Introduction au cours d'histoire transnationale

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L’histoire transnationale est une innovation par rapport à l’histoire interétatique dite classique (fortement axée autour de l’État-nation et des « grandes figures ») ainsi qu’à l’histoire sociale (se focalisant sur la lutte des classes, toujours dans le cadre de l’Etat-nation). En réponse, l’histoire transnationale traite à la fois de phénomènes sociaux et politiques qui transcendent les frontières.

La transnationalité est une notion qui définit les actions et les phénomènes qui dépassent le cadre d’une nation ou plus généralement les frontières d’un Etat. Cette notion est intrinsèquement liée au phénomène de la mondialisation.

Il s’agit d’un paradigme nouveau, qui est pourtant l’héritier de l’ancienne tradition internationaliste, à savoir l’idée que la coopération et la cohésion entre nations seraient préférables au nationalisme et au soi-disant réalisme, les intérêts mutuels à long terme étant supérieurs aux intérêts individuels, ou relatifs, à court terme. Bien que cette tradition a grandement favorisé l’émergence de réseaux, de pratiques, d’organisations et d’institutions transnationales, le transnationalisme est à distinguer de l’internationalisme ainsi que du supranationalisme, qui sont largement focalisés et dirigés par les Etats, et non la société civile.

La société civile est le domaine de la vie sociale civile organisée qui est volontaire, largement autosuffisante et autonome de l'État. Il s’agit de l'auto organisation de la société (en dehors du cadre étatique ou du cadre commercial) par des individus et des associations volontaristes liés par un lien de solidarité et de conscience commune. La société civile renvoie au concept de corps social constitué de citoyens jouissant de libertés et de droits fondamentaux inaliénables par opposition aux sujets de monarques.

On peut définir les organisations non-gouvernementales comme des associations privées qui se distinguent des institutions publiques par le fait qu’elles sont indépendantes des Etats et sont gérées par la société civile, mais aussi des entreprises et des autres associations par le fait qu’elles sont non lucratives et poursuivent non pas des intérêts particuliers mais l’intérêt général. Les ONG sont des membres de la société civile par excellence et forment le véhicule du transnationalisme. Celles-ci apparaissent réellement dans l’Europe des Lumières et prennent leur source dans l’idée libérale de la liberté d’association. On distingue notamment les ONG locales des ONG transnationales.

Les ONG transnationales prennent leur essor avec la montée en force du libéralisme des Lumières. Elles ont été catalysées par le processus de globalisation qui, par le biais du développement des voies de communication et la facilitation des échanges a permis la genèse d’un espace publique international et la libre circulation des idées.

Dès lors, il y a au sein de la société civile occidentale alors en germe une prise de conscience d’un vaste éventail de problèmes qui transcendent les frontières et contre lesquels les Etats restent passifs, soit par manque d’intérêt soit par incapacité de faire face seuls à des défis transnationaux. On assiste alors à une défrontalisation (entgrenzung) de la solidarité.

Parmi les racines internationalistes qui ont alimenté l’émergence des ONG, on compte les mouvements des quakers, des cosmopolites, des abolitionnistes et des pacifistes, des internationalistes socialistes et communistes, des humanitaristes, ainsi que des mouvements intellectuels tels que le fonctionnalisme, le pan-européanisme, l’œcuménisme et les mouvements pour le développement et les droits de l’homme.

Si l’Eglise est souvent écartée comme première ONG pour son manque d’organisation démocratique et sa relation trop étroite avec la puissance publique, les groupes religieux ont largement dominé les premières ONG, dirigés par l’esprit profondément caritatif, empathique et solidaire de l’idéologie chrétienne.

Au fur et à mesure que cette prise de conscience progresse, alimentée par l’avancée de la globalisation et du cosmopolitisme, le nombre et l’importance des ONG vont croître exponentiellement : on en compte 30 à l’aube de la Première Guerre mondiale, 200 à la veille de la Deuxième guerre mondiale et plus de 2'000 pendant les années 1970’s. Aujourd’hui, il y a plus de 5'000 ONG dans le monde (dont 3'051 ont le statut consultatif auprès de l’ECOSOC) : leurs activités touchent toutes les sphères et toutes les régions du monde.

« Le cours et le séminaire lié au cours s’intéressent à l'histoire des « nouveaux acteurs transnationaux » en relations internationales au 19e et 20e siècles et leur rôle dans l’ordre mondial. Nous rencontrons ces nouveaux acteurs sous des formes diverses : des mouvements sociaux, des réseaux transnationaux et des organisations non gouvernementales [ONG].

Leurs origines intellectuelles et leurs vocations varient. On peut distinguer l’internationalisme religieux, les mouvements humanitaires, le pacifisme, les organisations pour la protection de l’environnement et l’habitât, le mouvement pour les droits de l’homme, le tiers-mondisme, et autres encore. Leurs points communs sont leur forme d’organisation : transnationale ; la portée de leur buts : aussi transnationale ; et leur forme de coopération qui se base sur la société civile, et non pas sur des gouvernements. Voilà pourquoi on peut comprendre une grande partie de ces acteurs comme des manifestations de la naissance d’une société mondiale.

L’objectif du cours est de saisir les origines de ces mouvements, réseaux et ONG dans le contexte de l’époque dans laquelle ils surgissent, de comprendre leurs motivations, les problèmes qu’ils adressent, l’évolution de leur moyens d’action et, finalement, leur impact éventuel sur une société mondiale organisée en Etats. Nous analysons donc l’évolution de leurs objectifs, leurs modes d’organisation et leurs modes d’action ainsi que les changements du cadre historique dans lequel ces acteurs s’expriment. »

Références[modifier | modifier le wikicode]

Notes[modifier | modifier le wikicode]