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(Histoire des tiers-monde : Introduction générale)
 
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Introduction générale La colonisation constitue une rupture dans l’histoire de l’humanité, tout comme l’invention de l’agriculture il y a 10'000 ans et la révolution industrielle au18ème siècle.  Il y a un caractère massif de la colonisation : elle concerne environ 70 % des terres émergées du globe (Arctique et Antarctique non compris), c’est le continent Européen qui colonise. L’Europe qui représente 1 % des terres émergées dominera alors 40 % du monde habité, il y a là une disproportion.  La population touchée par la colonisation (colonisateur et colonisé) représente 80 % de la population des pays ccidentaux, et deux tiers  des 5 milliards d’habitants du Tiers Monde, qui ont été colonisés. Ainsi, une large fraction de la planète fait partie de ce phénomène.  La colonisation contemporaine démarre au 18ème siècle pour ce finir au 20ème siècle.  Actuellement, 70 % de la population mondiale a un passé colonial qui remonte au début du 16ème siècle. En 1750, seulement 8 à 10 % de la population mondial était touché par ce phénomène. Il y a donc eu une accélération du phénomène à partir du 18ème siècle.  Pourquoi parle-t-on de rupture ? On constate une implication du phénomène au niveau mondial. Par exemple, l’Amérique précolombienne est réorganisée en à peine 3 siècles, les effectifs humains sont modifiés, une partie de la population venant de l’extérieur ; la population indienne est décimée.  L’image que nous avons de l’Amérique remonte à la colonisation. Ce que l’on peut dire c’est que à l’époque, l’Europe n’a pas de réel avancé technologique sur les civilisations américaines (Incas ou Aztèques). Les écarts de développement ne sont pas significatifs entre les deux protagonistes en question.  L’Europe a certes des atouts, comme sa flotte navale, mais sur le plan global, il n’y a pas de réel écart.  Ce n’est que vers la période de la révolution industrielle que les écarts vont se creuser.  La constitution des premiers Empires coloniaux d’Europe va se faire en Amérique,mais cette constitution n’est pas le reflet de la surprenante avancétechnologique qui va se dérouler lors de la révolution industrielle.  C’est à partir du 19ème siècle quel’Angleterre incarne le premier Empire colonial.  Au niveau dela population, on constate des différences. Les populations d’Asie et d’Afriquene s’écroulent pas comme en Amérique ou en Océanie. Les structures économiquesvont se répandre dans le monde et elles vont produire des effets et lescolonies vont être les premiers sur la ligne à entrevoir ces effets. Tranche historiographique Comment sonttraitées les évolutions ? Il existe 3 tendances :  a)      recherchedes causesb)      recherchedes conséquencesc)      recherchedes moyens a)    Recherchedes causes Pourquoicoloniser ? Quels sont les motivations qui incitent les pays européensà  coloniser des régions ? Quelssont les facteurs dominants ? Il existe selon les historiens 2 facteursdominants : 1.      FacteuréconomiqueLacirculation des marchandises est un des facteurs économiques, les colonies sontdes marchés économiques protégées. Les métropoles peuvent écouler une partie deleur production industrielle.  Lesfournisseurs sont sûr et en abondance de produits brut (matières premières commele minerai et le textile).  La circulationdes capitaux est un autre facteur, les colonies offrent la possibilité à lamétropole de placer à des taux rémunérateur des surplus de capitaux.  2.      Facteurpolitique et psychologiqueLes facteurspolitique et psychologique sont tout d’abord le nationalisme de certains payseuropéens, l’intérêt  et la diplomatiejouent aussi un rôle, et aussi le désir de puissance et de prestige.  Si nousprenons une attitude euro centrée, la conjoncture économique et les structureséconomiques, politiques des métropoles jouent un rôle évident. On peut aussi sesituer dans les pays colonisés et ne pas avoir une attitude euro centrée.  Par exemple, en Inde, à l’époque de lacolonisation, on constate une dislocation de l’Empire Moghol, ce qui permet àl’Angleterre de coloniser la région. Il faut ainsi décentrer le discours pourtrouver des causes diverses. b)    Il existe2 tendances des conséquences Il y a un intérêt des historiens depuis 1970. Tout d’abord, il y a une prise de conscience depuis 30 ans des inégalités entre le Nord et le Sud. Durant le 20ème siècle, il y a une aggravation des inégalités. C’est un phénomène qui va en profondeur. La pauvreté de masse persiste. Le rôle de la colonisation dans la croissance économique des pays occidentaux est réel. Il y avait donc une utilité de posséder des colonies sur le plan économique. Il y a aussi un rôle de la colonisation dans le sous-développement des pays du Sud.  Actuellement, nous savons que les colonies ont joué un rôle dans le développement économique des pays occidentaux.  Les phases durant lesquels les colonies jouent un rôle particulier  pour certaines régions des métropoles qui s’industrialisent, existe. Les colonies ont joué un rôle, mais pas pour tous les pays, pas tout le temps, pas pour tous l’appareil productif. Il faut donc détailler et faire des études de cas. Il y a une responsabilité de la colonisation dans les pays pauvres. D’un côté on reconnaît toutes les responsabilités. On reconnaît que la colonisation a joué un facteur de blocage économique induit de l’extérieur (cause extérieure).  On reconnaît aussi un facteur de stagnation interne dans les colonies, potentialité remis en cause.  Les écarts de développement sont dus aux facteurs internes de blocage à certains niveaux dans les sociétés africaines subsahariennes. Il est évident que l’on ne peut pas donner crédit à l’un ou à l’autre des camps. Il faut analyser les facteurs internes et externes.  c)      Recherche des moyens Le plus important n’est pas vraiment de savoir quels sont les moyens  qui ont permis de conquérir les régions colonisées, mais ce qu’il faut savoir, c’est à quel prix.
Introduction générale La colonisation constitue une rupture dans l’histoire de l’humanité, tout comme l’invention de l’agriculture il y a 10'000 ans et la révolution industrielle au18ème siècle.  Il y a un caractère massif de la colonisation : elle concerne environ 70 % des terres émergées du globe (Arctique et Antarctique non compris), c’est le continent Européen qui colonise. L’Europe qui représente 1 % des terres émergées dominera alors 40 % du monde habité, il y a là une disproportion.  La population touchée par la colonisation (colonisateur et colonisé) représente 80 % de la population des pays ccidentaux, et deux tiers  des 5 milliards d’habitants du Tiers Monde, qui ont été colonisés. Ainsi, une large fraction de la planète fait partie de ce phénomène.  La colonisation contemporaine démarre au 18ème siècle pour ce finir au 20ème siècle.  Actuellement, 70 % de la population mondiale a un passé colonial qui remonte au début du 16ème siècle. En 1750, seulement 8 à 10 % de la population mondial était touché par ce phénomène. Il y a donc eu une accélération du phénomène à partir du 18ème siècle.  Pourquoi parle-t-on de rupture ? On constate une implication du phénomène au niveau mondial. Par exemple, l’Amérique précolombienne est réorganisée en à peine 3 siècles, les effectifs humains sont modifiés, une partie de la population venant de l’extérieur ; la population indienne est décimée.  L’image que nous avons de l’Amérique remonte à la colonisation. Ce que l’on peut dire c’est que à l’époque, l’Europe n’a pas de réel avancé technologique sur les civilisations américaines (Incas ou Aztèques). Les écarts de développement ne sont pas significatifs entre les deux protagonistes en question.  L’Europe a certes des atouts, comme sa flotte navale, mais sur le plan global, il n’y a pas de réel écart.  Ce n’est que vers la période de la révolution industrielle que les écarts vont se creuser.  La constitution des premiers Empires coloniaux d’Europe va se faire en Amérique,mais cette constitution n’est pas le reflet de la surprenante avancétechnologique qui va se dérouler lors de la révolution industrielle.  C’est à partir du 19ème siècle quel’Angleterre incarne le premier Empire colonial.  Au niveau dela population, on constate des différences. Les populations d’Asie et d’Afriquene s’écroulent pas comme en Amérique ou en Océanie. Les structures économiquesvont se répandre dans le monde et elles vont produire des effets et lescolonies vont être les premiers sur la ligne à entrevoir ces effets. Tranche historiographique Comment sonttraitées les évolutions ? Il existe 3 tendances :  a)      recherchedes causesb)      recherchedes conséquencesc)      recherchedes moyens a)    Recherchedes causes Pourquoicoloniser ? Quels sont les motivations qui incitent les pays européensà  coloniser des régions ? Quelssont les facteurs dominants ? Il existe selon les historiens 2 facteursdominants : 1.      FacteuréconomiqueLacirculation des marchandises est un des facteurs économiques, les colonies sontdes marchés économiques protégées. Les métropoles peuvent écouler une partie deleur production industrielle.  Lesfournisseurs sont sûr et en abondance de produits brut (matières premières commele minerai et le textile).  La circulationdes capitaux est un autre facteur, les colonies offrent la possibilité à lamétropole de placer à des taux rémunérateur des surplus de capitaux.  2.      Facteurpolitique et psychologiqueLes facteurspolitique et psychologique sont tout d’abord le nationalisme de certains payseuropéens, l’intérêt  et la diplomatiejouent aussi un rôle, et aussi le désir de puissance et de prestige.  Si nousprenons une attitude euro centrée, la conjoncture économique et les structureséconomiques, politiques des métropoles jouent un rôle évident. On peut aussi sesituer dans les pays colonisés et ne pas avoir une attitude euro centrée.  Par exemple, en Inde, à l’époque de lacolonisation, on constate une dislocation de l’Empire Moghol, ce qui permet àl’Angleterre de coloniser la région. Il faut ainsi décentrer le discours pourtrouver des causes diverses. b)    Il existe2 tendances des conséquences Il y a un intérêt des historiens depuis 1970. Tout d’abord, il y a une prise de conscience depuis 30 ans des inégalités entre le Nord et le Sud. Durant le 20ème siècle, il y a une aggravation des inégalités. C’est un phénomène qui va en profondeur. La pauvreté de masse persiste. Le rôle de la colonisation dans la croissance économique des pays occidentaux est réel. Il y avait donc une utilité de posséder des colonies sur le plan économique. Il y a aussi un rôle de la colonisation dans le sous-développement des pays du Sud.  Actuellement, nous savons que les colonies ont joué un rôle dans le développement économique des pays occidentaux.  Les phases durant lesquels les colonies jouent un rôle particulier  pour certaines régions des métropoles qui s’industrialisent, existe. Les colonies ont joué un rôle, mais pas pour tous les pays, pas tout le temps, pas pour tous l’appareil productif. Il faut donc détailler et faire des études de cas. Il y a une responsabilité de la colonisation dans les pays pauvres. D’un côté on reconnaît toutes les responsabilités. On reconnaît que la colonisation a joué un facteur de blocage économique induit de l’extérieur (cause extérieure).  On reconnaît aussi un facteur de stagnation interne dans les colonies, potentialité remis en cause.  Les écarts de développement sont dus aux facteurs internes de blocage à certains niveaux dans les sociétés africaines subsahariennes. Il est évident que l’on ne peut pas donner crédit à l’un ou à l’autre des camps. Il faut analyser les facteurs internes et externes.  c)      Recherche des moyens Le plus important n’est pas vraiment de savoir quels sont les moyens  qui ont permis de conquérir les régions colonisées, mais ce qu’il faut savoir, c’est à quel prix.
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Histoireéconomique et sociale des tiers-mondes A
17septembre
Pas de séances : 5 et 6novembre et 19 novembre
Partie A : à partir du 17septembre jusqu'au 23 octobre (12 séances) => 3 crédits
Partie B : à partir du 29octobre jusqu'au 18 décembre (13 séances) => 3 crédits
Examen : janvier – février2013
Durée : 3h (partie A + B) 3questions sur un maximum de 2 pages
Durée : 2h (partie A ou B) :2 questions sur un maximum de 2 pages
Cours enregistré surmediaserver !
Séminaire : Mercredi 12h15 –14h salle M 2160
Introductiongénérale
PartieA
Comment et qui supporte le coûtde constitution des empires coloniaux ? Dimension démographique.
PartieB
Avec quelles conséquences pourles territoires qui ont été colonisés ? Impact économiquecolonial.
Les grandes étapes de l'expansion européenne XVI-XXè siècles
Désaccords sur le pourquoi descolonisations. On n'isole plus un facteur dominant, mais 2 grandsgroupes : les facteurs d'explication économiques et les raisonspolitiques ou psychologiques.
Lesfacteurs économiques :le premier facteur économique est un avantage comparatif. Se taillerun empire, posséder des colonies pourrait donner des avantages. L'und'eux est le marché protégé, fonction que peut remplir unecolonie, de déboucher, protéger. Les colonies peuvent remplir unefonction d'approvisionnement de matières premières en quantité.Les pays européens qui se battent pour se tailler des empirescherchent des avantages. Le 3ème est la circulation des capitaux,les colonies peuvent se révéler comme des lieux de placement, desurplus de capitaux à des taux rémunérateurs.
Raisons politiques oupsychologiques : raisons diplomatiques, souci de prestige,nationalisme, le désir de puissance
Aucun de ces groupes de facteursn'a réussi à s'imposer, si bien qu'aujourd'hui on reconnaît lacomplexité du phénomène colonial, c'est donc une combinaison defacteurs explicatifs.
La deuxième tendancehistoriographique s'attache aux moyens de l'Occident pour conquérirle Monde. Comment et à quel coût humain et financer, un nombre depays restreint a réussi à coloniser le monde ?
Le dernier couranthistoriographique s'attache à expliquer les conséquences de lacolonisation. L'intérêt est avivé par l'aggravation des inégalitésde développement. Au 20ème siècle, surtout après 2GM, contretoute attente, on pensait que les écarts allaient se réduire, maisc'est le contraire qui s'est passé. La persistance d'un phénomèneque l'on pensait pouvoir surmonter : la pauvreté de masse enAfrique et en Asie. Ce sont ces évolutions qui ont incité leshistoriens à penser aux conséquences des colonisations. Lacolonisation ne contribue-t-elle pas à agrandir ces écarts ?
Deux rôles possibles de lacolonisation :
(La colonisation aurait contribué à la réussite sur le plan économique de l'Occident.)
Le rôle de la colonisation dans le sous-développement d'une partie de la planète des Tiers-Monde qui est issu de la décolonisation.
2 camps en présence quis'affrontent sur les responsabilités du colonisateur :
Un camp décharge l'homme blanc de son « fardeau ». toute une série de courant qui met l'accent sur le facteur de blocage économique interne. La réponse serait ici : s'il y a aujourd'hui en Afrique, Asie et Amérique latine des pays mal lotis en matière de croissance, c'est dû à des facteurs internes, comme des valeurs, la religion, la structure sociale.
Un autre camp d'auteurs qui reconnaissent une pleine responsabilité aux colonisateurs en mettant en avant des blocages induits de l'extérieur. Par exemple : L'Inde. Destruction au moment où la G-B met la main sur le sous-continent indiens. Des échanges se mettent en place et suite à la croissance du commerce, il y a une destruction d'une partie du système économique indien. Une autre force de l'extérieur : la spécialisation dans l'exportation de produits bruts. Avant d'être colonisée, L'Inde échangeait des produits manufacturés avec d'autres pays. Processus de spécialisation dans des produits agricole avec la colonisation. La colonisation fait perdre de l'autonomie, de la souveraineté, et sur le plan économique c'est l'incapacité d'ériger aux frontières des barrières douanières pour se protéger contre certains produits. Au moment où l'Inde devient une colonie, elle perd cette capacité. Toutes une séries de facteurs qui bloquent.
Il est très difficile de répondreà un niveau très général. Mais quand on s'intéresse à des casparticuliers et qu'on fractionne la longue période de lacolonisation européenne en phases, on peut répondre de façon moinsincertaine à cette questions des implications économique de lacolonisation pour les territoires dominés.
La colonisation ne revêt pas lesmêmes formes dans les différentes régions. La colonisation démarrefin 15ème début 16ème siècle. C'est à ce moment-là qu'il y a 2découvertes (1490) qui ont des implications profondes :Christophe Colomb (1492) qui découvre l'Amérique et la traitenégrière ; la voie maritime qui rejoint l'Europe à l'Asie :Vasco de Gama (portugais) qui arrive par bateau en longeant les côtesde l'Afrique, passe le cap de Bonne Espérance pour arriver à unport du Sud-Ouest du sous-contient indien Calicut. Cela change lesrelations entre l'Europe et l'Asie. La maîtrise par les Européensde la Haute-Mer. Les Chinois ont essayer au 15ème mais n'ont pasréussi. Les Portugais parviennent à relier et à créer une voiecommerciale maritime à lier l'Europe et l'Asie. Cela court-circuitela route de la Soie terrestre. LA colonisation induit uneamplification des échanges commerciaux. Il y a un avis du père del'économie politique Adam Smith qui porte une appréciation sur ces2 découvertes et les désigne : « la découverte del'Amérique et celle de la route des Indes par le Cap de BonneEspérance sont les 2 plus grands et plus importants événements del'humanité. » Avec ces 2 événements il y aura unecirculation plus grande des hommes, des marchandises et après descapitaux.
L'Amérique
Premier grand cycle : du16ème à la fin du 18ème. Durant ce premier grand cycle de lacolonisation européenne, 2 régions du monde sont concernées :l'Amérique et  la Pacifique (l'Australie et la Nouvelle-Zélande,colonisation de l'Ancien Régime)
Deuxième grand cycle : du18ème au 20ème. Régions concernées : Asie et Afrique.
Lorsque l'on essaye decaractériser la colonisation de l'Amérique est le caractèrefulgurant de la conquête (l'heure des conquistadors). Les Européensarrivent, ne connaissant pas le Nouveau Monde, et leur projet demettre la main sur des territoires et de subjuguer des populations vase réaliser en un temps record. Derrière le caractère fulgurant dela conquête, il y a la fragilité des structures en place enAmérique, c'est grâce à cela que la conquête se fait sirapidement car ce qui était en place s'écroule rapidement. Dans lacas de l'Inde par exemple, dure un siècle car les structurespré-coloniales sont solides et tiennent le choc contrairement àl'Amérique et dans la Pacifique. Le colonisateur européen parvientà faire de l'Amérique et du Pacifique des extensions de l'Europe.La colonisation européenne a détruit ce qui était en place et amis en place quelque chose qui ressemble à l'Europe, elle n'a doncpas eu le même pouvoir d'engouffrement en Asie et en Afrique encomparaison à l'Amérique et au Pacifique. La conquête del'Amérique est fulgurante en peu d'années et par quelques milliersd’Espagnols seulement et avec des moyens limités. En une vingtained'années, quelques milliers de soldats espagnols arrivent à jeter àbas des civilisations amérindiennes qui étaient parvenues à uncertain degré de développement dans certains domaines mais quiavaient des lacunes dans d'autres. Ce que l'on a appelé l' « apogéeespagnole » entraîne la mort des populations amérindiennes.Les effectifs humains sont pratiquement réduits à néant. Enrevanche, la colonisation ne menacera pas les fondementsdémographiques de l'Asie ou de l'Afrique.
Un autre élément qui est présenten Amérique et dans le Pacifique est la présence ou l'interventiondu colonisateur au niveau de la production. La colonisation del'Amérique est au début une entreprise de pillage, puis il y a uneexploitation économique proprement dite. A partir du 17ème il y aune mise en valeur des terres avec la mise en place du système deplantations. En Amérique latine, il  y a ce système de plantationsqui domine. Il y a des produits comme le sucre, le café, le coton,des produits tropicaux qui vont être plantés afin d'être exportés.L'extraction minière vient s'ajouter à ces activités agricoles.Dans les Caraïbes, en Amérique centrale et du Sud, le colonisateurintervient au stade de la production.
En Asie, l'Inde exporte desproduits bruts comme le coton brut or le coton est cultivé par desagriculteurs indiens. Les terres sur lesquelles le coton est cultivéappartiennent aux agriculteurs indiens et les Britanniquesn'interviennent pas au niveau de la production agricole.
La mise en place du système deplantations nécessite beaucoup de main d'oeuvre. Le sucre est uneculture qui connaît des économies d'échelles (plus elle est grandeet plus elle rapporte) d'où l'appel à des travailleurs forcés quel'on va chercher principalement en Afrique. D'où 2 traitsdistinctifs de l'Amérique coloniale :
la colonisation fait des économies sud-américaines, des entités extraverties. La valeur des exportations représente une part importantes des richesses produites. Il y a un seul indicateur à l'époque : les exportations par habitant qui donne une idée du coefficient d'ouverture de ces pays. Vers 1800 les exportations sont 60 fois plus élevées en Amérique qu'en Afrique et en Asie et 2 fois plus qu'en Europe. Durant la colonisation, les économies Asiatiques et africaines vont se spécialiser mais ne représentent pas une part aussi importantes du PIB. La colonisation de cette partie de l'Amérique donne naissance à des sociétés de composition très différentes de celle d'origine. Il y aura un flux de migrants européens, si bien que la population de l'Amérique latine à la fin du 18ème est composée d'un tiers d'Amérindiens et de métis d'Amérindiens et de 1/5 de blancs et de 15% d'Africains et environ 30% de métis.
Le Rio Grande (fleuve) : lesgéographes estiment que l'Amérique du Nord est au début du 16èmesiècle très peu peuplée. On considère que vers 1500 compterait 5millions d'habitants contre 55 millions d'habitants pour l'Amériquelatine. L'Amérique du Nord est une région limitée dans sespossibilités d'exportations de produits tropicaux dû à son climattempérée et connaît donc une colonisation tardive. Cettecolonisation d'Amérique du Nord revêt une forme particulière :la colonie de peuplement. La première colonie fondée en Amériquedu Nord (Virginie) en 1607 est la première emprise territoriale parles européens dans cette partie septentrionale de l'Amérique. En1620 en Nouvelle Angleterre (Boston) et l'arrivé d'un navire auMassachusetts le « Mayflower » qui amène les pèresfondateurs des Etats-Unis. Ils étaient 102 pères pèlerins premierscolons blancs à s'installer de façon permanente sur les terres desfuturs Etats-Unis.
24 septembre
Larésistance
Caractère permanent desrésistance. Partout où il y a eu conquête il y a eu résistance.Mais il y a plusieurs formes de résistance, il y a 3 élément :
la résistance à la conquête coloniale dépend du degré d'intégration de la contrée colonisée à l'économie mondiale. Plus l'économie est ouverte, plus il y a résistance.
L'emprisedifférentielle de la colonisation sur les grandes régions
Présence de population dontl'origine est différente de la population autochtone, populationallogène (qui vient de l'extérieur). Laisse entendre que lacolonisation a générer des déplacement de population, d'originediverse.
L'étendue
L'Amérique a été colonisée dans toute son étendue
Pareil pour l'Afrique, même si dans certains cas la colonisation est brève (Egypte, Liban) ou oblique (Libéria). Pareil pour la Pacifique.
En Asie ce n'est pas le cas. Plus de la moitié du continent asiatique (sauf URSS) qui échappe à l'expansion territoriale européenne.
Les pays dominés vont obtenird'une manière ou d'une autre leur libération politique.
Composition des populations
Au début du 19ème siècle, lescolonies ont soit déjà acquis leur indépendance politique soitsont en train de le faire. 95% de l'Amérique du Nord au 19èmesiècle est extra-continentale. A partir de 1880, les Européens enAustralie et en Nouvelle-Zélande dépassent 90% de la population.
La population coloniale esttotalement différente en Asie et en Amérique et Afrique.
A la veille de 2GM, les Européensreprésentent 0,4% de l'Afrique sub saharienne. En Asie ilsreprésente environ 0,1% de la population. En Afrique il n'y a pas deterritoire qui soit des poches de peuplement européens. Saufl'Afrique du Sud. Durant la phase coloniale il y avait des îlots depeuplement européens comme l'Algérie. Dans le cas de l'Algérie, lemaximum que les européens aient représenté est de 10 à  15%.
Que va-t-il se passer au moment dela décolonisation ?
Là où les européens sontbeaucoup, ils y restent, cela implique que les structures colonialessont restées en place. (Amérique du Nord et latine). Les élitesqui veulent l'indépendance politique sont des élites européennes.La dose en différente en Amérique latine, les Européens restent ausommet de la hiérarchie, mais il y a un mélange avec de populationsnoires africaines et des amérindiennes. Parfois pour l'Amérique duNord, on parle de colonies de peuplement « pures ».
Ladécolonisation n'a pas partout le même sens
Deux grandes vagues d'émancipationdes colonies :
fin du 18ème et premier tiers du 19ème
après la 2GM
Première vague concerne lescolonies de peuplement (USA, Argentine, Chili) qui deviennentindépendants durant le premier tiers du 19ème siècle. Il en va demême pour le Pacifique.
Il n'y a qu'un seul cas oùl'ordre colonial est renversé : Haïti : unique cas dedécolonisation avant la 2GM réussi par des « indigènes »,car Saint-Domingue avait une population amérindiennes d'origine.Indépendance proclamée avec destruction des structures colonialesen place.
A la fin du 18ème, et début19ème siècle, marque le triomphe de la colonisation européenne. Lamainmise de l'homme blanc sur l'Amérique et un peu plus tard et dela même manière sur le Pacifique. La décolonisation implique ledépart des Européens. Les Européens qui résidaient mais qui sontdes expatriés et non pas des colons, ils doivent se replier vers lesmétropoles européennes. Le repli est inéluctable du moment qu'ilsne représentent qu'une part infime de l'Afrique subsaharienne etl'Asie ( sauf Afrique du Sud).
La colonisation dure dans certainsendroits très longtemps : 3 siècles pour l'Amérique, 1 sièclepour l'Asie (120 – 150 ans). En Afrique du Nord : entre 80 et130. En Afrique subsaharienne : 70 à 80 ans.
PartieI . Une évaluation des coûts de la possession du monde
Coûts de la premières expansion européenne (XVI-XVIII siècles) : l'Amérique et le Pacifique acquis pour une bouchée de pain.
Le premier constat est que le coûthumain de la première expansion de l'Europe est exorbitant et cecoût est essentiellement porté par les populations autochtones. Lacolonisation de l'Amérique fait disparaître en un siècle et demi,de 45 à 60 millions d'Amérindiens. Quant aux populationsocéaniennes, en un siècle, la chute est de 1,5 millions à 300'000=> écroulement de 80 à 90% de la population d'avant le choccolonial. En Amérique et dans le Pacifique, on a à faire à desstructures pré-coloniales qui s'écroulent et avec elles l'effectifhumain. La colonisation a un effet destructeur.
Dans le cadre de la colonisationde l'Amérique, déportation de 11 millions de captifs Africains.Cette déportation pourrait avoir causé au préalable la mort de 8 à9 millions de personnes en Afrique. La conquête et la dépopulationde l'Amérique et du Pacifique et la mortalité induite de la traitenégrière montre l'importance des maladies épidémiques.  Pourtantles maladies ne jouent pas uniquement à l'avantage des européens.Si aucune maladie épidémique n'atteint les Européens dans leNouveau Monde, tel n'est pas le cas en Asie et en Afrique.
La destruction de l'Amérique
La conquête de l'Amérique estl'épisode de l'expansion européenne qui présente un contraste trèsfort entre les moyens très limités à la disposition descolonisateurs et le coût exorbitant supporté par les populationsautochtones. Comment se fait-il qu'une poignée d'homme soientparvenus à anéantir de grands empires amérindiens densémentpeuplés ? Circonstances dont certaines conquêtes ont eu lieu.
La conquête du Mexique parCortes, 3ème expédition lancée le 21 avril 1519 que débarquentsur les côtes cubaines 11 caravelles qui débarquent 500 soldats, 16chevaux, 10 canons. En 2 années, le 13 août 1521 l'étendard duconquérant flotte sur Mexico. Colonisation brutale et rapide.Comment expliquer cette disproportionnalité entre les moyensutilisés et les résultats obtenus ?
Passage tiré de l'écrit d'unécrivain : « les Espagnols sont démunis, isolés sur uncontinent qu'ils ne connaissent pas marchant vers le danger, lesIndiens sont des millions maîtres de terres et des eaux surs deleurs forces, les conquérants ne devraient pas survivre plus dequelques heures sur cette nouvelle terre ». La question estd'autant plus troublante, car non seulement l'intrusion d'une poignéede soldats égarés dans un monde inconnu que cette intrusion vamettre à bas des civilisations et va faire disparaître l'effectifhumain du continent.
Malheuraux isolés
L'effacement des amérindienstient essentiellement à leur long et complet isolement. A partird'un certain moment il y a des mouvements de population, le processusest d'Asie en Amérique (détroit de Bering) il y avait il y a trèslongtemps la possibilité pour des populations de migrer par un« pont naturel ». Age de glaciation qui permettait unpassage, mais au bout d'un moment ces glaces ont fondu. C'est commeça que l'Amérique pendant des millénaires après la fonte, aemprisonné les Amérindiens qui se sont développés en vase clos.L'homme apparaît sur le continent américain il y a 30 ou 40'000ans, arrivant d'Asie par le détroit de Bering à la faveur deglaciation, lorsque les glaces se retirent il n'y a plus de passage.Dès lors, dès le 8ème millénaire avant notre ère, l'Amérique seretrouve isolée du reste du monde. Durant ces 10 millénairesl'Amérique se développe mais toujours isolée. Il y a toujours unefascination car ces civilisations ont disparues.
« Ces civilisations ont lemystère des civilisations qui dans l'autarcie d'un continent coupéesde tous les autres mondes ont éclos à l'abri des regards européenset se sont évanouies au moment du contact. »
Isolement fait que lescivilisations sont singulières par l'avancement dans certainsdomaines mais ont des lacunes dans d'autres. Il n'y pas depossibilité d'échange. Lorsque les civilisations échangent, et quel'échange dure très longtemps, tout le monde gagne. Dans l'AncienMonde et pendant des millénaires il y a beaucoup de partenaires quiéchangent, mais l'Amérique n'était pas partie prenante.
Avancements :Il estd'autant plus étonnant que ces civilisations se sont développéesen vase clos : en matière d'urbanisme d'abord et dansl'agriculture vivrière ensuite. Pour ce qui concerne l'urbanisme, lamanière de construire des villes, grandes, belles et socialementbien organisées, selon les Espagnols les villes pré-colombiennessont mieux développées et mieux organisées qu'en Europe. La tailledes villes amérindiennes sont très grandes. Aujourd'hui on estimeque Mexico et ses quartiers comptent au 13ème 300'000 habitants, unetelle concentration de population ne peut être atteinte dans lessociétés anciennes que si l'on dispose de larges surpluscéréaliers, en l'occurrence des excédents de maïs dont lespaysans amérindiens font grâce au rendements obtenus, une merveilleagricole.
Lacunes :Un éventailrestreint de techniques : pas de charrue. Pas d'animaux de traitou de bêtes de sommes (sauf le lama au Pérou). Non-utilisation dela roue, et pas d'outils en fer. La travail des autres métaux (or etargent) relèvent surtout d'arts décoratifs. Pas d'écriture, pas demonnaie. Les surplus agricoles sont dégagés à l'aide d'outilsrustiques correspondant au début de l'âge du bronze. Ces surplussont alors obtenus par ces grandes machineries étatiques aztèqueset incas grâce à des politiques de grands travaux et l'impositionde corvées à des millions de sujets. La population est soumise àdu travail réglementé.
L'isolement (élément crucial)sera fatal à l'Amérique. Il y a aussi d'autres explications maisces explications ne pèsent pas autant dans la balance que celle del'isolement. La supériorité en terme d'armements desconquistadors ; les Aztèques et les Incas avaient soumis despopulations, au moment où les Espagnols arrivent, ils vont utilisercela envers les populations qui veulent se défaire du joug Aztèqueou Incas. Au moyen des alliances avec ces populations, les Espagnolsdisposent de ressources et surtout les populations alliées vont leurpermettre de connaître le milieu. La connaissance du milieu sanslaquelle les Espagnols n'auraient pas pu vaincre. Les populations serallient aux conquistadors.
Difficulté d'identifier. Lesamérindiens ont, face au débarquement des Espagnols, un problèmed'identification. Ils ne comprennent pas bien l'événement, ils nevoyaient pas leur isolement. Chez les élites aztèques, il va yavoir une hésitation.
Octavio Paz, «  ni le géniepolitique de Cortes (capacité de Cortes de nouer des alliances avecpopulations soumis au joug Aztèque), ni la supériorité techniquedes Espagnols, ni la défection des vassaux et des alliés del'Empire aztèque n'aurait suffi à expliquer la ruine si l'EmpireAztèque n'avait ressenti une défaillance, une hésitationintérieure qui le fît céder, vaciller. » Si les Aztèquesavaient décider de prendre les armes et d'en finir avec lesEspagnols, cela aurait été différent. Mais il y a eu cettehésitation. Cet état d'isolement fait que les populationsamérindiennes n'ont pas pu développer des défenses immunitairescontre des maladies que les Espagnols ont amené avec eux. CesEmpires ne se seraient pas effondrés contre quelques centaines desoldats, si les conquistadors n'avaient apporté avec eux la variole,la grippe, les oreillons, la peste, la tuberculose, etc. Grandesmaladies infectieuses facilitent la conquête, car éliminent pardizaines de millions la population autochtone.
Amérique du Nord : laterre de l'homme blanc
Les premiers navigateurs colonsdébarquent dans les Caraïbes et ensuite depuis les Caraïbes desexpéditions sont faites vers le plateau mexicain. Les maladiessuivent cet itinéraire. Les maladies dévastent les Antilles puisl'Amérique centrale et du Sud pour toucher l'Amérique du Nord, carces maladies sont propagées vers l'Amérique du Nord par desexpéditions militaires et d'explorations. Ces maladies vont ravagerdurant le 16ème siècle des populations indigènes du Sud-Est voiredu Sud-Ouest des actuels Etats-Unis. Le premier débarquement, lespremières créations, implantations européennes sont début 17ème,or les maladies précèdent. Cela va faciliter la colonisation depeuplement. L'Amérique du Nord au moment du contact (fin 16 ou début17ème), elle se distingue du plateau mexicain par des densités depopulation très faibles. Les maladies ne font que réduire unedensité déjà très faible. Donc une extrême dispersion surd'immenses étendues de terre. En Amérique du Nord, à la fin 15èmeet début 16ème siècle, on retient une fourchette de 2 à 7millions d'habitants soit 7 à 8% de la population totale desAmériques. Le continent Nord américain offre des densités moyennesde peuplement avant la colonisation effective, inférieure à 1habitant par kilomètre carré. Autre élément qui facilite lacolonisation implantation blanche : les tribus qui y vivent neforment pas une population homogène et une grande partie d'elle nesont pas des agriculteurs. Ils ne trouvent pas des concurrents enface (contrairement à l'Asie et l'Afrique). Il y a d'autresaspects : absence de métaux précieux, climat tempéré(impossibilité de créer plantations tropicales). Tous ces élémentsvont faciliter le peuplement agricole européen.
Le moteur de la colonisation dansce type d'implantation est l'appropriation de la terre.
Rapport de force démographique vaévoluer à l'avantage des immigrants, de ceux qui viennent del'extérieur pour peupler ces territoires. Il y a des conditions dedépart en Amérique du Nord qui favorisent le peuplement européen.Mais il y a d'autres territoires qui ne favorisent pas le peuplementeuropéen. La fin de la colonisation dans ces colonies de peuplementprend une signification particulière => la victoire du colonatblanc. Au moment où le rapport de force démographique se renverse,où les européens surpassent en nombre les autochtones, « lescarottes sont cuites ». Ce moment arrive très tôt en Amériquedu Nord dans certaines régions. Dans le région de Boston, leseuropéens dépassent en nombre les Indiens dès les années 1630.Pourquoi est-ce si rapide ? Parce que les densités depeuplement sont faibles, il s'agit de régions qui au départ, ontune population autochtone très clairsemée. Dans la plupart des cas,il ne s'agit pas de population autochtone qui occupent la terre commefermiers, qui ne sont pas agricoles. Il est beaucoup plus facile des'approprier des terres dans ces conditions. A partir du moment oùil y a cette inversion dans le rapport de force démographique, lesnations indiennes vont être marginalisées. Leur importance vas'estomper. Les européens au début s'affrontaient en Amérique duNord (Anglais, Français, Hollandais, ..). Lorsqu'ils s'affrontent,ils passent des accords avec des nations indiennes. Mais quand il y ace renversement de situation démographique, ces accords avec lesnations indiennes seront dénoncées. L'intérêt de considérer lesnations indiennes comme partenaires commerciaux n'existe plus. C'estle gonflement (tableau 10) du nombre d'immigrants qui va priver les Indiens du rôle de contre-poids qui était le leur lors des premiersaffrontements entre Européens. C'est le facteur démographique quijoue en défaveur aux populations autochtones.
En 1790 à 1850, la populationeuropéenne des Etats-Unis augmente de 3 à 20 millions. Dès lesannées 1840, il n'y a pratiquement plus d'Indiens à l'est duMississippi. Même dans cette portion des actuels Etats-Unis, lesEuropéens vont se sentir à l'étroit et il y aura cette avancéevers l'Ouest jusqu'en Californie. Au moment o`u les peuplesautochtones sont minoritaires vont être perçus comme des obstaclespour l'établissement des Européens vers l'Ouest. Ils serontrefoulés de plus en plus. Vers 1900, la population indigèned'Amérique du Nord atteint son niveau plancher avec 400'000 indiens,soit 10% de la population d'origine, à ce moment-là, la populationindigène est totalement déclassée par les européens.
