Les ruptures du 11 septembre 2001
Le terrorisme ou les terrorismes ? De quelques considérations épistémologiques ● Sécurité nationale et lutte antiterroriste : l’exemple de l’Amérique latine ● Internationalisation des luttes et émergence du terrorisme international ● Relations internationales et lutte contre le terrorisme international ● Les États-Unis et le nouvel ordre international ● Géopolitique du Moyen-Orient ● Les ruptures du 11 septembre 2001 ● Al-Qaida ou la « géopolitique du terrorisme radical » ● Lutte antiterroriste et refondation des relations transatlantiques ● Le Printemps arabe contre le terrorisme : enjeux et perspectives ● Le « homegrown jihadism » : comment prévenir la catastrophe terroriste ?
Le 11 septembre 2001 marque un tournant majeur dans l’histoire contemporaine, un événement si emblématique qu’il redéfinit les dynamiques internationales et bouleverse les perceptions du XXIᵉ siècle. En frappant les tours du World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington, les attentats orchestrés par Al-Qaïda symbolisent une rupture profonde, tant sur le plan géopolitique que culturel et sécuritaire. Ce jour tragique n’est pas seulement une attaque contre les États-Unis, mais un acte de portée mondiale, remettant en question les certitudes et les équilibres hérités de la fin de la Guerre froide.
Dans cette optique, le « 11/09 » (ou « 9/11 » en anglais) est souvent présenté comme un point de bascule entre deux périodes historiques. Certains historiens et analystes, à l’instar de Daniel Martin, considèrent cet événement comme la conclusion symbolique du XXᵉ siècle et l’ouverture brutale du XXIᵉ :
« La tragédie du 11 septembre marque la fin d'une période commencée en 1989 avec la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'Empire Soviétique. Nous savions déjà que nos ennemis traditionnels étaient devenus des partenaires et que nos alliés s'étaient transformés en concurrents féroces. Nous sommes rentrés brutalement dans l'ère de la guerre terroriste et criminelle. »
Ces mots soulignent la fermeture d’une parenthèse historique, celle d’une décennie marquée par l’espoir d’un « nouvel ordre mondial ». Après la fin de la bipolarité Est-Ouest et l’effondrement de l’Union soviétique, le monde semblait s’engager sur la voie d’une coopération internationale élargie, portée par la suprématie américaine et une mondialisation accélérée. Cependant, le 11 septembre vient briser cette illusion : il révèle un monde fracturé, où les menaces ne proviennent plus d’États rivaux, mais d’acteurs non étatiques capables de frapper au cœur des puissances les mieux armées.
L’attaque marque également une rupture dans la manière de concevoir la sécurité et la guerre. Elle inaugure une ère où les conflits ne sont plus seulement interétatiques, mais asymétriques, complexes, et souvent invisibles. Les enjeux ne se limitent plus aux rivalités économiques ou territoriales ; ils incluent désormais des défis immatériels tels que le terrorisme transnational, la radicalisation idéologique, et les cyberattaques.
Enfin, le 11 septembre 2001 bouleverse les relations internationales et introduit une redéfinition des priorités stratégiques. Sous l’impulsion des États-Unis, la « guerre contre le terrorisme » devient un paradigme dominant, redessinant les alliances et légitimant des interventions militaires controversées en Afghanistan puis en Irak. Loin d’instaurer la paix, cette réponse contribue à l’instabilité durable de régions entières, tout en amplifiant les tensions entre le monde occidental et les sociétés musulmanes.
Cet événement apparaît donc comme un prisme révélateur des contradictions du monde contemporain. Il met fin aux rêves d’un XXIᵉ siècle de paix et de prospérité universelle, tout en annonçant un siècle marqué par des menaces diffuses et globalisées, où les équilibres hérités du passé s’effacent au profit d’un ordre incertain.
Les continuités du 11/09[modifier | modifier le wikicode]
Le World Trade Center comme cible[modifier | modifier le wikicode]
Le choix du World Trade Center comme cible des attentats du 11 septembre 2001 s’inscrit dans une continuité historique et symbolique remontant aux années 1980. Ces tours jumelles, emblèmes de Manhattan et symboles du triomphe économique des États-Unis, représentaient bien plus qu’une prouesse architecturale. Leur destruction visait à porter un coup direct au cœur de la puissance américaine, tant sur le plan matériel que sur le plan idéologique.
Une cible hautement symbolique[modifier | modifier le wikicode]
Depuis leur inauguration dans les années 1970, les Twin Towers du World Trade Center incarnaient la puissance du modèle économique libéral américain et l’hégémonie des États-Unis sur la scène mondiale. Situées au cœur de Manhattan, elles dominaient l’horizon new-yorkais, devenant un symbole universel du triomphe du capitalisme. Leur architecture audacieuse et leur stature imposante reflétaient l’aspiration américaine à repousser les limites de l’ingénierie et de la modernité. Dans un contexte de compétition architecturale, où chaque gratte-ciel cherchait à surpasser le précédent, les tours jumelles affirmaient la supériorité de l’économie américaine en tant que moteur du développement mondial.
Ces édifices n’étaient pas seulement un point de repère physique, mais également un lieu d’activité économique intense. Le World Trade Center était le cœur névralgique des affaires internationales, concentrant des sièges d’entreprises majeures et des institutions financières d’envergure. À ce titre, il incarnait à la fois l’identité économique des États-Unis et leur projection culturelle à travers le monde.
Détruire ces tours allait bien au-delà d’un acte de violence physique : cela revenait à frapper le symbole même de l’Amérique triomphante. L’attaque était un message adressé non seulement aux États-Unis, mais également au reste du monde, pour exposer la vulnérabilité d’une puissance perçue comme invincible. En ciblant les Twin Towers, les auteurs des attentats cherchaient à humilier les États-Unis sur plusieurs plans :
- Économique : Les tours représentaient l’épicentre du capitalisme mondial, une attaque contre elles était une attaque contre le système économique international.
- Culturel : Elles symbolisaient l’image d’une Amérique moderne, ambitieuse et prospère, un modèle auquel aspirait une grande partie du monde.
- Idéologique : Leur destruction était une déclaration de rejet de l’ordre international dominé par les valeurs occidentales, incarnées par les États-Unis.
Le choix du World Trade Center comme cible s’inscrit ainsi dans une stratégie soigneusement élaborée, visant à maximiser l’impact symbolique de l’attaque. Ce n’était pas un hasard que les Twin Towers aient déjà été visées en 1993. Dès cette époque, Ramzi Yousef et ses complices considéraient ces bâtiments comme des cibles emblématiques, susceptibles d’envoyer un message retentissant à l’Amérique et à ses alliés.
Dans une lettre envoyée après l’attentat de 1993, Yousef affirmait :
« Cette action a été réalisée en réponse au soutien politique, économique et militaire des États-Unis à Israël, l’État du terrorisme, et aux autres régimes dictatoriaux dans la région. [...] Les citoyens américains doivent comprendre que leurs civils tués ne valent pas mieux que ceux qui sont tués par les armes et le soutien américains. »
Ces déclarations soulignent l’importance du symbolisme dans le choix de la cible. Les Twin Towers représentaient une Amérique perçue comme arrogante et oppressive, et leur destruction visait à briser cette image, tout en suscitant un effet de terreur globale.
En 2001, le choix de frapper à nouveau le World Trade Center confirmait cette dimension symbolique, tout en amplifiant son impact grâce à une planification et une exécution encore plus spectaculaires. Par l’effondrement des tours retransmis en direct dans le monde entier, Al-Qaïda parvint à transformer l’attaque en un acte de communication planétaire, consolidant ainsi la charge émotionnelle et idéologique de leur acte.
Ainsi, les Twin Towers n’étaient pas seulement des édifices : elles étaient le cœur battant d’une hégémonie mondiale, et leur destruction visait à remettre en question cette suprématie, à exposer ses failles et à annoncer une nouvelle ère marquée par des confrontations asymétriques.
Les prémices : l’attentat de 1993[modifier | modifier le wikicode]
Avant les événements tragiques de 2001, le World Trade Center avait déjà été ciblé par une attaque de grande ampleur, révélant sa vulnérabilité en tant que symbole majeur de la puissance américaine. Le 26 février 1993, un camion contenant 680 kg d'explosifs au nitrate explosa dans le parking souterrain de la tour Nord, provoquant une détonation d’une violence extrême. Six personnes furent tuées, et 1 042 autres blessées. L'explosion creusa un cratère impressionnant de 30 x 60 mètres, traversant cinq niveaux de sous-sol, et interrompit le fonctionnement des tours pendant plusieurs mois.
Bien que les structures principales aient résisté, les dégâts matériels et psychologiques furent considérables. Selon l’architecte du World Trade Center, l’effondrement de la tour Nord aurait été inévitable si le camion avait été positionné plus près des fondations. Cet attentat démontra non seulement les lacunes en matière de sécurité des infrastructures américaines, mais aussi l'attrait du World Trade Center comme cible pour des attaques à forte résonance symbolique.
Les revendications et motivations[modifier | modifier le wikicode]
L’attentat de 1993 fut orchestré par un groupe d’extrémistes islamistes dirigé par Ramzi Yousef, un militant formé en ingénierie. Leur objectif était clair : semer la terreur et infliger des pertes massives. Le plan initial visait à faire s’effondrer la tour Nord sur la tour Sud, entraînant une destruction en cascade et un bilan humain catastrophique. Bien que cet objectif n’ait pas été atteint, l’attaque marqua un précédent dans l’histoire du terrorisme moderne et posa les bases des attaques futures contre les États-Unis.
Dans une lettre envoyée au New York Times après l’attentat, Ramzi Yousef et ses complices revendiquèrent l’attaque, exposant leurs motivations politiques :
« Nous, le cinquième bataillon de l’Armée de libération, déclarons notre responsabilité pour l’explosion sur le bâtiment mentionné. Cette action a été réalisée en réponse au soutien politique, économique et militaire des États-Unis à Israël, l’État du terrorisme, et aux autres régimes dictatoriaux dans la région.
Les citoyens américains doivent comprendre que leurs civils tués ne valent pas mieux que ceux qui sont tués par les armes et le soutien américains. Ils sont responsables des actions de leur gouvernement et doivent questionner les crimes que ce dernier commet contre d’autres peuples. Sinon, ils — les Américains — deviendront les cibles de nos opérations, susceptibles de les anéantir. »
Ces propos soulignaient le rejet radical des politiques étrangères des États-Unis, notamment leur soutien à Israël et leur implication dans les affaires des pays du Moyen-Orient. Le groupe cherchait à exercer une pression sur l’opinion publique américaine pour qu’elle remette en question les actions de son gouvernement. Cet attentat marquait donc un tournant : il introduisait une dimension idéologique où le terrorisme devenait un outil de communication politique et un moyen de mobiliser une base idéologique plus large.
Une continuité idéologique et stratégique[modifier | modifier le wikicode]
L’attentat de 1993 annonçait déjà les événements du 11 septembre 2001 par le choix de la cible, les revendications et les motivations des auteurs. Les Twin Towers, emblèmes de l’hégémonie économique et culturelle américaine, représentaient un enjeu stratégique central pour les groupes islamistes radicaux. Ramzi Yousef et ses complices, en visant ces édifices iconiques, exprimaient une vision globale et asymétrique de la confrontation, où les antagonismes ne se limitaient plus aux rivalités entre nations, mais opposaient des idéologies et des conceptions du monde diamétralement opposées.
Les motivations exprimées par les auteurs de l’attentat de 1993 soulignaient déjà cette logique. Dans une lettre revendiquant l’attaque, Ramzi Yousef déclarait :
« Cette action a été réalisée en réponse au soutien politique, économique et militaire des États-Unis à Israël, l’État du terrorisme, et aux autres régimes dictatoriaux dans la région. [...] Les citoyens américains doivent comprendre que leurs civils tués ne valent pas mieux que ceux qui sont tués par les armes et le soutien américains. »
Ce rejet radical des politiques américaines, perçues comme oppressives et partiales, s’articulait autour d’un discours dénonçant l’ordre international dominé par les États-Unis et leur ingérence au Moyen-Orient. Ces revendications reflétaient une volonté d’exposer la vulnérabilité des États-Unis tout en utilisant les Twin Towers comme un symbole de l’oppression perçue.
Le 11 septembre 2001 amplifie cette continuité stratégique et idéologique, tant par l’ampleur des destructions que par la sophistication de l’opération. Contrairement à l’attentat de 1993, qui avait échoué à provoquer l’effondrement des tours, les attaques de 2001 atteignent un niveau de destruction sans précédent, entraînant des pertes humaines massives et une onde de choc mondiale.
Les moyens employés en 2001 témoignent également d’une montée en puissance dans la stratégie de confrontation. Là où l’attentat de 1993 se limitait à l’utilisation d’un camion piégé, les attaques de 2001 mobilisent des avions détournés, transformés en armes de destruction massive, et tirent parti des failles de la sécurité aérienne internationale. Ce changement de méthode traduit une sophistication accrue et une volonté de maximiser l’impact médiatique et psychologique de l’opération.
La destruction des Twin Towers en 2001, diffusée en direct à une audience mondiale, transforme l’attaque en un acte de communication global. L’objectif n’est plus seulement de provoquer des dégâts matériels ou des pertes humaines, mais aussi de diffuser un message idéologique clair : l’hégémonie américaine, bien que dominante, peut être défiée et frappée au cœur même de sa puissance.
Ces deux attaques s’inscrivent dans une logique cohérente de confrontation avec les États-Unis. Le choix récurrent du World Trade Center comme cible souligne sa portée symbolique en tant que cœur du système économique mondial. En visant ce lieu à deux reprises, les attaquants cherchaient non seulement à infliger des dommages matériels, mais aussi à ébranler la confiance des Américains dans leur sécurité intérieure et leur suprématie mondiale.
Le 11 septembre 2001 apparaît ainsi comme l’aboutissement d’une stratégie développée sur plusieurs années, initiée avec l’attentat de 1993. Si ce premier événement avait révélé les failles de la sécurité américaine, il avait aussi servi de test pour des opérations futures, à la fois sur le plan logistique et stratégique. L’évolution entre 1993 et 2001 reflète une montée en intensité, où chaque attaque s’inscrit dans un processus d’escalade visant à fragiliser l’Amérique tout en affirmant un rejet radical de l’ordre international qu’elle représente.
En ce sens, les attentats de 1993 et 2001 ne peuvent être compris comme des événements isolés, mais comme les jalons d’une guerre asymétrique et idéologique, où les symboles de la puissance américaine deviennent les cibles privilégiées d’un rejet globalisé de l’hégémonie occidentale.
Des attentats par des avions de ligne[modifier | modifier le wikicode]
L’idée d’utiliser des avions civils comme armes destructrices n’était pas nouvelle à l’aube du 11 septembre 2001. Elle s’inscrit dans une continuité stratégique qui précède de plusieurs années les événements tragiques de ce jour. Le cas le plus connu avant le 11 septembre est celui du projet avorté de 1995 conçu par Ramzi Yousef, l’architecte du premier attentat contre le World Trade Center en 1993. Ce plan, surnommé « Opération Bojinka », visait à faire exploser simultanément 11 avions de ligne appartenant à des compagnies américaines reliant l’Asie à la Californie. Si ce projet avait abouti, il aurait causé près de 4 000 morts en 48 heures, marquant une escalade spectaculaire dans l’utilisation de l’aviation civile à des fins terroristes.
Des précédents historiques : détournements et menaces[modifier | modifier le wikicode]
Avant même que l'Opération Bojinka ne soit élaborée, le détournement d’avions était une méthode bien connue et déjà utilisée par divers groupes terroristes. Cette tactique exploitait la vulnérabilité des systèmes de sécurité aérienne, qui, dans les années 1970 et 1980, n’étaient pas préparés à faire face à des attaques organisées et imprévisibles.
Un exemple précoce et significatif de cette stratégie est celui de l’Armée Rouge japonaise, une organisation d’extrême gauche qui recourait à des armes blanches, notamment des sabres, pour prendre le contrôle d’appareils en vol. Ces détournements mettaient en lumière l’impréparation des autorités face à des actions rapides, menées par des militants déterminés. Ces événements soulignaient déjà les dangers d’une exploitation terroriste de l’aviation civile comme moyen de pression politique ou idéologique.
