L’Afrique subsaharienne malade de la colonisation ?

De Baripedia


Languages

L’Afrique noire précoloniale à l’unisson du monde ?[modifier | modifier le wikicode]

Y a-t-il un écart avec les autres grandes régions, si oui est-il important, y a-t-il des auteurs pensant qu’il y a un écart ?

Pourquoi est-il difficile d’évaluer le niveau de l’Afrique subsaharienne précoloniale ? C’est pour deux raisons :

  • on ne dispose pas d’une documentation suffisamment riche et variée : il y a des inconnues et des incertitudes que sont les sources qui sont rares et fragmentées.
  • aujourd’hui l’Afrique au sud du Sahara connaît depuis la fin de la colonisation des difficultés : la question des origines historiques difficultés actuelles est une question très délicate.

Les sources sont rares et cette rareté est relative aux autres régions du monde, cette relative rareté des sources et surtout des sources écrites va nourrir toute une série de mythes qui dégradent l’Afrique. Ceux qui ont façonné ces mythes ont sombré sur l’écueil du préjugé.

Un mythe est celui de l’immobilisme qui est le plus tenace de tous s’épanouissant durant la deuxième moitié du XIXème siècle, dont Adam Smith qui place la plus grande partie de l’Afrique du mouvement historique : « toutes les régions internes d’Afrique semblent de tout temps avoir été dans le même état barbare et non policé ou nous les trouvons aujourd’hui ».

Pour Smith, il existerait de vastes régions du monde dont le continent noir et le meilleur exemple, incapables de se sortir d’une situation de stagnation pluriséculaire.

Hegel soutient que l’Afrique n’est pas une partie du monde historique ne montre ni de mouvement ni de mouvement, ce que nous comprenons de l’Afrique est ce qui n’a pas d’histoire et n’a pas éclot, devant être présenté au seuil de l’histoire universelle.

La littérature coloniale va présenter l’Afrique d’avant les blancs comme continent se dérobant à l’histoire et ses habitants plongés dans des temps immoraux dans la stagnation.

À partir d’un certain moment, à cette vision européocentrée et raciste, on va en opposer une autre qui est le mécanisme des mouvements pendulaires valant d’un extrême à l’autre. La vision d’une Afrique immobile et barbare sera combattue à partir des années 1950 et 1960 d’une glorification sans nuance du passé africain. Au racisme méprisant des Européens viendra s’opposer le chauvinisme africain.

On voudra au moment de la décolonisation, décoloniser l’histoire du continent noir et dans leur souci légitime de le faire, certains auteurs vont sombrer non pas dans l’écueil du préjugé, mais dans le tourbillon du remords. Ces auteurs vont inscrire de hautes civilisations dans le passé africain là où les preuves font défaut.

Contre cette histoire il y a une contre histoire écrite pour les besoins de populations soumises par le colonisateur, écrite à la recherche d’un repossession de soi, depuis quelque temps ces effets déformant s’atténuent. Chacun tente d’aller au-delà de certaines évidences.

  • Quelles sont les évidences d’une historiographie tardive ?

La première évidence est que les peuples africains ont comme les autres une histoire longue et riche, la seconde est que le continent noir a abrité des civilisations originales aussi estimables les unes que les autres. Ce que le passé du continent africain révèle au-delà des lacunes et des incertitudes est rien d’inférieur et de mystérieux, mais c’est une histoire de succès et d’échecs, de désastres, de renaissance et d’accomplissement qui n’est pas nécessairement différente de n’importe laquelle des familles humaines majeures.

Des auteurs parlent de retard, de marginalisation, de décalage, d’autres sont d’avis que durant l’ère moderne les écarts entre l’Afrique subsaharienne et d’autres entités sont réduits. On en est encore là aujourd’hui.

Pour les auteurs qui pensent que les écarts sont réduits, au premier temps de la découverte durant la seconde moitié du XVIème siècle, les européens croient trouver en Afrique des États puissants et les marchands des partenaires commerciaux qu’il convient d’être traité d’égal à égal.

Carte des principales routes du commerce transsaharien entre l’an 1000 et 1500. Les principales régions aurifères sont indiquées en marron.

Venise exhorte des négociants italiens à aller faire des affaires avec le roi de Tombouctou et du Mali, il n’y a pas de doutes qu’ils y seront bien reçus avec leurs navires et leurs marchandises, bien traités et qu’on leur accordera les faveurs qu’ils demanderont. Ces hommes d’affaires de la seconde moitié du XVIème siècle incité à commercer avec des partenaires lointains peuvent se dire qu’en l’Europe et l’Afrique il n’y a guère de faussé. Autrement dit, l’Afrique subsaharienne tiendrait la comparaison avec d’autres grandes régions, elle serait à même de servir d’interlocutrice valable à n’importe quel partenaire dans le cadre international.

Lorsque ces négociants italiens parlent de l’Afrique subsaharienne, ils le font en s’appuyant sur une région qui est l’Afrique occidentale.

L’Afrique subsaharienne ne peut pas être considérée de manière générale. Il faudra descendre au niveau des régions où apparaissent des différences, l’Afrique occidentale supporte beaucoup mieux la comparaison que l’Afrique centrale ou méridionale.

Aujourd’hui, il existe des différences de niveau sur l’Afrique subsaharienne en raison de l’état des sources.

Il ne faut pas généraliser pour un continent si étendu et si varié, nous verrons apparaître des régions dans des catégories différentes lorsque nous ferons une typologie plus tard.

Il faut noter qu’il y a eu en Afrique des entités remarquables émergeant en divers lieux et qui ont atteint un haut degré de civilisation ce qui est attesté par un faisceau de sources, parce que probablement ces entités ne parviennent pas à dépasser certaines limites, elles déclinent et disparaissent.

  • Des limites apparaissent assez rapidement, la question est pourquoi ?

Avant le XVIème siècle et XVIIème siècle, il y a en Afrique au sud du Sahara des entités politiques qui fédèrent plusieurs territoires : ce sont des constructions étatiques assez étendues qui n’ont pas la taille des empires asiatiques, qui n’ont pas non plus une taille démographique telles celles qu’on a connues en Eurasie, mais ce sont des entités qui surtout atteignent un niveau. En un temps ce furent des pôles d’excellences civilisationnelles.

  • Pourquoi ces entités, à certains égards remarquables, ne parviennent pas à dépasser certaines limites se situant à un seuil plutôt bas ?

Les empires soudanais sont localisés en Afrique occidentale, il ne s’agit pas du Soudan actuel, mais les empires soudanais se développent dans une zone appelée la savane. Il faut partir de la côte occidentale Atlantique de ce qui est aujourd’hui le Sénégal jusqu’à la mer Rouge à l’est en dessous de la bande saharienne.

La savane est entre le désert et la forêt, la zone forestière commençant au niveau du Bénin : sur cette longue bande, plusieurs formations politiques d’envergure se mettent en place. Ce Soudan est appelé le Soudan médiéval, pour les Arabes c’est le pays des noirs.

Nous allons voir les empires du Ghana, du Mali et du Songhaï. Les empires du Soudan ancien ne disent souvent pas grand-chose.

Ces trois empires ont été choisis parce qu’ils ont émerveillé les voyageurs arabes. Les seules traces documentaires que nous avons écrites sont les témoignages des visus de voyageurs qu’ils ont mis dans des récits traduits.

