Globalisation et modes de développement dans les « tiers-mondes »

De Baripedia


Nous arrivons à un paroxysme de la deuxième mondialisation qui s’étend de 1945 à nos jours. On voit les tiers-mondes être des partenaires actifs et non passifs.

Les pays émergents

Avec les pays émergents, on se situe dans l’héritage du pacte colonial. Concernant l’industrie extractive dans les tiers-mondes, il y a peu de transformations qui se font sur place. Désormais, le rapport de force s’est transformé avec l’émergence d’une concurrence entre acheteurs, il n’y a plus uniquement les pays occidentaux, mais aussi les pays émergents. Chacune de ces nations a intérêt à sécuriser ses approvisionnements, c’est un moyen pour les producteurs de faire jouer la concurrence.

Cependant, le bilan est à nuancer, car à côté de cette situation beaucoup plus favorable, il y a toute une série d’éléments négatifs. On produit de la matière première qui n’est toujours pas transformée sur place. Cela ne crée pas une croissance cumulative. Les pays émergents restent spécialisés dans une monoproduction d’exportation. Une grande partie de ces industries sont étrangères ce qui fait que les profits sont expatriés et redistribués aux actionnaires du monde occidental. Toute la technologie nécessaire à l’extraction provient des pays occidentaux avec les techniciens compétents, les locaux n’apprennent pas à dominer cette technique. Enfin, certaines ressources sont limitées et une fois épuisées poseront de nouvelles questions de développement, comme le pétrole. Certains pays extracteurs en profitent pour se développer notamment en stimulant d’autres secteurs, tandis que d’autres allouent leurs ressources de très mauvaise manière.

Évolution des grands secteurs économique en chine 1978 2004.png

Il y a une envolée de l’industrie manufacturière (textile électronique électroménager, informatique, etc.) avec des capacités concurrentielles très fortes. Les pays émergents comme la Chine ont écrasé certains marchés comme celui du textile. Des pays ont développé de nouveaux secteurs avec l’avantage d’une main-d’œuvre meilleure marché. Il y a aussi une envolée du secteur des services. Les services sont à l’origine de la réindustrialisation. La montée des classes moyennes avec des besoins de consommation dans les pays émergents a permis de stimuler la croissance. On assimile toujours les pays émergents des tiers-mondes aux nouveaux pays industriels et on laisse de côté la dynamique des services qui est au moins aussi importante que la dynamique de l’industrie.

Pays emergents change per capita gdp 1953 2001.png

Les pays émergents ont cinq caractéristiques. Ce sont ceux qui ont le mieux réussi la modernisation de leur économie à partir de l‘industrie manufacturière et des services :

  1. fort taux de croissance du PIB : la richesse progresse à toute vitesse ;
  2. niveau relativement élevé d’industrialisation : capacité des industries nationales à transformer et à créer de la valeur ajoutée, c’est une composante de la compétitivité ;
  3. une forte exportation des produits industriels : ce n’est plus dans le cadre du pacte colonial ou dans sa continuation, mais dans le cadre d’exportations conquérantes, il faut aller à la conquête des marchés extérieurs.
  4. fort taux d’ouverture économique vers l’extérieur : pas de protectionnisme, car des avantages comparatifs bien trop supérieurs. Ce sont des pays qui ont guéri leur complexe et ont décidé de faire une croix sur l’héritage du pacte colonial
  5. ce sont des pays avec un marché intérieur en expansion : lié à la croissance démographique.

Qui sont les pays émergents ? Ce sont le Mexique, le Brésil, l'Argentine, le Venezuela, la Colombie, le Chili, le Pérou, la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, Taïwan, l'Indonésie, la Thaïlande, Hong Kong, la Malaisie, le Pakistan, les Philippines, Singapour, la Russie, la Turquie, la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, l'Afrique du Sud, l'Égypte, Israël et l'Arabie Saoudite. Certains pays pétroliers tentent de se diversifier, mais leur unique source de richesse constitue une faiblesse à terme.