Unemesure de l'effacement démographique
Le processus est lent jusqu'à ceque les Indiens atteignent leur niveau plancher (3 siècles). Maisl'effondrement, la baisse, est vertigineuse. Au moment où l'onconsidère le seuil plancher, cela représente 10% de la populationinitiale. Pour prendre la mesure de l'effacement démographique ilfaut déterminer les effectifs de départ (fin 15ème, début 16ème)(tableau 4 : résumé en chiffre de ce que les historiensdémographes proposent juste avant le choc de la colonisation). Onpeut voir que le niveau qui est retenu tourne autour de 50 à 60millions d'habitants. Découpage régional, on peut voir où seconcentre ces millions d'amérindiens, et ce n'est pas en Amériquedu Nord, mais surtout dans les plateaux mexicains. En 150 ans, lapopulation du continent américain tombe à environ 5 à 6 millions,soit une chute de l'ordre de 90%. Cette image globale doit êtreaffinée et si on prend la peine de descendre à un niveau d'analyseplus détaillé, on se rend compte que dans certaines régions, lespopulations amérindiennes se relèvent. La question n'est pas surl'ampleur, mais l'intérêt de se centrer sur des régions est devoir où les populations se relèvent. Dans certaines zones, lespopulations sont en mesure de se relever. C'est le cas en Amériquecentrale (Mexique). Le décrochage démographique ici assezrapidement est suivi de phases de relèvement, mais dont l'intensitévarie d'une zone à l'autre. Il y a certaines communautés quimontrent une capacité à se relever plus grande que d'autres.L'Amérique centrale se caractérise par cette capacité. Enrevanche, dans les Andes, le processus d'effacement se prolonge, maisen ménageant la région des hauts plateaux.
Opposition entre l'Amériquecentrale ou l'Amérique andines et zones côtières et tropicales del'Amérique du Sud qui se vide entièrement.  Les populationstouchées en Amérique du Sud, ne sont pas en mesure de s'en relever.
En Amérique du Nord, il y areprise démographique des Indiens au 20ème siècle.
Que signifient ces variationsrégionales ? Ces variations reflètent 2 choses : l'impactde la conquête et du choc microbien mais aussi des effets induitspar la colonisation qui bouleversent de fond en comble la société ,les structures, et la culture amérindienne.
On ne peut pas évaluer de coûtfinancier, car c'est trop loin et on ne dispose pas de données. Ilfaut renoncer à évaluer le coût humain de constitution descolonies américaines mais supportés par les nations colonisatrices,on ne sait pas combien de soldats, de colons, de missionnaireseuropéens meurent durant la phase de conquête et de premièreimplantation.
Conclusion
La colonisation remodèlel'Amérique. Le passé pré-colombien ne sera plus qu'une ombre.L'Amérique est un lieu d'enracinement des Européens et derenouvellement de la population occidentale. L'Amérique permet auxEuropéens, à l'étroit sur le vieux continent, d'assouvir leuravidité de terre pendant plus de 3 siècles.
L'Europe s'agrandit à 26 millionsde kilomètres carrés. La colonisation de l'Amérique faitdisparaître de 45 à 50 millions des premiers habitants du nouveaumonde, en même temps l'Europe y envoie du début du 16ème au débutdu 20 ème siècle de 40 à 50 millions de nouveaux immigrants. Icila colonisation change la face du monde. Le monde n'est plus le même.
Les historiens mettent plutôtl'accent sur les effets induits du choc microbien. Voilà ce que çadonne aujourd'hui. Les maladies épidémiques induisent ladéstructuration sociale et la désorganisation de la productionvivrière. Ce qui déclenche tout ça, c'est le choc microbien. Ladéstructuration sociale et la désorganisation de la productionvivrière provoquent une baisse de la natalité et une hausse de lamortalité. D'autres facteurs viennent se combiner au chocmicrobien ; les guerres, l'esclavage, les déplacements forcés,le refoulement vers des terres moins fertiles, tout cela exerce deseffets plus dévastateurs que ceux exercés directement par lesgermes pathogènes (maladies).
Le Pacifique face au « péril blanc »
3 siècles après la conquête del'Amérique, la colonisation européenne touche le Pacifique trèséloigné de l'Europe. En passant de l'Amérique au Pacifique on a lapossibilité de mesurer le coût assumé par la mère patrie(Grande-Bretagne) qui met la main sur les entités les plusimportantes du Pacifique : Australie et Nouvelle-Zélande.
Australie :un continent arraché à ses « fossiles humains »
1788 :première expédition anglaise vers l'Australie. Elleamène des bagnards déportés d'Angleterre. L'Australie est unecolonie pénitencier, une grande prison à l'air libre.
L'un des outils qui était unsigne c'est l'inversion du rapport de force démographique. EnAustralie, l'inversion à lieu au milieu du 19ème siècle, vers 1845(tableau 14 permet de suivre l'importance numérique des aborigèneset des européens). Les Européens dépassent pour la première foisles aborigènes numériquement. En 1853, la Grande-Bretagne vamettre un terme à la déportation des bagnards vers l'Australie.Prédominance d'une colonisation libre, immigrants qui viennent pareux-mêmes, souvent en famille. Une fois entrée dans sa phaseactive, la colonisation de peuplement synonyme ici comme en Amériquedu Nord de spoliation (appropriation) foncière et de refoulement desautochtones,  sera justifiée par l'état présenté comme primitifdes aborigènes. Ces conditions de départ facilitent largement lacolonisation de peuplement. Il y a encore aujourd'hui des tenants del'Australie blanche. Il y a d'un côté les défenseurs del'Australie blanche et les pourfendeurs (ceux qui la critique).
Les « fossiles humains »sont les aborigènes, qui sont là depuis très longtemps, depuis ledébut. Ce sont un peuple premier. Les aborigènes passent de l'Asieen Australie ne maîtrisent pas les techniques de navigation. Lesmouvements migratoires d'Asie en Australie datent de 40'000 à 60'000ans. Ces migrants enjambent des ponts terrestres établis par unabaissement du niveau de la mer, la glaciation aidant. Il y a 8000 à12000 ans c'est la fonte des glaces et de la remontée des mers,l'Australie devient alors coupée du monde pendant plus de 10'000 ansjusqu'à l'arrivée de la première flotte anglaise en 1788.  Lesaborigènes se retrouvent enfermés et évoluent en complèteautarcie pendant des millénaires. Le niveau de développementtechnique atteint par les aborigènes explique qu'ils n'avaientaucune chance face à l'arrivée des Européens. Les aborigènes sontdes chasseurs-cueilleurs nomades ou semi-nomades. Ils ne connaissentni l'agriculture, ni l'élevage, ni la roue, ni le fer, nil'écriture. Il n'y a pas d'organisation politique structurée. Iln'y a pas d'Etat, ni de chefferie. Ils se déplacent en bande sansjamais connaître d'organisation, du type Empire amérindien. Lesconditions naturelles difficiles de l'Australie expliquent en grandepartie la rusticité de la culture aborigène. L'Australie est uncontinent sec et biologiquement pauvre avant l'arrivée desEuropéens. Comment ont fait les aborigènes avec des techniques siprimitives pour survivre ? C'est une adaptation à un milieuhostile et contraignant. On comprend pourquoi le niveau technique estsi limité, cela tient à l'isolement mais aussi à la faiblessenumérique des noyaux de peuplement. L'Australie d'avant les blancsn'abritent pas seulement la population la plus isolée mais aussi laplus petite de tous les continents. (tableau 3 : estimations desuperficies et de population mondiale par grandes régions). Ils'agit de 750'000 habitants que trouvent les premiers Européens enAustralie vers 1780. Densité moyenne de peuplement de 1 personne par10 kilomètres carrés. (en comparaison l'Amérique du Nord avait 1habitant par kilomètre carré).
La controverse qui existeaujourd'hui qui oppose les défenseurs et les pourfendeurs del'Australie blanche. La controverse porte sur l'enjeu suivant :les défenseurs de l'Australie blanche considèrent qu'il est malvenupour des chasseurs-cueilleurs de revendiquer des droits sur uncontinent que les Européens réussissent à transformer en peud'années en grande démocratie. Il faut se poser la questionautrement. Est-ce que les Européens ont crée sur place lesdifférents éléments de l'ensemble imposant qu'est l'Australie ?Non ! L'alphabet, les plantes, les animaux, les techniques, lesInstitutions sont tous des produits d'importation, il s'agit deproduits finis, fruits de plusieurs années de développement dansdes milieux eurasiens. Seule la société créée par les aborigènesest le produit de l'environnement australien. Ce qui pour nous estdécisif est que entre ces 2 modes de vie, aborigènes d'un côté,Européens de l'autre, il y a une incompatibilité, les écarts sontbeaucoup trop grands. Le mode de vie des aborigènes est fondé surla cueillette et la chasse, et ceux des Européens, de l'agricultureet de l'élevage. Dès lors que les Européens décident et le fontau moment où ils l'emportent numériquement, d'occuper le continent, la destruction de la population aborigène est inévitable. Lesaborigènes s'effacent devant la poussée colonisatrice. Leurs moyensde subsistance sont détruits, l'attaque microbienne a raison d'eux.Là où les aborigènes réagissent et résistent à l'avancéeeuropéenne, ils sont exterminés. Ceux qui protestent sont tués. Lacolonisation provoque un écroulement des populations indigènes(tableau 14 ; permet de mesurer l'ampleur du décrochage). De1780 à 1930 : le nombre d'aborigène « full blood »diminue de 90%. Le déclin de la population indigène est choseconnue au 19ème siècle, siècle durant lequel des projetshumanitaristes fleurissent qui visent à placer les reliques humainesqui seraient les aborigènes dans des réserves à l'abri du périlblanc pour leur « offrir un oreiller plus moelleux sur leur litde mort. ». Convaincus de l'imminence de l'issue fatale, il yaura en Australie, comme auparavant en Tasmanie, des collectionneursqui vont accourir pour emporter avec eux des fossiles humains.  EnTasmanie, la population autochtone est anéantie totalement en 75ans. Cette population était forte à l'origine de 7000 à 8000individus.
La Nouvelle-Zélande : une« New Britannia » au bout du monde
C'est le point le plus éloignéde l'Europe. Ses premiers habitants sont les Maoris, originaires dela Polynésie. Ils arrivent sur l'archipel néozélandais vers la findu premier millénaire. Ils connaissent l'agriculture et l'élevage.Capacité de résistance, de négociation et d'adaptation plus grandeque chez les aborigènes d'Australie. Jusque dans les années 1830,(la création de la colonie est 1842), il y avaient très très peud'Européens et il ne s'agit pas de colons, mais d'hôtes de passage.Ce n'est qu'à partir des années 1840 que commence l'implantationdurable d'un colonat européen. Les débuts de l'implantationeuropéenne en Nouvelle-Zélande revêtent un sens très différentde celui qui marquait les débuts de l'implantation européenne enAustralie. La Nouvelle-Zélande a été une colonie créée selon unplan pour qu'en Nouvelle-Zélande soit transplanté un échantillonde la société préindustrielle anglaise. L'immigration blanche enNouvelle-Zélande vient de toutes les couches sociales de lamétropole anglaise.  Les néozélandais aujourd'hui peuvent êtrefiers dès le début en considérant le récit de fondation de cettenation. Tandis que les Australiens le sont au moment où ils arrêtentd'envoyer des bagnards.
1Er octobre
A partir du moment où il y a unafflux d'immigrants en quête de terre, le gouvernement britanniqueva prendre les devants et signer un traité en 1840 avec des chefs detribu Maori. Ce traité établit un transfert de souveraineté destribus au gouvernement. La population Maori est en mesure de mieuxrésister et aussi d'obtenir quelque chose de l'administrationcoloniale (qui n'était pas envisageable dans le cas australien).Dans les année 1840, il y a un afflux d'immigrants européens quidéveloppent une culture et une économie pastorale, il y aura unrenversement de la balance démographique, à partir de là, lesautorités coloniales britanniques auront plus de peine àreconnaître les droits reconnus aux Maoris. Ceux-ci seront acculésà vendre leurs terres ancestrales. Une partie des élites Maoris vaopter pour la résistance armée. Entre 1842 et 1872, ont lieu lesguerres Maoris. Les Britanniques vont l'emporter sur le planmilitaire, les Maori vont se faire confisquer leurs terres fertiles.Le tableau 14 résume cela : la population va diminuer, il y aun décrochage démographique des Maoris. Ils seront ravagés par lesmaladies importées. Jusqu’en 1896 la population Maori diminued'environ 70%.
Coût de la colonisation ducinquième continent
Dans le Pacifique, en moins d'unsiècle, les Européens parviennent à mettre la main sur 8, 5millions de mettre carrés de terres, en marginalisant lespopulations autochtones. Le coût a une particularité: il est trèsfaible. Le prix d'acquisition du cinquième continent défie touteconcurrence.
Les 3 raisons principales :
La mortalité à bord des navires transportant les Européens aux antipodes, est la plus faible de tous les voyages trans-océaniques du 19ème siècle. Pour la plus grande partie du 19ème, la mortalité à bord est d'environ 1,5%, mais il n'y a pas de terme de comparaison pour estimer si ce taux de mortalité moyen est faible. Si on met en regard ce taux de mortalité durant le trajet entre l'Europe et le Pacifique avec celui de la traversée de l'Atlantique, on peut conclure que la mortalité sur les navires trans-océaniques est très faible.
Il n'y a aucune maladie épidémique indigène qui attend les Européens dans le Pacifique. Accroissement de l'espérance de vie des Européens. Le déplacement des troupes dans toutes les régions du Monde colonial induisent un coût pour les soldats européens, mais le Pacifique est une exception à cela ! Le soldat européen dans le Pacifique risque moins la mort que dans son milieu d'origine. Les causes de mortalité des soldats britanniques en Pacifique: ils meurent plus par le feu de l'ennemi et par accident que par maladie contrairement à toutes les autres régions colonisées. Le Pacifique est un lieu bénéfique pour les Européens.
Le coût financier de la conquête est très faible, il s'agit de la facture des guerres Maoris qui est 6 fois moins que la moyenne des guerres coloniales menées par la Grande-Bretagne en Afrique noire et en Asie. Cette facture est 280 fois moins élevée que la guerre entre l'Angleterre et certains éléments en Afrique du Sud à anglo-boer (1899-1902).
Coût humain induit par la traite négrière
Le « jeu des nombres »
Tableau 5 : Estimation de laponction négrière du VIIème au XIXème siècles en pourcentages,totaux en milliers d'individus.
Les noms sont les différentsauteurs, à des moments différents, ont tenté de faire une peséeglobale du phénomène. Le total des arrivées et le total de départne correspondent pas car entre les 2 il y a un taux de mortalité. Letaux de mortalité moyen entre les traversées tourne autour de 12 à16 %. Il se confirme que le taux de mortalité entre l'Europe et lePacifique est très faible. L'apogée de la traite atlantique est le18ème siècle. Il y a une convergence dans les évaluations, lesauteurs ne sont pas les mêmes, ils ont entrepris leur évaluation àdes moments différents, mais les résultats obtenus tournent autourde 11 à 11,5 millions pour les départs et de 9 à 10 millions pourles arrivées, or ils n'ont pas exploité les mêmes sources et n'ontpas procédé de la même manière. Les résultats font consensus,ils sont plus ou moins d'accord sur les ordres de grandeur. Lessources utilisées sont de 2 types. La matériel de base utilisé parles auteurs, les sources à l'arrivée (surtout Curtin) sont lesarchives portuaires américaines, les statistiques douanières et lerecensement de population dans les Amériques. En revanche, il y aune autre façon de procéder en passant par d'autres sources(Lovejoy) : comptabiliser les départs d'Afrique d'après lesflottes européennes.
Mortalité durant lesdifférentes phases de la traite atlantique
Le point de départ était le jeudes nombres, nous devons disposer des indications chiffrées. Grâceà la convergence, on peut retenir qu'au départ du processus (début16ème siècle jusqu'au deuxième tiers du 19ème siècle), il y a11,5 millions d'esclaves. La phase de la traversée est trèsmortelle.
Il y a 5 phases de la traitenégrière:
la capture
l'acheminement des captifs de l'intérieur des terres jusqu'aux côtes
l'entreposage : les captifs attendent longtemps sur les côtes en vue d'être échangés et embarqués
la traversée
l'acclimatation : adaptation au climat et au travail dans les plantations américaines
Durant toutes ces phases, ilfaudrait être en mesure d'évaluer les pertes, le coût humain. Lesabolitionnistes qui voulaient abolir la traite, sont concentrés enAngleterre. A partir du 18ème siècle, le coût humain de la traitefait apparition dans les milieux abolitionnistes britanniques. Lesabolitionnistes ont comme objectif final l'abolition du systèmeesclavagistes d'abord en arrêtant le commerce des esclaves. Avantd'atteindre le premier objectif il s'en s'ont fixé un autre :diminuer le nombre d'esclaves, ils dénoncent le taux beaucoup tropélevé de l'esclavagisme. Les abolitionnistes vont, par tactique,attribuer à la traversée et à l'acclimatation (durant les 2dernières phases) plus de 90% de la mortalité des captifs. Ils vontmettre le projecteur sur les 2 premières phases et laisser dansl'ombre les coûts humains durant les autres phases qui se déroulenten Afrique. La traversée de l'Atlantique sera stigmatisée par lesabolitionnistes de la première heure. Cette stigmatisation contribueà mettre sur le devant de la scène les négriers européens, et àlaisser dans l'ombre les phases initiales de la capture et detransit, phases durant lesquelles les Européens sont pratiquementabsents. Cette approche permet aux abolitionnistes de faire pressionsur les transporteurs européens, d'engager une lutte pour que lamortalité à bord de la traversée diminue. Et de fait, la mortalitédes captifs noirs tend à la baisse durant la traversée d'environ20% à la fin du 16ème et début du 17ème, et au 18ème à 10%.Mais elle remonte quand la traite va devenir clandestine, lesexpéditions négrières devenant plus précaires, le taux demortalité va augmenter. 1807 : interdiction du traficnégrier par l'Angleterre. 1815 : traité de Vienne, lespuissances européennes acceptent le principe inscrit dans l'actefinal du Congrès, le principe de l'abolition de la traite négrière.La traité négrière atlantique est abolie durant le premiertiers du 19ème siècle par l'ensemble des transporteurs. A partir dumoment où elle sera interdite, va apparaître une traiteclandestine. La traite négrière dure jusqu'au 2ème tiers du 19èmesiècle. Elle aura donc une durée significative. Durant la traiteclandestine, la mortalité repart à la hausse. Pourquoi le taux demortalité est-il si élevé durant la traversée ? Cela est duen partie à la ??? (17 : 20) , si on remonte pourconsidérer la 3ème phase (entreposage) : les captifs attendentlongtemps à la côte parce qu'il faut que se fassent les modalitésd'échange. C'est un troc ! On échange du tabac, des armes àfeux etc contre des esclaves. L'essentiel de ces transactions est demesurer la valeur d'un captif, on établit la quantité de chaquetype de marchandises entrant dans la composition de l'assortimentnécessaire à l'achat d'un captif. Un captif vaudra une certainequantités de marchandises (alcool, tabac, métaux, etc). Les captifssont troqués par petits lots. Dans la seconde moitié du 18èmesiècle, les vaisseaux négriers peuvent emporter entre 150 et 250captifs. Les captifs troqués sont d'environ 12 par jour. Un vaisseaunégrier pour accomplir son chargement met entre 3 et 7 mois. Du Nordau Sud, de la Sénégambie jusqu'en Angola. Toute une série de sitesde traite, or le vaisseaux négrier va dans tous les sites pourcompléter son chargement humain. Pour les premiers captifs, ilsrestent plusieurs mois dans les vaisseaux avant de partir pour latraversée. La traversée est l'épisode le plus traumatisant pourles captifs. D'autres facteurs d'explication du taux élevé dumortalité : l'entassement, espace très réduit. Le taux demortalité est fonction de l'entassement qui favorise la diffusiondes maladies. Une fois toute la cargaison chargée, le nombre dedécès dépend du sur-entassement et surtout du déclenchementd'épidémies. Ces maladies sont induites par le milieu pathologiquedu départ. En moyenne, la traversée dure un mois de l'Afrique auBrésil, puis 2 mois du Brésil jusqu'aux Caraïbes et en Amériquedu Nord. Les abolitionnistes ont fait des enquêtes pour dénoncer letaux de mortalité des captifs durant les traversées. Ils sont allésau port  Liverpool et se sont rendus compte aussi que  à dénoncerun taux de mortalité aussi pour les Européens qui y participent.Les évaluations qui ont été faites ont un côté paradoxal :les Européens qui participent à la traite négrière auraient untaux de mortalité plus élevé que les Africains. Exemple depuisLiverpool : mortalité moyenne des équipage de 18% contre 13%pour les captifs. Les taux ne sont pas comparables car les taux demortalité des Européens qui travaillent sur les bateaux négrierssont calculés non pas seulement pour la traversée mais pour tout lepériple négrier  et non pas seulement pour la traversée. Lesmarins passent beaucoup plus de temps sur le bateau dans les côtesque durant la traversée (environ 4 fois plus). En tenant compte dutemps passé à bord sur le bateau par l'équipage (environ 1 an) etles captifs (environ 2 mois), la mortalité blanche devientinférieure à la mortalité noire. Les choses vont changer :entre le milieu du 18ème et le premier tiers du 19ème, lesabolitionnistes dénoncent dans leurs campagnes premièrement lamortalité des captifs durant la traversée et la mortalité desmarins durant le périple négrier. A partir des années 1830, unnouveau front va s'ouvrir : à partir du moment où laGrande-Bretagne abolit la traite, elle va entreprendre de mettre enplace un système international de répression de la traite. LaGrande-Bretagne est la première puissance économie, commerciale etmaritime du monde à ce moment-là. Elle va vouloir imposer auxautres Nations l'interdiction de la traite. Elle va maintenir desnavires de surveillances arraisonner tout vaisseau négrier et celava se révéler inefficace car la traite clandestine va continuer etfaire plus de perte qu'avant. Le système de répression va aussi serévéler très coûteux. Face à la persistance et à la montée dela traite clandestine, l'attention des abolitionnistes va se déplacervers les zones d'approvisionnement en Afrique. Les abolitionnistesvont croire que la solution aux problèmes de l'esclavage se trouvedésormais sur le continent noir. Ils vont préconiser une vieilleidée : la mise en valeur agricole de l'Afrique afin de stopperà la source la production de captifs. Cela consiste à cultiver ducoton et du sucre sur place pour le marché européen par destravailleurs libres. Cela contribuerait à détourner esclavagisteset courtiers européens d'un commerce illégitime. Ce crédo (plan dedéveloppement pour l'Afrique) sert à stopper à la racine la traitenégrière et va porter les abolitionnistes à surveiller les phasesprécédant l'embarquement. Dans l'idée des abolitionnistes, porterl'accent sur ce qui se passe avant la traversée, c'est aussicontribuer à faire disparaître les guerres, des faire cesser lesraids, les expéditions pendant lesquelles on capture les Africains,parce que la production en série des captifs est obtenue par desraids et par des guerres. Plus des 3/4 des captifs proviennent derazzias organisées par des Africains, moins de 5% des captifs sontdirectement razziés par des Européens. On stoppe aussi laproduction de captifs à l'origine. On va donc s'intéresser au coûthumain qui précèdent l'embarquement (raids, conflits armés, longuemarche vers le littoral, etc). Pour un captif effectivement embarquécombien faut-il compter de morts avant en Afrique ? La réponsesuggérée au milieu du 19ème siècle : « pour un esclaveembarqué, un nègre sacrifié ». Perte de 50% entre la captureet la vente aux Européens. Ces études sont très rares car on nedispose pas de données chiffrées solides pour savoir si cela estvrai. Il y a plusieurs tentatives d'explication, la plus récente etla plus globale : tentative d'estimation de 1990 qui dit que laphase africaine avant l'embarquement tuerait 40% des captifs entre lacapture et la vente aux Européens. On peut retenir une fourchettepour l'instant est de 40 à 50%.
Récapitulation :
La traite négrière atlantiques'étale sur 3 siècles et demi, la mortalité moyenne des captifs àbord serait de 12 à 13 %, près d'1,5 millions de personnes noiressont jetés dans l'océan atlantique. Jusqu'à la fin du 19ème, 11millions de captifs sont embarqués des côtes africaines. Le nombreapproximatifs de captifs et de marins par tonneau on sait combien ily a de marins pour tant de captifs. En supposant une mortalitémoyenne des équipages de 16 à 18% durant le périple négrier, ilapparaît que sur les 1,5 millions de marins, de 240 à 270'000marins meurent de maladies et de malnutrition. Avant l'embarquement,en Afrique, il y a environ 40 à 50% des captifs qui meurent, donc pour 11,5% millions de captifs effectivement embarqués, il fautcompter entre 7,7 jusqu'à 11 millions de morts en plus avantl'embarquement. Ce que l'on sait c'est que il y a des pertes durantla phase d'acclimatation et surtout l'incapacité durant lespremières phases des captifs à se renouveler naturellement. Lespopulations d'esclaves d'Amérique ont une incapacité temporaire àse renouveler naturellement. Cela tient principalement audéséquilibre entre les sexes en leur sein. Les négriers européensveulent des hommes jeunes, il y a une femme pour 2 hommes. Il y adonc 2/3 de captifs masculins. Les planteurs américains veulent desactifs masculins en âge d'être mis au travail sans délai. Pourbien souligner la faible capacité des communautés africaines àsurvivre et à se reproduire on fait une comparaison : onconsidère l'année 1820, taux de survie et de reproduction d'un côtédes Européens qui migrent vers les Amériques et de l'autres desAfricains importés de force. On fait un pointage de tous lesAfricains qui ont eu une descendance et la même chose pour lesEuropéens jusqu'en 1820. jusqu'en 1820 : 10 millionsd'Africains partent pour le Nouveau Monde contre 2 millionsd'Européens. Les taux de survie et de reproduction sont radicalementdes 2 côtés ; les Européens vers 1820 sont 12 millions et lesAfricains descendent à 6 millions. C'est le coût en Amérique.
2 octobre
Essai de bilan
Il faut remarquer que lesAfricains partent à jamais, en ce sens, leur départ est pour leurrégion d'origine une perte sèche. Alors que les Européens d'abordet les Asiatiques ensuite, ont le choix de revenir. On calculed'ailleurs pour les migrants Européens et Asiatiques un taux deretour qui varie selon les époques. Pour les Européens, on estimece taux de retour à 50%.  Avec la traite atlantique se forge unehiérarchie raciale, assimilant les Noirs à une race inférieure. Apartir du moment où la traite atteint son sommet (18ème siècle),émerge ce que nous appelons aujourd'hui le racisme anti-noirs. Avantles Européens, les Arabo-musulmans ont voulu le commerce desesclaves. La traite négrière atlantique et la traite musulmane nepouvait se développer que s'il y avait une demande qui s'exerçaitcomme une pression. Il y a une différence de degré, la traiteexistait déjà avant que les Européens ne l'organisent. LesEuropéens ont donné une ampleur à ce phénomène. Le commerce desesclaves à grande échelle ne pouvait exister sans intermédiairelocaux, sans tradition esclavagiste.
Différence entre l'Asie etl'Afrique. Il est clair qu'une partie de l'Afrique a été intégréeau réseau atlantique, donc à la colonisation de l'Amérique. Or, onne relève pas les mêmes effets : la domination européenne enAmérique prend la forme de domination, en Afrique sous forme decommerce esclavagiste. On doit considérer la traite négrière commeun facteur de changement parmi d'autres dans la structure del'Afrique subsaharienne. Le commerce des esclaves agit plus sur lesrythmes d'évolution des systèmes africains qu'il n'en modifie lesstructures, contrairement à l'Amérique où la colonisation détruitet remodèle.
A travers la traite etl'esclavage, se produit d'abord dans les Amériques puis dans l'OcéanIndien, un crime fondateur : cela a fondé de nouvellescommunautés, la diaspora, des nouvelles identités, de nouvellescultures. Les Africains ont été d'une certaine manière dans lecadre du processus de colonisation, américanisés. On a ainsi descommunautés qui ont été créées selon la formule « suite àun crime fondateur » : l'atteinte aux droits humains. Celaa donné lieu à une littérature nouvelle, une culture nouvelle. Ilest difficile de dresser un tel bilan pour l'expansion de l'Europe,mais ce que l'on peut dire sans trop de précision, en faisant desétats de la question. En rappelant les éléments sur lesquels lacommunauté des historiens est plutôt d'accord : elle induitl'effacement des populations d'Amérique et du Pacifique, c'est uncoût que les Européens ne paient pas. Elle décime plusieursmillions de captifs noirs. Elle fait aussi disparaître quelquescentaines de milliers d'Européens dans le cadre du périple négrier.
Fait endosser aux autochtones lecoût de constitution et de gestions de ces territoires. Ce quichange c'est qu'en Asie et en Afrique, les maladies jouent endéfaveur des Européens alors qu'en Amérique et en Pacifique ellesfacilitaient la colonisation. La plupart des colonies fondées enAfrique et en Asie se passeront dans des endroit insalubres,l'Européen va succomber à ces maladies.
Le début du 20ème siècle = finde la conquête de l'Afrique subsaharienne. Jusqu'à la fin despratiques coloniales, il n'y a pas de parade médicale contre lesmaladies tropicales. Dans ces conditions, les Européens ont meilleurtemps de ne pas s'y rendre. Situation inverse des colonies depeuplement.  Il y a une pratique de l’esquive utilisée à partirdu 18ème siècle, ce qui explique une très faible présenced'Européens en Afrique et en Asie, il n'y a pas d'enracinement desEuropéens.
Les Européens choisissent uneméthode de l'esquive afin de ne pas attraper ces maladies. Carcertaines régions d'Afrique et d'Asie deviennent des tombeaux pourl'homme blanc. Partout au 19ème, les Européens avancent et setaillent des domaines en Afrique et en Asie. Un autre moyen delimiter le coût humain de constitution et de gestion des Empirespour les Européens : faire appel aux ressources humainesautochtones, incorporer dans les armées coloniales des autochtones.En limitant ainsi le nombre de soldats européens exposés auxmaladies, cette pratique tend à réduire le coût humain pour lesEuropéens. Le recrutement sur une large échelle d'autochtone dansl'armée et dans l'administration, réduit les charges financièresdes conquêtes assumés par les métropoles, car les locaux coûtentmoins cher. La gestion des ressources humaines, le recours à ce quel'Européen trouve sur place. Les densités de peuplement sontbeaucoup plus élevées en Afrique et en Asie, la colonisation ne metpas en danger les fondements démographiques des sociétésasiatiques et africaines. Il y a même à terme, au cours de lacolonisation, une croissance démographique. La colonisateur européenva puiser dans ces ressources. Cette pratique s'effectue sur unelarge échelle et apparaît comme le moyen le plus sûr pourpréserver les vies blanches et les deniers européens. Il y a untour de force : le colonisateur européens parvient à réduireles coûts humains et financiers en gérant à ses avantages lesressources humaines disponibles en outre-mer.
Coûts de la seconde expansion européenne (18ème-20ème siècle) : L'Asie et l'Afrique conquises par elles-mêmes
Mortalité et effectif des Européens sous les tropiques
La mortalité est très élevée.Dans le cadre de la traite atlantique, les marins avaient un taux demortalité très élevé lorsqu'ils résidaient sur les côtesafricaines. L'exemple qui illustre le taux de mortalité très élevédes Européens, par voie de conséquence, leur effectif très faible.Si
Nécropoles d'outre-mer
les maladies jouent tantôt àl'avantage tantôt au désavantage des Européens qui participent àl'expansion coloniale. Le milieu pathogène en Afrique et en Asie estun milieu inconnu pour les Européens qui a des effets effrayants.Ces maladies auxquelles succombent les premiers Européens : lepaludisme, la fièvre jaune et le choléra. Il y  aura des tentativesd'implantation, d'établissement des Européens en Afrique et en Asiequi aurait pu ressembler aux colonies de peuplement, mais lesmaladies vont stopper ces tentatives. Les Européens risquaient leurvie simplement en se déplaçant dans l'espace. A Batavia (maintenantJakarta) sur l'île de Java, dans le courant du 17ème siècle etjusqu'au 19ème siècle elle représentait le cimetière desHollandais. Batavia est une ville construite par les Européens maishabitée par des Asiatiques. En Inde dans la première moitié du19ème siècle, les Britanniques sont en train d'effectuer leurconquête, seulement 6% du total des décès enregistrés dansl'armée britannique est dû au combat, 94% des décès sont dus auxmaladies. Dans les années 1840, au Maghreb, un général françaisrelève que dans le seul domaine dans lequel l'Algérie connaît unecroissance est le cimetière. En Afrique occidentale, aucune régionne réussira à ravir à l'Afrique occidentale son titre de tombeaude l'homme blanc. Entre la fin du 17ème et le début du 18èmesiècle, la mortalité des Européens résidant les côtes africainesétait de 800 à 900 pour-mille. Sur 10 hommes y résidant, 6 meurentdurant la 1ère année, 2 ou 3 meurent durant la deuxième année, ilen reste un sur lequel les statistiques restent muettes.
En 1893, un explorateurbritannique Richard Burton, décrit la résidence du gouverneurbritannique à Lagos (Nigeria) comme une morgue faite de planchesavec un toit en taule ondulée contenant une fois par an le cadavred'un haut fonctionnaire. Comment expliquer que les Européens sesoient redus dans ces endroits malgré le fort taux de mortalité desEuropéens sous les tropiques ? Plusieurs explicationsévidentes :
Pour les hommes de troupes et sans grade (les pauvres), c'est le manque de travail et la misère qui les pousse à quitter l'Europe. Pour les marchands c'est l'espoir de faire fortune rapidement. Une fois exposés aux maladies tropicales meurent pour la plupart avant de retourner dans leur patrie. Mais le jeu en vaut malgré tout la chandelle. Il y a quand même des effectifs humains qui ont un profil particulier (têtes brûlées).
Le coût humain est supportable aux yeux des contemporains, car le nombre d'Européens qui participent à la formation des Empires en Asie et en Afrique est très faible. La probabilité qu'ils meurent est très grande, mais les effectifs concernés sont très réduits, donc c'est supportable.
On peut penser qu'il y a une médecine occidentale qui s'est formée, et qui se serait efforcée de protéger la santé et de sauver la vie de ces expatriés européens. Il y a effectivement une médecine qui va apparaître et qui a de tels objectifs, mais le problème c'est que il n'y a pas une approche scientifique. Les médecins jusqu'à tard dans le 19ème, les médecins occidentaux sont dans l'incapacité de connaître le mode de transmission des maladies. A de très nombreuses reprises, il y avait des théories assez folles sur la malaria. L'approche est uniquement empirique, les méthodes sont adoptées mais éprouvées par le temps et testées sur le terrain. C'est ce qu'on appelle une médecine dite d'émigration
Médecine d'émigration oucomment économiser des vies européennes
La médecine d'émigration a pourbut de sauver des vies européennes, puis elle va avoir pour objectifde sauver également des vies indigènes. La médecine d'émigrationva mettre beaucoup de temps pour se former, cela va durer près d'unsiècle. Sur l'ensemble du 19ème siècle et même jusqu'àl'entre-deux guerres. L'efficacité de cette médecine est trèslimitée, le meilleur moyen d'y pallier est de faire recours auxautochtones. Le taux de mortalité calculé pour la fraction de lapopulation européenne la plus exposée et la fraction de lapopulation européenne de soldats a les meilleures statistiquesdisponibles. On faisait des relevés enregistrés de statistiques etl'indicateur pourrait être traduit comme coût de transfert :rapport entre le taux de mortalité chez les Européens dans leurmilieu d'origine et le taux de mortalité dans les colonies. Celanous permet  de retracer l'évolution de la mortalité des Européensdans ces contrées insalubres. Est-ce que la mortalité baisse ?Au 19ème siècle, le déplacement de troupes européennes en Asie,en Afrique et aux Caraïbes représente un coût humain important, lesoldat européen perd au change. Le coût de transfert est élevé,sauf dans le Pacifique. Dans les années 1830, les taux de mortalitédes soldats français sont 4 fois plus élevés dans les Antilles quedans la métropole, et 8 fois plus élevés en Sénégal que dans lamétropole.  Pour les troupes britanniques d'outre-mer, les taux demortalité des soldats venus de métropoles sont multipliés par 5 auBengale, et par 30 sur les côtes d'Afrique occidentale. A la veillede la 1GM, ce coût de transfert ne disparaît pas, mais diminuepartout. Cette diminution dès le milieu du 19ème, est due à ce quel'on appelle la médecine d'immigration dont les origines remonte àla fin du 15ème siècle.
La médecine d'émigration permetde réduire la taux de mortalité des Européens dans les coloniessurtout pendant la phase de conquête et la première phase degestion des colonies. Peu d'Européens se rendent dans les coloniesoù le coût de transfert est élevé (mortalité dans les coloniesrapportée sur le taux de mortalité dans les métropoles).
Le moyen utilisé sur une largeéchelle par le colonisateur revient à recourir à l'enrôlement derecrues autochtones. Sert à maintenir le taux de mortalité à unniveau supportable pour les opinion publiques métropolitaines. Onn'aurait pas supporté la fondation de tels empires si le taux demortalité n'avait pas été supportable.
La médecine d'émigrationcontribue dans une certaine mesure à réduire le taux de mortalitédes Européens dans des régions insalubres. C'est une médecine quin'est pas scientifique, ce sont des procédés éprouvés par letemps. Médecins militaires qui, par tâtonnement, accumulent desconnaissances sur le terrain sur les maladies tropicales. On récoltedes données scientifiques, on mène des enquêtes ce qui donne lieuà la publication de guides sanitaires, de rapports spécialisésdans lesquels on fait une série de recommandations. Lesrecommandations concernent le régime alimentaire, la façon de sevêtir afin de se protéger des brusques changements de températures.
