Aspects introductifs de la macroéconomie

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Qu’est-ce que la macroéconomie ? Définitions et principaux agrégats macroéconomiques

Domaine

On distingue deux grands champs distincts mais néanmoins complémentaires :

La micro-économie se concentre sur les agents économiques: consommateurs, épargnants, investisseurs, entrepreneurs, Etats, en essayant de comprendre :

  • leurs comportements/décisions, et leurs implications ;
  • leurs interactions dans les différents marchés (biens, services, travail, capital).

La macro-économie regarde l’économie dans son ensemble. On se concentre sur les grands agrégats: épargne, consommation, croissance, inflation, chômage , en essayant de comprendre :

  • les déterminants de leur évolution ;
  • les interactions entre les différents agrégats.

NB.: En macroéconomie, le comportement de l'ensemble des agents économiques est plus que la somme de leurs actions individuelles et de leurs conséquences sur les marchés (effets "amplifiés"). Cf. le paradoxe de l'épargne

Questions

Le livre de John Maynard Keynes (1936) The General Theory of Employment, Interest and Money est souvent vu comme le point de départ de la discipline. Keynes prend son insipration dans la Grande Dépression des années 1930. Avant cela, le modèle économique classique ne prévoyait pas de faillites de marché et donc il n'y avait pas le besoin de la macroéconomie. Le mieux que les gouvernements ainsi que les économistes pouvaient faire était de regarder et de ne pas intervenir dans le système économique.

Ainsi, il y a quelques questions typiques de la macroéconomie :

  • Comment on mesure l’activité économique ?
  • Pourquoi est-ce qu’on observe des fluctuations de l’activité économique ?
  • Que peut-on faire pour éviter des fluctuations trop importantes ?
  • Pourquoi est-ce qu’on veut parfois ralentir l’économie ?
  • Pourquoi les prix augmentent plus rapidement dans certaines périodes que d’autres ?
  • Qu’est-ce que le gouvernement peut faire pour assurer le plein emploi ?
  • Pourquoi ne pas continuer à injecter de l’argent en période de crise ?

Les principales variables

Les principales variables macroéconomiques sont :

  • le Produit Intérieur Brut (PIB) réel ou nominal ;
  • le taux de chômage (proportion de travailleurs sans emploi) ;
  • le taux d’inflation (taux d’augmentation des prix au cours du temps) ;
  • le taux d’intérêt.

Elles sont étudiées en un point du temps et à travers le temps. D'autres indicateurs d’importance sont notamment les salaires, les exportations, les taux de change ou encore les indices boursiers.

Il faut également différencier la notion de stock de celle de flux :

  • un stock est une quantité mesurée en un point du temps.
  • un flux est une quantité mesurée pendant un certain intervalle. En d'autres termes, c'est l'évolution de la variable stock.

Par exemple, la richesse d’une personne est un stock, mais son revenu est un flux; le nombre de chômeurs est un stock, mais le nombre de personnes qui perdent leur emploi est un flux; la dette publique est un stock, mais le déficit est un flux.

Le circuit économique

Macro circuit économique 1.png

L’État, acteur économique

Selon le premier théorème du bien-être, l’allocation du marché concurrentiel est Pareto optimale (ou, autrement dit, l’équilibre compétitif est efficace) faisant que intervention de l’État pas nécessaires ni souhaitables. MAIS, ceci est vrai seulement sous certaines conditions notamment le fait qu'il n'y ait pas de lacunes de marchés, pas d’incertitude, pas d’externalités, etc. De plus, l’allocation du marché pourrait être considérée injuste par la société menant à des politiques de redistribution.

L’économie de marché proprement dite n’existe pas dans la réalité et certaines situations nécessitent l’intervention de l’État.

Les interventions de l’État peuvent être regroupées sous trois fonctions :

  • La fonction d’allocation ;
  • La fonction de distribution ;
  • La fonction de stabilisation.

Les fonctions de l’État

La fonction d’allocation : il existe des lacunes de marché qui mènent à une allocation des ressources non optimale. L’État va intervenir pour modifier cette allocation, par exemple en mettant à disposition des biens et services pour l’ensemble de la société (biens publics), financés par les impôts ou les emprunts. Cela est par exemple la défense nationale ou encore les transports publics.

La fonction de distribution : la distribution du revenu et de la fortune étant très inégale, l’État est appelé à intervenir selon des normes d’équité (définies par la société). Le but est une redistribution des revenus et de la richesse. C'est par exemple le fait que l’État peut donner des allocations, instaurer un salaire minimum ou avoir une imposition progressive du revenu.