Cartes des pays du BRICS.

L’origine du terme BRIC provient de l’idée de créer un produit financier à base d’investissement Brésil, Russie, Inde, Chine et d'Afrique du Sud. C’est un concept pour désigner une bonne aire de placement financier. Aujourd’hui dans les BRIC, la crise économique est partiellement résorbée grâce à un marché intérieur incarné par la classe moyenne qui prend le relais des exportations en consommant. C’est une sécurisation économique considérable.

Les BRICS sont passés de la fragilité à la force, ils ont une durabilité, c’est quelque chose qui va continuer à changer la face du monde dans les années à venir. Au milieu de la pyramide des âges chinoise, il y a une immense proportion d’adultes avec très peu d’enfants et de vieillards à charge ce qui va engendrer des nouveaux défis sociaux.

La mercantilisation de l’agriculture

L’émiettement des terres est provoqué par une forte pression démographique. Il y a une saturation des terres. 62% des fermiers sont dans la misère à cause d’une taille d’exploitation critique qui, avec la pression démographique, devient difficilement divisible. Les solutions agricoles classiques ne peuvent plus fonctionner.

Les OGM ont été considérés comme une potentielle solution à l’explosion démographique afin d’adapter les productions au nouveaux enjeux démographiques. Les premières plantes transgéniques ont été mises sur le marché aux États-Unis en 1995. En 1998, Novartis les mets sur le marché européen à savoir le maïs et le soja. L’objectif dans un premier temps et de les rendre résistantes aux herbicides, mais aussi pour résister aux attaques des insectes. Les OGM permettent un accroissement de la production agricole de 20 à 25% qui absorbe une partie de la pression démographique.

Cependant, il n'y a pas de réelle connaissance des effets des OGM sur l’organisme humain, on crée même des OGM médicamenteux plus riches en vitamine. D’un point de vue écologique, c’est une question qui n’est pas évidente. D’autre part, cela coûte très cher notamment en termes de recherche et développement. Cela permet de créer un marché qui creuse les inégalités entre agriculteurs. Les petits paysans ne peuvent se permettre d’acheter ces nouvelles cultures. Ainsi, un écart se creuse entre les paysans.

Il y a un nouveau développement de l’agriculture d’exportation. Au cours des vingt dernières années, des centaines de millions de familles paysannes sont passées d’une agriculture de subsistance à une agriculture commerciale qui leur permet de subvenir à leurs besoins. C’est la fin de la saturation de la production avec la montée des classes moyennes dans les produits tropicaux. Cela accentue le principe d’une compétition pour la terre insécurisant la survie des gens sur l’alimentation de base.

Au Vietnam, le rapport entre population et terre disponibles est très tendu notamment à cause d'une population en croissance. C’est pourquoi les vietnamiens sont partis dans les zones de montages pour y développer des plantations de thé. Des paysans ont été envoyés depuis les deltas saturés vers les zones de plantation. À la fin du XXème siècle, le Vietnam importait son café, aujourd’hui c’est le troisième exportateur mondial de café.

Est mis en place une agriculture spéculative qui permet de sécuriser son existence. Cependant, le paradoxe est que le paysan vend sa production pour acheter sa nourriture. Une grande proportion des paysans des pays du sud ont basculé vers ce type d’agriculture. Il faut noter que l’agriculture des pays des tiers-mondes n’est pas concurrentielle avec celle des pays riches. Au Vietnam, les exportations de riz se sont arrêtées déclenchant une panique en chaîne sur les marchés internationaux alimentaires. C’était une pénurie artificielle.

Ce genre de procédé permet le développement tant que le cour du produit ne s’effondre pas et les paysans ne parient pas sur une monoculture. Cela marche en termes économiques et sociaux, mais les paysans sont plus précaires.

