Introduction à la politique suisse

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Les élections fédérales ont eu lieu le 19 octobre 2015 avec l’élection du Conseil fédéral et du Conseil des États. Ces élections se sont prolongées dans certains cantons avec un deuxième tour pour le Conseil des États comme à Genève ou dans le canton de Vaud. Aujourd'hui (novembre 2015), elles se poursuivent encore dans quelques cantons alémaniques pour le Conseil des États et se termineront fin décembre 2015 pour l’élection du Conseil fédéral.

Nous allons utiliser cet évènement concret pour voir ce que la science politique peut nous dire sur ce cas. D’une part, en partant de la perspective de la politique suisse, en quoi est-ce que le contexte des élections a une influence sur les élections? En d’autres termes, en quoi est-ce que le contexte institutionnel, le contexte politique influence le comportement des électeurs et électrices, les stratégies des parties politiques et peut-être aussi l’issue des élections ?

Le contexte institutionnel permet de donner un aperçu très introductif des principales institutions du système politique suisse. Nous allons aborder le système de gouvernement, de la démocratie directe, du fédéralisme et du système électoral et essayer de montrer en quoi ces institutions fondamentales de la Suisse influencent les élections fédérales. C’est dans ce contexte que les partis politiques agissent et que les électeurs et électrices se comportent, votent et forment leurs opinions. Nous allons voir en quoi ce contexte prédétermine en quelque sorte le choix des électeurs et électrices. Nous parlerons aussi du contexte politique des élections, à savoir la structure des clivages et le système de partis au niveau national et dans les cantons ainsi que les différences existantes d’un canton à l’autre.

Évaluation des forces en présence[modifier | modifier le wikicode]

Force des partis au Conseil national (% des suffrages).

Le graphique montre l’évolution de la force électorale des principaux partis politiques suisses de 1947 à 2015. Les données montrent le pourcentage de vote obtenu pour chacun des partis lors de l’élection au Conseil national.

Le Conseil national en Suisse est l'une des deux chambres de l'Assemblée fédérale, l'autre étant le Conseil des États. Avec 200 sièges, le Conseil national est la plus grande chambre et est généralement considéré comme la plus représentative des forces politiques du pays. Les élections pour le Conseil national sont basées sur un système de représentation proportionnelle, ce qui signifie que le nombre de sièges qu'un parti obtient est proportionnel au nombre de votes qu'il reçoit.

Monté en puissance de l'UDC[modifier | modifier le wikicode]

L'Union Démocratique du Centre (UDC), connue également sous le nom de Schweizerische Volkspartei (SVP) en allemand, est un parti politique de droite, connu pour ses positions conservatrices, notamment sur des questions telles que l'immigration, l'intégration européenne et la fiscalité. Au cours des deux dernières décennies, l'UDC a connu une montée spectaculaire en Suisse, devenant le parti avec le plus grand nombre de sièges au Conseil national. Cette montée peut être attribuée à plusieurs facteurs.

L'UDC est largement connue pour ses positions sur des questions telles que l'immigration et la souveraineté nationale. Elle a souvent plaidé pour des restrictions plus strictes sur l'immigration et s'est opposée à une plus grande intégration de la Suisse dans des organisations internationales comme l'Union européenne. Le parti met également l'accent sur la défense de ce qu'il perçoit comme des valeurs suisses traditionnelles. Le nom allemand du parti, "Schweizerische Volkspartei", qui se traduit par "Parti du peuple suisse", reflète son positionnement en tant que parti qui prétend représenter les intérêts du "peuple" suisse.

L'histoire de l'Union Démocratique du Centre (UDC), un parti politique suisse, est un cas d'étude fascinant de transformation politique. Dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, l'UDC était un parti mineur, recueillant seulement entre 10 et 12% des voix. Cependant, à partir de 1995, le parti a commencé une ascension fulgurante, atteignant un sommet en 2005. Cette transformation est le résultat de plusieurs facteurs clés. Premièrement, l'UDC a subi des changements significatifs en termes de leadership et de stratégie au cours des années 1990. Des figures comme Christoph Blocher ont remodelé le message du parti autour de valeurs conservatrices et nationalistes, avec une stratégie de communication agressive qui a donné une nouvelle vigueur à l'UDC. Deuxièmement, l'UDC a capitalisé sur les problématiques d'immigration et d'intégration européenne, suscitant un soutien considérable au sein d'une population de plus en plus préoccupée par la globalisation et la souveraineté nationale. Enfin, l'ascension de l'UDC peut être envisagée dans le cadre d'une polarisation politique croissante en Suisse et au-delà, illustrant comment les dynamiques politiques peuvent se transformer radicalement en réponse aux changements de leadership, aux enjeux politiques et aux tensions sociales.

L'Union Démocratique du Centre (UDC) a réalisé un exploit significatif lors des élections de 2015 en Suisse, frôlant la barre des 30% des voix. C'est une réalisation considérable dans le contexte politique suisse, d'autant plus que depuis l'introduction du système de suffrage proportionnel en 1919, aucun parti n'avait réussi à dépasser ce seuil. L'usage du terme "mythique" pour décrire cette barre des 30% met en évidence sa signification : c'est une marque de dominance politique rarement atteinte dans le paysage politique diversifié et multipartite de la Suisse. Le fait que l'UDC se soit approchée de cette barre montre son influence considérable et le soutien important qu'elle a réussi à obtenir parmi l'électorat suisse. La proximité de l'UDC avec ce seuil lors des élections de 2015 indique l'efficacité de sa stratégie politique, axée sur des questions d'immigration, de souveraineté et de conservatisme. Cela illustre également l'impact potentiel de la polarisation politique et des préoccupations socio-économiques sur les résultats électoraux.

Période de stabilité jusqu'en 1990[modifier | modifier le wikicode]

La politique suisse est connue pour sa stabilité, caractérisée par un système de partis plutôt constant jusqu'aux années 1990. Bien que certaines variations pouvaient être observées d'une élection à l'autre, la répartition des voix entre les principaux partis restait généralement assez stable. Le Parti socialiste suisse (en rose), le Parti libéral-radical (en bleu) et le Parti démocrate-chrétien (en orange) étaient des acteurs politiques majeurs et leurs positions dans l'échiquier politique étaient bien établies. Ce paysage politique relativement immuable est une caractéristique de la Suisse, un pays connu pour sa stabilité politique et économique. Cependant, l'émergence de l'Union Démocratique du Centre (UDC) dans les années 1990 et sa croissance rapide ont modifié cette image de stabilité. La montée de l'UDC a entraîné une certaine perturbation dans le système de partis traditionnel, reflétant l'évolution des préoccupations et des valeurs des électeurs suisses. La transformation du paysage politique suisse au cours de cette période offre un exemple intéressant des dynamiques changeantes de la politique multipartite et de l'influence des partis politiques sur la formation des politiques et des gouvernements.

La montée en puissance de l'Union Démocratique du Centre (UDC) dans les années 1990 et 2000 a profondément bouleversé le paysage politique suisse. Auparavant caractérisé par une grande stabilité entre les principaux partis - le Parti socialiste, le Parti libéral-radical et le Parti démocrate-chrétien - le système de partis suisse est devenu plus dynamique et moins prévisible avec l'émergence de l'UDC en tant que force politique dominante. Cette transition vers un système de partis plus instable reflète une période de changement significatif dans la politique suisse. L'UDC, avec son discours axé sur des thèmes conservateurs et nationalistes, a réussi à mobiliser un large soutien, remettant en question l'équilibre des forces existant. Cette période de changement a également vu une plus grande volatilité dans les préférences des électeurs, avec une redistribution des voix entre les différents partis. Cela illustre comment les changements sociaux, économiques et politiques peuvent remodeler le paysage politique d'un pays, même dans un système aussi stable que celui de la Suisse.

L'ascension fulgurante de l'Union Démocratique du Centre (UDC) dans les années 1990 et 2000 n'a pas été sans conséquences pour les autres partis politiques suisses. En particulier, le Parti démocrate-chrétien et le Parti libéral-radical ont tous deux subi une érosion significative de leur base électorale pendant cette période. Le Parti démocrate-chrétien, symbolisé en orange dans les graphiques de répartition des votes, a suivi une tendance descendante presque linéaire depuis la fin des années 1970 et 1980. Ceci peut être attribué à divers facteurs, y compris le changement des préférences des électeurs et l'émergence de l'UDC en tant que force politique influente. De même, le Parti libéral-radical a également subi une forte diminution de son soutien électoral au fil du temps. Cependant, en 2015, il semble qu'il y ait eu un léger redressement, bien que la cause précise de ce regain de soutien pourrait être due à plusieurs facteurs, y compris des changements stratégiques, des préoccupations politiques spécifiques ou un repositionnement par rapport aux autres partis. Cette dynamique démontre comment l'émergence d'un nouveau parti politique puissant peut perturber l'équilibre existant et conduire à une redistribution des voix entre les partis. Il met également en évidence comment les changements dans le paysage politique peuvent être le reflet de transformations sociales et culturelles plus larges.

Émergence de Nouveaux Partis[modifier | modifier le wikicode]

Les Verts suisses, formés en 1979, représentent un autre aspect intéressant du paysage politique du pays. Ils ont été parmi les premiers partis écologistes à avoir un impact significatif sur la politique européenne, avec l'élection de Daniel Brélaz au Parlement européen. Cette victoire marquait la première fois qu'un membre du parti Vert était élu à une telle position. Après cette percée initiale, les Verts ont connu une croissance notable de leur soutien jusqu'en 2007, démontrant l'importance croissante des questions environnementales dans l'opinion publique. Cependant, après 2007, le parti a subi un déclin, peut-être en raison d'un changement dans les priorités des électeurs ou d'un contexte politique plus large.

Malgré ce déclin, Daniel Brélaz a réussi à faire un retour remarqué en 2015 en étant réélu au Conseil national suisse. Sa réélection souligne la persistance de l'engagement envers les questions environnementales parmi une partie significative de l'électorat suisse, ainsi que le rôle continu des Verts dans la politique suisse. La trajectoire des Verts suisses illustre la manière dont les partis politiques peuvent évoluer et s'adapter en réponse à des questions spécifiques et à des changements dans l'opinion publique. Leur expérience démontre également comment un parti peut maintenir son influence, même face à des défis et des changements dans le paysage politique plus large.

L'apparition de nouveaux partis politiques, tels que le Parti vert libéral et le Parti bourgeois démocratique, est une autre caractéristique intéressante de l'évolution récente de la politique suisse. Ces deux partis ont réussi à faire une entrée impressionnante sur la scène politique lors des élections de 2011, montrant qu'il existe toujours de la place pour de nouveaux acteurs dans le système multipartite de la Suisse. Le Parti vert libéral a tenté de combiner les préoccupations environnementales des Verts traditionnels avec une orientation plus centriste ou libérale sur d'autres questions politiques. Cette combinaison a réussi à attirer un nombre significatif d'électeurs lors des élections de 2011. De même, le Parti bourgeois démocratique a réussi à se faire une place sur la scène politique en 2011. Ce parti a été formé par des membres de l'UDC qui étaient en désaccord avec l'orientation de plus en plus nationaliste de ce parti. En se positionnant comme une alternative plus modérée à l'UDC, le Parti bourgeois démocratique a réussi à gagner un soutien considérable lors des élections de 2011. Cependant, en 2015, ces deux nouveaux partis ont eu plus de difficultés. Cela pourrait être dû à plusieurs facteurs, y compris la volatilité naturelle des préférences électorales, l'évolution du contexte politique ou les défis spécifiques auxquels ces partis ont été confrontés. Quoi qu'il en soit, l'émergence de ces nouveaux partis démontre la dynamique et l'évolution continues du paysage politique suisse.

Des années de transformation[modifier | modifier le wikicode]

Le graphique illustre clairement les changements significatifs qui ont marqué la politique suisse au cours des trente dernières années. Alors que le paysage politique suisse était autrefois caractérisé par une grande stabilité entre les principaux partis, la montée en puissance de l'Union Démocratique du Centre (UDC) a profondément transformé ce système.

L'UDC, avec son discours de droite conservatrice et nationaliste, a réussi à mobiliser un large soutien parmi l'électorat suisse, perturbant l'équilibre existant entre les partis politiques. Cela a entraîné une redistribution significative des voix et a provoqué une érosion de la base électorale de partis traditionnels comme le Parti démocrate-chrétien et le Parti libéral-radical.

En même temps, nous avons assisté à l'émergence de nouveaux partis, comme les Verts, le Parti vert libéral et le Parti bourgeois démocratique, reflétant l'évolution des préoccupations et des valeurs des électeurs suisses.

Cette dynamique démontre que même dans un système politique aussi stable que celui de la Suisse, il peut y avoir des changements significatifs et rapides. Elle illustre aussi comment les partis politiques doivent constamment s'adapter et évoluer pour répondre aux changements dans l'opinion publique et au contexte politique plus large.

Le contexte institutionnel des élections[modifier | modifier le wikicode]

Quelles sont les institutions qui de près ou de loin influencent le comportement électoral des votants, les stratégies des partis, la couverture médiatique et in fine l’issue des élections ?

Les institutions qui influencent le comportement électoral, les stratégies des partis, la couverture médiatique et finalement l'issue des élections sont diverses et nombreuses. Chacune d'elles joue un rôle distinct, mais crucial, dans la façon dont les élections se déroulent et sont perçues par le public.

Le système électoral en Suisse est un acteur clé. Basé sur la représentation proportionnelle, il attribue les sièges en fonction du pourcentage de voix obtenu par chaque parti. Cela influence la stratégie des partis, qui se concentrent sur l'obtention d'un soutien large plutôt que sur des circonscriptions spécifiques. Les électeurs peuvent également se sentir plus enclins à voter pour des partis plus petits, car ils savent que leur voix compte dans ce système. Les médias sont une autre institution influente. Ils ont le pouvoir de façonner l'opinion publique en mettant en lumière certaines questions, en donnant plus de visibilité à certains candidats ou partis, et en fournissant des analyses qui orientent la perception du public. La couverture médiatique peut ainsi jouer un rôle considérable dans l'orientation des décisions de vote. En ce qui concerne le système politique suisse, le modèle de "Concordance" encourage la coopération entre les partis et la représentation proportionnelle au sein du gouvernement. Cela peut influencer la façon dont les partis font campagne et gèrent leurs relations entre eux, en favorisant un climat de collaboration plutôt que de confrontation. Les institutions de sondage représentent également une influence importante. En fournissant des informations sur les intentions de vote des électeurs, elles peuvent influencer la stratégie des partis, orienter la couverture médiatique et même influencer le comportement des électeurs, notamment en ce qui concerne le "vote stratégique". Par ailleurs, les organisations non gouvernementales (ONG) et autres groupes de la société civile peuvent peser sur les élections en mettant en avant certains problèmes, en organisant des campagnes de sensibilisation ou en soutenant certains candidats ou partis. Enfin, les institutions éducatives jouent un rôle indirect, mais important, dans les élections. En façonnant les attitudes et les opinions des citoyens à long terme, elles peuvent avoir un impact sur le comportement électoral. Ainsi, une multitude d'institutions sont impliquées dans le processus électoral, soit directement par leur implication dans le processus, soit indirectement par leur influence sur l'opinion publique et les comportements des électeurs.

Caractéristiques du Système de Gouvernement[modifier | modifier le wikicode]

Qu’entend-on par « système de gouvernement » ?

Le terme "système de gouvernement" englobe plusieurs concepts clés liés à la façon dont un gouvernement est formé et à la manière dont il interagit avec d'autres branches du pouvoir. Le premier aspect concerne le mode d'élection du gouvernement, ou plus précisément, comment l'exécutif est élu. Cela peut être directement par le peuple, comme dans certains systèmes présidentiels, ou par le parlement, comme c'est souvent le cas dans les systèmes parlementaires.

Le second aspect du système de gouvernement concerne le type de relation entre le gouvernement (pouvoir exécutif) et le parlement (pouvoir législatif). Dans certains systèmes, ces deux branches du pouvoir sont largement indépendantes l'une de l'autre, chacune ayant ses propres responsabilités et domaines de compétence. Dans d'autres systèmes, elles sont plus interdépendantes, avec le pouvoir exécutif pouvant contrôler ou même sanctionner le pouvoir législatif, ou vice versa.

Cette interdépendance, ou son absence, conduit à un degré variable de fusion entre les pouvoirs exécutif et législatif. Dans les systèmes où ces pouvoirs sont fortement fusionnés, on peut avoir une situation où le gouvernement est en réalité une extension du parlement, ou où le parlement est dominé par le gouvernement. À l'inverse, dans les systèmes où ces pouvoirs sont clairement séparés, le gouvernement et le parlement peuvent opérer comme des entités distinctes, chacune jouissant de son propre mandat et de sa propre autorité.

En politique comparée, dans la littérature, on distingue deux grands types de systèmes de gouvernement dit aussi types de régimes politiques.

Comparaison de Différents Types de Régimes : système parlementaire vs système présidentiel[modifier | modifier le wikicode]

Dans le domaine de la politique comparée, la littérature académique distingue généralement deux grands types de systèmes de gouvernement ou de régimes politiques : le système parlementaire et le système présidentiel.

Le système parlementaire se caractérise par la séparation souple des pouvoirs et la dépendance du pouvoir exécutif vis-à-vis du pouvoir législatif. Dans un tel système, le gouvernement (pouvoir exécutif) est élu par le parlement et dépend de sa confiance pour rester en fonction. Il peut être renversé par un vote de défiance. Par ailleurs, le chef de l'État (un monarque ou un président) a généralement un rôle plus symbolique ou cérémoniel, tandis que le pouvoir réel est détenu par le chef du gouvernement (souvent appelé Premier ministre). Des exemples de systèmes parlementaires peuvent être trouvés au Royaume-Uni, en Allemagne, au Canada et en Inde.

Le système présidentiel, quant à lui, est caractérisé par une séparation stricte des pouvoirs. Le président est à la fois le chef de l'État et le chef du gouvernement, et est généralement élu directement par le peuple. Le président possède le pouvoir exécutif et ne dépend pas de la confiance du pouvoir législatif pour rester en poste. Le pouvoir législatif (parlement ou congrès) ne peut généralement pas renverser le président par un vote de défiance, à moins qu'il ne soit mis en accusation (impeachment) pour des actes graves. Des exemples de systèmes présidentiels peuvent être trouvés aux États-Unis, au Brésil et en France (qui est en réalité un système semi-présidentiel avec un mélange des caractéristiques présidentielles et parlementaires).

Il est à noter que ces catégories sont des idéaux-types et que de nombreux pays ont des systèmes hybrides qui combinent des éléments de ces deux types, ou qui diffèrent de ces modèles de diverses manières.

Le système parlementaire[modifier | modifier le wikicode]

Il y a d’abord le système parlementaire. dans un système parlementaire, le gouvernement est élu de manière indirecte. C'est le parlement qui élit le gouvernement, plutôt que les citoyens directement. Typiquement, le leader du parti qui a le plus de sièges dans le parlement, ou parfois le leader d'une coalition de partis, devient le chef du gouvernement. Ce système est conçu pour assurer que le gouvernement reflète la composition du parlement, qui est lui-même élu par le peuple. La manière dont ce système fonctionne peut varier d'un pays à l'autre. Par exemple, dans certains pays, le chef de l'État (comme un monarque ou un président) a le pouvoir de nommer le chef du gouvernement, mais doit généralement choisir le leader du parti majoritaire dans le parlement. Dans d'autres pays, le parlement lui-même élit le chef du gouvernement. Un des avantages de ce système est qu'il permet de garantir une certaine cohérence entre la volonté du peuple (telle qu'elle est exprimée dans l'élection du parlement) et la composition du gouvernement. Cependant, il peut aussi mener à une instabilité gouvernementale si aucune coalition stable ne peut être formée au sein du parlement.

Dans un système parlementaire, le pouvoir exécutif est généralement exercé collectivement par un conseil des ministres, mené par un Premier ministre ou une figure équivalente. Ce "capitaine" du gouvernement est souvent le leader du parti majoritaire au parlement, ou parfois d'une coalition de partis. La terminologie varie d'un pays à l'autre. Par exemple, en Italie, le chef du gouvernement est appelé "Président du Conseil", en Allemagne, on parle de la "Chancelière" ou du "Chancelier", et en Angleterre, du "Premier ministre". Cependant, bien que les titres varient, le rôle de ces dirigeants reste assez similaire : ils dirigent le gouvernement, définissent les grandes orientations politiques et veillent à l'exécution des lois. Il convient de noter que dans certains systèmes parlementaires, le chef de l'État (comme un roi, une reine ou un président) joue également un rôle, bien que souvent largement cérémoniel. En même temps, ils peuvent avoir certaines responsabilités importantes, comme la nomination du Premier ministre ou la dissolution du parlement.

Pour définir un système politique, deux critères essentiels sont souvent pris en compte : le mode d'élection du gouvernement et la nature des relations entre le gouvernement et le parlement. D'une part, le mode d'élection du gouvernement permet de comprendre comment le pouvoir exécutif est constitué. Dans un système parlementaire, par exemple, le gouvernement est élu de manière indirecte. Les citoyens votent pour élire les membres du parlement et c'est ce parlement qui, par la suite, forme le gouvernement. Cette procédure diffère dans un système présidentiel où les électeurs choisissent directement le chef de l'exécutif, souvent appelé le président. D'autre part, la nature de la relation entre le gouvernement et le parlement est également cruciale pour comprendre le fonctionnement d'un système politique. Elle décrit comment ces deux branches du pouvoir, exécutif et législatif, interagissent entre elles. Dans un système parlementaire, par exemple, il existe une dépendance mutuelle entre le gouvernement et le parlement : le gouvernement est tenu de rendre des comptes au parlement, qui a le pouvoir de le renverser par une motion de censure. Cependant, dans un système présidentiel, le président et le parlement fonctionnent généralement de manière plus indépendante. En somme, ces deux critères jouent un rôle fondamental dans l'analyse des structures de gouvernance d'une démocratie et permettent d'appréhender les interactions et la répartition des pouvoirs entre les différentes institutions politiques.

Dans un système parlementaire, le gouvernement et le parlement entretiennent une relation de contrôle mutuel, qui est essentielle à l'équilibre du pouvoir politique. D'un côté, le gouvernement a la capacité de contrôler le parlement. Par exemple, dans certains systèmes parlementaires, le gouvernement peut avoir le pouvoir de dissoudre le parlement et de déclencher des élections anticipées. Ce pouvoir peut être utilisé pour contrôler l'agenda politique et assurer la stabilité du gouvernement. De l'autre côté, le parlement détient des moyens significatifs pour contrôler le gouvernement. Par exemple, le parlement peut voter une motion de censure pour renverser le gouvernement. De plus, les parlementaires ont la responsabilité de questionner et d'examiner les actions du gouvernement, souvent par l'intermédiaire de comités parlementaires. Ils ont aussi le pouvoir de voter le budget, ce qui leur donne une grande influence sur la politique gouvernementale. Cet équilibre de contrôle mutuel, aussi connu sous le nom de checks and balances, assure que le pouvoir n'est pas concentré de manière disproportionnée entre les mains de l'exécutif ou du législatif. Au lieu de cela, ces deux branches du gouvernement sont en mesure de se surveiller et de se contrôler mutuellement. Cela est essentiel pour maintenir une démocratie saine et fonctionnelle.

Dans un système parlementaire, la motion de censure et la question de confiance sont des mécanismes institutionnels clés qui régulent la relation entre le parlement et le gouvernement, garantissant ainsi un contrôle mutuel. La motion de censure est un instrument parlementaire qui permet au parlement de destituer le gouvernement. Pour qu'une motion de censure soit adoptée, elle doit généralement recevoir le soutien de la majorité des membres du parlement. Si la motion de censure est adoptée, le gouvernement est obligé de démissionner et un nouveau gouvernement doit être formé. C'est un moyen puissant pour le parlement d'exercer un contrôle sur le gouvernement. La question de confiance est un mécanisme par lequel le gouvernement sollicite l'approbation du parlement sur une question politique importante. Si le parlement vote contre la question de confiance, le gouvernement est généralement tenu de démissionner ou de demander au chef de l'État de dissoudre le parlement et de convoquer de nouvelles élections. C'est un moyen pour le gouvernement de vérifier qu'il dispose toujours du soutien nécessaire pour gouverner. Ces mécanismes de contrôle mutuel jouent un rôle crucial dans le maintien de l'équilibre des pouvoirs dans un système parlementaire. Ils assurent que le gouvernement est tenu responsable devant le parlement et aident à prévenir l'abus de pouvoir.