Un autre précédent marquant est survenu en décembre 1994 avec le détournement d’un Airbus d’Air France par des moudjahidin du Groupe Islamique Armé (GIA) à Alger. L’objectif des terroristes allait au-delà du détournement classique : ils cherchaient à transformer l’avion en une arme de destruction massive. Plusieurs scénarios ont été envisagés, parmi lesquels faire exploser l’appareil au-dessus de Paris ou le précipiter sur un monument symbolique, tel que la Tour Eiffel.
Grâce à une intervention décisive du GIGN à Marseille, l’opération terroriste fut déjouée, et les assaillants furent neutralisés avant de pouvoir mener leur plan à bien. Cet événement illustra non seulement la montée en sophistication des attaques aériennes, mais aussi la convergence entre les détournements d’avions et une volonté de maximiser l’impact symbolique des attentats.
Le détournement de l’Airbus d’Air France en 1994 représente un tournant dans l’histoire des attaques aériennes, car il introduit explicitement l’idée d’utiliser des avions civils non seulement comme moyens de pression, mais comme armes destructrices. Ce précédent, combiné à d’autres événements similaires, a jeté les bases d’une stratégie qui sera pleinement réalisée lors des attentats du 11 septembre 2001.
Ces exemples mettent en évidence une continuité dans l’exploitation des failles de la sécurité aérienne et des symboles emblématiques pour transmettre des messages idéologiques forts. Les détournements d’avions, initialement perçus comme des moyens de négociation, se transforment progressivement en actes spectaculaires destinés à frapper des cibles précises et à maximiser l’impact psychologique et médiatique.
Le passage de ces précédents historiques aux attentats du 11 septembre illustre l’évolution des tactiques terroristes vers des méthodes de plus en plus ambitieuses, où les avions ne sont plus des instruments de transport, mais des armes intégrales dans des stratégies de confrontation asymétrique.
L’apport stratégique et symbolique du 11 septembre[modifier | modifier le wikicode]
L’utilisation d’avions pour perpétrer des attentats n’était pas une nouveauté en soi, mais les événements du 11 septembre 2001 se distinguent par leur ampleur, leur sophistication et leur impact mondial. Ce jour-là, quatre avions civils détournés furent transformés en armes de destruction massive, visant non seulement à provoquer des destructions matérielles sans précédent, mais aussi à frapper des symboles majeurs de la puissance américaine. Les Twin Towers à New York et le Pentagone à Washington, cibles emblématiques, incarnaient respectivement l’hégémonie économique et militaire des États-Unis.
L’ampleur des pertes humaines, avec près de 3 000 morts, et l’effet de surprise des attaques marquèrent un tournant dans l’histoire du terrorisme. Ces événements redéfinirent la perception des menaces globales et exposèrent brutalement la vulnérabilité des infrastructures critiques, même dans des nations considérées comme invulnérables.
Bien que spectaculaires, les attentats du 11 septembre s’inscrivent dans une logique géopolitique et géostratégique bien connue, héritée de la fin de la Guerre froide. Dans un monde marqué par la disparition des grandes rivalités entre États, le terrorisme asymétrique était devenu un moyen privilégié pour des acteurs non étatiques de défier des puissances dominantes.
Les attaques reposaient sur des principes caractéristiques du terrorisme moderne :
- Un impact psychologique maximal : La destruction en direct des Twin Towers, retransmise à une audience mondiale, fut conçue comme un acte de terreur psychologique visant à semer la peur et à déstabiliser non seulement les États-Unis, mais aussi leurs alliés.
- Une portée médiatique globale : En exploitant les médias, les auteurs des attaques ont transformé ces événements en un message idéologique planétaire, défiant l’ordre international dominé par l’Occident.
- La symbolique des cibles : Les Twin Towers, en tant que cœur du capitalisme mondial, et le Pentagone, en tant que centre de la puissance militaire américaine, furent choisis pour maximiser la charge symbolique de l’attaque.
Le 11 septembre n’a pas créé Al-Qaïda, mais il a révélé son existence et sa puissance à une échelle mondiale. Avant cet événement, Al-Qaïda opérait principalement dans l’ombre, avec des attaques localisées ou ciblées. Le 11 septembre permit à l’organisation de se positionner comme un acteur central du terrorisme global, capable de mener des opérations d’une complexité et d’une ampleur inédites.
Les attentats exposèrent brutalement la capacité d’Al-Qaïda à défier l’hégémonie occidentale, non par des moyens militaires conventionnels, mais en exploitant des failles dans les systèmes de sécurité des États-Unis. L’organisation démontra ainsi qu’un acteur non étatique pouvait frapper au cœur des puissances mondiales et imposer une réorientation majeure des priorités sécuritaires internationales.
L’apport stratégique du 11 septembre réside dans l’inversion qu’il opère dans l’histoire du terrorisme. Historiquement, les actes terroristes avaient souvent une portée limitée, tant en termes de dommages matériels que de pertes humaines. Le 11 septembre rompt avec cette tradition : il inaugure une ère où le terrorisme devient global, avec des attaques d’une intensité comparable à des actions militaires, mais menées par des acteurs non étatiques.
Symboliquement, ces attentats redéfinissent également les rapports de force internationaux. En frappant les symboles de la puissance américaine, Al-Qaïda envoya un message clair : même la nation la plus puissante pouvait être atteinte dans son cœur économique, militaire et émotionnel.
En ce sens, le 11 septembre constitue une rupture stratégique et symbolique majeure. Il expose la montée en puissance d’un terrorisme transnational capable de mobiliser des ressources humaines, logistiques et idéologiques sur une échelle globale, tout en redéfinissant la manière dont les États perçoivent et répondent aux menaces asymétriques.
Une inversion dans l’histoire du terrorisme[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 marquent une rupture profonde dans l’histoire du terrorisme, provoquant une inversion significative dans la manière dont celui-ci est perçu. Historiquement, les actes terroristes avaient tendance à être des violences de faible intensité, conçues pour attirer l’attention sur une cause politique ou idéologique, souvent au moyen d’attaques ciblées et localisées. Ces actes visaient à perturber, à provoquer, mais rarement à infliger des pertes humaines massives ou des destructions d’une ampleur significative.
Le 11 septembre transforme cette logique en redéfinissant les paramètres mêmes du terrorisme. Les attaques de ce jour-là illustrent un passage à une violence globale, à la fois spectaculaire et d’une intensité sans précédent. Al-Qaïda ne cherche plus simplement à attirer l’attention sur ses revendications ; elle vise à provoquer un choc mondial en ciblant des symboles majeurs de la puissance américaine, tout en infligeant des pertes humaines massives. Près de 3 000 morts et des milliards de dollars de destructions témoignent de cette nouvelle approche, où l’impact psychologique et médiatique devient un objectif central.
Le 11 septembre révèle la capacité d’Al-Qaïda à opérer à une échelle globale. Jusqu’alors, l’organisation était connue pour des attaques plus limitées en portée, principalement dans des zones de conflit au Moyen-Orient ou en Afrique. Avec le 11 septembre, Al-Qaïda montre qu’elle est capable de mobiliser des ressources humaines et logistiques sur une échelle transnationale, et de planifier des opérations d’une complexité remarquable.
Cette transformation s’inscrit dans un contexte géopolitique particulier, où la fin de la Guerre froide et l’émergence d’un ordre mondial dominé par les États-Unis avaient laissé peu de place à une contestation étatique traditionnelle. Al-Qaïda s’impose comme un acteur non étatique capable de redéfinir les rapports de force internationaux par des actions asymétriques, ciblant les failles des grandes puissances plutôt que leurs forces.
Le 11 septembre marque également un tournant dans la perception du terrorisme par les États et les sociétés. Ce n’est plus une menace périphérique ou régionale, mais un danger global qui transcende les frontières et peut frapper au cœur des nations les plus puissantes. Cette inversion réside aussi dans la nature des actes eux-mêmes : ce qui était auparavant perçu comme une violence de faible intensité devient un acte de guerre à part entière, conçu pour maximiser les destructions et semer la peur à une échelle mondiale.
En frappant des symboles tels que les Twin Towers et le Pentagone, Al-Qaïda envoie un message clair : les institutions les plus solides et les plus symboliques de la puissance occidentale ne sont pas invulnérables. Cette inversion dans la perception du terrorisme pousse les États à revoir leurs priorités sécuritaires, menant à des réponses drastiques comme la « guerre contre le terrorisme » initiée par les États-Unis, qui a remodelé la géopolitique mondiale.
Si Al-Qaïda existait bien avant 2001, le 11 septembre constitue un moment de révélation. Cette organisation, qui opérait principalement dans l’ombre, apparaît soudainement comme une menace mondiale d’une ampleur inédite. L’attaque expose non seulement la capacité d’Al-Qaïda à mener des opérations complexes, mais aussi son ambition de défier directement l’hégémonie américaine et occidentale.
En redéfinissant la manière dont le terrorisme est perçu, Al-Qaïda modifie également la manière dont il est combattu. Les attentats du 11 septembre obligent les États à adopter de nouvelles approches sécuritaires, combinant surveillance accrue, interventions militaires et coopération internationale renforcée.
Les attentats du 11 septembre représentent une inversion radicale dans l’histoire du terrorisme. Ils transforment une violence autrefois perçue comme locale et limitée en une menace globale, capable de bouleverser l’ordre mondial. Cette rupture, à la fois stratégique et symbolique, marque l’entrée dans une nouvelle ère de confrontation asymétrique, où les acteurs non étatiques redéfinissent les règles du jeu géopolitique.
Les ruptures du 11/09[modifier | modifier le wikicode]
La « guerre asymétrique »[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 représentent une attaque asymétrique d’une intensité et d’une rapidité inédites. Dans un laps de temps extrêmement court, moins de deux heures et trente minutes, quatre avions de ligne détournés ont été utilisés comme armes pour cibler des symboles clés de la puissance américaine. Cette série d’attaques, méthodiquement planifiées, a provoqué un choc mondial, tant par son ampleur que par sa brutalité.
Chronologie des événements[modifier | modifier le wikicode]
- 8 h 46 : Le vol 11 d’American Airlines, un Boeing 767, percute la tour Nord du World Trade Center, entre le 93ᵉ et le 99ᵉ étage. L’impact, suivi d’une explosion massive de kérosène, embrase plusieurs étages, y compris le hall d’entrée situé sur West Street.
- 9 h 03 : Le vol 175 de United Airlines, également un Boeing 767, s’encastre dans la tour Sud entre le 77ᵉ et le 85ᵉ étage. L’incendie s’intensifie, produisant une épaisse fumée qui atteint les étages supérieurs.
- 9 h 37 : Le vol 77 d’American Airlines, un Boeing 757, s’écrase sur le mur ouest du Pentagone à Washington D.C. Moins de 20 minutes plus tard, la zone d’impact est évacuée avant l’effondrement partiel du bâtiment.
- 9 h 58 : La tour Sud du World Trade Center s’effondre en seulement dix secondes, entraînant la mort de tous ceux qui s’y trouvaient, y compris des secouristes.
- 10 h 00 : Le vol 93 d’United Airlines, un Boeing 757, s’écrase près de Pittsburgh, en Pennsylvanie. Les passagers, ayant compris la situation, ont affronté les terroristes, empêchant l’appareil d’atteindre sa cible.
- 10 h 28 : La tour Nord du World Trade Center s’effondre à son tour.
Ces événements entraînent un bilan humain dramatique : 2 985 morts, comprenant 265 passagers des quatre avions, 125 civils et militaires au Pentagone, 343 pompiers, 23 policiers, et des milliers de travailleurs et visiteurs dans les tours du World Trade Center. Plus de 62 nationalités sont représentées parmi les victimes, reflétant l’impact mondial de cette tragédie.
Une contraction de l’histoire[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 se caractérisent par la rapidité extrême des événements, créant une véritable « contraction de l’histoire ». En l’espace de moins de trois heures, quatre attaques coordonnées ont bouleversé le cours de la géopolitique mondiale, provoquant un choc d’une intensité inégalée. Cette soudaineté a non seulement amplifié l’impact psychologique des attentats, mais a également accentué l’incrédulité face à l’impensable devenu réalité.
L’effet de surprise et la simultanéité des attaques ont déjoué les systèmes de défense les plus avancés, révélant une vulnérabilité insoupçonnée des grandes puissances. Cette temporalité accélérée a transformé les attentats en une expérience quasi surréaliste pour ceux qui les ont vécus directement ou par le biais des médias. En quelques heures, les spectateurs ont été confrontés à une succession d’images d’une violence inédite : des avions percutant les tours, des incendies massifs, et enfin l’effondrement spectaculaire des Twin Towers.
Jean Baudrillard, dans Amérique, souligne l’importance de l’image dans la culture américaine, un aspect central pour comprendre l’impact des attentats. La société américaine, profondément façonnée par une culture visuelle omniprésente, a sacralisé l’image comme vecteur de réalité. Ce phénomène explique en partie pourquoi les attentats du 11 septembre ont eu une résonance si puissante, dépassant le cadre des États-Unis pour s’imposer comme un événement global.
Les Twin Towers, le Pentagone et les avions détournés représentaient des symboles majeurs de la puissance américaine. Les voir détruits en temps réel a donné à ces images un caractère iconique et sacré, gravant ces moments dans la mémoire collective mondiale. Baudrillard décrit cette fusion entre réalité et virtualité comme une caractéristique propre à la société américaine, où le symbolisme visuel est souvent aussi puissant, sinon plus, que les faits eux-mêmes.
Ces attentats incarnent la transition de l’impensable à une réalité brutale, rendue universellement tangible par la médiatisation instantanée. Les images des avions percutant les tours et des effondrements successifs ont acquis une dimension quasi mythique, alimentant non seulement le choc émotionnel, mais aussi des débats sur la vulnérabilité des démocraties modernes face aux menaces asymétriques.
Cette contraction de l’histoire illustre comment un événement peut condenser des tensions géopolitiques, des transformations sociales et des bouleversements culturels en un laps de temps extrêmement court. Le 11 septembre 2001, par son déroulement rapide et son intensité visuelle, marque une rupture à la fois temporelle et symbolique, redéfinissant le rapport de la société contemporaine à la violence, à la sécurité et à la représentation du pouvoir.
La fiction devenue réalité[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 représentent une transition saisissante entre le virtuel et le réel, brouillant les frontières entre ce qui relevait de l’imaginaire apocalyptique et ce qui s’est imposé comme une réalité brutale. Des scénarios jusque-là cantonnés à la fiction — comme l’utilisation d’avions civils détournés pour provoquer des destructions massives — ont été concrétisés avec une efficacité glaçante. Cette réalisation de l’impensable a bouleversé les représentations globales du terrorisme, en introduisant une nouvelle échelle d’intensité et de sophistication dans les attaques.
Ces événements marquent une évolution du terrorisme vers une forme de guerre asymétrique, où des acteurs non étatiques mobilisent des moyens apparemment disproportionnés pour frapper des cibles stratégiques et symboliques. Al-Qaïda, organisation relativement modeste en termes de ressources, a démontré sa capacité à exploiter les vulnérabilités des infrastructures modernes pour infliger des pertes humaines massives et un traumatisme collectif d’ampleur mondiale.
Le concept de « guerre asymétrique » s’applique parfaitement aux attentats du 11 septembre. Cette forme de conflit se caractérise par l’usage de tactiques non conventionnelles pour compenser un déséquilibre de puissance entre les belligérants. En s’attaquant directement aux Twin Towers et au Pentagone, Al-Qaïda a ciblé des symboles clés de l’hégémonie américaine — économique, militaire et culturelle — pour maximiser l’impact psychologique de ses actions.
Contrairement aux conflits traditionnels, où les États s’affrontent directement, cette attaque orchestrée par une organisation non étatique a exposé des failles fondamentales dans les systèmes de sécurité des grandes puissances. Les attentats ont révélé que même la première puissance mondiale pouvait être atteinte au cœur de ses institutions, remettant en question les paradigmes classiques de la sécurité et de la défense.
L’impact des attentats du 11 septembre dépasse largement le cadre de la destruction physique. Ils ont redéfini les priorités stratégiques des États-Unis et de leurs alliés, inaugurant une nouvelle ère de lutte contre le terrorisme globalisé. La « guerre contre le terrorisme », déclenchée dans les mois qui ont suivi, a entraîné une transformation radicale des politiques de sécurité intérieure et extérieure :
- Renforcement des dispositifs de sécurité : Les mesures de contrôle et de surveillance ont été intensifiées à l’échelle mondiale, notamment dans les aéroports et les infrastructures critiques.