Une autre pratique concernel'altitude, c'est la plus ancienne mesure de protection des Européensdans les tropiques. Rapport, lien entre l'altitude et la salubrité,au-delà d'une certaine altitude, on pensait que les maladiesfrappaient moins fort. Ex : on disait qu'au-delà de 800 mètres,la malaria était beaucoup moins virulente. Dans les coloniesafricaines et asiatiques résident en hauteur.
Beaucoup de recherches ont étéfaites sur la durée de séjour dans les tropiques (tempsd'exposition), observations sur l'acclimatation. On pensait qu'il yavait une durée idéale. Il y avait ceux qui soutenaient la rotationlongue, d'autres la rotation courte, pas de consensus d'une manièregénérale pour toutes ces précautions hygiéniques. Durant tout le19ème siècle, il y a une marge d'incertitude quant à l'efficacitéréelle de ces précautions.
Contre la malaria, les Européensutilisaient la quinine (agent actif qui permet de combattre lamalaria tiré de l'écorce d'un arbre). Remède naturel d'un arbred'Amérique du Sud, que les Européens vont transplanté en Asie. Laquinine peut traiter la malaria si l'on respecte certaines règles,l'utilisation de la quinine date des années 1830-1840, mais sonutilisation est très inefficace. Jusqu'au début du 20ème siècle(fin des conquête coloniale), pour être efficace elle aurait duêtre utilisée d'une manière plus scientifique pour diminuer lespertes humaines dues au paludisme. Mais les autorités colonialessont incapables de distinguer la malaria d'autres maladies. Lesmédecins administrent la quinine pour la fièvre jaune par exemple,ce qui est le meilleur moyen de tuer. Les médecins ignorent aussi ledosage de la quinine, on fait prendre la quinine aux Européens quiont déjà la malaria, or elle est efficace à titre préventif.
Pour la fièvre jaune, il y a lapratique de l'esquive, les Européens sont incapables de spécifierles causes et les modes de transmissions de ces maladies, mais ildemeure que ce type de stratégie va sauver des vies humaines dansles colonies. Mais au total, durant les phases de conquête, le tauxde mortalité des Européens reste très élevé, pourtant malgréces taux, cela n'empêche pas la mainmise sur toute une série deterritoire qui constituent la plus grande partie des empirescoloniaux. Les maladies contre lesquelles on est démunis sur le planmédical, vont empêcher que les Européens ne créent en Asie et enAfrique des colonies de peuplement, et qu'ils aient recours à unemain d'oeuvre européenne. Mais ces maladies qui continuent d'éleverle taux de mortalité des Européens, n'empêchent pas les coloniesd'exploitation ou d'encadrement. Elles ne constituent pas d'obstacleaux Européens de coloniser l'Inde, l'Algérie et Java (territoiresles plus riches et peuplés). Cela n'empêche pas les Européens des'installer sur les côtes africaines. Cela est possible car il y aune médecine d'émigration qui réussit à réduire modérément àréduire le coût humain de l'Empire.
Mais l'emprise de l'Européen surdes terres « insalubres » est possible, carsystématiquement, le colonisateur européen s'appuie sur despopulations autochtones, non-européenne. Les Européens peuvent nepas se rendre en masse dans les colonies. S'ils peuvent se maintenirà la tête de colonies d'encadrement, c'est qu'ils ont la capacitéde dominer en ayant recours à des intermédiaires locaux. La plupart(85%) des  75 à 80 millions de personnes qui se déplacent, quittentleur milieu d'origine après le milieu du 18ème siècle.
Sur le total des Européensquittant le vieux continent pour les contrées d'outre-mer, moins de5% se rendent dans les zones où ils subissent des coûts detransferts, en Asie, en Afrique subsaharienne, au Maghreb et dans lesCaraïbes. La période couvre la période coloniale dans son étenduela plus large, c'est dire que globalement, la présence d'Européensétait numériquement très faible d'un bout à l'autre de lacolonisation. À la veille de la 2GM (processus de décolonisation),les Européens représentent 0.1 % de la population en Asie et 0.5 %en Afrique. Jamais leur nombre dépassent 0.5% du total. Capacité ducolonisateur européen en économisant le coût subi, cette capacitévient de la nécessité de limiter le coût humain et financiersupporté par le colonisateur. Effort fait au niveau de la médecined'émigration, renoncement à se rendre dans des contrées oùl'Européen subit un coût de transfert, et recours à desautochtones (soldats indigènes) lors de la phase de conquêtecoloniale.
La solitude de l'homme blancsous les tropiques 
Le Portugal est la premier pays àse lancer dans l'expansion coloniale d'outre-mer. Durant lespremières décennies du 16ème siècle, les Portugais montrent lechemin. Les autres colonisateurs européens vont leur emboiter lepas. Le caractère systématique : les autres colonisateurssuivent, et la pratique s'étend en Inde, en Indonésie au 18èmesiècle, au Maghreb au 19ème siècle et en Afrique subsaharienne. Lecolonisateur européen est le seul à avoir recours de manièreprécoce,  systématique et sur une grande échelle à l'enrôlementde troupes indigènes régulières. Spécificité de la colonieeuropéenne de l'Asie et de l'Afrique de recourir à des soldatsrecrutés sur place. Il y a dans la conquête des empires aztèqueset incas, les Espagnols sollicitent le concours l'auxiliairesamérindiens, mais il n'y a pas de troupes indigènes. Le Pacifiqueconfirme cette spécificité, car il s'agit de troupesessentiellement européennes. Il y a une correspondance : dansles colonies de peuplement européennes, il n'est pas fait appel auxtroupes indigènes régulières. Il y a 2 exceptions en Asie et enAfrique : deux territoires dont les conquêtes sont assuréesprincipalement par des soldats européens : Algérie et Namibie.L'Algérie est conquise par des troupes françaises, la Namibie datede la fin du 19ème siècle et se sont des troupes allemandes quisont à l'oeuvre, pas d'enrôlement de troupes indigènes. Il fautfaire de ces territoires, de terres réservées à l'homme blanc,projet de colonies de peuplement, qui échouent.
Cette pratique est possible dumoment que le colonisateur dispose de ressources qui peuvent êtremobilisées sur place.
Recrutement de soldats indigènes
L'Asie et l'Afrique conquisespar elles-mêmes
Exemples en Asie :
L'Inde :(1750-1850) Les Britanniques vont poussercette pratique de l'enrôlement très loin, dans aucune colonie onatteindra cette échelle, car les ressources humaines sont presqueinfinies (tableau 3). il faut pouvoir puiser dans un réservoirhumain et ici c'est gigantesque. Le colonisateur doit pouvoir mettrela main sur des richesses naturelles ou locales pour financer cettepratique de recours à des recrues autochtones pour constituer unearmée coloniale. En Inde, ceux qui montrent le chemin sont lesPortugais (fin du 15ème siècle), pour compenser leur faiblessenumérique, ils vont engager des soldats indigènes. Les Français,au début du 17ème, donnent à cette pratique un caractère encoreplus achevé, ils encadrent les troupes indiennes qu'ils encadrent etéquipent de manière européenne. L'East India Company entre la findu 17ème et première moitié du 18ème, donne la possibilité auxBritanniques de pratiquer cela. Les effectifs de l'armée de laCompagnie de 1840 à 1850 a des effectifs qui passent de 2 à 350'000hommes. Au milieu du 19ème siècle, elle est composée de 310'000soldats recrutés sur place, soit 90% du total des effectifs. Aumoment où s'achève la conquête de l'Inde, l'armée est composéede 90% d'effectifs recrutés sur place. Les Britanniques mobilisentdes immenses ressources militaires pour conquérir l'Inde, mais aussipour appuyer les troupes britanniques engagées à l'extérieur del'Inde. Les ressources militaires du Sous-continent sont utiliséessur place en Inde, mais aussi en Birmanie. Les troupes indiennesparticipent à l'expansion britannique dans d'autres territoires quel'Inde (Chine, Afghanistan, Egypte, Afrique occidentale, Birmanie,Afrique centrale). Nulle part cette pratique n'a été poussée aussiloin, nulle part on ne retrouve le gigantisme d'une tellemobilisation.
L'Indonésie : Lerecrutement est tardif, la conquête de l'archipel indonésien(1830-1913) est composée d'une armée composée d'environ 40%d'Européens. Les Hollandais s'y mettent de manière tardive à cettepratique, ils ne parviennent à étendre la conquête territorialeau-delà de Java qu'à partir du moment où ils décident d'accroîtrele nombre de soldats enrôlés sur place (tableau 6). Dans la secondemoitié du 19ème siècle, c'est le reste de l'archipel qui estconcerné par la conquête territoriale.
Exemple au Maghreb : 
L'Algérie :Situation particulière qui s'explique par le rêve du colonisateurfrançais de faire de l'Algérie une colonie de peuplement. Terred'occupation, d'implantation européenne. C'est aussi à ce titre unprolongement de la France. L'Algérie coloniale à un moment donnéde son histoire a été rattachée à la France. Depuis l'Algérieles Français vont mettre la main sur d'autres territoires. Celaexplique le fait que l'Algérie va être colonisée par des troupesexclusivement métropolitaines numériquement importantes. Larésistance est importante, la conquête dure sur plusieursdécennies, l'importance des effectifs (entre 1880 et 1903) de 70'000à 80'000 de soldats français y sont stationnés. Il y a nonseulement la composition des troupes mais aussi une importancenumérique hors normes. L'Algérie fera beaucoup de pertes militairesfrançaises. Si la conquête est assurée par des troupesmétropolitaine et qu'elle dure dans le temps, il y aura beaucoup depertes militaires. L'armée d'Afrique est composée au milieu du18ème siècle, que de la moitié d'autochtones.
Exemple en Afrique occidentale:
Les Français utilisent lesindigènes comme auxiliaires, puis il y a un décret qui fait que lessoldats deviennent réguliers. Il y a un militaire de haut rangfrançais qui en son temps a fait des recherches qui vantent la vertude troupes noires. La conquête de l'Ouest africain est l'oeuvre deces troupes noires. Il fait l'estimation que les soldats africainspar rapport aux français constituent une immense majorité, lestroupes noires ont donné à la France un territoire plus vaste quel'Europe, elles gardent à la France ce territoire, avec un effectifde 12'500 hommes et il n'existe qu'un seul bataillon français de4500 hommes à Dakar. La France va également utiliser ces troupesnoires ailleurs (Madagascar, Maroc, Indochine). La France n'hésitepas à déployer les troupes noires en métropole, en 1939, destirailleurs sénégalais interviennent à Marseille contre desgrévistes.
Les Britanniques ont uneparticularité : ils sont les seuls à utiliser en Afrique noireà utiliser des soldats d'autres régions comme des Antillais et desAmérindiens. Les Allemands et les Belges comptent tout autant surleurs recrues locales. Les Belges forment l'armée coloniale la pluscosmopolite. Les Allemands exceptionnellement se passent de soldatsindigènes dans la conquête de la Namibie, car considérée commedevant devenir un pays de Blancs. Les Italiens et les Portugais nedérogent pas à la règle. Les Portugais soumettent le Mozambique etl'Angola grâce à leur longue expérience d'incorporation. LesAfricains eux-mêmes (alliés, mercenaires, collaborateurs forcés ouvolontaires) façonnent eux-mêmes la colonie. (tableau 6 :récapitulatif, comparatif de l'importance des troupes indigènesdans les armées métropolitaines).
Qui sont ces recrues ?
Dans l'apparition du phénomènedu nationalisme, moment à partir duquel des personnes qui nepartageaient pas la même destinée, se disaient qu'elles faisaientpartie d'un même ensemble. Les habitants de l'Indonésie à partird'un certain moment, ont commencé à s'identifier à l'Indonésie etnon plus Java. Tant qu'il n'y a pas l'émergence et la consolidationde mouvements nationalistes, il n'y a aucune réticence despopulations locales de se faire engager dans une armée pour meurtrirle voisin. Les guerres locales existaient avant l'arrivée ducolonisateur européen, ce qui lui a rendu un grand service, car ilpouvait jouer sur des rivalités coriaces et anciennes.
Dans les années 1840-50, laconquête est achevée et le mouvement nationaliste ne date qued'après la fin de la conquête. Le nationalisme apparaît toujourstrès tardivement après la fin des conquêtes, c'est pour ça queles Européens parviennent à fonder ces colonies.
9 octobre
Identités de ces recruesasiatiques et africaines. Le colonisateur européen ne fait quereprendre des pratiques qui existaient déjà. C'est en adéquationavec les colonies d'exploitation d'Asie et d'Afrique : dans cetype d'implantation coloniale, le colonisateur européen en Asie eten Afrique coloniale ne fait que se superposer à des structures quiexistent déjà. Puisque ces structures résistent au choc colonial,puisqu'elles ont une relative consistance, le colonisateur européenva édifier son domaine en Asie et en Afrique en ayant recours auxressources disponibles. D'autres différences apparaissent : ladensité de peuplement.
An Amérique du Nord et dans lePacifique : il y a trop peu de monde pour toutes les terres àexploiter. Les structures que ces populations ont mises en places'écroulent. Là nous ne sommes pas du tout dans le même cas defigure.
Il est peu surprenant que lecolonisateur européen fasse ce qui se faisait déjà. Lecolonisateur britannique en Inde, prélève dans un réservoir desoldats, les Britanniques vont prendre la place d'autresenvahisseurs, qui au 16ème siècle avaient mis en place en Inde desstructures impériales. Les Britanniques vont faire ce que faisaientles Turco-Moghols faisaient avant.
Si l'on considère les soldatsrecrutés en Afrique, ce sont soit des esclaves rachetés à leurmaître, soit des prisonniers, soit des volontaires. Les Européenss'inscrivent dans des pratiques qui existaient avant leur arrivée.Il y a de la part de l'Européen qui est poussé un peu plus loin :le colonisateur européen recrute de préférence dans les racesguerrières. Il y a une sélection, on ne va pas recruter de manièreaveugle. Ces races guerrières : c'est là qu'on allait recruterpour former des armées qui avaient préexister à la colonisationeuropéenne. Les Européens donnent une préférence aux guerrierschrétiens.
Le colonisateur européen va fairecomme toute élite qui assujetti et qui met en place uneadministration pour contrôler sa population : il va diviserpour régner.
«  La politique des races ».L'insertion du colonisateur dans ce qui est en place : lerecrutement est assuré par le concours des élites locales, il estimpensable que le colonisateur européen ait pu parvenir à ses finsen matière de recrutement s'il n'y avait pas le ralliement d'éliteslocales, il faut passer par ces intermédiaires. La politique desraces consiste à opposer des groupes.
On oppose de manière générale,en Afrique subsaharienne, les « fétichistes » auxmusulmans. On va faire de même pour mettre en confrontation despasteurs nomades et des agriculteurs sédentaires. On va opposer lespopulations de côtes à celles des hauts plateaux intérieurs etc.
L'Asie et l'Afrique d'avant lenationalisme n'ont pas d'objection psychologique au recrutementd'hommes d'un groupe ou d'une communauté pour lutter contre deshommes d'autres groupes ou communautés. Le nationalisme émerge dansle sous-continent indien dans les années 1880, pour l'Afrique et lereste du continent indien ce n'est pas avant 1920 et 1930. 
En Inde c'est la solde (ce quel'on paye) pour recruter et comme salaire aux soldats qui est assezélevée et régulièrement versée pour se mettre au combat pourl'East India Company. En Afrique subsaharienne,  la solde est plutôtmodeste et constitue un plus faible appât, à défaut de cela, il ya le produit du pillage et les épouses libres. Le fait pour uncolonisé de s'engager dans l'armée du conquérant est un moyen desubir la société coloniale d'une manière moins injuste. L'ordremilitaire apparaît comme moins injuste que la société coloniale.L'engagement de soldats indigènes est une possibilité d'intégrationmais aussi leur engagement peut être l'expérience de la lutte arméequi au moment de l'indépendance peut se retourner contre lecolonisateur. (Les tirailleurs algériens, corps constituétardivement, sont utilisés sur d'autres champs de bataille pour laconquête et notamment utilisés en Indochine. Ils le sont égalementà un moment où la France engage une guerre en Indochine delibération nationale. Parmi les troupes françaises il y a dessoldats algériens, marocains, africains, sénégalais, avec le reculon s'est rendu compte que les soldats algériens ont été beaucoupplus sensible à la propagande viet-min et ces soldats algériensauront été sensibilisés à l'anti-communisme et ils auront acquisune expérience.)
Tableau 6 :  1913 : findes conquêtes coloniales. Montre l'importance des effectifs engagésdans les troupes coloniales. Le 2/3 de ces demi-millions d'hommesstationnés dans les colonies sont en Asie, précisément en Inde.Pour souligner le fait qu'il y a beaucoup  moins d'effectifsmilitaires stationnés dans les colonies que dans les métropoles. Auniveau des effectifs militaires stationnés, il y en a beaucoup moinsdans les colonies que dans les métropoles => montre à quel pointle coût des conquêtes a été faible. Importance des troupesrecrutées par la Grande-Bretagne et la France. L'Italie apparaîtdevant les Pays-Bas car l'Italie s'occupe de la Libye en 1913. LesAméricains sont engagés vers 1913 dans les Philippines. C'est lamoyenne qui importe : les autochtones forment 70% de l'ensembledes troupes coloniales. On peut établir des rapports : avec ceschiffres-là, en s'y appuyant, on peut se rendre compte à quel pointle colonisateur européen a su dominer à l'économie. A la veille la1GM, moins de 160'000 soldats et officiers européens contrôlent les510 millions d'individus peuplant les colonies d'Asie, d'Afrique etdes Caraïbes. Pour souligner encore plus cette disproportionnalité,on peut descendre au niveau de cas particulier : l'Inde :elle est l'exemple le plus extrême, c'est là que la démographieest la plus étoffée. 75'000 soldats britanniques gouvernent 315millions d'habitants. Dès le milieu du 19ème siècle, l'arméebritannique qui tient le continent indien est composée de 90% desoldats indiens. Dans le Congo belge, on compte moins de 450officiers européens (pratiquement pas de soldats) pour plus de 11millions d'autochtones. Si on considère les officiers, uneestimation pour l'ensemble du 19ème siècle, il n'y a pas plus de 3ou 4% des troupes régulières.
C'est une pratique qui a étéadoptée de manière systématique et sur une large échelle,pratique révélatrice.
De la bonne gestions desressources humaines
Le recrutement sur une largeéchelle de soldats indigènes va être facilement justiciable dansle différentiel dans les taux de mortalité. Les médecinsmilitaires font des relevés qui mettent en avant une différence :l'écart entre les taux de mortalité que l'on recrute sur place etde ceux qu'on ramène des métropoles. Les soldats recrutés surplace ont un taux de mortalité beaucoup plus bas que les soldatseuropéens, on adopte la pratique et la pousse le plus loin possible,car cela économise des vies. Non seulement les soldats autochtonesenregistrent un taux de mortalité bien inférieur aux soldatseuropéen mais leur recrutement et leur prix de revient (leurentretien) est nettement moindre. Les Européens vont égalementavoir recours à des intermédiaires locaux et se sont non plus desindigènes que l'on recrute dans l'armée, mais des travailleurslocaux qui vont s'occuper de certaines infrastructures comme laconstruction de routes. La situation sur laquelle nous allonsdéboucher : plus une puissance colonisatrice a recours à desrecrues locales et à des intermédiaires autochtones, plus le coûtde la conquête sera faible. Il y a des différences entre lecolonisateur belge, britannique ou français etc.  Mais la différenceest de prendre la peine de préparer une expédition militaire enrecourant massivement aux ressources humaines locales => baisse ducoût de l'expédition. Il y a des exemples où des expéditionsmilitaires se finissent en fiasco avec des pertes humainesinsupportables, mais c'est l'exception.
Si les troupes européennes sontsi peu nombreuses, si on fait si peu appel à elles, c'est qu'on serend compte que la mortalité chez les recrues autochtones estbeaucoup plus faible que pour les soldats venus de métropole, c'estétabli depuis le début du 19ème siècle. Un indigène adulte,acclimaté à son milieu d'origine, succombe moins à des maladiestropicales qu'un européen non-immunisé. Exemple de la malaria enAfrique subsaharienne : dans les régions où la malaria estendémique, les personnes les plus vulnérables sont les enfants enbas-âge, cela révèle qu'on a chez les populations qui pendant desgénérations vivent dans un milieu où la malaria sévit, développedes défenses immunitaires. Les nourrissons bénéficientd'anti-corps alors la malaria frappe après le sevrage. Ceux quisurvivent fabriquent leur propre défense immunitaire à force d'êtreinfectés. Près de 30 piqures d'insecte par jour. Ils développentleur propre défense immunitaire et lorsque l'on compare le taux demortalité de soldats recrutés sur place aux soldats européens, onconsidère de jeunes hommes adultes. Lorsqu'on calcule leur taux demortalité il apparaît beaucoup plus faible. En Afrique occidentale,le nombre de décès au début du 19ème siècle, 9 fois supérieurchez les soldats européens que chez les militaires africains. Avecle temps, ces écarts vont devenir de moins en moins grands, mais ilssubsistent durant la première moitié du 19ème siècle. Il y aaucune hésitation à avoir avec des tels écarts. De tellesdisparités persistent jusqu'à la fin du 19ème. Dans la mesure oùtous les colonisateurs européens ne montrent pas la même efficacitéà baisser le taux de mortalité sous les tropiques.
D'une manière générale, pour cequi concerne le 19ème siècle, les Britanniques et les Hollandaisont plus recours aux travailleurs indigènes que les Français.
Des Empires acquis à des prixde solde
Concerne le coût financier. Cen'est qu'au 19ème siècle, dans la seconde moitié, que l'on disposede données pour faire une évaluation du coût financier. Il fautparfois se contenter de certains registres plutôt que d'avoir unevue d'ensemble. Recruter des soldats sur place coûte moins cher àla métropole, la-dessus, nous sommes en terrain ferme, on peutavancer surement car on dispose de beaucoup de données. Au milieu du19ème siècle, le recrutement et le maintien de troupes européennesen Inde coûte 3 fois plus qu'en métropole. C'est un exemple quinous montre que transférer des troupes européenne de la métropolejusqu'à la colonie, induit un coût sur le plan humain car leurmortalité augmente, mais induit aussi un coût financier plus élevé.Il y a toute une série d'autres exemples chiffrés qui montrentqu'un soldat indigène coûte moins cher qu'un soldat européen. Celarévèle que l'écart qui existe, ne va pas se réduire avec letemps, et même va peut-être augmenter. Idée que les écarts sontimportants et qu'ils se maintiennent avec le temps. Dans le domainecolonial français : un tirailleur indochinois ou sénégalais,l'Indochine incluait l'actuel Vietnam et le Cambodge et le Laos,coûte dans les années 1870, 25% moins cher que son homologuemétropolitain. A la fin du 19ème siècle, les écarts semblent secreuser, les tirailleurs sénégalais et indochinois coûte 75% moinscher qu'un soldat français. Les données dont nous disposons pour laveille de la 1GM confirment que les écarts se sont maintenus. Pluson a recours à des soldats indigènes, plus le coût financiersupporté par la métropole est faible. Avoir recours massivement àdes soldats autochtones permet d'atteindre l'objectif d'économiefinancière. Malheur au colonisateur qui ne respecte pas cette règle.
Depuis l'indépendance del'Algérie, il y a des tensions incessantes entre la France etl'Algérie, comme s'il y avaient des problèmes qui n'arrivent pas àêtre réglés, comme des plaies ouvertes qui restent béantes, carla France a utilisé des troupes métropolitaines et que la France apayé le prix du sang pour conquérir l'Algérie et aussi elle a misla main à la poche.
A contrario, l'exemple de ladécolonisation de l'Inde où les Britanniques ont conquis, ont géréet sont partis en douceur pour eux (cela ne leur a rien coûté) etils sont partis du jour au lendemain. Les Britanniques ont pliébagage avec beaucoup de facilité. Ces éléments permettent decomprendre pourquoi aujourd'hui les relations entre certainesmétropoles et leurs ex colonies sont beaucoup plus apaisées qued'autres.
Les écarts sont encore plusimportants si l'on considère le coût de certaines activités commele portage de matériel, et de construction de route. Si pour ce typede travail on utilisait un Français à la place d'un indigène celacoûterait 16 à 17 fois plus en Afrique subsaharienne et jusqu'à110 fois plus en Indochine. Toute expédition militaire colonialedevait respecter cette règle : pour toute activité de portageou construction de route il ne fallait jamais faire appel à desEuropéens car leur coût est dissuasif. La mort d'un indigène n'aaucun poids politique en métropole, dans la plupart des cas,l'indigène ne touche aucune indemnité de la nation conquérante. Lecoût varie en fonction du degré d'utilisation des autochtones dansles conquêtes.
Données chiffrées sur lescampagnes militaires pour la seconde moitié du 19ème siècle :il faut d'abord un comptage : combien les puissancescolonisatrices européennes se sont engagés dans des campagnesmilitaires ? Environ 150. nous disposons du coût financier,dans chaque campagne, on a des estimations de leur coût. On arrive àun total entre le milieu du 19ème et le début de la 2GM, il a falludépenser entre 3 et 4 milliards de dollars courants. Il fautrapporter ça au total des richesses produites par les puissancescolonisatrices : PNB . Les campagnes militaires pour conquérirl'Afrique et l'Asie représentent 0,1 et 0,3 % du PNB. Pour certainescolonies, la métropole doit payer. Dans le domaine britannique oùl'on trouve un type d'implantation qui est la colonie de peuplement,le coût financier de la conquête et de la défense des territoiresinvestis est assumé par la métropoles dans le cas des dominions oucolonies de peuplement. Il s'agit du Canada, l'Australie et laNouvelle-Zélande et à ces 3 territoires on doit ajouter l'Afriquedu Sud où les Européens sont en nombre limités par rapport aux 3autres territoires, les Européens représentent 20%, alors que dansles autres c'est entre 80 et 90%. L'Afrique du Sud reçoit le statutde dominion ce qui implique une souveraineté intérieure avec lapossibilité de profiter de droits politiques. Le colonat blanc , lesimmigrants européens, ont le pouvoir politique de refuser d'assumerle coût de la conquête et de la gestion. Les Européens de cescolonies là vont faire assumer ce coût par les contribuablesmétropolitains (britanniques). Les colonies d'exploitation nedisposent pas comme le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Australie oul'Afrique du Sud du pouvoir institutionnel pour refuser de porter lefardeau des dépenses militaires. Exemple : guerre qui opposales Britanniques aux colonat africaners. C'est une guerre de blancs,l'armée britannique contre une fraction du colonat blanc sudafricain. Cette guerre a lieu entre 1899 et 1902 et va coûter trèscher. Le coût de cette guerre est exorbitant et il est en totalitéà la charge du contribuable britannique.
La conquête de l'Inde ne coûtepas un sou au contribuable britannique, car on puise dans lesressources humaines locales et la conquête et la gestion estfinancée par des revenus prélevés sur place.
Colonies de peuplement ont unpouvoir institutionnel de refuser de porter le fardeau de dépensemilitaires de conquête ce qui n'est pas le cas dans les coloniesd'exploitation. La conquête et la dépense de l'Inde ne coûte pasun sou à la métropole britannique. Le coût de maintien des troupesautochtones et le coût de des troupes britanniques est à la chargede l'Inde. Lorsque l'armée est constituée vers la fin de laconquête il y a très peu d'Européens, or le coût de maintien deces régiments britanniques est à la charge des Indiens. Ellesupporte aussi le coût des troupes indiennes impliquées dans desopérations de conquêtes ailleurs que dans le sous-continent indien.
Cette capacité du colonisateureuropéen à reporter le fardeau financier sur les troupes coloniséesn'appartient pas qu'aux Britanniques, il en va de même pour les lesFrançais et les Hollandais. Pour les Pays-Bas, la colonie parexcellence est l'Indonésie. Et elle obéit au même schéma quel'Inde, le coût est à la charge de l'île de Java, elle finance laconquête des Hollandais sur cette île et la population financeaussi les opérations militaires hollandaise pour la conquête dureste de l'Indonésie. Pour la France, il y a des données pour laseconde moitié du 19ème siècle qui révèlent que le coût del'expansion coloniale française n'excède pas le 6% du budget de lamétropole. La charge coloniale apparaît légère pour lecontribuable français c'est parce que le contribuable indigène payeà sa place.
Si on considère aussi les autresexpériences coloniales, on trouve des cas où le fardeau financierde la conquête n'est pas porté par les colonisés mais par lecontribuable de la métropole. Par exemple, l'Italie ne parvient pasà faire porter le fardeau de la conquête aux colonisés, lesconquêtes ruinent l'Italie. La campagne la plus tardive del'histoire coloniale européenne : l'Ethiopie sa conquête estcourte mais extrêmement coûteuse pour l'Italie. L'Italie est un casmarginal et atypique, il suffit de rappeler que les 3 grandespuissances (Grande-Bretagne, Pays-Bas et France) concentrent à laveille de la 1GM, 85% des superficies et des populations colonisées.
Dans les colonies en Asie et enAfrique, ces 3 puissances colonisatrices ont réussi à alimenter lesbudgets coloniaux par les impôts prélevés sur les populationsassujetties. Ces budgets coloniaux assurent les fraisd'administration générale et rembourse les emprunts pourl'équipement. Jusqu'à la 2GM, il y a la règle de l'autonomiebudgétaire, les colonies doivent se suffire à elles-mêmesfinancièrement. Ces budgets coloniaux sont alimentés par des impôtsprélevés sur place.
Conclusion :
Non seulement les peuplescolonisés s'asservissent eux-mêmes mais il paient encore leurpropre asservissement. Les empires coloniaux d'Asie et d'Afrique sontacquis à des prix de solde.
15 octobre
Pertes européennes et indigènes
Typologie et évaluation despertes européennes
Les soldats européens meurent parmaladie ou par le feu de l'ennemi. En fonction de l'importancenumérique des pertes militaires européennes, on peut classer dansdifférentes catégories les territoires. Les critères dedifférenciation : pertes très faibles ; pertesmoyennement faibles ; pertes importantes. Cette typologie a uncaractère rébarbatif, mais il faut passer par là mais cetteclassification ne suffit pas à elle-même, c'est pour obtenir unbilan. Cet ordre de grandeur va nous permettre ensuite de répondreen partie à la question : Combien ? Plus un territoire estcolonisés tardivement, plus les pertes européennes seront faibles,car ils disposent de techniques beaucoup plus  meurtrières, ce quileur permet avec une supériorité nette de l'emporter sans grandcoût. Ces pertes militaires sont dans certains territoires et à uncertain moment très faibles. En Afrique occidentale par exemple,  leprix payé par les militaires européens est dérisoire. La plusgrande partie de ces pertes est due non pas au feu de l'ennemi maisaux maladies. En Afrique orientale, les Britanniques lancent une30aine d'opérations militaires sur les hauts plateaux du Kenya,elles font une demi-douzaine de morts dans les troupes britanniques.La particularité du Congo nécessite la constitution d'une arméecoloniale numériquement forte, mais cause de pertes européennesextrêmement réduites. De 1886 à 1914, dans l'armée colonialebelge sont engagés plus de 70'000 hommes mais ne coûte la vie qu'à22 militaires européens par an durant ces années. Ce contrasteentre moyens mis en oeuvre et perte européenne s'explique par lafaçon dont est composée cette armée belge : 5 nationalitéseuropéennes différentes et grande majorité de soldats africains(2% de soldats européens). Dans ces conditions, les perteseuropéennes ne pouvaient être que très réduites.
Tableau 7 résume cela. Iln'y a pas que des territoires d'Afrique subsaharienne, il y aussi lesconquêtes menées dans le Pacifique et en Asie et dans les Caraïbes.
En Afrique allemande, il y a euplus de mort par le feu de l'ennemi que par maladies.
Aux Philippines, les USA doiventenvoyer un nombre important de soldats américains qui meurent pourla conquête des Philippines.
Algérie :
Chaque année de 1830 à 1848(phase la plus intense de la conquête de l'Algérie par lesFrançais) sont immobilisés dans ce territoire, en moyenne de 50 à55'000 hommes. Les pertes annuelles sont estimées de 7 à 9 %, soitune proportion de 1 à 13 environ. Durant la phase de conquête,l'Algérie est la cause chaque année de 3500 à 4950 décès dansles troupes françaises.
Comparaison avec Madagascar, letaux de mortalité en Algérie est plus faible. La conquête del'Algérie dure beaucoup plus longtemps. Les pertes militaireseuropéennes sont très importante en Algérie car il y a unerésistance de la population locale ce qui fait que la conquêtes'étale sur plusieurs décennies jusqu'à 1857. 67 à 94'000 soldatsfrançais disparaissent dans le gouffre algérien.
Il faut ajouter la durée descombats à la composition des troupes. Si l'on adopte une perspectivecomparative, le bilan des pertes militaires européenne en Algérieest particulièrement lourd. Il s'explique par la durée des combatset par l'utilisation quasi-exclusive de troupes métropolitaines. De80 à 100'000 morts de 1830 à 1857. Dans le tableau 7 il y a uneestimation basse autour de 87'000.  Le prix du sang par la France estélevé de manière disproportionnée.
L'Inde :
la conquête dure pratiquement unsiècle, de la bataille de Placet (1757) jusqu'à la grande mutinerieen 1857. Le bilan des pertes européennes est élevé car la conquêtedure très longtemps. Il y a beaucoup plus de pertes par maladie quepar le feu de l'ennemi. De 1757 à 1857, le nombre d'officiers et dessoldats européens enrôlés dans les troupes britanniques de laconquête de l'Inde passe de 1000 en 1757 à environ 40'000. Sachantque le taux de mortalité par maladie des troupes européennesstationnées dans le sous-continent est de l'ordre de 60 à 70%, ilapparaît que durant le siècle d'expansion de 80 à 100'000 soldatseuropéens sont emportés dans les maladies. De 8 à 10% des pertesest du au feu de l'ennemi. Pour la première moitié du 19èmesiècle, seulement 6% du total des pertes est du au feu de l'ennemi.Les pertes dues aux maladies représentent 90 à 95% du total. Letableau 7 permet d'avoir une vue d'ensemble.
C'est au Maghreb que le coûthumain de la conquête est le plus lourd, à cause du gouffrealgérien. Rapportées à la taille des populations colonisées, lespertes sont 8 à 10 fois plus élevés qu'en Asie ou qu'en Afriquesubsaharienne.
Pour comparer on prend les autresguerres du 19ème siècle. Les guerres napoléoniennes, la guerre deCrimée de 1853 à 1856, la guerre de sécession et la guerrel'Anglebourg de 1899 à 1902. Ces 4 guerres font 2 millions de mortsdirectes. On prend toutes guerres coloniales et on considère qu'ils'agit d'une grande guerre. La Guerre de Crimée fait à elle seulepresque autant de morts que toutes les guerres coloniales ensemble.Le nombre de soldats européens morts sous les tropiques, dans lescolonies, ne représentent de 2,5 % des soldats morts.
La colonisation européenne enAsie et en Afrique a concerné un nombre de territoires trèsimportant. Entre 150 et 160 territoires répartis en Asie et enAfrique concernés par la pénétration coloniale européenne, or iln'y a que 3 guerres de libération nationale. Autrement dit, leprocessus de décolonisation s'est globalement déroulé de façonspacifique, par la négociation. Il ne faudrait pas que ces guerres dedécolonisation aient des prolongement. En Asie et en Afrique, ceprocessus a été obtenu par des élites locales beaucoup plus parles négociations que par les armes.
Ces guerres de libération sedéroulent sur un espace de 30 ans, de 1945  (Indochine) jusqu'en1975 (Guinée, Mozambique). On est en mesure de faire un bilan despertes militaires européennes lors de ces 3 guerres de libération :75'000. C'est sur un laps de temps beaucoup plus court. Sur 30 ans,2'500 pertes par année contre moins de 2000 de 1850 à 1913.Autrement dit, les guerres de décolonisation, ont fait plus devictimes chez les militaires européens que toutes les guerres deconquêtes en Afrique et en Asie qui se sont écoulées sur unepériode beaucoup plu longue. En somme, les pertes européennesdurant la conquête sont extrêmement limitées.
Les Européens disposent d'unesupériorité évidente en terme de technique d'armement. Il faut sedemander si cela a été déterminant à chaque moment et à chaqueendroit.
16 octobre
Techniques d'armement et perteeuropéennes
Les Européens disposent demanière incontestable d'une supériorité technique, mais est-ce quecette supériorité a contribué durant les phases coloniales en Asieet en Afrique a réduire le coût humain et financier des conquêtessupporté par les métropoles ? La réponse dépend de la phaseque l'on considère. Beaucoup d'auteurs et de spécialistes ont ététentés de voir dans la supériorité en matière technique desEuropéens l'explication, la plupart des auteurs privilégient cetype d'explication. Il y a une expression consacrée dans lalittérature spécialisée : l'outil d'Empire. Les Européensont pu en étant très peu nombreux, en ne connaissant pas le milieu,en s'appuyant sur des moyens limités, conquérir de très grandesportions de l'Asie et de l'Afrique à un moindre coût parce que lesEuropéens disposaient d'outils d'Empire, notamment des armesperformantes, la capacité de se mouvoir et de communiquer trèsrapidement.
Pourquoi est-ce que tant d'auteursont été séduits par un argument technologique ? Parce que leshistoriens connaissent très bien cette façon de se laisser séduire,on se concentre sur la dernière phase d'un phénomène qui s'étalesur plusieurs siècles, ce qui est le plus proche de nous, on legénéralise. Les caractéristiques de la dernière phase sontétendues à tout le processus, la dernière phase se situe dans unecontrée particulière, la dernière phase se déroule en Afriquesubsaharienne et a lieu dans le dernier tiers du 19ème siècle.C'est ce qui est le plus proche de nous qui nous apparaît de lamanière la plus manifeste que l'on va, de manière abusive,généraliser. On travaille alors avec des images, des visions, maiselles sont tirées des guerres coloniales les plus tardives.