Dans un tel système, le gouvernement est responsable devant le parlement. Cela signifie qu'il doit rendre compte de ses actions et politiques au parlement. Si le gouvernement adopte des politiques qui ne sont pas soutenues par la majorité parlementaire, le parlement peut utiliser des mécanismes tels que la motion de censure pour le destituer. De plus, le gouvernement peut également être amené à démissionner si une question de confiance est rejetée par le parlement. D'autre part, le gouvernement a aussi le pouvoir de dissoudre le parlement et de convoquer des élections anticipées. Cela peut être une tactique stratégique pour le gouvernement si, par exemple, il estime que le climat politique actuel lui est favorable et qu'il a une chance de renforcer sa majorité parlementaire. C'est également un moyen de réinitialiser les relations entre le gouvernement et le parlement si ces dernières deviennent tendues ou conflictuelles. Ces mécanismes garantissent un contrôle mutuel entre le gouvernement et le parlement et sont essentiels pour maintenir l'équilibre des pouvoirs dans un système parlementaire.

Dans un système parlementaire, le gouvernement a aussi une certaine emprise sur le parlement. Bien que le gouvernement doive rendre des comptes au parlement et être soutenu par une majorité parlementaire pour rester au pouvoir, il a aussi la capacité de dissoudre le parlement et de convoquer des élections anticipées. C'est un moyen important pour le gouvernement de contrôler le parlement. Par exemple, si le gouvernement estime qu'il ne peut plus travailler efficacement avec le parlement actuel ou si le parlement est trop divisé pour former une majorité stable, le gouvernement peut choisir de dissoudre le parlement. En convoquant des élections anticipées, le gouvernement a l'occasion de solliciter un nouveau mandat de la part de l'électorat et potentiellement de travailler avec un nouveau parlement plus en accord avec sa politique. Il s'agit donc d'une dynamique de pouvoir bidirectionnelle : le parlement a le pouvoir de destituer le gouvernement, mais le gouvernement a également le pouvoir de dissoudre le parlement. Cela assure une forme d'équilibre et encourage la coopération entre ces deux institutions essentielles.

Les mécanismes de contrôle mutuel imposent une certaine forme de collaboration entre le gouvernement et le parlement. Si le gouvernement prend des décisions qui ne sont pas en accord avec la majorité parlementaire, il risque de faire face à une motion de censure qui pourrait le renverser. De la même manière, si le parlement refuse constamment de soutenir les propositions législatives du gouvernement, ce dernier pourrait dissoudre le parlement et provoquer de nouvelles élections. Ces mécanismes garantissent un équilibre des pouvoirs et encouragent les deux parties à travailler ensemble pour atteindre un consensus sur les questions politiques importantes. Toutefois, il est important de noter que ces mécanismes peuvent varier en fonction du contexte politique spécifique de chaque pays. Par exemple, dans certains systèmes parlementaires, le gouvernement ne peut pas dissoudre le parlement à sa propre discrétion, mais a besoin de l'approbation du chef de l'État ou d'une majorité parlementaire.

Ces systèmes sont marqués par une interaction constante et une collaboration étroite entre le gouvernement et le parlement. Le besoin de soutien mutuel et de cohésion entre les partis au pouvoir engendre une fusion significative des pouvoirs exécutifs et législatifs. Cela signifie que les partis qui forment le gouvernement doivent maintenir une certaine unité et consensus pour éviter une motion de censure. Cette dynamique favorise une coopération intensive entre les partis au pouvoir, en amenant souvent à une superposition des rôles législatifs et exécutifs. Dans certains cas, cela peut rendre la distinction entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif moins nette. Par exemple, les membres du gouvernement peuvent aussi siéger au parlement, contribuant ainsi aux deux aspects de la gouvernance. Cette interdépendance est une caractéristique clé des systèmes parlementaires, et c'est précisément ce qui les différencie des systèmes présidentiels où les pouvoirs exécutifs et législatifs sont plus clairement séparés.

Le système parlementaire britannique est un exemple classique de fusion des pouvoirs exécutifs et législatifs. Il est courant pour les ministres d'être également membres du Parlement - c'est-à-dire qu'ils sont à la fois députés (membres de la Chambre des communes) ou lords (membres de la Chambre des lords) et ministres de l'exécutif. Cette dualité de rôles renforce le mélange des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif. En étant à la fois membre de l'exécutif et du législatif, un ministre peut participer directement à la création des lois et à leur mise en œuvre. Cette fusion des pouvoirs permet un alignement étroit entre ces deux branches du gouvernement, facilitant une coopération et une coordination efficaces. C'est une caractéristique distinctive des systèmes parlementaires, qui diffère nettement de la séparation stricte des pouvoirs présente dans les systèmes présidentiels.

Le système présidentiel[modifier | modifier le wikicode]

Le deuxième système de gouvernement est le système présidentiel. Le système présidentiel est distinctif à plusieurs égards. Premièrement, l'élection du président est effectuée directement par le peuple. Cela signifie que lors des élections, c'est la population qui décide qui sera le prochain président. Cette élection directe renforce la légitimité du président auprès des citoyens, car il ou elle est choisi directement par eux. Deuxièmement, dans un système présidentiel, le président possède un pouvoir exécutif considérable. Le président nomme ses ministres et secrétaires d'État, dirige la diplomatie du pays et commande ses forces armées. En bref, le président centralise en sa personne un large éventail de pouvoirs exécutifs, garantissant ainsi une forte direction et une prise de décision efficace. Troisièmement, et c'est là que le système présidentiel se différencie le plus du système parlementaire, le président et son gouvernement d'une part, et le parlement d'autre part, sont indépendants l'un de l'autre. Le président ne peut pas dissoudre le parlement et le parlement ne peut pas destituer le président. Une fois élus, ils restent en poste pour toute la durée de la législature. Ils ne peuvent être renversés ni l'un ni l'autre. Cela garantit une certaine stabilité du gouvernement et de l'administration, mais limite également la capacité d'adaptation en cas de changements politiques ou sociaux importants.

Le système présidentiel américain comporte une exception à cette règle d'indépendance totale entre le président et le parlement, grâce à la procédure d'"impeachment". Cette procédure, qui correspond à la mise en accusation du président, est prévue pour des situations de crise extrême, lorsque l'on suspecte le président d'avoir commis des "crimes et délits majeurs". Bien que rare, cette procédure a été initiée à plusieurs reprises dans l'histoire des États-Unis. Cependant, le processus d'"impeachment" est complexe et nécessite l'approbation des deux chambres du Congrès : la Chambre des représentants doit d'abord voter les articles d'accusation, puis le Sénat doit tenir un procès et, finalement, une majorité des deux tiers est nécessaire pour destituer le président. Même si cette procédure d'"impeachment" existe, elle reste une exception à la règle générale de l'indépendance entre le président et le parlement dans le système présidentiel. En règle générale, le président reste en place pendant toute la durée de son mandat, tout comme le parlement.

Dans un système présidentiel, une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif est effectivement maintenue, en opposition à la fusion des pouvoirs qui caractérise les systèmes parlementaires. Ce principe de séparation des pouvoirs constitue l'un des fondements du modèle présidentiel. Des mécanismes de "check and balance", ou de contrôle et d'équilibre, sont mis en place afin de maintenir cet équilibre de pouvoir entre les différentes branches du gouvernement. Ces mécanismes garantissent qu'aucune branche du gouvernement - que ce soit l'exécutif, le législatif ou le judiciaire - ne devienne trop puissante et ne puisse abuser de son pouvoir. Par exemple, le président a le pouvoir de veto sur les lois adoptées par le parlement, mais le parlement peut, à son tour, outrepasser ce veto par une majorité qualifiée. De même, bien que le président nomme les juges de la Cour suprême, ces nominations doivent être approuvées par le Sénat. Cette séparation des pouvoirs et ces mécanismes de contrôle et d'équilibre visent à assurer un fonctionnement démocratique sain et à prévenir les abus de pouvoir dans un système présidentiel.

L'exemple le plus marquant d'un système parlementaire est le Royaume-Uni. En effet, le "système de Westminster" est bien souvent présenté comme le prototype du système parlementaire. Cependant de nombreux autres pays, notamment en Europe, appliquent aussi un système parlementaire, parmi lesquels l'Allemagne, l'Italie, l'Autriche et les pays scandinaves. Dans ces systèmes, le gouvernement est souvent formé à partir de la majorité parlementaire. Cependant, compte tenu de la diversité des partis politiques et du fractionnement du paysage politique, il n'est pas rare que le gouvernement soit minoritaire. C'est-à-dire que même lorsque plusieurs partis forment une coalition pour gouverner, ils peuvent ne pas détenir la majorité au Parlement. C'est un scénario fréquemment observé au Danemark, où le paysage politique fragmenté conduit souvent à la formation de gouvernements minoritaires. Dans de tels cas, le gouvernement dépend du soutien d'autres petits partis pour obtenir la majorité parlementaire nécessaire pour gouverner efficacement. Cela peut entraîner des négociations politiques complexes et nécessiter une coopération et un consensus importants entre les partis.

En tout cas, dans la plupart des pays autour de la Suisse où il y a un système parlementaire dont l’archétype est le système britannique tandis que l’archétype du système présidentiel vient des États-Unis. Le système parlementaire britannique se caractérise par une étroite collaboration entre le pouvoir législatif (le parlement) et le pouvoir exécutif (le gouvernement). Dans ce système, le Premier ministre, qui est le chef du gouvernement, est généralement le leader du parti qui a la majorité des sièges au parlement. D'autre part, le système présidentiel américain se distingue par une séparation stricte des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Dans ce système, le président, élu directement par le peuple, détient l'essentiel du pouvoir exécutif. Le Congrès (composé de la Chambre des représentants et du Sénat) détient le pouvoir législatif et ne peut pas être dissous par le président. Cette séparation des pouvoirs permet un système de vérification et d'équilibre entre les différentes branches du gouvernement. La plupart des pays adoptent une forme hybride de ces deux systèmes, où certaines caractéristiques sont adaptées pour correspondre à leur contexte politique et constitutionnel particulier.

Le système politique français est souvent qualifié de "semi-présidentiel" ou "semi-parlementaire", car il combine des éléments des deux systèmes que vous avez décrits. Dans le système français, le président est élu au suffrage universel direct, ce qui lui confère une forte légitimité démocratique. En tant que chef de l'État, le président a de larges pouvoirs, notamment en matière de politique étrangère et de défense. Il peut également dissoudre l'Assemblée nationale et convoquer de nouvelles élections législatives. D'un autre côté, le gouvernement français, dirigé par le Premier ministre, est responsable devant le parlement. C'est le président qui nomme le Premier ministre, mais ce dernier doit avoir le soutien de la majorité de l'Assemblée nationale pour pouvoir gouverner efficacement. Le gouvernement peut être renversé par une motion de censure votée par l'Assemblée nationale. Ce système a été conçu pour créer un équilibre entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Cependant, il peut également conduire à des situations de "cohabitation", lorsque le président et la majorité parlementaire sont issus de partis politiques différents.

Le système de gouvernement en Suisse[modifier | modifier le wikicode]

Faire une incursion par la politique comparée permet de mieux situer quelles sont les caractéristiques du système de gouvernement suisse, comment ce système de gouvernement peut être classé à la lumière de ces distinctions entre système parlementaire et système présidentiel.

La Suisse se distingue par son système de gouvernement unique, souvent qualifié de "consensus". Ce système est une variante du système parlementaire et présente des caractéristiques particulières, influencées par le contexte historique, culturel et géographique du pays. La Suisse est une fédération composée de 26 cantons, qui disposent chacun d'une grande autonomie. Le pouvoir exécutif est exercé collectivement par le Conseil fédéral, composé de sept membres. Ces membres sont élus par l'Assemblée fédérale (le parlement suisse) pour un mandat de quatre ans. Ce mode d'élection indirecte est caractéristique du système parlementaire.

Cependant, ce qui distingue particulièrement le système suisse, c'est le principe de la "formule magique". Depuis 1959, les sièges du Conseil fédéral sont répartis entre les quatre principaux partis politiques, de manière à refléter la diversité politique du pays. Cette répartition a évolué au fil des années, mais l'objectif est de garantir un gouvernement de coalition et de consensus, plutôt que de confrontation. En outre, chaque membre du Conseil fédéral est à la tête d'un département de l'administration fédérale, mais il n'y a pas de Premier ministre. Le président de la Confédération est un membre du Conseil fédéral, élu pour un an, mais son rôle est essentiellement représentatif et ne confère pas de pouvoirs supplémentaires. Enfin, il est important de souligner que le système politique suisse est aussi caractérisé par le fédéralisme, la démocratie directe et le multilinguisme. Ces éléments influencent fortement le comportement électoral des citoyens, les stratégies des partis politiques et l'issue des élections.

Un système de gouvernement hybride[modifier | modifier le wikicode]

Le système politique suisse n’est pas un cas facile du point de vue de cette distinction système parlementaire – système présidentiel, ce n’est pas le cas le plus aisé à classer. Le système politique suisse est unique et ne rentre pas facilement dans la distinction classique entre système parlementaire et système présidentiel.

La Suisse est parfois considérée comme ayant un "système de gouvernement de consensus", qui diffère de la forme de gouvernement parlementaire traditionnelle où un parti ou une coalition de partis détenant la majorité parlementaire forme le gouvernement. Au lieu de cela, la Suisse a une "formule magique" pour la composition de son exécutif, le Conseil fédéral. Selon cette formule, les sièges du Conseil fédéral sont répartis entre les principaux partis du pays, assurant ainsi une représentation proportionnelle au gouvernement. De plus, le système suisse est unique en ce que le Conseil fédéral est collectivement responsable de la gouvernance du pays, et il n'y a pas de premier ministre ou de président avec des pouvoirs exécutifs supérieurs. Le rôle de président de la Confédération est essentiellement cérémonial et tourne entre les membres du Conseil fédéral chaque année. En outre, la Suisse est une démocratie semi-directe, ce qui signifie que le peuple suisse a un rôle direct dans la prise de décisions politiques grâce à des initiatives populaires et des référendums, ce qui n'est pas typique des systèmes parlementaires ou présidentiels. En somme, le système politique suisse possède des traits uniques qui le rendent difficile à classer uniquement comme un système parlementaire ou présidentiel. Sa nature consensuelle et semi-directe le distingue de nombreux autres systèmes politiques dans le monde.

Le système politique suisse présente des aspects hybrides qui le rapprochent du système parlementaire. Notamment, le Conseil fédéral, qui constitue le gouvernement suisse, est élu par l'Assemblée fédérale, et non directement par le peuple. Cette élection indirecte est une caractéristique des systèmes parlementaires. Dans ce modèle, les membres du Conseil fédéral sont élus par les deux chambres du Parlement suisse lors d'une session commune. Cette procédure d'élection reflète le fonctionnement d'un système parlementaire, dans lequel le gouvernement est généralement formé par les partis qui ont le plus de sièges au Parlement. Néanmoins, il est important de noter que le gouvernement suisse fonctionne comme un collège, où tous les conseillers fédéraux prennent des décisions en commun. Il n'y a pas de "premier" parmi eux, ce qui diffère du fonctionnement habituel d'un système parlementaire, où le Premier ministre ou le Chancelier a généralement un rôle de leadership.

Mais, le système de gouvernement en Suisse, s’approche du système présidentiel pour ce qui est du rapport entre gouvernement et parlement. Dans le système suisse, comme dans tout système présidentiel, il y a dépendance mutuelle entre gouvernement et parlement. Une fois élus, les membres du Conseil fédéral et du Parlement ont un mandat fixe de quatre ans. Il n'existe pas de mécanisme par lequel le Conseil fédéral pourrait être dissous avant la fin de son mandat, ni de moyen par lequel le Parlement pourrait être dissous. Cette stabilité des institutions, caractéristique du système présidentiel, diffère du système parlementaire où le gouvernement peut être renversé par une motion de censure, ou le parlement dissous par le gouvernement. Ainsi, bien que le Conseil fédéral soit élu par le Parlement, une fois en place, il opère indépendamment du Parlement, tout comme dans un système présidentiel. De plus, le gouvernement suisse, agissant comme un collège, fonctionne de manière collégiale et non hiérarchique, ce qui renforce cette indépendance vis-à-vis du Parlement. Cependant, le système suisse se distingue également des systèmes présidentiels traditionnels. Par exemple, bien que le président de la Confédération suisse soit formellement le chef de l'État, ses pouvoirs et responsabilités sont très limités comparés à ceux d'un président dans un système présidentiel.

Une fois élu, le Conseil fédéral suisse reste en poste pour un mandat de quatre ans et il ne peut pas être renversé par le parlement, contrairement à ce qui est possible dans un système parlementaire traditionnel. Cette indépendance du gouvernement vis-à-vis du parlement est l'une des caractéristiques distinctives du système politique suisse. Cela ne signifie cependant pas que le gouvernement suisse n'est pas tenu de rendre des comptes. Bien que le parlement ne puisse pas renverser le gouvernement, le gouvernement a l'obligation constitutionnelle de rendre compte de ses actions au parlement. Le parlement a le droit de surveiller le gouvernement, d'interroger les membres du gouvernement et de les tenir responsables de leurs actions. Dans le contexte de la politique suisse, lorsque l'on dit que le Conseil fédéral est "irresponsable", cela signifie qu'il n'est pas directement redevable devant le parlement, en termes de mécanismes de motion de censure ou de destitution, comme cela pourrait être le cas dans un système parlementaire traditionnel. Cependant, ce terme ne signifie pas que le Conseil fédéral est exempt de responsabilités ou d'obligations envers le parlement ou les citoyens suisses. En effet, le gouvernement suisse a l'obligation de rendre compte de ses actions, de prendre en compte les préoccupations du parlement et de répondre à ses questions. En outre, il est également tenu de respecter les lois suisses et la constitution, et il est soumis à la surveillance judiciaire. La "non-responsabilité" du Conseil fédéral ne doit donc pas être interprétée comme une absence de contrôle ou de surveillance, mais plutôt comme l'absence d'un mécanisme spécifique qui permettrait au parlement de destituer le gouvernement en place.

Le système politique suisse est unique à bien des égards. Sa nature hybride, tenant à la fois du système parlementaire et du système présidentiel, le distingue déjà des modèles plus traditionnels. Cependant, il y a d'autres caractéristiques qui le rendent encore plus distinctif.

Le système de concordance, qui est une spécificité de la politique suisse, assure une représentation proportionnelle des principaux partis politiques au sein du gouvernement. Il faut noter que ce n'est pas une obligation légale ou constitutionnelle, mais une tradition politique non écrite qui a évolué au fil du temps. Dans la plupart des démocraties parlementaires ou présidentielles, le gouvernement est formé par le parti ou la coalition de partis qui a remporté le plus de sièges au parlement lors des élections. Dans ces systèmes, le gouvernement est généralement composé de membres d'un même bord politique, soit de gauche, soit de droite. En revanche, en Suisse, la composition du Conseil fédéral, qui est le gouvernement suisse, reflète la diversité du paysage politique. Cela signifie que les partis de gauche, de droite et du centre sont généralement tous représentés au sein du gouvernement, quelle que soit la composition du parlement. Ce système de concordance favorise la prise de décisions par consensus et la coopération entre les partis, plutôt que l'opposition frontale. Cela a aussi pour effet de donner une certaine stabilité politique à la Suisse, car les changements de gouvernement sont moins fréquents et moins radicaux qu'ailleurs.

Le système de concordance en Suisse diffère des grandes coalitions que l'on peut observer dans d'autres pays tels que l'Allemagne ou l'Autriche. Dans ces pays, les grandes coalitions sont généralement le résultat d'élections qui ne permettent pas à un seul parti d'obtenir une majorité. Elles sont donc souvent temporaires et peuvent être sujettes à des tensions politiques. En Suisse, en revanche, le système de concordance garantit un partage du pouvoir entre les principaux partis politiques de manière plus permanente. Cela signifie que le gouvernement est généralement composé de membres de différents partis, reflétant ainsi la diversité du paysage politique suisse. Ce partage du pouvoir vise à assurer une certaine stabilité politique et à favoriser la prise de décisions par consensus. Ainsi, contrairement à d'autres systèmes où le pouvoir peut basculer d'un camp politique à l'autre en fonction des résultats des élections, en Suisse, le pouvoir est partagé de manière plus équilibrée et constante entre les principaux partis politiques. C'est une particularité qui distingue le système politique suisse de nombreux autres systèmes dans le monde.

La concordance en Suisse n'est pas codifiée dans la loi. Il s'agit plutôt d'une tradition politique non écrite qui s'est développée au fil du temps. La concordance, également appelée "formule magique", vise à assurer une représentation proportionnelle des principaux partis politiques suisses au sein du gouvernement. Les partis politiques en Suisse ont adopté cette approche par consensus, la considérant comme une manière de maintenir la stabilité et de favoriser la coopération entre différentes forces politiques. Cependant, comme vous l'avez mentionné, il n'y a pas de règle institutionnelle ou légale qui oblige les partis à suivre cette tradition. En pratique, le système de concordance signifie que les partis politiques travaillent ensemble pour gouverner, plutôt que d'être divisés en une majorité gouvernante et une opposition. Cela peut aider à réduire la polarisation et à favoriser le compromis et le consensus dans la prise de décision. Cependant, il convient de noter que cette tradition de concordance a également été critiquée pour son potentiel à diluer la responsabilité politique et à affaiblir le rôle de l'opposition.

Principe du Partage du Pouvoir[modifier | modifier le wikicode]

Dans la plupart des autres pays, le pouvoir exécutif est détenu par un seul individu (le président ou le premier ministre), éventuellement assisté par des ministres individuels. En Suisse, le pouvoir exécutif est exercé collectivement par le Conseil fédéral, composé de sept membres. Chaque membre du Conseil fédéral est à la tête d'un département de l'administration fédérale, un peu à la manière d'un ministre. Cependant, les décisions sont prises collectivement, ce qui signifie que chaque conseiller fédéral a autant de pouvoir que les autres.

L'idée derrière cette structure est de promouvoir la collaboration et le consensus. Au lieu d'avoir une personne qui prend les décisions de manière unilatérale, le système suisse favorise le dialogue et le compromis. C'est une autre caractéristique qui distingue le système suisse des systèmes présidentiels et parlementaires plus traditionnels. En même temps, le fait que le pouvoir soit partagé entre sept personnes peut aussi rendre le processus décisionnel plus complexe et plus lent. Il est également plus difficile d'attribuer la responsabilité des décisions à une seule personne ou à un seul parti. Aussi, le fait que le Conseil fédéral soit composé de membres de différents partis, conformément à la tradition de la concordance, signifie que les membres du gouvernement peuvent avoir des points de vue très différents sur certaines questions. Cela peut parfois compliquer la prise de décisions et nécessiter des compromis substantiels.

Le système politique suisse se caractérise par son système collégial au sein du Conseil fédéral. Les sept membres du Conseil fédéral sont égaux en termes de statut et de pouvoir, et aucun d'entre eux ne peut imposer sa volonté aux autres. Les décisions sont prises à la majorité, et chaque membre du Conseil a le droit de participer à ces décisions, quelle que soit la nature de la question, qu'elle relève ou non de son département. Ce système collégial se distingue nettement des systèmes présidentiels, où le pouvoir est concentré entre les mains du président, et des systèmes parlementaires, où le premier ministre a généralement plus de pouvoir que les autres membres du gouvernement.

En Suisse, le président de la Confédération est élu parmi les membres du Conseil fédéral pour une durée d'un an, mais ce poste est largement symbolique et ne confère pas de pouvoir supplémentaire à son titulaire. Le président de la Confédération n'est pas le chef de l'Etat au sens où on l'entend dans d'autres systèmes politiques, mais plutôt un "primus inter pares", c'est-à-dire le premier parmi des égaux. Ce système de non-hiérarchisation a pour but de favoriser le consensus et la collaboration entre les différents partis politiques représentés au sein du gouvernement. Il reflète également les valeurs de démocratie directe et de participation qui sont au cœur du système politique suisse.

La présidence de la Confédération en Suisse est une fonction largement symbolique. Le Président ou la Présidente de la Confédération n'a pas plus de pouvoirs que ses collègues au sein du Conseil fédéral. Le rôle du Président est principalement de présider les séances du Conseil fédéral et de représenter le pays lors de cérémonies officielles, à la fois au niveau national et international. La présidence est tournante, c'est-à-dire que chaque année, un nouveau membre du Conseil fédéral est élu à cette position par ses pairs. La sélection se fait généralement en fonction de l'ancienneté, chaque conseiller fédéral ayant le droit d'accéder à la présidence après avoir siégé pendant un certain nombre d'années au sein du Conseil. Ce système garantit que le pouvoir reste équilibré entre tous les membres du gouvernement, en évitant la concentration du pouvoir entre les mains d'un seul individu. Cela reflète l'approche collégiale de la gouvernance qui est au cœur du système politique suisse, favorisant le consensus et la collaboration entre les différents partis politiques.

