Introduction : Présentation du cours

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L’histoire est la préhistoire du présent. Les révolutions de 1848 donnent par exemple des éléments pour comprendre les révolutions du printemps arabe.

Sur les deux derniers siècles, il y a quatre étapes qui permettent de prendre conscience des grandes mutations géopolitiques comme des mutations de frontières et la naissance d’États-Nations au milieu de cette Europe déjà complète.

Ensuite, nous allons montrer avec quels thèmes et conceptions analyse-t-on ces périodes et concepts dans l’histoire.

Nous commençons dans un temps où la grande majorité des personnes n’avaient ni de passeport ni de pièce d’identité ne savant pas nécessairement ce qu’était une nationalité, mais savaient ce qu’ils étaient : le sujet d’un prince, d’un monarque ou vivant dans une république comme à Genève.

La période étudiée est une période où ces notions émergent. L’État-Nation n’est pas un concept répandu au contraire des empires, mais ces autres termes sont souvent des termes de militance politique. Les petits peuples qui veulent l’indépendance utilisent et redéfinissent les notions de nationalité, nation, peuple, autonomie, autodétermination.

En histoire, nous avons toujours à faire aux propos des contemporains que nous trouvons dans nos sources et nous avons un langage de science-politique qui utilise parfois ces mêmes mots dans un sens analytique ce qui peut être gênant.

Il faut voir très concrètement comment les mots changent dans le temps et comment nous pouvons les observer. Les grands mots sont des indicateurs pour les changements idéologiques sociaux et politiques. Les changements des mots sont une sorte de drapeau, c’est pourquoi nous devons faire attention aux termes, aux grandes idées et aux mouvements philosophiques qui distinguent l’Europe encore aujourd’hui.

Le façonnage de l’Europe de 1815 à aujourd’hui[modifier | modifier le wikicode]

Le façonnage de l’Europe de 1815 à aujourd’hui-1.png

Cette carte est une carte simplifiée de l’Europe après le Congrès de Vienne de 1815 qui a distribué de nouveau ce qui est resté après la Révolution française, mais surtout les grandes guerres d’agression de Napoléon. On a redistribué sans changer beaucoup, mais surtout en misant sur l’équilibre des grandes puissances.

Un siècle plus tard après la Première guerre mondiale, après un autre grand congrès qui est le traité de Versailles, mais aussi les traités annexes du Trianon, le territoire européen a de nouveau changé.

L’empire du Tsar soit la Russie où beaucoup de peuples sont inclus est un empire multiple, multipeuples et multiconfessionnels. La religion de l’État est l’orthodoxie, mais il y a aussi des catholiques, des protestants et des musulmans en Asie.

L’autre grand empire est l’Empire ottoman qui s’étend tout à l’est de la méditerranée. Ce ne sont pas des empires coloniaux, mais des empires continentaux qui s’étendent dans l’espace. Ce sont des empires européens.

Nous avons les embryons des empires ultérieurs au sein de l’Empire ottoman, mais qui ne sont quand même pas représentatifs de leurs frontières.

Tous les Balkans et la Grèce sont sous tutelle ottomane qui devient un des grands sujets du XIXème siècle.

L’Allemagne est fragmentée. Avant la Révolution française, il y avait le Saint Empire Germanique qui n’était pas un État, mais une sorte de confédération floue, certes, il y avait un empereur, mais cela reste un paradoxe. Il y a dans cette fragmentation 35 unités politiques indépendantes qui sont des villes, petites principautés, des grandes monarchies comme la Prusse, mais ce n’est pas l’Allemagne.

L’empire des Habsbourg regroupe plusieurs territoires germaniques, slaves et d’Europe de l’Est. C’est quelque chose d’important, car cela dure pendant tout le XIXème siècle jusque 1914.

Toutefois, il y a des mutations avec la carte de 1923. Ce qui est important, le XIXème siècle qu’on appelle « le siècle des nationalismes », est géopolitiquement dominé par les empires, les relations internationales sont des relations largement impériales.