Les aides à l’agriculture dans les pays développés et l’OMC peuvent se caractériser par deux types d'aide. Le fond alimentaire mondial approvisionne les pays des tiers-mondes en nourriture à partir de stocks en Europe et aux États-Unis. C'est une distribution des céréales européennes et nord-américaines. Ce fond est considéré par beaucoup comme empêchant le développement de l’agriculture africaine. C’est-à-dire qu’il y a une tension sur le marché alimentaire et cela empêche le développement des agricultures africaines, car l’arrivée des denrées occidentales ne permet pas aux paysans de créer un dynamique productive ; au contraire, cela crée une distorsion de concurrence. La PAC est la politique agricole commune, l’agriculture des pays occidentaux est subventionnée et en surproduction. Le premier budget de l’Union européenne est la PAC.

Les modèles de développement

« Dans son rapport La qualité de la croissance (2000), la Banque mondiale met en avant les aspects suivants: les investissements dans l’éducation (…) qui favorisent la croissance durable et améliorent les perspectives des pauvres ; la sauvegarde de l’environnement qui passe par des prix plus élevés et des droits de propriété mieux définis pour les ressources rares ; une croissance régulière, préférable à des à-coups, surtout pour les pauvres, les premiers à être touchés par les crises ; la lutte contre la corruption qui mine la croissance et retarde le développement. »

Ces vingt dernières années, il y a eu l’idée de travailler au désendettement des pays des tiers-mondes pour retrouver une croissance plus harmonieuse.

Le Brésil est un pays émergeant, le gouvernement brésilien gagne des rentrées fiscales à travers, les entreprises qui sont en pleine croissance permettant de financer le programme d’aides aux familles pauvres en leur donnant du cash à la condition que les enfants y compris les filles aillent à l’école. L’idée cynique est que les parents de ces enfants ne pourront pas sortir de la pauvreté, mais les enfants acquièrent des compétences qui pourront être investies dans l’économie brésilienne en pleine croissance. Pour l’économie brésilienne, c’est une base qualitative qui va permettre à l’économie brésilienne de se développer dans des secteurs de pointes et techniques. L’idée est de casser la reproduction intergénérationnelle de la pauvreté en une génération. Par ailleurs, cette arrivée massive sur le marché du travail de jeunes qualifiés permet une transformation du modèle économique des pays émergents. À travers le conditional cash transfer sont mis en place de nouvelles politiques sociales.

À travers les nouveaux modèles de développement, sous le parrainage de l’ONU il y eu un accord international global appelé les 'objectifs du millénaire.

  • la « bonne gouvernance » : lutte contre la corruption

Du désendettement aux objectifs du Millénaire

Le Plan Brady de 1989 fut lancé suite à l’effondrement de l’URSS. Le constat était que jusqu’à un tiers des exportations des pays du sud servait à payer leur dette. En prenant conscience de la disparition des enjeux géostratégiques du monde bipolaire, vont être lancées des opérations de désendettement. Il s‘agissait de désendetter pour relancer une dynamique afin d’atteindre les objectifs du millénaire.

Cela consiste en l'abandon de la dette de nombreux pays du sud ainsi qu'au lancement d’un plan de rachat des dettes, en particulier celles contractées aux banques privées qui permet de réduire les taux d’intérêt et l’échelonner les remboursements sur une longue temporalité.

Le jubilé 2000 est un appel lancé par les mouvements chrétiens pour annuler les dettes des tiers-mondes. Cela a été initié par le pape Jean-Paul II en 1997.

  • des dettes productrices de richesse : calcule de retour sur investissement à travers les prêts faits aux pays des tiers-mondes. Dans les années 1990 et 2000, des pays des tiers-mondes qui ont emprunté à nouveau sur le marché privé. Ces dettes sont productrices de richesses en soutenant l’émergence du système industriel de ces grands pays, le succès économique de ces pays découle d’investissements producteurs de richesses qui a permis de rembourser les dettes contractées. Les États africains ont emprunté aux banques occidentales, mais dans un certain nombre de cas ces fonds ont été détournés.
  • la gestion suisse de la dette publique (« compromis suisse »): vote d’un crédit de 1/2 milliard pour désendetter les pays pauvres. Cependant cela n’a pas été voté, alors ils ont créé un fonds de compensation en monnaies locales afin de financer des projets de développement dans des pays endettés envers la Suisse. En 10ans, cela a permis d’effacer les dettes de 19 États. Cela a soutenu des projets locaux efficaces générant 1,1 milliard de croissance. Plutôt qu’annuler la dette, on a soutenu une dynamique endogène.
  • les « objectifs du millénaire » : nécessité de bâtir les conditions d’un autre monde

