Ethique du libéralisme

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« articles définitifs en vue de la paix perpétuelle » : (1) « constitution […] républicaine »; (2) « fédération d'États libres »; (3) « hospitalité universelle. »

— Emmanuel Kant (Essai sur la paix perpétuelle, 1795)

Il y a trois conditions nécessaires et suffisantes pour permettre une paix perpétuelle.

Le conséquentialisme (1ère théorie morale)[modifier | modifier le wikicode]

Conséquentialisme[modifier | modifier le wikicode]

C’est l’acte de regarder les conséquences d’une décision, on juge une action selon ses conséquences présumées par le preneur de décision qui sont des agents moraux : la [bonne !] fin justifie les moyens".

Le conséquentialisme présume que les fins sont bonnes, on va examiner une décision par rapport aux conséquences présumées. Cele renvoit au concept d'éthique de responsabilité dit aussi verantwortungsethisch utilisé par Max Weber :

  • bonne foi : ce que l’on donne comme justification doit être ce qui motive, il n’y a pas d’hypocrisie.
  • soin pris pour prendre la décision : la rationalité qui est un élément central, en réalisme s’applique aussi sur le plan moral. Pour les conséquentialistes, on doit être rationnel mettre en relation les moyens d’une part, et les conséquences des moyens d’autre part.
  • a priori et non a posteriori : on ne juge pas selon les conséquences réelles, mais selon les conséquences présumées (car hasard, accident, facteurs non prévisibles). → « procès d'intention » : on juge de savoir si l’acteur a pris soin de prendre la bonne décision mais des facteurs non prévisibles peuvent avoir lieu et le résultat de l’action peut être le contraire de ce qu’on voulait mais néanmoins l’action est moral car l’intention était bonne.

conséquentialisme des actes vs. conséquentialisme des règles[modifier | modifier le wikicode]

Pour chaque décision, il faudrait regarder les conséquences de ce que l’on fait. Il y a des critères de raisonnabilité, on fait des calculs, selon l’urgence de la décision, il faut faire preuve d’acte. Cela ne veut pas dire que le conséquentialisme relève d’un calcul.

Il peut y avoir des raccourcis qui nous évitent de faire des calculs rationalistes afin de se rapprocher des fins, on peut suivre des règles.

Utilitarisme[modifier | modifier le wikicode]

La théorie morale ne dit pas quelles sont les bonnes fins, le conséquentialisme en éthique, en général, peut être souvent et est aussi une doctrine qui est utilisée dans le cas d’une doctrine qui est celle de l’utilitarisme.

L’utilitarisme est un hédonisme éthique conséquentialiste qui influence la théorie micro-économique classique de Smith et ses continuateurs.

Jeremy Bentham : 1789[modifier | modifier le wikicode]

Pour Bentham, le principe d’action est celui de maximisation de l’utilité qui est l’utilité la plus grande pour le plus grand nombre de personnes.

« Utility, or the Greatest Happiness Principle, holds that actions are right in proportion as they tend to promote happiness, wrong as they tend to promote the reverse of happiness. »

« Each person is to count for one, nobody for more than one. »

C’est un axiome du plus grand plaisir/bonheur du plus grand nombre, de la moins grande souffrance, du moins grand mal, de nuire le moins possible

Développement utilitarisme : John Stuart Mill 1863; Peter Singer 2002[modifier | modifier le wikicode]

Le principe dont on parlait de Kant qui était contre la démocratie, mais pour le républicanisme, pour qui le droit des minorités et des individus doit être respecté, pour les utilitaristes, les droits de minorités ne devraient pas être respectés si en ne respectant pas le droit de ces individus on a un bonheur beaucoup plus grand pour tous les autres.

Exemples RI: réalisme politique; marxisme-globalisme; libéralisme

  • Réalisme politique

C’est une éthique utilitariste qui influence le réalisme politique qui est très conséquentialiste, ce que le réalisme réclame comme le but moral est l’équilibre des forces, la stabilité et l’absence de guerre qui ne veut pas dire la justice, c’est peut être les grands qui imposent la paix aux petits.