Ces empires ont émerveillé les voyageurs arabes par la richesse de leurs cités, par la réputation de leurs érudits, il y a des poches de populations très alphabétisées, la qualité de leur architecture.

Carte de l’empire du Ghana à son apogée

Le premier des empires soudanais est le Ghana, ces empires sont formés de petites entités réunies et organisées autour d’un pouvoir central. La capitale de l’empire est Koumbi qui se trouve dans le sud-est de l’actuelle Mauritanie, c’est une ville construite en grande partie en pierre. Le Ghana atteint son apogée probablement au IXème et Xème siècle devant en partie sa renommée et sa fortune à l’or.

Avant que l’on aille s’approvisionner en métaux précieux en Amérique, on allait s’approvisionner au Soudan médiéval.

Le Ghana doit sa prospérité en grande partie à l’or et plus précisément au contrôle des gisements aurifères, mais il lui doit aussi sa perte. En 1055, des Berbères venus du nord viennent piller et convertir, réussissant si bien que le Ghana s’écroule en 1076.

Carte de l’empire du Mali à son apogée

Le Ghana est absorbé par l’empire du Mali fondé vers le début du XIIIème siècle regroupant par une même autorité différents peuples sur la vallée du Niger sur un espace allant probablement de l’Atlantique jusqu’à Gao.

Le Mali est en empire agropastoral connu pour ses grosses fournitures d’or au pourtour méditerranéen. L’empire du Mali bénéficie de revenus qui ne sont pas tirés sur des surplus agricoles.

Les empires aztèque et inca de la même manière que l’Empire moghol se caractérisaient par le fait de posséder une agriculture en mesure de dégager de larges surplus, étant l’essentiel des revenus et permettant aux élites de se maintenir en place.

Pour le Mali, les structures socioéconomiques sont une grande difficulté pour l’agriculture afin de dégager des surplus importants, les élites doivent aller voir ailleurs pour s’adjuger des ressources qui vont se maintenir en place.

Les revenus du Mali sont tirés du monopole comme le Ghana des sources aurifères au sud, mais aussi sur la mainmise des gisements de sel du nord. Le Mali contrôle également les pistes caravanières, au fond, l’empire du Mali contrôle le réseau de transports et d’évacuation de ses produits qui sont des produits d’exportation.

Grâce à ces revenus, les monarques du Mali dont certains sont très célèbres financent une politique de grands travaux et de mécénat. Ils ont bâtir notamment à Tombouctou, Djénné, Gao des mosquées, des palais, ils y ouvrent des écoles et des bibliothèques. Selon un auteur, ces villes étaient les Milan et les Nuremberg du Soudan médiéval bien moins magnifique cependant riche puissante et imposant pour leur temps et en leur pays.

À partir des années 1360 le Mali va commencer à se fragmenter par des forces centrifuges, en 1453 les Touaregs prennent Tombouctou.

Carte de l’empire songhaï au XVIe siècle.

L’empire de Songhaï fait de Gao sa capitale et pendant environ un siècle de la fin du XVème siècle à la fin du XVIème siècle s’effondre en 1581 sous les coups d’envahisseurs venus du Maroc. On considère qu’à la fin du XVIème siècle, le temps des grands empires est révolu en Afrique occidentale. C’est l’expansionnisme arabe qui aura brisé la vitalité des civilisations soudanaises.

Cette région, à partir de la fin du XVIème siècle, entre dans une longue phase de crises politiques et sociales particulièrement aigües. Il y aura des tentatives plus tard au XIXème siècle de recréer de grands ensembles interafricains, mais elles seront contrecarrés à ce moment-là surtout dans la seconde moitié du XIXème siècle par l’expansionnisme européen.

  • Pourquoi ces entités n’ont pas réussi à dépasser certaines limites ?

Il est difficile de trouver des critères afin d’illustrer des limites. Une première possibilité consisterait à évaluer la durée de vie et la dimension de ces empires. Cette première mesure révèlerait leur caractère relativement éphémère et leur taille plutôt médiocre.

Nous avons quelques indications sur le nombre d’habitants des villes. La taille des villes d’Afrique occidentale et des empires soudanais apparaissent comme relativement petite, Gao, Djenné, Tombouctou avec une population probablement en dessous de 50 000.

Au même moment, Cortès, lorsqu’il arrive dans l’actuel Mexico, la capitale des Aztèques est de 300 000. Au début du XVIème siècle les plus grandes villes du monde sont en Asie comme Istanbul qui pendant une partie du XVIème siècle et XVIIème siècle est la plus grande ville du monde avec 700 000 habitants.

Les villes ont une dimension relativement réduite, et la durée de vie de ces entités est relativement courte.

  • Quels sont les facteurs que l’on peut retenir afin d’expliquer ces seuils relativement bas étant entendus qu’il y en a plusieurs et qu’ils se combinent ?

Ces facteurs sont le semi-isolement, l’hostilité du milieu et enfin les densités de peuplement qui sont faibles par rapport à l’Eurasie.

L’isolement relatif est la barrière du Sahara qui va pendant longtemps non pas isoler l’Afrique subsaharienne, mais la mettre à l’écart de quelque chose qui anime le nord du désert. À cause du Sahara, l’Afrique subsaharienne reste à l’écart de mouvements qui animent ces hautes civilisations du bassin méditerranéen que sont l’Égypte, la Mésopotamie, la Grèce libre de réagir l’une sur l’autre. À cause de sont isolement relatif l’Afrique subsaharienne va rester à l’écart de l’invention de l’écriture et de la première vague de connaissances scientifiques et de progrès techniques.

Ce n’est pas que la barrière du Sahara est infranchissable, mais cela est très difficile, au fond, l’isolement relatif renvoi à l’idée plutôt d’un filtre plutôt que d’un obstacle, la circulation est difficile des hommes, des marchandises, des idées, des techniques.

L’Afrique subsaharienne est éloignée de ce mouvement qui surgit dans l’antiquité classique dont elle n’a qu’une connaissance estompée. Cela ne veut pas dire que l’Afrique subsaharienne ne peut pas s’engager dans un développement, mais cela veut dire que ce développement est séparé à cause de ce filtre et différent : au-delà des mers de sable et d’eau salée des océans, l’Afrique continentale est abandonnée à forger sa propre destinée, séparée et différente.

Après le facteur de l’isolement relatif apparaît souvent celui de la faible densité de peuplement, dans le tableau 3 sont les estimations de la population des grandes régions du monde et de leur superficie.

Si on considère la population totale de l’Afrique subsaharienne, on retient une fourchette entre 40 et 90 millions d’habitants, le bas de cette fourchette est de 50 millions. Vers 1500, la densité de peuplement en Afrique subsaharienne est 3 à 4 fois plus faible qu’en Eurasie.

Il y a quelque chose qui empêche, ce sont autant d’obstacles à un accroissement régulier et soutenu des populations africaines.

Autrement dit, il y a des conditions qui constituent des obstacles à un tel accroissement régulier et soutenu qui est l’hostilité du milieu est le faible niveau de vie, la pauvreté des sols en éléments organiques, la fréquence des maladies comme la malaria, la maladie du sommeil, et des famines dues autant à la sècheresse qu’à l’instabilité politique.

Il y a une forme de déterminisme géographique, bien entendu l’activité des hommes brouille la carte du déterminisme géographique, des groupes humains sont capables de brouiller ces cartes. Les hommes sont capables d’aller au-delà des limites imposées par le milieu.