C'est un côté séduisant etcommode, à partir d'un élément, on peut couvrir tout l'ensemble.L'image des guerres coloniales est souvent celle avec des touchestrès contrastées, ce qui attire ce sont les oppositions fortes.Cette image s'est limitée dans le temps et dans l'espace, c'etvalable à un moment et à un endroit précis. Selon cette vision unepoignée de soldats européens disposant d'armes meurtrièresapparaît d'un côté, de l'autre côté il y aurait une multitude desoldats indigènes mal armés et pas disciplinés avec aucune chancede survie. Certains guerres coloniales (les plus tardives) confirmentcette vision. Même s'il est difficile d'évaluer les forces enprésence, ce qui apparaît pour l'Afrique subsaharienne, les arméesindigènes ont des effectifs jusqu'à 10 fois plus élevés que lestroupes Européennes mais les pertes sont 10 à 20 fois plusimportantes. Cette image-là, ce qu'elle nous présente c'est unesurpuissance des Européens et alors si on se tient à cela il n'y apratiquement pas de défaites coloniale européenne, unedemi-douzaine tout au plus, mais ce sont ces défaites militaires deshumiliations sans lendemain, juste des accidents de parcours. On acorrigé cette image en introduisant une périodisation. Mais pour laplupart des spécialistes, les troupes européennes auraient unequasi-invincibilité. Cette quasi-invincibilité découlerait de lasupériorité des colonisateurs occidentaux dans les techniquesd'armement. Cette supériorité leur permettrait de réduire le coûtfinancier et humain de l'Empire.
Exemples :
Un auteur affirme que le systèmemilitaire européen ne peut être aisément copié notamment par lesgrands Empires asiatiques, dans la mesure où le système militaireeuropéen est le produit de structures économiques et socialesspécifiques.
Cet auteur soutient que ce qu'ilappelle la révolution militaire joue un rôle déterminant dans lamontée de l'hégémonie occidentale dans le monde, à travers sasupériorité militaire l'Europe compense ce qui lui manque enressources humaines et matérielles. => cela manque de précision.
Un autre spécialiste de laquestion affirme que les armées coloniales en outre-mer sontcapables de conquérir de larges parties de l'Asie et de l'Afrique àun coût étonnamment réduit malgré leur infériorité numériqueet leur méconnaissance relative du terrain et leurs moyensfinanciers limités. Cela s'explique par la supériorité écrasantede la puissance de feu dont dispose les Européens grâce à larévolution des armes à feu amorcée au 19ème siècle. => où etquand ? Cela manque de nouveau de précision.
On a ici la thèse que l'onappelle des « outils d'Empire », sous entendu d'outilssur le plan technique dont disposent les Européens en matière detransport et de communication qui leur permettent d'assujettir degrandes portions de l'Asie et de l'Afrique à un coût dérisoirepour eux. Dans le cadre de la colonisation contemporaine, cette thèsese vérifie dans un nombre de cas très réduits.
Le tableau 7 nous permet de voirquand et où les Européens subissent des pertes militairesimportantes : en Inde, en Indonésie, en Algérie et enIndochine, c'est-à-dire dans des territoires où des militaireseuropéens subissent plus de 80% de leurs pertes militaires, lavictoire des colonisateurs ne tient pas vraiment à leur supérioritédans leur technique d'armement. Mais alors où la thèse des outilsd'Empire est-elle valable ? En Afrique subsaharienne, dans ledernier tiers du 19ème siècle, dans la dernière partie du mondecolonisée.
Pourquoi la victoire descolonisateurs ne tient pas réellement à leur supérioritétechnique jusqu'à la fin du 19ème siècle ? Les Européens ontcette supériorité, mais elle ne joue pas en leur faveur jusqu'à lafin du 19ème siècle. 3 éléments de réponse possibles :
Les adversaires des européens ont accès à l'armement occidental, c'est le cas de l'Inde de la seconde moitié du 18ème siècle.
Les colonisateurs tardent à adopter les armes les plus modernes, puisqu'il y a la révolution technique en terme d'armement que en 1850-1860, les armes les plus modernes sont fabriquées à partir de ce moment-là et ces armes ne ressemblent plus aux armes d'avant. C'est le cas dans les Indes néerlandaises, Indonésie actuelle.
Les Européens utilisent des techniques de guerre, des moyens de combat qui ne sont pas adaptés. Un protagoniste de la scène coloniale, le colonisateur qui a une supériorité en terme d'armement mais en l'utilisant ne parvient pas à la performance attendue parce que il y a des formes de combats (p.ex la guérilla) à laquelle il ne s'attend pas et à laquelle il n'arrive pas tout de suite à s'adapter. C'est le cas au Maghreb.
Le début de la conquêtecoloniale date du début du 18ème siècle, dans la seconde moitiédu 18ème on parle de grignotage, le colonisateur britannique vaavancer, mettre la main sur des portions du territoire dusous-continent indien graduellement. La technologie militaireeuropéenne est accessible aux Etats indiens. A partir du premiertiers du 18ème siècle, ce qui est en place est en train de sedéfaire, les structures impériales Moghols sont en voie de sedésintégrer. On est à ce moment-là dans une Inde qui estfractionnée en différents Etats, musulmans, hindous, etc. Ces Etatspeuvent également être rivaux et les Britanniques jouent sur cettefragmentation et ces rivalités. Mais lorsque ces Etats s'opposentpar les armes à l'avancée territoriale des Britanniques, ils ontaccès par les experts occidentaux aux armes occidentales. Les Etatsindiens vont engagés des experts français par exemple. Au début du19ème siècle, plus de 100 experts français pour la plupart formentune artillerie de campagne dont les Britanniques eux-mêmes vantentl'excellence. Mais ces nouveaux canons utilisés par des soldatsindiens, formés et commandés par les Européens, n'empêchent pasaux Britanniques de l'emporter. L'armée coloniale britanniqueconquiert le sous-continent non pas parce qu'elle est supérieure surle plan d'armement, mais par son organisation de par leur plus longueexpérience. Les Britanniques l'emportent pour les raisonssuivantes :
qualité du commandement militaire
la stricte discipline imposée aux troupes
le recours à d'importants ressources financières
le soutien du gouvernement de Londres
absence d'une opposition suffisamment unie suite à la fragmentation indienne
Ces différents facteursexpliquent mieux la victoire des Britanniques plutôt que lasupériorité en terme d'armement. « Le succès d'un petitgroupe de marchands et d'administrateurs européens, sur des élitesindiennes beaucoup plus nombreuses, s'expliquent par la capacité dece groupe à mobiliser plus efficacement des ressources humaines etmatérielles à la fois indiennes et britanniques »
L'armée britannique et les arméesindiennes s'affrontent en rase campagne, en batailles rangées. Onvoit apparaître derrière cette particularité la périodisation, laconquête de l'Inde se termine vers la fin du premier tiers du 19èmesiècle. Jusqu'à ce moment-là, nous sommes encore dans un « ancienrégime », on continue à s'affronter en Europe ou àl'extérieur en rase campagne dans des batailles rangées. A partirde la conquête de l'Algérie et de Java (1830), l'Europecolonisatrice va découvrir les « petites guerres », cene sont plus de grandes batailles rangées en rase campagne, cespetites guerres (1899) selon son inventeur, s'appliquent à la guerredes guérillas dans toutes les parties du monde où des arméesorganisées lutte contre des adversaires qui ne se risquent pascontre elles en rase campagne. On a des adversaires du colonisateurqui refusent le combat en rase campagne, qui mènent la lutteautrement qu'en engageant des batailles rangées.
Les techniciens de la colonisationvont découvrir et vont donner une nouvelle appellation à cela :les petites guerres. Dans le passage entre l'Inde et l'Indonésie(conquête d'abord à Java 1830 et dans la seconde moitié du 19èmesiècle, la conquête concerne le reste de l'archipel) le contexteest différent.
En Indonésie, l'adversairerefuse les batailles rangées, il se retire à l'intérieur desterres inhospitalières pour le colonisateur européen, guerred'harcèlement, d'escarmouche. Contre cette manière de se battre,les Hollandais sont obligés d'imaginer de nouvelles techniques decombats, ils vont expérimenter des tactiques anti-guérillas. Cesméthodes de combats ne sont pas enseignées dans les académiesmilitaires européennes => adaptation au milieu. L'arméecoloniale néerlandaise sera réorganisée en colonnes mobiles, àl'armement léger, prête à intervenir rapidement dans une guerrequ'il faut appelée une guerre de partisans émaillés d'incidentssporadique et de coups de main : on attaque, on cible et on seretire tout de suite. En aucun cas, les Néerlandais conquièrentl'Indonésie grâce à leur supériorité technique. L'idée d'unlien entre la révolution des armes à feu et l'expansionterritoriale rapide n'est pas applicable à l'Indonésie. Il y al'adoption d'armes modernes par le colonisateur hollandais, mais elles'effectue une fois que la conquête de l'Indonésie s'est terminée.Entre 1870 et 1913, les Hollandais s'emparent du reste de l'archipelindonésien à un moindre coût c'est grâce à un changement dansl'art de mener la guerre coloniale et grâce au recrutement accéléréde troupes indigènes. C'est un facteur de réduction du coût de laconquête et non pas la supériorité en matière d'armement. Commeles Britanniques en Inde, les Hollandais profitent des rivalitésinternes pour asseoir leur suprématie, mais ils ne disposent dusoutien de la métropole qu'à partir de 1880. Avec les revenusgénérés par l'exploitation de Java, le colonisateur néerlandaisbénéficient en outre de la supériorité financière. Ce sont pources raisons que le coût de la conquête est réduit en Indonésie.
La conquête de l'Algériecommence en même temps que celle de Java et dure jusqu'à la fin deannées 1850. Elle ne s'explique pas par la supériorité techniquedes Français sur leurs adversaires. La guerre coloniale ne suitaucunes des règles traditionnelles prescrites. En Algérie il n'y apas de grandes batailles, il n'y a pas de batailles où le canon faitdes ravages, mais il y a une chasse à l'homme sans cesse renouvelée.Les Français ne peuvent vaincre leurs adversaires algériens dans cetype de confrontation, ils vont donc modifier les méthodes de guerreet ils vont accroître considérablement leurs effectifsmétropolitains. A partir de 1840, des chefs militaires optent pourd'autres méthodes de combats, ils prônent la technique de larazzia : « il faut empêcher les arabes de semer, derécolter, de pâturer sans notre permissions ». Cette unetechnique qui postule que le colonisateur ne se bat pas contre unearmée ennemie, mais contre un peuple ennemi, cette technique vadégénérer en Algérie en méthode de dévastation systématique.On a comme témoignage de ces techniques de combat, la correspondancedes officiers français. « on ravage, on brûle, on pille, ondétruit les maisons et les arbres, des combats peu ou pas ».les Français mobilisent jusqu'à plus de 100'000 hommes en 1846,c'est disproportionné par rapport à la taille démographique del'Algérie. Il y a la disproportion des forces en présence,l'effectif des troupes d'Abdel-Kader n'excède pas 50'000 hommes dansles années 1840, alors que les Français mobilisent 2 fois plus desoldats métropolitains. Dans le cas algérien, ce qui frappe c'estl'importance de la supériorité numérique de l'armée française.En Afrique subsaharienne il a toujours plus de combattants chez lesadversaires du colonisateur européen, mais en Inde et en Indochineles armées métropolitaines sont aussi plus nombreuses mais avec unécart moins frappant. Il y a donc de nouvelles méthodes de guerresexpérimentées, appliquées de manière brutale sur les algériens.Ces méthodes sont reprises en Afrique subsaharienne. Le colonisateursait désormais comment anéantir l'adversaire en misant sur larapidité et la mobilité de colonnes légèrement équipées, ilconnaît en outre les méthodes employées pour assujettir un peuple.Par exemple le colonisateur allemand en Tanzanie dans les années1890 voit une résistance farouche et il applique la politique de laterre brûlée en se concentrant sur la population civile et sur lesterres fertiles, pour empêcher les récoltes afin de briserl'adversaire en l'affamant. En Namibie actuelle, les Allemand à lafin du 19ème, vont exercer sur les populations de ce territoire uneviolence extrême ayant pour but de détruire les populations quirésistent à l'emprise coloniale. Ordre d'extermination en octobre1904 selon cet ordre, « à l'intérieur de la frontièreallemande, tout Herrero (membre de la communauté africaine quimontre la résistance la plus acharnée) avec ou sans fusil et avecou sans bétail sera assassiné ».
Cette révolution du dernier tiersdu 18ème fait de la conquête de l'Afrique subsaharienne un épisodetrès particulier. Cette révolution donne un pouvoir de destructionau colonisateur européen incomparable. Les innovations techniquescommencent dans les années 1850-1860 mais surtout 1870 toute unesérie d'innovation permet d'améliorer la portée, la précision etla densité du tir d'armes à feu. Dans les années 1880, unemitrailleuse maniable et plus performante fait son apparition et elleest capable de tirer 11 coups à la seconde. A ce moment-là, lesarmées coloniales européennes en Afrique subsaharienne disposentaussi d'une artillerie légère et mobile. L'armement européenatteint un degré de complexité technique et industrielle qu'ildevient inaccessible aux indigènes. Les adversaires des Européensauront a surmonter un autre obstacle : le coût élevé desnouvelles armes à feu, jamais dans le drame colonial, ledéséquilibre entre les acteurs n'aura été aussi grand. C'est surla base de ce déséquilibre qu'a été fondée cette image, face àla puissance de feu européenne, les armées africaines sontdécimées.
En octobre 1893, une colonne de 50soldats anglais affrontent 5000 guerriers locaux, en une heure etdemi, 3000 assaillants africains sont tués.
En 1897, un détachement composéde 32 européens appuyés par 507 soldats africains équipés decanons, de mitrailleuses contre 31'000 hommes.
En septembre 1898, au Soudan, ungénéral britannique à la tête de 25'000 hommes contre 40'000locaux, après 5 heures, il y a 40 victimes européennes et 11000victimes soudanaises. Il n'y a plus de défaite militaire européennedans les contrées d'outre-mer. A ce moment-là on a de tellesdisparités entre les niveaux que effectivement les outils d'Empirecontribuent à réduire le coût de la conquête. Mais pas avant etpas ailleurs. Le problème avec cette thèse c'est que l'ailleurspèse beaucoup plus lourd dans la balance. Avant l'Afrique au Sud duSahara, 80% des pertes militaires européennes arrivaient dans desendroits où les Européens avaient une supériorité en termed'armement.
22 octobre
Le colonisateur gagne les guerresde conquête d'une façon générale, non pas parce que l'Européendispose d'une surpuissance sur le plan d'armement mais grâce àd'autre facteurs : meilleures capacités organisationnelles ;adaptation des techniques de combats à un contexte nouveau ; eten Asie un large recours aux recrues indigènes ; et en Algériel'engagement de nombreuses troupes métropolitaines.
La cause principale des perteseuropéennes, 90% des pertes militaires européennes sont dues aumaladies, ce qui confère à la question de l'armement une importancesecondaire dans le calcul du coût de l'Empire.
Les guerres coloniales d'avant lapénétration européenne en Afrique subsaharienne revêtent unecertaine forme : elles sont des campagnes contre la nature. Unchef africain après la défaite des britannique contre son royaume :« l'homme blanc apporte son canon contre la brousse, mais labrousse est plus forte que le canon ».
Les maladies sont en Asie et enAfrique les plus sûrs alliés à ceux qui résistent à lacolonisation européenne, un exemple dans les Caraïbes : leschefs nationalistes cubains en lutte dans les années 1880 contre lecolonisateur espagnol ont coutume de dire que juin, juillet et août(période de la fièvre jaune) sont leurs meilleurs généraux.
Transports, communication etcoût de l'empire
Dans l'esprit des auteurs quiavancent la thèse des outils d'Empire, qu'est-ce que les transportset les techniques de communication facilitent ? Cela diminue letemps de transports et de communication, or l'établissement de cesréseaux modernes de transports et de communication ne contribuentpas à réduire le coût car l'établissement de tels réseauxn'accompagnent l'expansion coloniale que dans des cas limités. Leschemins de fer, les bateaux à vapeur, les télégraphesn'apparaissent qu'après les années 1880, au moment où lescolonisateurs européens s'engagent dans le partage de l'Afrique.Dans les autres endroits, la conquête est en phase d'achèvement oudéjà terminée. En Algérie en 1862 il y a des voies de chemin defer construites.
L'Inde est le premier territoired'Asie à être équipé avec le rail. Les premières lignesferroviaires en Afrique sont ouvertes aux 2 extrémités du continent1857 en Egypte et 1864 en Afrique du Sud. A Cuba en 1837, lespremières voies ferrées sont construites.
Ce n'est pas parce que les lignesde chemin de fer dans le processus de la colonisateur sontconstruites tardivement (après les conquêtes), que ces lignes nesont pas relativement précoces. Le premier train qui a circulé enSuisse date de 1847, au même moment où le réseau ferroviairecommence à être mis en place dans les Indes britanniques. Doncelles peuvent être considérées comme relativement précoces. Cesréseaux sont mis que lorsque la conquête prend fin ou est déjàterminée.
En Asie il y a qu'un seul cas oùil y a une concomitance : en même temps que l'on construit lespremières lignes de chemin de fer et qu'il y a la phase coloniale etc'est en Indochine.
C'est la même chose pour lanavigation à vapeur et les télégraphes, pas avant 1870-1880 queles armées européennes peuvent bénéficier de la réduction de ladurée du trajet par mer jusqu'en Asie.
La durée du trajet entre l'Europeet l'Inde avant la mise en service de premières lignes de navigationà vapeur (le colonisateur britannique ne bénéficie pas de cetavantage au moment de la conquête) : avant la navigation àvapeur il y a les bateaux à voile, un bateau à voile doit passerpar le Cap de Bonne Espérance et met environ 2 ans pour boucler letrajet. Au milieu du 19ème siècle, au moment où les premiersnavires à vapeur assurent la liaison entre Londres et Bombay, lenavire à vapeur met 1 mois. L'ouverture du canal de Suez permet deréduire la distance de 40% soit un gain de 3 semaines pour relierLondres et Bombay. Avec de tels progrès, les Européens résidant enInde coloniale pourront rentrer une fois par année chez eux, ce quin'était pas le cas avant compte tenu de la durée du trajet parbateau à voile.
Quant au télégraphe, il atteintsa pleine utilité après les années 1870, ni en Algérie, ni enInde, on ne pourra bénéficier des avantages de cet outil. En 1830,transmettre un message de Paris à Alger et avoir une réponse prendde 3 à 5 semaines. L'Algérie se caractérise comme colonie par sonextrême proximité de la métropole.
Jusqu'au début du 19ème siècle,une lettre postée d'Angleterre met 6 à 8 moins pour parvenir enInde et il doit attendre 2 ans pour avoir une réponse. Cesconditions durent jusqu'aux années 1870, on peut imaginer le degréd'autonomie des troupes coloniales. Le télégraphe électrique varévolutionner tout cela. L'installation de câbles télégraphiquesintercontinentaux date des années 1860. en 1861 la liaison entre laFrance et l'Algérie est assurée, en 1865 Londres peut communiquerpar télégraphe avec l'Inde. Dans les années 1870, le télégrapheconnecte toute l'Europe à l'Asie et à l'Amérique du Sud. Letélégraphe permet de communiquer entre Londres et Bombay en unesemaine et à partir de 1870 on peut avoir une réponse le mêmejour. Après la 2GM, le réponse arrive après quelques secondes.
Ces outils d'Empire, enl'occurrence les techniques de communication et de transport vontrelier plus étroitement la métropole à ses colonies, et vontpréparer la phase de l'exploitation économiques des colonies. Lestechniques sont efficientes mais jouent un rôle après les conquêtescoloniales et ne sont pas en mesure de nous faire comprendre lecaractère réduit du coût de l'Empire. Durant le dernier acte de lacolonisation contemporaine (conquête de l'Afrique subsaharienne) quele conquérant européen ouvre des lignes de chemin de fer et ouvredes lignes télégraphiques en même temps qu'il colonise cette zone.La conquête coloniale européenne en Afrique subsaharienne date desannées 1880-1890 et s'achève à la veille de la 1GM, en Afriqueoccidentale, la construction des premières lignes de chemin de ferdate de 1879-1885 pour relier Saint-Louis à Dakar, il y a doncconcomitance. De la même manière que les techniques modernesd'armement sont utilisées dans le cadre des colonisation en Afriquesubsaharienne. La thèse des outils d'Empire n'est valable que pourcette région et au dernier tiers du 19ème siècle.
L'autre ligne qui remonte lefleuve Sénégal jusqu'au Niger date de 1881 jusqu'à 1906. En Angolaet au Mozambique 1889. Au Ghana, 1901. Les locomotives ouvrent lavoie aux conquêtes. La colonisation est facilitée par le rail, lesnavires à vapeur et le télégraphe sont mis en Afriquesubsaharienne au service des armées coloniales européennes.
L'utilisation des techniquesmodernes de transports et de communication combinées à la puissancede feu des Européens réduit le coût des conquêtes en Asie et auMaghreb, la mise en place de réseaux modernes contribue àconsolider les conquêtes qui sont en voie d'achèvement. Cesnouveaux réseaux vont lier plus étroitement les colonies à lamétropole.
Pertes militaires et civilesindigènes
Les pertes induites par la traitenégrière atlantique datent d'une phase qui précède de beaucoup laconquête coloniale. On ne considère donc pas ces pertes humainesdues à la traite atlantique car ne sont pas liées aux conquêtescoloniales. La traite et l'esclavage sont interdits avant la phase dela conquête coloniale (au plus tard en 1880 au Brésil et à Cuba).
Les pertes indigènes sont surtoutafricaines et asiatiques. Il y a 2 types de pertes :
les pertes militaires
les pertes dites civiles
Les pertes militaires sont cellesdes soldats recrutés dans les armées du colonisateur. Il y aégalement des pertes militaires parmi les autochtones qui résistentà la colonisation les armes à la main. Les pertes civiles sontcelles provoquées au sein de sociétés indigènes dont lesfondements sont touchés par l'éruption du conquérant européen. Ilfaut faire une différenciation entre ces 3 types de pertes. Ons'attarde sur les pertes civiles, avant on a insisté sur le fait quela conquête coloniale en Amérique et dans le Pacifique, ébranleles fondements démographiques des sociétés en place mais dansbeaucoup de cas les détruisent. Or ce n'est pas le cas en Asie et enAfrique. Les fondements démographiques des sociétés coloniséessont menacés et ébranlés, mais il y a dans tous les cas unrelèvement des populations. Qui plus est à terme, la colonisationeuropéenne induit en Asie et en Afrique un accroissement de lapopulation. La différence se trouve au niveau des structurepré-coloniales en place, en Amérique et dans le Pacifique, cesstructures ne tiennent pas le choc. C'est un facteur dedifférenciation important à retenir.
Tableau 8 : entre le milieudu 18ème et l'entre-deux guerres, le bilan des pertes s'élève de90'000 à 100'000 morts. On utilise les mêmes sources que pour lespertes militaires européennes : il faut connaître lacomposition des troupes militaires régulières. Ce tableau révèleune répartition géographique: 2/3 des pertes en Asie, 1/5 enAfrique subsaharienne et 1/10 au Maghreb. En Asie les colonisateursont très souvent recours aux recrues indigènes. En Algérie il n'ypas eu de recrutement dans les troupes indigènes. Les pertesmilitaires indigènes sont moins élevées que les pertes militaireseuropéennes sont dues au fait déjà du cas de l'Algérie et aussique la mortalité due aux maladies sont inférieures que chez lesEuropéens.
La guerre de guérillas ne permetpas de différencier les pertes dans les partisans et au sein despopulations civiles.
La conquête coûte très cher envie humaines à ceux qui résistent aux colonisateurs. Celas'explique en partie par le fait que les Européens appliquent desméthodes de guerre très meurtrières. 2 exemples extrêmes :là où les Européens ont voulu faire des colonies de peuplement etont échoué. En Algérie et la Namibie : dans ces 2 territoiresles guerres de conquêtes ont l'objectif de faire place nette pourpermettre aux Européens d'occuper les terres et de faire de cesterres des terres de l'homme blanc. Ces conquêtes sont donc trèsmeurtrières. En1841 en guerre de conquête de l'Algérie, Alexis deTocqueville a pris des positions dans différents discours où levoit porter une appréciation sur la conquête des Français enAlgérie. Tocqueville est un partisan de la manière forte enAlgérie : «en ce moment nous faisons en Algérie la guerred'une manière plus barbare que les Arabes eux-mêmes ». Durantl'actuelle Namibie dans l'une des dernières guerres coloniales, lestroupes allemandes élimine tous les membres de la communautéadverse sans distinction d'âge et de sexe. On peut compléter letableau mais il faut les considérer comme très fragile, on ne peutpas aujourd'hui évaluer correctement l'ampleur des pertes militairesau sein des partisans, des troupes asiatiques et africaines quirésistent à la colonisation européenne.
La conquête coûte très cher envies humaines à ceux qui résistent, les guerres de conquête enInde, à Java, en Ethiopie. En Inde il y a 8 à 10 fois plus devictimes chez les indigènes que chez les Britanniques. A Java il y a200'000 morts parmi les rebelles et les villageois, impossible defaire une distinction. Au Mozambique la guerre coûte plus de 100'000morts. En Ethiopie 260'000 morts au sein des troupes opposées auxcolonisateurs. Les guerres coloniales sont particulièrementmeurtrières, en raison des méthodes guerrières adoptées par lesEuropéens ou en raison de leur puissance de feu.
Les mouvements de résistance :partout la conquête a pour corollaire la résistance. Expérience demodernisation défensive : les grandes figures de la résistancechoisissent de combattre les Européens avec leurs propres armes,elles vont entreprendre des réformes essentiellement militaires.Nous ne connaissons pas les noms de ces grandes figures. Les réformesmilitaires ont pour but de fabriquer sur place les armes les plusmodernes, on stimule une activité industrielle avec la collaborationde conseillers, de déserteurs, de prisonniers européens, certainsleaders de la résistance vont mettre en place des activitéséconomiques comme des fonderies ou des manufactures textiles pourhabiller les troupes. L'expérience la plus célèbre a lieu de 1825à 1861 à Madagascar. C'est plus qu'une expérienced'industrialisation défensive, c'est un essai de la rénovation dela société pour repousser l'envahisseur. Cette expérience estcomparable à d'autres tentatives d'industrialisation au Moyen-Orient(Turquie, Egypte) et en Amérique latine (Brésil) car sont soumis àune pression extérieure des Européens. Si ces projets n'atteignentpas leurs objectifs c'est que le temps et les ressources ont manquépour les sociétés sont mises à mal par une agression étrangère.
Il est admis généralement quel'une des conséquences sur les sociétés indigènes est ladépopulation. On s'attendait comme dans le Pacifique et dans lesAmériques à un décrochage démographique. Les raisons de croire àune régression démographique en Asie et en Afrique pouvaient êtretrouvées dans la violence des guerres de conquêtes, la propagationde maladies peu répandues, par l'exploitation des populations. Pourla plupart des témoins et des acteurs de la colonisation, ladépopulation a un caractère inéluctable. Théodore Roosevelt tientles propos suivants en 1909 : « tout compte fait,l'expansion ds races blanches a été porteuse d'avantages durablespour les peuples arriérés même si certains s'éteignirent,incapable de faire face à la civilisation ». On devrait doncenregistrer des décrochages démographiques, des baisses rapides etsignificatives de la population, or cela n'intervient que danscertains cas. Cela n'intervient que dans un premier temps. Danscertains cas, en Algérie par exemple, il y a des épisodes dedécrochage démographique au Congo aussi, mais cette dépopulationn'atteint pas l'ampleur de l'écroulement démographique en Amériqueou dans le Pacifique. Dans un deuxième temps, ces populations serenouvellent. Il y a donc 2 différences avec l'Amérique et lePacifique :
Il y a décrochage démographique dans certains cas mais à une échelle très réduite.
La colonisation induit à terme un accroissement de la population.
Dans d'autres cas, en Asie :Inde, Java, la colonisation aggrave la mort classique. Les maladiesconnues depuis longtemps en Asie prendront l'allure d'épidémies auxpremières heures de la colonisation, du aux brassages depopulations. Dans ces cas asiatiques, il y a des crisesdémographiques aiguës au début, cela consiste à la diffusion surune aire géographique beaucoup plus larges de maladies quisévissaient déjà. Les maladies vont frapper à une échelle plusgrande. Qu'il s'agisse de cas où l'on note un décrochage ou qu'ils'agisse de crises démographiques aiguës, la phase de régressionou ralentissement démographique est presque toujours temporaire,souvent suivie d'une seconde phase de relèvement. Il y a en Asie eten Afrique coloniale, un renversement des tendances qui débouche surun accroissement de la population dont les conséquences se fontsentir dès l'entre-deux guerres en Algérie et après la 2GM enAfrique subsaharienne.
Au début de la phase desindépendances, ces territoires sont accablés par une population quis'accroît trop rapidement. La colonisation engendre à terme unprocessus de croissance rapide des populations indigènes marquéesau début par des crises démographiques. A l'origine de cesdémographies galopantes, il y a le passage vers le milieu du 19èmesiècle de la médecine d'émigration. A partir du milieu du 19ème,la médecine d'émigration va passer à un projet plus ambitieuxd'encadrement médical des sociétés indigènes. La deuxième phasede la médecine d'émigration est l'extension aux populationsindigènes. Pourquoi cette médecine européenne va s'occuper des populations indigènes ? Car on se rend compte que la santé etla vie des Européens ne peuvent être sauvegardée sans que desmesures sanitaires soient mises en place aussi pour les populationsindigènes. Les populations locales se trouvant sur le passage detroupes européennes sont vaccinées. Pour préserver la vie dessoldats européens, on va étendre la couverture médicale auxpopulations indigènes. Une deuxième raison : à partir de 1850surtout en Asie et au Maghreb, sont ouverts de grands chantierscoloniaux (chemins de fer, plantations, etc) et il faut préservercette main d'oeuvre de disette et de décrochage démographique. Lespremières mesures sanitaires et médicales sur les populationsindigènes servent de justification à la présence descolonisateurs.
Un maréchal français : « laseule excuse des colonisateurs est le médecin ».
Il y a d'abord pour ce quiconcerne les pertes civiles indigènes des crises démographiques,surtout en Asie (Inde, Java, Indochine française) soit il y a auMaghreb et an Afrique subsaharienne des décrochages démographiquesqui se situent sur une faible échelle comparée aux expériencesprécédentes en Amérique et dans le Pacifique. Quelque chose qui audépart est menaçant, ébranle les fondements démographiques enplace, mais à terme n'a pas autant d'impact que prévu. Dans unsecond temps il y a un relèvement. Autrement dit, en Asie et Afriquecoloniale, il y a une capacité des populations de se relever. Cetteconsistance au niveau de la base démographique, se retrouve auniveau des structures économiques et sociales.
En Indonésie, Java et dans l'exIndochine française la colonisation engendre à terme une croissancede la population, mais qui en premier lieu il y avait des pousséesde mortalité dues à la première phase d'occupation. Lacolonisation même si dans ces territoires asiatiques cause au départdes crises démographique, celles ci n'induisent pas une baisse de lapopulation, mais une baisse de la croissance.
De temps en temps il estintéressant de considérer un cas, car il est représentatif (Indeest la plus grande colonie en Asie) et peut mettre en lumièrecertains aspects. Il faut d'abord faire une série de constatationsdans le cas de l'Inde qui peuvent être troublantes :
la mortalité des Indiens atteint son plus haut niveau non pas au moment de la conquête mais dans la seconde moitié du 19ème siècle, au moment où le colonisateur s'efforce d'étendre à toute la population indienne des mesures sanitaires médicales. La mortalité est la plus élevée durant la phase où les Britanniques étendent à la population colonisée des mesures sanitaires et médicales.
Lorsqu'on enregistre des mortalités hautes, on se rend compte qu'elles sont dues que pour une très faible part aux grandes famines. Leur succession dans la seconde moitié du 19ème siècle, on les qualifie de grandes car très meurtrières. Elles datent des années 1860-61 ; 1866-67. il y a les épidémies de la fin du 19ème (peste et grippe espagnole), les statistiques médicales coloniales révèlent que les hautes mortalités ne sont pas dues à cela. A l'origine de 90% de la forte mortalité indienne il y a des maladies qui ne sont pas importées. Ces maladies sont des maladies respiratoires (tuberculose, malaria, etc). Si ce ne sont pas les maladies importées ou les grandes famines qui expliquent les graves crises de l'Inde, ce sont ces maladies respiratoires qui sont endogènes qui sont déjà là. L'explication se troue dans le fait que la colonisation britannique généralise. C'est à dire que la colonisation va donner à ces maladies anciennes une portée nationale. Ellles avaient auparavant une portée régionale, mais le colonisateur contribue à généraliser la diffusion au niveau du sous-continent de maladies endogènes. C'est ce qu'on appelle la modernisation sous la houlette du colonisateur britannique qui implique la construction d'un système d'irrigation étendu, d'un grand chemin des fer, des masses humaines. La colonisation britannique induit une intensification des échanges, la croissance industrielle. La colonisation britannique en Inde va rompre des équilibres régionaux anciens. La colonisation va mettre à mal des structures traditionnelles et provoquer un brassage sans précédent des populations et des bouleversements environnementaux. Les masses indiennes sont exposées à des maladies dont la diffusion s'effectue sur une grande échelle.
On voit que dans le cas de l'Inde,la conquête coloniale, les premières phases de pénétration,l'impact sur les effectifs humains n'est pas évidents. Il y ad'autres cas (Algérie) où ce lien est manifeste. Il n'y a aucunehésitation, on retrouve un schéma connu : les débuts de lacolonisation induit des bouleversements tels que les effectifshumains en place ne supportent pas le choc => dépopulation. Laconquête est longue en Algérie, les structures socio-économiquesen place sont bouleversées, entre 1830 et 1870 on enregistre unebaisse de la population de 15 à 20 %. La dépopulation a lieu maissur une moindre échelle que dans d'autres cas (Amérique,Pacifique). Le moment critique sont les années 1867-68, à ce momentlà le processus de décrochage est du pour les témoins de l'époqueaux sécheresses, au vols de sauterelles, aux épidémies, à laconquête coloniale brutale. À ce moment-là beaucoup ont cru quel'Algérie allait suivre l'exemple américain ou océanien. Or lapopulation algérienne se relève à partir des années 1870, d'abordmenacée la population se relève au point que à partir des années1930 on considère que la population algérienne s'emballe etrétrospectivement on peut dire qu'elle s'est mise à partir de cemoment-là à augmenter trop vite.
A un moment donné, la croissanceva dépasser la capacité du pays et des ressources en place desupporter cette croissance. Aujourd'hui l'Algérie est connue poursouffrir d'une surcharge démographique.
En Afrique subsaharienne, onenregistre des régressions démographique dues au choc colonial.Cette régression est datée entre les années 1890 et l'entre-deuxguerres. Exemple de l'ex Zaïre, Congo où la régressiondémographique serait de 30 à 50%, la population aurait diminué de15 à 20 millions à 10 millions. Lien direct entre la colonisationet le choc démographique. En Namibie il y a également undécrochage, ici ce sont les techniques de conquête extrêmementdures pour briser la résistances des populations locales qui causeune chute démographique de 60 à 70% de la population.
Le tableau 8 tire un bilan despertes dites indigènes. Il s'agit de tous les types de pertes :militaires et civiles, durant les phases cruciales de la conquêtecoloniale. Ces pertes sont élevées. Les populations civilessupportent environ 95% du total des pertes indigènes. Les pertesmilitaires sont minimes par rapport aux pertes des populationsciviles. Le coût des conquêtes coloniales est supporté par lespopulations civiles. Certaines population du Maghreb et d'Afriquesubsaharienne sont ébranlées dans la structure de leurs fondementsmais pas en Asie. On a en arrière-plan un facteur de différenciationqui est les écarts de niveau de développement des économies. Si ona un écroulement démographique dans les Amériques et le Pacifique,c'est que les populations n'avaient pas atteint un niveau suffisantpour supporter le choc colonial. La densité de population aégalement un rôle, mais surtout la consistance des structuressocio-économiques en place. Certaines populations s'effondrentrapidement, d'autres résistent et soutiennent le choc, conserventles structures qui sont en place. Le colonisateur doit composer avecce qu'il trouve dans ce cas-là. Là où les populations sontfragiles, où les structures sont vulnérables, il se passe quelquechose que l'on ne retrouve ni en Asie ni au Maghreb et en Afriquesubsaharienne.
Le bilan global des pertesindigènes durant les conquêtes se révèle être très lourd. Ildépasse de très loin celui des pertes militaires européennes. Sion met en parallèle les pertes indigènes provoquées par lesconquêtes et les pertes indigènes provoquées par les guerres dedécolonisation on peut voir que les guerres de décolonisationprovoquent le décès 800'000 indigènes. Quels que soient les termesde comparaison, les pertes indigènes durant les conquêtes serévèlent être très lourdes. Les phases de constitution et dedissolution des Empires exercent des effets démographiques trèsdifférents. Au début des Empires, on a une fragilisation oudestruction partielle des populations avec modification del'environnement économique et social, alors que la décolonisationdonne lieu surtout à des déplacements de populations qui touchentde 1945 à 1975 près de 30 millions de personnes en Asie et enAfrique, soit autant d'individus déplacés qu'après la 2GM enEurope.