Tito tenait la Yougoslavie du fait de la guerre froide, le pacte de Varsovie stabilisait la situation, pour les réalistes c’est une bonne chose, en ce sens, ils sont conséquentialistes et utilitaristes et tant pis pour ceux qui sont du mauvais côté de l’histoire

  • Marxisme

Pour les marxistes il n’y avait pas vraiment de réflexion sur l’éthique explicite, il y a plutôt une théorie de l’histoire qui aide à aller vers un monde plus juste, peu importe, s’il fallait se débarrasser d’un certain nombre de bourgeois pourvu que cela bénéficiait au plus grand nombre ; on regarde les conséquences de nos intentions.

  • Libéralisme

Le libéralisme met l’accent sur des théories économiques qui en fait calculent le bonheur social selon des critères qui sont ceux du plus grand nombre et tant pis s’il y a des inégalités, si certains meurent, si des droits ne sont pas respectés, le bonheur social est à ce prix là.

Le kantianisme (2e théorie morale)[modifier | modifier le wikicode]

La théorie morale dit qu’il faut faire ce qu’il est du devoir de faire ; on juge l’action sur une éthique absolue et on doit suivre ces règles, c’est cela qui est essentiel et non pas une éventuelle conséquence de l’observation de ces règles qui pourrait être choquante ou mauvaise.

Chez Max Weber, il y a l’idée que l’homme fait son devoir et Dieu fait le reste, l’homme n’est pas responsable du monde tel qu’il résulte du fait qu’il fait simplement de faire ce qu’il doit faire.

L’homme n’est pas responsable de ses conséquences pour autant qu’il a observé les règles qu’il devait observer en la circonstance : c’est l’éthique de la conviction.

Ethique du devoir, déontologie (= éthique kantienne) : on « fait bien » = on juge une action selon des règles éthiques absolues, et non en fonction des conséquences de l'acte (cf. Weber: "éthique de la conviction", ") (cf. Kant 1785, 1795; John Rawls 1971, 1999)

Emmanuel Kant, arguments de cohérence: « Et si tout le monde faisait comme toi ? » => Impératif catégorique, l’impératif catégorique se décline en deux éléments :

Éthique du devoir[modifier | modifier le wikicode]

« Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle. »

Pour Kant, il faut toujours dire la vérité du point de vue moral, l'idée étant de tendre vers un monde où la vérité est toujours prononcée. Les bonnes intentions sont de dire la vérité mais les conséquences peuvent être de la responsabilité.

Éthique de la réciprocité[modifier | modifier le wikicode]

« Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen. »

: les autres ne sont pas simplement des instruments pour notre plaisir. Chez Kant le comportement sadique n’est pas acceptable, il faut agir en sorte que les autres soient respectés.

Éthique de la réciprocité[modifier | modifier le wikicode]

« Golden Rule. »

Exemples RI: droits de l'homme; libéralisme; constructiviste

L'éthique de la vertu (3e théorie morale)[modifier | modifier le wikicode]

L'éthique de la vertu est le fait de juger une personne du point de vue de son caractère moral (et non seulement une décision/action particulière) (cf. Aristote; Alasdair McIntyre 1981)

Cette théorie est articulée par Aristote et McIntyre. On évalue l’agent moral qui est l’acteur de sa plénitude, on évalue une personne.

  • Les quatre vertus cardinales des grecs :
    • Sagesse : la philosophie est celui qui aime la sagesse
    • Courage : le courage sur le champ de bataille est central chez les grecs
    • Modération : ne pas être dans les extrêmes
    • Justice : donner aux individus ce à quoi ils ont le droit
  • vertus chrétiennes cardinales :
    • la foi :
    • l'espoir :
    • la charité :
    • l'amour :
  • autres vertus éminentes :
    • honnêteté
    • agrément
    • prévenance
    • indulgence
    • pardon
    • cohérence
    • tolérance
    • modestie

Exemples RI : démocraties sont pacifiques; constructivisme (« bonnes identités ») Chez Kant les démocraties sont pacifiques, dans une république on ne va pas déclarer la guerre à d’autres républiques.