- Interventions militaires prolongées : Les guerres en Afghanistan et en Irak, justifiées par la nécessité d’éliminer les sanctuaires terroristes, ont marqué une réorientation majeure de la stratégie militaire américaine.
- Reconfiguration des alliances internationales : La lutte contre le terrorisme a redéfini les relations entre les grandes puissances et leurs partenaires, plaçant la coopération sécuritaire au cœur des priorités diplomatiques.
Les attentats du 11 septembre incarnent également une révolution dans la manière dont les événements tragiques sont perçus et interprétés. En frappant des symboles universels de la modernité et de la puissance, comme les Twin Towers, ces attaques ont imposé une nouvelle réalité où l’imaginaire apocalyptique et la terreur concrète se confondent. Cette fusion entre fiction et réalité a durablement marqué la mémoire collective, faisant du 11 septembre un événement fondateur du XXIᵉ siècle.
Les attentats du 11 septembre témoignent de l’évolution du terrorisme vers des formes de violence globalisées et hautement symboliques. En matérialisant ce qui semblait relever du domaine de l’impossible, ils ont redéfini les contours de la sécurité internationale et inauguré une nouvelle ère de confrontation asymétrique, où les acteurs non étatiques jouent un rôle central dans la recomposition des rapports de force mondiaux.
Le concept d’événement-monde[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 incarnent pleinement ce que l’on peut appeler un « événement-monde », un moment où un événement unique capte instantanément l’attention planétaire grâce à une couverture médiatique sans précédent. La compréhension des événements du 11 septembre est indissociable des effets médiatiques qui les ont amplifiés, transformant une attaque tragique en un spectacle global.
Une médiatisation immédiate et totale[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 se distinguent par la rapidité et l’ampleur de leur couverture médiatique, un phénomène sans précédent dans l’histoire du terrorisme. Contrairement aux attaques précédentes, l’événement a été capté en temps réel par des caméras professionnelles et amateurs, transformant immédiatement une tragédie en un spectacle global. Les premières images, montrant les avions percutant les tours du World Trade Center, furent diffusées sur les chaînes de télévision du monde entier, plongeant des millions de téléspectateurs dans une sidération collective.
Malgré un léger différé dans la retransmission, ces images ont exposé brutalement l’ampleur de la catastrophe. Les scènes capturées sur place ajoutaient à l’intensité dramatique : des survivants émergeant des décombres, des personnes prisonnières aux étages supérieurs agitant désespérément les bras pour demander de l’aide, et la fuite paniquée des passants dans les rues de Manhattan. Ces instants, filmés dans leur brutalité crue, ont transformé un événement localisé en une expérience émotionnelle universelle.
Les attentats du 11 septembre surpassent en intensité médiatique les précédents événements terroristes, tels que les Jeux Olympiques de Munich en 1972, souvent considérés comme le premier attentat réellement médiatisé à grande échelle. À Munich, la couverture s’était limitée à des retransmissions ponctuelles, souvent après coup, tandis que le 11 septembre introduit une nouvelle dimension : celle où la catastrophe est diffusée en direct, sous les yeux d’une audience mondiale.
Pour la première fois, les téléspectateurs furent témoins d’un drame humain et d’une destruction massive au moment où ils se produisaient. Cette immédiateté a renforcé l’impact psychologique de l’événement, ancrant ces images dans la mémoire collective. Les téléspectateurs n’étaient pas seulement des observateurs : ils étaient projetés dans la tragédie, partageant l’effroi et l’impuissance des victimes.
Ce qui distingue particulièrement le 11 septembre, c’est la transformation de la mort en un spectacle planétaire. Les impacts des avions, les incendies ravageant les étages supérieurs des tours, les silhouettes désespérées des personnes sautant dans le vide, et enfin l’effondrement des Twin Towers, furent captés et diffusés avec une précision presque clinique. Ces images, répétées en boucle sur les chaînes d’information et les réseaux sociaux naissants, ont non seulement documenté l’événement, mais en ont amplifié la portée émotionnelle et symbolique.
En dépassant le cadre informatif, ces retransmissions ont donné aux attentats une dimension quasi mythique, où la réalité et sa représentation médiatique sont devenues indissociables. Cette immersion visuelle, où chaque détail était enregistré et partagé, a transformé le 11 septembre en un événement unique, non seulement par son ampleur destructrice, mais aussi par son omniprésence dans l’espace médiatique mondial.
Les attentats du 11 septembre marquent une nouvelle étape dans la relation entre terrorisme et médias. En exploitant la capacité des médias à capturer et diffuser l’événement en temps réel, les auteurs des attaques ont réussi à maximiser l’impact psychologique de leurs actions. L’objectif n’était pas seulement de causer des destructions matérielles et des pertes humaines, mais aussi de transmettre un message idéologique à une audience globale.
Le 11 septembre illustre ainsi la montée en puissance d’un terrorisme pensé comme une stratégie de communication globale, où les médias jouent un rôle central dans la construction de l’événement. Les images des Twin Towers en feu et des effondrements successifs ne sont pas seulement des documents historiques : elles incarnent un moment où la mort et la destruction deviennent des symboles universels, ancrés dans l’imaginaire collectif.
Le spectacle de la mort en direct[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 ont offert un « spectacle de la mort » d’une intensité et d’une brutalité sans précédent, bouleversant les perceptions habituelles de la violence dans les sociétés modernes. L’effroi des téléspectateurs ne provenait pas uniquement de l’ampleur des destructions, mais de la manière dont ces événements ont été représentés et vécus en temps réel.
Les images diffusées montraient avec une précision saisissante les impacts des avions dans les tours, les flammes dévastant les étages supérieurs, et les silhouettes des victimes désespérées sautant dans le vide pour échapper à une mort certaine dans les incendies. Ces scènes, d’une intensité tragique insoutenable, atteignirent leur paroxysme avec l’effondrement successif des Twin Towers, filmé et retransmis sous plusieurs angles, capturant la destruction et la désolation en direct.
Ce spectacle de la mort a provoqué une panique émotionnelle qui dépassait toute rationalité. Les téléspectateurs du monde entier, confrontés à des scènes inimaginables, ont partagé un sentiment collectif d’effroi et d’impuissance. La médiatisation instantanée de l’événement, avec des images diffusées en boucle sur toutes les chaînes d’information, a amplifié cette réaction. Chaque répétition visuelle renforçait l’intensité émotionnelle de l’événement, ancrant l’horreur dans la mémoire collective mondiale.
Dans les sociétés modernes, la mort est généralement reléguée hors du champ visuel, souvent aseptisée ou occultée par les normes culturelles et médiatiques. Le 11 septembre rompt radicalement avec cette convention. La mort devient visible, omniprésente, et inséparable de la représentation médiatique. Cet événement a forcé les téléspectateurs à regarder en face une tragédie humaine d’une ampleur sans précédent, transformant ce qui aurait pu rester une donnée statistique en une expérience sensorielle et émotionnelle partagée.
Le spectacle de la mort en direct a également contribué à faire des attentats du 11 septembre un événement d’une portée mondiale. Les victimes, anonymes ou identifiées par les images captées, incarnaient non seulement l’ampleur de la tragédie, mais aussi son universalité. Ce sont les symboles mêmes de la modernité et de la puissance — les Twin Towers — qui s’effondraient, emportant avec elles des vies humaines tout en projetant un message idéologique clair.
L’effondrement des tours, capté en direct, n’était pas seulement une tragédie matérielle ou humaine ; il symbolisait également la vulnérabilité de l’ordre mondial face à des menaces asymétriques. Cette dimension symbolique, combinée à l’omniprésence des images, a fait du 11 septembre un événement unique dans l’histoire contemporaine : une tragédie à la fois locale et universelle, personnelle et collective, réelle et médiatique.
Les attentats du 11 septembre illustrent parfaitement comment les médias peuvent transformer une tragédie en une expérience collective d’effroi. Les images, répétées et diffusées sous tous les angles, ont contribué à graver cet événement dans la mémoire collective, non seulement comme une attaque contre les États-Unis, mais comme une fracture symbolique dans l’histoire contemporaine.
Le spectacle de la mort en direct a redéfini la manière dont les sociétés modernes perçoivent et vivent les grandes tragédies. Il a montré que, dans un monde dominé par les images, la manière dont un événement est représenté peut être aussi significative que l’événement lui-même, amplifiant son impact émotionnel et symbolique à une échelle mondiale.
Un effet amplifié par l’effondrement des tours[modifier | modifier le wikicode]
L’effondrement successif des deux tours du World Trade Center, filmé et retransmis en direct par les caméras du monde entier, a conféré à la catastrophe une dimension irréversible et profondément traumatisante. Ces scènes d’une intensité dramatique extrême ont marqué une rupture visuelle et émotionnelle, capturant la mort inéluctable de milliers de personnes piégées dans les bâtiments et sous les décombres.
L’effondrement de la tour Sud à 9 h 58, suivi de celui de la tour Nord à 10 h 28, a été retransmis sous plusieurs angles, faisant de ces moments des symboles universels de désespoir et de destruction. La chute rapide et spectaculaire de ces édifices emblématiques, accompagnée de nuages de poussière s’étendant sur tout Manhattan, donnait une impression d’apocalypse en temps réel. Les caméras captèrent également la fuite chaotique des passants, cherchant à échapper à l’avalanche de débris et à la poussière qui enveloppait les rues adjacentes.
Cette simultanéité entre la destruction physique et sa retransmission médiatique a amplifié l’effet de sidération. Les téléspectateurs, impuissants, furent témoins d’une catastrophe qui dépassait l’entendement, transformant ces effondrements en un moment de deuil collectif, partagé à l’échelle mondiale.
L’effondrement des tours a transcendé les frontières géographiques et culturelles, faisant des attentats du 11 septembre une expérience universelle. Les images de la chute des Twin Towers, répétées en boucle sur les chaînes d’information, ont figé cet instant dans la mémoire collective comme un symbole de vulnérabilité et de tragédie humaine.
Au-delà de la perte matérielle et humaine, ces effondrements représentaient une destruction symbolique : celle de la modernité triomphante incarnée par les tours, et plus largement celle de l’invulnérabilité perçue des grandes puissances. Le contraste entre la solidité apparente des Twin Towers et leur disparition soudaine illustrait la fragilité de ce qui était considéré comme indestructible, ajoutant une dimension presque mythique à cet événement.
La puissance de ces images résidait également dans leur capacité à rendre palpable l’ampleur de la catastrophe. Les effondrements, capturés sous plusieurs angles et diffusés en direct, ont été immédiatement intégrés dans une narration globale, où la tragédie devenait un spectacle universel. Les médias, en diffusant ces scènes en continu, ont contribué à transformer un événement national en une crise internationale, vécue émotionnellement par des millions de personnes à travers le monde.
Les effondrements ne représentaient pas seulement une perte humaine et matérielle : ils témoignaient également de l’impact psychologique et symbolique des attentats. En quelques minutes, des tours qui dominaient l’horizon new-yorkais depuis des décennies disparurent, emportant avec elles non seulement des vies, mais aussi l’image de l’Amérique invulnérable.
Ces images, devenues iconiques, incarnent le traumatisme du 11 septembre et sont restées gravées dans la mémoire collective mondiale. Elles ne montrent pas seulement une destruction physique, mais symbolisent une rupture dans l’histoire contemporaine. Le moment de l’effondrement des tours est perçu comme une métaphore visuelle de l’effondrement de certitudes géopolitiques, économiques et culturelles, marquant le début d’une ère de vulnérabilité partagée.
L’effondrement des tours, par sa portée visuelle et émotionnelle, a amplifié le choc des attentats du 11 septembre, transformant une tragédie américaine en un événement universel. Ces images, à la fois terribles et inoubliables, ont non seulement capturé un moment de destruction, mais aussi une expérience collective de sidération qui a redéfini le rapport des sociétés modernes à la violence, à la sécurité et à l’histoire.
Une tragédie médiatique et globale[modifier | modifier le wikicode]
Le caractère mondialement partagé des attentats du 11 septembre 2001 fait de cet événement un moment unique dans l’histoire contemporaine. La puissance des images diffusées dépasse leur fonction d’information : elles deviennent des vecteurs d’émotions universelles, touchant des millions de spectateurs à travers le globe. La médiatisation instantanée a permis une prise de conscience immédiate de l’ampleur de la tragédie, transformant ce drame en une expérience collective planétaire.
Les attentats du 11 septembre ne se limitent pas à une tragédie nationale pour les États-Unis ; ils incarnent une rupture historique et culturelle d’envergure mondiale. La capacité des médias à capturer et diffuser en direct chaque moment de la catastrophe a conféré à cet événement une dimension symbolique unique. Les images des impacts, des flammes et de l’effondrement des tours sont devenues des icônes gravées dans la mémoire collective, non seulement comme des témoins de la destruction, mais comme des symboles de la vulnérabilité de la modernité face aux menaces asymétriques.
Ces images, répétées en boucle sur les chaînes d’information et les réseaux sociaux, ont marqué un tournant dans la manière dont les événements tragiques sont vécus et interprétés. Elles n’étaient pas seulement des enregistrements de la réalité, mais des représentations chargées d’émotion, capables d’unifier un public mondial autour d’un sentiment partagé de sidération et de deuil.
Les attentats du 11 septembre s’inscrivent parfaitement dans la définition d’un « événement-monde » : un moment où un événement particulier transcende les frontières géographiques, culturelles et politiques pour devenir un point de convergence des attentions et des émotions à l’échelle mondiale. Cet événement a été universellement visible et ressenti, grâce à la capacité des médias modernes à diffuser en temps réel les images de la catastrophe.
Ce phénomène, où la réalité est indissociable de sa représentation médiatique, illustre comment la société contemporaine, fondée sur l’image, vit et interprète les grands bouleversements de son époque. Les attentats du 11 septembre n’ont pas seulement changé le cours de l’histoire : ils ont également redéfini la manière dont les sociétés perçoivent et intègrent des tragédies d’envergure dans leur imaginaire collectif.
En tant qu’événement global, le 11 septembre a établi de nouveaux standards dans la médiatisation des crises et des catastrophes. La portée symbolique de cet événement, amplifiée par la répétition des images, a permis de le graver dans la mémoire collective mondiale, bien au-delà des frontières américaines. Ce caractère universel s’explique par la nature des cibles visées — les Twin Towers et le Pentagone, symboles d’une puissance économique et militaire dominante — mais aussi par l’ampleur des pertes humaines et l’effondrement visible en temps réel de certitudes perçues comme immuables.
Les attentats du 11 septembre sont devenus plus qu’une tragédie : ils sont un moment de transformation culturelle, politique et symbolique. Ils incarnent une nouvelle manière de vivre et de partager les bouleversements historiques dans une société de l’image, où la représentation médiatique est aussi puissante que les faits eux-mêmes.
La couverture médiatique des attentats les propulse immédiatement au statut d’évènement mondial[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 ont été propulsés au statut d’événement mondial grâce à une couverture médiatique instantanée et omniprésente. Cet événement, retransmis en direct, marqua les esprits par son caractère à la fois visuel et sonore. Les téléspectateurs furent confrontés à une expérience immersive : les images des impacts des avions et des effondrements étaient accompagnées de sons glaçants — suppliques, cris, pleurs — renforçant l’effet émotionnel.
Avant même que les sentiments de révolte ou d’injustice ne surgissent, c’est l’incompréhension, l’effroi et la stupeur qui marquèrent les esprits. Pour les New-Yorkais, tout comme pour les spectateurs impuissants devant leur poste de télévision, le choc émotionnel s’exprima par une forme de dénégation : « Je ne peux y croire. » Cette phrase résume l’incapacité initiale à intégrer l’événement dans le cadre du réel.
Un film catastrophe en grandeur nature[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 se sont inscrits dans l’imaginaire collectif comme une tragédie d’une intensité visuelle et émotionnelle digne des plus grands films catastrophes hollywoodiens. Les images des avions s’encastrant dans les tours, suivies des flammes, des explosions et, finalement, des effondrements des Twin Towers, évoquent irrésistiblement la fiction. Ces scènes semblaient surpasser la réalité elle-même, transcendant les limites de l’imaginaire habituel.