Version du 20 novembre 2012 à 15:48

Introduction générale La colonisation constitue une rupture dans l’histoire de l’humanité, tout comme l’invention de l’agriculture il y a 10'000 ans et la révolution industrielle au18ème siècle. Il y a un caractère massif de la colonisation : elle concerne environ 70 % des terres émergées du globe (Arctique et Antarctique non compris), c’est le continent Européen qui colonise. L’Europe qui représente 1 % des terres émergées dominera alors 40 % du monde habité, il y a là une disproportion. La population touchée par la colonisation (colonisateur et colonisé) représente 80 % de la population des pays ccidentaux, et deux tiers des 5 milliards d’habitants du Tiers Monde, qui ont été colonisés. Ainsi, une large fraction de la planète fait partie de ce phénomène. La colonisation contemporaine démarre au 18ème siècle pour ce finir au 20ème siècle. Actuellement, 70 % de la population mondiale a un passé colonial qui remonte au début du 16ème siècle. En 1750, seulement 8 à 10 % de la population mondial était touché par ce phénomène. Il y a donc eu une accélération du phénomène à partir du 18ème siècle. Pourquoi parle-t-on de rupture ? On constate une implication du phénomène au niveau mondial. Par exemple, l’Amérique précolombienne est réorganisée en à peine 3 siècles, les effectifs humains sont modifiés, une partie de la population venant de l’extérieur ; la population indienne est décimée. L’image que nous avons de l’Amérique remonte à la colonisation. Ce que l’on peut dire c’est que à l’époque, l’Europe n’a pas de réel avancé technologique sur les civilisations américaines (Incas ou Aztèques). Les écarts de développement ne sont pas significatifs entre les deux protagonistes en question. L’Europe a certes des atouts, comme sa flotte navale, mais sur le plan global, il n’y a pas de réel écart. Ce n’est que vers la période de la révolution industrielle que les écarts vont se creuser. La constitution des premiers Empires coloniaux d’Europe va se faire en Amérique,mais cette constitution n’est pas le reflet de la surprenante avancétechnologique qui va se dérouler lors de la révolution industrielle. C’est à partir du 19ème siècle quel’Angleterre incarne le premier Empire colonial. Au niveau dela population, on constate des différences. Les populations d’Asie et d’Afriquene s’écroulent pas comme en Amérique ou en Océanie. Les structures économiquesvont se répandre dans le monde et elles vont produire des effets et lescolonies vont être les premiers sur la ligne à entrevoir ces effets. Tranche historiographique Comment sonttraitées les évolutions ? Il existe 3 tendances : a) recherchedes causesb) recherchedes conséquencesc) recherchedes moyens a) Recherchedes causes Pourquoicoloniser ? Quels sont les motivations qui incitent les pays européensà coloniser des régions ? Quelssont les facteurs dominants ? Il existe selon les historiens 2 facteursdominants : 1. FacteuréconomiqueLacirculation des marchandises est un des facteurs économiques, les colonies sontdes marchés économiques protégées. Les métropoles peuvent écouler une partie deleur production industrielle. Lesfournisseurs sont sûr et en abondance de produits brut (matières premières commele minerai et le textile). La circulationdes capitaux est un autre facteur, les colonies offrent la possibilité à lamétropole de placer à des taux rémunérateur des surplus de capitaux. 2. Facteurpolitique et psychologiqueLes facteurspolitique et psychologique sont tout d’abord le nationalisme de certains payseuropéens, l’intérêt et la diplomatiejouent aussi un rôle, et aussi le désir de puissance et de prestige. Si nousprenons une attitude euro centrée, la conjoncture économique et les structureséconomiques, politiques des métropoles jouent un rôle évident. On peut aussi sesituer dans les pays colonisés et ne pas avoir une attitude euro centrée. Par exemple, en Inde, à l’époque de lacolonisation, on constate une dislocation de l’Empire Moghol, ce qui permet àl’Angleterre de coloniser la région. Il faut ainsi décentrer le discours pourtrouver des causes diverses. b) Il existe2 tendances des conséquences Il y a un intérêt des historiens depuis 1970. Tout d’abord, il y a une prise de conscience depuis 30 ans des inégalités entre le Nord et le Sud. Durant le 20ème siècle, il y a une aggravation des inégalités. C’est un phénomène qui va en profondeur. La pauvreté de masse persiste. Le rôle de la colonisation dans la croissance économique des pays occidentaux est réel. Il y avait donc une utilité de posséder des colonies sur le plan économique. Il y a aussi un rôle de la colonisation dans le sous-développement des pays du Sud. Actuellement, nous savons que les colonies ont joué un rôle dans le développement économique des pays occidentaux. Les phases durant lesquels les colonies jouent un rôle particulier pour certaines régions des métropoles qui s’industrialisent, existe. Les colonies ont joué un rôle, mais pas pour tous les pays, pas tout le temps, pas pour tous l’appareil productif. Il faut donc détailler et faire des études de cas. Il y a une responsabilité de la colonisation dans les pays pauvres. D’un côté on reconnaît toutes les responsabilités. On reconnaît que la colonisation a joué un facteur de blocage économique induit de l’extérieur (cause extérieure). On reconnaît aussi un facteur de stagnation interne dans les colonies, potentialité remis en cause. Les écarts de développement sont dus aux facteurs internes de blocage à certains niveaux dans les sociétés africaines subsahariennes. Il est évident que l’on ne peut pas donner crédit à l’un ou à l’autre des camps. Il faut analyser les facteurs internes et externes. c) Recherche des moyens Le plus important n’est pas vraiment de savoir quels sont les moyens qui ont permis de conquérir les régions colonisées, mais ce qu’il faut savoir, c’est à quel prix.

Histoireéconomique et sociale des tiers-mondes A

17septembre

Pas de séances : 5 et 6novembre et 19 novembre

Partie A : à partir du 17septembre jusqu'au 23 octobre (12 séances) => 3 crédits

Partie B : à partir du 29octobre jusqu'au 18 décembre (13 séances) => 3 crédits

Examen : janvier – février2013

Durée : 3h (partie A + B) 3questions sur un maximum de 2 pages

Durée : 2h (partie A ou B) :2 questions sur un maximum de 2 pages


Cours enregistré surmediaserver !

Séminaire : Mercredi 12h15 –14h salle M 2160


Introductiongénérale

PartieA Comment et qui supporte le coûtde constitution des empires coloniaux ? Dimension démographique.


PartieB Avec quelles conséquences pourles territoires qui ont été colonisés ? Impact économiquecolonial.

Les grandes étapes de l'expansion européenne XVI-XXè siècles

Désaccords sur le pourquoi descolonisations. On n'isole plus un facteur dominant, mais 2 grandsgroupes : les facteurs d'explication économiques et les raisonspolitiques ou psychologiques.

Lesfacteurs économiques :le premier facteur économique est un avantage comparatif. Se taillerun empire, posséder des colonies pourrait donner des avantages. L'und'eux est le marché protégé, fonction que peut remplir unecolonie, de déboucher, protéger. Les colonies peuvent remplir unefonction d'approvisionnement de matières premières en quantité.Les pays européens qui se battent pour se tailler des empirescherchent des avantages. Le 3ème est la circulation des capitaux,les colonies peuvent se révéler comme des lieux de placement, desurplus de capitaux à des taux rémunérateurs.

Raisons politiques oupsychologiques : raisons diplomatiques, souci de prestige,nationalisme, le désir de puissance

Aucun de ces groupes de facteursn'a réussi à s'imposer, si bien qu'aujourd'hui on reconnaît lacomplexité du phénomène colonial, c'est donc une combinaison defacteurs explicatifs.


La deuxième tendancehistoriographique s'attache aux moyens de l'Occident pour conquérirle Monde. Comment et à quel coût humain et financer, un nombre depays restreint a réussi à coloniser le monde ?

Le dernier couranthistoriographique s'attache à expliquer les conséquences de lacolonisation. L'intérêt est avivé par l'aggravation des inégalitésde développement. Au 20ème siècle, surtout après 2GM, contretoute attente, on pensait que les écarts allaient se réduire, maisc'est le contraire qui s'est passé. La persistance d'un phénomèneque l'on pensait pouvoir surmonter : la pauvreté de masse enAfrique et en Asie. Ce sont ces évolutions qui ont incité leshistoriens à penser aux conséquences des colonisations. Lacolonisation ne contribue-t-elle pas à agrandir ces écarts ?

Deux rôles possibles de lacolonisation : (La colonisation aurait contribué à la réussite sur le plan économique de l'Occident.)

Le rôle de la colonisation dans le sous-développement d'une partie de la planète des Tiers-Monde qui est issu de la décolonisation.

2 camps en présence quis'affrontent sur les responsabilités du colonisateur :

Un camp décharge l'homme blanc de son « fardeau ». toute une série de courant qui met l'accent sur le facteur de blocage économique interne. La réponse serait ici : s'il y a aujourd'hui en Afrique, Asie et Amérique latine des pays mal lotis en matière de croissance, c'est dû à des facteurs internes, comme des valeurs, la religion, la structure sociale.

Un autre camp d'auteurs qui reconnaissent une pleine responsabilité aux colonisateurs en mettant en avant des blocages induits de l'extérieur. Par exemple : L'Inde. Destruction au moment où la G-B met la main sur le sous-continent indiens. Des échanges se mettent en place et suite à la croissance du commerce, il y a une destruction d'une partie du système économique indien. Une autre force de l'extérieur : la spécialisation dans l'exportation de produits bruts. Avant d'être colonisée, L'Inde échangeait des produits manufacturés avec d'autres pays. Processus de spécialisation dans des produits agricole avec la colonisation. La colonisation fait perdre de l'autonomie, de la souveraineté, et sur le plan économique c'est l'incapacité d'ériger aux frontières des barrières douanières pour se protéger contre certains produits. Au moment où l'Inde devient une colonie, elle perd cette capacité. Toutes une séries de facteurs qui bloquent.

Il est très difficile de répondreà un niveau très général. Mais quand on s'intéresse à des casparticuliers et qu'on fractionne la longue période de lacolonisation européenne en phases, on peut répondre de façon moinsincertaine à cette questions des implications économique de lacolonisation pour les territoires dominés.

La colonisation ne revêt pas lesmêmes formes dans les différentes régions. La colonisation démarrefin 15ème début 16ème siècle. C'est à ce moment-là qu'il y a 2découvertes (1490) qui ont des implications profondes :Christophe Colomb (1492) qui découvre l'Amérique et la traitenégrière ; la voie maritime qui rejoint l'Europe à l'Asie :Vasco de Gama (portugais) qui arrive par bateau en longeant les côtesde l'Afrique, passe le cap de Bonne Espérance pour arriver à unport du Sud-Ouest du sous-contient indien Calicut. Cela change lesrelations entre l'Europe et l'Asie. La maîtrise par les Européensde la Haute-Mer. Les Chinois ont essayer au 15ème mais n'ont pasréussi. Les Portugais parviennent à relier et à créer une voiecommerciale maritime à lier l'Europe et l'Asie. Cela court-circuitela route de la Soie terrestre. LA colonisation induit uneamplification des échanges commerciaux. Il y a un avis du père del'économie politique Adam Smith qui porte une appréciation sur ces2 découvertes et les désigne : « la découverte del'Amérique et celle de la route des Indes par le Cap de BonneEspérance sont les 2 plus grands et plus importants événements del'humanité. » Avec ces 2 événements il y aura unecirculation plus grande des hommes, des marchandises et après descapitaux.

L'Amérique


Premier grand cycle : du16ème à la fin du 18ème. Durant ce premier grand cycle de lacolonisation européenne, 2 régions du monde sont concernées :l'Amérique et la Pacifique (l'Australie et la Nouvelle-Zélande,colonisation de l'Ancien Régime) Deuxième grand cycle : du18ème au 20ème. Régions concernées : Asie et Afrique.

Lorsque l'on essaye decaractériser la colonisation de l'Amérique est le caractèrefulgurant de la conquête (l'heure des conquistadors). Les Européensarrivent, ne connaissant pas le Nouveau Monde, et leur projet demettre la main sur des territoires et de subjuguer des populations vase réaliser en un temps record. Derrière le caractère fulgurant dela conquête, il y a la fragilité des structures en place enAmérique, c'est grâce à cela que la conquête se fait sirapidement car ce qui était en place s'écroule rapidement. Dans lacas de l'Inde par exemple, dure un siècle car les structurespré-coloniales sont solides et tiennent le choc contrairement àl'Amérique et dans la Pacifique. Le colonisateur européen parvientà faire de l'Amérique et du Pacifique des extensions de l'Europe.La colonisation européenne a détruit ce qui était en place et amis en place quelque chose qui ressemble à l'Europe, elle n'a doncpas eu le même pouvoir d'engouffrement en Asie et en Afrique encomparaison à l'Amérique et au Pacifique. La conquête del'Amérique est fulgurante en peu d'années et par quelques milliersd’Espagnols seulement et avec des moyens limités. En une vingtained'années, quelques milliers de soldats espagnols arrivent à jeter àbas des civilisations amérindiennes qui étaient parvenues à uncertain degré de développement dans certains domaines mais quiavaient des lacunes dans d'autres. Ce que l'on a appelé l' « apogéeespagnole » entraîne la mort des populations amérindiennes.Les effectifs humains sont pratiquement réduits à néant. Enrevanche, la colonisation ne menacera pas les fondementsdémographiques de l'Asie ou de l'Afrique. Un autre élément qui est présenten Amérique et dans le Pacifique est la présence ou l'interventiondu colonisateur au niveau de la production. La colonisation del'Amérique est au début une entreprise de pillage, puis il y a uneexploitation économique proprement dite. A partir du 17ème il y aune mise en valeur des terres avec la mise en place du système deplantations. En Amérique latine, il y a ce système de plantationsqui domine. Il y a des produits comme le sucre, le café, le coton,des produits tropicaux qui vont être plantés afin d'être exportés.L'extraction minière vient s'ajouter à ces activités agricoles.Dans les Caraïbes, en Amérique centrale et du Sud, le colonisateurintervient au stade de la production. En Asie, l'Inde exporte desproduits bruts comme le coton brut or le coton est cultivé par desagriculteurs indiens. Les terres sur lesquelles le coton est cultivéappartiennent aux agriculteurs indiens et les Britanniquesn'interviennent pas au niveau de la production agricole. La mise en place du système deplantations nécessite beaucoup de main d'oeuvre. Le sucre est uneculture qui connaît des économies d'échelles (plus elle est grandeet plus elle rapporte) d'où l'appel à des travailleurs forcés quel'on va chercher principalement en Afrique. D'où 2 traitsdistinctifs de l'Amérique coloniale : la colonisation fait des économies sud-américaines, des entités extraverties. La valeur des exportations représente une part importantes des richesses produites. Il y a un seul indicateur à l'époque : les exportations par habitant qui donne une idée du coefficient d'ouverture de ces pays. Vers 1800 les exportations sont 60 fois plus élevées en Amérique qu'en Afrique et en Asie et 2 fois plus qu'en Europe. Durant la colonisation, les économies Asiatiques et africaines vont se spécialiser mais ne représentent pas une part aussi importantes du PIB. La colonisation de cette partie de l'Amérique donne naissance à des sociétés de composition très différentes de celle d'origine. Il y aura un flux de migrants européens, si bien que la population de l'Amérique latine à la fin du 18ème est composée d'un tiers d'Amérindiens et de métis d'Amérindiens et de 1/5 de blancs et de 15% d'Africains et environ 30% de métis. Le Rio Grande (fleuve) : lesgéographes estiment que l'Amérique du Nord est au début du 16èmesiècle très peu peuplée. On considère que vers 1500 compterait 5millions d'habitants contre 55 millions d'habitants pour l'Amériquelatine. L'Amérique du Nord est une région limitée dans sespossibilités d'exportations de produits tropicaux dû à son climattempérée et connaît donc une colonisation tardive. Cettecolonisation d'Amérique du Nord revêt une forme particulière :la colonie de peuplement. La première colonie fondée en Amériquedu Nord (Virginie) en 1607 est la première emprise territoriale parles européens dans cette partie septentrionale de l'Amérique. En1620 en Nouvelle Angleterre (Boston) et l'arrivé d'un navire auMassachusetts le « Mayflower » qui amène les pèresfondateurs des Etats-Unis. Ils étaient 102 pères pèlerins premierscolons blancs à s'installer de façon permanente sur les terres desfuturs Etats-Unis.

24 septembre

Larésistance

Caractère permanent desrésistance. Partout où il y a eu conquête il y a eu résistance.Mais il y a plusieurs formes de résistance, il y a 3 élément : la résistance à la conquête coloniale dépend du degré d'intégration de la contrée colonisée à l'économie mondiale. Plus l'économie est ouverte, plus il y a résistance.



L'emprisedifférentielle de la colonisation sur les grandes régions

Présence de population dontl'origine est différente de la population autochtone, populationallogène (qui vient de l'extérieur). Laisse entendre que lacolonisation a générer des déplacement de population, d'originediverse.

L'étendue

L'Amérique a été colonisée dans toute son étendue

Pareil pour l'Afrique, même si dans certains cas la colonisation est brève (Egypte, Liban) ou oblique (Libéria). Pareil pour la Pacifique.

En Asie ce n'est pas le cas. Plus de la moitié du continent asiatique (sauf URSS) qui échappe à l'expansion territoriale européenne.

Les pays dominés vont obtenird'une manière ou d'une autre leur libération politique.

Composition des populations

Au début du 19ème siècle, lescolonies ont soit déjà acquis leur indépendance politique soitsont en train de le faire. 95% de l'Amérique du Nord au 19èmesiècle est extra-continentale. A partir de 1880, les Européens enAustralie et en Nouvelle-Zélande dépassent 90% de la population. La population coloniale esttotalement différente en Asie et en Amérique et Afrique. A la veille de 2GM, les Européensreprésentent 0,4% de l'Afrique sub saharienne. En Asie ilsreprésente environ 0,1% de la population. En Afrique il n'y a pas deterritoire qui soit des poches de peuplement européens. Saufl'Afrique du Sud. Durant la phase coloniale il y avait des îlots depeuplement européens comme l'Algérie. Dans le cas de l'Algérie, lemaximum que les européens aient représenté est de 10 à 15%. Que va-t-il se passer au moment dela décolonisation ? Là où les européens sontbeaucoup, ils y restent, cela implique que les structures colonialessont restées en place. (Amérique du Nord et latine). Les élitesqui veulent l'indépendance politique sont des élites européennes.La dose en différente en Amérique latine, les Européens restent ausommet de la hiérarchie, mais il y a un mélange avec de populationsnoires africaines et des amérindiennes. Parfois pour l'Amérique duNord, on parle de colonies de peuplement « pures ».

Ladécolonisation n'a pas partout le même sens

Deux grandes vagues d'émancipationdes colonies : fin du 18ème et premier tiers du 19ème

après la 2GM Première vague concerne lescolonies de peuplement (USA, Argentine, Chili) qui deviennentindépendants durant le premier tiers du 19ème siècle. Il en va demême pour le Pacifique. Il n'y a qu'un seul cas oùl'ordre colonial est renversé : Haïti : unique cas dedécolonisation avant la 2GM réussi par des « indigènes »,car Saint-Domingue avait une population amérindiennes d'origine.Indépendance proclamée avec destruction des structures colonialesen place.

A la fin du 18ème, et début19ème siècle, marque le triomphe de la colonisation européenne. Lamainmise de l'homme blanc sur l'Amérique et un peu plus tard et dela même manière sur le Pacifique. La décolonisation implique ledépart des Européens. Les Européens qui résidaient mais qui sontdes expatriés et non pas des colons, ils doivent se replier vers lesmétropoles européennes. Le repli est inéluctable du moment qu'ilsne représentent qu'une part infime de l'Afrique subsaharienne etl'Asie ( sauf Afrique du Sud). La colonisation dure dans certainsendroits très longtemps : 3 siècles pour l'Amérique, 1 sièclepour l'Asie (120 – 150 ans). En Afrique du Nord : entre 80 et130. En Afrique subsaharienne : 70 à 80 ans.


PartieI . Une évaluation des coûts de la possession du monde

Coûts de la premières expansion européenne (XVI-XVIII siècles) : l'Amérique et le Pacifique acquis pour une bouchée de pain. Le premier constat est que le coûthumain de la première expansion de l'Europe est exorbitant et cecoût est essentiellement porté par les populations autochtones. Lacolonisation de l'Amérique fait disparaître en un siècle et demi,de 45 à 60 millions d'Amérindiens. Quant aux populationsocéaniennes, en un siècle, la chute est de 1,5 millions à 300'000=> écroulement de 80 à 90% de la population d'avant le choccolonial. En Amérique et dans le Pacifique, on a à faire à desstructures pré-coloniales qui s'écroulent et avec elles l'effectifhumain. La colonisation a un effet destructeur. Dans le cadre de la colonisationde l'Amérique, déportation de 11 millions de captifs Africains.Cette déportation pourrait avoir causé au préalable la mort de 8 à9 millions de personnes en Afrique. La conquête et la dépopulationde l'Amérique et du Pacifique et la mortalité induite de la traitenégrière montre l'importance des maladies épidémiques. Pourtantles maladies ne jouent pas uniquement à l'avantage des européens.Si aucune maladie épidémique n'atteint les Européens dans leNouveau Monde, tel n'est pas le cas en Asie et en Afrique.

La destruction de l'Amérique


La conquête de l'Amérique estl'épisode de l'expansion européenne qui présente un contraste trèsfort entre les moyens très limités à la disposition descolonisateurs et le coût exorbitant supporté par les populationsautochtones. Comment se fait-il qu'une poignée d'homme soientparvenus à anéantir de grands empires amérindiens densémentpeuplés ? Circonstances dont certaines conquêtes ont eu lieu. La conquête du Mexique parCortes, 3ème expédition lancée le 21 avril 1519 que débarquentsur les côtes cubaines 11 caravelles qui débarquent 500 soldats, 16chevaux, 10 canons. En 2 années, le 13 août 1521 l'étendard duconquérant flotte sur Mexico. Colonisation brutale et rapide.Comment expliquer cette disproportionnalité entre les moyensutilisés et les résultats obtenus ? Passage tiré de l'écrit d'unécrivain : « les Espagnols sont démunis, isolés sur uncontinent qu'ils ne connaissent pas marchant vers le danger, lesIndiens sont des millions maîtres de terres et des eaux surs deleurs forces, les conquérants ne devraient pas survivre plus dequelques heures sur cette nouvelle terre ». La question estd'autant plus troublante, car non seulement l'intrusion d'une poignéede soldats égarés dans un monde inconnu que cette intrusion vamettre à bas des civilisations et va faire disparaître l'effectifhumain du continent.

Malheuraux isolés

L'effacement des amérindienstient essentiellement à leur long et complet isolement. A partird'un certain moment il y a des mouvements de population, le processusest d'Asie en Amérique (détroit de Bering) il y avait il y a trèslongtemps la possibilité pour des populations de migrer par un« pont naturel ». Age de glaciation qui permettait unpassage, mais au bout d'un moment ces glaces ont fondu. C'est commeça que l'Amérique pendant des millénaires après la fonte, aemprisonné les Amérindiens qui se sont développés en vase clos.L'homme apparaît sur le continent américain il y a 30 ou 40'000ans, arrivant d'Asie par le détroit de Bering à la faveur deglaciation, lorsque les glaces se retirent il n'y a plus de passage.Dès lors, dès le 8ème millénaire avant notre ère, l'Amérique seretrouve isolée du reste du monde. Durant ces 10 millénairesl'Amérique se développe mais toujours isolée. Il y a toujours unefascination car ces civilisations ont disparues.

« Ces civilisations ont lemystère des civilisations qui dans l'autarcie d'un continent coupéesde tous les autres mondes ont éclos à l'abri des regards européenset se sont évanouies au moment du contact. »

Isolement fait que lescivilisations sont singulières par l'avancement dans certainsdomaines mais ont des lacunes dans d'autres. Il n'y pas depossibilité d'échange. Lorsque les civilisations échangent, et quel'échange dure très longtemps, tout le monde gagne. Dans l'AncienMonde et pendant des millénaires il y a beaucoup de partenaires quiéchangent, mais l'Amérique n'était pas partie prenante. Avancements :Il estd'autant plus étonnant que ces civilisations se sont développéesen vase clos : en matière d'urbanisme d'abord et dansl'agriculture vivrière ensuite. Pour ce qui concerne l'urbanisme, lamanière de construire des villes, grandes, belles et socialementbien organisées, selon les Espagnols les villes pré-colombiennessont mieux développées et mieux organisées qu'en Europe. La tailledes villes amérindiennes sont très grandes. Aujourd'hui on estimeque Mexico et ses quartiers comptent au 13ème 300'000 habitants, unetelle concentration de population ne peut être atteinte dans lessociétés anciennes que si l'on dispose de larges surpluscéréaliers, en l'occurrence des excédents de maïs dont lespaysans amérindiens font grâce au rendements obtenus, une merveilleagricole. Lacunes :Un éventailrestreint de techniques : pas de charrue. Pas d'animaux de traitou de bêtes de sommes (sauf le lama au Pérou). Non-utilisation dela roue, et pas d'outils en fer. La travail des autres métaux (or etargent) relèvent surtout d'arts décoratifs. Pas d'écriture, pas demonnaie. Les surplus agricoles sont dégagés à l'aide d'outilsrustiques correspondant au début de l'âge du bronze. Ces surplussont alors obtenus par ces grandes machineries étatiques aztèqueset incas grâce à des politiques de grands travaux et l'impositionde corvées à des millions de sujets. La population est soumise àdu travail réglementé.

L'isolement (élément crucial)sera fatal à l'Amérique. Il y a aussi d'autres explications maisces explications ne pèsent pas autant dans la balance que celle del'isolement. La supériorité en terme d'armements desconquistadors ; les Aztèques et les Incas avaient soumis despopulations, au moment où les Espagnols arrivent, ils vont utilisercela envers les populations qui veulent se défaire du joug Aztèqueou Incas. Au moyen des alliances avec ces populations, les Espagnolsdisposent de ressources et surtout les populations alliées vont leurpermettre de connaître le milieu. La connaissance du milieu sanslaquelle les Espagnols n'auraient pas pu vaincre. Les populations serallient aux conquistadors.

Difficulté d'identifier. Lesamérindiens ont, face au débarquement des Espagnols, un problèmed'identification. Ils ne comprennent pas bien l'événement, ils nevoyaient pas leur isolement. Chez les élites aztèques, il va yavoir une hésitation.

Octavio Paz, «  ni le géniepolitique de Cortes (capacité de Cortes de nouer des alliances avecpopulations soumis au joug Aztèque), ni la supériorité techniquedes Espagnols, ni la défection des vassaux et des alliés del'Empire aztèque n'aurait suffi à expliquer la ruine si l'EmpireAztèque n'avait ressenti une défaillance, une hésitationintérieure qui le fît céder, vaciller. » Si les Aztèquesavaient décider de prendre les armes et d'en finir avec lesEspagnols, cela aurait été différent. Mais il y a eu cettehésitation. Cet état d'isolement fait que les populationsamérindiennes n'ont pas pu développer des défenses immunitairescontre des maladies que les Espagnols ont amené avec eux. CesEmpires ne se seraient pas effondrés contre quelques centaines desoldats, si les conquistadors n'avaient apporté avec eux la variole,la grippe, les oreillons, la peste, la tuberculose, etc. Grandesmaladies infectieuses facilitent la conquête, car éliminent pardizaines de millions la population autochtone.

Amérique du Nord : laterre de l'homme blanc

Les premiers navigateurs colonsdébarquent dans les Caraïbes et ensuite depuis les Caraïbes desexpéditions sont faites vers le plateau mexicain. Les maladiessuivent cet itinéraire. Les maladies dévastent les Antilles puisl'Amérique centrale et du Sud pour toucher l'Amérique du Nord, carces maladies sont propagées vers l'Amérique du Nord par desexpéditions militaires et d'explorations. Ces maladies vont ravagerdurant le 16ème siècle des populations indigènes du Sud-Est voiredu Sud-Ouest des actuels Etats-Unis. Le premier débarquement, lespremières créations, implantations européennes sont début 17ème,or les maladies précèdent. Cela va faciliter la colonisation depeuplement. L'Amérique du Nord au moment du contact (fin 16 ou début17ème), elle se distingue du plateau mexicain par des densités depopulation très faibles. Les maladies ne font que réduire unedensité déjà très faible. Donc une extrême dispersion surd'immenses étendues de terre. En Amérique du Nord, à la fin 15èmeet début 16ème siècle, on retient une fourchette de 2 à 7millions d'habitants soit 7 à 8% de la population totale desAmériques. Le continent Nord américain offre des densités moyennesde peuplement avant la colonisation effective, inférieure à 1habitant par kilomètre carré. Autre élément qui facilite lacolonisation implantation blanche : les tribus qui y vivent neforment pas une population homogène et une grande partie d'elle nesont pas des agriculteurs. Ils ne trouvent pas des concurrents enface (contrairement à l'Asie et l'Afrique). Il y a d'autresaspects : absence de métaux précieux, climat tempéré(impossibilité de créer plantations tropicales). Tous ces élémentsvont faciliter le peuplement agricole européen. Le moteur de la colonisation dansce type d'implantation est l'appropriation de la terre.

Rapport de force démographique vaévoluer à l'avantage des immigrants, de ceux qui viennent del'extérieur pour peupler ces territoires. Il y a des conditions dedépart en Amérique du Nord qui favorisent le peuplement européen.Mais il y a d'autres territoires qui ne favorisent pas le peuplementeuropéen. La fin de la colonisation dans ces colonies de peuplementprend une signification particulière => la victoire du colonatblanc. Au moment où le rapport de force démographique se renverse,où les européens surpassent en nombre les autochtones, « lescarottes sont cuites ». Ce moment arrive très tôt en Amériquedu Nord dans certaines régions. Dans le région de Boston, leseuropéens dépassent en nombre les Indiens dès les années 1630.Pourquoi est-ce si rapide ? Parce que les densités depeuplement sont faibles, il s'agit de régions qui au départ, ontune population autochtone très clairsemée. Dans la plupart des cas,il ne s'agit pas de population autochtone qui occupent la terre commefermiers, qui ne sont pas agricoles. Il est beaucoup plus facile des'approprier des terres dans ces conditions. A partir du moment oùil y a cette inversion dans le rapport de force démographique, lesnations indiennes vont être marginalisées. Leur importance vas'estomper. Les européens au début s'affrontaient en Amérique duNord (Anglais, Français, Hollandais, ..). Lorsqu'ils s'affrontent,ils passent des accords avec des nations indiennes. Mais quand il y ace renversement de situation démographique, ces accords avec lesnations indiennes seront dénoncées. L'intérêt de considérer lesnations indiennes comme partenaires commerciaux n'existe plus. C'estle gonflement (tableau 10) du nombre d'immigrants qui va priver les Indiens du rôle de contre-poids qui était le leur lors des premiersaffrontements entre Européens. C'est le facteur démographique quijoue en défaveur aux populations autochtones. En 1790 à 1850, la populationeuropéenne des Etats-Unis augmente de 3 à 20 millions. Dès lesannées 1840, il n'y a pratiquement plus d'Indiens à l'est duMississippi. Même dans cette portion des actuels Etats-Unis, lesEuropéens vont se sentir à l'étroit et il y aura cette avancéevers l'Ouest jusqu'en Californie. Au moment o`u les peuplesautochtones sont minoritaires vont être perçus comme des obstaclespour l'établissement des Européens vers l'Ouest. Ils serontrefoulés de plus en plus. Vers 1900, la population indigèned'Amérique du Nord atteint son niveau plancher avec 400'000 indiens,soit 10% de la population d'origine, à ce moment-là, la populationindigène est totalement déclassée par les européens.

Unemesure de l'effacement démographique

Le processus est lent jusqu'à ceque les Indiens atteignent leur niveau plancher (3 siècles). Maisl'effondrement, la baisse, est vertigineuse. Au moment où l'onconsidère le seuil plancher, cela représente 10% de la populationinitiale. Pour prendre la mesure de l'effacement démographique ilfaut déterminer les effectifs de départ (fin 15ème, début 16ème)(tableau 4 : résumé en chiffre de ce que les historiensdémographes proposent juste avant le choc de la colonisation). Onpeut voir que le niveau qui est retenu tourne autour de 50 à 60millions d'habitants. Découpage régional, on peut voir où seconcentre ces millions d'amérindiens, et ce n'est pas en Amériquedu Nord, mais surtout dans les plateaux mexicains. En 150 ans, lapopulation du continent américain tombe à environ 5 à 6 millions,soit une chute de l'ordre de 90%. Cette image globale doit êtreaffinée et si on prend la peine de descendre à un niveau d'analyseplus détaillé, on se rend compte que dans certaines régions, lespopulations amérindiennes se relèvent. La question n'est pas surl'ampleur, mais l'intérêt de se centrer sur des régions est devoir où les populations se relèvent. Dans certaines zones, lespopulations sont en mesure de se relever. C'est le cas en Amériquecentrale (Mexique). Le décrochage démographique ici assezrapidement est suivi de phases de relèvement, mais dont l'intensitévarie d'une zone à l'autre. Il y a certaines communautés quimontrent une capacité à se relever plus grande que d'autres.L'Amérique centrale se caractérise par cette capacité. Enrevanche, dans les Andes, le processus d'effacement se prolonge, maisen ménageant la région des hauts plateaux. Opposition entre l'Amériquecentrale ou l'Amérique andines et zones côtières et tropicales del'Amérique du Sud qui se vide entièrement. Les populationstouchées en Amérique du Sud, ne sont pas en mesure de s'en relever. En Amérique du Nord, il y areprise démographique des Indiens au 20ème siècle.

Que signifient ces variationsrégionales ? Ces variations reflètent 2 choses : l'impactde la conquête et du choc microbien mais aussi des effets induitspar la colonisation qui bouleversent de fond en comble la société ,les structures, et la culture amérindienne.