À partir du XVIème siècle vont être adoptées des cultures vivrières venues d’Amérique, il n’y a pas que les hommes, les marchandises et les maladies qui traversent l’Atlantique, des plantes voyagent dans l’autre sens. Ces cultures vivrières sont le maïs, le manioc améliorant le régime alimentaire, réduisent les risques de famine et permettent un accroissement de population.

De tels développements favorisent la formation d’États qui entretiennent ces développements afin d’en faire l’instrument de leur puissance, mais sans parvenir à pousser ce développent au-delà de certaines limites dans la mesure où différents facteurs se conjuguent afin d’empêcher l’agriculture africaine de dégager de larges surplus. L’agriculture africaine dégage des surplus, mais peu important.

  • Quels sont les facteurs qui se conjuguent permettant de dégager de gros excédants permettant la comparaison avec l’agriculture Amérindienne ou Asiatiques ?

On peut retenir trois facteurs : les méthodes culturales, les régimes fonciers, les techniques et les outils de travail.

Ces facteurs sont adaptés au milieu, au fond, derrière cette présentation, il y a l’idée et la conviction que l’agriculteur africain est rationnel. C’est-à-dire que compte tenu du milieu, il fait des choix qui sont rationnels, optant pour certaines méthodes culturales, s’interroge sur un certain régime foncier et cet agriculteur utilise certains outils de travail adaptés au milieu et relevant d’un choix rationnel, mais ces méthodes culturales, ces régimes fonciers et ces méthodes culturales dégagent difficilement le surplus nécessaire à l’entretien des classes dirigeantes.

Le rapport entre l‘étendu des terres et le nombre d’hommes pour les cultiver en Afrique subsaharienne est que les terres sont abondantes, mais peu fertiles et puis les hommes sont rare. Dans une telle situation, l’agriculture itinérante qui est une forme extrême d’agriculture extensive s’impose comme la méthode la moins onéreuse en coût de travail.

Il faut également rappeler que dans la situation de l’Afrique subsaharienne, il y a un manque d’engrais animal ou humain, la gamme des cultures est réduite. Dans une telle situation on opte pour de longues périodes de jachère consistant en laisser la terre se reposer afin qu’elle se régénère. Si les terres sont abondantes par rapport aux hommes qu’elles portent, si ces terres sont peu fertiles alors la période de jachère sera longue ; c’est ce qu’on appelle l’agriculture extensive.

Les parcelles sont cultivées puis rapidement abandonnées pour exploiter de nouvelles terres. Ce type d’agriculture a été considérée par les premiers observateurs européens comme primitif et attardé jugeant absurde l’utilisation prolongée des terres.

Cette méthode est adaptée aux conditions écologiques, d’ailleurs, là où ces conditions changent, les méthodes culturales évoluent vers des formes d’agriculture plus intensive.

Le second facteur est le régime foncier. L’absence d’appropriation privée du sol qui caractérise ce régime foncier est le reflet de l’abondance de la terre qui de ce fait n’acquière pas de valeur marchande. Dans un système où le sol est la propriété du groupe, où la répartition équilibrée des terres est imposée par des institutions communautaires, il y a peu d’incitations à l’intensification de la production vivrière et donc à l’émergence de surplus agricoles importants, alors on va parler d’agriculture de subsistance.

Concernant le choix des outils et des techniques, on ne va pas utiliser la technique de la charrue. L’Éthiopie connaît la charrue, son existence n’est pas inconnue en Afrique occidentale, la non-utilisation de la charrue au sud du Sahara s’explique par son inadaptation.

Apparaît de nouveau la rationalité, l’utilisation de la charrue accélère l’érosion des sols, les sols sont fragiles. Dans les zones forestières, la mouche tsé-tsé décime les animaux de trait. Le coût d’acquisition de la charrue est souvent plus supérieur aux gains attendus qui font que son utilisation est souvent inappropriée. L’instrument du paysan africain est la houe qui est une sorte de pioche dont la lame est large.

Ces méthodes culturales, ces régimes fonciers, ces techniques d’outillage et les techniques ne dégagent pas de surplus important.

L’autre facteur est la mobilité des populations qui disposent de tout l’espace nécessaire afin de se soustraire à l’autorité politique. Tant que les densités de peuplement restent faibles, que les terres portent peu d’hommes, il y avait un moyen de s’opposer au pouvoir du colonisateur qui était le fait de bouger et de partir expliquant des migrations de populations et des migrations. Les Africains de tout temps pendant des siècles ont traversé le continent dans tous les sens.

La pratique de l’esclavage s’étend surtout au sein des États d’Afrique occidentale. Les esclaves sont capturés lors d’expéditions militaires dans des populations limitrophes du Soudan ancien. Les esclaves sont préférés aux travailleurs libres puisqu’ils sont rares et difficiles à exploiter vu leur mobilité.

Les esclaves sont préférés aux travailleurs libres, car leur coût d’acquisition et leur entretien est moins important. Il faut relever que de plus en plus de captifs sont affectés à des activités agricoles.

D’un point de vue strictement économique, l’esclavage a un désavantage résidant dans le fait qu’il limite l’expansion du marché en concentrant les revenus entre les mains d’une minorité.

Les classes dominantes peinent à tirer de la mise en valeur des domaines fonciers des ressources suffisantes dont ils ont besoin pour l’entretien et le maintien de leur hégémonie. Puisqu’ils ne peuvent mettre la main et imposer des surplus céréaliers alors ils vont mettre des droits sur les échanges commerciaux à longue distance comme l’or, le sel, l’ivoire, les textiles, ils vont également s’octroyer des butins lors d’expéditions guerrières. Il y a des revenus essentiellement tirés du commerce lointain.

Ces revenus sont à la base de la prospérité du Ghana, du Mali et du Songhaï. De ce point, la traite négrière a autant compté que l’or. Avant 1500, c’est-à-dire avant que ne se mette en place la traite atlantique, la traite des esclaves fournit le pourtour méditerranéen, le monde musulman, la péninsule arabique, plus loin parfois.

Au temps où règnent les empereurs du Ghana, du Mali et du Songhaï, les hommes et les femmes déportés au-delà du Sahara et de l’océan indien se comptent par millions.

L’histoire de l’Afrique est une histoire qui apparaît comme celle d’un continent très tôt isolé du cœur eurasien, d’un continent abritant des populations clairsemées promptes à se déplacer sur de vastes espaces étendus médiocrement dotées par la nature.

Mais c’est aussi l’histoire de groupes humains qui en même temps qu’ils s’adaptent à leur milieu naturel, le transforment à l’intérieur des limites imposées par la géographie et les climats, il y a une marge pour l’expérimentation et le changement. Pourtant, les limites imposées par l‘isolement, l’hostilité du milieu et la faiblesse du peuplement ne seront que rarement dépassées.

Ces limites ne peuvent être franchies aisément dans la mesure où les moyens pour y parvenir vont réduire les faibles densités de peuplement en encourageant l’agriculture extensive favorisant le dispersement dans l’occupation des terres, en maintenant des coûts de transports élevés accentue les tendances à l’autosubsistance.

Tout ceci restreint l’intervention directe des minorités dirigeantes au niveau de la production agricole, d’où l’importance des prélèvements obtenus par la guerre, la traite négrière et le commerce à longue distance. L’ampleur du trafic d’esclave avant le XVIème révèle que les classes dominantes exploitent moins les populations paysannes sous leur autorité que les populations avoisinantes. Dès lors, la survie de ces grandes entités dépend du sort incertain des armes, du contrôle précaire des réseaux marchands, de la demande fluctuante des marchés extérieurs.