Le principe de collégialité est une caractéristique essentielle du système politique suisse. Il s'agit d'une règle non écrite selon laquelle une fois qu'une décision a été prise au sein du Conseil fédéral, tous les membres du gouvernement sont tenus de la soutenir publiquement, qu'ils aient voté pour ou contre lors de la prise de la décision initiale. Cela signifie que même si un conseiller fédéral était en désaccord avec une décision lorsqu'elle a été prise, il est censé défendre cette décision devant le parlement, les médias et le public une fois qu'elle a été officiellement adoptée par le Conseil. Cette règle sert à maintenir l'unité au sein du gouvernement et à renforcer la légitimité des décisions prises par le Conseil fédéral. Cependant, en pratique, il peut y avoir des divergences quant à l'application stricte de ce principe de collégialité, notamment lorsque les questions politiques sont particulièrement controversées ou polarisantes. Certains membres du Conseil peuvent parfois exprimer publiquement leur désaccord avec les décisions prises, bien que cela soit généralement considéré comme un écart par rapport à la norme.

Le terme "système directorial" est souvent utilisé pour décrire le gouvernement suisse, principalement en raison de sa structure collégiale et de la manière dont le pouvoir est réparti de manière égale entre les membres du Conseil fédéral. L'inspiration initiale de ce système provient du Directoire de la Révolution française de 1791, où le pouvoir exécutif était partagé entre cinq directeurs. Cependant, alors que le Directoire français a été court et finalement instable, le système directorial en Suisse a prouvé sa durabilité et sa stabilité depuis son établissement en 1848, avec plus de 170 ans de fonctionnement à ce jour. Ce système a permis de maintenir l'équilibre du pouvoir et de garantir que aucune voix individuelle n'est plus puissante que les autres au sein du gouvernement, ce qui a aidé à soutenir le système politique consensuel et stable de la Suisse.

Implications des Élections Fédérales dans le Système Suisse[modifier | modifier le wikicode]

Dans un système parlementaire classique, les élections législatives ont souvent un impact direct sur la composition du gouvernement, car le parti ou la coalition qui obtient la majorité au parlement est généralement invité à former le gouvernement. Les électeurs ont donc une influence directe sur la formation du gouvernement lorsqu'ils votent lors des élections législatives. Cependant, dans le système suisse, cette connexion directe n'existe pas. Le Conseil fédéral est élu par l'Assemblée fédérale et non directement par le peuple, et la coutume de la concordance signifie que les principaux partis politiques sont généralement représentés dans le gouvernement, quelle que soit l'issue des élections. Cela ne signifie pas que les élections législatives sont sans importance en Suisse - elles déterminent la composition du Parlement, qui a de nombreuses responsabilités importantes, y compris l'élection du Conseil fédéral. Cependant, le lien direct entre le vote des électeurs et la composition du gouvernement n'est pas aussi fort que dans d'autres systèmes parlementaires.

Le système de cooptation entre les partis politiques en Suisse a créé une certaine stabilité dans la composition du gouvernement. La "formule magique" (Zauberformel), établie en 1959, a été utilisée pour répartir les sept sièges du Conseil fédéral entre les quatre principaux partis politiques du pays. Cette formule a été ajustée une fois en 2003, mais elle a essentiellement maintenu une composition stable du gouvernement pendant de nombreuses années, indépendamment des changements dans le rapport de forces politiques après les élections parlementaires. Cela donne à la Suisse un caractère unique en matière de gouvernance et de prise de décision politique. Le consensus et la collaboration entre les partis politiques sont privilégiés plutôt que la compétition électorale pour la majorité. De cette manière, toutes les principales forces politiques du pays sont représentées au gouvernement et ont une voix dans les décisions politiques, ce qui contribue à une stabilité politique remarquable.

Dans le système politique suisse, les élections parlementaires n'ont pas d'impact direct sur la composition du gouvernement, contrairement à de nombreux autres systèmes politiques où le parti ou la coalition de partis avec la majorité au parlement forme généralement le gouvernement. En Suisse, le gouvernement, le Conseil fédéral, est formé selon un système de concordance, avec des sièges attribués aux principaux partis politiques, et cette composition reste relativement stable indépendamment des résultats des élections parlementaires. Cela pourrait effectivement contribuer à expliquer pourquoi le taux de participation aux élections en Suisse est relativement bas par rapport à d'autres pays. Les électeurs peuvent percevoir que leur vote a un impact limité sur la composition du gouvernement et donc, potentiellement, sur la politique nationale. Cependant, il est important de noter que les électeurs suisses ont aussi de nombreuses autres opportunités de s'exprimer sur des questions spécifiques grâce au système de démocratie directe du pays, qui permet la tenue de référendums sur de nombreuses questions.

Ce graphique présente la composition du Conseil fédéral depuis 1959.

Composition du Conseil fédéral (sièges).

La "formule magique" ("Zauberformel" en allemand) est le terme utilisé pour décrire la composition traditionnelle du Conseil fédéral suisse de 1959 à 2003. Cette formule garantissait un équilibre de pouvoir entre les principaux partis politiques du pays. Elle était comme suit :

  • Parti démocrate-chrétien (PDC) : 2 sièges
  • Parti radical-démocratique (PRD), maintenant le Parti libéral-radical (PLR) : 2 sièges
  • Parti socialiste suisse (PSS) : 2 sièges
  • Union démocratique du centre (UDC) : 1 siège

Cette distribution reflétait une représentation proportionnelle des quatre principaux partis suisses au Conseil fédéral. Bien que le gouvernement suisse soit un collège sans hiérarchie, il y avait une certaine prévisibilité grâce à la "formule magique". Cependant, cette formule a été perturbée en 2003 lorsque l'UDC, qui était devenu le parti avec le plus grand nombre de voix, a obtenu un deuxième siège au détriment du PDC.

La "formule magique" a reflété la stabilité relative des forces politiques en Suisse pendant cette période. Bien qu'il y ait eu des variations dans les pourcentages de votes que chaque parti a reçus lors des élections parlementaires, ces variations n'étaient généralement pas suffisamment importantes pour justifier un changement dans la composition du Conseil fédéral. Cela dit, l'application de la "formule magique" n'était pas simplement une question de proportionnalité des voix. Elle était aussi le reflet d'une volonté politique de maintenir une certaine stabilité et une représentation équilibrée des différentes forces politiques au sein du gouvernement. C'est cette stabilité qui a permis à la Suisse de maintenir un système politique relativement consensuel et stable pendant une grande partie de la seconde moitié du 20e siècle. Cependant, comme mentionné précédemment, la "formule magique" a été modifiée en 2003, ce qui a marqué une évolution notable dans la politique suisse.

Avec l'augmentation significative de sa représentation parlementaire, l'Union démocratique du centre (UDC) a gagné une importance croissante dans le paysage politique suisse, devenant le parti le plus important de Suisse en termes de voix. Cette situation a conduit à la réévaluation de la "formule magique" traditionnelle, qui répartissait les sièges du Conseil fédéral entre les principaux partis politiques. Dans cette perspective, il semblait logique d'accorder un deuxième siège à l'UDC pour refléter sa nouvelle position de force.

En effet, en 2003, Christoph Blocher, dirigeant du parti de l'Union démocratique du centre (UDC), est entré au gouvernement. Cette nomination a été un moment significatif de l'histoire politique suisse, non seulement parce qu'elle représentait la montée en puissance de l'UDC, mais aussi parce qu'elle a entraîné un changement de la "formule magique" qui avait prévalu pendant plusieurs décennies. Christoph Blocher était connu pour son style politique controversé et son agenda de droite populiste, ce qui a amené certains observateurs à s'interroger sur l'impact de son entrée au gouvernement sur la tradition de consensus en Suisse. L'éviction de la conseillère fédérale Ruth Metzler-Arnold du PDC, qui n'a pas été réélue, a été un autre moment marquant, puisqu'il s'agissait de la première fois depuis 1872 qu'un membre sortant du gouvernement n'était pas réélu. Depuis lors, la composition du Conseil fédéral a continué d'évoluer, reflétant les changements dans la paysage politique suisse.

Les membres du Conseil fédéral en Suisse sont élus pour des mandats de quatre ans par l'Assemblée fédérale, qui est composée du Conseil national et du Conseil des États. Une fois qu'ils sont en poste, ils ne peuvent pas être destitués pendant la durée de leur mandat. Cependant, au terme de ces quatre années, l'Assemblée fédérale a le pouvoir de ne pas réélire un membre du Conseil fédéral pour un nouveau mandat. Ce phénomène est très rare dans l'histoire politique suisse, étant donné le principe de stabilité et de consensus qui prévaut dans le système politique du pays. Le dernier cas notable de non-réélection a eu lieu en 2007, lorsque le conseiller fédéral Christoph Blocher de l'UDC n'a pas été réélu par l'Assemblée fédérale, et a été remplacé par Eveline Widmer-Schlumpf.

Le non-renouvellement du mandat d'un conseiller fédéral en Suisse est un événement rare qui va à l'encontre de la tradition de stabilité et de consensus du système politique suisse. En 2003, l'élection de Christoph Blocher en remplacement de Ruth Metzler-Arnold a marqué un tournant dans l'histoire politique suisse. C'était la première fois depuis 1897 qu'un conseiller fédéral en fonction n'était pas réélu. Cette tradition non écrite de réélection quasi-automatique des membres du Conseil fédéral reflète l'importance de la stabilité et de la continuité dans le système politique suisse. Mais ce cas montre également que le parlement suisse peut décider de ne pas réélire un conseiller fédéral s'il estime que c'est dans l'intérêt du pays.

En décembre 2007, l'Assemblée fédérale a décidé de ne pas réélire Christoph Blocher au Conseil fédéral. À la surprise générale, elle a plutôt élu un autre membre de l'UDC, Eveline Widmer-Schlumpf, qui était beaucoup moins controversée que Blocher. Cette décision a provoqué une crise au sein de l'UDC. Le parti a décidé d'exclure Widmer-Schlumpf et son parti cantonal des Grisons de l'UDC. En réponse, Widmer-Schlumpf et plusieurs autres membres de l'UDC ont fondé un nouveau parti, le Parti bourgeois-démocratique (PBD). Il est également intéressant de noter que, même si le parlement suisse a la possibilité de ne pas réélire un membre du Conseil fédéral, c'est un événement assez rare. Les deux cas de non-réélection de Christoph Blocher en 2007 et de Ruth Metzler-Arnold en 2003 sont les seuls cas depuis 1943. Ce respect de la tradition de réélection reflète le désir de stabilité et de consensus du système politique suisse.

En 2007, le Parlement suisse a décidé de ne pas réélire Christoph Blocher, une figure controversée, mais a choisi de conserver deux sièges pour l'UDC, le parti le plus important du pays en termes de soutien électoral. Cependant, au lieu de Blocher, le Parlement a choisi d'élire Eveline Widmer-Schlumpf, une figure plus modérée de l'UDC. Cette décision a provoqué une crise au sein de l'UDC. Blocher et ses partisans ont considéré cette décision comme une trahison et ont exclu Widmer-Schlumpf et son parti cantonal de l'UDC. En réponse, Widmer-Schlumpf et plusieurs autres membres modérés de l'UDC ont fondé un nouveau parti, le Parti bourgeois démocratique (PBD). Samuel Schmid a également rejoint ce nouveau parti. Par conséquent, bien que le Parlement ait voulu conserver deux sièges pour l'UDC, en pratique, ces sièges ont été occupés par des membres d'un nouveau parti. Cet épisode illustre bien à la fois la stabilité et l'évolution du système politique suisse. D'une part, le Parlement a maintenu la tradition de représenter les principaux partis dans le Conseil fédéral. D'autre part, il a également montré qu'il pouvait agir pour éviter les figures controversées et maintenir le consensus politique suisse.

Le choix du Parlement d'élire Eveline Widmer-Schlumpf au lieu de Christoph Blocher a été vu par la direction de l'UDC comme une trahison. L'UDC a donc décidé d'exclure Widmer-Schlumpf et Samuel Schmid, l'autre membre de l'UDC au Conseil fédéral, du parti. Cela a eu pour conséquence que, bien qu'il y ait officiellement eu deux membres de l'UDC au Conseil fédéral, ceux-ci n'étaient plus reconnus comme tels par leur propre parti. Cette situation a mis en évidence les tensions existantes au sein de l'UDC entre une aile plus radicale, dirigée par Blocher, et une aile plus modérée, représentée par des personnalités comme Widmer-Schlumpf et Schmid. Suite à leur exclusion de l'UDC, ces derniers ont choisi de fonder un nouveau parti, le Parti bourgeois-démocratique (PBD), qui est devenu une nouvelle force politique en Suisse. Cette situation a également souligné l'importance du consensus dans le système politique suisse. Bien que le Parlement ait voulu maintenir une représentation proportionnelle des principaux partis au Conseil fédéral, il a également cherché à éviter les personnalités controversées qui pourraient perturber le consensus politique.

La décision de l'Assemblée fédérale de ne pas réélire Christoph Blocher a été perçue par l'UDC comme une tentative de marginaliser le courant politique dominant du parti, qui était fortement influencé par les positions de Blocher. L'UDC s'est distinguée par son discours fortement nationaliste, anti-immigration et eurosceptique, qui contraste avec la tendance plus modérée et centriste de la plupart des autres partis politiques suisses. L'exclusion de Widmer-Schlumpf et Schmid, considérés comme plus modérés, était donc perçue comme un affront à la volonté démocratique du parti et de ses électeurs. Cette situation a finalement conduit à la création du Parti Bourgeois-Démocratique (PBD), une formation politique plus modérée, qui a été créée par Widmer-Schlumpf et d'autres membres de l'UDC qui avaient été exclus ou qui ne se retrouvaient plus dans la ligne dure du parti. Le PBD a donc représenté une nouvelle dynamique dans le paysage politique suisse, ajoutant un nouvel élément au système déjà complexe de gouvernance consensuelle en Suisse.

L'UDC a déclaré qu'elle ne se considérait plus comme faisant partie du gouvernement et s'est positionnée comme un parti d'opposition pendant un certain temps. Cependant, après le départ de Samuel Schmid en 2009 et son remplacement par Ueli Maurer, un membre du courant majoritaire de l'UDC, le parti a officiellement réintégré le gouvernement. La création du Parti Bourgeois-Démocratique (PBD) en 2008 est une conséquence directe de ces événements. Le PBD est né d'une scission au sein de l'UDC, suite à l'exclusion des sections cantonales de Grisons et Berne par l'UDC. Ces sections cantonales étaient les sections d'origine d'Éveline Widmer-Schlumpf et Samuel Schmid, qui étaient considérés comme trop modérés pour l'UDC. Le PBD est donc une nouvelle formation politique qui se positionne plus au centre que l'UDC, incarnant un courant plus modéré et plus pro-européen.

L'UDC a déclaré qu'elle ne se considérait plus comme faisant partie du gouvernement et s'est positionnée comme un parti d'opposition pendant un certain temps. Cependant, après le départ de Samuel Schmid en 2009 et son remplacement par Ueli Maurer, un membre du courant majoritaire de l'UDC, le parti a officiellement réintégré le gouvernement. La création du Parti Bourgeois-Démocratique (PBD) en 2008 est une conséquence directe de ces événements. Le PBD est né d'une scission au sein de l'UDC, suite à l'exclusion des sections cantonales de Grisons et Berne par l'UDC. Ces sections cantonales étaient les sections d'origine d'Éveline Widmer-Schlumpf et Samuel Schmid, qui étaient considérés comme trop modérés pour l'UDC. Le PBD est donc une nouvelle formation politique qui se positionne plus au centre que l'UDC, incarnant un courant plus modéré et plus pro-européen.

La composition du Conseil fédéral en Suisse est généralement assez stable et les changements se font de manière graduelle, avec seulement un ou deux sièges généralement en jeu à chaque renouvellement. Cela est dû à la structure unique du système politique suisse, qui est basé sur un gouvernement de coalition plutôt que sur un système bipartite plus traditionnel. Dans ce contexte, le principe de "concurrence consensuelle" régit le paysage politique, ce qui signifie que les principaux partis politiques s'efforcent de travailler ensemble pour gouverner plutôt que de se concurrencer pour le pouvoir. De plus, le Conseil fédéral est élu par le Parlement, et non directement par le peuple. Ainsi, bien que les élections parlementaires soient importantes, leur influence sur la composition du Conseil fédéral est indirecte et souvent limitée. Cela peut expliquer pourquoi le taux de participation aux élections parlementaires en Suisse est relativement faible par rapport à d'autres pays. Les citoyens suisses peuvent avoir le sentiment que leur vote a moins d'impact sur le paysage politique global, étant donné que le gouvernement reste largement stable quel que soit le résultat de l'élection.

En Suisse, la continuité et la stabilité sont des caractéristiques clés de la gouvernance politique, en raison de la nature de son système gouvernemental. Le gouvernement suisse, en particulier le Conseil fédéral, est basé sur une coalition d'une variété de partis. Cette situation vise à assurer que différentes perspectives soient représentées au sein du gouvernement, évitant ainsi de grands changements radicaux à la suite des élections. Par opposition, dans des systèmes politiques plus polarisés, comme au Royaume-Uni ou aux États-Unis, il y a souvent une alternance de gouvernance entre les partis de gauche et de droite. Cela peut entraîner des changements politiques plus radicaux et dramatiques lorsqu'un parti prend le pouvoir à la suite d'une élection. Ce système de coalition en Suisse favorise donc la modération, la stabilité et le consensus plutôt que la polarisation. Cela peut cependant aussi contribuer à une moindre mobilisation lors des élections parlementaires, les électeurs percevant que leur vote a moins d'impact immédiat sur la politique du pays.

En Suisse, le système de concordance arithmétique vise à représenter équitablement les forces politiques au sein du gouvernement en fonction de leur représentation au parlement. En d'autres termes, le nombre de sièges qu'un parti détient au Conseil fédéral est généralement proportionnel à sa force dans le parlement. En raison de ce système, l'UDC, en tant que parti ayant le plus grand nombre de sièges au parlement, a revendiqué avec succès un deuxième siège au Conseil fédéral. C'est un bon exemple de la façon dont ce système fonctionne pour assurer une représentation proportionnelle au sein du gouvernement suisse.

En Suisse, la concordance va bien au-delà d'une simple répartition proportionnelle des sièges au sein du gouvernement. C'est également un principe de conduite politique. Un parti qui intègre le Conseil fédéral est considéré comme un "parti gouvernemental" et s'engage à agir en conséquence. Cela implique de prendre une part active et constructive dans la conduite des affaires gouvernementales, de soutenir les décisions prises collectivement, même lorsqu'elles ne correspondent pas entièrement à leur programme partisan. C'est l'une des particularités du système politique suisse : la concordance favorise une culture politique de consensus et de coopération entre les partis au gouvernement, plutôt que de confrontation et d'opposition comme cela peut être le cas dans d'autres systèmes politiques. Cela vise à assurer une stabilité politique et une prise de décision plus harmonieuse.

Le système de concordance en Suisse a été mis à l'épreuve ces dernières années, avec l'émergence de positions politiques plus polarisées et moins conciliantes. L'UDC et le PS sont deux exemples de partis qui ont souvent pris des positions opposées à celles du gouvernement, malgré leur participation à celui-ci. Cela pose des défis pour le système suisse de concordance qui est basé sur l'idée d'un consensus gouvernemental. La polarisation accrue des positions politiques, associée à la persistance d'une concordance arithmétique, rend de plus en plus difficile le maintien de cette tradition de consensus et de coopération gouvernementale. Cependant, ilmême dans ce contexte, la politique suisse continue de se caractériser par un degré relativement élevé de stabilité et de prévisibilité, notamment en comparaison avec d'autres systèmes politiques. L'avenir dira si ce système pourra s'adapter et évoluer face à ces nouveaux défis.

La démocratie directe[modifier | modifier le wikicode]

La démocratie directe est l’une des institutions phares du système politique suisse et aussi un trait distinctif du système politique suisse. Les outils de la démocratie directe en Suisse, tels que l'initiative populaire et le référendum, donnent un rôle important aux citoyens dans le processus législatif. Ils ont la possibilité d'initier des lois, de proposer des modifications constitutionnelles, et d'exprimer leur opinion sur diverses questions politiques importantes. Ce système de démocratie directe donne aux citoyens un certain pouvoir sur la politique nationale, bien au-delà de ce qui est courant dans la plupart des autres démocraties. Les décisions sont ainsi souvent prises à la suite de votes populaires, ce qui favorise une participation citoyenne active et une implication directe dans la politique.

Des chercheurs ont fait l’inventaire de toutes les votations populaires qui ont eu dans le monde au niveau national pendant tout le XXème siècle et la moitié de ces votations ont eu lieu en Suisse. Autrement dit, le peuple suisse a voté en démocratie directe au niveau national, autant de fois que tous les autres pays réunis. En Suisse, la démocratie directe est une composante fondamentale du système politique, donnant au peuple un contrôle significatif sur la législation et les modifications constitutionnelles. L'outil principal de la démocratie directe en Suisse est le référendum, qui peut être soit obligatoire (pour certaines questions constitutionnelles), soit facultatif (lorsqu'un certain nombre de citoyens signent une pétition pour contester une loi adoptée par le Parlement). De plus, l'initiative populaire permet aux citoyens de proposer des modifications de la Constitution, qui sont ensuite soumises à un vote national.

Ainsi, il est courant en Suisse d'avoir plusieurs votations chaque année sur un large éventail de sujets, de la politique fiscale aux questions sociales, en passant par les modifications constitutionnelles. Cela contraste avec de nombreux autres pays où la démocratie directe est beaucoup moins présente et où la plupart des décisions politiques sont prises par des représentants élus plutôt que directement par le peuple. La grande quantité de votations en Suisse reflète donc son système unique de démocratie directe, qui donne aux citoyens un rôle plus actif dans le processus politique que dans la plupart des autres pays. Cela donne une idée de l’importance du développement de la démocratie directe en Suisse.

La démocratie directe est également présente dans certaines régions des États-Unis, notamment en Californie. Ce système politique permet aux citoyens de proposer des lois (par le biais d'initiatives) ou de demander un vote sur une loi existante (par le biais de référendums). La Californie est particulièrement connue pour son utilisation fréquente de ces outils de démocratie directe, qui ont eu un impact significatif sur la politique de l'État. Cependant, il est important de noter que même si certains États américains utilisent des formes de démocratie directe, ils ne le font pas au même degré que la Suisse au niveau national. La Suisse se distingue par le fait que la démocratie directe est intégrée à tous les niveaux de son système politique - du niveau communal au niveau national. De plus, en Suisse, ces outils de démocratie directe sont utilisés pour un large éventail de questions, allant des modifications constitutionnelles à des questions de politique plus générales. C'est une caractéristique unique du système politique suisse qui lui donne un rôle de leader dans l'utilisation de la démocratie directe.

La démocratie directe en Suisse permet aux citoyens de participer activement au processus législatif et à la formulation des politiques publiques. Cela se fait principalement par le biais de deux mécanismes : les initiatives populaires et les référendums. Une initiative populaire permet aux citoyens de proposer une modification de la constitution. Si l'initiative recueille le nombre requis de signatures (100 000 signatures en l'espace de 18 mois), elle est soumise au vote du peuple et des cantons. Un référendum, quant à lui, peut être facultatif ou obligatoire. Un référendum facultatif peut être déclenché par la collecte de 50 000 signatures dans un délai de 100 jours à partir de la publication d'un acte législatif. Un référendum obligatoire concerne certaines décisions importantes, comme les modifications de la constitution ou l'adhésion à des organisations de sécurité collective ou à des communautés supranationales. Cette participation active des citoyens a plusieurs conséquences. D'une part, elle permet une plus grande implication des citoyens dans la prise de décision politique. D'autre part, elle oblige les politiciens à prendre en compte l'opinion des citoyens lors de l'élaboration des politiques. En outre, elle peut contribuer à une plus grande transparence et responsabilité du gouvernement.