Ce parallèle avec la fiction est renforcé par le caractère spectaculaire et inouï de l’événement. L’impression de vivre un « cauchemar en direct », souvent exprimée par les témoins et téléspectateurs, est encapsulée dans l’expression « This is bigger than life ». Cette phrase résume parfaitement la rupture entre la perception du réel et l’irréalité apparente de la situation. Les attentats ont semblé défier les lois de la logique, confrontant chacun à une tragédie si massive et brutale qu’elle semblait issue d’un scénario hollywoodien.
Les scènes diffusées en direct rappelaient les productions cinématographiques catastrophes, où des bâtiments emblématiques s’effondrent, où les passants fuient dans la panique, et où des héros émergent face au chaos. Mais contrairement à la fiction, ces images étaient réelles. Cette superposition entre réalité et imaginaire a renforcé l’impact émotionnel de l’événement, rendant l’expérience encore plus déroutante.
Les attentats du 11 septembre sont ainsi devenus une forme de « fiction réalisée », un scénario que personne n’aurait cru possible, mais qui s’est déroulé sous les yeux du monde entier. Ce choc entre l’irréel et le réel a marqué une génération, laissant une empreinte durable dans l’imaginaire collectif.
Cette tragédie, bien que réelle, a plongé les spectateurs dans une expérience surréaliste. Le sentiment de sidération ne venait pas seulement de l’ampleur des destructions ou du nombre de victimes, mais de la manière dont ces événements semblaient échappés des pages d’un scénario. En voyant les tours s’effondrer, beaucoup ont ressenti une perte de repères, comme si les frontières entre fiction et réalité s’étaient soudainement estompées.
Ce choc émotionnel profond, partagé à l’échelle mondiale, obligea chacun à apprivoiser l’événement pour pouvoir continuer à vivre. Les images de cette journée ont rappelé à quel point les sociétés modernes, pourtant habituées à la consommation de récits fictifs, restent profondément vulnérables lorsqu’une tragédie réelle se manifeste avec autant de puissance visuelle.
Les attentats du 11 septembre ont redéfini la manière dont les événements tragiques sont perçus. En dépassant la réalité par leur caractère spectaculaire, ils ont illustré la capacité de certains événements à briser les cadres traditionnels de compréhension. L’irruption de l’impensable dans le quotidien, captée et diffusée par les médias, a laissé une marque indélébile dans la mémoire collective, changeant à jamais la relation des sociétés contemporaines avec les notions de sécurité, de vulnérabilité et de réalité.
Les attentats du 11 septembre ne sont pas seulement une tragédie humaine et matérielle : ils représentent également un moment où la fiction semble avoir rejoint le réel, offrant un spectacle qui, bien que profondément tragique, évoque irrésistiblement les récits cinématographiques apocalyptiques. Cette superposition a contribué à l’impact émotionnel et symbolique de l’événement, faisant du 11 septembre un tournant dans l’histoire contemporaine.
La répétition des images et leur transformation en icônes[modifier | modifier le wikicode]
La couverture médiatique des attentats du 11 septembre 2001 a amplifié leur impact par une diffusion incessante des images marquantes de la tragédie. Ces images, répétées en boucle sur les chaînes d’information, ont rapidement acquis un statut iconique, transcendant leur fonction initiale d’information pour devenir des symboles universels de douleur, de perte et de sidération. Cette répétition obsessionnelle, propre aux procédures journalistiques contemporaines, a contribué à ancrer ces scènes dans la mémoire collective mondiale, où elles sont chargées de significations bien au-delà de l’événement lui-même.
Les images des avions percutant les tours, des flammes embrasant les étages supérieurs, des effondrements successifs, et des passants fuyant dans la panique ne sont pas simplement des documents : elles incarnent une charge émotionnelle et symbolique qui leur confère une portée universelle. Par leur intensité visuelle, elles ne se limitent pas à décrire un moment précis, mais deviennent des représentations métaphoriques de la vulnérabilité humaine face à des forces destructrices.
Cette transformation en icônes visuelles s’opère à travers la répétition médiatique, qui fait des images des attentats des références immédiates à la tragédie. Elles ne sont plus seulement perçues comme des témoignages d’un événement, mais comme des symboles intemporels, convoquant à la fois l’effroi et la réflexion sur les fragilités de la modernité.
Les images des attentats du 11 septembre s’inscrivent dans une longue tradition d’icônes visuelles associées aux grands traumatismes de l’histoire américaine. Elles trouvent des échos dans d’autres moments tragiques déjà gravés dans la mémoire collective, tels que :
- La chute de Saïgon (1975) : La tentative désespérée des derniers Vietnamiens fuyant sur le toit de l’ambassade américaine, symbole d’une débâcle militaire et politique.
- La guerre du Vietnam (1972) : La photographie de la petite fille brûlée au napalm courant hors d’une zone de combat, incarnation de l’horreur de la guerre.
- L’assassinat de John F. Kennedy (1963) : Les travelling sur la limousine présidentielle après les coups de feu, symboles d’une perte nationale et d’une vulnérabilité politique.
Ces moments visuels, comme les images des attentats du 11 septembre, transcendent leur contexte immédiat pour devenir des métaphores de bouleversements historiques et émotionnels. Elles fonctionnent comme des rappels collectifs de la fragilité humaine et de la violence qui peut s’abattre de manière soudaine et irrémédiable.
Les images des attentats du 11 septembre se connectent à cette tradition de visuels traumatiques, renforçant leur impact et leur portée universelle. Elles ne sont pas seulement des scènes d’une catastrophe isolée, mais s’inscrivent dans une continuité historique et culturelle où elles dialoguent avec d’autres icônes de la douleur collective. Cette résonance historique contribue à transformer l’événement en un point de référence symbolique, non seulement pour les États-Unis, mais pour le monde entier.
La répétition des images et leur capacité à évoquer des souvenirs d’autres tragédies leur confèrent une puissance qui dépasse la simple documentation. Elles deviennent des icônes intemporelles, porteuses de significations universelles, contribuant à inscrire les attentats du 11 septembre dans une mémoire collective mondiale où elles symbolisent à la fois la vulnérabilité, la perte, et la résilience humaine.
Une mémoire collective construite par l’image[modifier | modifier le wikicode]
Les images des attentats du 11 septembre 2001 ne sont pas de simples documents visuels : elles ont joué un rôle actif et déterminant dans la construction d’une mémoire collective mondiale. Diffusées de manière continue et répétée, elles ont rapidement transcendé leur fonction descriptive pour devenir des références émotionnelles et culturelles. Ces images, capturant à la fois la destruction matérielle et la souffrance humaine, évoquent des thèmes universels tels que la vulnérabilité, la fragilité de l’humanité et le chaos inattendu.
Ces images ont résonné profondément auprès des spectateurs du monde entier en raison de leur capacité à susciter des émotions brutes et universelles. La sidération face à l’impensable, la perte irrémédiable et la rupture symbolique qu’elles incarnent ont transformé les attentats en un moment de partage émotionnel à l’échelle globale. En montrant la douleur humaine dans sa forme la plus crue — des visages marqués par l’horreur, des silhouettes sautant désespérément des tours en feu, et l’effondrement des Twin Towers — ces images ont capturé bien plus qu’un événement : elles ont immortalisé l’instant où le monde entier a ressenti la vulnérabilité commune de l’humanité.
La couverture médiatique du 11 septembre a transformé un événement localisé en une tragédie universelle. La répétition incessante des images, amplifiée par leur traitement iconique, a permis de renforcer leur impact émotionnel et symbolique bien au-delà des frontières des États-Unis. Ces images, devenues des icônes, symbolisent non seulement les pertes humaines et matérielles, mais aussi une rupture avec les certitudes de l’époque, marquant l’entrée dans un XXIᵉ siècle caractérisé par l’imprévisibilité et la montée des menaces globales.
En intégrant des thèmes universels, les images des attentats du 11 septembre s’inscrivent dans une histoire plus large de la douleur et de la résilience humaine. Elles rappellent d’autres moments iconiques de tragédies partagées, comme les images de la guerre du Vietnam ou de l’assassinat de John F. Kennedy. Cette continuité visuelle et émotionnelle amplifie leur portée : elles ne se limitent pas à illustrer un drame spécifique, mais deviennent des représentations intemporelles de la souffrance collective et de la fragilité des sociétés modernes.
Les médias, en diffusant ces images en boucle, ont activement contribué à construire cette mémoire collective. Par leur insistance sur les moments les plus marquants — les impacts, les effondrements, les scènes de fuite et de désespoir — ils ont créé des points de référence émotionnels qui unifient les perceptions et les souvenirs. Ces images ne sont pas simplement reçues : elles sont interprétées, partagées et intégrées dans une narration collective qui dépasse les faits pour devenir un symbole universel de douleur, de perte, mais aussi de résilience face à l’adversité.
Les images du 11 septembre ont fait bien plus que documenter une tragédie : elles ont façonné une mémoire collective mondiale. En devenant des références universelles, elles continuent de rappeler la fragilité de la condition humaine tout en incarnant l’espoir d’une résilience collective face aux pires épreuves.
L’individu écrasé par le poids de l’évènement[modifier | modifier le wikicode]
L’irruption brutale et inexplicable de la mort, au cœur des attentats du 11 septembre 2001, a écrasé chacun sous le poids de son évidence crue. Ce moment d’effroi absolu, dépourvu de toute explication immédiate, renforce la sensation décrite par Albert Camus de « l’absurdité de l’existence humaine ». L’événement, incompréhensible sur le moment, n’avait ni sens clair ni contexte accessible pour ceux qui en furent témoins ou victimes. À cet instant, il n’y avait personne pour expliquer qu’il s’agissait d’un acte terroriste orchestré par Al-Qaïda.
Jean Baudrillard qualifie ces attentats d’« événement absolu, la mère des événements, à l’événement pur qui concentre en lui tous les événements qui n’ont jamais eu lieu ». Par cette formule, il souligne leur caractère unique et irréductible : une tragédie si totale qu’elle semble échapper aux cadres habituels de compréhension, laissant les individus face à un vide conceptuel et émotionnel.
Une dramaturgie écrasante[modifier | modifier le wikicode]
Les événements du 11 septembre 2001 ont acquis une intensité dramatique exceptionnelle grâce à une couverture médiatique sans précédent, qui a monopolisé l’espace informatif mondial et évacué toute autre actualité. Des chaînes comme CNN ont joué un rôle central dans cette dynamique, diffusant en boucle les images des impacts des avions, des explosions, des effondrements des tours, et des scènes de panique. Cette répétition constante, souvent décrite comme une forme de « pornographie visuelle », a généré une fascination morbide. Les images, bien que diffusées à l’excès, n’ont jamais perdu leur fulgurance ni leur charge émotionnelle et traumatique.
La presse écrite, suivant l’exemple des médias audiovisuels, a adopté une approche similaire, consacrant des pages entières à l’analyse, aux témoignages et aux récits liés aux attentats. Cette focalisation quasi obsessionnelle a duré des mois, alimentant la sidération collective et maintenant les attentats au centre de toutes les préoccupations. Cette omniprésence médiatique a contribué à transformer un événement tragique en une expérience partagée et indélébile dans l’imaginaire collectif.
En amplifiant chaque détail, chaque témoignage, et chaque image iconique, les médias ont figé les attentats comme une tragédie omniprésente, impossible à ignorer ou à relativiser. La répétition constante des scènes marquantes a instauré une forme de temporalité suspendue, où le choc initial était continuellement réactivé par chaque rediffusion.
La dramaturgie médiatique a renforcé le caractère traumatique des attentats. Ce n’était plus seulement une catastrophe physique et humaine, mais un événement qui, par sa couverture, s’est inscrit comme un choc collectif d’une intensité exceptionnelle. Les images des avions percutant les tours, des flammes ravageant les étages supérieurs, et des effondrements massifs ont symbolisé la destruction de bien plus que des bâtiments : elles ont incarné la fragilité de certitudes jusque-là perçues comme inébranlables.
Cette saturation médiatique a également amplifié le poids psychologique des attentats en leur conférant une portée symbolique universelle. Chaque image, chaque récit, devenait un rappel permanent de la vulnérabilité humaine face à la violence extrême, mais aussi de l’impuissance des sociétés modernes à contenir l’imprévisible.
Par cette focalisation, les médias ont transformé les attentats du 11 septembre en une narration globale et universelle. Ils ont dépassé leur fonction descriptive pour devenir des producteurs d’un récit collectif, où chaque image et chaque témoignage contribuaient à figer l’événement dans une mémoire symbolique. Cette dramaturgie universelle a fait des attentats non seulement une tragédie nationale pour les États-Unis, mais aussi un moment de rupture ressenti et interprété à l’échelle mondiale.
La couverture médiatique des attentats du 11 septembre a non seulement documenté l’événement, mais a également construit sa dramaturgie. En saturant l’espace informatif et en amplifiant le poids émotionnel des images, les médias ont figé cette tragédie dans la conscience collective mondiale, en faisant un symbole durable des vulnérabilités, des peurs, et des contradictions du monde contemporain.
L’incompréhension comme source de traumatisme[modifier | modifier le wikicode]
L’incapacité à comprendre les attentats du 11 septembre 2001 au moment où ils se déroulaient a amplifié leur impact traumatique. L’ampleur de la catastrophe dépassait les capacités des individus, des institutions et même des systèmes de secours à appréhender pleinement ce qui se passait. Dans les tours jumelles, les services de secours et les centres d’appel furent rapidement débordés, incapables de coordonner efficacement une réponse adaptée à la situation. Cette impossibilité de gérer l’événement en temps réel traduisait son caractère écrasant : un désastre si total qu’il défiait toute tentative de rationalisation ou d’organisation.
Face à l’ampleur de la destruction et à la soudaineté des événements, les témoins directs et les spectateurs à distance ont éprouvé un sentiment d’impuissance absolue. L’absence d’explication claire et immédiate sur les causes et les responsables des attaques renforça ce sentiment. Les images des avions percutant les tours, suivies des effondrements successifs, semblaient défier toute logique, plongeant les individus dans un état de sidération et d’incrédulité.
Dans les moments qui suivirent, aucun cadre explicatif cohérent n’était disponible pour aider les personnes à intégrer l’événement dans une narration compréhensible. Ce vide de sens a laissé place à un traumatisme brut, aggravé par l’exposition répétée aux images des attaques.
Les médias, en diffusant en boucle des scènes de destruction et de désespoir, ont maintenu l’événement à l’avant-plan de la conscience collective. Cette omniprésence visuelle a empêché toute distanciation émotionnelle, transformant l’incompréhension initiale en un traumatisme durable. Les images des personnes piégées dans les étages supérieurs, des rescapés couverts de poussière, et des tours s’effondrant ont été constamment réactivées par la répétition médiatique, fixant ces moments dans la mémoire collective comme des symboles d’impuissance et de perte.
Pour les individus, cette incapacité à comprendre ou à traiter l’événement dans l’instant a laissé des blessures psychologiques profondes. L’incompréhension initiale, combinée à la soudaineté et à la brutalité des attaques, a exacerbé le sentiment de vulnérabilité et d’impuissance. Ces blessures psychologiques ne se limitaient pas aux témoins directs, mais s’étendaient à un public mondial, confronté à une tragédie dont les dimensions semblaient irréelles.
L’incapacité à donner un sens immédiat aux attentats du 11 septembre a constitué une source majeure de traumatisme, amplifiée par la saturation médiatique et la répétition des images. Cet événement, incompréhensible sur le moment, a révélé les limites des systèmes humains et institutionnels face à des désastres d’une telle ampleur, tout en laissant une empreinte durable sur la conscience collective mondiale.
Un traumatisme collectif[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 représentent bien plus qu’une catastrophe matérielle ou humaine : ils incarnent un traumatisme collectif d’une ampleur exceptionnelle, partagé à l’échelle mondiale. La dimension tragique de cet événement réside autant dans sa brutalité que dans sa représentation médiatique, qui a amplifié son impact émotionnel et symbolique. À travers les écrans, des millions de personnes ont été témoins d’un drame qui semblait défier toute explication rationnelle. Cette sidération collective a laissé une empreinte profonde, à la fois dans les mémoires individuelles et dans la conscience collective globale.