Nous avons donc à faire à des systèmes africains qui montrent de belles potentialités, qui parviennent à un certain moment à se hisser à un niveau remarquable, mais dont l’équilibre est fragile.

À partir du XVIème siècle, cet équilibre sera mis à mal sous la poussée de forces extérieures. Les activités concentrées sur le commerce des esclaves vont démultiplier les effets des facteurs internes de longue durée à l’origine du développement difficile de l’Afrique subsaharienne. Quelque chose de l’extérieur va accentuer et démultiplier, c’est la traite atlantique organisée par les Européens.

De l’impact de la traite négrière[modifier | modifier le wikicode]

Dans l’histoire africaine d’avant le XVIème siècle est la faible densité de peuplement, étant donné l’importance de la faible densité de peuplement, la ponction négrière va accentuer les freins internes au développement économique du continent noir, mais variablement selon les époques et les régions.

C‘est quelque chose qui vient de l’extérieur aggraver un facteur limitatif interne : la traite négrière importe des millions de jeunes actifs et affaiblis l’Afrique de ses forces vives.

  • La question que nous pouvons nous poser est ouverte : est-ce que les millions de captifs embarqués n’ont pas soustrait de certaines régions de l’Afrique des producteurs et des consommateurs qui s’ils seraient restés sur place auraient plus contribuer à la mise en place de structures favorables à une croissance économique durable ?

Il faut considérer des facteurs sociopolitiques : le commerce des esclaves dure dans plusieurs régions, plusieurs siècles. Ce commerce fait naitre entre différents groupes humains de très lourds contentieux historiques. Il y a les razzieurs et les razziés.

De très lourds contentieux entre différents groupes, mais lors de la décolonisation cela fut mis en veilleuse, il fallait réunir de manière parfaitement indifférencier le maitre et l’esclave, le vendeur et le vendu.

À partir d’un certain moment où ces pays deviennent indépendants, le ciment national commence à s’effriter dans les années 1980. Cela fait éclater cet unanimisme de façade et d’anciennes blessures vont se réveiller et inciter les descendants d’africains de maîtres et d’esclaves de s’identifier comme tel et d’effriter des antagonismes sociaux.

Entre les peuples victimes de la traite et ceux qui la pratiquaient s’établissent des murs d’incompréhension. Dans beaucoup d’États africains, l’essor d’un solide sentiment national handicape la démocratie et les efforts de développement.

Une typologie des économies coloniales africaines[modifier | modifier le wikicode]

Pour voir comment nous en sommes arrivés là, pourquoi le besoin a été ressenti de mettre dans des catégories différentes les économies et les sociétés coloniales africaines, lorsque l’on s’intéresse à l’évaluation de l’héritage laissé par la domination occidentale, il y a une médiocre performance des économies africaines après l’indépendance.

Beaucoup de chercheurs et d’universitaires ont essayé de comprendre pourquoi c’est dans cette région du monde qu’on enregistre depuis les années 1960 les moins bonnes performances sur le plan économique. La question posée est la part du passé colonial dans la médiocrité des performances économiques.

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, on peut repérer trois grandes interprétations. C’est en considérant les deux premières que nous allons voir comment la dernière de ces interprétations a été adoptée par des auteurs qui ont ressenti le besoin de faire une classification. Les deux premières interprétations sont assez connues.

1) Argumentation libérale/classique Insiste sur les apports de la colonisation, l’argumentation repose en partie sur ce que nous avons vu la fois passée. Les tenants de ce courant soulignent des possibilités réduites de croissance économique rapide en Afrique tropicale précoloniale.

Autrement dit, ces auteurs considèrent que les structures qui étaient en place, même si ces structures sont plus complexes ou plus sophistiquées que ne le suggèrent d’anciens stéréotypes qui assimilent ces structures à des ensembles arrière, ces structures sont limitatives. Les limites sont internes, imposées par un environnement hostile, un décalage technologique et la taille réduite des marchés locaux. Ce sont des limites qui freinent un processus de croissance rapide.

  • Dans de telles conditions, la situation de départ étant ainsi caractérisée, que faut-il pour que les économies africaines se dégagent de telles contraintes ?

Il faut qu’elles soient reliées à des marchés plus vastes et également reliées à des sources de technologies avancées. La colonisation européenne s’est chargée de faire cela, elle a contribué à intégrer ces économies à un marché international dynamique.

L’idée est que, si après l’indépendance, la croissance économique est poussive et lente, cela est dû à des freins internes et à l’incurie des élites nationales.

2) Argumentation radicale À partir du moment où les territoires africains sont colonisés, ils cessent d’être des entités autonomes, ils sont transformés en satellites des économies métropolitaines selon les besoins et les intérêts des métropoles. C’est une forme d’intégration, mais qui aboutie à une spécialisation outrancière dans l’exportation de produits bruts, agricoles ou miniers, ce qui réduit voire annihile pour les sociétés colonisées toutes possibilités de développement dans la mesure où les firmes expatriées organisent avec l’appui des administrations coloniales un transfert vers l’extérieur de surplus générés sur place par les africains.

Au moment de l’indépendance, les Africains n’ont plus la capacité d’entreprendre un développement harmonieux et autonome.

Derrière l’argumentation libérale, il y a l’idée que la colonisation empêche des forces vives qui ne demandent qu’à être libérées, une fois libérées, on entrera dans une phase de croissance économique rapide.

Ces deux argumentations ont quelque chose en commun, elles accordent à l’impact colonial un caractère décisif :

  • argumentation libérale : la colonisation donne un élan.
  • argumentation radicale : la colonisation provoque un blocage.

3) Argumentation des différences Certains auteurs vont proposer une troisième voie qui ne consiste à ne pas mettre l’accent sur les similitudes, les tenants d’une troisième voie proposent de chercher des différences.

  • Pourquoi à partir d’un certain moment met-on plutôt l’accent sur les différences plutôt que les similitudes ?

Dès les années 1960, ce qu’on appelait auparavant le tiers-monde perd de son unité, de son homogénéité. À partir de ce moment-là, on sera moins enclin comme les libéraux de croire qu’il suffit que les colonies soient intégrées au marché international pour que se transmette une croissance aux vertus modernisatrices. De la même manière, sous le joug colonial, tous les acteurs indigènes ne perdent pas leur autonomie, pas partout et pas entièrement. Des acteurs autochtones parviennent à garder le contrôle sur des moyens de production et d’accumulation du capital.

Les différences viennent du fait que le colonisateur européen ne va pas opter dans chaque territoire pour le même type d’implantation.

L’héritage de la colonisation ne provoque pas partout les mêmes effets. On s’en rend compte parce que l’Asie ex-coloniale ne se comporte pas sur le plan économique du point de vue de la croissance de la même manière que l’Afrique du sud du Sahara et de l’Amérique latine.

Alors que ce bloc était censé être homogène, des entités se distinguent à partir des années 1960 – 1970 par des disparités et des écarts. C’est donc que l’épisode colonial ne fut pas le même partout.

Non seulement ce qui fut mis en place par le colonisateur n’est pas uniforme et les structures précoloniales sont différentes.

Concernant les performances économiques de l’Afrique subsaharienne, elles sont toujours en deçà de l’Asie ex-coloniale qui enregistre les meilleures performances, entre les deux se trouve l’Amérique latine.