La fonction de stabilisation : l’État peut intervenir pour assurer l’équilibre global de l’économie, en évitant au maximum le chômage et l’inflation et en ayant une balance des payements équilibrée. Son principal instrument est la politique budgétaire. Il peut également indirectement intervenir par l'intermédiaire de la banque centrale à travers une politique monétaire.

Le cycle d'activité

Un cycle d'activité sont des alternances à court terme de baisses et de hausses de l’activité économique :

  • Récessions (ou contractions de l’activité) : périodes de baisse de l’activité économique où la production et l’emploi diminuent ;
  • Expansions (ou reprises d’activité) : périodes de hausse de l’activité économique où la production et l’emploi augmentent ;
  • Pic d’activité : point auquel l’économie passe de l’expansion à la récession ;
  • Creux d’activité : point auquel l’économie passe de la récession à l’expansion.
Macro cycle d'activité 1.png

Politiques de croissance

Une politique de croissance est une tendance à l’augmentation soutenue de la production. C'est une phénomène relativement moderne datant du XIXème siècle voire au-delà pour une grande partie des pays.

Une mesure du niveau de vie est le revenu ou PIB par tête moyen de l’économie.

Les différences de niveau de vie entre pays sont essentiellement expliquées par des différentiels de productivité (même très faibles) :

  • l’accumulation de capital physique et humain permet d’augmenter la productivité ;
  • les politiques économiques et les institutions jouent également un rôle très important.

Croissance à long terme

Un petit écart dans le taux de croissance du PIB peut faire une grande différence à long terme.

Micro croissance à long terme 1.png

Deux grandes écoles

Aux États-Unis, on distingue entre les économistes "d’eau salée" (Harvard, MIT, Standford et Berkeley) versus les économistes "d’eau douce" (Chicago, Rochester, Minnesota)[1].

Les Keynésiens sont plutôt d’eau salée et pensent que les marchés ne fonctionnent pas toujours comme il faut et que les gouvernements doivent utiliser des politiques économiques pour essayer d’éviter les récessions ou les accélérations trop importantes.

Les monétaristes et les économistes du real business cycle sont plutôt d’eau douce et pensent que les failles des gouvernements sont beaucoup plus importantes que les failles des marchés (capture politique ou bureaucraties inefficientes). Les monétaristes soutiennent que les interventions de politique économique sont efficaces seulement si elles sont inattendues. Milton Friedman (Prix Nobel en 1976) est leur "gourou". Les économistes du real business cycle trouvent que les mesures des gouvernements sont contre-productives et qu'elles créent des distorsions. Hayek (Prix Nobel en 1974) et Prescott et Kydland (Prix Nobel en 2004) sont leurs "gourous".

Penser comme un économiste

Approches méthodologiques

On distingue les analyses positives des analyses normatives :

  • analyse positive : comprendre ce qui est. L’analyse positive décrit le fonctionnement du monde (approche scientifique de l’économie: elle peut être testée en confrontant l’analyse aux données).
  • Analyse normative : étudier ce qui devrait être. L’analyse normative prescrit le fonctionnement du monde (approche de « policy-maker »: elle se base sur des points de vue personnels, idéologies, jugements de valeurs).

Par exemples, « Il faudrait cette année une croissance économique de 3% », « Il faut une croissance économique de 3% pour faire tomber le chômage de 4% » ou encore « Les États-Unis sont plus riches, plus développés que l’Inde car leur PNB par tête est plus élevé ».

Le rôle des modèles économiques

Un modèle économique est un outil de travail, à savoir une simplification de la réalité. Les modèles économiques ne sont pas « réalistes » et ils ne doivent pas l’être. Un modèle doit simplifier suffisamment la réalité pour qu’on comprenne ce qui se passe et montrer les relations essentielles entre les variables économiques.

Il n’existe pas UN modèle unique « correct », il faut souligner le rôle des hypothèses qui sont testables.

Fonctionnement d’un modèle.

Il faut distingue les notions de variable exogène et de variable endogène :

  • variables exogènes : d’origine extérieure au modèle ;
  • variables endogènes : expliquées, générées par le modèle.

La structuration d’un modèle prend la forme suivante :

postulats + forme mathématique (= simple langage!) permettant de suivre les implications logiques et de trouver une solution + prédictions testables.