Le caractère universel du traumatisme du 11 septembre provient en grande partie de la manière dont l’événement a été médiatisé. Les images des impacts des avions, des flammes ravageant les tours, et des effondrements successifs ont été diffusées en temps réel, atteignant une audience mondiale. Ces scènes, chargées de violence visuelle et d’émotion brute, ont plongé chacun dans une sidération immédiate, créant une expérience partagée d’effroi et d’impuissance.
Cette exposition globale à l’événement a transcendé les frontières géographiques et culturelles, transformant les attentats en un moment universellement ressenti. Les téléspectateurs, bien qu’éloignés physiquement des lieux de la tragédie, se sont retrouvés confrontés à un sentiment de perte et de vulnérabilité, amplifié par la répétition incessante des images.
Le 11 septembre a redéfini les contours du traumatisme dans une société globalisée. L’ampleur de la catastrophe, combinée à son incompréhensibilité initiale, a écrasé les individus sous le poids de l’événement. Pour beaucoup, la tragédie a marqué une rupture dans leur perception du monde, révélant la fragilité des certitudes modernes face à des menaces asymétriques et imprévisibles.
Le traumatisme collectif ne se limite pas aux pertes humaines ou matérielles : il inclut également la peur durable d’un futur incertain. Les attentats ont symbolisé une entrée brutale dans le XXIᵉ siècle, où l’idée de sécurité absolue s’est effondrée en même temps que les tours du World Trade Center.
Ce traumatisme collectif persiste dans les mémoires à travers la médiatisation continue des attentats. Les images et les récits de ce jour sont devenus des références universelles, constamment revisitées dans les anniversaires, les analyses et les débats publics. Cette omniprésence maintient le 11 septembre comme un point de référence dans l’histoire contemporaine, où il symbolise à la fois la douleur, la perte et la résilience humaine.
Les attentats du 11 septembre ne peuvent être réduits à leur déroulement immédiat. Par leur ampleur, leur médiatisation et leur impact émotionnel, ils ont marqué un tournant dans la manière dont les sociétés modernes affrontent et assimilent les tragédies globales. Ce traumatisme collectif, né de l’impuissance à comprendre et à prévenir l’inexplicable, continue de questionner la capacité des sociétés à répondre à des événements qui bouleversent à la fois l’histoire et l’humanité.
La déconstruction du concept de terrorisme[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 ont radicalement bouleversé la perception du terrorisme, provoquant une déconstruction profonde de ce concept. Les premiers sentiments d’horreur éprouvés par le public ont été amplifiés par une remise en question immédiate des idées communément admises sur la nature du terrorisme et de l’acte terroriste à la fin du XXᵉ siècle.
La perte de sens des cadres traditionnels[modifier | modifier le wikicode]
Avant le 11 septembre 2001, le terrorisme était souvent perçu comme une forme de « barbarie civilisée », une violence brutale mais régie par des limites implicites. Les cibles étaient généralement choisies pour leur rôle symbolique ou leur position au sein des élites : figures politiques, juges, policiers, ou représentants d’un ordre social perçu comme oppressif. Cette perception était fondée sur l’idée que, bien qu’extrême, le terrorisme s’efforçait de préserver une certaine légitimité en épargnant les innocents.
Dans Les Justes d’Albert Camus, cette distinction apparaît de manière éloquente. Les personnages s’interrogent sur la morale de leurs actes violents et s’efforcent de ne pas sacrifier des victimes innocentes, cherchant à maintenir une forme d’éthique, même dans un contexte de lutte armée. Cette vision d’un terrorisme « sélectif », ancré dans des revendications idéologiques ciblées, dominait les imaginaires avant les attentats du 11 septembre.
Les attentats du 11 septembre ont totalement bouleversé cette conception en éliminant toute distinction entre cibles légitimes et innocents. Les terroristes ont délibérément visé des civils à grande échelle, frappant des symboles universels comme les Twin Towers, incarnation de l’économie mondiale, et le Pentagone, centre névralgique de la puissance militaire américaine. Ces choix stratégiques ont marqué une rupture avec les cadres traditionnels du terrorisme, où les attaques visaient souvent des figures ou institutions spécifiques.
En abandonnant cette sélectivité, le terrorisme du 11 septembre a non seulement multiplié l’ampleur des pertes humaines, mais a également amplifié l’impact psychologique de l’attaque. Il a ancré dans la conscience collective l’idée que personne n’est à l’abri, qu’il s’agisse de civils, de travailleurs ordinaires, ou de représentants d’une nation.
Cette perte de sens des cadres traditionnels a également déstabilisé les perceptions morales du terrorisme. L’idée d’un « code » implicite dans les actes terroristes, où la violence restait dirigée vers des cibles spécifiques, a été balayée. Les attentats du 11 septembre ont révélé une idéologie où il n’existe plus d’innocents, comme en témoigne une fatwa de Ben Laden, affirmant que tous les membres d’une société jugée coupable peuvent être des cibles légitimes.
Cette nouvelle forme de violence, indiscriminée et globalisée, a effacé les distinctions autrefois considérées comme fondamentales entre civils et combattants, entre victimes directes et collatérales. Elle a confronté les sociétés modernes à une menace où aucune règle ne semble s’appliquer, bouleversant les certitudes morales et les mécanismes de compréhension de la violence politique.
Les attentats du 11 septembre ont également élargi la portée psychologique du terrorisme. En frappant des cibles emblématiques, mais ouvertes au public, les terroristes ont introduit une nouvelle dimension dans la peur : la vulnérabilité universelle. Le choix des Twin Towers et du Pentagone comme objectifs a illustré une volonté de frapper des lieux symboliques tout en infligeant des pertes massives à des individus ordinaires. Cette approche a transformé chaque espace public en une cible potentielle, éliminant toute illusion de sécurité.
Les attentats du 11 septembre ont détruit les cadres traditionnels qui structuraient la compréhension du terrorisme. En éliminant les distinctions entre cibles légitimes et innocents, en déstabilisant les repères moraux, et en étendant la vulnérabilité à tous les niveaux de la société, ils ont redéfini la manière dont les sociétés perçoivent la violence politique. Ce bouleversement continue d’influencer la réflexion sur la sécurité et la gestion des menaces globales dans le monde contemporain.
L’élimination de la notion d’innocence[modifier | modifier le wikicode]
L’élimination de la notion d’innocence constitue l’un des aspects les plus marquants de la transformation du concept de terrorisme suite aux attentats du 11 septembre 2001. Dans une fatwa de Ben Laden, il est explicitement déclaré qu’il n’existe pas d’innocents dans le camp adverse. Cette déclaration reflète une idéologie radicale qui rejette la distinction fondamentale entre civils et cibles militaires, élargissant le champ des victimes potentielles à l’ensemble d’une population.
Historiquement, même les formes les plus violentes de terrorisme tentaient, dans une certaine mesure, de préserver une distinction entre combattants et civils. Cette différenciation, bien que parfois floue, permettait de maintenir une forme de légitimité morale, au moins dans l’imaginaire collectif. Les cibles étaient souvent choisies pour leur symbolisme ou leur rôle dans le maintien d’un ordre perçu comme oppressif : des figures politiques, des membres des forces de l’ordre, ou des représentants d’une élite dominante.
Les attentats du 11 septembre ont brisé ces cadres en adoptant une approche indiscriminée. En visant des lieux symboliques comme les Twin Towers — emblèmes de l’économie mondiale — et en causant des pertes massives parmi des civils, les terroristes ont effacé toute distinction entre les victimes. Ce choix stratégique a transformé le terrorisme en une violence globale, dirigée non plus seulement contre des structures de pouvoir, mais contre des sociétés entières.
La fatwa de Ben Laden illustre une vision du monde où la notion d’innocence est totalement écartée. Dans cette logique, chaque individu appartenant à une société jugée coupable devient une cible légitime. Cette perspective repose sur une généralisation idéologique : les citoyens d’un pays, par leur appartenance à une nation ou à un système perçu comme oppressif, sont collectivement responsables des actions de leurs gouvernements.
Ce rejet de l’innocence redéfinit les bases mêmes du terrorisme. Il ne s’agit plus d’une lutte ciblée ou sélective, mais d’une violence totale qui vise à déstabiliser les fondements mêmes des sociétés modernes. En éliminant cette distinction, le terrorisme devient une forme de guerre asymétrique où chaque membre de la société est potentiellement une victime.
Cette élimination de la notion d’innocence a profondément transformé la manière dont le terrorisme est perçu. En frappant des cibles universelles et des civils à grande échelle, les attentats du 11 septembre ont introduit une nouvelle dimension de peur et de vulnérabilité. Les frontières autrefois perçues comme protectrices entre les sphères du pouvoir et la vie ordinaire ont été abolies, instaurant l’idée que personne n’est à l’abri.
Ce changement a également eu un impact sur la perception morale du terrorisme. En ciblant indistinctement des innocents, il a entraîné un rejet encore plus fort des idéologies terroristes, qui apparaissent comme des formes de violence déshumanisantes et irrationnelles. La perte de toute distinction entre cibles légitimes et civils a renforcé l’idée d’une violence aveugle, difficile à contenir ou à rationaliser.
L'élimination de la notion d’innocence symbolisée par les attentats du 11 septembre représente une rupture majeure dans l’histoire du terrorisme. Elle a transformé un acte de contestation politique, souvent perçu comme ciblé, en une violence universalisée et indiscriminée. Ce basculement a non seulement redéfini la manière dont les sociétés modernes perçoivent les menaces terroristes, mais a également amplifié l’impact psychologique des attaques, instaurant une peur globale et durable.
Un terrorisme universel et indiscriminé[modifier | modifier le wikicode]
Le terrorisme des années 1970 et 1980, bien que spectaculaire, était souvent caractérisé par des actions ciblées. Ces actes, tels que l’assassinat de juges, de policiers ou de figures politiques, visaient des personnes occupant des positions stratégiques au sein des structures de pouvoir ou des élites. Ils s’inscrivaient dans une logique de lutte idéologique ou de contestation sociale, où les victimes étaient choisies pour leur symbolisme et leur rôle dans le maintien d’un ordre perçu comme oppressif.
Ce mode opératoire, bien que violent, laissait les populations éloignées des cercles de pouvoir dans une relative tranquillité. La classe moyenne ou les citoyens ordinaires pouvaient se sentir protégés par leur statut, leur anonymat, ou leur distance par rapport aux cibles privilégiées des terroristes.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont radicalement brisé cette illusion de sécurité. En frappant des cibles emblématiques de la modernité et de l’économie mondiale — les Twin Towers, le Pentagone —, et en causant des pertes humaines massives parmi des civils, les terroristes ont redéfini la nature de la menace. Le choix de ces objectifs universels, à la fois symboliques et accessibles, a montré que le terrorisme n’était plus une violence dirigée exclusivement contre des figures spécifiques ou des institutions précises.
Désormais, chaque individu, indépendamment de son statut, de son rôle social ou de son éloignement des cercles de pouvoir, pouvait devenir une cible potentielle. Cette transition vers un terrorisme universel et indiscriminé a instauré un sentiment global de vulnérabilité, bouleversant la perception de la sécurité personnelle et collective.
En éliminant la sélectivité traditionnelle des cibles, les attentats du 11 septembre ont introduit une forme de violence totale, où aucune distinction n’est faite entre civils et figures d’autorité. Cette approche, comme en témoigne la fatwa de Ben Laden, repose sur l’idée que tous les membres d’une société jugée coupable peuvent être considérés comme des ennemis légitimes. Les Twin Towers, par exemple, n’étaient pas seulement des symboles du capitalisme mondial : elles étaient aussi des lieux de travail pour des milliers de personnes ordinaires, devenues des victimes indiscriminées.
Cette indiscrimination a provoqué un basculement psychologique majeur. Là où les actes terroristes précédents pouvaient être perçus comme des attaques ciblées, les attentats du 11 septembre ont instauré une peur généralisée, rendant chaque espace public potentiellement dangereux.
La transition vers un terrorisme universel a profondément modifié la manière dont les sociétés modernes appréhendent la sécurité. En frappant des cibles qui incarnaient des valeurs globales — comme l’économie mondiale, la puissance militaire et la modernité urbaine —, les terroristes ont rendu la menace omniprésente. Chaque individu, qu’il soit à New York, à Paris, ou ailleurs, pouvait s’identifier aux victimes, renforçant l’idée que personne n’était à l’abri.
Cette universalisation de la menace a également amplifié l’impact psychologique des attentats, créant une anxiété collective durable. Le terrorisme n’était plus perçu comme une série d’attaques isolées visant des structures spécifiques, mais comme une menace existentielle qui pouvait frapper à tout moment, n’importe où.
Les attentats du 11 septembre ont marqué une transition vers un terrorisme globalisé et indiscriminé, où la peur ne se limite plus à certaines catégories ou zones géographiques. En supprimant les distinctions traditionnelles entre cibles légitimes et innocentes, cette forme de violence a instauré une vulnérabilité universelle, redéfinissant la manière dont les sociétés modernes perçoivent et vivent la menace terroriste. Ce changement continue d’avoir des répercussions profondes sur les politiques de sécurité, les perceptions sociales, et l’imaginaire collectif face aux formes contemporaines de violence.
Une violence déshumanisante[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 ont non seulement redéfini le concept de terrorisme, mais ont également marqué une étape dans la déshumanisation de la violence. Cette déconstruction s’est traduite par un effacement brutal des distinctions fondamentales entre combattants et civils, entre cibles légitimes et innocents. Les attaques n’étaient pas seulement des actes de destruction : elles portaient un message idéologique globalisant, affirmant que toute personne appartenant à une société jugée coupable pouvait être une cible légitime.
Cette déshumanisation se manifeste par l’indifférence totale aux conséquences humaines des attaques. Les victimes du 11 septembre n’étaient pas choisies pour leur rôle ou leur fonction, mais pour leur appartenance à un système économique, culturel et politique représenté symboliquement par les Twin Towers ou le Pentagone. Ce rejet des distinctions traditionnelles a profondément bouleversé les cadres moraux habituels, où même les formes violentes de terrorisme tentaient souvent de maintenir une certaine sélectivité dans leurs cibles.
En frappant indistinctement des civils et des structures emblématiques, les auteurs des attentats ont transformé la violence en un outil global et universel, conçu pour semer la terreur à grande échelle. Cette approche a privé les individus d’un sentiment de sécurité fondamentale, en éliminant les repères traditionnels qui séparaient le champ de bataille des espaces publics.
Les attentats du 11 septembre ont également instauré l’idée que chaque lieu et chaque individu pouvaient devenir des cibles potentielles. En frappant des cibles emblématiques mais accessibles, comme les tours du World Trade Center — espaces à la fois publics et universels —, les terroristes ont diffusé un message de vulnérabilité universelle. Cette généralisation de la menace a transformé chaque espace public en un théâtre potentiel de violence, où la distinction entre zones de guerre et lieux de vie quotidienne s’efface complètement.
Cette perte de contrôle sur la sécurité personnelle a contribué à un traumatisme collectif profond. Les sociétés modernes, habituées à séparer la violence de la sphère civile, ont été confrontées à une réalité où ces distinctions ne tenaient plus. Cette insécurité généralisée, accentuée par la répétition médiatique des images, a ancré la peur dans l’imaginaire collectif, transformant le 11 septembre en un symbole de l’impuissance face à une violence déshumanisée.
La déshumanisation opérée par les attentats ne se limite pas à la dimension matérielle des destructions. Elle s’accompagne d’un message idéologique où la violence devient un moyen de nier l’humanité même des victimes. En effaçant toute distinction entre coupables et innocents, les terroristes ont également rejeté les cadres moraux qui régissent habituellement les conflits. Cette négation des valeurs fondamentales a renforcé le caractère traumatique des attentats, en confrontant les sociétés à une violence qui semblait dépourvue de toute limite ou rationalité.
Les attentats du 11 septembre ont marqué une transition vers une violence déshumanisante, qui a profondément redéfini la manière dont les sociétés modernes perçoivent et vivent la menace terroriste. Cette forme de violence, qui ignore les distinctions entre combattants et civils, transforme non seulement les espaces publics en lieux d’insécurité, mais mine également les fondements mêmes des relations humaines. Ce changement continue de façonner les politiques de sécurité et les réponses sociétales face aux formes contemporaines de terrorisme.