Le tiers-monde ne pouvant plus être représenté comme étant un monolithe, il convient de s’interroger sur la part éventuelle du passé colonial dans les divergences économiques régionales. Une attention sera donnée aux dissimilitudes et moins aux ressemblances des situations coloniales.

Cet intérêt se manifeste notamment chez des historiens spécialistes de l’Afrique subsaharienne débouchant sur des différences revêtues par la présence des Européens sur le continent noir.

Cela marque une distance par rapport aux libéraux et aux radicaux. Contrairement à ceux qui accordent à la colonisation un caractère décisif soit d’élan insufflé soit de blocage, ce groupe d’historiens ne voit plu la colonisation européenne comme faisant rupture avec le passé. Ils vont nuancer l’impact de la colonisation.

Cette nuance apparaît surtout dans leur manière de catégoriser.

La typologie va découper l’Afrique au sud du Sahara coloniale en différents territoires réunis dans des groupes comparés les uns aux autres. Tous ces territoires sont dominés formellement, subissent le joug colonial, mais la domination s’exerce plus ou moins fortement selon les lieux.

  • Pourquoi l’impact de la domination coloniale ne doit pas être exagéré ?

Il ne doit pas être exagéré du moment que dans certaines régions, les Africains assujettis parviennent quand même à garder l’initiative et conserver un certain pouvoir de contrôle sur leur destinée.

Les Européens n’ont donc pas pu imprimer d’orientation entièrement nouvelle à l’histoire de l’Afrique. La domination coloniale n’aurait pas un impact économique, dramatique et pénétrant que supposé partout. Un tel point de vue dépouille l’Européen de ses habits de modernisateurs censé extirper l’Afrique de son arriération par le bouleversement de structures traditionnelles supposées archaïques.

Pour ce groupe d’historiens, sortir du sous-développement ne peut plus se réduire à la reconversion totale de systèmes socioéconomiques jugés uniformément arrière. Quelle question faut-il se poser alors :

  • Pourquoi les forces de transformation et d’innovation, ne parviennent pas à s’étendre de certaines régions, à gagner l’ensemble du corps social, à dépasser un certain seuil ?
Repartition politique afrique coloniale.png

Dans certains territoires de l’Afrique ex-coloniale, il y a des territoires où se manifestent des forces de transformation, mais elles ne gagnent pas tous les autres territoires, elles ne gagnent pas l’ensemble de la société, elles ne dépassent pas un certain seuil : pourquoi ?

Répondre à une telle question exige de passer par une typologie des économies coloniales. Dans les années 1970 et 1980, des historiens utilisent cette approche afin de souligner quelque chose qui leur parait évident dans le cadre de leur démarche d’historien et qui leur paraît comme très éloigné de ce que proposent les « libéraux » et les » radicaux ».

Si on considère des entités de nature dissemblable, si ces entités sont engagées dans des dynamiques et des politiques différents, au moment où arrive le colonisateur, il ne trouve pas des entités engagées dans la même dynamique, alors ces entités ne peuvent réagir de façon uniforme aux formes de pénétrations européennes. Si elles ne réagissent pas de façon uniforme, alors elles ne partagent pas aujourd’hui le même héritage colonial.

Dans chacun de ces groupes, on va trouver des groupes colonisés et qui ont certaines caractéristiques. C’est dans ces groupes ou émerge des types d’implantations particuliers qui permettent d’affirmer que la colonisation a été plus ou moins contraignante, à laissée une marge de main d’œuvre plus ou moins grande selon les cas.

En considérant cette typologie de haut, le principal facteur qui apparaît et qui différencie les différentes catégories de colonies est l’intervention au niveau de la production. Au fond, certaines économies apparaissent tout de suite comme étant très typées gardant jusqu’au terme de la colonisation leurs caractéristiques de départ n’évoluant pas beaucoup : le type d’implantations ne change guère avec le temps.

Dans d’autres ça, il y a une transformation, quelque chose qui est là au départ et qu’on peut caractériser, mais qui change et évolue. Considérant cette typologie de loin, on débouche sur deux grandes catégories qui au fond s’opposent parce que dans la première le colonisateur européen n’intervient pas au niveau de la production alors qu’il le fait dans la seconde. Ainsi on a un type d’implantation occidental et un type d’implantation méridional.

Afrique occidentale[modifier | modifier le wikicode]

Zone CEDEAO (+ Mauritanie) en vert foncé et autres pays parfois inclus dans la définition en vert clair.

C’est la première région à passer sous le joug européen, la caractéristiques est que les Européens sont absents des activités de production, il s’agit d’expatriés, il n’y a pas de colon.

  • Pourquoi les européens n’interviennent pas dans ce type de colonie au niveau de la production ?

Il est possible d’expliquer cela par des facteurs environnementaux. L’Afrique occidentale exporte des produits agricoles, ce n’est pas une zone de l’Afrique bien dotée en ressources minières. Parmi les facteurs environnementaux, il y a le facteur épidémiologique, c’est le cimetière de l’homme blanc, les Européens seront en nombre infime dans ce type d’implantation.

Non seulement, il y a le nombre réduit d’européens, mais aussi leur statut particulier, il n’y a pas de colonat. Vers 1938, les Européens constituent 0,01% de la population totale de l’Afrique occidentale.

Le facteur historique va faire apparaître quelque chose qui est différent des autres territoires. L’Afrique occidentale entretient de longue date des relations commerciales avec l’extérieur et notamment avec l’Européen. Nous sommes en présence d’entités qui déjà avant la colonisation ont une expérience d’intégration au marché mondial.

Les échanges commerciaux entre l’Afrique occidentale et l’Europe remontent à la fin du XVème siècle, il y a toutefois quelque chose de particulier. Avant la colonisation, la capacité des populations d’Afrique occidentale de se reconvertir, à partir de l’abolition de la traite, les économies et les sociétés d’Afrique occidentale sont mises en demeure de se reconvertir.

On va assister a quelque chose qui révèle la capacité à rebondir de ces entités avec la mise en place du commerce légitime datant des années 1840 – 1860 soit avant la colonisation qui opère en 1880 – 1890, les conquêtes s’achevant avant la Première Guerre mondiale.

Avant la mise en place du colonisateur, il y a l’épisode du commerce légitime afin de faire la distinction d’avec le commerce illégitime, la traite continue de manière clandestine. À un moment donné, côte à côte se côtoient deux types d’économies :

  • une basée sur le commerce légitime d’exportation de denrées agricoles.
  • une basée sur le commerce illégitime dans le cadre de la traite clandestine.

À partir du milieu du XIXème siècle, quelque chose est mis en place par les autochtones qui est le commerce légitime à l’origine de l’établissement sur les côtes africaines de firmes européennes. Les firmes européennes se disputent la commercialisation des produits des actifs locaux transformés dans les entreprises d’Angleterre, de France ou d’Allemagne.

Il y a un élément de continuité, les producteurs indigènes seront sous la domination européenne développer et étendre la gamme des produits agricoles. Ils sont intégrés dans le circuit, il y a des classes marchandes locales.

Les producteurs locaux étendent et développent la gamme des produits agricoles et l’exportation de ces produits désormais sur une large échelle. Évidemment la colonisation a comme effet d’intensifier, de développer cette culture d’exportation, mais elle existait déjà avant. La gamme des produits étaient moins grande, la production étaient moins élevée, le degré d’extraversion était plus réduit, mais c’est quelque chose qui été déjà là.