Le fonctionnement de la démarche scientifique est comme suit :

observation → modèle → observation à nouveau

Comme dans toutes les sciences on part de l’observation et on modélise en stipulant des hypothèses qui simplifient la réalité mais qui sont nécessaires pour comprendre les mécanismes économiques. Si le modèle a des hypothèses trop détaillées et réalistes, il devient vite complexe et sans pouvoir de prédiction (as if). Le plus important est le pouvoir de prédiction, même si les hypothèses semblent être irréalistes. Ensuite, on teste les modèles et leurs prédictions en les confrontant à la réalité des données. Si elles ne sont pas vérifiées on corrige les hypothèses, et on recommence. La différence avec les sciences dures est que les économistes n’ont pas de laboratoire pour faire des expériences. Leur laboratoire est le monde : ils doivent chercher des expériences ‘naturelles’.

Fonctionnement d'un graphique

Dans la majorité des cas nous allons donner une représentation graphique des modèles économiques que nous allons analyser.

Il faut porter une attention à ne pas confondre le mouvement le long d’une courbe et le déplacement de la courbe elle-même. Si on a trois variables, , et , et y est une fonction de et , = , dans les graphiques habituels à deux dimensions on ne peut représenter que deux des trois variables. Si on met et sur les axes, la relation entre ces deux variables est dessinée en supposant constante (en général on sépare avec un point virgule la variable supposée constante).

Intromacro fonctionnement d un graphique 1.png

Par exemple, la relation inverse entre et et directe entre et (pensez à une fonction de demande inverse où est le prix, la quantité demandée et le revenu). La variation de est un mouvement le long de la courbe et la variation de se fait par le déplacement de la courbe.

Causalité : rappel

La représentation graphique est un instrument très pratique pour décrire les relations entre variables économiques , MAIS attention aux illusions statistiques!

Risque d’interpréter naïvement une simple corrélation entre variables comme une relation de causalité. Par exemple, et sont représentés par un nuage de point avec une pente apparemment positive. Ceci ne veut pas forcement dire que « cause »  ! Il peut y avoir une troisième variable cachée corrélée simultanément avec et et les causant toutes les deux.

Risque de renverser la direction de la causalité entre variables. Par exemple, les pays sous programmes du FMI (Fond Monétaire International) ont des taux de chômage et une incidence de la pauvreté très élevés. Ceci ne veut pas dire que les interventions du FMI causent la pauvreté et le chômage ! La causalité va plutôt dans la direction opposée: de l’économie en crise vers l’intervention du FMI, pas le contraire (c’est parce que l’économie va mal que le FMI est appelé à intervenir).

L’étude de la macroéconomie et la crise économique de 2008

La crise 2008

  • Valeur de marché en janvier 2009, $milliards
  • Valeur de marché au trim. 2 de 2007, $milliards
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Utilité de la macroéconomie

À quoi sert la macroéconomie si on a pas pu éviter la crise actuelle ? À quoi sert la médecine si on continue à tomber malade ?

L’étude de la macroéconomie permet de comprendre quelles sont les meilleurs moyens pour sortir de la crise rapidement et à moindre coût.

  • Est-ce que une relance par la consommation (avec des réductions des taxes à la consommation) est une bonne chose ?
  • Est-ce qu’il vaut mieux relancer l’économie par l’investissement ?
  • Pourquoi la coopération internationale est-elle importante ?

Résumé

La macroéconomie est l’étude des relations entre les grands agrégats économiques. Son objectif est de comprendre comment on peut éviter les fluctuations dans la performance économique des pays et améliorer leurs niveaux de vie. La macroéconomie emploie une approche scientifique à l’analyse de la réalité et utilise des modèles pour simplifier la réalité et faire des prédictions.

Les variables macroéconomiques les plus observées sont le produit intérieur brut, le taux de chômage, le taux d’intérêt, le taux d’inflation.

L’État intervient dans la vie économique avec une fonction d’allocation, de distribution et de stabilisation. Il met aussi en place de mesures qui peuvent influencer le taux de croissance de long terme des pays et donc le niveau de vie.

L’étude de la macroéconomie ne permet pas d’éviter les crises économiques, mais sert à comprendre quelles sont les meilleurs moyens pour sortir de la crise rapidement et à moindre coût.

Annexes

Références

  • The other-worldly philosophers, The Economist, 16.07.2009
  1. The Economist, 16.07.2009