armes immorales.

La gestion du terrorisme est amorale, car dans une gestion de conflit asymétrique, on pose la question de la surprise comme un acte militaire, en plus le terrorisme a besoin de publicité, il est nécessaire d’effrayer et de terroriser. Dans la dimension terroriste, il y a une dimension amorale. On ne s’attaque qu’aux plus faibles dans un axe qui n’est pas déclaré par la guerre.

Il va de plus réfléchir sur la question de la moralité et le retour du politique. Pour Waltz, le paradigme légaliste ne peut refuser la question des règles de la conduite de la guerre. C’est pourquoi Philippe Delmas pose la question dans son livre éponyme du Bel Avenir de la Guerre[5].

Annexes

Cours

Références

  1. Georges Bataille, « Nietzsche et Clausewitz : la guerre », Lignes 1991/1 (n° 13), p. 100-102 (p. 101)
  2. "Book Review:The Evolution of War: A Study of Its Role in Early Societies. Maurice R. Davie." Am J Sociol American Journal of Sociology 35.6 (1930): 1114.
  3. Cows, Pigs, Wars and Witches: The Riddles of Culture. London: Hutchinson & Co. 1975. ISBN 0-09-122750-X. Reissued in 1991 by Vintage, New York. (version complète pdf:http://monoskop.org/images/5/5b/Harris_Marvin_Cows_Pigs_Wars_and_Witches_The_Riddles_of_Culture_1974.pdf)
  4. Walzer, Michael. Guerres Justes Et Injustes: Argumentation Morale Avec Exemples Historiques. Paris: Belin, 1999.
  5. Delmas, Philippe. Le Bel Avenir De La Guerre. Paris: Gallimard, 1995.