Doctrine de la guerre juste[modifier | modifier le wikicode]

La doctrine de la guerre juste est sans doute la plus vieille doctrine morale en relations internationales : il y a quelques éléments chez Aristote, des éléments du temps des romains et bien avant. Les doctrines d'éthique appliquées utilisent plus souvent une théorie morale, comme par exemple la doctrine de la guerre juste (principalement déontologique, mais également conséquentialiste). C’est une doctrine où il y a des éléments de la doctrine morale du kantianisme mais il y a des éléments interprétés du point de vue du conséquentialisme.

Pour les pacifistes les guerres sont toujours injustes, une guerre ne peut être juste, en revanche la tradition argumente toujours que la guerre peut être juste.

Quand a-t-on le droit de recourir au moyen de la guerre ? Le jus ad bellum (cf. Walzer 1977)[modifier | modifier le wikicode]

C’est un ensemble de conditions qui doivent être satisfaite pour qu’une guerre ait le droit sur le plan éthique d’être qualifiée de juste.

Cause juste[modifier | modifier le wikicode]

  • auto-défense contre l'agression/légitime défense : violation souveraineté politique et/ou intégrité territoriale, pour la restauration de la paix.
  • aider l'agressé : on peut soutenir dans son combat et sa légitime défense un agressé.
  • intervention humanitaire du fait d'actes qui choquent la conscience de l'humanité : (violations graves et massives des droits de l'homme) → « Responsibility to Protect » (« R2P »). C’est une doctrine établie par une commission mise en place par Hannan. On peut intervenir militairement lorsqu’il y a des violations graves et massives des droits de l’homme et notamment le droit à la vie.

Du point de vue du régime syrien, Bachar Al Assad se justifie en argumentant que c’est une autodéfense contre une agression extérieure : depuis le début du conflit, les manifestations sont encouragées par des forces étrangères. Cet argument a été validée avec le temps.

Du point de vue des États-Unis il y a l’argumentation d’une intervention humanitaire ; y a t-il une cause juste, des actes en Syrie commis par le gouvernement de Damas qui choquent la conscience de l‘humanité, y a t-il la violation grave et massive des droits de l’Homme ?

Dans le cas du conflit libyen, pour Walzer, se qui se passait en Lybie n’était pas suffisamment grave pour justifier une intervention humanitaire, il faut que cela soit massif. Pour Waltzer ce qui justifie une action humanitaire et ce qui choc la personne moyenne, il s’agit d’opinion.

Il y a l’idée de la Responsabilité à Protéger.

Autorité légitime[modifier | modifier le wikicode]

Guerre déclarée et menée par l'autorité appropriée ; dans le cas libyen, le Conseil de sécurité avait voté et condamné le gouvernement libyen de Kadhafi donnant le droit à quiconque membre des Nations-Unies d’intervenir en Lybie afin de protéger la population.

Dans le cas libyen, le Conseil de Sécurité a donné le feu vert à une intervention aérienne mais non pas au sol, cela ajoute de la légitimité.

Bonne intention[modifier | modifier le wikicode]

Bonne foi, la cause juste est bien la raison (principale) ; pour Walzer, l’intervention de l’Inde face aux troupes pakistanaises en 1971 était une guerre juste intervenant contre l’armée pakistanaise qui commettait de viole de droit de l’homme, l’intérêt de l‘Inde était aussi de casser la Pakistan en deux. Le comportement éthique ne présuppose pas une pureté éthique totale, on n’est pas obligé d’avoir des raisons purement humanitaires mais il faut que ces raisons éthiques soient importantes et centrale afin de mériter du terme d’humanitaire et d’être une guerre juste.

On condamne la doctrine si on considérait que seul l’intérêt pur motive l’intervention, ainsi, il est possible de se poser la question de savoir si les États-Unis interviennent dans le conflit syrien, l’intention serait bonne.