On ne peut pas évaluer de coûtfinancier, car c'est trop loin et on ne dispose pas de données. Ilfaut renoncer à évaluer le coût humain de constitution descolonies américaines mais supportés par les nations colonisatrices,on ne sait pas combien de soldats, de colons, de missionnaireseuropéens meurent durant la phase de conquête et de premièreimplantation.

Conclusion La colonisation remodèlel'Amérique. Le passé pré-colombien ne sera plus qu'une ombre.L'Amérique est un lieu d'enracinement des Européens et derenouvellement de la population occidentale. L'Amérique permet auxEuropéens, à l'étroit sur le vieux continent, d'assouvir leuravidité de terre pendant plus de 3 siècles. L'Europe s'agrandit à 26 millionsde kilomètres carrés. La colonisation de l'Amérique faitdisparaître de 45 à 50 millions des premiers habitants du nouveaumonde, en même temps l'Europe y envoie du début du 16ème au débutdu 20 ème siècle de 40 à 50 millions de nouveaux immigrants. Icila colonisation change la face du monde. Le monde n'est plus le même. Les historiens mettent plutôtl'accent sur les effets induits du choc microbien. Voilà ce que çadonne aujourd'hui. Les maladies épidémiques induisent ladéstructuration sociale et la désorganisation de la productionvivrière. Ce qui déclenche tout ça, c'est le choc microbien. Ladéstructuration sociale et la désorganisation de la productionvivrière provoquent une baisse de la natalité et une hausse de lamortalité. D'autres facteurs viennent se combiner au chocmicrobien ; les guerres, l'esclavage, les déplacements forcés,le refoulement vers des terres moins fertiles, tout cela exerce deseffets plus dévastateurs que ceux exercés directement par lesgermes pathogènes (maladies).

Le Pacifique face au « péril blanc »


3 siècles après la conquête del'Amérique, la colonisation européenne touche le Pacifique trèséloigné de l'Europe. En passant de l'Amérique au Pacifique on a lapossibilité de mesurer le coût assumé par la mère patrie(Grande-Bretagne) qui met la main sur les entités les plusimportantes du Pacifique : Australie et Nouvelle-Zélande.

Australie :un continent arraché à ses « fossiles humains »

1788 :première expédition anglaise vers l'Australie. Elleamène des bagnards déportés d'Angleterre. L'Australie est unecolonie pénitencier, une grande prison à l'air libre. L'un des outils qui était unsigne c'est l'inversion du rapport de force démographique. EnAustralie, l'inversion à lieu au milieu du 19ème siècle, vers 1845(tableau 14 permet de suivre l'importance numérique des aborigèneset des européens). Les Européens dépassent pour la première foisles aborigènes numériquement. En 1853, la Grande-Bretagne vamettre un terme à la déportation des bagnards vers l'Australie.Prédominance d'une colonisation libre, immigrants qui viennent pareux-mêmes, souvent en famille. Une fois entrée dans sa phaseactive, la colonisation de peuplement synonyme ici comme en Amériquedu Nord de spoliation (appropriation) foncière et de refoulement desautochtones, sera justifiée par l'état présenté comme primitifdes aborigènes. Ces conditions de départ facilitent largement lacolonisation de peuplement. Il y a encore aujourd'hui des tenants del'Australie blanche. Il y a d'un côté les défenseurs del'Australie blanche et les pourfendeurs (ceux qui la critique). Les « fossiles humains »sont les aborigènes, qui sont là depuis très longtemps, depuis ledébut. Ce sont un peuple premier. Les aborigènes passent de l'Asieen Australie ne maîtrisent pas les techniques de navigation. Lesmouvements migratoires d'Asie en Australie datent de 40'000 à 60'000ans. Ces migrants enjambent des ponts terrestres établis par unabaissement du niveau de la mer, la glaciation aidant. Il y a 8000 à12000 ans c'est la fonte des glaces et de la remontée des mers,l'Australie devient alors coupée du monde pendant plus de 10'000 ansjusqu'à l'arrivée de la première flotte anglaise en 1788. Lesaborigènes se retrouvent enfermés et évoluent en complèteautarcie pendant des millénaires. Le niveau de développementtechnique atteint par les aborigènes explique qu'ils n'avaientaucune chance face à l'arrivée des Européens. Les aborigènes sontdes chasseurs-cueilleurs nomades ou semi-nomades. Ils ne connaissentni l'agriculture, ni l'élevage, ni la roue, ni le fer, nil'écriture. Il n'y a pas d'organisation politique structurée. Iln'y a pas d'Etat, ni de chefferie. Ils se déplacent en bande sansjamais connaître d'organisation, du type Empire amérindien. Lesconditions naturelles difficiles de l'Australie expliquent en grandepartie la rusticité de la culture aborigène. L'Australie est uncontinent sec et biologiquement pauvre avant l'arrivée desEuropéens. Comment ont fait les aborigènes avec des techniques siprimitives pour survivre ? C'est une adaptation à un milieuhostile et contraignant. On comprend pourquoi le niveau technique estsi limité, cela tient à l'isolement mais aussi à la faiblessenumérique des noyaux de peuplement. L'Australie d'avant les blancsn'abritent pas seulement la population la plus isolée mais aussi laplus petite de tous les continents. (tableau 3 : estimations desuperficies et de population mondiale par grandes régions). Ils'agit de 750'000 habitants que trouvent les premiers Européens enAustralie vers 1780. Densité moyenne de peuplement de 1 personne par10 kilomètres carrés. (en comparaison l'Amérique du Nord avait 1habitant par kilomètre carré). La controverse qui existeaujourd'hui qui oppose les défenseurs et les pourfendeurs del'Australie blanche. La controverse porte sur l'enjeu suivant :les défenseurs de l'Australie blanche considèrent qu'il est malvenupour des chasseurs-cueilleurs de revendiquer des droits sur uncontinent que les Européens réussissent à transformer en peud'années en grande démocratie. Il faut se poser la questionautrement. Est-ce que les Européens ont crée sur place lesdifférents éléments de l'ensemble imposant qu'est l'Australie ?Non ! L'alphabet, les plantes, les animaux, les techniques, lesInstitutions sont tous des produits d'importation, il s'agit deproduits finis, fruits de plusieurs années de développement dansdes milieux eurasiens. Seule la société créée par les aborigènesest le produit de l'environnement australien. Ce qui pour nous estdécisif est que entre ces 2 modes de vie, aborigènes d'un côté,Européens de l'autre, il y a une incompatibilité, les écarts sontbeaucoup trop grands. Le mode de vie des aborigènes est fondé surla cueillette et la chasse, et ceux des Européens, de l'agricultureet de l'élevage. Dès lors que les Européens décident et le fontau moment où ils l'emportent numériquement, d'occuper le continent, la destruction de la population aborigène est inévitable. Lesaborigènes s'effacent devant la poussée colonisatrice. Leurs moyensde subsistance sont détruits, l'attaque microbienne a raison d'eux.Là où les aborigènes réagissent et résistent à l'avancéeeuropéenne, ils sont exterminés. Ceux qui protestent sont tués. Lacolonisation provoque un écroulement des populations indigènes(tableau 14 ; permet de mesurer l'ampleur du décrochage). De1780 à 1930 : le nombre d'aborigène « full blood »diminue de 90%. Le déclin de la population indigène est choseconnue au 19ème siècle, siècle durant lequel des projetshumanitaristes fleurissent qui visent à placer les reliques humainesqui seraient les aborigènes dans des réserves à l'abri du périlblanc pour leur « offrir un oreiller plus moelleux sur leur litde mort. ». Convaincus de l'imminence de l'issue fatale, il yaura en Australie, comme auparavant en Tasmanie, des collectionneursqui vont accourir pour emporter avec eux des fossiles humains. EnTasmanie, la population autochtone est anéantie totalement en 75ans. Cette population était forte à l'origine de 7000 à 8000individus.

La Nouvelle-Zélande : une« New Britannia » au bout du monde

C'est le point le plus éloignéde l'Europe. Ses premiers habitants sont les Maoris, originaires dela Polynésie. Ils arrivent sur l'archipel néozélandais vers la findu premier millénaire. Ils connaissent l'agriculture et l'élevage.Capacité de résistance, de négociation et d'adaptation plus grandeque chez les aborigènes d'Australie. Jusque dans les années 1830,(la création de la colonie est 1842), il y avaient très très peud'Européens et il ne s'agit pas de colons, mais d'hôtes de passage.Ce n'est qu'à partir des années 1840 que commence l'implantationdurable d'un colonat européen. Les débuts de l'implantationeuropéenne en Nouvelle-Zélande revêtent un sens très différentde celui qui marquait les débuts de l'implantation européenne enAustralie. La Nouvelle-Zélande a été une colonie créée selon unplan pour qu'en Nouvelle-Zélande soit transplanté un échantillonde la société préindustrielle anglaise. L'immigration blanche enNouvelle-Zélande vient de toutes les couches sociales de lamétropole anglaise. Les néozélandais aujourd'hui peuvent êtrefiers dès le début en considérant le récit de fondation de cettenation. Tandis que les Australiens le sont au moment où ils arrêtentd'envoyer des bagnards.

1Er octobre

A partir du moment où il y a unafflux d'immigrants en quête de terre, le gouvernement britanniqueva prendre les devants et signer un traité en 1840 avec des chefs detribu Maori. Ce traité établit un transfert de souveraineté destribus au gouvernement. La population Maori est en mesure de mieuxrésister et aussi d'obtenir quelque chose de l'administrationcoloniale (qui n'était pas envisageable dans le cas australien).Dans les année 1840, il y a un afflux d'immigrants européens quidéveloppent une culture et une économie pastorale, il y aura unrenversement de la balance démographique, à partir de là, lesautorités coloniales britanniques auront plus de peine àreconnaître les droits reconnus aux Maoris. Ceux-ci seront acculésà vendre leurs terres ancestrales. Une partie des élites Maoris vaopter pour la résistance armée. Entre 1842 et 1872, ont lieu lesguerres Maoris. Les Britanniques vont l'emporter sur le planmilitaire, les Maori vont se faire confisquer leurs terres fertiles.Le tableau 14 résume cela : la population va diminuer, il y aun décrochage démographique des Maoris. Ils seront ravagés par lesmaladies importées. Jusqu’en 1896 la population Maori diminued'environ 70%.

Coût de la colonisation ducinquième continent

Dans le Pacifique, en moins d'unsiècle, les Européens parviennent à mettre la main sur 8, 5millions de mettre carrés de terres, en marginalisant lespopulations autochtones. Le coût a une particularité: il est trèsfaible. Le prix d'acquisition du cinquième continent défie touteconcurrence. Les 3 raisons principales : La mortalité à bord des navires transportant les Européens aux antipodes, est la plus faible de tous les voyages trans-océaniques du 19ème siècle. Pour la plus grande partie du 19ème, la mortalité à bord est d'environ 1,5%, mais il n'y a pas de terme de comparaison pour estimer si ce taux de mortalité moyen est faible. Si on met en regard ce taux de mortalité durant le trajet entre l'Europe et le Pacifique avec celui de la traversée de l'Atlantique, on peut conclure que la mortalité sur les navires trans-océaniques est très faible.

Il n'y a aucune maladie épidémique indigène qui attend les Européens dans le Pacifique. Accroissement de l'espérance de vie des Européens. Le déplacement des troupes dans toutes les régions du Monde colonial induisent un coût pour les soldats européens, mais le Pacifique est une exception à cela ! Le soldat européen dans le Pacifique risque moins la mort que dans son milieu d'origine. Les causes de mortalité des soldats britanniques en Pacifique: ils meurent plus par le feu de l'ennemi et par accident que par maladie contrairement à toutes les autres régions colonisées. Le Pacifique est un lieu bénéfique pour les Européens.

Le coût financier de la conquête est très faible, il s'agit de la facture des guerres Maoris qui est 6 fois moins que la moyenne des guerres coloniales menées par la Grande-Bretagne en Afrique noire et en Asie. Cette facture est 280 fois moins élevée que la guerre entre l'Angleterre et certains éléments en Afrique du Sud à anglo-boer (1899-1902). Coût humain induit par la traite négrière


Le « jeu des nombres »

Tableau 5 : Estimation de laponction négrière du VIIème au XIXème siècles en pourcentages,totaux en milliers d'individus. Les noms sont les différentsauteurs, à des moments différents, ont tenté de faire une peséeglobale du phénomène. Le total des arrivées et le total de départne correspondent pas car entre les 2 il y a un taux de mortalité. Letaux de mortalité moyen entre les traversées tourne autour de 12 à16 %. Il se confirme que le taux de mortalité entre l'Europe et lePacifique est très faible. L'apogée de la traite atlantique est le18ème siècle. Il y a une convergence dans les évaluations, lesauteurs ne sont pas les mêmes, ils ont entrepris leur évaluation àdes moments différents, mais les résultats obtenus tournent autourde 11 à 11,5 millions pour les départs et de 9 à 10 millions pourles arrivées, or ils n'ont pas exploité les mêmes sources et n'ontpas procédé de la même manière. Les résultats font consensus,ils sont plus ou moins d'accord sur les ordres de grandeur. Lessources utilisées sont de 2 types. La matériel de base utilisé parles auteurs, les sources à l'arrivée (surtout Curtin) sont lesarchives portuaires américaines, les statistiques douanières et lerecensement de population dans les Amériques. En revanche, il y aune autre façon de procéder en passant par d'autres sources(Lovejoy) : comptabiliser les départs d'Afrique d'après lesflottes européennes.

Mortalité durant lesdifférentes phases de la traite atlantique

Le point de départ était le jeudes nombres, nous devons disposer des indications chiffrées. Grâceà la convergence, on peut retenir qu'au départ du processus (début16ème siècle jusqu'au deuxième tiers du 19ème siècle), il y a11,5 millions d'esclaves. La phase de la traversée est trèsmortelle. Il y a 5 phases de la traitenégrière: la capture

l'acheminement des captifs de l'intérieur des terres jusqu'aux côtes

l'entreposage : les captifs attendent longtemps sur les côtes en vue d'être échangés et embarqués

la traversée

l'acclimatation : adaptation au climat et au travail dans les plantations américaines Durant toutes ces phases, ilfaudrait être en mesure d'évaluer les pertes, le coût humain. Lesabolitionnistes qui voulaient abolir la traite, sont concentrés enAngleterre. A partir du 18ème siècle, le coût humain de la traitefait apparition dans les milieux abolitionnistes britanniques. Lesabolitionnistes ont comme objectif final l'abolition du systèmeesclavagistes d'abord en arrêtant le commerce des esclaves. Avantd'atteindre le premier objectif il s'en s'ont fixé un autre :diminuer le nombre d'esclaves, ils dénoncent le taux beaucoup tropélevé de l'esclavagisme. Les abolitionnistes vont, par tactique,attribuer à la traversée et à l'acclimatation (durant les 2dernières phases) plus de 90% de la mortalité des captifs. Ils vontmettre le projecteur sur les 2 premières phases et laisser dansl'ombre les coûts humains durant les autres phases qui se déroulenten Afrique. La traversée de l'Atlantique sera stigmatisée par lesabolitionnistes de la première heure. Cette stigmatisation contribueà mettre sur le devant de la scène les négriers européens, et àlaisser dans l'ombre les phases initiales de la capture et detransit, phases durant lesquelles les Européens sont pratiquementabsents. Cette approche permet aux abolitionnistes de faire pressionsur les transporteurs européens, d'engager une lutte pour que lamortalité à bord de la traversée diminue. Et de fait, la mortalitédes captifs noirs tend à la baisse durant la traversée d'environ20% à la fin du 16ème et début du 17ème, et au 18ème à 10%.Mais elle remonte quand la traite va devenir clandestine, lesexpéditions négrières devenant plus précaires, le taux demortalité va augmenter. 1807 : interdiction du traficnégrier par l'Angleterre. 1815 : traité de Vienne, lespuissances européennes acceptent le principe inscrit dans l'actefinal du Congrès, le principe de l'abolition de la traite négrière.La traité négrière atlantique est abolie durant le premiertiers du 19ème siècle par l'ensemble des transporteurs. A partir dumoment où elle sera interdite, va apparaître une traiteclandestine. La traite négrière dure jusqu'au 2ème tiers du 19èmesiècle. Elle aura donc une durée significative. Durant la traiteclandestine, la mortalité repart à la hausse. Pourquoi le taux demortalité est-il si élevé durant la traversée ? Cela est duen partie à la ??? (17 : 20) , si on remonte pourconsidérer la 3ème phase (entreposage) : les captifs attendentlongtemps à la côte parce qu'il faut que se fassent les modalitésd'échange. C'est un troc ! On échange du tabac, des armes àfeux etc contre des esclaves. L'essentiel de ces transactions est demesurer la valeur d'un captif, on établit la quantité de chaquetype de marchandises entrant dans la composition de l'assortimentnécessaire à l'achat d'un captif. Un captif vaudra une certainequantités de marchandises (alcool, tabac, métaux, etc). Les captifssont troqués par petits lots. Dans la seconde moitié du 18èmesiècle, les vaisseaux négriers peuvent emporter entre 150 et 250captifs. Les captifs troqués sont d'environ 12 par jour. Un vaisseaunégrier pour accomplir son chargement met entre 3 et 7 mois. Du Nordau Sud, de la Sénégambie jusqu'en Angola. Toute une série de sitesde traite, or le vaisseaux négrier va dans tous les sites pourcompléter son chargement humain. Pour les premiers captifs, ilsrestent plusieurs mois dans les vaisseaux avant de partir pour latraversée. La traversée est l'épisode le plus traumatisant pourles captifs. D'autres facteurs d'explication du taux élevé dumortalité : l'entassement, espace très réduit. Le taux demortalité est fonction de l'entassement qui favorise la diffusiondes maladies. Une fois toute la cargaison chargée, le nombre dedécès dépend du sur-entassement et surtout du déclenchementd'épidémies. Ces maladies sont induites par le milieu pathologiquedu départ. En moyenne, la traversée dure un mois de l'Afrique auBrésil, puis 2 mois du Brésil jusqu'aux Caraïbes et en Amériquedu Nord. Les abolitionnistes ont fait des enquêtes pour dénoncer letaux de mortalité des captifs durant les traversées. Ils sont allésau port Liverpool et se sont rendus compte aussi que à dénoncerun taux de mortalité aussi pour les Européens qui y participent.Les évaluations qui ont été faites ont un côté paradoxal :les Européens qui participent à la traite négrière auraient untaux de mortalité plus élevé que les Africains. Exemple depuisLiverpool : mortalité moyenne des équipage de 18% contre 13%pour les captifs. Les taux ne sont pas comparables car les taux demortalité des Européens qui travaillent sur les bateaux négrierssont calculés non pas seulement pour la traversée mais pour tout lepériple négrier et non pas seulement pour la traversée. Lesmarins passent beaucoup plus de temps sur le bateau dans les côtesque durant la traversée (environ 4 fois plus). En tenant compte dutemps passé à bord sur le bateau par l'équipage (environ 1 an) etles captifs (environ 2 mois), la mortalité blanche devientinférieure à la mortalité noire. Les choses vont changer :entre le milieu du 18ème et le premier tiers du 19ème, lesabolitionnistes dénoncent dans leurs campagnes premièrement lamortalité des captifs durant la traversée et la mortalité desmarins durant le périple négrier. A partir des années 1830, unnouveau front va s'ouvrir : à partir du moment où laGrande-Bretagne abolit la traite, elle va entreprendre de mettre enplace un système international de répression de la traite. LaGrande-Bretagne est la première puissance économie, commerciale etmaritime du monde à ce moment-là. Elle va vouloir imposer auxautres Nations l'interdiction de la traite. Elle va maintenir desnavires de surveillances arraisonner tout vaisseau négrier et celava se révéler inefficace car la traite clandestine va continuer etfaire plus de perte qu'avant. Le système de répression va aussi serévéler très coûteux. Face à la persistance et à la montée dela traite clandestine, l'attention des abolitionnistes va se déplacervers les zones d'approvisionnement en Afrique. Les abolitionnistesvont croire que la solution aux problèmes de l'esclavage se trouvedésormais sur le continent noir. Ils vont préconiser une vieilleidée : la mise en valeur agricole de l'Afrique afin de stopperà la source la production de captifs. Cela consiste à cultiver ducoton et du sucre sur place pour le marché européen par destravailleurs libres. Cela contribuerait à détourner esclavagisteset courtiers européens d'un commerce illégitime. Ce crédo (plan dedéveloppement pour l'Afrique) sert à stopper à la racine la traitenégrière et va porter les abolitionnistes à surveiller les phasesprécédant l'embarquement. Dans l'idée des abolitionnistes, porterl'accent sur ce qui se passe avant la traversée, c'est aussicontribuer à faire disparaître les guerres, des faire cesser lesraids, les expéditions pendant lesquelles on capture les Africains,parce que la production en série des captifs est obtenue par desraids et par des guerres. Plus des 3/4 des captifs proviennent derazzias organisées par des Africains, moins de 5% des captifs sontdirectement razziés par des Européens. On stoppe aussi laproduction de captifs à l'origine. On va donc s'intéresser au coûthumain qui précèdent l'embarquement (raids, conflits armés, longuemarche vers le littoral, etc). Pour un captif effectivement embarquécombien faut-il compter de morts avant en Afrique ? La réponsesuggérée au milieu du 19ème siècle : « pour un esclaveembarqué, un nègre sacrifié ». Perte de 50% entre la captureet la vente aux Européens. Ces études sont très rares car on nedispose pas de données chiffrées solides pour savoir si cela estvrai. Il y a plusieurs tentatives d'explication, la plus récente etla plus globale : tentative d'estimation de 1990 qui dit que laphase africaine avant l'embarquement tuerait 40% des captifs entre lacapture et la vente aux Européens. On peut retenir une fourchettepour l'instant est de 40 à 50%.

Récapitulation : La traite négrière atlantiques'étale sur 3 siècles et demi, la mortalité moyenne des captifs àbord serait de 12 à 13 %, près d'1,5 millions de personnes noiressont jetés dans l'océan atlantique. Jusqu'à la fin du 19ème, 11millions de captifs sont embarqués des côtes africaines. Le nombreapproximatifs de captifs et de marins par tonneau on sait combien ily a de marins pour tant de captifs. En supposant une mortalitémoyenne des équipages de 16 à 18% durant le périple négrier, ilapparaît que sur les 1,5 millions de marins, de 240 à 270'000marins meurent de maladies et de malnutrition. Avant l'embarquement,en Afrique, il y a environ 40 à 50% des captifs qui meurent, donc pour 11,5% millions de captifs effectivement embarqués, il fautcompter entre 7,7 jusqu'à 11 millions de morts en plus avantl'embarquement. Ce que l'on sait c'est que il y a des pertes durantla phase d'acclimatation et surtout l'incapacité durant lespremières phases des captifs à se renouveler naturellement. Lespopulations d'esclaves d'Amérique ont une incapacité temporaire àse renouveler naturellement. Cela tient principalement audéséquilibre entre les sexes en leur sein. Les négriers européensveulent des hommes jeunes, il y a une femme pour 2 hommes. Il y adonc 2/3 de captifs masculins. Les planteurs américains veulent desactifs masculins en âge d'être mis au travail sans délai. Pourbien souligner la faible capacité des communautés africaines àsurvivre et à se reproduire on fait une comparaison : onconsidère l'année 1820, taux de survie et de reproduction d'un côtédes Européens qui migrent vers les Amériques et de l'autres desAfricains importés de force. On fait un pointage de tous lesAfricains qui ont eu une descendance et la même chose pour lesEuropéens jusqu'en 1820. jusqu'en 1820 : 10 millionsd'Africains partent pour le Nouveau Monde contre 2 millionsd'Européens. Les taux de survie et de reproduction sont radicalementdes 2 côtés ; les Européens vers 1820 sont 12 millions et lesAfricains descendent à 6 millions. C'est le coût en Amérique.

2 octobre

Essai de bilan

Il faut remarquer que lesAfricains partent à jamais, en ce sens, leur départ est pour leurrégion d'origine une perte sèche. Alors que les Européens d'abordet les Asiatiques ensuite, ont le choix de revenir. On calculed'ailleurs pour les migrants Européens et Asiatiques un taux deretour qui varie selon les époques. Pour les Européens, on estimece taux de retour à 50%. Avec la traite atlantique se forge unehiérarchie raciale, assimilant les Noirs à une race inférieure. Apartir du moment où la traite atteint son sommet (18ème siècle),émerge ce que nous appelons aujourd'hui le racisme anti-noirs. Avantles Européens, les Arabo-musulmans ont voulu le commerce desesclaves. La traite négrière atlantique et la traite musulmane nepouvait se développer que s'il y avait une demande qui s'exerçaitcomme une pression. Il y a une différence de degré, la traiteexistait déjà avant que les Européens ne l'organisent. LesEuropéens ont donné une ampleur à ce phénomène. Le commerce desesclaves à grande échelle ne pouvait exister sans intermédiairelocaux, sans tradition esclavagiste. Différence entre l'Asie etl'Afrique. Il est clair qu'une partie de l'Afrique a été intégréeau réseau atlantique, donc à la colonisation de l'Amérique. Or, onne relève pas les mêmes effets : la domination européenne enAmérique prend la forme de domination, en Afrique sous forme decommerce esclavagiste. On doit considérer la traite négrière commeun facteur de changement parmi d'autres dans la structure del'Afrique subsaharienne. Le commerce des esclaves agit plus sur lesrythmes d'évolution des systèmes africains qu'il n'en modifie lesstructures, contrairement à l'Amérique où la colonisation détruitet remodèle. A travers la traite etl'esclavage, se produit d'abord dans les Amériques puis dans l'OcéanIndien, un crime fondateur : cela a fondé de nouvellescommunautés, la diaspora, des nouvelles identités, de nouvellescultures. Les Africains ont été d'une certaine manière dans lecadre du processus de colonisation, américanisés. On a ainsi descommunautés qui ont été créées selon la formule « suite àun crime fondateur » : l'atteinte aux droits humains. Celaa donné lieu à une littérature nouvelle, une culture nouvelle. Ilest difficile de dresser un tel bilan pour l'expansion de l'Europe,mais ce que l'on peut dire sans trop de précision, en faisant desétats de la question. En rappelant les éléments sur lesquels lacommunauté des historiens est plutôt d'accord : elle induitl'effacement des populations d'Amérique et du Pacifique, c'est uncoût que les Européens ne paient pas. Elle décime plusieursmillions de captifs noirs. Elle fait aussi disparaître quelquescentaines de milliers d'Européens dans le cadre du périple négrier.

Fait endosser aux autochtones lecoût de constitution et de gestions de ces territoires. Ce quichange c'est qu'en Asie et en Afrique, les maladies jouent endéfaveur des Européens alors qu'en Amérique et en Pacifique ellesfacilitaient la colonisation. La plupart des colonies fondées enAfrique et en Asie se passeront dans des endroit insalubres,l'Européen va succomber à ces maladies. Le début du 20ème siècle = finde la conquête de l'Afrique subsaharienne. Jusqu'à la fin despratiques coloniales, il n'y a pas de parade médicale contre lesmaladies tropicales. Dans ces conditions, les Européens ont meilleurtemps de ne pas s'y rendre. Situation inverse des colonies depeuplement. Il y a une pratique de l’esquive utilisée à partirdu 18ème siècle, ce qui explique une très faible présenced'Européens en Afrique et en Asie, il n'y a pas d'enracinement desEuropéens.

Les Européens choisissent uneméthode de l'esquive afin de ne pas attraper ces maladies. Carcertaines régions d'Afrique et d'Asie deviennent des tombeaux pourl'homme blanc. Partout au 19ème, les Européens avancent et setaillent des domaines en Afrique et en Asie. Un autre moyen delimiter le coût humain de constitution et de gestion des Empirespour les Européens : faire appel aux ressources humainesautochtones, incorporer dans les armées coloniales des autochtones.En limitant ainsi le nombre de soldats européens exposés auxmaladies, cette pratique tend à réduire le coût humain pour lesEuropéens. Le recrutement sur une large échelle d'autochtone dansl'armée et dans l'administration, réduit les charges financièresdes conquêtes assumés par les métropoles, car les locaux coûtentmoins cher. La gestion des ressources humaines, le recours à ce quel'Européen trouve sur place. Les densités de peuplement sontbeaucoup plus élevées en Afrique et en Asie, la colonisation ne metpas en danger les fondements démographiques des sociétésasiatiques et africaines. Il y a même à terme, au cours de lacolonisation, une croissance démographique. La colonisateur européenva puiser dans ces ressources. Cette pratique s'effectue sur unelarge échelle et apparaît comme le moyen le plus sûr pourpréserver les vies blanches et les deniers européens. Il y a untour de force : le colonisateur européens parvient à réduireles coûts humains et financiers en gérant à ses avantages lesressources humaines disponibles en outre-mer.

Coûts de la seconde expansion européenne (18ème-20ème siècle) : L'Asie et l'Afrique conquises par elles-mêmes


Mortalité et effectif des Européens sous les tropiques


La mortalité est très élevée.Dans le cadre de la traite atlantique, les marins avaient un taux demortalité très élevé lorsqu'ils résidaient sur les côtesafricaines. L'exemple qui illustre le taux de mortalité très élevédes Européens, par voie de conséquence, leur effectif très faible.Si


Nécropoles d'outre-mer

les maladies jouent tantôt àl'avantage tantôt au désavantage des Européens qui participent àl'expansion coloniale. Le milieu pathogène en Afrique et en Asie estun milieu inconnu pour les Européens qui a des effets effrayants.Ces maladies auxquelles succombent les premiers Européens : lepaludisme, la fièvre jaune et le choléra. Il y aura des tentativesd'implantation, d'établissement des Européens en Afrique et en Asiequi aurait pu ressembler aux colonies de peuplement, mais lesmaladies vont stopper ces tentatives. Les Européens risquaient leurvie simplement en se déplaçant dans l'espace. A Batavia (maintenantJakarta) sur l'île de Java, dans le courant du 17ème siècle etjusqu'au 19ème siècle elle représentait le cimetière desHollandais. Batavia est une ville construite par les Européens maishabitée par des Asiatiques. En Inde dans la première moitié du19ème siècle, les Britanniques sont en train d'effectuer leurconquête, seulement 6% du total des décès enregistrés dansl'armée britannique est dû au combat, 94% des décès sont dus auxmaladies. Dans les années 1840, au Maghreb, un général françaisrelève que dans le seul domaine dans lequel l'Algérie connaît unecroissance est le cimetière. En Afrique occidentale, aucune régionne réussira à ravir à l'Afrique occidentale son titre de tombeaude l'homme blanc. Entre la fin du 17ème et le début du 18èmesiècle, la mortalité des Européens résidant les côtes africainesétait de 800 à 900 pour-mille. Sur 10 hommes y résidant, 6 meurentdurant la 1ère année, 2 ou 3 meurent durant la deuxième année, ilen reste un sur lequel les statistiques restent muettes. En 1893, un explorateurbritannique Richard Burton, décrit la résidence du gouverneurbritannique à Lagos (Nigeria) comme une morgue faite de planchesavec un toit en taule ondulée contenant une fois par an le cadavred'un haut fonctionnaire. Comment expliquer que les Européens sesoient redus dans ces endroits malgré le fort taux de mortalité desEuropéens sous les tropiques ? Plusieurs explicationsévidentes : Pour les hommes de troupes et sans grade (les pauvres), c'est le manque de travail et la misère qui les pousse à quitter l'Europe. Pour les marchands c'est l'espoir de faire fortune rapidement. Une fois exposés aux maladies tropicales meurent pour la plupart avant de retourner dans leur patrie. Mais le jeu en vaut malgré tout la chandelle. Il y a quand même des effectifs humains qui ont un profil particulier (têtes brûlées).

Le coût humain est supportable aux yeux des contemporains, car le nombre d'Européens qui participent à la formation des Empires en Asie et en Afrique est très faible. La probabilité qu'ils meurent est très grande, mais les effectifs concernés sont très réduits, donc c'est supportable.

On peut penser qu'il y a une médecine occidentale qui s'est formée, et qui se serait efforcée de protéger la santé et de sauver la vie de ces expatriés européens. Il y a effectivement une médecine qui va apparaître et qui a de tels objectifs, mais le problème c'est que il n'y a pas une approche scientifique. Les médecins jusqu'à tard dans le 19ème, les médecins occidentaux sont dans l'incapacité de connaître le mode de transmission des maladies. A de très nombreuses reprises, il y avait des théories assez folles sur la malaria. L'approche est uniquement empirique, les méthodes sont adoptées mais éprouvées par le temps et testées sur le terrain. C'est ce qu'on appelle une médecine dite d'émigration

Médecine d'émigration oucomment économiser des vies européennes

La médecine d'émigration a pourbut de sauver des vies européennes, puis elle va avoir pour objectifde sauver également des vies indigènes. La médecine d'émigrationva mettre beaucoup de temps pour se former, cela va durer près d'unsiècle. Sur l'ensemble du 19ème siècle et même jusqu'àl'entre-deux guerres. L'efficacité de cette médecine est trèslimitée, le meilleur moyen d'y pallier est de faire recours auxautochtones. Le taux de mortalité calculé pour la fraction de lapopulation européenne la plus exposée et la fraction de lapopulation européenne de soldats a les meilleures statistiquesdisponibles. On faisait des relevés enregistrés de statistiques etl'indicateur pourrait être traduit comme coût de transfert :rapport entre le taux de mortalité chez les Européens dans leurmilieu d'origine et le taux de mortalité dans les colonies. Celanous permet de retracer l'évolution de la mortalité des Européensdans ces contrées insalubres. Est-ce que la mortalité baisse ?Au 19ème siècle, le déplacement de troupes européennes en Asie,en Afrique et aux Caraïbes représente un coût humain important, lesoldat européen perd au change. Le coût de transfert est élevé,sauf dans le Pacifique. Dans les années 1830, les taux de mortalitédes soldats français sont 4 fois plus élevés dans les Antilles quedans la métropole, et 8 fois plus élevés en Sénégal que dans lamétropole. Pour les troupes britanniques d'outre-mer, les taux demortalité des soldats venus de métropoles sont multipliés par 5 auBengale, et par 30 sur les côtes d'Afrique occidentale. A la veillede la 1GM, ce coût de transfert ne disparaît pas, mais diminuepartout. Cette diminution dès le milieu du 19ème, est due à ce quel'on appelle la médecine d'immigration dont les origines remonte àla fin du 15ème siècle. La médecine d'émigration permetde réduire la taux de mortalité des Européens dans les coloniessurtout pendant la phase de conquête et la première phase degestion des colonies. Peu d'Européens se rendent dans les coloniesoù le coût de transfert est élevé (mortalité dans les coloniesrapportée sur le taux de mortalité dans les métropoles).

Le moyen utilisé sur une largeéchelle par le colonisateur revient à recourir à l'enrôlement derecrues autochtones. Sert à maintenir le taux de mortalité à unniveau supportable pour les opinion publiques métropolitaines. Onn'aurait pas supporté la fondation de tels empires si le taux demortalité n'avait pas été supportable.