Le Royaume-Uni regroupe plusieurs nations, ce n’est pas une nation unifiée avec plusieurs langues, plusieurs régions. Londres et le Royaume-Uni est dans un certain sens pas encore un empire continental, mais se trouve dans le jeu des puissances européennes soit Vienne, Berlin, Paris et Istanbul ainsi que Saint Petersburg. Il y a un jeu des grandes puissances impériales ce qui est important pour comprendre la relation entre ces puissances.

Les gouvernements et les élites de ces pays doivent toujours penser qu’ils ne sont pas homogènes, car il y a plusieurs intérêts qu’ils doivent défendre et c’est pourquoi les mutations impliquent toujours l’engagement de ces grandes puissances qui doivent distribuer leurs zones d’influences.

Pour un analyste il est important de dire que l’époque de 1815 est non pas l’Europe des États-Nation mais l’Europe des empires.

La France est une exception qui a inventé l’idée d’un peuple souverain qui s’élève en nation. C’est ici qu’émerge l’idée d’État et de Nation.

L’Espagne est considérée comme une ancienne monarchie qui à l’air d’un État plus stable et inchangé que par exemple que les unités politiques d’Allemagne. Toutefois, cela est unemonarchie avec beaucoup d’intérêts extérieurs.

La Prusse est clairement une monarchie, c’est un État hautement organisé au niveau militaire, de la fiscalisation, des infrastructures armées avec un fort appareil administratif maisce n’est pas une nation, la Prusse ne s’est jamais appelée nation.

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Beaucoup de ces unités ont des États et des appareils étatiques qui ne sont pas liés forcément à la notion de nation.

L’Union soviétique a surgie de la révolution, cela reste un empire multiethnique qui couvre sensiblement le même territoire que l’empire du tsar. Cette structure n’est pas devenue nation.

L’Italie est devenue un État et une nation après le risorgimento.

L’Allemagne forme le Reich, l’Empire allemand qui s’est constitué comme nation à travers la guerre de 1871.

La Pologne a surgi comme État à partir de l’empire des Habsbourg, de l’empire Russe et Autrichien. À ce moment, il y avait les débuts d’une identité polonaise. II faut la Première Guerre et la redistribution des frontières et territoires par le congrès de Versailles afin de créer une véritable entité politique qui a une identité et un État.

De nombreux autres pays apparaissent comme les grecques qui s’affranchissent de la tutelle ottomane.

L’ordre des empires et des anciennes monarchies du congrès de Vienne va percer par des mouvements d’indépendance.

En 1820 se créée la Belgique, État assez improbable mi-hollandais et mi français avec pour capitale Bruxelles qui est bilingue et sans tradition d’étatisation depuis le moyen-âge. C’est une nouvelle entité qui se créée contre les Pays-Bas et contre la France.

En d’autres points d’Europe des mouvements d’indépendances nationale ont lieu, mais ne marchent pas forcément. Il y a une révolte généralisée contre l’ordre restauré des grandes puissances impériales et monarchiques du congrès de Vienne.

Cette grande révolte et matée, mais le germe du nationalisme est dès lors implanté menant à l’unification de l’Italie et de l’Allemagne.

Les polonais dans la mouvance de l’Allemagne et de l’Italie s’affirment, mais se confrontent au allemands, aux russes et autrichiens.

Cela est vrai pour d’autres comme pour les pays baltes qui revoient une très courte période d’indépendance après la Première guerre mondiale avant d’être de nouveau avalés par l’Union soviétique.

Tous les Balkans sont libérés de la tutelle ottomane, il y a une Turquie tandis que l’empire des Habsbourg est détruit. Beaucoup de choses se passent, mais il faut un siècle et une guerre mondiale largement européenne afin de transformer l’Europe des empires dans une Europe plus ou moins des États-Nations.

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Ce sont les alliés qui génèrent l’ordre d’après guerre en Europe et dans le monde. 1946 est un moment intermédiaire, l’Allemagne est occupée en quatre zones par les alliés. L’Allemagne devient indépendante en 1949, mais divisée entre est et ouest.

Ainsi, il y a destruction de l’État-Nation allemand victime du règlement d’après guerre par sa faute. L’Union soviétique grâce à sa victoire contre Hitler peut avaler des territoires limitrophes.