Une nouvelle perception de la menace[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 ont radicalement redéfini la perception de la menace terroriste, transformant une violence auparavant perçue comme ciblée en une force omniprésente et universelle. Ce basculement a effacé les cadres traditionnels qui permettaient d’analyser et, dans une certaine mesure, de rationaliser les actes terroristes. La violence, désormais indiscriminée, a fait s’effondrer toute empathie ou compréhension potentielle envers les motivations idéologiques des terroristes, laissant place à une peur globale et diffuse.
Avant le 11 septembre, le terrorisme était souvent perçu comme une lutte dirigée contre des cibles spécifiques : figures politiques, infrastructures stratégiques, ou symboles de pouvoir. Cette sélectivité dans les objectifs donnait l’illusion que les individus ordinaires étaient relativement à l’abri. Les attentats du 11 septembre ont brisé cette illusion en s’attaquant à des lieux emblématiques mais ouverts au public, causant des pertes massives parmi des civils.
Cette transformation a instauré une perception de la menace comme universelle, où chaque individu, indépendamment de son rôle ou de son statut, pouvait devenir une victime potentielle. La peur d’un terrorisme imprévisible, capable de frapper à tout moment et en tout lieu, s’est ancrée dans les esprits.
Le caractère indiscriminé des attaques a également bouleversé la perception de la rationalité associée au terrorisme. Là où certains actes terroristes antérieurs pouvaient être analysés comme des réponses à des situations politiques ou sociales spécifiques, les attentats du 11 septembre ont introduit une violence totale, dépourvue de distinctions entre cibles légitimes et innocentes. Cette déshumanisation de la violence a renforcé l’idée d’un terrorisme aveugle et destructeur, où la recherche de l’impact maximal prime sur toute autre considération.
Ce changement a conduit à une rupture avec les cadres traditionnels d’analyse et de compréhension du terrorisme. Les sociétés modernes se sont retrouvées confrontées à une menace qui ne pouvait plus être rationalisée ou contenue par des réponses traditionnelles.
Les événements du 11 septembre ont également mis en lumière la fragilité des structures modernes face à cette nouvelle forme de menace. Les cibles des attaques, telles que les Twin Towers, symbolisaient non seulement le pouvoir économique et culturel, mais aussi la modernité et la stabilité des sociétés occidentales. Leur destruction a révélé la vulnérabilité des infrastructures perçues comme invulnérables, brisant l’idée d’un ordre mondial sécurisé et inébranlable.
Cette prise de conscience a redéfini la manière dont les sociétés modernes appréhendent la sécurité. La menace terroriste n’est plus localisée ou sectorisée : elle est devenue un phénomène global, redessinant les priorités stratégiques et les politiques de prévention.
Les attentats du 11 septembre ont déconstruit le concept traditionnel de terrorisme, révélant une mutation vers une violence universelle et indiscriminée. Cette redéfinition a transformé la perception de la menace en une peur permanente et globale, marquant une rupture dans la manière dont les sociétés modernes envisagent la sécurité et la stabilité. La fragilité des structures sociales, économiques et politiques mises en lumière par ces événements continue d’alimenter les débats sur la résilience des sociétés face aux défis contemporains.
Le terrorisme : une affaire traditionnelle du « biais d’optimisme »[modifier | modifier le wikicode]
Face au terrorisme, les individus ont historiquement recours à un « biais d’optimisme », un mécanisme psychologique qui leur permet de naviguer dans un environnement perçu comme incertain ou menaçant. Dans nos sociétés technologiques, ce biais consiste à déléguer la gestion des risques à des systèmes, institutions ou experts considérés comme compétents, même si l’individu lui-même ne possède pas les compétences nécessaires pour gérer ces situations. Ce biais, en instaurant une confiance implicite dans la capacité collective à prévenir ou contrôler les menaces, permet aux individus de maintenir une certaine quiétude affective et une sécurité psychologique, indispensables à leur équilibre quotidien.
Une représentation rationalisée de la menace[modifier | modifier le wikicode]
Le « biais d’optimisme » ne se limite pas à la gestion des risques, mais s’étend également aux représentations collectives du terrorisme. Il laisse à chacun l’illusion qu’il possède les capacités intellectuelles nécessaires pour comprendre, anticiper et éviter les situations à risque, y compris les actes terroristes. Cette perception rassurante repose sur l’idée que, bien que violent, le terrorisme est structuré par une certaine rationalité, avec des objectifs clairs et des limites implicites.
Durant les années 1970-1980, le terrorisme était souvent perçu comme une forme de violence ciblée et rationnelle, inscrite dans une logique idéologique ou politique. Les actes terroristes de cette époque, tels que les assassinats de figures politiques, de policiers ou de représentants des élites, semblaient suivre un « code d’honneur » tacite. À l’image des mafias ou des bandits légendaires, ces groupes étaient associés à une rationalité morale qui les empêchait de franchir certaines limites.
Cette vision idéalisée du terrorisme colportait l’idée que, malgré leur recours à la violence, ces acteurs conservaient une forme de contrôle sur leurs actions, visant des cibles spécifiques tout en cherchant à épargner les innocents. Cette distinction, bien qu’imparfaite, permettait aux sociétés de se représenter le terrorisme comme une menace limitée, encadrée par des règles implicites qui empêchaient de sombrer dans une barbarie totale.
Ce cadre interprétatif attribuait également au terrorisme une certaine rationalité dans ses motivations. Les actes de violence étaient souvent perçus comme des réponses à des frustrations économiques, politiques ou culturelles, ancrées dans des contextes locaux ou régionaux. Cette approche rationalisée suggérait que le terrorisme, bien que destructeur, restait compréhensible dans ses objectifs et ses moyens, inscrivant l’acte terroriste dans une démarche raisonnée, voire pragmatique.
Dans ce contexte, le terrorisme était également distingué de la pure barbarie par l’absence de nihilisme : la destruction n’était jamais une fin en soi, mais un moyen pour atteindre un objectif politique ou idéologique. Cette perception laissait place à une forme de compréhension, sinon de sympathie, pour les motivations des acteurs terroristes, contribuant à entretenir l’idée d’une menace maîtrisable.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont brutalement détruit cette représentation rationalisée de la menace terroriste. En ciblant massivement des civils et en intégrant la mort des assaillants dans leur stratégie, les auteurs ont rompu avec l’idée d’un terrorisme encadré par des règles morales ou rationnelles. La destruction est devenue une fin en soi, révélant un nihilisme profond qui échappe aux cadres d’analyse traditionnels.
Cette rupture a non seulement exacerbé le traumatisme collectif, mais a également remis en question la capacité des sociétés modernes à comprendre ou à anticiper de telles violences. Le terrorisme, tel qu’incarné par les attentats du 11 septembre, n’était plus une force rationnelle, mais une menace universelle, imprévisible et déshumanisante, rendant obsolètes les interprétations classiques basées sur le contrôle ou la rationalité.
Le 11 septembre a marqué la fin d’une vision rassurante et rationalisée du terrorisme. Il a révélé une violence dénuée de limites, où les distinctions entre cibles légitimes et innocentes disparaissent, laissant place à une menace globale qui redéfinit les contours de la sécurité et de la peur dans les sociétés contemporaines.
Le 11 septembre : une rupture avec le terrorisme classique[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 ont radicalement transformé les perceptions du terrorisme, marquant une rupture profonde avec les cadres classiques qui dominaient jusque-là. En planifiant et en exécutant des attaques suicides d’une ampleur sans précédent, les auteurs ont introduit une dimension nouvelle et dérangeante : celle d’un nihilisme assumé, où la destruction totale n’est plus un moyen, mais une fin en soi.
Contrairement aux conceptions traditionnelles du terrorisme, qui s’inscrivaient dans une logique de gestion rationnelle de la violence, les attentats du 11 septembre ont révélé une approche où la mort des assaillants faisait partie intégrante de la stratégie. Ce changement a bouleversé l’idée même d’un terrorisme rationnel, orienté vers des objectifs politiques ou idéologiques précis. En se sacrifiant, les terroristes ont non seulement amplifié l’impact de leurs actes, mais ont également défié les cadres d’analyse conventionnels, fondés sur une logique de préservation des acteurs pour garantir une continuité dans la lutte.
Ce nihilisme, où la destruction et le chaos deviennent des objectifs ultimes, a brisé les repères moraux et psychologiques qui permettaient jusque-là de contenir la menace terroriste dans des limites rationnelles.
Les notions d’« asymétrie » ou d’« armes du faible », autrefois utilisées pour expliquer les actions terroristes, se sont révélées inadéquates face à la démesure des attaques du 11 septembre. Ces concepts supposaient une capacité de nuisance limitée des groupes terroristes, contraints de recourir à des moyens modestes mais efficaces pour atteindre leurs objectifs. Les événements du 11 septembre ont renversé cette logique en démontrant qu’une organisation relativement modeste pouvait orchestrer une attaque globale, infligeant des pertes humaines et matérielles colossales tout en frappant au cœur de symboles mondiaux.
Cette exploitation de la surprise et de la démesure a permis aux terroristes d’amplifier leur impact psychologique et symbolique, transformant un acte de violence en un événement planétaire.
Le 11 septembre a également redéfini l’échelle et l’ambition des actes terroristes. Alors que le terrorisme classique ciblait souvent des individus ou des groupes spécifiques — juges, figures politiques, ou représentants d’un ordre perçu comme oppressif —, ces attentats ont frappé des cibles universelles et emblématiques, telles que les Twin Towers et le Pentagone. Ces lieux symbolisaient non seulement le pouvoir économique et militaire des États-Unis, mais aussi la modernité, l’interconnexion globale et l’hégémonie culturelle occidentale.
En visant ces symboles, les terroristes ont transformé leurs actions en une attaque contre l’ordre mondial lui-même, conférant à leur violence une portée universelle qui transcende les frontières géographiques et idéologiques.
Cette rupture avec le terrorisme classique a également amplifié l’impact psychologique des attentats. En intégrant la mort et la destruction totale dans leur stratégie, les auteurs ont semé une peur durable et généralisée. Chaque individu, indépendamment de son statut ou de son rôle, s’est senti vulnérable face à une menace qui semblait illimitée et imprévisible.
Sur le plan symbolique, les attentats ont bouleversé les certitudes des sociétés modernes en révélant la fragilité des infrastructures perçues comme invulnérables. Ils ont démontré qu’une violence bien planifiée pouvait ébranler les fondements mêmes de la stabilité économique, militaire et sociale.
Les attentats du 11 septembre ont marqué une transition décisive vers une nouvelle forme de terrorisme, caractérisée par le nihilisme, la démesure et l’indiscrimination. Cette rupture avec le terrorisme classique continue de façonner les politiques de sécurité et les perceptions collectives de la menace dans les sociétés contemporaines. En brisant les cadres traditionnels, ces événements ont redéfini les contours de la violence politique, inscrivant le 11 septembre comme un tournant majeur dans l’histoire du terrorisme.
Un nihilisme déstabilisant[modifier | modifier le wikicode]
L’introduction d’un nihilisme assumé dans les attentats du 11 septembre a profondément perturbé les perceptions traditionnelles et rassurantes du terrorisme classique. Là où les actes terroristes précédents étaient généralement interprétés comme des réponses rationnelles à des frustrations économiques, politiques ou culturelles, ces attaques ont révélé une forme de violence radicalement déshumanisante. Dans cette logique, la destruction totale, combinée à la mort des assaillants eux-mêmes, devient un objectif central plutôt qu’un simple moyen d’atteindre une fin.
Les cadres d’analyse traditionnels associaient le terrorisme à une forme de rationalité, où la violence était perçue comme une stratégie calculée visant à obtenir des concessions politiques ou à attirer l’attention sur des revendications précises. Les terroristes étaient souvent considérés comme des acteurs rationnels, même si leurs moyens étaient moralement condamnables.
Les attentats du 11 septembre ont brisé ces repères en introduisant une logique nihiliste, où l’acte terroriste s’affranchit de toute visée explicitement constructive. La destruction massive des Twin Towers et le sacrifice délibéré des auteurs ont mis en évidence une approche où la mort, y compris celle des assaillants, est pleinement intégrée à la stratégie, rendant caduques les notions de rationalité et de pragmatisme.
Ce nihilisme a confronté les sociétés modernes à une réalité profondément dérangeante : la violence terroriste pouvait désormais échapper à toute tentative de compréhension ou de rationalisation. En intégrant le suicide dans sa méthodologie, le terrorisme s’est libéré des limites morales et psychologiques qui structuraient jusque-là les représentations de la menace. Cette rupture a bouleversé les mécanismes traditionnels de prévision et de réponse, en rendant les actes terroristes encore plus imprévisibles et incompréhensibles.
Pour les sociétés contemporaines, habituées à une gestion technologique et rationnelle des risques, cette dimension nihiliste a engendré une anxiété généralisée. La mort volontaire des assaillants renverse les paradigmes habituels, où les auteurs d’actes violents cherchent généralement à préserver leur vie pour continuer à agir. Ce changement symbolise une perte de contrôle totale face à une menace qui ne respecte plus les règles implicites des conflits.
En intégrant la destruction et le suicide dans leur stratégie, les auteurs des attentats ont également effacé les limites morales qui caractérisaient les formes précédentes de terrorisme. Là où des cibles spécifiques étaient choisies dans une logique de lutte contre des figures d’autorité ou des symboles précis, le 11 septembre a révélé une violence qui frappe indistinctement des innocents, des lieux de travail ordinaires, et des infrastructures globales.
Cette violence déshumanisante a amplifié le traumatisme collectif en effaçant les repères éthiques qui pouvaient permettre de circonscrire la menace. Les sociétés modernes ont été confrontées à une violence totale et illimitée, qui semble insensible aux distinctions entre combattants et civils, entre objectifs politiques et destruction aveugle.
Le nihilisme introduit par les attentats du 11 septembre a redéfini le paysage du terrorisme et ses implications psychologiques. Il a instauré une peur permanente et universelle, en remettant en question la capacité des sociétés modernes à comprendre ou à contenir la violence extrême. En s’affranchissant des limites rationnelles et morales, cette nouvelle forme de terrorisme a transformé la menace en une force déstabilisante, inscrivant le nihilisme comme un défi central pour les approches contemporaines de la sécurité et du risque.
La fin du biais d’optimisme[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 ont marqué la destruction du « biais d’optimisme » qui, jusque-là, permettait aux individus de rationaliser et de minimiser la menace terroriste. Ce mécanisme psychologique offrait une illusion de sécurité, suggérant que les actes terroristes étaient encadrés par des limites implicites, des règles morales, ou des objectifs rationnels. Cette perception rassurante, bien que fondée sur des représentations souvent simplifiées, permettait de maintenir un équilibre psychologique face à des menaces perçues comme lointaines ou circonscrites.
Le 11 septembre a bouleversé cette vision en dévoilant une mutation profonde du terrorisme. Les attentats ont montré que la violence terroriste pouvait dépasser les cadres traditionnels, non seulement en termes d’ampleur, mais aussi dans sa finalité. Ce n’était plus une simple « arme du faible », utilisée de manière limitée pour attirer l’attention ou faire pression sur des gouvernements. Le terrorisme s’est révélé comme une force destructrice illimitée, capable de frapper à une échelle mondiale, de mobiliser des ressources complexes, et d’intégrer la mort des auteurs eux-mêmes dans sa stratégie.
Cette transformation a confronté les sociétés modernes à une réalité profondément dérangeante : le terrorisme ne se contentait plus d’être une menace localisée ou rationnelle. Il est devenu un phénomène global, imprévisible, échappant aux cadres traditionnels de gestion et de compréhension. Les notions de sécurité et de prévention, autrefois basées sur l’idée que la violence pouvait être anticipée et contenue, se sont effondrées face à une menace qui semblait insaisissable et omniprésente.
En éliminant le biais d’optimisme, les attentats du 11 septembre ont redéfini les priorités des États et des sociétés en matière de sécurité. La lutte contre le terrorisme est devenue une préoccupation centrale, nécessitant des approches nouvelles pour répondre à une menace asymétrique et globale. Les politiques sécuritaires ont dû s’adapter à cette réalité, intégrant des dimensions technologiques, stratégiques et psychologiques pour tenter de prévenir des attaques similaires.
Ce basculement continue de hanter les sociétés contemporaines. La fin du biais d’optimisme a laissé place à une anxiété permanente, où chaque espace public, chaque infrastructure, et chaque rassemblement de masse peut être perçu comme une cible potentielle. Cette peur diffuse, amplifiée par les souvenirs des attentats du 11 septembre, a redéfini la manière dont les individus perçoivent leur vulnérabilité face aux menaces globales.