La médecine d'émigrationcontribue dans une certaine mesure à réduire le taux de mortalitédes Européens dans des régions insalubres. C'est une médecine quin'est pas scientifique, ce sont des procédés éprouvés par letemps. Médecins militaires qui, par tâtonnement, accumulent desconnaissances sur le terrain sur les maladies tropicales. On récoltedes données scientifiques, on mène des enquêtes ce qui donne lieuà la publication de guides sanitaires, de rapports spécialisésdans lesquels on fait une série de recommandations. Lesrecommandations concernent le régime alimentaire, la façon de sevêtir afin de se protéger des brusques changements de températures. Une autre pratique concernel'altitude, c'est la plus ancienne mesure de protection des Européensdans les tropiques. Rapport, lien entre l'altitude et la salubrité,au-delà d'une certaine altitude, on pensait que les maladiesfrappaient moins fort. Ex : on disait qu'au-delà de 800 mètres,la malaria était beaucoup moins virulente. Dans les coloniesafricaines et asiatiques résident en hauteur. Beaucoup de recherches ont étéfaites sur la durée de séjour dans les tropiques (tempsd'exposition), observations sur l'acclimatation. On pensait qu'il yavait une durée idéale. Il y avait ceux qui soutenaient la rotationlongue, d'autres la rotation courte, pas de consensus d'une manièregénérale pour toutes ces précautions hygiéniques. Durant tout le19ème siècle, il y a une marge d'incertitude quant à l'efficacitéréelle de ces précautions. Contre la malaria, les Européensutilisaient la quinine (agent actif qui permet de combattre lamalaria tiré de l'écorce d'un arbre). Remède naturel d'un arbred'Amérique du Sud, que les Européens vont transplanté en Asie. Laquinine peut traiter la malaria si l'on respecte certaines règles,l'utilisation de la quinine date des années 1830-1840, mais sonutilisation est très inefficace. Jusqu'au début du 20ème siècle(fin des conquête coloniale), pour être efficace elle aurait duêtre utilisée d'une manière plus scientifique pour diminuer lespertes humaines dues au paludisme. Mais les autorités colonialessont incapables de distinguer la malaria d'autres maladies. Lesmédecins administrent la quinine pour la fièvre jaune par exemple,ce qui est le meilleur moyen de tuer. Les médecins ignorent aussi ledosage de la quinine, on fait prendre la quinine aux Européens quiont déjà la malaria, or elle est efficace à titre préventif. Pour la fièvre jaune, il y a lapratique de l'esquive, les Européens sont incapables de spécifierles causes et les modes de transmissions de ces maladies, mais ildemeure que ce type de stratégie va sauver des vies humaines dansles colonies. Mais au total, durant les phases de conquête, le tauxde mortalité des Européens reste très élevé, pourtant malgréces taux, cela n'empêche pas la mainmise sur toute une série deterritoire qui constituent la plus grande partie des empirescoloniaux. Les maladies contre lesquelles on est démunis sur le planmédical, vont empêcher que les Européens ne créent en Asie et enAfrique des colonies de peuplement, et qu'ils aient recours à unemain d'oeuvre européenne. Mais ces maladies qui continuent d'éleverle taux de mortalité des Européens, n'empêchent pas les coloniesd'exploitation ou d'encadrement. Elles ne constituent pas d'obstacleaux Européens de coloniser l'Inde, l'Algérie et Java (territoiresles plus riches et peuplés). Cela n'empêche pas les Européens des'installer sur les côtes africaines. Cela est possible car il y aune médecine d'émigration qui réussit à réduire modérément àréduire le coût humain de l'Empire. Mais l'emprise de l'Européen surdes terres « insalubres » est possible, carsystématiquement, le colonisateur européen s'appuie sur despopulations autochtones, non-européenne. Les Européens peuvent nepas se rendre en masse dans les colonies. S'ils peuvent se maintenirà la tête de colonies d'encadrement, c'est qu'ils ont la capacitéde dominer en ayant recours à des intermédiaires locaux. La plupart(85%) des 75 à 80 millions de personnes qui se déplacent, quittentleur milieu d'origine après le milieu du 18ème siècle. Sur le total des Européensquittant le vieux continent pour les contrées d'outre-mer, moins de5% se rendent dans les zones où ils subissent des coûts detransferts, en Asie, en Afrique subsaharienne, au Maghreb et dans lesCaraïbes. La période couvre la période coloniale dans son étenduela plus large, c'est dire que globalement, la présence d'Européensétait numériquement très faible d'un bout à l'autre de lacolonisation. À la veille de la 2GM (processus de décolonisation),les Européens représentent 0.1 % de la population en Asie et 0.5 %en Afrique. Jamais leur nombre dépassent 0.5% du total. Capacité ducolonisateur européen en économisant le coût subi, cette capacitévient de la nécessité de limiter le coût humain et financiersupporté par le colonisateur. Effort fait au niveau de la médecined'émigration, renoncement à se rendre dans des contrées oùl'Européen subit un coût de transfert, et recours à desautochtones (soldats indigènes) lors de la phase de conquêtecoloniale.

La solitude de l'homme blancsous les tropiques

Le Portugal est la premier pays àse lancer dans l'expansion coloniale d'outre-mer. Durant lespremières décennies du 16ème siècle, les Portugais montrent lechemin. Les autres colonisateurs européens vont leur emboiter lepas. Le caractère systématique : les autres colonisateurssuivent, et la pratique s'étend en Inde, en Indonésie au 18èmesiècle, au Maghreb au 19ème siècle et en Afrique subsaharienne. Lecolonisateur européen est le seul à avoir recours de manièreprécoce, systématique et sur une grande échelle à l'enrôlementde troupes indigènes régulières. Spécificité de la colonieeuropéenne de l'Asie et de l'Afrique de recourir à des soldatsrecrutés sur place. Il y a dans la conquête des empires aztèqueset incas, les Espagnols sollicitent le concours l'auxiliairesamérindiens, mais il n'y a pas de troupes indigènes. Le Pacifiqueconfirme cette spécificité, car il s'agit de troupesessentiellement européennes. Il y a une correspondance : dansles colonies de peuplement européennes, il n'est pas fait appel auxtroupes indigènes régulières. Il y a 2 exceptions en Asie et enAfrique : deux territoires dont les conquêtes sont assuréesprincipalement par des soldats européens : Algérie et Namibie.L'Algérie est conquise par des troupes françaises, la Namibie datede la fin du 19ème siècle et se sont des troupes allemandes quisont à l'oeuvre, pas d'enrôlement de troupes indigènes. Il fautfaire de ces territoires, de terres réservées à l'homme blanc,projet de colonies de peuplement, qui échouent. Cette pratique est possible dumoment que le colonisateur dispose de ressources qui peuvent êtremobilisées sur place.

Recrutement de soldats indigènes


L'Asie et l'Afrique conquisespar elles-mêmes

Exemples en Asie : L'Inde :(1750-1850) Les Britanniques vont poussercette pratique de l'enrôlement très loin, dans aucune colonie onatteindra cette échelle, car les ressources humaines sont presqueinfinies (tableau 3). il faut pouvoir puiser dans un réservoirhumain et ici c'est gigantesque. Le colonisateur doit pouvoir mettrela main sur des richesses naturelles ou locales pour financer cettepratique de recours à des recrues autochtones pour constituer unearmée coloniale. En Inde, ceux qui montrent le chemin sont lesPortugais (fin du 15ème siècle), pour compenser leur faiblessenumérique, ils vont engager des soldats indigènes. Les Français,au début du 17ème, donnent à cette pratique un caractère encoreplus achevé, ils encadrent les troupes indiennes qu'ils encadrent etéquipent de manière européenne. L'East India Company entre la findu 17ème et première moitié du 18ème, donne la possibilité auxBritanniques de pratiquer cela. Les effectifs de l'armée de laCompagnie de 1840 à 1850 a des effectifs qui passent de 2 à 350'000hommes. Au milieu du 19ème siècle, elle est composée de 310'000soldats recrutés sur place, soit 90% du total des effectifs. Aumoment où s'achève la conquête de l'Inde, l'armée est composéede 90% d'effectifs recrutés sur place. Les Britanniques mobilisentdes immenses ressources militaires pour conquérir l'Inde, mais aussipour appuyer les troupes britanniques engagées à l'extérieur del'Inde. Les ressources militaires du Sous-continent sont utiliséessur place en Inde, mais aussi en Birmanie. Les troupes indiennesparticipent à l'expansion britannique dans d'autres territoires quel'Inde (Chine, Afghanistan, Egypte, Afrique occidentale, Birmanie,Afrique centrale). Nulle part cette pratique n'a été poussée aussiloin, nulle part on ne retrouve le gigantisme d'une tellemobilisation. L'Indonésie : Lerecrutement est tardif, la conquête de l'archipel indonésien(1830-1913) est composée d'une armée composée d'environ 40%d'Européens. Les Hollandais s'y mettent de manière tardive à cettepratique, ils ne parviennent à étendre la conquête territorialeau-delà de Java qu'à partir du moment où ils décident d'accroîtrele nombre de soldats enrôlés sur place (tableau 6). Dans la secondemoitié du 19ème siècle, c'est le reste de l'archipel qui estconcerné par la conquête territoriale.

Exemple au Maghreb : L'Algérie :Situation particulière qui s'explique par le rêve du colonisateurfrançais de faire de l'Algérie une colonie de peuplement. Terred'occupation, d'implantation européenne. C'est aussi à ce titre unprolongement de la France. L'Algérie coloniale à un moment donnéde son histoire a été rattachée à la France. Depuis l'Algérieles Français vont mettre la main sur d'autres territoires. Celaexplique le fait que l'Algérie va être colonisée par des troupesexclusivement métropolitaines numériquement importantes. Larésistance est importante, la conquête dure sur plusieursdécennies, l'importance des effectifs (entre 1880 et 1903) de 70'000à 80'000 de soldats français y sont stationnés. Il y a nonseulement la composition des troupes mais aussi une importancenumérique hors normes. L'Algérie fera beaucoup de pertes militairesfrançaises. Si la conquête est assurée par des troupesmétropolitaine et qu'elle dure dans le temps, il y aura beaucoup depertes militaires. L'armée d'Afrique est composée au milieu du18ème siècle, que de la moitié d'autochtones.

Exemple en Afrique occidentale: Les Français utilisent lesindigènes comme auxiliaires, puis il y a un décret qui fait que lessoldats deviennent réguliers. Il y a un militaire de haut rangfrançais qui en son temps a fait des recherches qui vantent la vertude troupes noires. La conquête de l'Ouest africain est l'oeuvre deces troupes noires. Il fait l'estimation que les soldats africainspar rapport aux français constituent une immense majorité, lestroupes noires ont donné à la France un territoire plus vaste quel'Europe, elles gardent à la France ce territoire, avec un effectifde 12'500 hommes et il n'existe qu'un seul bataillon français de4500 hommes à Dakar. La France va également utiliser ces troupesnoires ailleurs (Madagascar, Maroc, Indochine). La France n'hésitepas à déployer les troupes noires en métropole, en 1939, destirailleurs sénégalais interviennent à Marseille contre desgrévistes.

Les Britanniques ont uneparticularité : ils sont les seuls à utiliser en Afrique noireà utiliser des soldats d'autres régions comme des Antillais et desAmérindiens. Les Allemands et les Belges comptent tout autant surleurs recrues locales. Les Belges forment l'armée coloniale la pluscosmopolite. Les Allemands exceptionnellement se passent de soldatsindigènes dans la conquête de la Namibie, car considérée commedevant devenir un pays de Blancs. Les Italiens et les Portugais nedérogent pas à la règle. Les Portugais soumettent le Mozambique etl'Angola grâce à leur longue expérience d'incorporation. LesAfricains eux-mêmes (alliés, mercenaires, collaborateurs forcés ouvolontaires) façonnent eux-mêmes la colonie. (tableau 6 :récapitulatif, comparatif de l'importance des troupes indigènesdans les armées métropolitaines).

Qui sont ces recrues ? Dans l'apparition du phénomènedu nationalisme, moment à partir duquel des personnes qui nepartageaient pas la même destinée, se disaient qu'elles faisaientpartie d'un même ensemble. Les habitants de l'Indonésie à partird'un certain moment, ont commencé à s'identifier à l'Indonésie etnon plus Java. Tant qu'il n'y a pas l'émergence et la consolidationde mouvements nationalistes, il n'y a aucune réticence despopulations locales de se faire engager dans une armée pour meurtrirle voisin. Les guerres locales existaient avant l'arrivée ducolonisateur européen, ce qui lui a rendu un grand service, car ilpouvait jouer sur des rivalités coriaces et anciennes. Dans les années 1840-50, laconquête est achevée et le mouvement nationaliste ne date qued'après la fin de la conquête. Le nationalisme apparaît toujourstrès tardivement après la fin des conquêtes, c'est pour ça queles Européens parviennent à fonder ces colonies.

9 octobre Identités de ces recruesasiatiques et africaines. Le colonisateur européen ne fait quereprendre des pratiques qui existaient déjà. C'est en adéquationavec les colonies d'exploitation d'Asie et d'Afrique : dans cetype d'implantation coloniale, le colonisateur européen en Asie eten Afrique coloniale ne fait que se superposer à des structures quiexistent déjà. Puisque ces structures résistent au choc colonial,puisqu'elles ont une relative consistance, le colonisateur européenva édifier son domaine en Asie et en Afrique en ayant recours auxressources disponibles. D'autres différences apparaissent : ladensité de peuplement. An Amérique du Nord et dans lePacifique : il y a trop peu de monde pour toutes les terres àexploiter. Les structures que ces populations ont mises en places'écroulent. Là nous ne sommes pas du tout dans le même cas defigure. Il est peu surprenant que lecolonisateur européen fasse ce qui se faisait déjà. Lecolonisateur britannique en Inde, prélève dans un réservoir desoldats, les Britanniques vont prendre la place d'autresenvahisseurs, qui au 16ème siècle avaient mis en place en Inde desstructures impériales. Les Britanniques vont faire ce que faisaientles Turco-Moghols faisaient avant. Si l'on considère les soldatsrecrutés en Afrique, ce sont soit des esclaves rachetés à leurmaître, soit des prisonniers, soit des volontaires. Les Européenss'inscrivent dans des pratiques qui existaient avant leur arrivée.Il y a de la part de l'Européen qui est poussé un peu plus loin :le colonisateur européen recrute de préférence dans les racesguerrières. Il y a une sélection, on ne va pas recruter de manièreaveugle. Ces races guerrières : c'est là qu'on allait recruterpour former des armées qui avaient préexister à la colonisationeuropéenne. Les Européens donnent une préférence aux guerrierschrétiens. Le colonisateur européen va fairecomme toute élite qui assujetti et qui met en place uneadministration pour contrôler sa population : il va diviserpour régner. «  La politique des races ».L'insertion du colonisateur dans ce qui est en place : lerecrutement est assuré par le concours des élites locales, il estimpensable que le colonisateur européen ait pu parvenir à ses finsen matière de recrutement s'il n'y avait pas le ralliement d'éliteslocales, il faut passer par ces intermédiaires. La politique desraces consiste à opposer des groupes. On oppose de manière générale,en Afrique subsaharienne, les « fétichistes » auxmusulmans. On va faire de même pour mettre en confrontation despasteurs nomades et des agriculteurs sédentaires. On va opposer lespopulations de côtes à celles des hauts plateaux intérieurs etc. L'Asie et l'Afrique d'avant lenationalisme n'ont pas d'objection psychologique au recrutementd'hommes d'un groupe ou d'une communauté pour lutter contre deshommes d'autres groupes ou communautés. Le nationalisme émerge dansle sous-continent indien dans les années 1880, pour l'Afrique et lereste du continent indien ce n'est pas avant 1920 et 1930.

En Inde c'est la solde (ce quel'on paye) pour recruter et comme salaire aux soldats qui est assezélevée et régulièrement versée pour se mettre au combat pourl'East India Company. En Afrique subsaharienne, la solde est plutôtmodeste et constitue un plus faible appât, à défaut de cela, il ya le produit du pillage et les épouses libres. Le fait pour uncolonisé de s'engager dans l'armée du conquérant est un moyen desubir la société coloniale d'une manière moins injuste. L'ordremilitaire apparaît comme moins injuste que la société coloniale.L'engagement de soldats indigènes est une possibilité d'intégrationmais aussi leur engagement peut être l'expérience de la lutte arméequi au moment de l'indépendance peut se retourner contre lecolonisateur. (Les tirailleurs algériens, corps constituétardivement, sont utilisés sur d'autres champs de bataille pour laconquête et notamment utilisés en Indochine. Ils le sont égalementà un moment où la France engage une guerre en Indochine delibération nationale. Parmi les troupes françaises il y a dessoldats algériens, marocains, africains, sénégalais, avec le reculon s'est rendu compte que les soldats algériens ont été beaucoupplus sensible à la propagande viet-min et ces soldats algériensauront été sensibilisés à l'anti-communisme et ils auront acquisune expérience.)

Tableau 6 : 1913 : findes conquêtes coloniales. Montre l'importance des effectifs engagésdans les troupes coloniales. Le 2/3 de ces demi-millions d'hommesstationnés dans les colonies sont en Asie, précisément en Inde.Pour souligner le fait qu'il y a beaucoup moins d'effectifsmilitaires stationnés dans les colonies que dans les métropoles. Auniveau des effectifs militaires stationnés, il y en a beaucoup moinsdans les colonies que dans les métropoles => montre à quel pointle coût des conquêtes a été faible. Importance des troupesrecrutées par la Grande-Bretagne et la France. L'Italie apparaîtdevant les Pays-Bas car l'Italie s'occupe de la Libye en 1913. LesAméricains sont engagés vers 1913 dans les Philippines. C'est lamoyenne qui importe : les autochtones forment 70% de l'ensembledes troupes coloniales. On peut établir des rapports : avec ceschiffres-là, en s'y appuyant, on peut se rendre compte à quel pointle colonisateur européen a su dominer à l'économie. A la veille la1GM, moins de 160'000 soldats et officiers européens contrôlent les510 millions d'individus peuplant les colonies d'Asie, d'Afrique etdes Caraïbes. Pour souligner encore plus cette disproportionnalité,on peut descendre au niveau de cas particulier : l'Inde :elle est l'exemple le plus extrême, c'est là que la démographieest la plus étoffée. 75'000 soldats britanniques gouvernent 315millions d'habitants. Dès le milieu du 19ème siècle, l'arméebritannique qui tient le continent indien est composée de 90% desoldats indiens. Dans le Congo belge, on compte moins de 450officiers européens (pratiquement pas de soldats) pour plus de 11millions d'autochtones. Si on considère les officiers, uneestimation pour l'ensemble du 19ème siècle, il n'y a pas plus de 3ou 4% des troupes régulières. C'est une pratique qui a étéadoptée de manière systématique et sur une large échelle,pratique révélatrice.

De la bonne gestions desressources humaines

Le recrutement sur une largeéchelle de soldats indigènes va être facilement justiciable dansle différentiel dans les taux de mortalité. Les médecinsmilitaires font des relevés qui mettent en avant une différence :l'écart entre les taux de mortalité que l'on recrute sur place etde ceux qu'on ramène des métropoles. Les soldats recrutés surplace ont un taux de mortalité beaucoup plus bas que les soldatseuropéens, on adopte la pratique et la pousse le plus loin possible,car cela économise des vies. Non seulement les soldats autochtonesenregistrent un taux de mortalité bien inférieur aux soldatseuropéen mais leur recrutement et leur prix de revient (leurentretien) est nettement moindre. Les Européens vont égalementavoir recours à des intermédiaires locaux et se sont non plus desindigènes que l'on recrute dans l'armée, mais des travailleurslocaux qui vont s'occuper de certaines infrastructures comme laconstruction de routes. La situation sur laquelle nous allonsdéboucher : plus une puissance colonisatrice a recours à desrecrues locales et à des intermédiaires autochtones, plus le coûtde la conquête sera faible. Il y a des différences entre lecolonisateur belge, britannique ou français etc. Mais la différenceest de prendre la peine de préparer une expédition militaire enrecourant massivement aux ressources humaines locales => baisse ducoût de l'expédition. Il y a des exemples où des expéditionsmilitaires se finissent en fiasco avec des pertes humainesinsupportables, mais c'est l'exception. Si les troupes européennes sontsi peu nombreuses, si on fait si peu appel à elles, c'est qu'on serend compte que la mortalité chez les recrues autochtones estbeaucoup plus faible que pour les soldats venus de métropole, c'estétabli depuis le début du 19ème siècle. Un indigène adulte,acclimaté à son milieu d'origine, succombe moins à des maladiestropicales qu'un européen non-immunisé. Exemple de la malaria enAfrique subsaharienne : dans les régions où la malaria estendémique, les personnes les plus vulnérables sont les enfants enbas-âge, cela révèle qu'on a chez les populations qui pendant desgénérations vivent dans un milieu où la malaria sévit, développedes défenses immunitaires. Les nourrissons bénéficientd'anti-corps alors la malaria frappe après le sevrage. Ceux quisurvivent fabriquent leur propre défense immunitaire à force d'êtreinfectés. Près de 30 piqures d'insecte par jour. Ils développentleur propre défense immunitaire et lorsque l'on compare le taux demortalité de soldats recrutés sur place aux soldats européens, onconsidère de jeunes hommes adultes. Lorsqu'on calcule leur taux demortalité il apparaît beaucoup plus faible. En Afrique occidentale,le nombre de décès au début du 19ème siècle, 9 fois supérieurchez les soldats européens que chez les militaires africains. Avecle temps, ces écarts vont devenir de moins en moins grands, mais ilssubsistent durant la première moitié du 19ème siècle. Il y aaucune hésitation à avoir avec des tels écarts. De tellesdisparités persistent jusqu'à la fin du 19ème. Dans la mesure oùtous les colonisateurs européens ne montrent pas la même efficacitéà baisser le taux de mortalité sous les tropiques. D'une manière générale, pour cequi concerne le 19ème siècle, les Britanniques et les Hollandaisont plus recours aux travailleurs indigènes que les Français.

Des Empires acquis à des prixde solde

Concerne le coût financier. Cen'est qu'au 19ème siècle, dans la seconde moitié, que l'on disposede données pour faire une évaluation du coût financier. Il fautparfois se contenter de certains registres plutôt que d'avoir unevue d'ensemble. Recruter des soldats sur place coûte moins cher àla métropole, la-dessus, nous sommes en terrain ferme, on peutavancer surement car on dispose de beaucoup de données. Au milieu du19ème siècle, le recrutement et le maintien de troupes européennesen Inde coûte 3 fois plus qu'en métropole. C'est un exemple quinous montre que transférer des troupes européenne de la métropolejusqu'à la colonie, induit un coût sur le plan humain car leurmortalité augmente, mais induit aussi un coût financier plus élevé.Il y a toute une série d'autres exemples chiffrés qui montrentqu'un soldat indigène coûte moins cher qu'un soldat européen. Celarévèle que l'écart qui existe, ne va pas se réduire avec letemps, et même va peut-être augmenter. Idée que les écarts sontimportants et qu'ils se maintiennent avec le temps. Dans le domainecolonial français : un tirailleur indochinois ou sénégalais,l'Indochine incluait l'actuel Vietnam et le Cambodge et le Laos,coûte dans les années 1870, 25% moins cher que son homologuemétropolitain. A la fin du 19ème siècle, les écarts semblent secreuser, les tirailleurs sénégalais et indochinois coûte 75% moinscher qu'un soldat français. Les données dont nous disposons pour laveille de la 1GM confirment que les écarts se sont maintenus. Pluson a recours à des soldats indigènes, plus le coût financiersupporté par la métropole est faible. Avoir recours massivement àdes soldats autochtones permet d'atteindre l'objectif d'économiefinancière. Malheur au colonisateur qui ne respecte pas cette règle. Depuis l'indépendance del'Algérie, il y a des tensions incessantes entre la France etl'Algérie, comme s'il y avaient des problèmes qui n'arrivent pas àêtre réglés, comme des plaies ouvertes qui restent béantes, carla France a utilisé des troupes métropolitaines et que la France apayé le prix du sang pour conquérir l'Algérie et aussi elle a misla main à la poche. A contrario, l'exemple de ladécolonisation de l'Inde où les Britanniques ont conquis, ont géréet sont partis en douceur pour eux (cela ne leur a rien coûté) etils sont partis du jour au lendemain. Les Britanniques ont pliébagage avec beaucoup de facilité. Ces éléments permettent decomprendre pourquoi aujourd'hui les relations entre certainesmétropoles et leurs ex colonies sont beaucoup plus apaisées qued'autres. Les écarts sont encore plusimportants si l'on considère le coût de certaines activités commele portage de matériel, et de construction de route. Si pour ce typede travail on utilisait un Français à la place d'un indigène celacoûterait 16 à 17 fois plus en Afrique subsaharienne et jusqu'à110 fois plus en Indochine. Toute expédition militaire colonialedevait respecter cette règle : pour toute activité de portageou construction de route il ne fallait jamais faire appel à desEuropéens car leur coût est dissuasif. La mort d'un indigène n'aaucun poids politique en métropole, dans la plupart des cas,l'indigène ne touche aucune indemnité de la nation conquérante. Lecoût varie en fonction du degré d'utilisation des autochtones dansles conquêtes. Données chiffrées sur lescampagnes militaires pour la seconde moitié du 19ème siècle :il faut d'abord un comptage : combien les puissancescolonisatrices européennes se sont engagés dans des campagnesmilitaires ? Environ 150. nous disposons du coût financier,dans chaque campagne, on a des estimations de leur coût. On arrive àun total entre le milieu du 19ème et le début de la 2GM, il a falludépenser entre 3 et 4 milliards de dollars courants. Il fautrapporter ça au total des richesses produites par les puissancescolonisatrices : PNB . Les campagnes militaires pour conquérirl'Afrique et l'Asie représentent 0,1 et 0,3 % du PNB. Pour certainescolonies, la métropole doit payer. Dans le domaine britannique oùl'on trouve un type d'implantation qui est la colonie de peuplement,le coût financier de la conquête et de la défense des territoiresinvestis est assumé par la métropoles dans le cas des dominions oucolonies de peuplement. Il s'agit du Canada, l'Australie et laNouvelle-Zélande et à ces 3 territoires on doit ajouter l'Afriquedu Sud où les Européens sont en nombre limités par rapport aux 3autres territoires, les Européens représentent 20%, alors que dansles autres c'est entre 80 et 90%. L'Afrique du Sud reçoit le statutde dominion ce qui implique une souveraineté intérieure avec lapossibilité de profiter de droits politiques. Le colonat blanc , lesimmigrants européens, ont le pouvoir politique de refuser d'assumerle coût de la conquête et de la gestion. Les Européens de cescolonies là vont faire assumer ce coût par les contribuablesmétropolitains (britanniques). Les colonies d'exploitation nedisposent pas comme le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Australie oul'Afrique du Sud du pouvoir institutionnel pour refuser de porter lefardeau des dépenses militaires. Exemple : guerre qui opposales Britanniques aux colonat africaners. C'est une guerre de blancs,l'armée britannique contre une fraction du colonat blanc sudafricain. Cette guerre a lieu entre 1899 et 1902 et va coûter trèscher. Le coût de cette guerre est exorbitant et il est en totalitéà la charge du contribuable britannique.

La conquête de l'Inde ne coûtepas un sou au contribuable britannique, car on puise dans lesressources humaines locales et la conquête et la gestion estfinancée par des revenus prélevés sur place.

Colonies de peuplement ont unpouvoir institutionnel de refuser de porter le fardeau de dépensemilitaires de conquête ce qui n'est pas le cas dans les coloniesd'exploitation. La conquête et la dépense de l'Inde ne coûte pasun sou à la métropole britannique. Le coût de maintien des troupesautochtones et le coût de des troupes britanniques est à la chargede l'Inde. Lorsque l'armée est constituée vers la fin de laconquête il y a très peu d'Européens, or le coût de maintien deces régiments britanniques est à la charge des Indiens. Ellesupporte aussi le coût des troupes indiennes impliquées dans desopérations de conquêtes ailleurs que dans le sous-continent indien.

Cette capacité du colonisateureuropéen à reporter le fardeau financier sur les troupes coloniséesn'appartient pas qu'aux Britanniques, il en va de même pour les lesFrançais et les Hollandais. Pour les Pays-Bas, la colonie parexcellence est l'Indonésie. Et elle obéit au même schéma quel'Inde, le coût est à la charge de l'île de Java, elle finance laconquête des Hollandais sur cette île et la population financeaussi les opérations militaires hollandaise pour la conquête dureste de l'Indonésie. Pour la France, il y a des données pour laseconde moitié du 19ème siècle qui révèlent que le coût del'expansion coloniale française n'excède pas le 6% du budget de lamétropole. La charge coloniale apparaît légère pour lecontribuable français c'est parce que le contribuable indigène payeà sa place.

Si on considère aussi les autresexpériences coloniales, on trouve des cas où le fardeau financierde la conquête n'est pas porté par les colonisés mais par lecontribuable de la métropole. Par exemple, l'Italie ne parvient pasà faire porter le fardeau de la conquête aux colonisés, lesconquêtes ruinent l'Italie. La campagne la plus tardive del'histoire coloniale européenne : l'Ethiopie sa conquête estcourte mais extrêmement coûteuse pour l'Italie. L'Italie est un casmarginal et atypique, il suffit de rappeler que les 3 grandespuissances (Grande-Bretagne, Pays-Bas et France) concentrent à laveille de la 1GM, 85% des superficies et des populations colonisées.

Dans les colonies en Asie et enAfrique, ces 3 puissances colonisatrices ont réussi à alimenter lesbudgets coloniaux par les impôts prélevés sur les populationsassujetties. Ces budgets coloniaux assurent les fraisd'administration générale et rembourse les emprunts pourl'équipement. Jusqu'à la 2GM, il y a la règle de l'autonomiebudgétaire, les colonies doivent se suffire à elles-mêmesfinancièrement. Ces budgets coloniaux sont alimentés par des impôtsprélevés sur place.

Conclusion :

Non seulement les peuplescolonisés s'asservissent eux-mêmes mais il paient encore leurpropre asservissement. Les empires coloniaux d'Asie et d'Afrique sontacquis à des prix de solde.

15 octobre

Pertes européennes et indigènes


Typologie et évaluation despertes européennes

Les soldats européens meurent parmaladie ou par le feu de l'ennemi. En fonction de l'importancenumérique des pertes militaires européennes, on peut classer dansdifférentes catégories les territoires. Les critères dedifférenciation : pertes très faibles ; pertesmoyennement faibles ; pertes importantes. Cette typologie a uncaractère rébarbatif, mais il faut passer par là mais cetteclassification ne suffit pas à elle-même, c'est pour obtenir unbilan. Cet ordre de grandeur va nous permettre ensuite de répondreen partie à la question : Combien ? Plus un territoire estcolonisés tardivement, plus les pertes européennes seront faibles,car ils disposent de techniques beaucoup plus meurtrières, ce quileur permet avec une supériorité nette de l'emporter sans grandcoût. Ces pertes militaires sont dans certains territoires et à uncertain moment très faibles. En Afrique occidentale par exemple, leprix payé par les militaires européens est dérisoire. La plusgrande partie de ces pertes est due non pas au feu de l'ennemi maisaux maladies. En Afrique orientale, les Britanniques lancent une30aine d'opérations militaires sur les hauts plateaux du Kenya,elles font une demi-douzaine de morts dans les troupes britanniques.La particularité du Congo nécessite la constitution d'une arméecoloniale numériquement forte, mais cause de pertes européennesextrêmement réduites. De 1886 à 1914, dans l'armée colonialebelge sont engagés plus de 70'000 hommes mais ne coûte la vie qu'à22 militaires européens par an durant ces années. Ce contrasteentre moyens mis en oeuvre et perte européenne s'explique par lafaçon dont est composée cette armée belge : 5 nationalitéseuropéennes différentes et grande majorité de soldats africains(2% de soldats européens). Dans ces conditions, les perteseuropéennes ne pouvaient être que très réduites. Tableau 7 résume cela. Iln'y a pas que des territoires d'Afrique subsaharienne, il y aussi lesconquêtes menées dans le Pacifique et en Asie et dans les Caraïbes. En Afrique allemande, il y a euplus de mort par le feu de l'ennemi que par maladies. Aux Philippines, les USA doiventenvoyer un nombre important de soldats américains qui meurent pourla conquête des Philippines.

Algérie : Chaque année de 1830 à 1848(phase la plus intense de la conquête de l'Algérie par lesFrançais) sont immobilisés dans ce territoire, en moyenne de 50 à55'000 hommes. Les pertes annuelles sont estimées de 7 à 9 %, soitune proportion de 1 à 13 environ. Durant la phase de conquête,l'Algérie est la cause chaque année de 3500 à 4950 décès dansles troupes françaises. Comparaison avec Madagascar, letaux de mortalité en Algérie est plus faible. La conquête del'Algérie dure beaucoup plus longtemps. Les pertes militaireseuropéennes sont très importante en Algérie car il y a unerésistance de la population locale ce qui fait que la conquêtes'étale sur plusieurs décennies jusqu'à 1857. 67 à 94'000 soldatsfrançais disparaissent dans le gouffre algérien. Il faut ajouter la durée descombats à la composition des troupes. Si l'on adopte une perspectivecomparative, le bilan des pertes militaires européenne en Algérieest particulièrement lourd. Il s'explique par la durée des combatset par l'utilisation quasi-exclusive de troupes métropolitaines. De80 à 100'000 morts de 1830 à 1857. Dans le tableau 7 il y a uneestimation basse autour de 87'000. Le prix du sang par la France estélevé de manière disproportionnée.

L'Inde : la conquête dure pratiquement unsiècle, de la bataille de Placet (1757) jusqu'à la grande mutinerieen 1857. Le bilan des pertes européennes est élevé car la conquêtedure très longtemps. Il y a beaucoup plus de pertes par maladie quepar le feu de l'ennemi. De 1757 à 1857, le nombre d'officiers et dessoldats européens enrôlés dans les troupes britanniques de laconquête de l'Inde passe de 1000 en 1757 à environ 40'000. Sachantque le taux de mortalité par maladie des troupes européennesstationnées dans le sous-continent est de l'ordre de 60 à 70%, ilapparaît que durant le siècle d'expansion de 80 à 100'000 soldatseuropéens sont emportés dans les maladies. De 8 à 10% des pertesest du au feu de l'ennemi. Pour la première moitié du 19èmesiècle, seulement 6% du total des pertes est du au feu de l'ennemi.Les pertes dues aux maladies représentent 90 à 95% du total. Letableau 7 permet d'avoir une vue d'ensemble.

C'est au Maghreb que le coûthumain de la conquête est le plus lourd, à cause du gouffrealgérien. Rapportées à la taille des populations colonisées, lespertes sont 8 à 10 fois plus élevés qu'en Asie ou qu'en Afriquesubsaharienne. Pour comparer on prend les autresguerres du 19ème siècle. Les guerres napoléoniennes, la guerre deCrimée de 1853 à 1856, la guerre de sécession et la guerrel'Anglebourg de 1899 à 1902. Ces 4 guerres font 2 millions de mortsdirectes. On prend toutes guerres coloniales et on considère qu'ils'agit d'une grande guerre. La Guerre de Crimée fait à elle seulepresque autant de morts que toutes les guerres coloniales ensemble.Le nombre de soldats européens morts sous les tropiques, dans lescolonies, ne représentent de 2,5 % des soldats morts.

La colonisation européenne enAsie et en Afrique a concerné un nombre de territoires trèsimportant. Entre 150 et 160 territoires répartis en Asie et enAfrique concernés par la pénétration coloniale européenne, or iln'y a que 3 guerres de libération nationale. Autrement dit, leprocessus de décolonisation s'est globalement déroulé de façonspacifique, par la négociation. Il ne faudrait pas que ces guerres dedécolonisation aient des prolongement. En Asie et en Afrique, ceprocessus a été obtenu par des élites locales beaucoup plus parles négociations que par les armes.

Ces guerres de libération sedéroulent sur un espace de 30 ans, de 1945 (Indochine) jusqu'en1975 (Guinée, Mozambique). On est en mesure de faire un bilan despertes militaires européennes lors de ces 3 guerres de libération :75'000. C'est sur un laps de temps beaucoup plus court. Sur 30 ans,2'500 pertes par année contre moins de 2000 de 1850 à 1913.Autrement dit, les guerres de décolonisation, ont fait plus devictimes chez les militaires européens que toutes les guerres deconquêtes en Afrique et en Asie qui se sont écoulées sur unepériode beaucoup plu longue. En somme, les pertes européennesdurant la conquête sont extrêmement limitées. Les Européens disposent d'unesupériorité évidente en terme de technique d'armement. Il faut sedemander si cela a été déterminant à chaque moment et à chaqueendroit.