Au moment de la colonisation où tout cela au fond franchit un palier accédant à une commercialisation sur une grande échelle, les exportations agricoles vont alimenter les profits des firmes commerciales expatriées. L’exportation des produits va également alimenter les recettes budgétaires des administrations coloniales.

Ni les firmes privées ni les administrations coloniales, la première touchant des profits substantiels et la seconde des recettes budgétaires ne va vouloir modifier les structures de production en place.

Dans ces économies paysannes, domine l’agriculture d’exportation. Il y a dans ce type d’économie une expansion des échanges extérieurs durant la colonisation qui est due à l’association de trois éléments :

  • paysanneries indigènes entreprenantes.
  • firmes européennes expatriées spécialisées dans l’écoulement de produits tropicaux sur le marché international.
  • administrations coloniales.

Les gains issus de l’intensification des échanges internationaux se repartiraient de façon assez équitable entre les trois membres de cette association. Autrement dit, le système en place même durant la phase coloniale, permet à la classe paysanne de toucher quelque chose de leur intégration au marché international.

L’essor des exportations agricoles n’est pas le résultat d’une spécialisation de paysans délaissant une culture traditionnelle au profit de nouvelles, il y a une cohabitation entre cultures d’exportation et culture ou production vivrière. C’est une combinaison d’activités existantes avec la production de nouvelles cultures d’exportations.

  • Comment cette combinaison est possible en raison probablement de l‘existence dans les économies précoloniales de réserves de terres et de main d’œuvre sous-utilisée pouvant être mobilisées pleinement à la faveur d’opportunités extérieures et d’incitations monétaires ?

Le fait que l’essor des cultures d’exportation ait lieu sans modifications des agricultures ou sans modifications des techniques, à terme, plus par extension des superficies cultivées que par une pause de rendement ou de la productivité est une limite pour ces activités dites paysannes.

Le cas typique est celui de la Côte d’Ivoire spécialisée dans le café et le cacao, mais est caractérisé par une productivité relativement faible dans les secteurs de l’agriculture d’exportation faisant qu’il n’y a plus de terres. La croissance étant extensive, à un moment donné, on atteint les limites.

Le meilleur moyen de voir ces limites se manifester et lorsqu’il y a des tensions avec une main d’œuvre venant de l’extérieur.

Il faut reconnaître la marge de manœuvre et la prise d’initiative qui, au fond, donne des avantages à ceux qui la prennent, car dans ce type d’économie, l’initiative, les qualifications, l’investissement dans les nouvelles formes de production sont le fait d’acteurs économiques locaux. Ces acteurs économies locaux ne bénéficient pas du soutien technique et financier ni de l’administration coloniale ni des firmes européennes expatriées, ces acteurs économiques locaux seront prompts à répondre aux incitations du marché.

En situation coloniale, la métropole veut que ses possessions d’outre-mer soient du moins intégrées au marché international. Les indigènes sont intégrés dans les branches exportatrices, mais selon des modalités qui ne les coupent pas entièrement de leur milieu socioéconomique ambiant donnant au système colonial ouest-africain une relative ouverture et offrent aux actifs locaux une marge de main-d’œuvre plus grande que dans les autres types d’économies coloniales africaines.

Dans certaines parties du Ghana et du Nigéria, les paysans se détournent de cultures privilégiées par les autorités coloniales qui préconisent, interviennent, incitent, font pression afin que soit cultivé par exemple le café et surtout le coton.

Les autorités coloniales privilégient des cultures coloniales qui n’ont pas l’assentiment d’agriculteurs locaux. Au lieu du café et du coton que prônaient les paysans de certaines parties du Ghana et du Nigéria optant pour le cacao et l’arachide parce que ce sont des cultures d’exportations moins onéreusement temps de travail et plus adapté aux conditions écologiques, les paysans le savent.

Ici apparaît un décalage caractéristique de ce type d’implantation entre incitations administrative et initiative indigène. Il est particulièrement marqué au Ghana qui accède au premier rang de producteur mondial de cacao à la veille de la Première Guerre mondiale, cette accession ne doit rien à l’action des européens qui auraient par exemple mis en place une infrastructure, le colonisateur européen consent à des dépenses d’équipement en mettant en place un réseau ferroviaire, ouvre des routes, investies dans des installations portuaires. En règle générale les dépenses d’infrastructures se font afin de faciliter l’exportation et l’évacuation de produits bruts.

Or, les régions du Ghana qui vont se spécialiser ou développer la culture du cacao ne sont pas avantagées par le colonisateur qui mettrait en place des infrastructures facilitatrice. En revanche, l’essor de l’arachide au Nigéria est étroitement lié à la construction d’un réseau ferroviaire par le pouvoir colonial, mais la performance du Ghana est de se hisser sans bénéficier d’un soutien sur le plan technique, en matière d’infrastructure ni de la part de l’administration publique ni de la part des grandes firmes commerciales européennes qui est de se hisser au rang de premier exportateur mondial de cacao.

Afrique occidentale centrale : bassin congolais entre 1885 et 1910, Afrique équatoriale française, Gabon, Tchad, l’Oubangui Chari, Congo-Brazzaville, certaines zones du Cameroun et de l’Angola[modifier | modifier le wikicode]

Carte de l'Afrique avec les pays de l'Afrique centrale
  •      Pays classés dans cette zone
  •      Pays quelquefois classés dans cette zone
    • Comment peut-on caractériser ces zones en se servant de facteurs que nous avons utilisés pour la première ?

    Les échanges commerciaux internationaux de cette deuxième zone géographique sont, au moment de son annexion, à un niveau très inférieur à celui de l’Afrique occidentale. Son degré d’ouverture est très faible. Il y a des échanges sur le plan international, mais au moment où la colonisation commence, le niveau des échanges internationaux est très inférieur à celui de l’Afrique occidentale.

    Ces territoires sont exploités par des entreprises expatriées chargées par les métropoles de l’exploitation locale dans le cadre du système de concessions qui réserve à ces firmes privées de vastes étendues de terre.

    Dans cette deuxième zone géographique, l’Afrique occidentale centrale, il y a dans un premier temps, ce que l’on appelle des compagnies concessionnaires qui ne sont ni des entreprises créant des plantations de cultures tropicales, ni de firmes soumises à la concurrence dans la commercialisation de denrées produites par la paysannerie coloniale. Ces compagnies concessionnaires reçoivent le monopole du commerce, reçoivent également de l’administration coloniale des droits afin de gérer la colonie, maintenir l’ordre, et ce monopole leur donne toute l’attitude de tirer de l’exploitation des ressources et des populations africaines le maximum de profit le plus rapidement possible avec une mise de fonds initiale minimale.

    Il s’agit d’un régime dirigiste et déprédateur mis en place avec une extrême brutalité dans les territoires cités.

    • Qu’est-ce que les Européens recherchent ?

    Du prélèvement : du bois, de l’ivoire et du caoutchouc, surtout du caoutchouc sauvage. Une fois qu’on a mis la main sur les ressources de bois, d’ivoire et de caoutchouc et qu’on ne les remplace pas, l’économie déprédatrice a une durée de vie très courte causant beaucoup de dégâts.

    Il y a une intervention au niveau de production, il y a mainmise sur de larges superficies de terres, mais, c’est le signe distinctif de ce type d’implantation, les terres ne sont pas distribuées à un colonat blanc, mais à des firmes extractrices pressées de s’enrichir.