L'initiative populaire, le référendum obligatoire et le référendum facultatif sont les trois principaux instruments de démocratie directe au niveau fédéral en Suisse :

  • L'initiative populaire : Comme vous l'avez dit, ce mécanisme permet à un groupe de citoyens de proposer une modification de la Constitution. Si l'initiative recueille 100 000 signatures dans un délai de 18 mois, elle est soumise à un vote populaire et doit être approuvée par la majorité du peuple et des cantons.
  • En Suisse, le référendum obligatoire est une forme de vote qui est déclenchée lorsqu'il y a des changements proposés à la Constitution. Ces modifications peuvent être initiées par le gouvernement ou le parlement. Une fois qu'une proposition de modification de la Constitution a été faite, elle doit être soumise à un vote populaire. Pour être adoptée, la proposition doit obtenir l'approbation de la double majorité, c'est-à-dire une majorité du peuple (plus de 50% des voix exprimées lors du vote) et une majorité des cantons (plus de la moitié des cantons suisses doivent voter en faveur de la proposition). Cela signifie que les citoyens suisses ont un rôle direct et actif dans l'élaboration de la Constitution de leur pays, ce qui est assez unique par rapport à de nombreux autres pays où la Constitution ne peut être modifiée que par les législateurs élus ou par des processus spéciaux impliquant à la fois le gouvernement et le parlement.
  • le referendum facultatif s’applique pour toute loi votée par le parlement. Ce type de référendum est un instrument de la démocratie directe qui permet aux citoyens de contester les lois votées par le Parlement. Si un groupe de citoyens n'est pas d'accord avec une loi adoptée par le Parlement, ils peuvent former un comité référendaire et s'ils parviennent à collecter 50 000 signatures en faveur du référendum dans un délai de 100 jours, la loi est alors mise au vote du peuple. Contrairement au référendum obligatoire qui nécessite une double majorité (du peuple et des cantons) pour être adopté, dans le cas d'un référendum facultatif, une majorité simple des votants est suffisante pour que la loi soit rejetée. Ce processus donne un pouvoir important aux citoyens suisses, qui peuvent ainsi exercer un contrôle direct sur l'action du Parlement. C'est un élément clé du système de démocratie directe en Suisse.

La Suisse se distingue sur le plan mondial par son système de démocratie directe très développé. Contrairement à de nombreux autres pays où les citoyens ne participent qu'indirectement à la prise de décision par l'élection de représentants, en Suisse, le peuple a la possibilité de participer directement à la prise de décisions sur des questions spécifiques. Cela se fait par le biais des initiatives populaires et des référendums, qui permettent aux citoyens de proposer des modifications de la constitution (initiatives populaires) ou de contester des lois adoptées par le Parlement (référendums). Cette capacité de codécision confère aux citoyens suisses un rôle plus actif et direct dans le processus législatif que dans la plupart des autres démocraties.

La Suisse offre à ses citoyens un niveau d'engagement démocratique qui va bien au-delà de l'élection de représentants politiques lors d'élections générales. En plus d'élire leurs représentants au gouvernement, les citoyens suisses ont également la possibilité de voter sur un certain nombre de questions spécifiques grâce à la démocratie directe. Cette combinaison de démocratie représentative et de démocratie directe est unique en son genre. Dans la plupart des autres pays, les élections nationales sont le principal moyen par lequel les citoyens peuvent influencer la direction de la politique gouvernementale. Ces élections ont généralement lieu tous les quatre à cinq ans et permettent aux citoyens de choisir leurs représentants politiques. Cependant, une fois ces représentants élus, ils ont généralement une grande latitude pour prendre des décisions politiques jusqu'à la prochaine élection. En Suisse, cependant, les citoyens ont un contrôle beaucoup plus direct sur les politiques spécifiques grâce à la démocratie directe. Par le biais d'initiatives populaires et de référendums, les citoyens peuvent proposer ou contester des lois spécifiques, ce qui leur donne une influence directe sur la législation. Cela signifie qu'en plus de choisir leurs représentants politiques, les citoyens suisses ont également un rôle direct et actif dans l'élaboration des politiques.

Quelles sont les conséquences ?

La première conséquence est que la démocratie directe concurrence les élections. Dans un système de démocratie directe comme en Suisse, les élections ne sont pas le seul moyen pour les citoyens de s'exprimer sur des questions politiques spécifiques. Au lieu de cela, les citoyens ont de nombreuses occasions de faire entendre leur voix par le biais d'initiatives et de référendums. Cela signifie que les élections, bien qu'importantes, ne sont qu'un des nombreux mécanismes par lesquels les citoyens peuvent influencer la politique. Cette pluralité d'outils démocratiques offre aux citoyens une voix plus forte et plus directe dans le gouvernement. Cela peut également avoir pour effet de réduire l'importance des élections en tant que seul indicateur de l'opinion publique. Dans de nombreux autres pays, les élections sont souvent considérées comme un référendum sur la performance du gouvernement. Cependant, en Suisse, la performance du gouvernement peut également être évaluée à travers une variété d'initiatives et de référendums. Par conséquent, la démocratie directe en Suisse offre un système beaucoup plus nuancé et flexible pour évaluer et répondre à l'opinion publique que dans les pays qui s'appuient principalement sur des élections pour mesurer le sentiment public.

Deuxièmement et plus concrètement, la démocratie directe a pour conséquence de multiplier les scrutins populaires. La multitude d'opportunités de vote en Suisse, y compris les élections et les diverses formes de référendums, peut réduire la participation aux élections parlementaires et autres. Les citoyens peuvent se sentir dépassés par la fréquence des scrutins ou peuvent estimer que leur vote est plus efficace ou pertinent lorsqu'un enjeu spécifique qui les concerne directement est en jeu. Il convient également de noter que la participation électorale en Suisse est généralement inférieure à celle de nombreux autres pays démocratiques. Cela pourrait en partie être dû au fait que les citoyens suisses ont de nombreuses occasions de s'exprimer politiquement, ce qui peut rendre les élections individuelles moins cruciales. Cependant, même si la participation électorale peut être relativement faible, cela ne signifie pas nécessairement que les citoyens suisses sont moins engagés politiquement. Ils peuvent simplement choisir de s'engager de manière plus sélective, en participant aux scrutins qui traitent de questions qu'ils jugent particulièrement importantes.

La démocratie directe suisse offre aux citoyens un contrôle important sur les décisions politiques et législatives. À travers les référendums et les initiatives populaires, les citoyens ont le pouvoir de rejeter ou de proposer des lois et des modifications constitutionnelles. Ce mécanisme peut être vu comme une forme de "correction" des décisions prises par le Parlement et les autres autorités élues. Cela signifie que les élections ne sont pas l'unique moyen pour les citoyens suisses d'influencer la politique. Même si un parti ou un candidat qu'ils n'approuvent pas est élu, ils ont toujours la possibilité de contester les lois et les décisions politiques grâce à ces mécanismes de démocratie directe. Cependant, bien que cela puisse réduire l'importance des élections parlementaires, cela ne signifie pas que ces élections sont sans importance. Les députés élus ont toujours un rôle important à jouer dans l'élaboration des lois et dans la prise de décisions au niveau national. De plus, les partis politiques sont souvent à l'origine des initiatives et des référendums, il est donc important pour les électeurs de soutenir les partis qui représentent leurs opinions et leurs intérêts.

Le fédéralisme[modifier | modifier le wikicode]

Article détaillé : Le fédéralisme.

Le fédéralisme a plusieurs formes d’influence sur les élections.

Le système fédéral suisse donne lieu à une législature bicamérale, qui comprend deux chambres distinctes :

  • Le Conseil national (Nationalrat/Conseil national) : il s'agit de la chambre basse du Parlement suisse. Elle est souvent décrite comme la "chambre du peuple" car ses membres sont élus directement par le peuple suisse. La représentation dans le Conseil national est proportionnelle à la population de chaque canton. En 2021, il y avait 200 membres du Conseil national.
  • Le Conseil des États (Ständerat/Conseil des États) : cette chambre haute est parfois appelée la "chambre des cantons". Chaque canton suisse, indépendamment de sa taille ou de sa population, y est représenté par deux conseillers d'État (à l'exception des demi-cantons, qui ont un seul représentant chacun). En 2021, le Conseil des États comptait 46 membres.

Ces deux chambres forment l'Assemblée fédérale suisse (Bundesversammlung/Assemblée fédérale). Elles sont toutes deux impliquées dans le processus législatif et doivent s'accorder sur une version identique de toute législation pour qu'elle puisse être adoptée. Ce système bicaméral est conçu pour assurer une représentation équitable à la fois de la population suisse (par le biais du Conseil national) et des cantons suisses (par le biais du Conseil des États). Il s'agit d'une caractéristique fondamentale du système fédéral suisse, qui vise à équilibrer les intérêts des diverses parties de la confédération.

Le système bicaméral suisse est considéré comme un exemple de bicamérisme "parfait" ou "symétrique", car les deux chambres du Parlement - le Conseil national (chambre basse) et le Conseil des États (chambre haute) - ont le même pouvoir de légiférer et doivent s'accorder sur le même texte avant qu'une loi puisse être adoptée. Ce système contraste avec un bicamérisme "imparfait" ou "asymétrique", où une chambre a plus de pouvoir ou d'influence que l'autre. Par exemple, au Royaume-Uni, la Chambre des communes a beaucoup plus de pouvoir que la Chambre des lords. En Suisse, si le Conseil national et le Conseil des États ne parviennent pas à s'entendre sur le texte d'un projet de loi, une procédure de conciliation est mise en place. Un comité de conciliation, composé de membres des deux chambres, est alors formé pour tenter de résoudre les différends. Si le comité parvient à un accord, le texte de compromis doit ensuite être approuvé par les deux chambres avant de pouvoir devenir loi. Ce système assure que les intérêts de tous les cantons et de l'ensemble de la population suisse sont pris en compte dans le processus législatif, renforçant ainsi le principe fédéraliste de la Suisse.

En Suisse, le Conseil national (chambre du peuple) et le Conseil des États (chambre des cantons) ont des pouvoirs équivalents dans le processus législatif. Tous les projets de loi, les modifications constitutionnelles, et les arrêtés fédéraux doivent être adoptés par les deux chambres. Cela signifie qu'aucune législation ne peut être adoptée à moins que les deux chambres ne s'entendent sur le même texte. Si elles ne parviennent pas à se mettre d'accord, une commission de conciliation composée de membres des deux chambres est formée pour tenter de trouver un compromis. Ce système de bicamérisme parfait renforce le principe fédéraliste de la Suisse, garantissant que les intérêts de tous les cantons et de l'ensemble de la population sont pris en compte dans le processus législatif.

Le Conseil national est la chambre basse du Parlement suisse et elle est considérée comme la "chambre du peuple" car ses membres sont élus directement par le peuple. Il y a 200 sièges dans le Conseil national, qui sont répartis entre les cantons suisses en fonction de leur population. Plus la population d'un canton est importante, plus il dispose de sièges. Par exemple, le canton de Zurich, qui est le canton le plus peuplé de Suisse, dispose du plus grand nombre de sièges, actuellement 35. Le canton de Genève, qui est également un canton très peuplé, dispose de 11 sièges. Les cantons moins peuplés, comme Neuchâtel, ont moins de sièges. Les plus petits cantons ne disposent que d'un seul siège. Ce système assure une représentation proportionnelle de la population suisse au sein du Conseil national, et permet à toutes les régions du pays d'avoir une voix dans le processus législatif.

Le Conseil des États est la chambre haute du Parlement suisse et elle est parfois appelée la "chambre des cantons". Il y a 46 sièges au Conseil des États, chaque canton y disposant de deux représentants et chaque demi-canton d'un représentant. Cela signifie que chaque canton, indépendamment de sa population, est également représenté au Conseil des États. Cette distribution des sièges garantit que les intérêts de tous les cantons, qu'ils soient grands ou petits, sont pris en compte dans le processus législatif. Cependant, ce système peut effectivement entraîner une surreprésentation des petits cantons. Par exemple, le canton de Zurich, le plus peuplé de Suisse, n'a que deux sièges au Conseil des États, tandis que le canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures, l'un des plus petits cantons de Suisse, a également deux sièges. Cela signifie que chaque représentant d'Appenzell Rhodes-Intérieures représente beaucoup moins de personnes que chaque représentant de Zurich. Cette sur-représentation peut avoir des implications politiques, car elle peut donner plus de pouvoir aux petits cantons dans le processus législatif.

Le système fédéral suisse tel que nous le connaissons aujourd'hui a été établi par la Constitution fédérale de 1848. Avant cette date, la Suisse était une confédération plutôt lâche de cantons indépendants. Lors de l'établissement de la Constitution fédérale, il a fallu trouver un équilibre entre les intérêts des différents cantons. Afin d'équilibrer les intérêts des cantons plus grands et plus peuplés avec ceux des cantons plus petits, il a été décidé que chaque canton aurait une représentation égale dans la chambre haute du parlement, le Conseil des États, peu importe sa taille ou sa population. Cela était destiné à protéger les intérêts des petits cantons qui auraient pu être éclipsés par les cantons plus grands dans un système purement proportionnel. Dans le même temps, la chambre basse du parlement, le Conseil national, serait basée sur une représentation proportionnelle, donnant ainsi aux cantons plus peuplés une plus grande influence. Cette structure bicamérale a pour but de garantir que toutes les régions de la Suisse ont une voix dans le processus législatif, et reflète le respect du pays pour le fédéralisme et la diversité régionale.

Le fédéralisme suisse joue un rôle crucial dans le système bicaméral du pays. Ce système permet aux différentes régions et cantons de la Suisse d'avoir une voix équitable dans les affaires nationales, tout en respectant leur autonomie et leur diversité. Le "bicamérisme parfait" en Suisse, où les deux chambres ont des prérogatives équivalentes, est assez unique. Dans de nombreux autres pays avec un système bicaméral, la chambre haute et la chambre basse n'ont pas le même pouvoir. Par exemple, aux États-Unis, certaines questions, comme la destitution du président, ne peuvent être traitées que par la Chambre des représentants, tandis que d'autres, comme la ratification des traités, ne peuvent être traitées que par le Sénat. Cependant, en Suisse, le Conseil national et le Conseil des États doivent tous deux approuver les modifications constitutionnelles, les lois fédérales et les arrêtés fédéraux, assurant ainsi que les intérêts des différents cantons sont correctement pris en compte. Cela reflète l'engagement de la Suisse envers le fédéralisme et son désir de maintenir un équilibre entre les intérêts des différents cantons.

La structure politique suisse est profondément influencée par son système de fédéralisme, qui se reflète également dans l'organisation des partis politiques. Les partis politiques en Suisse ont souvent des racines cantonales et régionales profondes, ce qui signifie que leur identité et leur plateforme politique peuvent varier considérablement d'un canton à l'autre. Par exemple, le Parti libéral-radical (PLR), le Parti démocrate-chrétien (PDC), l'Union démocratique du centre (UDC) et le Parti socialiste suisse (PSS) ont tous des sections cantonales avec leurs propres structures organisationnelles et leurs propres agendas politiques. Ces partis peuvent avoir des positions et des priorités politiques différentes dans les différents cantons en fonction des besoins et des préférences spécifiques de la population locale. Cela peut conduire à une diversité politique substantielle, non seulement entre les différents cantons, mais aussi au sein des partis politiques eux-mêmes. De plus, ce système encourage la participation politique locale et permet une plus grande adaptation des politiques aux besoins spécifiques des différentes régions de la Suisse. Cela illustre une autre façon dont le fédéralisme influence la politique suisse, en permettant une diversité et une flexibilité politiques qui seraient moins possibles dans un système plus centralisé.

La diversité politique entre les différents cantons suisses a un impact significatif sur le paysage politique national. Chaque canton a sa propre dynamique politique, reflétant les caractéristiques socio-économiques et culturelles uniques de la région, ainsi que des préférences politiques distinctes. Les partis politiques eux-mêmes sont souvent organisés à l'échelle cantonale, avec une variété de partis représentés dans chaque canton. Cette diversité se traduit par une fragmentation du paysage politique national, car il n'y a pas deux cantons avec exactement la même répartition des forces politiques. Cela signifie que le paysage politique suisse est caractérisé par une grande variété de partis, reflétant un large éventail d'intérêts et de points de vue. Cela peut rendre la formation de gouvernements de coalition plus complexe, car il peut être nécessaire de négocier entre un grand nombre de partis avec des intérêts divergents. En même temps, cela signifie que le système politique suisse est capable de représenter une grande variété d'intérêts et de perspectives, ce qui peut favoriser l'inclusion politique et la légitimité démocratique. C'est un élément clé de la nature consensuelle de la politique suisse, où les décisions sont souvent prises par des compromis entre un large éventail de partis politiques.

Le système politique suisse, avec sa forte décentralisation et son fédéralisme, permet à une multitude de partis locaux de se faire entendre à l'échelle nationale. Les partis qui peuvent mobiliser un soutien significatif dans un canton spécifique peuvent obtenir une représentation au Conseil national, même s'ils ne sont pas actifs ou n'ont pas beaucoup de soutien dans le reste du pays. Cette caractéristique du système politique suisse augmente la diversité des voix et des intérêts représentés à l'échelle nationale. En permettant aux partis locaux d'avoir une présence sur la scène politique nationale, le système suisse assure une représentation plus complète et diversifiée des citoyens suisses. Cela contribue à la capacité du système politique suisse de refléter et de prendre en compte une variété de points de vue et d'intérêts. Cependant, cela peut également conduire à une fragmentation du paysage politique, rendant plus difficile la formation de majorités stables. Les partis doivent souvent former des coalitions pour gouverner, ce qui nécessite des compromis et des négociations entre des partis aux points de vue parfois très différents. Néanmoins, cela est inhérent à la nature de la démocratie directe et du fédéralisme suisses, qui valorisent la représentation et l'expression de divers points de vue.

La structure fédérale de la Suisse permet à des partis locaux puissants d'obtenir une représentation au niveau national, même s'ils n'ont de présence significative que dans un seul canton. Cette disposition reflète l'engagement du système politique suisse à assurer une représentation diversifiée et à tenir compte des différentes voix locales au niveau national. Un exemple de cette situation est le Mouvement Citoyens Genevois (MCG). Le MCG est un parti politique genevois, créé en 2005. Bien qu'il soit principalement actif à Genève, le MCG a réussi à obtenir un siège au Conseil national, le permettant ainsi de représenter les intérêts de Genève au niveau national. La Lega dei Ticinesi, active uniquement dans le canton du Tessin, est un autre exemple de parti local qui a réussi à se faire une place au niveau national. Fondée en 1991, la Lega dei Ticinesi a également réussi à obtenir des sièges au Parlement fédéral, permettant une représentation du Tessin à Berne. Un troisième exemple est l'Union Démocratique Fédérale (UDF), un parti politique suisse conservateur, qui n'a une présence significative que dans quelques cantons alémaniques. Fondée en 1975, l'UDF est également représentée au Parlement fédéral à Berne, soulignant une fois de plus la diversité des voix représentées au niveau national. Enfin, le Parti Évangélique (PEV), un parti politique suisse d'inspiration chrétienne, a également des sièges à Berne. Bien que principalement actif dans les cantons alémaniques, le PEV est représenté au niveau national, reflétant la volonté du système politique suisse de donner une voix à une variété d'opinions et de valeurs. Ces partis démontrent comment le système politique suisse valorise les intérêts locaux et régionaux et veille à leur représentation au niveau national. La capacité de ces partis à obtenir une représentation nationale dépend, cependant, de leur aptitude à mobiliser un soutien important dans leurs cantons respectifs.

En Suisse, la structure fédérale du pays a joué un rôle significatif dans le développement du paysage politique. Historiquement, les partis politiques nationaux sont nés de l'unification de divers partis cantonaux, qui ont ensuite étendu leur influence à l'ensemble du pays. Aujourd'hui encore, certains de ces partis nationaux sont largement influencés par leurs sections cantonales, reflétant ainsi la diversité et la complexité du paysage politique suisse. Ce caractère fédéral de la politique suisse a toutefois une conséquence majeure : il peut affaiblir la cohérence interne des partis politiques. En raison de la diversité des intérêts et des préoccupations politiques à travers les cantons, il peut être difficile pour un parti d'adopter une ligne de conduite uniforme sur un certain nombre de questions. Chaque section cantonale peut avoir ses propres priorités, reflétant les spécificités de la région qu'elle représente. Cela peut mener à des divergences d'opinions et de politiques à l'intérieur du même parti, rendant la cohésion interne plus difficile à maintenir. Par conséquent, les partis politiques suisses peuvent parfois sembler moins unifiés et moins organisés que leurs homologues dans les pays qui ont une structure politique plus centralisée. Ceci a pour effet de réduire la cohérence interne des partis politiques.

La diversité des contextes politiques régionaux en Suisse a un impact significatif sur la nature et le positionnement des partis politiques à travers le pays. Un exemple frappant est celui du Parti Démocrate Chrétien (PDC). En Valais, le PDC est un parti majoritaire, voire hégémonique, qui s'aligne plutôt sur des positions de droite. C'est un parti interclassiste qui domine largement la scène politique régionale. En revanche, à Genève, le PDC est un parti minoritaire, qui ne rassemble qu'entre 12 et 13% de l'électorat. Il est plus centriste, se positionnant plus proche du Parti Socialiste valaisan que du PDC valaisan. Ainsi, bien que ce soit le même parti, le contexte politique et historique spécifique de chaque canton influence fortement sa position et son rôle dans le paysage politique. Cette hétérogénéité est ensuite reflétée au niveau national, où l'on observe une grande variété de partis et de positions politiques. Cette diversité est une caractéristique clé du système politique suisse, qui est fortement influencé par sa structure fédérale et par la diversité des contextes régionaux à travers le pays.

En Suisse, le découpage des circonscriptions électorales suit la structure fédérale du pays, c'est-à-dire que chaque canton représente une circonscription électorale. Ainsi, les élections se déroulent au niveau cantonal, chaque canton ayant ses propres règles et systèmes électoraux, et les résultats de ces élections cantonales contribuent à former le paysage politique au niveau national. Cette structure reflète l'importance du fédéralisme en Suisse, où chaque canton a une grande autonomie et joue un rôle important dans la politique nationale. En Suisse, les élections fédérales ne sont pas seulement décidées par des questions de politique nationale, mais aussi par des problèmes spécifiques à chaque canton. Cela est dû à la nature fédérale de la Suisse, où chaque canton a un certain degré d'autonomie et peut avoir des préoccupations différentes des autres cantons. Ainsi, lors d'une élection, un parti politique doit non seulement présenter des positions sur des questions nationales, mais aussi prendre en compte les problèmes spécifiques à chaque canton dans lequel il se présente. Cela peut conduire à une situation où les campagnes électorales peuvent différer d'un canton à l'autre, même pour le même parti. Cette approche électorale reflète la nature complexe et diversifiée de la Suisse, où les préoccupations locales ont un impact significatif sur la politique nationale. En conséquence, les élections en Suisse sont souvent une combinaison d'enjeux nationaux et locaux.

Le système fédéral suisse donne aux cantons une grande autonomie, ce qui signifie que même les élections fédérales sont fortement influencées par les enjeux locaux. Ce système politique permet une grande diversité d'opinions et de positions politiques, ce qui se reflète dans la composition du Parlement fédéral. Chaque canton a ses propres particularités et problèmes, et ces questions locales peuvent avoir un impact significatif sur les résultats des élections fédérales. Comme vous l'avez dit, cela signifie que les élections fédérales en Suisse peuvent être considérées comme une série d'élections cantonales simultanées. Cela peut être différent de ce que l'on voit dans d'autres pays où les élections nationales se concentrent davantage sur des enjeux nationaux ou fédéraux. En Suisse, la politique locale a une influence directe sur la politique nationale, ce qui donne aux citoyens la possibilité de s'exprimer sur des questions spécifiques à leur région. C'est ce qui fait de la Suisse un cas intéressant d'étude pour les politologues et les chercheurs intéressés par l'impact du fédéralisme sur la politique.

Le découpage fédéraliste des circonscriptions électorales en Suisse signifie que pour qu'un parti politique puisse gagner du terrain à l'échelle nationale, il doit pouvoir progresser dans plusieurs cantons simultanément. Cette configuration encourage les partis à élaborer des stratégies qui prennent en compte la diversité des intérêts et des préoccupations à travers les différents cantons. Ainsi, un parti qui fait des gains significatifs dans certains cantons mais pas dans d'autres peut ne pas voir une augmentation significative de sa représentation au niveau fédéral. Les pertes ou la stagnation dans certains cantons peuvent neutraliser les gains réalisés ailleurs. Cela a des implications importantes pour la façon dont les partis politiques suisses mènent leurs campagnes électorales. Ils doivent être capables de répondre aux préoccupations locales spécifiques tout en présentant une plateforme politique qui a une portée nationale. Cela peut représenter un défi particulier pour les partis plus petits ou plus nouveaux qui cherchent à établir une présence au niveau national.

L'Union Démocratique du Centre (UDC), un parti de droite populiste et nationaliste, a connu une montée spectaculaire en Suisse au cours des deux dernières décennies. Cette réussite est remarquable compte tenu du système fédéraliste suisse et de la nécessité de progresser dans de nombreux cantons simultanément pour obtenir une augmentation significative de la représentation au niveau fédéral. L'UDC a réussi à s'adapter à ce système complexe et à progresser de manière substantielle dans tous les cantons suisses. Cela démontre à quel point leur stratégie politique et leurs campagnes électorales ont été efficaces pour toucher une large gamme d'électeurs à travers le pays. Cette montée en puissance de l'UDC a eu des répercussions significatives sur le paysage politique suisse. En effet, l'UDC est devenue l'un des principaux acteurs politiques du pays, influençant les débats nationaux sur des questions clés telles que l'immigration, la souveraineté nationale et l'Union européenne.