16 octobre Techniques d'armement et perteeuropéennes

Les Européens disposent demanière incontestable d'une supériorité technique, mais est-ce quecette supériorité a contribué durant les phases coloniales en Asieet en Afrique a réduire le coût humain et financier des conquêtessupporté par les métropoles ? La réponse dépend de la phaseque l'on considère. Beaucoup d'auteurs et de spécialistes ont ététentés de voir dans la supériorité en matière technique desEuropéens l'explication, la plupart des auteurs privilégient cetype d'explication. Il y a une expression consacrée dans lalittérature spécialisée : l'outil d'Empire. Les Européensont pu en étant très peu nombreux, en ne connaissant pas le milieu,en s'appuyant sur des moyens limités, conquérir de très grandesportions de l'Asie et de l'Afrique à un moindre coût parce que lesEuropéens disposaient d'outils d'Empire, notamment des armesperformantes, la capacité de se mouvoir et de communiquer trèsrapidement. Pourquoi est-ce que tant d'auteursont été séduits par un argument technologique ? Parce que leshistoriens connaissent très bien cette façon de se laisser séduire,on se concentre sur la dernière phase d'un phénomène qui s'étalesur plusieurs siècles, ce qui est le plus proche de nous, on legénéralise. Les caractéristiques de la dernière phase sontétendues à tout le processus, la dernière phase se situe dans unecontrée particulière, la dernière phase se déroule en Afriquesubsaharienne et a lieu dans le dernier tiers du 19ème siècle.C'est ce qui est le plus proche de nous qui nous apparaît de lamanière la plus manifeste que l'on va, de manière abusive,généraliser. On travaille alors avec des images, des visions, maiselles sont tirées des guerres coloniales les plus tardives. C'est un côté séduisant etcommode, à partir d'un élément, on peut couvrir tout l'ensemble.L'image des guerres coloniales est souvent celle avec des touchestrès contrastées, ce qui attire ce sont les oppositions fortes.Cette image s'est limitée dans le temps et dans l'espace, c'etvalable à un moment et à un endroit précis. Selon cette vision unepoignée de soldats européens disposant d'armes meurtrièresapparaît d'un côté, de l'autre côté il y aurait une multitude desoldats indigènes mal armés et pas disciplinés avec aucune chancede survie. Certains guerres coloniales (les plus tardives) confirmentcette vision. Même s'il est difficile d'évaluer les forces enprésence, ce qui apparaît pour l'Afrique subsaharienne, les arméesindigènes ont des effectifs jusqu'à 10 fois plus élevés que lestroupes Européennes mais les pertes sont 10 à 20 fois plusimportantes. Cette image-là, ce qu'elle nous présente c'est unesurpuissance des Européens et alors si on se tient à cela il n'y apratiquement pas de défaites coloniale européenne, unedemi-douzaine tout au plus, mais ce sont ces défaites militaires deshumiliations sans lendemain, juste des accidents de parcours. On acorrigé cette image en introduisant une périodisation. Mais pour laplupart des spécialistes, les troupes européennes auraient unequasi-invincibilité. Cette quasi-invincibilité découlerait de lasupériorité des colonisateurs occidentaux dans les techniquesd'armement. Cette supériorité leur permettrait de réduire le coûtfinancier et humain de l'Empire. Exemples : Un auteur affirme que le systèmemilitaire européen ne peut être aisément copié notamment par lesgrands Empires asiatiques, dans la mesure où le système militaireeuropéen est le produit de structures économiques et socialesspécifiques. Cet auteur soutient que ce qu'ilappelle la révolution militaire joue un rôle déterminant dans lamontée de l'hégémonie occidentale dans le monde, à travers sasupériorité militaire l'Europe compense ce qui lui manque enressources humaines et matérielles. => cela manque de précision. Un autre spécialiste de laquestion affirme que les armées coloniales en outre-mer sontcapables de conquérir de larges parties de l'Asie et de l'Afrique àun coût étonnamment réduit malgré leur infériorité numériqueet leur méconnaissance relative du terrain et leurs moyensfinanciers limités. Cela s'explique par la supériorité écrasantede la puissance de feu dont dispose les Européens grâce à larévolution des armes à feu amorcée au 19ème siècle. => où etquand ? Cela manque de nouveau de précision. On a ici la thèse que l'onappelle des « outils d'Empire », sous entendu d'outilssur le plan technique dont disposent les Européens en matière detransport et de communication qui leur permettent d'assujettir degrandes portions de l'Asie et de l'Afrique à un coût dérisoirepour eux. Dans le cadre de la colonisation contemporaine, cette thèsese vérifie dans un nombre de cas très réduits. Le tableau 7 nous permet de voirquand et où les Européens subissent des pertes militairesimportantes : en Inde, en Indonésie, en Algérie et enIndochine, c'est-à-dire dans des territoires où des militaireseuropéens subissent plus de 80% de leurs pertes militaires, lavictoire des colonisateurs ne tient pas vraiment à leur supérioritédans leur technique d'armement. Mais alors où la thèse des outilsd'Empire est-elle valable ? En Afrique subsaharienne, dans ledernier tiers du 19ème siècle, dans la dernière partie du mondecolonisée. Pourquoi la victoire descolonisateurs ne tient pas réellement à leur supérioritétechnique jusqu'à la fin du 19ème siècle ? Les Européens ontcette supériorité, mais elle ne joue pas en leur faveur jusqu'à lafin du 19ème siècle. 3 éléments de réponse possibles : Les adversaires des européens ont accès à l'armement occidental, c'est le cas de l'Inde de la seconde moitié du 18ème siècle. Les colonisateurs tardent à adopter les armes les plus modernes, puisqu'il y a la révolution technique en terme d'armement que en 1850-1860, les armes les plus modernes sont fabriquées à partir de ce moment-là et ces armes ne ressemblent plus aux armes d'avant. C'est le cas dans les Indes néerlandaises, Indonésie actuelle.

Les Européens utilisent des techniques de guerre, des moyens de combat qui ne sont pas adaptés. Un protagoniste de la scène coloniale, le colonisateur qui a une supériorité en terme d'armement mais en l'utilisant ne parvient pas à la performance attendue parce que il y a des formes de combats (p.ex la guérilla) à laquelle il ne s'attend pas et à laquelle il n'arrive pas tout de suite à s'adapter. C'est le cas au Maghreb.


Le début de la conquêtecoloniale date du début du 18ème siècle, dans la seconde moitiédu 18ème on parle de grignotage, le colonisateur britannique vaavancer, mettre la main sur des portions du territoire dusous-continent indien graduellement. La technologie militaireeuropéenne est accessible aux Etats indiens. A partir du premiertiers du 18ème siècle, ce qui est en place est en train de sedéfaire, les structures impériales Moghols sont en voie de sedésintégrer. On est à ce moment-là dans une Inde qui estfractionnée en différents Etats, musulmans, hindous, etc. Ces Etatspeuvent également être rivaux et les Britanniques jouent sur cettefragmentation et ces rivalités. Mais lorsque ces Etats s'opposentpar les armes à l'avancée territoriale des Britanniques, ils ontaccès par les experts occidentaux aux armes occidentales. Les Etatsindiens vont engagés des experts français par exemple. Au début du19ème siècle, plus de 100 experts français pour la plupart formentune artillerie de campagne dont les Britanniques eux-mêmes vantentl'excellence. Mais ces nouveaux canons utilisés par des soldatsindiens, formés et commandés par les Européens, n'empêchent pasaux Britanniques de l'emporter. L'armée coloniale britanniqueconquiert le sous-continent non pas parce qu'elle est supérieure surle plan d'armement, mais par son organisation de par leur plus longueexpérience. Les Britanniques l'emportent pour les raisonssuivantes : qualité du commandement militaire

la stricte discipline imposée aux troupes

le recours à d'importants ressources financières

le soutien du gouvernement de Londres

absence d'une opposition suffisamment unie suite à la fragmentation indienne Ces différents facteursexpliquent mieux la victoire des Britanniques plutôt que lasupériorité en terme d'armement. « Le succès d'un petitgroupe de marchands et d'administrateurs européens, sur des élitesindiennes beaucoup plus nombreuses, s'expliquent par la capacité dece groupe à mobiliser plus efficacement des ressources humaines etmatérielles à la fois indiennes et britanniques »

L'armée britannique et les arméesindiennes s'affrontent en rase campagne, en batailles rangées. Onvoit apparaître derrière cette particularité la périodisation, laconquête de l'Inde se termine vers la fin du premier tiers du 19èmesiècle. Jusqu'à ce moment-là, nous sommes encore dans un « ancienrégime », on continue à s'affronter en Europe ou àl'extérieur en rase campagne dans des batailles rangées. A partirde la conquête de l'Algérie et de Java (1830), l'Europecolonisatrice va découvrir les « petites guerres », cene sont plus de grandes batailles rangées en rase campagne, cespetites guerres (1899) selon son inventeur, s'appliquent à la guerredes guérillas dans toutes les parties du monde où des arméesorganisées lutte contre des adversaires qui ne se risquent pascontre elles en rase campagne. On a des adversaires du colonisateurqui refusent le combat en rase campagne, qui mènent la lutteautrement qu'en engageant des batailles rangées. Les techniciens de la colonisationvont découvrir et vont donner une nouvelle appellation à cela :les petites guerres. Dans le passage entre l'Inde et l'Indonésie(conquête d'abord à Java 1830 et dans la seconde moitié du 19èmesiècle, la conquête concerne le reste de l'archipel) le contexteest différent.

En Indonésie, l'adversairerefuse les batailles rangées, il se retire à l'intérieur desterres inhospitalières pour le colonisateur européen, guerred'harcèlement, d'escarmouche. Contre cette manière de se battre,les Hollandais sont obligés d'imaginer de nouvelles techniques decombats, ils vont expérimenter des tactiques anti-guérillas. Cesméthodes de combats ne sont pas enseignées dans les académiesmilitaires européennes => adaptation au milieu. L'arméecoloniale néerlandaise sera réorganisée en colonnes mobiles, àl'armement léger, prête à intervenir rapidement dans une guerrequ'il faut appelée une guerre de partisans émaillés d'incidentssporadique et de coups de main : on attaque, on cible et on seretire tout de suite. En aucun cas, les Néerlandais conquièrentl'Indonésie grâce à leur supériorité technique. L'idée d'unlien entre la révolution des armes à feu et l'expansionterritoriale rapide n'est pas applicable à l'Indonésie. Il y al'adoption d'armes modernes par le colonisateur hollandais, mais elles'effectue une fois que la conquête de l'Indonésie s'est terminée.Entre 1870 et 1913, les Hollandais s'emparent du reste de l'archipelindonésien à un moindre coût c'est grâce à un changement dansl'art de mener la guerre coloniale et grâce au recrutement accéléréde troupes indigènes. C'est un facteur de réduction du coût de laconquête et non pas la supériorité en matière d'armement. Commeles Britanniques en Inde, les Hollandais profitent des rivalitésinternes pour asseoir leur suprématie, mais ils ne disposent dusoutien de la métropole qu'à partir de 1880. Avec les revenusgénérés par l'exploitation de Java, le colonisateur néerlandaisbénéficient en outre de la supériorité financière. Ce sont pources raisons que le coût de la conquête est réduit en Indonésie.

La conquête de l'Algériecommence en même temps que celle de Java et dure jusqu'à la fin deannées 1850. Elle ne s'explique pas par la supériorité techniquedes Français sur leurs adversaires. La guerre coloniale ne suitaucunes des règles traditionnelles prescrites. En Algérie il n'y apas de grandes batailles, il n'y a pas de batailles où le canon faitdes ravages, mais il y a une chasse à l'homme sans cesse renouvelée.Les Français ne peuvent vaincre leurs adversaires algériens dans cetype de confrontation, ils vont donc modifier les méthodes de guerreet ils vont accroître considérablement leurs effectifsmétropolitains. A partir de 1840, des chefs militaires optent pourd'autres méthodes de combats, ils prônent la technique de larazzia : « il faut empêcher les arabes de semer, derécolter, de pâturer sans notre permissions ». Cette unetechnique qui postule que le colonisateur ne se bat pas contre unearmée ennemie, mais contre un peuple ennemi, cette technique vadégénérer en Algérie en méthode de dévastation systématique.On a comme témoignage de ces techniques de combat, la correspondancedes officiers français. « on ravage, on brûle, on pille, ondétruit les maisons et les arbres, des combats peu ou pas ».les Français mobilisent jusqu'à plus de 100'000 hommes en 1846,c'est disproportionné par rapport à la taille démographique del'Algérie. Il y a la disproportion des forces en présence,l'effectif des troupes d'Abdel-Kader n'excède pas 50'000 hommes dansles années 1840, alors que les Français mobilisent 2 fois plus desoldats métropolitains. Dans le cas algérien, ce qui frappe c'estl'importance de la supériorité numérique de l'armée française.En Afrique subsaharienne il a toujours plus de combattants chez lesadversaires du colonisateur européen, mais en Inde et en Indochineles armées métropolitaines sont aussi plus nombreuses mais avec unécart moins frappant. Il y a donc de nouvelles méthodes de guerresexpérimentées, appliquées de manière brutale sur les algériens.Ces méthodes sont reprises en Afrique subsaharienne. Le colonisateursait désormais comment anéantir l'adversaire en misant sur larapidité et la mobilité de colonnes légèrement équipées, ilconnaît en outre les méthodes employées pour assujettir un peuple.Par exemple le colonisateur allemand en Tanzanie dans les années1890 voit une résistance farouche et il applique la politique de laterre brûlée en se concentrant sur la population civile et sur lesterres fertiles, pour empêcher les récoltes afin de briserl'adversaire en l'affamant. En Namibie actuelle, les Allemand à lafin du 19ème, vont exercer sur les populations de ce territoire uneviolence extrême ayant pour but de détruire les populations quirésistent à l'emprise coloniale. Ordre d'extermination en octobre1904 selon cet ordre, « à l'intérieur de la frontièreallemande, tout Herrero (membre de la communauté africaine quimontre la résistance la plus acharnée) avec ou sans fusil et avecou sans bétail sera assassiné ».

Cette révolution du dernier tiersdu 18ème fait de la conquête de l'Afrique subsaharienne un épisodetrès particulier. Cette révolution donne un pouvoir de destructionau colonisateur européen incomparable. Les innovations techniquescommencent dans les années 1850-1860 mais surtout 1870 toute unesérie d'innovation permet d'améliorer la portée, la précision etla densité du tir d'armes à feu. Dans les années 1880, unemitrailleuse maniable et plus performante fait son apparition et elleest capable de tirer 11 coups à la seconde. A ce moment-là, lesarmées coloniales européennes en Afrique subsaharienne disposentaussi d'une artillerie légère et mobile. L'armement européenatteint un degré de complexité technique et industrielle qu'ildevient inaccessible aux indigènes. Les adversaires des Européensauront a surmonter un autre obstacle : le coût élevé desnouvelles armes à feu, jamais dans le drame colonial, ledéséquilibre entre les acteurs n'aura été aussi grand. C'est surla base de ce déséquilibre qu'a été fondée cette image, face àla puissance de feu européenne, les armées africaines sontdécimées. En octobre 1893, une colonne de 50soldats anglais affrontent 5000 guerriers locaux, en une heure etdemi, 3000 assaillants africains sont tués. En 1897, un détachement composéde 32 européens appuyés par 507 soldats africains équipés decanons, de mitrailleuses contre 31'000 hommes. En septembre 1898, au Soudan, ungénéral britannique à la tête de 25'000 hommes contre 40'000locaux, après 5 heures, il y a 40 victimes européennes et 11000victimes soudanaises. Il n'y a plus de défaite militaire européennedans les contrées d'outre-mer. A ce moment-là on a de tellesdisparités entre les niveaux que effectivement les outils d'Empirecontribuent à réduire le coût de la conquête. Mais pas avant etpas ailleurs. Le problème avec cette thèse c'est que l'ailleurspèse beaucoup plus lourd dans la balance. Avant l'Afrique au Sud duSahara, 80% des pertes militaires européennes arrivaient dans desendroits où les Européens avaient une supériorité en termed'armement. 22 octobre

Le colonisateur gagne les guerresde conquête d'une façon générale, non pas parce que l'Européendispose d'une surpuissance sur le plan d'armement mais grâce àd'autre facteurs : meilleures capacités organisationnelles ;adaptation des techniques de combats à un contexte nouveau ; eten Asie un large recours aux recrues indigènes ; et en Algériel'engagement de nombreuses troupes métropolitaines. La cause principale des perteseuropéennes, 90% des pertes militaires européennes sont dues aumaladies, ce qui confère à la question de l'armement une importancesecondaire dans le calcul du coût de l'Empire. Les guerres coloniales d'avant lapénétration européenne en Afrique subsaharienne revêtent unecertaine forme : elles sont des campagnes contre la nature. Unchef africain après la défaite des britannique contre son royaume :« l'homme blanc apporte son canon contre la brousse, mais labrousse est plus forte que le canon ». Les maladies sont en Asie et enAfrique les plus sûrs alliés à ceux qui résistent à lacolonisation européenne, un exemple dans les Caraïbes : leschefs nationalistes cubains en lutte dans les années 1880 contre lecolonisateur espagnol ont coutume de dire que juin, juillet et août(période de la fièvre jaune) sont leurs meilleurs généraux.

Transports, communication etcoût de l'empire

Dans l'esprit des auteurs quiavancent la thèse des outils d'Empire, qu'est-ce que les transportset les techniques de communication facilitent ? Cela diminue letemps de transports et de communication, or l'établissement de cesréseaux modernes de transports et de communication ne contribuentpas à réduire le coût car l'établissement de tels réseauxn'accompagnent l'expansion coloniale que dans des cas limités. Leschemins de fer, les bateaux à vapeur, les télégraphesn'apparaissent qu'après les années 1880, au moment où lescolonisateurs européens s'engagent dans le partage de l'Afrique.Dans les autres endroits, la conquête est en phase d'achèvement oudéjà terminée. En Algérie en 1862 il y a des voies de chemin defer construites. L'Inde est le premier territoired'Asie à être équipé avec le rail. Les premières lignesferroviaires en Afrique sont ouvertes aux 2 extrémités du continent1857 en Egypte et 1864 en Afrique du Sud. A Cuba en 1837, lespremières voies ferrées sont construites. Ce n'est pas parce que les lignesde chemin de fer dans le processus de la colonisateur sontconstruites tardivement (après les conquêtes), que ces lignes nesont pas relativement précoces. Le premier train qui a circulé enSuisse date de 1847, au même moment où le réseau ferroviairecommence à être mis en place dans les Indes britanniques. Doncelles peuvent être considérées comme relativement précoces. Cesréseaux sont mis que lorsque la conquête prend fin ou est déjàterminée. En Asie il y a qu'un seul cas oùil y a une concomitance : en même temps que l'on construit lespremières lignes de chemin de fer et qu'il y a la phase coloniale etc'est en Indochine. C'est la même chose pour lanavigation à vapeur et les télégraphes, pas avant 1870-1880 queles armées européennes peuvent bénéficier de la réduction de ladurée du trajet par mer jusqu'en Asie. La durée du trajet entre l'Europeet l'Inde avant la mise en service de premières lignes de navigationà vapeur (le colonisateur britannique ne bénéficie pas de cetavantage au moment de la conquête) : avant la navigation àvapeur il y a les bateaux à voile, un bateau à voile doit passerpar le Cap de Bonne Espérance et met environ 2 ans pour boucler letrajet. Au milieu du 19ème siècle, au moment où les premiersnavires à vapeur assurent la liaison entre Londres et Bombay, lenavire à vapeur met 1 mois. L'ouverture du canal de Suez permet deréduire la distance de 40% soit un gain de 3 semaines pour relierLondres et Bombay. Avec de tels progrès, les Européens résidant enInde coloniale pourront rentrer une fois par année chez eux, ce quin'était pas le cas avant compte tenu de la durée du trajet parbateau à voile. Quant au télégraphe, il atteintsa pleine utilité après les années 1870, ni en Algérie, ni enInde, on ne pourra bénéficier des avantages de cet outil. En 1830,transmettre un message de Paris à Alger et avoir une réponse prendde 3 à 5 semaines. L'Algérie se caractérise comme colonie par sonextrême proximité de la métropole. Jusqu'au début du 19ème siècle,une lettre postée d'Angleterre met 6 à 8 moins pour parvenir enInde et il doit attendre 2 ans pour avoir une réponse. Cesconditions durent jusqu'aux années 1870, on peut imaginer le degréd'autonomie des troupes coloniales. Le télégraphe électrique varévolutionner tout cela. L'installation de câbles télégraphiquesintercontinentaux date des années 1860. en 1861 la liaison entre laFrance et l'Algérie est assurée, en 1865 Londres peut communiquerpar télégraphe avec l'Inde. Dans les années 1870, le télégrapheconnecte toute l'Europe à l'Asie et à l'Amérique du Sud. Letélégraphe permet de communiquer entre Londres et Bombay en unesemaine et à partir de 1870 on peut avoir une réponse le mêmejour. Après la 2GM, le réponse arrive après quelques secondes. Ces outils d'Empire, enl'occurrence les techniques de communication et de transport vontrelier plus étroitement la métropole à ses colonies, et vontpréparer la phase de l'exploitation économiques des colonies. Lestechniques sont efficientes mais jouent un rôle après les conquêtescoloniales et ne sont pas en mesure de nous faire comprendre lecaractère réduit du coût de l'Empire. Durant le dernier acte de lacolonisation contemporaine (conquête de l'Afrique subsaharienne) quele conquérant européen ouvre des lignes de chemin de fer et ouvredes lignes télégraphiques en même temps qu'il colonise cette zone.La conquête coloniale européenne en Afrique subsaharienne date desannées 1880-1890 et s'achève à la veille de la 1GM, en Afriqueoccidentale, la construction des premières lignes de chemin de ferdate de 1879-1885 pour relier Saint-Louis à Dakar, il y a doncconcomitance. De la même manière que les techniques modernesd'armement sont utilisées dans le cadre des colonisation en Afriquesubsaharienne. La thèse des outils d'Empire n'est valable que pourcette région et au dernier tiers du 19ème siècle. L'autre ligne qui remonte lefleuve Sénégal jusqu'au Niger date de 1881 jusqu'à 1906. En Angolaet au Mozambique 1889. Au Ghana, 1901. Les locomotives ouvrent lavoie aux conquêtes. La colonisation est facilitée par le rail, lesnavires à vapeur et le télégraphe sont mis en Afriquesubsaharienne au service des armées coloniales européennes. L'utilisation des techniquesmodernes de transports et de communication combinées à la puissancede feu des Européens réduit le coût des conquêtes en Asie et auMaghreb, la mise en place de réseaux modernes contribue àconsolider les conquêtes qui sont en voie d'achèvement. Cesnouveaux réseaux vont lier plus étroitement les colonies à lamétropole.

Pertes militaires et civilesindigènes

Les pertes induites par la traitenégrière atlantique datent d'une phase qui précède de beaucoup laconquête coloniale. On ne considère donc pas ces pertes humainesdues à la traite atlantique car ne sont pas liées aux conquêtescoloniales. La traite et l'esclavage sont interdits avant la phase dela conquête coloniale (au plus tard en 1880 au Brésil et à Cuba). Les pertes indigènes sont surtoutafricaines et asiatiques. Il y a 2 types de pertes : les pertes militaires

les pertes dites civiles Les pertes militaires sont cellesdes soldats recrutés dans les armées du colonisateur. Il y aégalement des pertes militaires parmi les autochtones qui résistentà la colonisation les armes à la main. Les pertes civiles sontcelles provoquées au sein de sociétés indigènes dont lesfondements sont touchés par l'éruption du conquérant européen. Ilfaut faire une différenciation entre ces 3 types de pertes. Ons'attarde sur les pertes civiles, avant on a insisté sur le fait quela conquête coloniale en Amérique et dans le Pacifique, ébranleles fondements démographiques des sociétés en place mais dansbeaucoup de cas les détruisent. Or ce n'est pas le cas en Asie et enAfrique. Les fondements démographiques des sociétés coloniséessont menacés et ébranlés, mais il y a dans tous les cas unrelèvement des populations. Qui plus est à terme, la colonisationeuropéenne induit en Asie et en Afrique un accroissement de lapopulation. La différence se trouve au niveau des structurepré-coloniales en place, en Amérique et dans le Pacifique, cesstructures ne tiennent pas le choc. C'est un facteur dedifférenciation important à retenir. Tableau 8 : entre le milieudu 18ème et l'entre-deux guerres, le bilan des pertes s'élève de90'000 à 100'000 morts. On utilise les mêmes sources que pour lespertes militaires européennes : il faut connaître lacomposition des troupes militaires régulières. Ce tableau révèleune répartition géographique: 2/3 des pertes en Asie, 1/5 enAfrique subsaharienne et 1/10 au Maghreb. En Asie les colonisateursont très souvent recours aux recrues indigènes. En Algérie il n'ypas eu de recrutement dans les troupes indigènes. Les pertesmilitaires indigènes sont moins élevées que les pertes militaireseuropéennes sont dues au fait déjà du cas de l'Algérie et aussique la mortalité due aux maladies sont inférieures que chez lesEuropéens. La guerre de guérillas ne permetpas de différencier les pertes dans les partisans et au sein despopulations civiles. La conquête coûte très cher envie humaines à ceux qui résistent aux colonisateurs. Celas'explique en partie par le fait que les Européens appliquent desméthodes de guerre très meurtrières. 2 exemples extrêmes :là où les Européens ont voulu faire des colonies de peuplement etont échoué. En Algérie et la Namibie : dans ces 2 territoiresles guerres de conquêtes ont l'objectif de faire place nette pourpermettre aux Européens d'occuper les terres et de faire de cesterres des terres de l'homme blanc. Ces conquêtes sont donc trèsmeurtrières. En1841 en guerre de conquête de l'Algérie, Alexis deTocqueville a pris des positions dans différents discours où levoit porter une appréciation sur la conquête des Français enAlgérie. Tocqueville est un partisan de la manière forte enAlgérie : «en ce moment nous faisons en Algérie la guerred'une manière plus barbare que les Arabes eux-mêmes ». Durantl'actuelle Namibie dans l'une des dernières guerres coloniales, lestroupes allemandes élimine tous les membres de la communautéadverse sans distinction d'âge et de sexe. On peut compléter letableau mais il faut les considérer comme très fragile, on ne peutpas aujourd'hui évaluer correctement l'ampleur des pertes militairesau sein des partisans, des troupes asiatiques et africaines quirésistent à la colonisation européenne. La conquête coûte très cher envies humaines à ceux qui résistent, les guerres de conquête enInde, à Java, en Ethiopie. En Inde il y a 8 à 10 fois plus devictimes chez les indigènes que chez les Britanniques. A Java il y a200'000 morts parmi les rebelles et les villageois, impossible defaire une distinction. Au Mozambique la guerre coûte plus de 100'000morts. En Ethiopie 260'000 morts au sein des troupes opposées auxcolonisateurs. Les guerres coloniales sont particulièrementmeurtrières, en raison des méthodes guerrières adoptées par lesEuropéens ou en raison de leur puissance de feu.

Les mouvements de résistance :partout la conquête a pour corollaire la résistance. Expérience demodernisation défensive : les grandes figures de la résistancechoisissent de combattre les Européens avec leurs propres armes,elles vont entreprendre des réformes essentiellement militaires.Nous ne connaissons pas les noms de ces grandes figures. Les réformesmilitaires ont pour but de fabriquer sur place les armes les plusmodernes, on stimule une activité industrielle avec la collaborationde conseillers, de déserteurs, de prisonniers européens, certainsleaders de la résistance vont mettre en place des activitéséconomiques comme des fonderies ou des manufactures textiles pourhabiller les troupes. L'expérience la plus célèbre a lieu de 1825à 1861 à Madagascar. C'est plus qu'une expérienced'industrialisation défensive, c'est un essai de la rénovation dela société pour repousser l'envahisseur. Cette expérience estcomparable à d'autres tentatives d'industrialisation au Moyen-Orient(Turquie, Egypte) et en Amérique latine (Brésil) car sont soumis àune pression extérieure des Européens. Si ces projets n'atteignentpas leurs objectifs c'est que le temps et les ressources ont manquépour les sociétés sont mises à mal par une agression étrangère.

Il est admis généralement quel'une des conséquences sur les sociétés indigènes est ladépopulation. On s'attendait comme dans le Pacifique et dans lesAmériques à un décrochage démographique. Les raisons de croire àune régression démographique en Asie et en Afrique pouvaient êtretrouvées dans la violence des guerres de conquêtes, la propagationde maladies peu répandues, par l'exploitation des populations. Pourla plupart des témoins et des acteurs de la colonisation, ladépopulation a un caractère inéluctable. Théodore Roosevelt tientles propos suivants en 1909 : « tout compte fait,l'expansion ds races blanches a été porteuse d'avantages durablespour les peuples arriérés même si certains s'éteignirent,incapable de faire face à la civilisation ». On devrait doncenregistrer des décrochages démographiques, des baisses rapides etsignificatives de la population, or cela n'intervient que danscertains cas. Cela n'intervient que dans un premier temps. Danscertains cas, en Algérie par exemple, il y a des épisodes dedécrochage démographique au Congo aussi, mais cette dépopulationn'atteint pas l'ampleur de l'écroulement démographique en Amériqueou dans le Pacifique. Dans un deuxième temps, ces populations serenouvellent. Il y a donc 2 différences avec l'Amérique et lePacifique : Il y a décrochage démographique dans certains cas mais à une échelle très réduite.

La colonisation induit à terme un accroissement de la population. Dans d'autres cas, en Asie :Inde, Java, la colonisation aggrave la mort classique. Les maladiesconnues depuis longtemps en Asie prendront l'allure d'épidémies auxpremières heures de la colonisation, du aux brassages depopulations. Dans ces cas asiatiques, il y a des crisesdémographiques aiguës au début, cela consiste à la diffusion surune aire géographique beaucoup plus larges de maladies quisévissaient déjà. Les maladies vont frapper à une échelle plusgrande. Qu'il s'agisse de cas où l'on note un décrochage ou qu'ils'agisse de crises démographiques aiguës, la phase de régressionou ralentissement démographique est presque toujours temporaire,souvent suivie d'une seconde phase de relèvement. Il y a en Asie eten Afrique coloniale, un renversement des tendances qui débouche surun accroissement de la population dont les conséquences se fontsentir dès l'entre-deux guerres en Algérie et après la 2GM enAfrique subsaharienne. Au début de la phase desindépendances, ces territoires sont accablés par une population quis'accroît trop rapidement. La colonisation engendre à terme unprocessus de croissance rapide des populations indigènes marquéesau début par des crises démographiques. A l'origine de cesdémographies galopantes, il y a le passage vers le milieu du 19èmesiècle de la médecine d'émigration. A partir du milieu du 19ème,la médecine d'émigration va passer à un projet plus ambitieuxd'encadrement médical des sociétés indigènes. La deuxième phasede la médecine d'émigration est l'extension aux populationsindigènes. Pourquoi cette médecine européenne va s'occuper des populations indigènes ? Car on se rend compte que la santé etla vie des Européens ne peuvent être sauvegardée sans que desmesures sanitaires soient mises en place aussi pour les populationsindigènes. Les populations locales se trouvant sur le passage detroupes européennes sont vaccinées. Pour préserver la vie dessoldats européens, on va étendre la couverture médicale auxpopulations indigènes. Une deuxième raison : à partir de 1850surtout en Asie et au Maghreb, sont ouverts de grands chantierscoloniaux (chemins de fer, plantations, etc) et il faut préservercette main d'oeuvre de disette et de décrochage démographique. Lespremières mesures sanitaires et médicales sur les populationsindigènes servent de justification à la présence descolonisateurs. Un maréchal français : « laseule excuse des colonisateurs est le médecin ». Il y a d'abord pour ce quiconcerne les pertes civiles indigènes des crises démographiques,surtout en Asie (Inde, Java, Indochine française) soit il y a auMaghreb et an Afrique subsaharienne des décrochages démographiquesqui se situent sur une faible échelle comparée aux expériencesprécédentes en Amérique et dans le Pacifique. Quelque chose qui audépart est menaçant, ébranle les fondements démographiques enplace, mais à terme n'a pas autant d'impact que prévu. Dans unsecond temps il y a un relèvement. Autrement dit, en Asie et Afriquecoloniale, il y a une capacité des populations de se relever. Cetteconsistance au niveau de la base démographique, se retrouve auniveau des structures économiques et sociales. En Indonésie, Java et dans l'exIndochine française la colonisation engendre à terme une croissancede la population, mais qui en premier lieu il y avait des pousséesde mortalité dues à la première phase d'occupation. Lacolonisation même si dans ces territoires asiatiques cause au départdes crises démographique, celles ci n'induisent pas une baisse de lapopulation, mais une baisse de la croissance. De temps en temps il estintéressant de considérer un cas, car il est représentatif (Indeest la plus grande colonie en Asie) et peut mettre en lumièrecertains aspects. Il faut d'abord faire une série de constatationsdans le cas de l'Inde qui peuvent être troublantes : la mortalité des Indiens atteint son plus haut niveau non pas au moment de la conquête mais dans la seconde moitié du 19ème siècle, au moment où le colonisateur s'efforce d'étendre à toute la population indienne des mesures sanitaires médicales. La mortalité est la plus élevée durant la phase où les Britanniques étendent à la population colonisée des mesures sanitaires et médicales.

Lorsqu'on enregistre des mortalités hautes, on se rend compte qu'elles sont dues que pour une très faible part aux grandes famines. Leur succession dans la seconde moitié du 19ème siècle, on les qualifie de grandes car très meurtrières. Elles datent des années 1860-61 ; 1866-67. il y a les épidémies de la fin du 19ème (peste et grippe espagnole), les statistiques médicales coloniales révèlent que les hautes mortalités ne sont pas dues à cela. A l'origine de 90% de la forte mortalité indienne il y a des maladies qui ne sont pas importées. Ces maladies sont des maladies respiratoires (tuberculose, malaria, etc). Si ce ne sont pas les maladies importées ou les grandes famines qui expliquent les graves crises de l'Inde, ce sont ces maladies respiratoires qui sont endogènes qui sont déjà là. L'explication se troue dans le fait que la colonisation britannique généralise. C'est à dire que la colonisation va donner à ces maladies anciennes une portée nationale. Ellles avaient auparavant une portée régionale, mais le colonisateur contribue à généraliser la diffusion au niveau du sous-continent de maladies endogènes. C'est ce qu'on appelle la modernisation sous la houlette du colonisateur britannique qui implique la construction d'un système d'irrigation étendu, d'un grand chemin des fer, des masses humaines. La colonisation britannique induit une intensification des échanges, la croissance industrielle. La colonisation britannique en Inde va rompre des équilibres régionaux anciens. La colonisation va mettre à mal des structures traditionnelles et provoquer un brassage sans précédent des populations et des bouleversements environnementaux. Les masses indiennes sont exposées à des maladies dont la diffusion s'effectue sur une grande échelle.

On voit que dans le cas de l'Inde,la conquête coloniale, les premières phases de pénétration,l'impact sur les effectifs humains n'est pas évidents. Il y ad'autres cas (Algérie) où ce lien est manifeste. Il n'y a aucunehésitation, on retrouve un schéma connu : les débuts de lacolonisation induit des bouleversements tels que les effectifshumains en place ne supportent pas le choc => dépopulation. Laconquête est longue en Algérie, les structures socio-économiquesen place sont bouleversées, entre 1830 et 1870 on enregistre unebaisse de la population de 15 à 20 %. La dépopulation a lieu maissur une moindre échelle que dans d'autres cas (Amérique,Pacifique). Le moment critique sont les années 1867-68, à ce momentlà le processus de décrochage est du pour les témoins de l'époqueaux sécheresses, au vols de sauterelles, aux épidémies, à laconquête coloniale brutale. À ce moment-là beaucoup ont cru quel'Algérie allait suivre l'exemple américain ou océanien. Or lapopulation algérienne se relève à partir des années 1870, d'abordmenacée la population se relève au point que à partir des années1930 on considère que la population algérienne s'emballe etrétrospectivement on peut dire qu'elle s'est mise à partir de cemoment-là à augmenter trop vite. A un moment donné, la croissanceva dépasser la capacité du pays et des ressources en place desupporter cette croissance. Aujourd'hui l'Algérie est connue poursouffrir d'une surcharge démographique.

En Afrique subsaharienne, onenregistre des régressions démographique dues au choc colonial.Cette régression est datée entre les années 1890 et l'entre-deuxguerres. Exemple de l'ex Zaïre, Congo où la régressiondémographique serait de 30 à 50%, la population aurait diminué de15 à 20 millions à 10 millions. Lien direct entre la colonisationet le choc démographique. En Namibie il y a également undécrochage, ici ce sont les techniques de conquête extrêmementdures pour briser la résistances des populations locales qui causeune chute démographique de 60 à 70% de la population.

Le tableau 8 tire un bilan despertes dites indigènes. Il s'agit de tous les types de pertes :militaires et civiles, durant les phases cruciales de la conquêtecoloniale. Ces pertes sont élevées. Les populations civilessupportent environ 95% du total des pertes indigènes. Les pertesmilitaires sont minimes par rapport aux pertes des populationsciviles. Le coût des conquêtes coloniales est supporté par lespopulations civiles. Certaines population du Maghreb et d'Afriquesubsaharienne sont ébranlées dans la structure de leurs fondementsmais pas en Asie. On a en arrière-plan un facteur de différenciationqui est les écarts de niveau de développement des économies. Si ona un écroulement démographique dans les Amériques et le Pacifique,c'est que les populations n'avaient pas atteint un niveau suffisantpour supporter le choc colonial. La densité de population aégalement un rôle, mais surtout la consistance des structuressocio-économiques en place. Certaines populations s'effondrentrapidement, d'autres résistent et soutiennent le choc, conserventles structures qui sont en place. Le colonisateur doit composer avecce qu'il trouve dans ce cas-là. Là où les populations sontfragiles, où les structures sont vulnérables, il se passe quelquechose que l'on ne retrouve ni en Asie ni au Maghreb et en Afriquesubsaharienne. Le bilan global des pertesindigènes durant les conquêtes se révèle être très lourd. Ildépasse de très loin celui des pertes militaires européennes. Sion met en parallèle les pertes indigènes provoquées par lesconquêtes et les pertes indigènes provoquées par les guerres dedécolonisation on peut voir que les guerres de décolonisationprovoquent le décès 800'000 indigènes. Quels que soient les termesde comparaison, les pertes indigènes durant les conquêtes serévèlent être très lourdes. Les phases de constitution et dedissolution des Empires exercent des effets démographiques trèsdifférents. Au début des Empires, on a une fragilisation oudestruction partielle des populations avec modification del'environnement économique et social, alors que la décolonisationdonne lieu surtout à des déplacements de populations qui touchentde 1945 à 1975 près de 30 millions de personnes en Asie et enAfrique, soit autant d'individus déplacés qu'après la 2GM enEurope.