Les frontières sont des objets de négociations et de rapports de forces, il n’y a pas de frontières naturelles. La Pologne est par exemple poussée 200 kilomètres vers l’ouest. Ainsi l’Union soviétique prend la Pologne de l’est pour la déplacer sur le territoire de l’Allemagne de jadis.

Dans l’est de la méditerranée on fait des délocalisations de populations, des exiles forcés de millions de personnes pour arriver en 1949 – 1950 à une Europe qui est vraiment constituée d’États-Nations avec un peuple, une langue et des traditions nationales qui coïncident plus ou moins.

Cela marche en Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie et Hongrie qui ont sur leur territoire une très grande majorité de leurs peuples. Dans un certains cas il y a des épurations ethniques permettant d’arriver à une Europe des nations. Il faut plus d’un siècle et demi et deux guerres mondiales ainsi que d’énormes violences contre les victimes pour transformer l’Europe multiethniques, multilingues, multireligieuses en une Europe d’États-Nations ce qui permet de comprendre le nationalisme comme une forme sociale et politique.

C’est la préhistoire du présent, car la grande URSS a une grande influence, l’organisation politique est beaucoup plus proche des grands empires du XIXème siècle que des États-Nations.

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La destruction de l’empire soviétique a lieu en 1991, tandis qu’a lieu en 1989 la réunification de l’Allemagne, l’indépendance politique des pays baltes, la séparation de la République Tchèque et de la Slovaquie qui fut un jumelage de nationalités qui n’a pas marché tandis que de nouveaux États qui n’ont jamais été indépendant comme l’Ukraine et le Belarus naissent.

Dans les années 1990 eurent lieu les guerres civiles en ex-Yougoslavie menant à la création d’une série de petits États qui étaient avant des provinces indépendantes de l’État socialiste yougoslave. À ce moment, l’OTAN est intervenu qui marque l’entrée dans le vocabulaire la notion « d’épuration ethnique ».

La nationalisation de l’Europe à travers des violences pour arriver à l‘idéal de coïncidences entre territoires, États, peuples et unités nationales n’est pas quelque chose de naturel.

Dans ces quatre cartes, on peut observer au début la préhistoire de notre partition politique avec des mémoires et des traumatismes notamment pour les petits pays. Ces mémoires sont des facteurs politiques.

Concept et débats – les mots pour le dire[modifier | modifier le wikicode]

  • Nationalismes et décolonisation (années 1950 – 1970)
  • Empire
  • Nation
  • Nationalité correspond au statut formel d’être citoyen d’un État. La nationalité dans la compréhension du XIXème siècle était une vision ethnique, identitaire par exemple dans des pays composites comme la Tchéquie et la Slovaquie. La République Yougoslave de Tito avaient gardée les dénominations nationales des groupes croates, serbes, etc. À l’intérieur de cette république Tito a pacifié les rapports nationaux sous tutelle serbe au sein d’un État, les yougoslaves ont pendant 50 ans gardés une identification liée à leur lieu de naissance.

Pour comprendre les réactions émotionnelles des personnes et pas seulement, il y a des lieux ou des endroits où les États changeaient en quelques décennies, par exemple Trieste a connue sept changements, les gens ne savaient plus d’où ils venaient.

L’appartenance a un État et la définition de nationalité n’est pas la même chose. Pour certains c’est une question neutre et pour d’autres c’est une question d’identité. Ainsi l’utilisation des temps peut avoir une différence de signification.

  • État-Nation : cette jubilation des deux termes et une élaboration des sciences-sociales quand on a la coïncidence de ces deux systèmes.
  • Peuple – Race – Ethnie : le nationalisme peut être progressif de gauche libérale, mais à la fin du XIXème siècle le nationalisme devient de plus en plus de droite xénophobe. Au XIXème siècle il y a de nombreux progressistes qui revendiquent leur autonomie nationale contre des puissances autocratiques et monarchiques impériales. Les idées progressistes peuvent se lier à l’idée d’indépendance nationale.

C’est un problème qui n’est pas seulement européen, c’est la définition de la nation selon une définition « raciste », de peuple « génétique ».

Cela va nous mener à une compréhension historique qui va nous permettre d’introduire des notions analytiques pour décrire ce qui se passe là.