Les élections fédérales en Suisse sont souvent vues comme une collection d'élections cantonales. C'est parce que chaque canton sert de circonscription électorale, donnant aux enjeux locaux un poids significatif dans les élections nationales. En effet, les cantons ont une grande autonomie et ont leur propre gouvernement et législature. Ils ont aussi une grande influence sur les questions politiques, économiques et sociales qui peuvent varier d'un canton à l'autre. En conséquence, les partis politiques suisses sont souvent confrontés à la tâche de gérer des agendas politiques diversifiés à travers le pays, et de s'adapter à des contextes locaux spécifiques pour attirer les électeurs.

La nationalisation des élections et du système de partis politiques en Suisse est un phénomène qui a pris de l'ampleur au cours des dernières décennies. Malgré le rôle primordial des cantons et des questions locales, les enjeux nationaux et les grandes tendances politiques à l'échelle du pays ont gagné en importance. Le système de partis politiques suisse, bien qu'encore fortement influencé par les particularités cantonales, s'est structuré à une échelle plus large. Les partis nationaux sont plus organisés et cohérents qu'ils ne l'étaient auparavant. Les enjeux politiques nationaux tels que l'immigration, l'environnement, l'économie et la politique étrangère jouent un rôle de plus en plus déterminant dans les élections.

L'Union Démocratique du Centre (UDC) a joué un rôle important dans la nationalisation du système politique suisse. Sa montée en puissance dans l'ensemble du pays a contribué à unifier le paysage politique suisse à une échelle plus large. Avant l'ascension de l'UDC, la politique suisse était fortement décentralisée, chaque canton ayant ses propres dynamiques politiques. Cependant, la popularité croissante de l'UDC a changé cela. En s'implantant dans chaque canton, même ceux où elle était auparavant faible ou inexistante, l'UDC a contribué à créer un débat politique plus uniforme à travers le pays. Cette nationalisation du système politique suisse a également contribué à rendre les élections plus nationales. Les citoyens suisses sont de plus en plus amenés à se concentrer sur des enjeux nationaux plutôt que sur des questions cantonales lors des élections. Bien que l'UDC ait contribué à la nationalisation de la politique suisse, le fédéralisme reste un élément clé du système politique suisse, et les différences cantonales continuent de jouer un rôle important dans la politique suisse.

Le Système Électoral[modifier | modifier le wikicode]

Nous débutons avec quelques éléments de définition, notamment nous demander ce qu’est le système électoral et quels sont les effets attendus d’un système électoral.

Le système électoral, ou mode de scrutin, est un ensemble de règles qui régissent le processus de conversion des votes en sièges au sein d'une assemblée législative ou autre organisme de représentation. Il définit la façon dont les votes sont comptés et répartis pour déterminer quels candidats ou partis politiques obtiennent des sièges. Ces systèmes peuvent varier considérablement d'un pays à l'autre, et même au sein d'un même pays pour différents niveaux ou types d'élections. En fonction du système électoral utilisé, des résultats électoraux très différents peuvent découler des mêmes votes. Le mode de scrutin utilisé peut avoir un impact significatif sur le paysage politique d'une nation. Par exemple, un système de vote proportionnel peut encourager une grande diversité de partis politiques, tandis qu'un système majoritaire à un tour ou à deux tours peut favoriser l'émergence de deux grands partis.

Définitions Clés[modifier | modifier le wikicode]

Il y a deux grands types de systèmes électoraux qui sont le système majoritaire et le système proportionnel.

Le système majoritaire, comme son nom l’indique, ce système utilise la règle de la majorité comme critère afin de convertir les voies en sièges. Dans ce système, le candidat ou le parti qui obtient le plus grand nombre de voix dans une circonscription se voit attribuer le siège ou les sièges disponibles dans cette circonscription. Il s'agit d'un système "winner-takes-all" (le vainqueur rafle tout), où seul le candidat ou le parti qui obtient le plus de voix est représenté, même si leur part du vote total est inférieure à 50%. Par conséquent, le système majoritaire peut donner une représentation disproportionnée aux partis politiques qui obtiennent le plus de voix, tandis que les partis plus petits ou moins populaires peuvent se retrouver sous-représentés ou même pas du tout représentés. Ce système est souvent critiqué pour cette raison, car il peut être moins représentatif de la diversité des opinions politiques dans une population. Cependant, il est souvent utilisé parce qu'il est simple à comprendre et qu'il tend à produire des gouvernements stables avec une majorité claire. Dans un système majoritaire à deux tours, si aucun candidat n'obtient une majorité absolue (plus de 50% des voix) au premier tour, un second tour est organisé entre les deux candidats qui ont obtenu le plus de voix au premier tour. Ce système est utilisé dans de nombreux pays, dont la France pour les élections présidentielles.

Le système majoritaire, en donnant tous les sièges à la majorité, a pour but d'assurer une stabilité gouvernementale. Les gouvernements formés sous ce système ont généralement une majorité claire qui leur permet de mettre en œuvre leur programme sans être entravés par des coalitions hétérogènes ou des minorités d'opposition. C'est l'un des principaux avantages du système majoritaire : il tend à produire des gouvernements forts qui peuvent prendre des décisions et agir de manière efficace. Cependant, comme mentionné précédemment, cet avantage s'accompagne de l'inconvénient de sous-représenter ou de ne pas représenter du tout les petits partis et les minorités politiques. En d'autres termes, alors que le système majoritaire favorise la gouvernabilité et la stabilité, il peut également conduire à une représentation politique moins diversifiée et moins proportionnelle. C'est un compromis qui est souvent débattu dans les discussions sur le design des systèmes électoraux.

L’autre type de système est le système proportionnel, comme son nom l’indique également, ce système distribue les sièges plus ou moins proportionnellement au suffrage exprimé. Dans un système de représentation proportionnelle, les sièges sont distribués en proportion du nombre de votes que chaque parti a obtenus. Ainsi, si un parti obtient 30% des voix, il devrait obtenir environ 30% des sièges. L'avantage principal de ce système est qu'il offre une meilleure représentativité de la diversité des opinions politiques parmi les électeurs. Les petits partis qui pourraient être exclus dans un système majoritaire ont une chance d'obtenir des sièges et de participer au processus législatif. Ce système a pour but de refléter aussi précisément que possible la diversité des opinions politiques au sein de l'électorat. Il permet à une plus grande variété de partis, y compris les plus petits, d'avoir une représentation au sein du gouvernement. Cela signifie également que les résultats électoraux sont moins susceptibles d'être dominés par un ou deux grands partis, comme cela peut être le cas dans un système majoritaire.

Le système majoritaire est une méthode de vote qui vise à dégager une majorité claire et forte. Dans ce système, le parti ou la coalition qui obtient le plus de votes gagne la majorité des sièges. Cela a tendance à privilégier les partis plus importants, ceux qui ont une présence significative et peuvent obtenir une majorité de votes. Par conséquent, ce système peut conduire à une surreprésentation des partis majoritaires, offrant ainsi la possibilité de gouverner avec une majorité plus homogène. D'autre part, le système proportionnel a une approche différente. Comme son nom l'indique, ce système vise à distribuer les sièges de manière proportionnelle aux suffrages exprimés par les électeurs. L'objectif est de garantir une représentation aussi fidèle que possible des voix exprimées par les citoyens lors du vote.

Dans le système proportionnel, les sièges sont distribués en fonction du rapport de forces électoral manifesté lors du scrutin. Cela signifie que la distribution des sièges tente de refléter la part des votes obtenus par chaque parti. Par conséquent, contrairement au système majoritaire, le système proportionnel tend à donner une représentation plus équilibrée, même aux petits partis, reflétant plus précisément la diversité des préférences politiques au sein de l'électorat. En résumé, tandis que le système majoritaire se concentre sur le critère de majorité pour allouer les sièges, favorisant un ou quelques partis, le système proportionnel vise à distribuer les sièges de manière proportionnelle à la force électorale de chaque parti, telle qu'elle s'est exprimée lors du vote. Chacun de ces systèmes a ses propres avantages et inconvénients, et le choix entre les deux dépend largement des préférences et des circonstances politiques spécifiques d'un pays.

La Loi de Duverger[modifier | modifier le wikicode]

La loi de Duverger, formulée par le politologue français Maurice Duverger en 1951 dans son livre "Les Partis politiques", est une théorie influente en science politique. Elle postule que le système électoral d'un pays a une influence majeure sur son paysage politique, en particulier sur le nombre de partis politiques.

Selon Duverger, un système électoral majoritaire tend à produire un système politique bipartite. En d'autres termes, il favorise l'émergence de deux grands partis politiques dominants. Cela est dû au fait que dans un système majoritaire, les partis minoritaires ont peu de chances de gagner des sièges, ce qui incite les électeurs à voter pour les partis plus grands et plus viables, créant une dynamique de "vote utile". À l'inverse, Duverger a soutenu qu'un système électoral proportionnel favorise un système politique multipartite. Puisque ce système permet une représentation plus équitable des votes, il donne aux petits partis une chance raisonnable d'obtenir des sièges, ce qui encourage une plus grande diversité de partis politiques.

La loi de Duverger établit un lien direct entre le système électoral adopté dans un pays ou une région et la configuration du paysage politique qui en découle. La loi est assez simple :

  1. Un système électoral proportionnel encourage le multipartisme. Cela signifie que plusieurs partis se partagent les sièges au parlement, reflétant plus fidèlement la répartition des voix lors des élections.
  2. Un système électoral majoritaire, quant à lui, favorise les grands partis, voire le bipartisme. Il offre donc un avantage considérable à quelques grands partis. Selon le type de règle majoritaire appliquée, cela peut même conduire à un système bipartite, dans lequel seuls deux partis dominent le paysage politique.

La loi de Duverger suggère donc que le choix du système électoral peut avoir un impact profond sur la composition et la dynamique du paysage politique.

La loi de Duverger stipule que deux mécanismes spécifiques sont à l'œuvre dans un système électoral majoritaire pour favoriser l'émergence de quelques grands partis, voire même un système bipartite : un effet mécanique et un effet psychologique.

  1. L'effet mécanique : Cet effet fait référence à la façon dont le système électoral majoritaire traduit les votes en sièges. Dans un tel système, le parti qui obtient le plus de votes dans une circonscription remporte le siège, peu importe si ce parti n'a obtenu que 30% des votes par exemple. Tous les votes pour les autres partis sont essentiellement "perdus". En conséquence, ce système tend à sur-représenter les partis qui ont le plus de voix et à sous-représenter les partis plus petits.
  2. L'effet psychologique : Cet effet se réfère à la façon dont les électeurs anticipent l'effet mécanique et modifient leurs comportements de vote en conséquence. Les électeurs sont susceptibles de voter stratégiquement pour un des grands partis plutôt que de "gaspiller" leur vote sur un petit parti qui a peu de chances de gagner un siège. De cette façon, le système électoral majoritaire encourage un paysage politique dominé par quelques grands partis.

L'effet mécanique concerne la manière dont les votes sont transformés en sièges. Avec un système majoritaire, il existe un seuil relativement élevé à atteindre pour obtenir un siège. Autrement dit, le système met en place une barrière considérable qu'un parti doit franchir pour obtenir des représentants. Le cas le plus extrême serait un système à majorité absolue, où un parti doit obtenir plus de 50% des votes pour remporter un siège. Dans un tel contexte, les grands partis sont avantagés, car seuls ces partis ont la capacité de rassembler suffisamment de votes pour franchir ce seuil majoritaire.

Un système majoritaire tend à favoriser les grands partis en raison de la barrière élevée pour obtenir des sièges. Ce système donne donc une représentation supérieure aux partis qui ont une base de soutien plus large, tandis que les petits partis, qui peuvent avoir du mal à franchir ce seuil, sont souvent sous-représentés. Cette surreprésentation des grands partis et sous-représentation des petits est une conséquence directe du "mécanisme" inhérent au système majoritaire.

Le système "winner takes all" ou "le vainqueur remporte tout" est une caractéristique du système majoritaire. Dans ce système, le parti qui obtient le plus grand nombre de votes dans une circonscription remporte tous les sièges de cette circonscription. Ainsi, même une petite avance en termes de votes peut entraîner une grande différence en termes de sièges. Cette mécanique favorise les partis majeurs qui ont une base de soutien étendue, permettant à ces partis de remporter une majorité des sièges même s'ils ne gagnent pas une majorité des votes. Cela conduit à une surreprésentation des grands partis au détriment des petits partis, qui peuvent obtenir un pourcentage significatif des votes, mais pas suffisamment pour gagner dans des circonscriptions individuelles. Ainsi, ces petits partis se retrouvent souvent sous-représentés par rapport à leur part réelle du vote populaire.

Dans un système électoral majoritaire, les voix pour les petits partis sont souvent "perdues" car ces partis ne peuvent pas atteindre le seuil majoritaire nécessaire pour obtenir des sièges. Cela se produit parce que, dans ce système, les sièges sont attribués au parti ou aux candidats qui ont obtenu le plus grand nombre de voix dans une circonscription donnée, indépendamment du fait qu'ils aient ou non une majorité absolue. Si un petit parti n'est pas le plus populaire dans une circonscription donnée, alors toutes les voix qu'il a reçues dans cette circonscription ne se traduiront pas par des sièges. Par conséquent, ces voix sont effectivement "perdues". Ce phénomène est parfois appelé "le gaspillage de voix", car les voix pour les candidats ou partis non gagnants n'ont pas d'effet sur l'attribution finale des sièges. C’est le premier effet mécanique qui concerne donc comment traduit-on les voies en sièges.

L'effet psychologique découle directement de l'effet mécanique. Les électeurs et les partis politiques anticipent le fonctionnement du système majoritaire et modifient leur comportement en conséquence. Du côté des partis politiques, ceux qui sont plus petits peuvent choisir de ne pas se présenter dans certaines circonscriptions s'ils estiment qu'ils n'ont aucune chance de gagner contre des partis plus importants. Au lieu de cela, ils pourraient choisir de concentrer leurs ressources dans des régions où ils ont une chance plus réaliste de remporter des sièges. Du côté des électeurs, certains peuvent hésiter à voter pour un petit parti s'ils pensent que cela équivaut à "gaspiller" leur vote, car ce parti a peu de chances de remporter des sièges dans un système majoritaire. Ainsi, ils peuvent se sentir contraints de voter pour un parti plus important, même si ce n'est pas leur premier choix. Ce phénomène est souvent appelé "vote stratégique" ou "vote utile". Dans les deux cas, l'effet psychologique contribue à renforcer la prédominance des grands partis dans un système majoritaire.

Les petits partis, anticipant leur faible probabilité de succès dans un système majoritaire, peuvent décider de ne pas se présenter pour économiser leurs ressources pour des batailles électorales où ils ont une meilleure chance de succès. Ce phénomène, connu sous le nom de désinhibition du parti, tend à réduire le nombre de partis en lice, renforçant ainsi la prédominance des grands partis. Le même raisonnement s'applique du côté des électeurs. Conscients que les petits partis ont peu de chances de gagner, ils peuvent décider de voter pour un grand parti plutôt que pour leur premier choix afin de maximiser l'impact de leur vote. Ce "vote utile" conduit également à une concentration des voix autour des grands partis. Ainsi, l'effet psychologique dans un système majoritaire tend à renforcer la surreprésentation des grands partis et à décourager la concurrence des petits partis, contribuant à un système de partis moins diversifié.

L'effet psychologique dissuade les petits partis de se présenter aux élections dans un système majoritaire car ils anticipent qu'ils auront peu de chances de succès. Cela peut conduire à une concentration du paysage politique autour de quelques grands partis, réduisant ainsi la diversité politique et limitant le choix des électeurs. Dans un tel contexte, le système majoritaire tend à favoriser la stabilité au détriment de la représentativité.

C'est l'effet de "vote utile" qui est couramment observé dans les systèmes majoritaires. Les électeurs ont tendance à voter pour les partis qui ont une chance réaliste de gagner, même si ces partis ne sont pas leurs premiers choix. Cela est dû à la crainte que leur vote soit "gaspillé" s'ils votent pour un petit parti qui a peu de chances de remporter un siège. Cette anticipation conduit souvent à un vote stratégique, où les électeurs choisissent de soutenir les grands partis au détriment des plus petits, amplifiant ainsi l'effet psychologique que vous avez mentionné. Cela renforce encore l'effet du système majoritaire, favorisant les grands partis et marginalisant les plus petits.

L'effet psychologique du vote stratégique ou du "vote utile" accentue la tendance du système majoritaire à favoriser les grands partis. Les électeurs, en anticipant que les petits partis ont peu de chances de remporter des sièges, ont tendance à voter pour les grands partis, même si ces derniers ne sont pas nécessairement leur premier choix. Ce comportement contribue à renforcer la position des grands partis dans le système politique, tout en marginalisant les plus petits. Par conséquent, dans un système électoral majoritaire, les partis politiques de taille moyenne ou petite ont des obstacles importants à surmonter pour gagner une représentation significative.

Bien que la loi de Duverger fournisse un cadre utile pour comprendre l'influence des systèmes électoraux sur la structuration du paysage politique, elle ne représente qu'un aspect parmi d'autres. Les cultures politiques, l'histoire, les conditions économiques, les structures sociales et les événements courants sont également des facteurs qui influencent le système politique et les résultats des élections. De plus, bien que la loi de Duverger établisse une relation générale entre les systèmes majoritaires et le bipartisme, ainsi qu'entre les systèmes proportionnels et le multipartisme, il existe de nombreuses exceptions à cette règle. Par exemple, certains pays avec un système majoritaire, comme le Canada et l'Inde, ont plusieurs partis politiques forts. D'un autre côté, des pays avec un système proportionnel, comme Israël et les Pays-Bas, ont un grand nombre de partis, parfois au point de rendre difficile la formation de gouvernements stables. Il est donc important de considérer la loi de Duverger comme un outil d'analyse, et non comme une règle absolue. Le système électoral est un élément clé de tout système politique, mais il ne doit pas être considéré isolément des autres facteurs qui influencent la dynamique politique d'un pays.

La Suisse utilise un système de représentation proportionnelle pour les élections au Conseil national (la chambre basse du parlement), ce qui signifie que les sièges sont attribués aux partis en proportion du nombre de voix qu'ils reçoivent. Ce système favorise un paysage politique diversifié avec de nombreux partis. Pour le Conseil des États (la chambre haute du parlement), cependant, la situation est un peu différente. Chaque canton suisse (à l'exception de six demi-cantons) envoie deux membres au Conseil des États, quel que soit le nombre de ses habitants. Dans la plupart des cantons, ces sièges sont attribués selon un système majoritaire, ce qui peut favoriser les partis plus grands et plus établis. La combinaison de ces deux systèmes - la représentation proportionnelle au Conseil national et le système majoritaire au Conseil des États - contribue à créer un paysage politique complexe et diversifié en Suisse. Il encourage la participation d'une variété de partis, tout en assurant une certaine stabilité grâce à la représentation des partis plus grands et plus établis au Conseil des États.

Autres Facteurs Influant sur la Proportionnalité dans un Système Électoral Proportionnel[modifier | modifier le wikicode]

Nous avons beaucoup parlé du système proportionnel. En règle générale, un système proportionnel favorise le multipartisme, mais après, dans la grande catégorie des systèmes proportionnels, il y a toute une série de variations et de critères qui font que le système est plus ou moins proportionnel.

Même si tous les systèmes de représentation proportionnelle visent à répartir les sièges parmi les partis politiques en fonction du pourcentage des votes qu'ils reçoivent, les modalités exactes peuvent varier grandement, et ces variations peuvent avoir un impact significatif sur les résultats. L'un des principaux facteurs qui déterminent la "proportionnalité" d'un système électoral est le seuil électoral. Un seuil électoral est le pourcentage minimum des voix qu'un parti doit obtenir pour être éligible à l'attribution de sièges. Par exemple, dans certains pays, un parti doit obtenir au moins 5% des voix pour recevoir des sièges. Des seuils plus élevés tendent à réduire la proportionnalité d'un système en excluant les petits partis. Un autre facteur est la taille des circonscriptions. Dans les systèmes de représentation proportionnelle, chaque circonscription élit plusieurs députés. Plus la circonscription est grande (c'est-à-dire plus elle a de sièges à pourvoir), plus le système sera proportionnel, car un plus grand nombre de sièges permet une répartition plus fine des voix. Enfin, les différentes méthodes de calcul utilisées pour attribuer les sièges peuvent également influencer la proportionnalité. Des méthodes comme celle d'Hondt ou celle de Sainte-Laguë/Schepers sont utilisées pour convertir les votes en sièges, et chacune a ses propres caractéristiques qui peuvent favoriser les grands partis ou aider les petits partis. Ainsi, bien que tous les systèmes de représentation proportionnelle visent à représenter fidèlement les préférences des électeurs, les détails exacts du système peuvent avoir un impact significatif sur la manière dont les sièges sont répartis.

Donc, quels sont les autres facteurs qui déterminent le degré de proportionnalité dans un système traditionnel ? Le nombre de sièges disponibles dans une assemblée législative peut affecter la proportionnalité du système électoral. Plus il y a de sièges, plus il est possible d'avoir une représentation proportionnelle exacte des voix obtenues par chaque parti. Si le nombre de sièges est très limité, il se peut que des partis ayant reçu un nombre significatif de votes ne soient pas représentés, ce qui réduit la proportionnalité du système. Prenons un exemple. Supposons que nous avons un parlement avec 5 sièges et cinq partis se présentent aux élections, chacun obtenant respectivement 20 %, 25 %, 15 %, 30 % et 10 % des voix. Dans ce cas, même si tous les partis ont obtenu une part significative des voix, tous ne pourront pas être représentés dans le parlement de 5 sièges. Ainsi, le système est moins proportionnel que s'il y avait plus de sièges disponibles. À l'inverse, si le même parlement avait 100 sièges, chaque parti pourrait être représenté proportionnellement à son pourcentage de votes. Le parti ayant obtenu 20 % des voix aurait 20 sièges, celui ayant obtenu 25 % des voix aurait 25 sièges, et ainsi de suite. Cela donne une représentation beaucoup plus proportionnelle des votes.

Une autre question est de savoir s’il y a un quorum légal qui est prévu ? Le seuil électoral est un autre facteur clé qui peut influencer la proportionnalité d'un système électoral. Il s'agit d'un pourcentage minimum de votes qu'un parti doit obtenir pour être éligible à la répartition des sièges. En instaurant un seuil électoral, on peut réduire la fragmentation du parlement et faciliter la formation d'un gouvernement stable. Cependant, cela peut également conduire à une représentation moins proportionnelle. Les partis qui obtiennent moins de votes que le seuil fixé sont exclus de la répartition des sièges, même s'ils ont reçu un soutien significatif de l'électorat. Prenons l'exemple d'un seuil électoral de 5%. Si un parti obtient 4,9% des votes, il ne se verra attribuer aucun siège, malgré le soutien d'une part notable de l'électorat. Ainsi, une partie des votes n'est pas représentée dans le parlement, ce qui rend le système moins proportionnel. C'est pourquoi le choix d'un seuil électoral est toujours une question d'équilibre entre la volonté d'assurer une représentation proportionnelle et la nécessité de maintenir un parlement et un gouvernement stables.

Le quorum naturel est le seuil minimum de voix qu'un parti doit obtenir pour être éligible à un siège, dans un système proportionnel sans seuil électoral fixe. Il est déterminé par le nombre total de voix et le nombre de sièges à pourvoir. La formule pour calculer le quorum naturel est la suivante : Quorum naturel = (Nombre total de voix) / (Nombre de sièges à pourvoir + 1). Ce quorum naturel détermine le nombre minimum de voix nécessaires pour obtenir un siège. Par exemple, si nous avons 1000 voix au total et 10 sièges à pourvoir, le quorum naturel serait de 1000 / (10 + 1) = 90,9. Donc, un parti aurait besoin d'au moins 91 voix pour obtenir un siège.

La magnitude de la circonscription (ou district magnitude) est une variable importante dans un système électoral proportionnel. Elle fait référence au nombre de sièges disponibles dans une circonscription donnée. Plus la magnitude de la circonscription est élevée, plus la répartition des sièges sera proportionnelle aux votes reçus par chaque parti. En effet, une circonscription avec un grand nombre de sièges permet une meilleure représentation de la diversité des opinions exprimées par les électeurs. Par exemple, dans une circonscription avec 10 sièges, même un parti qui obtient 10 % des votes pourra obtenir un siège, reflétant ainsi de manière plus précise la diversité des opinions parmi les électeurs. À l'inverse, une circonscription de faible magnitude tend à réduire le caractère proportionnel de l'élection. Par exemple, dans une circonscription avec seulement 2 sièges, il est probable que seuls les deux partis les plus populaires obtiendront un siège, ce qui laisse les petits partis et leurs électeurs sans représentation. La Suisse est un bon exemple de cette dynamique, car elle dispose de circonscriptions de diverses magnitudes, allant de 1 (pour les demi-cantons) à 35 (pour le canton de Zurich). Par conséquent, le caractère proportionnel de l'élection peut varier considérablement d'une circonscription à l'autre.