    Il s’agit donc d’un régime permettant de dégager rapidement le revenu nécessaire au financement de frais de gestion, d’équipement et de territoires dont on peut dire qu’il s’agit de territoires au peuplement autochtone clairsemé.

    Nous avons affaire à un type d’implantation qui se modifie au cours du temps. Cela se modifie pour la raison essentielle que nous avons à faire à des économies de prélèvement de type déprédateur.

    Afrique méridionale : Mozambique, Namibie, Rhodésie, Katanga[modifier | modifier le wikicode]

    Carte de l'Afrique avec les pays de l'Afrique australe (en vert)
  •      Afrique australe (découpage ONU)
  •      Afrique australe géographique
  •      Communauté de développement d'Afrique australe
  • C’est une série de territoires au voisinage de l’Afrique du Sud. On qualifie ces économies comme étant de type sud-africain. Nous sommes en présence d’économies coloniales qui se trouvent à l’autre extrémité de l’éventail et que l’on peut opposer de manière la plus forte aux économies de type ouest-africain.

    Il y a des compagnies concessionnaires, mais à la différence des zones précédentes, ces compagnies sont actives dans l’implantation minière et l’obtention de terre pour l’implantation d’un colonat blanc.

    On pourrait appeler ces colonies à implantation blanche, c’est un type de colonie laissant un héritage compliqué.

    Les économies de cette partie de l’Afrique coloniale partagent toutes une série de caractéristiques communes déjà présentes en Afrique du Sud servant de modèle de référence, marquées par la présence de grandes firmes capitalistiques parce qu’il faut beaucoup d’investissements afin d’exploiter les mines.

    Ce sont des entreprises bien dotées en capitaux et des entreprises de grande taille. Les activités minières dans lesquelles elles sont engagées en induisent d’autres dans les secteurs de l’industrie et les services. Dans ce type d’économie coloniale, une proportion de la population active est non-attachée à l’agriculture au-dessus de la moyenne européenne, il y un niveau d’industrialisation plus élevé que la moyenne européenne et un taux d’urbanisation au-dessus de la moyenne européenne. Cette situation accroit les possibilités de production commerciale dans l’agriculture vivrière.

    Si des actifs sont en dehors du secteur agricole, s’il y a le développement de l’industrie, si un taux d’urbanisation est au-dessus de la moyenne, il faut nourrir touts ces gens si bien que l’agriculture vivrière de type commerciale va se développer faisant des blancs les fournisseurs attitrés des marchés locaux d’Afrique méridionale en céréales et bétail.

    Il faut considérer l’agriculture permettant de travailler avec l’élément de différenciation qui est qu’en Afrique méridionale il y a une intervention des européens au niveau de la production agricole alors il y a constitution d’un colonat avec la volonté de mettre la main sur une fraction des terres qui sont évidemment les meilleures, et le plus de terres est le mieux.

    Une minorité de la population qui est d’origine européenne va s’adjuger une grande partie des richesses.

    Les colons européens doivent leur succès dans l’agriculture commerciale non pas parce qu’ils sont plus performants que les paysans africains, mais parce qu’ils bénéficient d’un traitement de faveur, les administrations coloniales leur donnent toutes une série d’avantages.

    Sans l’intervention de l’administration coloniale, les agriculteurs coloniaux ne pourraient pas survivre. Les agriculteurs africains sont capables de produire les mêmes biens que les agriculteurs européens, mais à des coûts inférieurs.

    Le colonat va recevoir les meilleures terres. Les européens représentent une fraction minoritaire de la population totale, mais parviennent à mettre la main sur une grande fraction de la superficie cultivée.

    Pour la fin des années 1930, concernant le Zimbabwe, les Européens vers 1938 constituent à peu près 4% de la population, mais à cette date, les Européens se sont approprié la moitié des terres. 4% de la population concentre entre ses mains 86% des meilleures terres. À la même date en Namibie actuelle, 10% de la population est d’origine européenne, cette minorité s’est adjugé 60% des superficies cultivées.

    Les producteurs de cacao au Ghana n’avaient pas bénéficié d’un tel avantage, or dans ce type d’économie les infrastructures sont mises en place afin de faciliter les activités économiques dans lesquels sont engagés les Européens, il y a des facilités de crédit. Un autre élément est la possibilité que s’octroient les Européens de se faire représenter au niveau du processus décisionnel, les Européens sont présents dans les organes législatifs locaux.

    Il y toute une série de mesures contraignantes comme une taxation discriminatoire, un régime foncier restrictif, on contrôle les déplacements en créant des réserves, les autochtones vont effectuer pour le colonat des travaux mal rétribués. Les barrières ainsi dressées entrainent une polarisation de la société empêchant les Africains de tirer avantage de leur intégration au marché. C’est la situation inverse de l’Afrique occidentale.

    Au bout du compte, la caractéristique qu’il convient d’ajouter est que s’il y a croissance, ses fruits sont très inégalement répartis.

    Afrique orientale : Kenya, Tanzanie, Ouganda, Tanganyika[modifier | modifier le wikicode]

    Carte de l'Afrique avec les pays de l'Afrique de l'Est
  •      Pays classés dans cette zone
  •      Pays quelquefois classés dans cette zone
  • L’Afrique orientale regarde vers l’Asie. Si on regarde la composition de la population de ces territoires d’Afrique orientale et qu’on met en regard une présence numérique européenne d’un côté et asiatique de l’autre, ces derniers sont en termes relatifs trois fois plus nombreux, ils sont là avant et pour la plupart ils sont là après.

    Une partie de l’Afrique qui, durant la première phase de domination européenne, manque d’homogénéité. Il y a ici des économies où se côtoient plusieurs types d’implantations : des agriculteurs paysans, un système de plantation et des agriculteurs européens.

    Au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, les Européens produisent, du café et du caoutchouc, et sur les hauts plateaux du Kenya, les Européens s’engagent dans des agricultures de type tempérées. Au Kenya comme en Afrique méridionale, le succès des Européens dépend du soutien de l’administration coloniale qui facilite l’accès à la terre, fournit un réseau de transport et utilise la contrainte pour les approvisionner en main d’œuvre indigène bon marché.

    Dans la première phase de la période coloniale se manque d’homogénéité est un peu gênant, car les européens sont en termes relatifs moins nombreux. En 1938, les Européens représentent 1% de la population. Ils sont trop peu nombreux par rapport à l’Afrique méridionale afin de dominer la situation, l’agriculture vivrière, commerciale ou d’exportation.

    Les activités productrices des Européens sont trop limitées afin de permettre au budget colonial d’engranger des recettes suffisantes.

    En Afrique occidentale il y a une agriculture organisée qui génère des gains pour les firmes qui produisent et génèrent pour l’administration coloniale des recettes budgétaires parce que le budget colonial repose en grande partie sur les taxes à l’exploration.

    L’administration coloniale en Afrique orientale va encourager à partir d’un certain moment, à partir du moment où l’administration se rend compte que les seules activités économiques où sont engagés les Européens sont incapables de générer suffisamment de recettes budgétaires, les Européens à développer des cultures de rente. En Afrique orientale, il y a la différence de ce qui se passe en Afrique occidentale, les agriculteurs cultivent le coton en Ouganda et le café au Tanganyika, ces premières initiatives reviennent à l’administration coloniale qui prend l’initiative de développer de telles cultures qui restent au niveau de la production en mains africaines. Les chefs locaux armés sur le terrain relaient l’action et l’initiative de l’administration coloniale.