Évolution des conceptions de la nation au XVIIIème et XIXème siècle[modifier | modifier le wikicode]

La conception libérale ou civique[modifier | modifier le wikicode]

Le peuple souverain se déclare en tant que nation est l’acte révolutionnaire. En France au moment de la révolution 5 à 6% des français parlaient français. La politique de la langue était une politique afin de créer à l’intérieur une société conforme à l’idée d’une nation, une et indivisible.

Rousseau a déjà défini les principes « tout homme étant né libre et maître de lui-même, nul ne peut, sous quelque prétexte que ce puisse être, l'assujettir sans son aveu ». Les individus ont le droit individuellement et collectivement de terminer leur destin.


Après La Commune, la France se définie elle-même, Ernest Renan dans sa conférence qu’est ce qu’une nation prononcé à la Sorbonne en 1882 souligne que la nation est une entité collective consciente et volontaire qui résulte du désir et de la volonté de vivre ensemble. Les composantes du peuple ne vient pas accidentellement entre eux par la volonté d’un souverain : la nation est un « plébiscite de tous les jours ».

Dans un certain sens, nous devons voter quotidiennement afin de décider d’être avec les autres. Les individus peuvent se déterminer, il faut une appartenance mentale à une communauté du peuple, il faut une histoire commune et une idée commune du passé qui unisse et non pas divise afin de justifier d’être ensemble, mais aussi avoir des projets communs pour le futur.

Dans la définition française de la nation il y a toujours un élément de décision : le plébiscite est une métaphore, mais les votations sur l’appartenance ont créées des tensions fantastiques, car les populations ne vouaient pas se décider.

Ce n’est pas le droit naturel qui décide, mais la décision provient d’une décision civique qu’on appelle aussi une décision élective, cela a des conséquences même sur la vie individuelle.

Aujourd’hui, les problèmes de la naturalisation des étrangers pour entrer dans la communauté nationale sont sujets à débat.

La nation élective penche vers le principe que quelqu’un qui est sur le territoire national peut devenir citoyen. Toutefois, la perception élective n’est pas que française

Les conceptions culturelles et ethniques[modifier | modifier le wikicode]

Cette définition est dangereuse parce qu’elle est réductive, par exemple on est allemand parce que ce sont des allemands et ils parlent ensemble allemands.

L’Allemagne développe une idéologie déjà au XVIIIème siècle qui est une conception parfaitement en phase avec la situation qui les représentait. Sans État et nation commune, on se retourne alors sur des bases culturelles et linguistiques. La suisse-alémanique faisait parfaitement partie du territoire de la germanité.

L’idée culturelle est problématique, car elle n’a pas de limites et peut s’étendre là où il y a des personnes qui parlent allemand.

À la fin du XIXème siècle, d’autres États se définissent sur l’appartenance à une ethnie, mais parfois sur la base de la langue ou d’une religion commune.

Par exemple, les grecs avaient pour projet la grande Grèce, les turques et les autres voisins méditerranéens n’ont pas apprécié. Ce sont des mouvements « pan » englobant de grandes cultures. C’est un type de nationalisme agressif. Il faut comprendre la base, le moteur élémentaire.

Quand on ne pense pas les limites de la nation, on pense la nation comme quelque chose qui bouge et qui est sur le territoire de plusieurs États peut être perçu comme très agressif.

Herder fonda l’étude moderne des langues, il s’intéresse à la base linguistique de l’identité allemande, il élabore la conception du Volksgeist soit en français de l’esprit du peuple.

Dans l’esprit du peuple, il y a quelque chose dans la langue qui exprime une identité collective.

Les frères Grimm ont développé la grammaire allemande et entamé un dictionnaire de la langue allemande qui n’est toujours pas terminé.

L’étude de la langue peut être l’histoire littéraire, la grammaire, le souci de créer une sorte de langue écrite là où il y a seulement des langues populaires. Beaucoup de nationalismes ont commencé avec la littérature.

Anne-Marie Thiesse a comparé des mouvements en Europe en montrant que, par exemple en Serbie, les premiers nationalistes ont créé de toute pièce une langue nationale afin de créer du nationalisme.

Dans la réalité politique et guerrière du XIXème siècle, ce sont des conceptions d’une nation libérale et d’une nation innée.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]