Dans le contexte d'un système de vote proportionnel, le terme "quorum naturel" désigne le pourcentage minimal de votes qu'un parti doit obtenir pour espérer remporter un siège dans une circonscription donnée. Ce quorum naturel est intrinsèquement lié à la "magnitude de la circonscription", c'est-à-dire au nombre de sièges disponibles dans une circonscription. Plus la magnitude est faible (c'est-à-dire, moins il y a de sièges disponibles), plus le quorum naturel est élevé. Si, comme dans votre exemple, il n'y a que cinq sièges disponibles, le quorum naturel serait d'environ 16%. Cela signifie qu'un parti doit recevoir au moins 16% des votes pour avoir une chance de remporter un siège. Cela peut effectivement créer un obstacle pour les petits partis, qui pourraient avoir du mal à atteindre ce quorum, malgré l'utilisation d'un système de vote proportionnel. Il est important de noter que le quorum naturel ne garantit pas un siège; il donne simplement une estimation du seuil minimum de votes qu'un parti doit atteindre pour avoir une chance de remporter un siège. En réalité, l'attribution des sièges dépend également d'autres facteurs, tels que la distribution exacte des votes entre les partis.

Les systèmes proportionnels avec un quorum légal élevé (un pourcentage de votes minimal qu'un parti doit obtenir pour pouvoir accéder aux sièges) et/ou des quorums naturels importants (résultant de circonscriptions de petite taille avec un nombre limité de sièges) peuvent se comporter davantage comme des systèmes majoritaires. Dans ces conditions, l'effet de la proportionnalité est atténué, car les partis plus petits ont plus de difficulté à atteindre le quorum nécessaire pour obtenir des sièges. Les grands partis sont donc avantagés, ce qui se rapproche plus du comportement d'un système majoritaire où les plus grands partis ont tendance à être surreprésentés. C'est pourquoi le choix du système électoral, et les détails spécifiques de ce système (nombre de sièges par circonscription, existence de quorums légaux, etc.) ont un impact considérable sur la représentation politique. Ceux-ci peuvent influencer la diversité des partis et des candidats élus, la représentation des minorités et la facilité avec laquelle un parti donné peut obtenir une majorité au pouvoir.

En augmentant le quorum (le seuil minimum de votes qu'un parti doit atteindre pour obtenir un siège), le système électoral se rapproche davantage d'un système majoritaire. Cette augmentation du quorum rend plus difficile pour les petits partis d'obtenir des sièges, favorisant ainsi les plus grands partis. Ainsi, même dans un système qui est en théorie proportionnel, le fait d'avoir un quorum élevé ou de petites circonscriptions avec un nombre limité de sièges peut conduire à des résultats qui ressemblent plus à un système majoritaire. Cela illustre combien les détails spécifiques d'un système électoral peuvent avoir un impact significatif sur le paysage politique. Par exemple, dans une circonscription où il n'y a que trois sièges à pourvoir, un parti doit obtenir au moins 25% des voix pour obtenir un siège (quorum naturel de 25%). Dans ces conditions, les partis plus petits, qui ont du mal à atteindre ce seuil, sont désavantagés, et le système tend à favoriser les partis plus importants.

Le système électoral en Suisse[modifier | modifier le wikicode]

En Suisse, le système électoral pour le Conseil national (la chambre basse du Parlement fédéral suisse) est principalement proportionnel. Le nombre de sièges attribués à chaque canton est déterminé par la taille de sa population. Cependant, pour les cantons avec une seule représentation, le système devient majoritaire, car le candidat avec le plus grand nombre de voix remporte le seul siège disponible. Ainsi, la Suisse est un bon exemple de la façon dont un système électoral peut incorporer à la fois des éléments proportionnels et majoritaires, selon les circonstances spécifiques. Ce mélange peut aider à équilibrer les besoins de représentation proportionnelle (afin d'assurer que diverses perspectives sont représentées) et de stabilité gouvernementale (en favorisant les partis plus grands qui sont plus susceptibles de former des gouvernements stables).

Dans les cantons qui ont droit à un seul siège au Conseil national en Suisse, le système est de facto majoritaire. Le candidat qui reçoit le plus grand nombre de votes remporte le seul siège disponible, peu importe la marge par laquelle il ou elle l'emporte. C'est ce que l'on entend par un système "majoritaire" : le gagnant prend tout, même s'il ne reçoit pas la majorité absolue des votes. Il s'agit d'une situation unique à la Suisse, où le système fédéral et le respect de la représentation des cantons dans le gouvernement national ont conduit à cette combinaison de systèmes électoraux majoritaires et proportionnels. Cette disposition garantit que même les plus petits cantons ont une représentation au Conseil national, tout en assurant une représentation proportionnelle dans les cantons plus grands. C'est une illustration de la manière dont les systèmes électoraux peuvent être adaptés pour répondre aux besoins spécifiques d'un pays ou d'une région.

La Suisse utilise un système proportionnel pour élire les membres du Conseil national dans tous les cantons qui ont plus d'un siège. Les sièges sont répartis proportionnellement au nombre de votes que chaque parti reçoit. Chaque canton est considéré comme une circonscription électorale pour les élections du Conseil national, et le nombre de sièges que chaque canton a au Conseil national est déterminé par sa population. Les cantons les plus peuplés ont plus de sièges que les cantons moins peuplés. En plus de cela, il est important de mentionner que la Suisse utilise un système électoral mixte pour le Conseil des États, la chambre haute du Parlement suisse. Chaque canton élit deux représentants au Conseil des États, à l'exception des demi-cantons qui élisent un représentant chacun. Le mode d'élection pour ces sièges varie en fonction du canton, certains utilisant un système majoritaire, tandis que d'autres utilisent un système proportionnel. En somme, la Suisse présente un bon exemple de système électoral complexe, qui combine à la fois des éléments de représentation proportionnelle et majoritaire, tout en prenant en compte les particularités régionales.

La Suisse, grâce à son système de représentation proportionnelle pour le Conseil national, permet une plus grande diversité de représentation politique. Cela signifie qu'un large éventail de partis, même ceux qui ont une base d'électeurs plus petite, a la possibilité d'obtenir des sièges. En particulier, dans les cantons plus grands avec un nombre plus élevé de sièges disponibles, la représentation est plus diverse. Les partis qui ne peuvent pas atteindre une majorité absolue ont toujours la possibilité de gagner des sièges. Cela encourage la diversité des points de vue représentés et favorise le multipartisme. En revanche, dans les cantons plus petits avec un nombre de sièges limité, le système peut se rapprocher plus d'un système majoritaire, avec les sièges étant généralement remportés par les plus grands partis. Le système de représentation proportionnelle de la Suisse permet une représentation équitable des diverses opinions politiques à travers le pays, favorisant ainsi le multipartisme.

Dans les petits cantons qui n'ont qu'un seul siège, le système électoral fonctionne sur une base majoritaire, ce qui tend à favoriser les plus grands partis. Étant donné qu'il n'y a qu'un seul siège disponible, la compétition est généralement limitée à quelques-uns des partis les plus importants dans ces cantons. Cela peut entraîner une offre électorale plus restreinte, car moins de partis ont la possibilité d'obtenir une représentation. Ce contexte encourage une compétition principalement entre les grands partis, conduisant à un système de gouvernance qui peut sembler plus restreint ou concentré par rapport aux cantons avec un système proportionnel et une plus grande diversité de représentation politique.

Dans les systèmes majoritaires, en particulier ceux avec un seul siège disponible, les partis politiques peuvent souvent augmenter leurs chances de succès en formant des coalitions ou des alliances avec d'autres partis. Dans un système majoritaire, la "stratégie du plus grand parti" est souvent la plus efficace pour remporter des élections. Par conséquent, les partis plus petits peuvent choisir de se regrouper pour augmenter leur influence. En unissant leurs forces, ils peuvent atteindre un plus grand nombre d'électeurs et ainsi augmenter leur chance d'obtenir le siège. Ces alliances sont souvent basées sur des idéologies politiques communes ou sur des objectifs partagés. Elles peuvent être formelles, avec des accords précis sur les politiques et les candidatures, ou informelles, basées sur des soutiens ad hoc pour certaines questions ou candidats. Cette stratégie permet aux partis de travailler ensemble pour maximiser leur impact politique dans un système qui favorise généralement les plus grands partis.

Le système majoritaire à deux tours est souvent utilisé pour les élections au Conseil des États en Suisse. Dans ce système, les candidats doivent obtenir la majorité absolue (plus de 50% des votes) lors du premier tour de scrutin pour être élus. Si aucun candidat n'atteint cette majorité, un second tour est organisé. Lors du second tour, les candidats qui ont obtenu les deux premières places lors du premier tour sont généralement ceux qui s'affrontent. Le second tour fonctionne souvent selon le principe du "plurality voting" (ou scrutin majoritaire à un tour), où les candidats qui reçoivent le plus grand nombre de votes gagnent, même s'ils n'ont pas atteint la majorité absolue. Ce système est conçu pour garantir que les candidats élus bénéficient d'un soutien large et majoritaire. Cependant, il peut également mener à un bipartisme, car les électeurs peuvent être incités à voter "stratégiquement" pour l'un des deux principaux candidats pour éviter que leur vote n'aille à un candidat qui a peu de chances de gagner. En Suisse, il est intéressant de noter que même si le système majoritaire est utilisé pour les élections au Conseil des États, le pays conserve néanmoins un système multipartite robuste, en partie grâce à la diversité des systèmes électoraux utilisés dans différents contextes.

Les systèmes majoritaires favorisent généralement les grands partis car ils ont besoin d'une majorité (ou d'une pluralité lors du second tour) pour gagner. Cela a tendance à décourager les petits partis de se présenter car ils ont généralement moins de chances de gagner. De plus, les électeurs peuvent être moins enclins à voter pour un petit parti par crainte de "gaspiller" leur vote sur un candidat qui a peu de chances de gagner. Ce phénomène, souvent appelé le "vote utile", peut renforcer encore davantage la position des grands partis.

Le système politique suisse utilise une combinaison de systèmes électoraux, en fonction du niveau de gouvernement et de la chambre du parlement. Pour le Conseil national (la chambre basse), le système est généralement proportionnel, ce qui tend à favoriser une représentation plus large des partis politiques, y compris les plus petits. En revanche, pour le Conseil des États (la chambre haute), un système majoritaire est généralement utilisé. Cela tend à favoriser les partis les plus importants, car un candidat doit obtenir la majorité des votes pour être élu. C'est un exemple intéressant de la façon dont un pays peut utiliser différents systèmes électoraux pour atteindre différents objectifs. Le système proportionnel du Conseil national peut permettre une représentation plus large et plus diversifiée des opinions politiques. En revanche, le système majoritaire du Conseil des États peut favoriser la stabilité et la capacité à prendre des décisions, car il est généralement plus facile pour un petit nombre de partis importants de former un gouvernement ou de prendre des décisions. Cela montre qu'il n'y a pas de "meilleur" système électoral en soi, mais plutôt que le système le plus approprié dépend des objectifs spécifiques et du contexte d'un pays donné.

Même si le système est techniquement proportionnel dans les cantons de Neuchâtel et de Jura pour le Conseil des États, le fait qu'il n'y ait que deux sièges disponibles crée un quorum naturel, ce qui signifie qu'un parti doit obtenir presque un tiers des voix pour remporter un siège. Cela rend plus difficile pour les petits partis d'obtenir une représentation, même dans un système techniquement proportionnel. Ce point souligne une réalité importante des systèmes électoraux : le système de vote formel (proportionnel, majoritaire, etc.) est une caractéristique importante, mais ce n'est pas la seule chose qui détermine comment les votes sont traduits en sièges. D'autres facteurs, comme le nombre de sièges disponibles, le nombre de candidats en lice, et même des facteurs non électoraux comme la culture politique locale, peuvent également jouer un rôle significatif. En fin de compte, le système électoral d'un pays ou d'une région est souvent le produit de son histoire politique unique, ainsi que des objectifs spécifiques qu'il cherche à atteindre en matière de représentation politique.

Les conséquences du système électoral[modifier | modifier le wikicode]

Quelles sont les conséquences de ces deux types de scrutins, de ces deux chambres qui sont élues selon un système tellement différent dans une chambre et dans l’autre ?

Élections fédérales 2015: répartition (provisoire!) des sièges.

Les conséquences se voient visuellement. Si on admet que cette projection est fidèle à la réalité, au Conseil national, l’UDC domine très nettement, l’UDC a 29% des voies, mais 32% des sièges. Viennent après le parti socialiste, le PLR et le PDC. Ce qui frappe est le contraste entre la force en sièges de l’UDC au Conseil national et sa force en siège au Conseil des États. Là où l’UDC a 32% des sièges au national, il va avoir environ 15% de sièges au Conseil des États. C’est un contraste considérable de forces parlementaires pour un parti.

Cela illustre parfaitement la manière dont le système électoral peut influencer la répartition des sièges. Dans un système de représentation proportionnelle comme celui du Conseil national, les partis plus petits peuvent obtenir une plus grande représentation. Cela permet à l'UDC, avec un grand soutien populaire, d'obtenir une part significative des sièges. En revanche, dans le système majoritaire du Conseil des États, deux candidats seulement sont élus par canton, ce qui tend à favoriser les plus grands partis. Même si l'UDC a un soutien significatif, elle peut ne pas obtenir la majorité nécessaire pour remporter un siège dans chaque canton. Cela peut conduire à une sous-représentation du parti au Conseil des États par rapport à son niveau de soutien populaire. La différence de représentation de l'UDC entre le Conseil national et le Conseil des États illustre l'impact du système électoral sur la répartition des sièges. Il montre également comment les systèmes électoraux peuvent être conçus pour équilibrer la représentation entre différents partis et régions, en veillant à ce qu'aucun parti ou région ne soit trop dominant.

Il y a la situation inverse pour les deux partis de la droite modérée. Le PLR et le PDC font respectivement 17% et 13% de sièges au national, mais qui ont 26% et 28% des sièges du Conseil des États. Ces deux partis sont beaucoup plus forts en sièges au Conseil des États qu’ils ne le sont au Conseil national. Ces différences sont en bonne partie du au système électoral et au découpage en circonscriptions existant en Suisse.

Ces variations dans la représentation des partis politiques entre le Conseil national et le Conseil des États sont principalement dues à la différence des systèmes électoraux. Le système de représentation proportionnelle au Conseil national permet à un plus grand nombre de partis, y compris les plus petits, d'obtenir une représentation. Cependant, le système majoritaire du Conseil des États favorise les partis les plus importants ou ceux qui ont une forte présence locale. Le PLR et le PDC, en tant que partis de droite modérée, pourraient être plus susceptibles de remporter un siège dans ce système. Ils peuvent être en mesure de recueillir des voix d'électeurs modérés qui pourraient ne pas soutenir un parti plus à droite comme l'UDC. C'est donc une illustration parfaite de la façon dont le système électoral peut influencer le paysage politique et la répartition des sièges dans le parlement. Il montre aussi comment des facteurs comme le découpage en circonscriptions peuvent avoir un impact sur les résultats électoraux. Les différences entre les systèmes électoraux peuvent ainsi favoriser une plus grande diversité de partis et de points de vue représentés au parlement.

Dans un système majoritaire comme celui du Conseil des États, les partis aux idées plus radicales ou plus polarisantes, comme l'UDC, peuvent avoir du mal à obtenir des sièges. Comme le système exige une majorité des votes pour obtenir un siège, un parti qui a une base de soutien solide mais pas majoritaire peut finir par être sous-représenté. Dans ce système, les partis doivent souvent attirer un large éventail de soutiens pour remporter un siège. Cela contraste avec le système proportionnel du Conseil national, où les partis peuvent obtenir des sièges en proportion de leur part des votes. Dans ce système, un parti comme l'UDC peut obtenir une représentation relativement élevée sans avoir à obtenir une majorité des votes. Il est donc clair que le système électoral peut avoir un impact significatif sur la représentation des différents partis dans les institutions politiques.

Pourquoi est-ce que l’UDC réussit si bien au Conseil national et si mal au Conseil des États ? Qu’est-ce qui explique que l’UDC ait une telle différence de succès dans une chambre et dans l’autre ?

Le profil très marqué de l’UDC, sa radicalisation à droite est une arme à double tranchant comme expliqué dans l’article Les deux principales causes de la sous-représentation de l'UDC dans les gouvernements cantonaux : un profil trop marqué et des sections insuffisamment établies du professeur Pascal Sciarini[1]. L'article du professeur Pascal Sciarini met l'accent sur le fait que l'UDC, en raison de son positionnement très marqué à droite et de son profil radical, peut avoir des difficultés à attirer un soutien plus large nécessaire pour remporter des sièges dans des systèmes majoritaires. Il souligne également l'importance de la présence locale et de l'organisation des sections du parti dans les cantons. Les sections locales sont essentielles pour mobiliser les électeurs, organiser des campagnes électorales et maintenir une présence continue et visible du parti au niveau local. Si ces sections ne sont pas suffisamment établies ou organisées, cela peut également limiter la capacité du parti à obtenir des sièges, en particulier dans un système majoritaire où le soutien local direct est crucial. Le cas de l'UDC illustre ainsi les défis auxquels peuvent être confrontés les partis à la fois radicaux et populistes dans des systèmes politiques où le soutien large et la présence locale sont des facteurs clés pour obtenir des sièges au pouvoir.

Dans un système proportionnel, il est avantageux pour un parti d'avoir un profil clairement défini et distinct des autres partis. Cela permet au parti de mobiliser efficacement sa base électorale, car les électeurs ont une idée claire de ce que représente le parti et de ce qu'ils soutiennent. Dans un système de représentation proportionnelle, chaque voix compte car le nombre de sièges qu'un parti obtient est directement proportionnel au pourcentage de voix qu'il reçoit. Ainsi, un parti avec un profil très marqué, comme l'UDC, peut faire campagne de manière agressive et mobiliser efficacement ses électeurs pour obtenir un maximum de voix. En revanche, dans un système majoritaire, le parti doit être capable d'obtenir une majorité de voix dans une circonscription donnée pour gagner des sièges. Dans ce contexte, un profil trop marqué peut se révéler moins avantageux si cela signifie que le parti ne parvient pas à rassembler un soutien suffisant au-delà de sa base électorale la plus fidèle.

Par contre, dans une élection au système majoritaire où il faut être soit un très grand parti, soit être capable de faire des alliances et de « ratisser large », c’est-à-dire aller chercher des voies au-delà de son propre parti. Dans un système électoral majoritaire, un parti politique doit souvent obtenir un soutien plus large pour gagner des sièges. Cela peut signifier qu'il doit faire appel à des électeurs au-delà de sa base de soutien la plus fidèle, en cherchant à gagner des votes parmi ceux qui pourraient normalement soutenir un autre parti. C'est pourquoi il peut être avantageux pour un parti d'avoir une plate-forme politique plus modérée ou plus centriste dans un système majoritaire, car cela peut lui permettre d'attirer un plus grand nombre d'électeurs. De plus, dans un système majoritaire, les partis peuvent être obligés de former des coalitions ou des alliances avec d'autres partis pour obtenir une majorité de sièges. Cela peut nécessiter des compromis politiques, et les partis à la ligne dure ou avec un profil très marqué peuvent avoir plus de mal à trouver des partenaires de coalition. Ainsi, alors qu'un profil politique très marqué peut être avantageux dans un système de représentation proportionnelle, il peut être un handicap dans un système majoritaire.

Dans un système électoral majoritaire, avoir des positions politiques rigides ou extrêmes peut rendre difficile pour un parti de gagner des sièges. Cela peut être dû à plusieurs raisons:

  • Difficulté à attirer un large électorat : Un parti avec des positions très marquées peut avoir du mal à "ratisser large", c'est-à-dire à attirer des électeurs qui ne partagent pas ses positions radicales. Dans un système majoritaire, un parti doit généralement attirer un soutien bien au-delà de sa base de soutien la plus fidèle pour remporter une élection.
  • Difficulté à former des alliances : Les partis qui ont des positions extrêmes ou qui sont perçus comme intransigeants peuvent également avoir du mal à former des alliances avec d'autres partis. Dans de nombreux systèmes majoritaires, les partis doivent souvent former des coalitions pour obtenir une majorité de sièges. Si un parti a des positions très tranchées et refuse de faire des compromis, il peut être difficile pour lui de trouver des partenaires de coalition.
  • Candidats à profil élevé : De plus, si les candidats d'un parti ont eux-mêmes des positions très marquées, cela peut également limiter leur capacité à gagner des voix en dehors de leur propre parti. Les candidats qui sont perçus comme extrêmes peuvent avoir du mal à attirer des électeurs modérés, ce qui peut limiter leurs chances de succès dans une élection majoritaire.

Cela ne veut pas dire qu'un parti avec un profil très marqué ne peut pas réussir dans un système majoritaire, mais cela peut rendre le succès plus difficile. Dans ce contexte, l'UDC semble rencontrer des difficultés à gagner des sièges au Conseil des États, en raison de son profil politique très marqué.

Un parti comme l’UDC qui a un profil très marqué n’est pas capable de « ratisser large ». Il est difficilement capable de faire alliance puisqu’il a des positions tellement dures qu’il se fâche avec a peu près tout le monde est donc cela est difficile pour les autres partis de faire alliance avec l’UDC sachant que l’UDC n’arrête pas de les dénigrer. Donc, cela limite les possibilités d’alliance pour ce parti et une alliance est importante pour franchir la cape majoritaire, et en plus, les candidats de l’UDC souvent sont eux-mêmes très marqués comme le parti et donc ces candidats individuellement en sont pas tellement capables d’aller chercher des voies en dehors de leur propre parti limitant fortement leur chance de succès.

Les deux partis de la droite modérée à savoir le Parti libéral radical et le Parti démocrate chrétien sont dans une configuration exactement inverse à celle de l’UDC. Ces deux partis sont fortement surreprésentés au Conseil des États par rapport à leur force électorale réelle. Le PLR est environ 16% de l’électorat et le PDC est environ 14% de l’électoral. Ils sont beaucoup plus forts et surreprésentés au Conseil des États.

le Parti libéral radical (PLR) et le Parti démocrate chrétien (PDC) bénéficient du système majoritaire utilisé pour l'élection du Conseil des États en Suisse, malgré le fait qu'ils ne recueillent pas une grande partie des voix à l'échelle nationale. Voici quelques raisons potentielles à cette sur-représentation:

  • Ratisser large : Dans un système majoritaire, un parti a besoin de "ratisser large", c'est-à-dire d'attirer des électeurs de différents horizons politiques pour gagner. Les partis modérés sont généralement mieux placés pour le faire, car leurs positions politiques sont susceptibles d'être plus acceptables pour un plus grand nombre d'électeurs.
  • Alliances : Les partis modérés peuvent également être plus enclins à former des alliances avec d'autres partis. Cela peut leur donner un avantage dans les élections majoritaires, où il est souvent nécessaire d'obtenir une majorité de sièges pour pouvoir gouverner.
  • Candidats modérés : Les candidats des partis modérés sont également susceptibles d'être plus attrayants pour un plus grand nombre d'électeurs. Dans un système majoritaire, les électeurs doivent souvent choisir le "moindre mal" parmi les candidats, et les candidats modérés peuvent donc être plus attrayants pour ceux qui se situent au centre de l'échiquier politique.

En résumé, le PLR et le PDC, grâce à leur modération et à leur capacité à nouer des alliances, semblent être capables de capitaliser sur le système majoritaire en place pour le Conseil des États en Suisse, ce qui leur permet d'obtenir une représentation supérieure à leur proportion de l'électorat national.

La raison est que ces deux partis, lors d’une élection majoritaire sont favorisés, ils ont un avantage parce qu’ils ont une position relativement centraliste qui leur permet de faire des alliances (1) entre eux ou avec d’autres partis de la droite modérée, cela permet à ces partis de présenter des candidats qui sont capables d’aller glaner des voies bien au-delà de leur propre camp électoral (2). Le PDC et le PDR sont largement capables de faire des alliances parce que leur profil modéré est un atout pour faire alliance avec le centre droit et même la droite un peu plus dure, et d’autre part, ces partis sont capables de présenter des candidats qui vont aller glaner des voies bien au-delà de leur propre parti. C’est la recette à succès pour une élection au système majoritaire.

En revanche, ces partis paient un certain prix pour cette stratégie lorsqu'il s'agit d'élections proportionnelles. En raison de leur modération, ils peinent à se démarquer dans un contexte politique polarisé entre une gauche dure et une droite dure. Leur discours modéré a du mal à se faire entendre et à mobiliser les électeurs dans ce contexte. C'est une situation qui est exactement inverse à celle de l'UDC. Ils ont du mal dans les élections proportionnelles, mais tirent pleinement parti du système majoritaire.