On a fixé des objectifs beaucoup trop ambitieux par rapport aux dynamiques réelles, car nous sommes restés dans l’illusion des progrès. Cette absurdité des objectifs qui nécessairement vont décevoir.

Pour progresser, il faut un progrès endogène, changer les structures.

Development as freedom

La coopération au développement est la mise sur un pied d’égalité et le soutien de projets initiés par les pays en besoin. C'est un renoncement de la croyance qui consistait à créer le développement vers l’extérieur.

Avec le paradigme de la santé reproductive, c'est la maitrise de la croissance démographique, aucune politique n’est neutre. Le paradigme de la santé reproductive affirme la liberté de choix dans un contexte social, culturel et économique.

La technocratisation est la dépolitisation des approches – depuis qu’on a changé d’approche concernant la maitrise de la démographie, la croissance démographique a ralenti. La notion de coopération signifie qu’on ne se situe plus dans un rapport hiérarchisé du monde pour se situer plus dans l’égalité. Entre 1975 et 2000, on s’attendait à une croissance de la population mondiale de 75%, cependant la réalité a été de 50%. Ce sont des politiques plus humanistes et cela marche mieux qu’auparavant.

La politique d’interculturalité est un processus exigeant et compliqué. La culture est un vecteur de positions morales et d’incompréhensions. Ainsi, il faut délimiter les conditions de la liberté.

Amartya Sen, prix Nobel d’économie 1998, essaie de ramener le social dans la conceptualisation de l’économie. Il intègre le libéralisme et développe l’IDH (indice de développement humain).

Idh sen.png

Ligne du haut : processus, ligne de l’individu, ce sont les facteurs de la conditionnalité des libertés individuelles

Ligne du bas : facteurs conditionnels

Utilité : bonheur

Revenu : salaire réel, permet d’acheter des biens privés

Biens privés : permet de créer les conditions de son existence sociale

Capabilité : libertés réelles. Pour Sen, le développement est la progression des libertés réelle des hommes. La capabilité permet d’atteindre le bonheur.

Environnement : conditionne les possibilités d’épanouissement et de développement. C’est une privation réciproque des libertés si les conditions sociopolitiques ne sont pas réunies.

Développement : montée des libertés réelles. Ainsi, la pauvreté prive de liberté de même que des systèmes dictatoriaux. Le développement est la progression des capabilités.

Pour Sen, les famines sont toujours créées par la mauvaise gouvernance, elles n’ont jamais lieu en démocratie. Cela s’inscrit dans l’idée de l’interrelation entre les libertés individuelles et collectives. Chez Sen, les libertés sont le produit du développement qui crée un cercle vertueux en suscitant de la croissance endogène. Les droits humains devraient être dans la constitution et les libertés dans la loi.

Dans les dimensions économétriques de Sen, il montre qu’il n’y a pas de famine en démocratie, et que les pays où la capabilité était la plus élevée sont les pays où la croissance est durable. Il a développé l’IDH.

La « bonne gouvernance »

La montée de la démocratie va avec une montée des « bonnes gouvernances ». Il existe des pays peu développés, mais qui ont une expérience de vie longue. Cela est dû à des politiques d’informations de la population et au fait qu’il existe des allocations de ressources efficaces avec des petits moyens.

C’est pourquoi la démocratie est associée à la bonne gouvernance. Cependant, des pays pauvres sont administrés selon une bonne gouvernance, et cela est dû principalement à la scolarisation et notamment des femmes qui donnent un élément structurel et endogène pour par exemple faire reculer la mortalité.

Annexes

Références