Les attentats du 11 septembre ont marqué la fin d’une ère où le terrorisme pouvait être rationalisé ou minimisé. En dévoilant une violence illimitée et imprévisible, ils ont transformé le terrorisme en une menace existentielle, redéfinissant les cadres de la sécurité et de la gestion des risques dans les sociétés contemporaines.
Le 09/11 : La remise en cause de tous les biais d’optimisme ? L’impensé de la violence terroriste en ville[modifier | modifier le wikicode]
L’attentat du 11 septembre 2001 a profondément remis en question le « biais d’optimisme » qui dominait les représentations collectives de la sécurité en Occident. Depuis Descartes, la modernité occidentale a fait de la technique un moyen de domestiquer l’environnement immédiat, permettant à l’homme d’agir sur la matière et son univers grâce à son intelligence et son habileté. Cette vision, héritée des Lumières et renforcée par la supériorité technologique acquise au fil des siècles, a imprégné l’inconscient collectif. La ville moderne était perçue comme un espace sécurisé, un territoire civilisé, protégé par des infrastructures et des dispositifs de défense avancés.
La ville : un territoire sécurisé par l’imaginaire de la Guerre froide[modifier | modifier le wikicode]
La Guerre froide a profondément marqué l’imaginaire collectif des sociétés occidentales, laissant l’image d’une ville moderne perçue comme un bastion inviolable. Cette vision reposait sur un dispositif de sécurité technologique et géopolitique structurant, où les frontières physiques étaient protégées par un no man’s land de barbelés, de champs de mines et de missiles. La ville elle-même, centre névralgique de la modernité, apparaissait comme un espace sécurisé, épargné des conflits directs grâce à des défenses complexes et une dissuasion militaire omniprésente.
Cet imaginaire a construit une perception selon laquelle les espaces urbains, en particulier dans les pays occidentaux, étaient à l’abri des menaces stratégiques. La logique de la dissuasion nucléaire et la présence d’infrastructures militaires avancées autour des zones sensibles contribuaient à l’idée que les grandes métropoles ne pouvaient être atteintes directement. Les villes étaient perçues comme des centres de pouvoir, mais paradoxalement, elles semblaient aussi protégées par leur rôle de symboles économiques et culturels, rendant leur attaque improbable dans l’esprit collectif.
L’idée d’un progrès technologique continu a renforcé ce sentiment d’invulnérabilité. Les avancées en matière de surveillance, de contrôle des frontières et de défense stratégique laissaient penser que les menaces pouvaient être contenues avant d’atteindre les centres urbains. La ville moderne, symbole de la civilisation et de l’organisation sociale avancée, semblait être un espace où la violence était soit absente, soit strictement contrôlée.
Cette perception, bien que rassurante, reposait sur une illusion. En privilégiant une défense centrée sur les frontières et les infrastructures stratégiques, elle négligeait les dynamiques asymétriques et imprévisibles de menaces comme le terrorisme. Les grandes métropoles, bien qu’emblématiques de la puissance et de la modernité, restaient vulnérables à des attaques qui pouvaient exploiter leur densité, leur complexité et leur visibilité mondiale.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont brutalement révélé cette faille, démontrant que les dispositifs hérités de la Guerre froide, conçus pour des menaces étatiques conventionnelles, étaient inadaptés face à des acteurs non étatiques capables de frapper au cœur des espaces urbains.
En frappant New York et Washington, les terroristes ont détruit l’illusion d’une invulnérabilité urbaine. Ces attaques ont montré que la ville, loin d’être un bastion protégé, pouvait devenir un théâtre privilégié de violence stratégique, où l’impact symbolique d’une attaque dépasse largement les destructions physiques.
L’imaginaire sécuritaire hérité de la Guerre froide, qui voyait la ville comme un espace inviolable, a été profondément remis en cause par les événements du 11 septembre. Cette rupture a redéfini la manière dont les sociétés modernes envisagent la sécurité des centres urbains, révélant leur vulnérabilité face à des formes de violence globalisée et asymétrique.
La relégation du terrorisme au rang d’épiphénomène[modifier | modifier le wikicode]
Dans les pays occidentaux, le sentiment de sécurité collectif, renforcé par des décennies de progrès technologiques et de stabilité économique, a conduit à une perception du terrorisme comme un épiphénomène. Cette menace, bien que réelle, était perçue comme périphérique et largement contrôlable. Elle semblait être une « rançon » inévitable de la modernité, un prix à payer pour les avantages liés à l’interconnexion, à l’ouverture des frontières et à l’intensification des échanges mondiaux.
Cette perception permettait aux populations occidentales de minimiser les risques associés au terrorisme, tout en maintenant une confiance presque inébranlable dans la capacité des institutions à protéger les citoyens. Le terrorisme était vu comme une forme de violence sporadique, touchant des régions spécifiques ou des groupes isolés, mais incapable de déstabiliser durablement les grandes puissances ou leurs centres névralgiques.
Ce sentiment rassurant reposait également sur l’idée que les actes terroristes répondaient à une logique rationnelle, ancrée dans des revendications politiques ou sociales, et qu’ils pouvaient être contenus par des politiques de sécurité adaptées. Cette approche contribuait à reléguer la menace terroriste au second plan des préoccupations publiques.
Ce sentiment de sécurité était particulièrement prononcé aux États-Unis, où le territoire national était perçu comme une « île » protégée par sa géographie. Encadré par deux océans et doté de dispositifs de sécurité avancés, le pays semblait invulnérable à des attaques directes. Cette vision était confortée par une expérience historique unique : depuis l’incendie de Washington par les Britanniques en 1812, les États-Unis n’avaient pas subi d’agression étrangère sur leur sol continental.
Cette situation géopolitique exceptionnelle avait forgé une perception d’invulnérabilité, renforcée par le rôle de superpuissance militaire et économique des États-Unis au XXᵉ siècle. Le pays se vivait comme un bastion protégé, où les conflits se déroulaient à l’étranger, loin de ses centres urbains et de sa population civile.
Les attentats du 11 septembre ont brutalement détruit cette illusion. En frappant au cœur de la première puissance mondiale, les terroristes ont révélé la fragilité de cette perception d’invulnérabilité. Ils ont démontré que même un territoire aussi sécurisé que les États-Unis pouvait devenir la cible d’attaques massives, bouleversant l’idée selon laquelle les centres urbains modernes étaient à l’abri de la violence.
Cette rupture a marqué la fin de la relégation du terrorisme au rang d’épiphénomène. Les attentats ont imposé une nouvelle réalité, où le terrorisme n’était plus perçu comme une menace marginale, mais comme un défi global capable de déstabiliser les sociétés modernes dans leurs fondements mêmes.
La perception du terrorisme comme un épiphénomène, caractéristique des décennies précédentes, a été profondément remise en question par les événements du 11 septembre. Ces attaques ont révélé la vulnérabilité des sociétés contemporaines face à des menaces asymétriques et imprévisibles, redéfinissant les priorités sécuritaires et transformant la manière dont les populations occidentales appréhendent la sécurité et la résilience de leurs territoires.
Le 11 septembre : une rupture dans l’imaginaire sécuritaire[modifier | modifier le wikicode]
L’attentat du 11 septembre 2001 a brisé les illusions profondément ancrées dans l’imaginaire sécuritaire des sociétés modernes. En frappant le cœur économique et militaire des États-Unis, les terroristes ont démontré que même les territoires perçus comme inviolables pouvaient devenir des cibles. Les Twin Towers et le Pentagone, symboles de puissance et de modernité, se sont révélés vulnérables face à une menace asymétrique, transformant des espaces perçus comme sûrs en théâtres de violence stratégique.
Les gratte-ciels emblématiques et les infrastructures complexes qui définissent les grandes métropoles ont longtemps été associés à la stabilité et à la résilience des sociétés modernes. Le 11 septembre a révélé l’inverse : ces éléments, loin de garantir une invulnérabilité, peuvent devenir des cibles privilégiées en raison de leur visibilité et de leur importance symbolique. Cette attaque a mis en lumière la fragilité intrinsèque de la ville moderne, exposée à des stratégies de violence qui exploitent sa densité, ses symboles et son interconnexion.
L’attentat a également exposé un impensé fondamental : la possibilité que les villes, centres de la civilisation et de la modernité, puissent être transformées en champs de bataille. La violence terroriste, auparavant perçue comme un phénomène circonscrit à des zones de conflit ou à des actions ponctuelles, a été projetée au cœur des espaces urbains, où elle a un impact maximal tant sur le plan matériel que psychologique.
En frappant des cibles stratégiques en pleine ville, les auteurs des attentats ont démontré leur capacité à contourner les dispositifs technologiques et logistiques les plus avancés. Ce dépassement des systèmes de défense a bouleversé les certitudes sur la sécurité urbaine, créant une anxiété durable dans les populations occidentales.
L’illusion d’un espace urbain invulnérable a volé en éclats. Les villes, autrefois perçues comme des bastions de modernité et de progrès, se sont révélées être des terrains vulnérables face à des menaces globalisées. Cette rupture a redéfini les perceptions de sécurité, remettant en question les priorités stratégiques des États et des institutions. Les politiques de sécurité ont dû intégrer la réalité d’un terrorisme capable d’exploiter les failles des environnements urbains pour maximiser son impact symbolique et psychologique.
Le 11 septembre a marqué une rupture profonde dans l’imaginaire sécuritaire des sociétés modernes. En exposant la vulnérabilité des villes face à des attaques stratégiques, il a transformé les perceptions de la menace et redéfini les priorités en matière de prévention et de résilience. Cet événement continue de hanter les politiques de sécurité et l’imaginaire collectif, inscrivant la ville comme un espace à la fois emblématique et fragile dans la lutte contre les formes contemporaines de violence.
Une remise en question durable[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre 2001 ont profondément remis en cause les fondements du « biais d’optimisme » qui imprégnait les perceptions de sécurité dans les sociétés occidentales. Ce mécanisme psychologique, qui permettait de minimiser les menaces tout en nourrissant une foi inébranlable dans les capacités des dispositifs technologiques et institutionnels à protéger les populations, s’est brutalement effondré.
Les attaques ont révélé les limites des systèmes de sécurité, incapables de prévenir une violence globalisée et asymétrique. Les espaces urbains, souvent perçus comme des bastions de modernité et de civilisation, se sont révélés d’une fragilité inquiétante. Les Twin Towers, symboles de la puissance économique mondiale, et le Pentagone, cœur stratégique de la défense américaine, ont été transformés en cibles de choix pour des acteurs non étatiques. Ce bouleversement a exposé la vulnérabilité des infrastructures modernes, mais aussi celle des sociétés qui s’appuyaient sur elles pour maintenir un sentiment de stabilité et de contrôle.
Ce basculement a conduit à une redéfinition durable des politiques sécuritaires. La prévention des menaces terroristes, autrefois perçue comme une question de surveillance et de dissuasion, a dû s’adapter à une réalité où la violence pouvait contourner les dispositifs les plus avancés. Les États ont réorienté leurs priorités vers une sécurisation accrue des espaces publics, le renforcement des mesures de contrôle, et une coopération internationale intensifiée pour répondre à des menaces transnationales.
Les attentats du 11 septembre ont également marqué l’imaginaire collectif en introduisant une nouvelle dimension de la peur. Ils ont montré que la violence pouvait frapper au cœur des symboles les plus forts de la modernité, instaurant une anxiété permanente face à une menace invisible et imprévisible. Cette transformation a profondément modifié la manière dont les individus perçoivent leur environnement quotidien, chaque espace public pouvant désormais être vu comme un potentiel théâtre de violence.
Le 11 septembre a marqué une fracture durable dans la manière dont les sociétés modernes envisagent leur sécurité et leur résilience. En mettant à nu les failles des dispositifs technologiques et la fragilité des infrastructures urbaines, ces événements ont transformé la gestion des risques et les perceptions collectives. Cette remise en question continue d’influencer les politiques sécuritaires et les réponses institutionnelles face aux menaces contemporaines, tout en laissant une empreinte indélébile sur la conscience collective.
La fin du statut de « l’innocence » face à une menace absolue[modifier | modifier le wikicode]
Les attentats du 11 septembre ont fait voler en éclats toutes les représentations qui nous rassuraient sur notre destin propre. Pour le philosophe Jacques Derrida, il s’agit d’un « événement majeur de l’histoire », car il est le premier signal de la terreur absolue dans laquelle est projeté le monde moderne par des « forces anonymes, absolument imprévisibles et incalculables ». On est désormais tous projetés dans un monde d’insécurité relevant de la déconstruction du concept de terrorisme.
Le 11/09 procède de la déconstruction du concept de terrorisme que revendique le philosophe. Le nombre important de victimes scelle la révision de l’interprétation terroriste. Le 11/09 se hisse bien au-delà de Pearl Harbor dont les pertes humaines ont été trois fois moindres.
L’asymétrie des moyens n’est plus la garantie de dommages limités. La notion « d’armes du faible » n’est pas antinomique avec la notion de violence illimitée. Les victimes ne relèvent plus de la définition politique, elles peuvent être de tous bords, de tous âges, de toutes confessions et de tous milieux sociaux.
Ben Laden, dans l’interview accordée à la chaîne ABC en mai 1998 rappelle qu’il n’a pas en ce qui concerne les Américains à faire de différence entre militaire et civil dans la mesure où ils sont tous des cibles. Dans l’islam il y a une interdiction de tuer et notamment de musulman. Les appels par les lieutenants de Ben Laden aux populations musulmanes leur conseillant de quitter les centres des villes américaines pour ne pas s’exposer aux représailles d’Al-Qaida a rajouté au sentiment de menace permanente et globale.
De nouveaux concepts stratégiques[modifier | modifier le wikicode]
La guerre contre le terrorisme[modifier | modifier le wikicode]
La transformation du discours politique de Al-Qaeda et le 11 septembre est une véritable rupture. L’étude sémantique du vocabulaire désormais employé témoigne du séisme que représente le 11/09.
Depuis la base aérienne d’Offut sur laquelle s’est posé Air Force One, le président Georges W. Bush donne le ton en lançant dans sa conférence de presse de quinze heures le célèbre « nous sommes en guerre ». L’utilisation de ce terme est très dangereux parce que la guerre est régulée par des traités dans un système de relations internationales étant le privilège dévolu aux États-Nations depuis le traité de Westphalie. En disant « nous sommes en guerre », George Bush va fabriquer une rupture entre la vision du terrorisme et la guerre. Il met Ben Laden au niveau d’un partenaire militaire.
Cette affirmation estompe à jamais ce qui fondait la distinction théorique entre guerre et terrorisme. Depuis le XIXème siècle, le terrorisme a toujours été défini comme un substitut à la guerre, mais jamais comme un acte de guerre. La guerre par opposition au terrorisme n’existe, comme l’a signifié Clausewitz, que dans la relation et l’adéquation entre la fin politique [Der Zweck] et le but de la guerre [Das Ziel]. Elle est la continuation de la diplomatie et de la politique par d’autres moyens. Elle présuppose une intervention inscrite dans l'espace dans le temps déterminée du conflit et de la sortie de la guerre.
Sur le plan juridique, elle est codifiée par le droit international de la guerre et le droit humanitaire des conventions de Genève et de La Haye.
L’émergence d’un discours de la guerre[modifier | modifier le wikicode]
Le 12/09 Georges W. Bush déclare que « les attaques délibérées et meurtrières qui ont été menées hier contre notre pays étaient plus que des actes de terreur. Elles étaient des actes de guerre ». Bush déplace les frontières entre terrorisme et guerre. Il met à mal tant la définition usuelle de la guerre que celle du terrorisme. George Bush va engager l’État-Nation contre le terrorisme situant le terrorisme comme une affaire internationale consacrant Ben Laden comme un interlocuteur militaire.
Le paradoxe est ce qui fonde l’acte terroriste qui est une attaque-surprise sans déclaration de guerre à l’encontre de cibles majoritairement civiles devenant par la force des mots un acte militaire en forme de déclaration de guerre.
Le 16/09, Bush évoque la « première guerre du XXIème siècle » L’emploi du mot « guerre » instaure Ben Laden comme l’adversaire et légitime paradoxalement le combat de Ben Laden même s’il incarne le Mal contre la lutte pour le Bien que doit engager la nation américaine dans la guerre contre le terrorisme. C’est une redéfinition de la politique américaine sur la guerre.