L'écart de succès des partis politiques dans les élections au Conseil national par rapport au Conseil des États a des implications directes pour l'activité législative du parlement. En Suisse, les deux chambres ont exactement les mêmes prérogatives. Cela signifie qu'elles doivent toutes deux s'accorder sur le même texte de loi. Aucune loi ne peut être adoptée en Suisse tant qu'elle n'a pas été approuvée dans le même contenu par les deux chambres. Ce système bicaméral suisse, où les deux chambres - le Conseil national et le Conseil des États - ont les mêmes prérogatives, s'inscrit dans le concept de l'équilibre des pouvoirs, élément essentiel du système démocratique suisse. Cela signifie que pour qu'un projet de loi soit adopté, il doit être approuvé dans le même contenu par les deux chambres. Chaque chambre examine, modifie éventuellement et vote sur le texte de loi. Si les deux chambres ne sont pas d'accord sur le texte, le projet de loi est renvoyé d'une chambre à l'autre pour examen et vote jusqu'à ce qu'un consensus soit atteint. Ce processus est connu sous le nom de navette parlementaire. Le fait que le succès des partis politiques varie considérablement entre le Conseil national et le Conseil des États a donc des implications majeures pour la législation. Par exemple, un parti politique qui est bien représenté au Conseil national, mais pas au Conseil des États, peut trouver plus difficile de faire adopter des lois qui reflètent ses priorités et ses politiques. Cela peut conduire à des compromis ou à des impasses politiques. D'un autre côté, un parti qui a une forte représentation dans les deux chambres pourrait avoir une influence significative sur la législation. Cela peut créer une situation où la minorité dans une chambre a un pouvoir de blocage sur la législation, ce qui peut conduire à des impasses politiques.

Les différences de composition entre le Conseil national et le Conseil des États, notamment avec une forte présence de l'UDC au Conseil national et une représentation moindre au Conseil des États, contre un fort positionnement du PLR et du PDC au Conseil des États mais un poids moindre au Conseil national, peuvent engendrer des divergences de priorités politiques. Ces différences de majorités politiques dans les deux chambres peuvent en effet conduire à des tensions lorsque les deux chambres travaillent à élaborer et à approuver la législation. Dans ce contexte, la prochaine législature pourrait voir une augmentation des tensions entre les deux chambres. Les textes de loi produits peuvent refléter les différentes préférences politiques des majorités au sein de chaque chambre, ce qui pourrait entraîner des difficultés pour parvenir à un accord sur les textes législatifs. Dans une telle situation, le processus de navette parlementaire, où le texte d'un projet de loi est envoyé d'une chambre à l'autre jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé, peut s'avérer plus complexe et plus long. Il pourrait y avoir davantage de débats et de négociations pour arriver à un compromis satisfaisant pour les deux chambres. De telles tensions peuvent aussi avoir des implications plus larges pour la politique suisse, en affectant le rythme du processus législatif et en mettant en évidence les divisions entre les différentes forces politiques. Cependant, cela fait également partie de la nature du système politique suisse qui encourage le débat, la représentation équilibrée et le consensus.

Les mécanismes de navette parlementaire, qui permettent un échange constant entre les deux chambres, servent précisément à faciliter la recherche d'un consensus. Dans le cas où un accord ne peut être atteint, une commission de conciliation peut être formée pour tenter de résoudre les divergences. Cette commission est généralement composée de membres des deux chambres et travaille à proposer un texte de compromis. Cependant, malgré ces mécanismes, il est tout à fait possible que les tensions entre les deux chambres puissent mener à des impasses législatives. Si les divergences sont trop grandes et que chaque chambre reste fermement attachée à sa position, il peut être difficile, voire impossible, de parvenir à un accord sur un texte de loi. Ce type de blocage n'est pas fréquent dans le système législatif suisse, qui vise généralement le consensus et le compromis. Cependant, étant donné les divergences de composition et de préférences politiques entre les deux chambres, le risque d'une telle situation peut être accru. Dans de tels cas, la loi en question peut être mise en attente ou retirée, et des négociations supplémentaires peuvent être nécessaires pour résoudre le blocage. Ce genre de situation peut aussi inciter à une réflexion plus large sur les enjeux politiques en cause et sur la manière dont le système législatif peut mieux fonctionner pour éviter de telles impasses à l'avenir.

Les systèmes électoraux et les règles qu'ils mettent en place ont des répercussions profondes sur le paysage politique d'un pays. En Suisse, où l'on a un système bicaméral parfait, ces règles ont un impact direct et concret sur l'activité législative. Dans le cas de la Suisse, les élections pour le Conseil National (chambre basse) sont conduites sous un système de représentation proportionnelle, ce qui favorise une représentation diverse et équilibrée des partis. Par contre, les élections pour le Conseil des États (chambre haute) sont en majorité menées sous un système majoritaire, ce qui favorise les partis établis et de grande taille. Ces systèmes différents produisent des assemblées avec des compositions politiques variées. Par conséquent, ils peuvent avoir des priorités, des orientations et des visions différentes pour le pays. Quand il s'agit de légiférer, ces deux chambres doivent s'entendre sur un texte identique pour que la loi soit adoptée, ce qui peut mener à des négociations, des compromis, voire des conflits. En d'autres termes, le choix du système électoral a des conséquences significatives sur la gouvernance, la législation et la politique en général. En somme, le bicamérisme parfait de la Suisse, combiné à ses règles électorales distinctes pour chaque chambre, met en lumière les dynamiques intéressantes et complexes de la politique et de la législation dans un système démocratique.

Structure des Clivages Politiques[modifier | modifier le wikicode]

On entend souvent parler de clivage comme, par exemple, le röstigraben qui est le clivage linguistique en Suisse entre la Suisse romande et la Suisse alémanique, on parle parfois de clivage ville – campagne. Qu’est-ce que cela est ?

Définition du Clivage Politique[modifier | modifier le wikicode]

Stefano Bartolini et Peter Mair, dans leur livre "Identity, Competition, and Electoral Availability" (1990), ont défini le clivage politique selon trois conditions clés. Il est important de noter que selon leur perspective, toutes les trois conditions doivent être présentes pour qu'un véritable clivage politique puisse être identifié :

  1. La composante structurelle empirique d'un clivage politique fait référence à des différences tangibles et observables au sein de la société. Ces différences peuvent être basées sur des caractéristiques sociodémographiques, culturelles, linguistiques ou économiques. Dans le contexte suisse, ces différences sont manifestes dans la diversité linguistique et culturelle du pays. Par exemple, la distinction entre les populations de langue allemande (alémaniques) et de langue romanche (romans) est une différence observable et tangible. De même, les divergences religieuses, les distinctions de classe sociale, ou encore les différences régionales peuvent également être des marqueurs empiriques de clivages sociaux ou culturels. Ces divisions, lorsqu'elles se traduisent par des conflits politiques persistants et sont associées à des identités de groupe distinctes, peuvent donner lieu à des clivages politiques majeurs, affectant la configuration du paysage politique et le processus de prise de décision.
  2. La composante culturelle-normative est un élément essentiel pour la formation d'un clivage politique. Elle fait référence aux différences distinctes dans les croyances, valeurs et préférences entre divers groupes au sein d'une société. Ces différences doivent être suffisamment fortes et distinctes pour créer une division ou un conflit potentiel entre ces groupes. Dans le contexte suisse que vous évoquez, si les groupes de langue allemande (alémaniques) et de langue romanche (romans) avaient exactement les mêmes croyances, valeurs et préférences, il n'y aurait pas de potentiel pour un clivage politique basé sur la différence linguistique. C'est la distinction dans les préférences et les valeurs qui permet à un clivage potentiel de se manifester. Cependant, il est important de noter que même si ces deux conditions - une composante structurelle empirique et une composante culturelle-normative - sont remplies, un clivage politique ne se manifestera pas nécessairement. Il existe une troisième composante nécessaire pour la formation d'un clivage politique.
  3. La composante politico-organisationnelle est essentielle pour rendre un clivage politique manifeste. Cela signifie qu'un parti politique ou une autre organisation doit reconnaître, articuler et mobiliser autour de ce clivage. Sans une telle entité pour mettre en lumière et politiser le clivage, celui-ci restera simplement un potentiel latent sans répercussions manifestes. En reprenant l'exemple suisse, si on se réfère strictement à cette définition, le clivage linguistique n'existe pas réellement en tant que clivage politique. En effet, il n'existe pas de parti politique ou d'organisation en Suisse qui s'est explicitement constitué pour défendre les intérêts de la Suisse romande contre la majorité alémanique, ou vice versa. Ainsi, bien qu'il y ait des différences empiriques et culturelles-normatives entre ces groupes linguistiques, le clivage n'est pas rendu manifeste sur la scène politique. a Lega dei Ticinesi constitue une exception notable dans ce contexte. Cette formation politique, établie dans le canton du Tessin, a été fondée en partie pour défendre les intérêts de la minorité italophone face à la politique centralisée de Berne. Cela montre bien comment une entité organisée peut rendre un clivage politique manifeste. Cependant, hormis cet exemple, on peut dire qu'il n'existe pas de clivage linguistique, au sens strict du terme, dans le paysage politique suisse. Certes, lors de votations populaires, les différences de préférences entre les communautés linguistiques peuvent devenir évidentes, mais il n'existe pas d'organisation ou de parti politique qui se consacre à l'articulation et à la mobilisation autour de ce clivage. Cela démontre à quel point la composante politico-organisationnelle est essentielle pour transformer un clivage potentiel en un clivage politique manifeste.

La littérature en science politique distingue généralement deux types de clivages : les clivages traditionnels et les clivages modernes ou récents.

  • Les clivages traditionnels : Ils sont généralement liés à des conflits historiques de longue date dans la société. Les plus courants sont le clivage gauche-droite, qui concerne principalement des questions économiques et sociales, et le clivage confessionnel, entre catholiques et protestants par exemple. En Europe, un autre clivage traditionnel oppose le centre à la périphérie, c'est-à-dire les zones urbaines et industrialisées aux zones rurales et agricoles.
  • Les clivages modernes ou récents : Ces clivages sont apparus plus récemment, à mesure que les sociétés se sont complexifiées et que de nouvelles questions sont devenues politiquement importantes. Le clivage le plus notable est sans doute celui entre les "gagnants" et les "perdants" de la mondialisation. Il y a également le clivage entre les partisans de l'intégration européenne et ses opposants. Un autre exemple est le clivage sur les questions environnementales, avec d'un côté les partisans d'une transition écologique radicale et de l'autre ceux qui sont plus réticents à changer le statu quo. Ces clivages modernes sont généralement plus fluides et moins stables que les clivages traditionnels.

Ces deux types de clivages coexistent souvent au sein d'une même société et peuvent se superposer ou entrer en conflit. Leur importance relative et la façon dont ils sont exprimés varient d'un pays à l'autre et peuvent évoluer avec le temps.

Seymour Martin Lipset et Stein Rokkan ont été parmi les premiers chercheurs à s'intéresser systématiquement aux clivages politiques et à leur impact sur les systèmes de partis. Dans leur ouvrage classique "Party Systems and Voter Alignments: Cross-National Perspectives" publié en 1967, ils ont développé une théorie des clivages qui a eu une grande influence sur la recherche en science politique.

Selon Lipset et Rokkan, les clivages politiques sont le produit de conflits historiques majeurs qui ont marqué la structuration des sociétés. Ils identifient quatre clivages principaux qui ont façonné les systèmes de partis européens :

  • Le clivage Centre-Périphérie, qui oppose le centre politique et économique du pays à ses régions périphériques. Ce clivage est souvent lié à des questions de centralisation versus autonomie régionale.
  • Le clivage Eglise-Etat, qui met en opposition les forces laïques et les forces religieuses. Ce clivage est lié à des questions comme le contrôle de l'éducation et le rôle de la religion dans la vie publique.
  • Le clivage Ville-Campagne, qui reflète les différences entre les zones urbaines industrialisées et les zones rurales agricoles.
  • Le clivage Travail-Capital, qui oppose la classe ouvrière et la bourgeoisie autour de questions économiques et sociales.

Lipset et Rokkan soutiennent que ces clivages ont eu un impact durable sur les systèmes de partis, et qu'ils ont "gelé" la structure de ces systèmes pour une longue période. Cette théorie du "gel des clivages" a été largement débattue et modifiée depuis, mais elle reste une référence majeure dans l'étude des clivages et des systèmes de partis.

Seymour Martin Lipset et Stein Rokkan ont proposé une théorie suggérant quatre clivages majeurs ayant façonné les systèmes politiques européens, y compris la Suisse. Ces clivages historiques sont religieux, centre-périphérie (également perçu comme linguistique en Suisse), classe et ville-campagne, et ont grandement influencé la formation des partis politiques.

Le premier clivage, le clivage religieux, se manifeste clairement en Suisse par les tensions historiques entre les catholiques et les protestants. Ces deux groupes ont souvent démontré des préférences politiques distinctes, façonnant ainsi le paysage politique du pays. Ensuite, nous avons le clivage centre-périphérie, également reconnu comme clivage linguistique en Suisse. Ce clivage est lié aux différences culturelles et linguistiques entre les différentes régions de la nation. Par conséquent, on peut observer des variations dans les préférences politiques entre les cantons germanophones, francophones et italophones. Le clivage de classe, commun à de nombreux pays européens, est également présent en Suisse. Il symbolise les tensions historiques entre les travailleurs et les classes supérieures, souvent exprimées à travers l'opposition des partis socialistes ou de gauche aux partis conservateurs ou de droite. Finalement, le clivage ville-campagne se distingue par des différences de préférences politiques entre les zones urbaines, généralement plus progressistes, et les zones rurales, qui sont souvent plus conservatrices. Ces clivages ont considérablement structuré les partis politiques et la compétition électorale en Suisse.

Ces clivages, tant traditionnels que contemporains, ont des racines profondément ancrées dans l'histoire sociale et politique. Certains, comme le clivage de classe et le clivage ville-campagne, sont liés au processus d'industrialisation. Par exemple, le clivage de classe reflète les tensions socio-économiques entre les travailleurs et les classes supérieures qui ont émergé lors de la révolution industrielle. De même, le clivage ville-campagne représente les différences entre les zones urbaines, généralement plus progressistes et industrialisées, et les zones rurales, souvent plus conservatrices et agricoles. D'autres clivages, tels que le clivage centre-périphérie (ou linguistique en Suisse) et le clivage religieux, sont liés à la création de l'État-nation. Le clivage centre-périphérie reflète les tentatives du centre politique et économique d'un pays d'homogénéiser et de contrôler les régions périphériques, ce qui peut conduire à des tensions entre ces régions et le centre. Dans le cas de la Suisse, ce clivage est également linguistique, reflétant les différences entre les cantons germanophones, francophones et italophones. Le clivage religieux, quant à lui, est lié aux tensions entre les forces religieuses et laïques au sein de la société. En Suisse, cela se manifeste dans les différences historiques entre les catholiques et les protestants. Ces clivages continuent d'influencer la politique suisse, même si leur importance relative peut varier au fil du temps.

Les clivages traditionnels ont joué un rôle essentiel dans la structuration des systèmes politiques de nombreux pays, y compris la Suisse. Toutefois, il est généralement admis que leur importance a diminué au fil du temps. Prenez, par exemple, le clivage religieux en Suisse. Au XIXème siècle, ce clivage était extrêmement fort, au point qu'il a façonné la formation de la Suisse moderne. La guerre du Sonderbund, qui était en grande partie basée sur des différences religieuses, en est un exemple frappant. Cependant, au fil du XIXème et du XXème siècle, ce clivage religieux a perdu une grande partie de sa force. Le clivage de classe a également connu des transformations significatives. Même si ce clivage est toujours présent, sa formulation et son influence ont évolué au fil du temps.

L'affaiblissement des clivages classiques, souvent qualifié de "pacification", a laissé place à l'émergence de nouveaux clivages dans le paysage politique. Parmi ceux-ci, le clivage matérialiste-postmatérialiste a gagné en importance. Le clivage matérialiste-postmatérialiste a été théorisé par le politologue américain Ronald Inglehart dans les années 1970. Selon Inglehart, ce clivage reflète un changement de valeurs au sein des sociétés occidentales, qui s'est produit au cours des dernières décennies. Les matérialistes tendent à valoriser la sécurité économique et physique, et se concentrent sur les besoins matériels traditionnels comme l'emploi et le revenu. Les postmatérialistes, en revanche, accordent plus d'importance à des questions telles que l'autonomie personnelle, la qualité de vie et les droits de l'homme. L'émergence de ce nouveau clivage ne signifie pas nécessairement que les clivages traditionnels ont disparu. Au contraire, ils coexistent souvent et peuvent interagir de manière complexe, influençant ainsi les préférences politiques et le comportement électoral.

Le clivage matérialiste-postmatérialiste, qui a été reconnu dans les années 1980 et 1990, est souvent attribué à un renouvellement générationnel. Plus spécifiquement, ce clivage est lié aux expériences distinctes des générations nées après la Seconde Guerre mondiale par rapport à celles nées avant. Ces générations d'après-guerre ont vécu dans une ère de paix relative et ont connu des niveaux d'éducation sans précédent. Ces conditions ont contribué à l'émancipation de la société et ont favorisé l'émergence de ce qu'on appelle des valeurs postmatérialistes. Contrairement aux valeurs matérialistes, qui privilégient la sécurité économique et physique, les valeurs postmatérialistes mettent l'accent sur l'épanouissement personnel et la réalisation de soi. Elles favorisent également la protection de l'environnement face à la croissance économique. En ce sens, le conflit environnemental est souvent lié à l'émergence de ce clivage matérialiste-postmatérialiste. Ces nouvelles priorités ont contribué à redéfinir le paysage politique, avec une attention accrue portée aux questions d'environnement, de droits de l'homme et de liberté individuelle.

Le conflit environnemental est souvent associé à l'émergence du clivage matérialiste-postmatérialiste. Ce clivage politique met en opposition deux groupes de personnes ayant des valeurs et des priorités différentes. D'une part, le groupe des matérialistes, qui mettent l'accent sur des préoccupations économiques et matérielles, tels que la croissance économique, la sécurité de l'emploi et la stabilité économique. Ces individus tendent à donner la priorité à la croissance économique, même si cela peut avoir des conséquences néfastes sur l'environnement. D'autre part, le groupe des postmatérialistes, qui valorisent davantage des préoccupations telles que la qualité de vie, l'autonomie personnelle et les droits de l'homme. Ils ont tendance à être plus préoccupés par des questions environnementales et sont plus susceptibles de soutenir des politiques de protection de l'environnement. Ainsi, le conflit environnemental, opposant les partisans d'une croissance économique continue à ceux qui plaident pour une plus grande attention aux problèmes environnementaux, peut être vu comme une manifestation de ce clivage matérialiste-postmatérialiste.

Le clivage entre ouverture et tradition est une autre dynamique politique émergente, parfois également nommée "intégration-démarcation" ou "modernisation-tradition". Ce clivage est devenu de plus en plus prégnant dans la politique suisse à partir des années 1980 et 1990, et a encore gagné en importance au cours des années 2000 et 2010. D'un côté de ce clivage, on trouve les groupes favorables à l'ouverture internationale, à la solidarité et à la modernisation de la société. Ces groupes sont généralement enclins à soutenir l'intégration de la Suisse dans des structures supranationales comme l'Union Européenne, et à favoriser des politiques progressistes sur des questions comme l'immigration, l'égalité des droits ou l'environnement. De l'autre côté du clivage, on trouve les groupes qui privilégient la défense des traditions, l'indépendance de la Suisse et qui s'opposent à une plus grande intégration avec l'Union Européenne. Ces groupes ont tendance à être plus conservateurs, à favoriser la souveraineté nationale et à s'opposer à des changements rapides dans des domaines comme la politique d'immigration ou les normes sociales. C'est donc un clivage qui traduit une opposition de valeurs sur des questions clés de la politique suisse, avec une dimension normative importante : il concerne les conceptions divergentes de ce que devrait être la Suisse et de la direction que le pays devrait prendre à l'avenir.

Le clivage ouverture-tradition a aussi des racines sociostructurelles. Il est parfois interprété en termes de "gagnants" et de "perdants" de la modernisation et de la mondialisation. Cette perspective analyse le clivage non seulement en termes de valeurs, mais aussi en termes de caractéristiques sociologiques individuelles des personnes qui soutiennent ces valeurs. D'un côté, les "gagnants" sont généralement ceux qui bénéficient de l'ouverture internationale, de la modernisation et de la mondialisation. Ils sont souvent plus éduqués, plus riches, plus jeunes et vivent dans des zones urbaines. Ces individus sont plus enclins à soutenir des politiques d'ouverture, de modernisation et d'intégration internationale. De l'autre côté, les "perdants" sont ceux qui se sentent menacés ou désavantagés par ces changements. Ils ont tendance à être moins éduqués, plus âgés, moins aisés et vivent souvent dans des zones rurales ou périphériques. Ces individus sont plus susceptibles de soutenir des politiques de tradition, d'indépendance nationale et de résistance à la mondialisation et à l'ouverture. Le clivage ouverture-tradition n'est pas seulement une question de valeurs, mais est également lié à des divisions socioéconomiques et géographiques au sein de la société.

Synthèse et Application à la Politique Suisse[modifier | modifier le wikicode]

Nous avons tout d'abord analysé comment le contexte institutionnel spécifique de la Suisse a une forte influence sur les élections fédérales. Ces élections sont largement façonnées par les traits distinctifs du système institutionnel suisse. Les aspects tels que le système de gouvernement, la démocratie directe, le fédéralisme et le système électoral jouent tous des rôles clés. De plus, l'interaction entre le système électoral et le fédéralisme est particulièrement significative. Ces facteurs ont un impact considérable sur le contexte des élections, affectant non seulement les partis politiques eux-mêmes, mais aussi les électeurs. Ils influencent à la fois l'éventail des partis proposés et la façon dont ces partis évoluent au fil du temps. Cette interaction complexe entre l'environnement institutionnel et le paysage politique a des répercussions sur la dynamique des élections fédérales en Suisse.

Cela pourrait amener à s'interroger sur l'importance des élections fédérales en Suisse, compte tenu de notre discussion précédente suggérant qu'elles pourraient avoir une importance moindre. Une vision traditionnelle suggère que les élections parlementaires en Suisse ont une importance relative, ou du moins, sont moins importantes que dans d'autres contextes. Ce point de vue, bien que toujours partiellement valide, met en avant que les élections parlementaires ont une influence limitée sur la composition du gouvernement en Suisse. De plus, elles sont mises en concurrence avec le mécanisme de la démocratie directe. En outre, la fragmentation du système de partis et le fédéralisme rendent les changements majeurs dans les rapports de force entre les partis moins probables en Suisse.

La nature fragmentée du système de parti en Suisse, combinée à la structure fédéraliste du pays, restreint les chances qu'un parti politique puisse connaître une expansion soudaine et significative à l'échelle nationale. Chaque canton a ses propres spécificités et dynamiques politiques, rendant ainsi difficile pour un seul parti d'obtenir un soutien massif et uniforme à travers tout le pays.

Dans un système fédéraliste comme celui de la Suisse, le pouvoir est réparti entre le gouvernement central et les gouvernements régionaux ou cantonaux. Ce système favorise une pluralité de partis politiques qui peuvent répondre aux spécificités locales de chaque canton. Il en résulte un paysage politique très diversifié et fragmenté, où de nombreux partis sont présents et ont une influence politique, plutôt qu'une concentration du pouvoir politique entre deux ou trois partis majeurs, comme c'est souvent le cas dans les systèmes politiques plus centralisés. Dans ce contexte, un parti politique suisse ne peut pas simplement s'appuyer sur une plateforme politique uniforme pour gagner un soutien significatif à travers tout le pays. Au contraire, il doit être capable de répondre à une multitude de préférences politiques locales et régionales, qui peuvent varier considérablement d'un canton à l'autre. De plus, l'existence de nombreux partis politiques dans le système suisse signifie que les voix sont souvent réparties entre plusieurs partis, plutôt que concentrées autour de quelques-uns. Ainsi, même une petite augmentation du soutien pour un parti donné peut être suffisante pour lui donner une position plus forte au parlement, mais un changement radical dans l'équilibre des forces entre les partis reste peu probable. Cela signifie que, même si un parti gagne en popularité dans certaines régions, il est peu probable qu'il obtienne le même niveau de soutien à travers tout le pays. Cela limite la capacité d'un parti à "grandir tout d'un coup" et à obtenir un soutien massif au niveau national. Il est plus probable qu'un parti qui connaît un gain de popularité voit sa croissance se limiter à certaines régions ou cantons spécifiques. Par conséquent, le système politique suisse favorise une évolution plus lente et plus graduelle des partis politiques, plutôt que des changements rapides et spectaculaires dans le paysage politique.