Dernier recours[modifier | modifier le wikicode]

Pour éviter le pire, il faut raisonnablement essayer avant ; on peut toujours faire et envoyer des médiateurs supplémentaires pour essayer encore. Pour que le concept de guerre juste ait un sens il faut pouvoir passer à l’acte, c’est-à-dire de faire la guerre. Si l’autre partie ne saisit pas la chance diplomatique on a le droit d’intervenir.

Dans le cas du conflit syrien, une guerre en dernier recours pourrait être justifiée parce que de nombreuses médiations et négociations diplomatiques ont été menées sans résultats probant tandis que le conflit continu.

Chances raisonnables de succès[modifier | modifier le wikicode]

Guerre non-futile, c’est quelque chose plutôt de l’ordre du conséquentialisme que de l’ordre du kantianisme, on fait la guerre parce qu’on pense que la paix va venir et que ce sera avec la guerre que sans la guerre.

Dans la guerre russo-finlandaise il est possible de s’interroger sur l’utilité de la Finlande de se défendre alors que ses chances de succès ne sont pas raisonnables. Après la seconde guerre mondiale, la Finlande n’a pas fait partie du pacte de Varsovie.

(macro-)proportionnalité[modifier | modifier le wikicode]

C'est un calcul (grossier) coûts - bénéfices de la guerre, la guerre est-elle le moyen qui a un sens par rapport aux circonstances, doit-on requérir à la guerre dans des circonstances particulières. Les coûts de la guerre doivent être plus faible que les bénéfices.

Si chacune de ces six conditions est respectée alors on respecte le jus ad bellum ; si une condition n’est pas respectée, le terme juste n’est plus respecté.

Ou bien on à le droit de faire la guerre et on l’a fait ou bien on n’a pas le droit parce que l’une des conditions n’est pas nécessaires. Sinon, pas de guerre juste !

Le terrorisme n’est pas un moyen de conflit admis selon la doctrine du jus in bello, cette doctrine est de semer une terreur générale, donc le terrorisme est condamnable d’après le jus in bello puisqu’il faut l’immunité des combattants : on ne peut massacrer des innocents quelque soit les conditions.

Des documents on été retrouvé dans des ordinateur d’Al Qaeda cherchant à démontrer que les cibles choisis étaient légitime. Un acte contre les dirigeants militaires des États-Unis serait légitime mais une population n’est pas une cible légitime.

S’attaquer au Pentagone pourrait permettre une certaine justification par rapport à cette doctrine du jus in Bello.

Nota bene :

  • une guerre juste requiert donc toutes les 8 conditions
  • la charge de leur preuve devant toujours être apportée par/pour la partie « juste »
  • une partie au plus peut mener une guerre juste ad bellum
  • chaque partie doit mener une guerre in bello

Quelles règles de la justice doit-on appliquer durant la guerre ? Le jus in bello[modifier | modifier le wikicode]

  1. (micro-)proportionnalité : les choix tactiques doivent être en adéquation avec ce qui se passe sur le terrain.
  2. immunité des non-combattants (contre le massacre des innocents), discrimination entre combattants (cibles légitimes) et tous les autres.

Doctrine du double effet (= 1. sauver sa vie + ce faisant, 2. tuer l'agresseur) On a le droit de faire des choses qui peuvent avoir de mauvaises conséquences, il peut y avoir des dommages collatéraux.

Origine : Saint Thomas d'Aquin (13e) = auto-défense violente admissible; cf. « dommages collatéraux » = victimes civiles); conditions :

  • on a le droit de faire quelque chose : attaquer les troupes adverses
  • l'agent recherche le bien (ex. efficacité militaire) et non le mal
  • le mal n'est pas un moyen pour obtenir le bien
  • le bien ≥ le mal

+ Walzer (1977) : « due care » (l'agent prend + de risques pour lui-même)

N.B. : si chacune de ces 2 conditions est respectée => jus in bello

Sinon, il n'y a pas de guerre juste !

Références[modifier | modifier le wikicode]

Notes[modifier | modifier le wikicode]