    Le rôle des commerçants indiens dans l’essor de cultures d’exportations, en 1938 il y a au Kenya trois fois plus d’Indiens que d’Européens.

    Il faut introduire une dimension chronologique à savoir quels types d’économies se transforment et quelles sont celles qui n’évoluent guère : les économies qui se transforment après la Première Guerre mondiale, là où il y a transformation est dans la seconde phase de la colonisation européenne, des changements ont lieu en Afrique occidentale centrale et en Afrique orientale.

    En Afrique occidentale centrale et tout particulièrement au Congo belge, le système déprédateur de la concession fait place, une fois les ressources naturelles pillées, à un régime plus durable caractérisé par une hausse des investissements étrangers dans les mines et dans les plantations.

    En Afrique orientale, il y avait un équilibre fragile entre une agriculture capitaliste européenne et une agriculture paysanne africaine. Selon les cas, cela va tourner à l’avantage de l’un ou de l’autre modèle de production.

    Les Européens l’emportent au Kenya, en revanche, les Africains vont dominer la situation en Ouganda. L’Ouganda deviendra une économie paysanne de type ouest-africain alors que le Kenya ressemblera au type sud-africain.

    Pour le Kenya, l’évolution va vers une colonie d’implantation blanche laissant un héritage difficile. Après la Première Guerre mondiale, le Kenya rejoint la catégorie des économies sud-africaine, une minorité d’Européens s’empare des meilleures terres. Cette minorité européenne parvient à obtenir après la Première Guerre mondiale une représentation dans le corps législatif lui permettant de promouvoir ses activités agricoles en limitant celle des Africains.

    Ce qui fait le Kenya va non seulement pouvoir se rapporter, mais aussi être classé dans les économies de type sud-africain est que des mesures coercitives sont prises à l’encontre des autochtones.

    L’Ouganda va rejoindre l’autre catégorie à savoir les économies de type ouest-africain, la production dite paysanne l’emporte nettement sur les activités d’un colonat blanc qui peine à s’imposer.

    Le Tanganyika se trouve à mi-chemin. Le colon européen ne parvient pas à influer sur la politique économique, le Tanganyika est administré par une puissance tutélaire.

    Au Kenya, les Européens parviennent à convaincre l’administration européenne d’interdire l’accès des Africains à cette branche lucrative, en revanche, au Tanganyika, les Européens ne parviennent pas à se réserver cette culture d’exportation.

    Durant la seconde moitié de la période coloniale, les économies africaines peuvent être rangées dans deux grands types principaux :

    • économie paysanne qui domine en Afrique occidentale et dans une large partie de l’Afrique orientale avec l’Ouganda par exemple.
    • économie de type sud-africain qui s’impose en Afrique méridionale et centrale avec une extension en Afrique orientale et c’est le cas du Kenya.

    Si on efface, ou laisse de côté ces défauts, on peut garder ce qui constitue son principal avantage qui est de faire apparaître deux grands types d’économies au moment de la colonisation.

    Types d’implantation coloniale et capacités de développement[modifier | modifier le wikicode]

    On a imaginé cette typologie dans un but précis qui est d’essayer de comprendre pourquoi l’héritage de la colonisation n’est pas le même partout. On en prend conscience c’est-à-dire du fait qu’il n’est pas le même partout parce qu’après les indépendances on enregistre des performances divergentes, des performances de territoires qui ont partagé un même passé, qui ont connu également la colonisation.

    C’est l’impact de la colonisation qui est évalué. Il serait beaucoup plus limité dans les économies paysannes de type ouest-africain que de celles relevant du modèle sud-africain. Le système colonial mis en place dans le premier type d’économie est moins coercitif, l’emprise des Européens y est plus faible, sa relative ouverture permet l’apparition, du moins dans les territoires les plus fertiles d’une classe, moyenne africaine embryonnaire.

    Dans les économies et les sociétés de type ouest-africain, la décolonisation est plus précoce, elle se déroule plus par négociation alors que dans les économies et les sociétés de type sud-africain, les émancipations sont tardives, le résultat le plus souvent d’affrontements armés, l’indépendance s’effectue dans la violence.

    Cette typologie nous permet d’avance sur le terrain miné de faire un bilan coût – bénéfice, alors que pourrait-on dire ? Le premier type d’économie, c’est-à-dire les économies paysannes de type ouest-africain, les bénéfices pour les Africains pourraient dépasser les coûts supportés. En revanche, il est très peu probable que l’on puisse en dire autant pour les économies de type sud-africain.

    Cette typologie a une valeur précoloniale et postcoloniale. Pour la période précoloniale les différences de structures ne peuvent se comprendre dans le cadre d’une intégration plus ou moins forte au marché mondial d’une grande partie de l’Afrique d’avant le colonisateur et puis pour la période postcoloniale révèle que la diversité est les inégaux succès d’après les indépendances ne sont guères étonnant pour qui tient compte de cette typologie.

    Une étude révèle que la capacité de ces pays à combattre la pauvreté varie en fonction du type d’implantation coloniale qu’ils ont connu. Les pays étudiés sont classés dans deux groupes : le premier réuni d’anciennes colonies à implantation blanche à savoir Afrique du Sud, Zimbabwe Kenya, et les colonies de type paysanne au Kenya et en Ouganda.

    Le premier type laisse un héritage pour le moins problématique, des investissements réduits dans le capital humain, une faible capacité de négociation sur le marché du travail, blocage du salaire réel pour les niveaux de subsistance et pour tous ces points, le Ghana et l’Ouganda font meilleure figure.

    La politique coloniale d’investissement dans les infrastructures de base joue un rôle déterminant dans la distribution des richesses. Si cette politique est plus inégalitaire en Afrique du Sud, au Zimbabwe les infrastructures de base sont là pour servir les activités de la minorité blanche alors qu’au Kenya et en Ouganda ils soutiennent la production de la paysannerie autochtone.

    Les auteurs de cette étude choisissent comme indicateur de la pauvreté le taux de mortalité. Il apparaît que la mortalité diminue plus tôt en Ouganda et au Kenya qu’au Zimbabwe et en Afrique du Sud, la mortalité advient relativement tôt dans les colonies où le paysan africain possède ses terres. En Afrique occidentale, il n’y a pas de colonat européen, mais celui-ci est présent en Afrique orientale et centrale. En Afrique occidentale, il y a une capacité à rebondir, cet intermède du commerce légitime renforce le lien de l’Afrique occidentale avec l’Europe à travers l’exportation de denrées tropicales dans les villes marchandes, ouvertes au grand large.

    Le tableau n’est pas le même ailleurs en Afrique orientale, centrale et méridionale, de plus dans ces régions de l’Afrique, il y a la présence d’un colonat blanc exclusif qui dépouille la population de son pouvoir politique et économique, aussi les outils favorisant l’éducation et la circulation de l’information apparaissent beaucoup plus tardivement qu’en Afrique occidentale et en Inde.

    Ce qui est intéressant de retenir est que ces différences ressurgissent après l’indépendance. Les Africains de l’est, du centre et du sud éprouvent plus de difficultés que ceux de l’ouest à s’approprier les rouages de l’État postcolonial et à maitriser les institutions économiques. Autrement dit, les colonies à implantation blanche constituent un type d’implantation qui à terme entrave plus qu’il ne favorise le développement.

    Annexes[modifier | modifier le wikicode]

    Références[modifier | modifier le wikicode]