La vision révisée de l'importance des élections fédérales suisses remet en question l'idée que ces élections sont de moindre importance en raison de la fragmentation du système de parti et du fédéralisme. Cette nouvelle perspective souligne que, bien que les changements politiques majeurs d'une élection à l'autre puissent être rares en Suisse, des évolutions significatives peuvent se produire sur plusieurs cycles électoraux. Un exemple frappant de cela est la montée en puissance de l'Union démocratique du centre (UDC) en Suisse. Le 18 octobre 2015, le parti a remporté une victoire significative en gagnant 3% des voix au niveau national, un exploit qualifié de "raz-de-marée UDC". Bien que 3% puissent sembler un gain mineur dans une seule élection, ce chiffre est significatif dans le contexte des gains progressifs réalisés par l'UDC au fil des ans. En l'espace de vingt ans, l'UDC a plus que doublé sa force électorale, démontrant que des changements majeurs sont possibles en Suisse sur une période plus longue. Cette vision révisée reconnaît donc que, bien que les changements dramatiques d'une élection à l'autre soient peu probables en Suisse, les élections fédérales restent un mécanisme important pour les transformations politiques à plus long terme. Elles ont le potentiel d'influer progressivement sur le paysage politique suisse et de faire évoluer les rapports de force entre les partis politiques. Par conséquent, cette perspective met en évidence l'importance croissante des élections fédérales en Suisse.

La montée en puissance de l'Union Démocratique du Centre (UDC) a effectivement entraîné une augmentation notable de la polarisation dans la politique suisse. Cette polarisation se caractérise par une division idéologique croissante entre l'UDC, située à l'extrême droite du spectre politique, et les partis de gauche. Cette polarisation est marquée par des divergences profondes sur des questions clés telles que l'immigration, l'environnement, l'intégration européenne et la politique économique. En particulier, l'UDC a été à la pointe de l'opposition à l'immigration et à une intégration plus étroite avec l'Union européenne, tandis que les partis de gauche ont tendance à être plus favorables à ces deux thèmes. L'impact de cette polarisation a été particulièrement visible dans le discours politique suisse, avec une rhétorique de plus en plus clivée et des tensions croissantes entre les partis. Cela peut également avoir des implications pour le consensus traditionnel qui a été la marque de la politique suisse, avec une gouvernance basée sur le compromis entre les différents partis. En somme, la montée en puissance de l'UDC et la polarisation croissante de la politique suisse ont ajouté une nouvelle dimension à la politique du pays, rendant les élections fédérales plus importantes et potentiellement plus conflictuelles.

La politique suisse a connu des changements notables en termes de dynamiques partisanes au cours des dernières décennies. Autrefois marquée par une culture du consensus et de la coopération interpartis, la politique suisse s'est progressivement transformée en un espace plus conflictuel et concurrentiel. Cette tendance a été amplifiée par l'ascension de l'UDC et la polarisation accrue entre les partis politiques. La nature plus conflictuelle de la politique suisse est particulièrement visible lors des campagnes électorales, où les partis politiques luttent vigoureusement pour gagner le soutien des électeurs. Par ailleurs, l'activité législative au Parlement est également devenue plus concurrentielle. Les partis politiques sont de plus en plus en désaccord sur diverses questions politiques, ce qui rend le processus d'élaboration des lois plus contesté et politisé. Ainsi, le paysage politique suisse est devenu plus dynamique et conflictuel, augmentant l'importance et l'intérêt des élections parlementaires. Cela a eu pour conséquence de rendre le processus politique plus vivant, mais également potentiellement plus polarisé et divisé.

Les recherches récentes ont mis en évidence un niveau de polarisation étonnamment élevé au sein du système politique suisse. Traditionnellement associée à un modèle de consensus, la politique suisse est désormais caractérisée par une polarisation partisane qui compte parmi les plus fortes en Europe. Au cours des deux dernières décennies, cette polarisation s'est considérablement intensifiée. Les clivages entre les différents partis politiques se sont accentués, créant une tension plus grande sur l'échiquier politique suisse. Cette polarisation accrue peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment la montée de l'UDC et les profonds changements sociopolitiques qui ont remodelé le paysage politique suisse. De plus, l'émergence de nouveaux clivages, comme le clivage entre les valeurs traditionnelles et modernes ou le clivage entre les gagnants et les perdants de la mondialisation, a également contribué à cette polarisation. Alors que la Suisse est souvent perçue comme un pays de consensus et de stabilité politique, ces récents développements soulignent la dynamique changeante de la politique suisse et l'importance croissante de comprendre les facteurs qui alimentent cette polarisation.

Bien que les élections parlementaires en Suisse n'aient généralement pas un impact significatif sur la composition globale du gouvernement, il est désormais reconnu que ces élections peuvent influencer au moins un des sept sièges du gouvernement, et peut-être même deux à l'avenir. Ce phénomène est en partie dû à la dynamique changeante du paysage politique suisse, où un siège au gouvernement peut potentiellement changer de mains en fonction des résultats électoraux. Même si cela ne représente qu'une fraction du gouvernement, cet enjeu augmente néanmoins l'importance des élections parlementaires. En outre, ces élections offrent un baromètre utile des tendances politiques et sociales en Suisse. Elles sont une occasion pour les citoyens d'exprimer leurs opinions et leurs préoccupations, et peuvent ainsi influencer le discours politique et l'orientation des politiques à plus long terme. Ainsi, malgré leur influence limitée sur la composition du gouvernement, les élections parlementaires jouent un rôle essentiel dans la démocratie suisse.

Dans le passé, le fédéralisme suisse donnait une plus grande importance aux enjeux locaux et aux campagnes cantonales lors des élections nationales. Cela était dû à la nature décentralisée du système politique suisse, où chaque canton a sa propre constitution, son propre gouvernement et son propre système juridique. Cependant, nous avons vu ces dernières années une tendance à la nationalisation du système de parti et des élections. Les problèmes et les débats nationaux jouent un rôle de plus en plus important dans les élections parlementaires, même si les spécificités cantonales restent pertinentes. Par conséquent, les élections nationales sont aujourd'hui beaucoup plus représentatives des enjeux à l'échelle nationale qu'elles ne l'étaient il y a vingt ans. Ce mouvement vers une plus grande nationalisation des élections parlementaires a contribué à augmenter leur importance et leur portée. Moins influencées par les particularités cantonales, elles sont désormais plus représentatives de l'état d'esprit politique national, offrant une vision plus claire de la dynamique politique à l'échelle du pays.

Toutes ces tendances - une polarisation politique accrue, une concurrence plus vive entre les partis, l'impact potentiel des élections parlementaires sur la composition du gouvernement, et une nationalisation croissante des élections - ont contribué à augmenter l'importance et l'intérêt des élections parlementaires en Suisse. La polarisation politique a rendu le paysage politique plus dynamique et imprévisible, stimulant l'intérêt du public pour les élections. Par ailleurs, la nationalisation croissante des élections a mis en avant les enjeux nationaux, rendant les élections parlementaires plus pertinentes pour un public plus large. De plus, la possibilité que les résultats des élections parlementaires influencent la composition du gouvernement - même s'il s'agit seulement du sixième ou septième siège - donne aux élections un enjeu supplémentaire. Même si le système politique suisse est conçu pour promouvoir la stabilité et le consensus, ces développements ont contribué à rendre les élections parlementaires plus significatives et plus captivantes pour les électeurs suisses.

Impact des Clivages Politiques sur la Politique Suisse[modifier | modifier le wikicode]

Valeurs politiques: position moyenne de l’électorat des partis. Source: Données Selects (Pascal Sciarini).

Ce graphique nous présente la position moyenne de l’électorat des différents partis dans un espace à deux dimensions. Les données sur lesquelles nous nous appuyons sont des données d’enquêtes d’opinion, de sondages réalisés après les élections fédérales.

Les enquêtes post-électorales telles que l'enquête SELECTS (Swiss Election Studies) menée par l'Université de Genève et d'autres institutions universitaires suisses fournissent une précieuse mine d'informations sur l'électorat suisse. Ces enquêtes, réalisées tous les quatre ans, capturent les attitudes, les comportements et les opinions des électeurs après les élections fédérales suisses. En interrogeant un échantillon représentatif de la population suisse, qui peut aller jusqu'à 4000 personnes, ces enquêtes permettent d'obtenir un aperçu détaillé des tendances électorales, de l'évolution des préférences politiques et de l'impact des différents enjeux sur le vote des citoyens. Elles peuvent aider à comprendre comment et pourquoi certaines questions politiques deviennent prépondérantes, comment les attitudes envers les partis politiques changent avec le temps, et comment des facteurs tels que l'âge, le sexe, l'éducation et d'autres caractéristiques socio-démographiques influencent les comportements de vote. Ces données peuvent être utilisées pour analyser une multitude d'aspects de la politique suisse, de la dynamique des partis politiques à l'évolution des clivages politiques, et elles peuvent aider à identifier les facteurs qui contribuent aux changements dans le paysage politique suisse.

Dans l'enquête SELECTS, on demande aux participants de situer leurs préférences politiques sur une échelle de 1 à 6 concernant différentes questions de politique. Ces questions peuvent couvrir un large éventail de sujets, allant de la politique économique à la politique environnementale, en passant par des questions de société plus générales. En demandant aux participants de situer leurs opinions sur cette échelle, les chercheurs peuvent obtenir une mesure quantitative des préférences politiques des électeurs. Cela permet d'analyser les positions politiques des individus de manière plus détaillée et plus précise que ce que permettrait une simple question sur l'appartenance à un parti politique. Par exemple, une personne pourrait se voir poser une question comme: "Dans quelle mesure êtes-vous d'accord avec l'affirmation selon laquelle la Suisse devrait s'ouvrir davantage aux influences internationales?" Sur l'échelle de 1 à 6, 1 pourrait signifier "Pas du tout d'accord" et 6 "Tout à fait d'accord". De cette façon, les chercheurs peuvent obtenir une vision plus nuancée des attitudes politiques des répondants.

Les questions utilisées afin de produire ces deux dimensions, est, pour l’axe horizontal, des questions redistributives classiques que l’on pourrait appeler le clivage gauche – droite économique. Pour l’axe horizontal, la question est de savoir si on est pour une Suisse dans laquelle on augmente les dépenses sociales ou pour une Suisse dans laquelle on réduit les dépenses sociales de la confédération. La deuxième question est de savoir si on est pour une Suisse dans laquelle on augmente l’impôt sur les hauts revenus ou est-on pour une Suisse dans laquelle on diminue l’impôt sur les hauts revenus. Chaque fois, ce sont des préférences de gauche ou de droit et après on calcule la position moyenne des électeurs qui stipule pour quel parti ils ont voté sur cet axe.

Ces deux questions sont classiques pour situer les électeurs sur un axe gauche-droite dans le contexte politique. L'axe horizontal se base sur des questions économiques, qui correspondent traditionnellement au clivage gauche-droite. C'est-à-dire, les préférences pour une redistribution plus ou moins forte des richesses. À une extrémité de l'axe (la gauche), on trouve les personnes qui sont favorables à une augmentation des dépenses sociales et des impôts sur les hauts revenus pour favoriser une répartition plus égalitaire des richesses. À l'autre extrémité (la droite), on trouve les personnes qui souhaitent réduire les dépenses sociales et diminuer les impôts sur les hauts revenus, souvent dans l'objectif de stimuler la croissance économique et l'investissement privé. Quant à l'axe vertical, il peut représenter un autre clivage important dans la politique, tel que le clivage libéral-conservateur sur des questions sociétales ou le clivage ouvert-fermé sur des questions d'immigration et de mondialisation, par exemple. Pour chaque électeur, une moyenne de ses réponses aux questions est calculée pour déterminer sa position sur l'axe gauche-droite. Les électeurs sont ensuite groupés en fonction du parti pour lequel ils ont voté, ce qui permet d'établir une position moyenne pour chaque parti sur l'axe politique.

Idem pour l’axe vertical. Il y a deux questions qui sont derrière la représentation qui est d’abord une question sur les étrangers, à savoir si on est favorable à une Suisse qui donne les mêmes chances aux étrangers et aux suisses ou, est-ce qu’on est favorable à un Suisse qui favorise les suisses sur une échelle de 1 à 6. La deuxième question est de savoir si on est favorable à une Suisse qui adhère à l’Union européenne ou à une Suisse qui fait cavalier seul. La question concernant l'égalité des chances pour les Suisses et les étrangers aborde les attitudes envers l'immigration et l'intégration. Les personnes qui sont plus favorables à une égalité des chances peuvent être considérées comme ayant des valeurs plus cosmopolites ou universalistes, tandis que celles qui favorisent les Suisses peuvent être considérées comme ayant des valeurs plus nationalistes ou ethnocentriques. La question concernant l'adhésion à l'Union européenne aborde les attitudes envers la globalisation et l'intégration européenne. Les personnes favorables à l'adhésion peuvent être considérées comme ayant une attitude plus ouverte envers la globalisation et l'intégration internationale, tandis que celles favorisant une Suisse "cavalier seul" peuvent être considérées comme ayant une attitude plus fermée, favorisant l'indépendance et la souveraineté nationale. Ainsi, l'axe vertical permet de situer les électeurs sur un clivage entre ouverture/intégration et tradition/indépendance. Comme pour l'axe horizontal, une moyenne des réponses de chaque électeur à ces questions est calculée pour déterminer sa position sur l'axe, et ces positions sont ensuite regroupées par parti politique.

Sur l'axe horizontal, la gauche économique tend à soutenir un rôle plus fort pour l'État dans l'économie, notamment en matière de redistribution des richesses et de fourniture de services publics, tandis que la droite économique tend à favoriser une approche de libre marché avec moins d'intervention de l'État. L'axe vertical, quant à lui, représente un clivage basé sur les attitudes envers le changement social et culturel et la globalisation. Le pôle supérieur (ouverture) représente des valeurs progressistes, cosmopolites et pro-globalisation, tandis que le pôle inférieur (tradition) représente des valeurs conservatrices, nationalistes et une préférence pour l'autonomie et la souveraineté nationale. Ces deux axes permettent de cartographier une grande variété de positions politiques et de comprendre les divisions principales parmi les électeurs et les partis politiques.

Apparaît la position moyenne des différents électorats de partis en 1995 et en 2011. On voit qu’il y a un électorat de gauche en haut à gauche avec le Parti socialiste et les Verts, un électorat UDC en bas à droite et au milieu l’électorat de la droite modérée. Dans une telle représentation, les électeurs du Parti socialiste et des Verts se situeraient en haut à gauche, reflétant leur préférence pour une plus grande intervention de l'État dans l'économie (axe gauche-droite) et leur ouverture sur des questions de globalisation et de changement culturel (axe ouverture-tradition). De même, les électeurs de l'UDC (Union démocratique du centre) seraient situés en bas à droite, reflétant leur penchant pour une économie de marché plus libérale et leurs attitudes plus conservatrices et nationalistes en matière de culture et de globalisation. Les électeurs des partis du centre et de la droite modérée, tels que le Parti libéral-radical et le Parti démocrate-chrétien, se situeraient probablement quelque part au milieu, reflétant une combinaison de vues économiques de droite et d'attitudes plus modérées ou mixtes sur les questions de globalisation et de changement culturel. Il est également intéressant de noter les mouvements des électeurs au fil du temps. Par exemple, si les électeurs d'un parti se déplacent vers la droite ou vers la gauche sur l'axe économique, ou vers le haut ou vers le bas sur l'axe de l'ouverture-tradition, cela pourrait indiquer un changement dans les priorités ou les préoccupations de cet électorat.

Si on trace une droite médiane qui est la droite de régression au milieu des points, apparaît l’axe gauche – droite. La dimension gauche – droite en Suisse est un peu la synthèse de ces deux dimensions avec l’axe gauche – droite économique et le nouvel axe de valeur tradition – ouverture, intégration – démarcation. Les partis ne sont pas alignés parfaitement sur la ligne, mais c’est assez frappant de voir qu’on peut résumer l’information. Dans la plupart des systèmes politiques, l'axe gauche-droite reste une dimension importante pour comprendre les préférences politiques. Dans le cas de la Suisse, cet axe intègre à la fois les questions économiques traditionnelles de gauche-droite (comme l'État contre le marché) et le clivage plus contemporain entre l'ouverture et la tradition. La ligne de régression que vous avez mentionnée représente la tendance générale dans les positions politiques. Bien que tous les partis ne soient pas alignés parfaitement le long de cette ligne, elle donne un bon aperçu de la manière dont les préférences politiques se répartissent dans le paysage politique suisse. Les partis situés en haut à gauche de cette ligne tendent à combiner des préférences de gauche sur l'économie et un soutien à l'ouverture et à l'intégration. De même, les partis situés en bas à droite de cette ligne tendent à combiner des préférences de droite sur l'économie et un soutien à la tradition et à la démarcation. La répartition des partis le long de cet axe aide également à comprendre comment les électeurs peuvent se déplacer entre les partis. Par exemple, un électeur qui est économiquement à gauche mais qui soutient la tradition et la démarcation pourrait se trouver déchiré entre les partis situés en haut à gauche et ceux situés en bas à gauche de cette ligne.

L'Union Démocratique du Centre (UDC) en Suisse se distingue principalement par ses positions sur des questions comme l'intégration européenne, l'immigration, l'asile et la souveraineté nationale. Ces questions sont généralement associées à la dimension d'ouverture versus tradition, ou d'intégration versus démarcation, de l'axe politique. En termes économiques, l'électorat de l'UDC ne se situe pas nécessairement plus à droite que celui du Parti libéral-radical (PLR). Cependant, la position de l'UDC sur la dimension d'ouverture a clairement contribué à son succès électoral. Les électeurs qui valorisent fortement la souveraineté nationale, qui sont sceptiques à l'égard de l'immigration et qui sont opposés à l'intégration européenne sont susceptibles de se sentir attirés par le programme de l'UDC. Ce phénomène n'est pas unique à la Suisse. Dans de nombreux pays, on observe que les partis qui prennent des positions fortes sur des questions liées à l'immigration et à la souveraineté nationale peuvent attirer un soutien significatif, même si leurs positions économiques ne se distinguent pas nécessairement de celles des autres partis de droite.

La réussite électorale de l'UDC peut être largement attribuée à son positionnement distinctif sur les questions d'ouverture, d'intégration européenne, de politique d'asile et de politique d'immigration. Bien que les enjeux économiques soient généralement un aspect important des plateformes politiques, la position de l'UDC sur ces questions ne semble pas être le facteur principal de son succès électoral. L'UDC a réussi à mobiliser une large base d'électeurs en se concentrant sur ces questions de souveraineté et d'identité nationales. Cela est particulièrement vrai dans le contexte des inquiétudes de certains segments de la population suisse concernant la mondialisation, l'immigration et la perte perçue de contrôle sur les affaires nationales. Ce succès de l'UDC souligne l'importance de ces questions pour de nombreux électeurs et illustre comment le clivage entre ouverture et tradition est devenu un axe politique clé en Suisse.

Le recul des préférences d'ouverture parmi les électeurs de presque tous les partis en Suisse entre 1995 et 2011, comme vous l'avez noté, est un phénomène notable. Cela indique un déplacement progressif des attitudes des électeurs vers des positions plus conservatrices sur les questions d'intégration européenne, d'immigration et de souveraineté nationale. Ce changement peut s'expliquer par plusieurs facteurs. D'une part, il peut être attribué à un climat politique changeant, tant au niveau national qu'international, marqué par des préoccupations croissantes concernant les effets de la mondialisation, l'immigration, et une méfiance accrue envers les institutions supra-nationales comme l'Union européenne. D'autre part, les partis politiques eux-mêmes ont peut-être contribué à ce changement en modifiant leurs discours et leurs plateformes pour refléter ces préoccupations. Par exemple, l'UDC a été particulièrement efficace pour articuler un discours en faveur de la souveraineté nationale et contre l'immigration excessive, ce qui a pu influencer le paysage politique suisse dans son ensemble. Finalement, il est également possible que les attitudes des électeurs aient changé à la suite d'événements spécifiques, comme la crise financière de 2008 et la crise des réfugiés de 2015, qui ont pu renforcer les sentiments d'insécurité et de méfiance envers l'intégration européenne. Tout cela démontre la complexité du paysage politique suisse et comment les attitudes et les préférences des électeurs peuvent évoluer au fil du temps en réponse à un large éventail de facteurs.

L'axe ouverture-tradition semble jouer un rôle significatif dans la politique suisse contemporaine. Il s'agit d'un clivage politique majeur qui, comme vous l'avez mentionné, remplit trois conditions clés.

  • Composante structurelle empirique : Les positions sur cet axe sont en grande partie influencées par des facteurs structurels tels que le niveau d'éducation, l'âge, la situation socio-économique et l'origine ethnique ou nationale.
  • Composante normative culturelle : Les valeurs et les croyances des électeurs sont centrales pour déterminer leur position sur l'axe ouverture-tradition. Cela comprend des questions comme l'identité nationale, les attitudes envers la diversité culturelle, l'immigration et l'intégration européenne.
  • Composante politique organisationnelle : Les partis politiques et leurs dirigeants utilisent cet axe pour se positionner sur l'échiquier politique, formuler leurs plateformes politiques et mobiliser leurs partisans. Par exemple, l'UDC a adopté une position claire sur l'extrémité "traditionnelle" de l'axe, tandis que des partis comme le Parti socialiste et les Verts se positionnent plutôt du côté de l'ouverture.

En fin de compte, l'existence de cet axe ouverture-tradition souligne l'importance des valeurs culturelles et des identités dans la politique suisse, en plus des questions économiques traditionnelles.

Le fédéralisme suisse crée un paysage politique très diversifié au niveau local. Les cantons ont une autonomie considérable en Suisse, ce qui leur permet de développer leur propre culture politique et leur propre système de partis. En conséquence, les clivages politiques peuvent varier considérablement d'un canton à l'autre. Dans les cantons catholiques, par exemple, les clivages politiques peuvent être influencés par des questions de religion ou de valeurs culturelles. À Genève, un canton urbain avec un large éventail de groupes ethniques et une économie internationale, les enjeux peuvent tourner autour de questions de diversité, d'inclusion sociale, de logement ou d'économie locale. Dans les cantons plus ruraux, les questions liées à l'agriculture, à la gestion des ressources naturelles ou à l'expansion urbaine peuvent être prédominantes. De plus, dans ces cantons, le poids des traditions et l'attachement à une identité locale forte peuvent être des facteurs importants.

Ces systèmes de parti cantonaux, en se superposant, contribuent à la complexité et à la fragmentation du paysage politique national, car les partis doivent naviguer entre différentes coalitions et diverses préférences électorales à travers le pays. Cela signifie que le pouvoir est souvent partagé entre plusieurs partis au niveau national, chacun ayant une base d'électeurs dans différents cantons. En conséquence, le système politique suisse est souvent caractérisé par le consensus et la coalition plutôt que par la domination d'un seul parti. La diversité des systèmes de partis cantonaux reflète également le caractère unique de chaque région, respectant la diversité culturelle, linguistique et économique de la Suisse.

Le système politique suisse est unique en ce sens qu'il représente une grande variété de perspectives régionales. Chaque canton a ses propres préoccupations et priorités politiques, ce qui se reflète dans le paysage politique national. Les partis politiques de Suisse ne sont donc pas des "répliques miniatures" de partis nationaux. Au lieu de cela, ils reflètent les diverses idéologies, préoccupations et priorités de chaque canton, ce qui conduit à un paysage politique national très fragmenté. Cette diversité se retrouve dans les différentes coalitions et alliances politiques qui se forment au niveau national. Cette fragmentation politique a des avantages et des inconvénients. D'une part, elle assure que chaque canton a une voix et qu'il est représenté au niveau national. Cela respecte la diversité culturelle et économique de la Suisse et garantit que les politiques nationales prennent en compte une grande variété de perspectives. D'autre part, cela peut rendre la prise de décisions plus compliquée au niveau national, car il faut parvenir à un consensus entre un grand nombre de partis avec des agendas différents.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

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  • Sciarini, Pascal, Ballmer-Cao, Thanh-Huyen & Lachat, Romain (2001). Genre, âge et participation politique: les élections fédérales de 1995 dans le canton de Genève. Revue suisse de science politique 7(3): 83-98.
  • Helvetia Historica. “Pourquoi Existe-t-Il Des Demi-Cantons?”, 21 Jan. 2018, .

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Sciarini, P. (2015) Les deux principales causes de la sous-représentation de l'UDC dans les gouvernements cantonaux: un profil trop marqué et des sections insuffisamment établies url: http://www.bochsler.eu/media/sciarini_bochsler_udc05.pdf