Ben Laden et Bush deviennent deux métonymies pour faire indifféremment référence à la guerre. La « stratégie Ben Laden » annonce donc une riposte d’ordre militaire.
C’est ce que confirme le secrétaire d’État Colin Powell lorsqu’il proclame dès le 13/09 que « dans certains cas, la guerre peut être une action militaire, mais elle peut aussi être une action économique, politique, diplomatique ou financière ». Le 11 septembre a renversé la donne géopolitique. Les États-Unis qui étaient dans une vision impériale autistique vont tout d’un coup redevenir une puissance agressive ou volontariste sur le plan des relations internationales et aussi en termes d’action. On va réutiliser les instruments mêmes de la puissance américaine.
La guerre n’existe que parce qu’elle va pouvoir s’arrêter. Elle s’inscrit dans le cadre des relations internationales. Faire la guerre est avoir conscience d’une certaine forme de force qui va pouvoir imposer à l’ennemi un retour à une certaine forme de relations diplomatiques. Ce qui est important lorsqu’on engage la guerre est de pouvoir sortir de la guerre. George Bush va effacer la frontière de la guerre. La déclaration de guerre va le projeter ailleurs que sur le territoire américain.
Un discours de la guerre repris in extenso par les médias[modifier | modifier le wikicode]
L’agression qualifiée de premier « Pearl Harbor terroriste » du XXIème siècle permet aux médias de signifier que par leur échelle de destruction, les attentats kamikazes ne peuvent plus être qualifiés d’actes terroristes, mais d’actes guerriers. Le célèbre « War on Terror » fleurit au bas des écrans de CNN.
Pour Edward W. Saïd, l’absence de volonté de différenciation par la grande majorité de l’opinion a justifié la mobilisation patriotique sans discernement. Les médias vont intégrer les paroles de George Bush, mais sans pouvoir les contester.
En Allemagne, Jürgen Habermas s’est alarmé de la décision prise de déclarer la guerre au terrorisme dans la mesure où cela lui a donné de fait une légitimité politique. Il s’est inquièté de la possible perte de légitimité des gouvernements démocratiques en raison de la lutte menée contre un adversaire inconnu.
Les attentats du 11 septembre ont obligé à repenser la notion de terrorisme soulevant un paradoxe : ils ont facilité sa reconstruction, même si au demeurant sa redéfinition demeure toujours sujette à caution tant elle semble être déterminée par un ensemble de certitudes qui dénient la notion d’indétermination du risque pourtant consubstantielle à l’essence même du terrorisme. Il y a un recentrement de la question du terrorisme par la guerre qui ne nécessite plus les moyens de la lutte antiterroriste.
Une théorie du nouveau terrorisme[modifier | modifier le wikicode]
Le terrorisme international a définitivement disparu et nous serions entrés dans une nouvelle ère du terrorisme qui serait une ère globalisée parce que le discours de Al Qaeda est d’abord un discours d’une globalisation du terrorisme. Il y a un nouveau terrorisme qui nécessite des réponses militaires.
Le 11/09 a bousculé l’idée de la seule action groupusculaire circonscrite dans l’espace et dans le temps en raison de capacités limitées de nuisance et de l’enjeu territorial de la lutte à mener. Il s’agit d’interventions minutieusement préparées qui jouent du temps et de l’espace pour cibler des objectifs et frapper vigoureusement. L’asymétrie des moyens du terrorisme jusque-là vécue comme une faiblesse relève désormais de la force par sa capacité à déjouer par la ruse toutes les barrières dressées contre lui.
Les spécialistes du terrorisme ont consacré la notion de « Low Tech » par opposition au terrorisme « High Tech » pour caractériser le mode opératoire du 11/09. Le « Low Tech » recouvre également la « productivité » forte de ce type d’attentat à savoir un coût « d’investissement » faible en termes d’infrastructure et logistique, avoisinant les centaines de milliers de dollars pour un montant global de dommages estimé aujourd’hui à plus de sept milliards de dollars.
Un terrorisme qui se joue efficacement de la « société du spectacle »[modifier | modifier le wikicode]
Le situationnisme est un courant qui dit que le monde est entré dans une telle modernité qu’on ne peut le remettre en cause parce qu’on est rentré dans une société du spectacle[1][2].
Al-Qaida joue de l’impact médiatique que sa terreur occasionne. Il a une maitrise des médias très maitrisée. Al Qaeda va très vite comprendre l’importance des médias dans la diffusion de ses idées et la diffusion de la terreur. Cela va permettre de tenir les médias. La stratégie est celle d’une communication par les médias. Ben Laden est présenté comme un héros qui le relie à la dimension prophétique de Mahomet. Il y a l‘émergence d’un pouvoir symbolique qui se construit contre l’occident et l’impérialisme américain.
La médiatisation est fondée sur une opposition sémantique. Il n’y a pas de revendication immédiate de Al Qaeda le 11 septembre. Il y a un vide qui rend les choses encore plus terribles parce qu’on ne comprend pas et progressivement Al Qaeda entre en scène. Un important glissement stratégique s’opère au détriment de l’acte purement militaire au profit de la destruction de cibles à forte dimension symbolique. Tout ce qui est au niveau des représentations faites sens et symbole de l’occidentalisation comme processus technique, social, culturel et politique peut être élevés au rang de cible la ville est devenue une bastille à occuper ou à frapper dans son organisation et sa production.
De nouvelles modalités de lutte[modifier | modifier le wikicode]
Selon les confessions [non confirmées] d’un combattant d’Al-Qaida capturé en Afghanistan, le détournement d’un avion civil pour le précipiter sur un réacteur nucléaire avait déjà été envisagé. Cela va obliger les États occidentaux à réfléchir à de nouvelles modalités de sécurisation des transports aériens.
D’autre part, ma fabrication à partir de déchets radioactifs d’une « bombe radiologique » appelée encore « bombe sale » est jugée de l’ordre du possible par les experts du domaine. Al-Qaida a déjà tenté de se procurer des données techniques quant à la fabrication des armes nucléaires et des armes chimiques. De nouvelles menaces apparaissent.
Une nouvelle organisation de l’action terroriste[modifier | modifier le wikicode]
La menace traumatique est qu’une forme de terrorisme nouveau est en train d’émerger prenant une forme structurelle nouvelle. La redéfinition du terrorisme à l’heure d’Al-Qaida intègre les formes inédites que ce dernier a bâties dans l’organisation de la terreur.
Les réseaux de résistance constitués par les français sous l’occupation allemande ou encore ceux du FLN, pendant la « guerre d’Algérie », se présentaient sous forme d’organisations pyramidales, hiérarchisées fonctionnant sur un modèle centre-périphérie destiné à couvrir tous les territoires potentiels d’actions coup de poing et de conflits potentiels. L’identification des membres de chaque cellule et des contacts entre les groupements, obtenue le plus souvent par l’usage régulier de la torture, permettait de remonter jusqu’aux responsables. L’arrestation des chefs militaires et politiques était définie comme une priorité́ pour mieux décapiter l’ensemble d’un réseau subversif.
Il y a un mimétisme de la modernité d’aujourd’hui par le terrorisme d’aujourd’hui. Le multinational vont créer des cellules autonomes sur leur territoire. Un système pyramidal est un système trop lourd et trop peu efficace. La multinational fonctionne sur un modèle d’horizontalité voulant avoir un point qui comprenne comment cela fonctionne et ensuite est rendu automne chaque cellule productive pour être adaptée au territoire qu’elle exploite. Il faut autonomiser la structure qui va s’insérer et s’adapter aux conditions de développement. Le système d’horizontalité fait qu’il y une fonctionnement autonome.
Le réseau Al-Qaida, de dimension internationale, bien que comprenant un centre névralgique – celui de ses chefs politiques et militaires – existe d’abord par un système d’a-centralité que confère la structuration des différentes branches divisées pour chacune d’entre elles en cellules autonomes nommées « anqud » [grappes de raisin]. Les contacts entre cellules et supérieurs sont strictement limités au point que personne ne peut appréhender l’espace entier de son réseau et de ses ramifications.
C’est la même chose pour la structure d’Al Qaeda qui a été pensé comme une structure très actuelle puisque c’est un système qui n’est pas central. Derrière, il y a une autonomisation absolue des cellules. Al Qaeda va se vendre comme une marque. Une structure émet des ordres, mais en même tant n’a pas prétention à structurer un champ de violence verticale absolue. Lorsqu’un groupe terroriste veut faire un attentat, il suffit qu’il se revendique d’Al Qaeda pour que ce soit Al Qaeda. Dans la lutte contre Al Qaeda, des difficultés nouvelles apparaissent. Ce sont des potentialité de violence qui peuvent apparaitre dans n’importe quel contexte, n’importe où, et dans d’importe quelles conditions. Dans Al Qaeda, il y a une dimension moderne de la structure qui renvoie à notre société occidentale.
Les acquis stratégiques de la nébuleuse[modifier | modifier le wikicode]
La structure d’Al Qaeda est une conception en forme de nébuleuse. Opter pour l’expression de « nébuleuse » plutôt que de celle de « réseau » à propos d’Al-Qaida rend compte de la complexité des systèmes d’action, de décision et de financement. Au-delà d’une doctrine très générale fixée sous la forme des fatwas et des appels incessants au jihad, il n’existe donc pas de véritable chaîne organique de responsabilités ou d’autorités pour agir.
L’initiative d’action demeure décentrée, autonomisée et entremêlée à la fois par les motivations supérieures des fatwas et des enjeux géostratégiques plus locaux et contextualisés. Il n’y a plus d’espace de responsabilité hiérarchisé. Les choses sont très complexes, ce n’est pas simplement une violence globalisée, mais il y a des revendications globales qui peuvent rencontrer le concept de globalisation ou qui peuvent s’opposer. Des mouvements extrêmement violents vont réfuter Al Qaeda parce qu’Al Qaeda peut être dangereux pour eux-mêmes.
Les attentats de Madrid montrent qu’on est dans un nouveau schéma. Il n’y a pas de relation directe entre espace et temps de l’action. La préparation d’un attentat peut mobiliser des énergies très éloignées du théâtre réel des opérations. « Les opérationnels » peuvent être sur place ou venir également d’un territoire étranger. L’absence de revendication immédiate des actes terroristes par le mouvement surajoute à cette sensation d’insécurité perçue par un adversaire plus caché et enfoui que directement visible, reconnu et même accrédité.
La guerre préemptive[modifier | modifier le wikicode]
Comme on entre dans la guerre, des concepts militaires vont se constituer engageant une nouvelle guerre moderne. Cela consiste à dire qu’il faut étudier le djihad international et faire la guerre au terrorisme dans les pays porteurs du terrorisme. Cela va permettre l’émergence des guerres préemptives.
Par l’importance des destructions matérielles et du nombre des victimes, les attentats du 11/09 ont défié les représentations conventionnelles de l’action terroriste. Le combat présent du nouveau terrorisme comme celui des antiterroristes se décrit plus comme celui d’une véritable guerre moderne. Pour la puissance américaine, le combat sans merci à promouvoir contre les réseaux d’un jihad internationalisé justifie la lutte contre les bases arrières installées dans des États accommodants. Cela va permettre de redéfinir une géopolitique au Moyen-Orient pour contenir les Rogue State et les faire tomber.
La guerre contre le terrorisme peut s’appliquer contre des États soutenant le terrorisme, mais également contre ceux détenant des armes de destruction massive ou susceptible de transférer tout ou une partie de ces moyens à des groupuscules terroristes. La guerre préemptive est profondément ancrée dans l’idéologie individualiste et libertarienne de la démocratie américaine. C’est l’idée selon laquelle l’action préalable relève de la légitime défense en matière de conflit potentiel, marque l’histoire de la première puissance mondiale.
Le concept la légitime défense est posée comme un droit moral qui reposerait tout autant sur la défense des droits de l’homme que sur l’efficacité sociale et culturelle du modèle démocratique. Apparaît le concept de la capacité à intervenir qui appliquée à l’encontre des guerres de subversion ou de rébellion, elle a permis de justifier l’usage de la force militaire sur bien des continents, dans bien des aires régionales comme l’Amérique centrale, le Sud-Est asiatique ou encore l’Afrique centrale. Le bombardement des villes Libyennes en 1986 par les forces américaines a souligné la permanence de cette vision de la guerre préemptive. L’après 11/09 s’ouvre comme une ère de renouvellement de ce principe de guerre conforté par la suprématie militaire de l’hyperpuissance des États-Unis.
L’application de la guerre préemptive après le 11 septembre[modifier | modifier le wikicode]
Le contentieux avec l’Irak a offert au gouvernement américain, l’opportunité de consacrer la notion d’État-voyou, [Rogue States], soit une nation hors la loi qui par sa politique intérieure comme extérieure représente une réelle menace pour ses voisins et le reste du monde. Dans le cadre de la première guerre du golf, il s’agit de contraindre Saddam Hussein. Avec la deuxième guerre du golf, on décide de faire tomber le régime. La dénonciation d’armes de destructions massives comme les liens affirmés entre le régime baasiste de Saddam Hussein et le terrorisme international ont été les arguments utilisés pour justifier l’usage de la force militaire dans une guerre préemptive de légitime défense.
Le schéma de l’action diplomatique est inversé. Elle n’est plus un préalable nécessaire pour la recherche des solutions pacifiques. D’autre part, le recours à la force relève pour les États-Unis de sa légitimité et ne saurait souffrir d’aucune contestation au niveau des relations diplomatiques multilatérales. Il n’y a pas de diplomatie.
Un état de guerre permanente[modifier | modifier le wikicode]
La question à se poser est celle de savoir si ne nous serions pas rentré, avec ce modèle qui consiste à dire que le terrorisme est une guerre, dans une guerre permanente. Les évolutions du terrorisme contemporain et les bouleversements de ses modes opératoires rapportés aux évolutions géostratégiques de l’hyperpuissance américaine permettent de comprendre l’état de guerre permanent dans lequel le monde est aujourd’hui entré.
Du statut de l’exception la guerre antisubversive se perçoit comme un phénomène banal, ou pour le dire autrement s’apparente à un risque ordinaire de la modernité telle que le définit le sociologue Antony Giddens. Ce qui était exceptionnel devient de l’ordre de la normalité.
La notion de guerre post-moderne[modifier | modifier le wikicode]
Certains auteurs ont théorisé le concept de guerre post-moderne. Elle est moderne dans le sens que c’est un état de guerre qui s’efforce de rendre compte de ce changement de paradigme qui rassemble dans une même catégorie de pensée, d’une part, guerre et terrorisme ; et de l’autre « pacification démocratique » et redéploiement géoéconomiques. Ce sont des guerres paradoxales conduites au nom des droits de l’homme se présentant sous l’aspect d’un conflit éclair destiné à épargner les populations civiles et limiter les pertes humaines militaires.
La première guerre préemptive depuis les attentats du 11/09 est le conflit irakien qui confirme les évolutions opérées par la guerre post-moderne. La destruction systématique des réseaux de communication et des infrastructures techniques qui est un préalable obligé avant toute avancée des forces terrestres. C’est une guerre technologique qui consiste à détruire le système informationnel de l’ennemi. La « désorganisation du territoire » a pour objet de « fixer » l’adversaire sur des positions défensives pour mieux faciliter l’avancée rapide des troupes au sol. Cependant, les succès stratégiques immédiats ne peuvent masquer l’échec politique de l’entreprise. Depuis l’établissement de la pax americana, jamais la solution démocratique n’a semblé aussi éloignée. L’Irak est le théâtre d’un ensemble de guérillas qui revendiquent le pouvoir et dénoncent l’absence de légitimité des instances publiques et administrations mises en place par la coalition. Avec le temps, les troupes de libération sont perçues comme des troupes d’occupation.
L’usage de la force dans le cadre de la guerre préemptive a affaibli les règles internationales et diplomatiques instituées depuis la création de l’ONU. L’abandon des règles de gouvernance mondiale mises en œuvre dans le cadre du Conseil de Sécurité a ouvert la voie à la multiplication de conflits. Il y a un dispositif généralement d’affaiblissement des instruments de la gouvernance mondiale qui est inquiétant. Le premier XXIème siècle est le temps des guerres durables. Depuis le 11 septembre, nous vivons avec l’étrange sensation qu’il n’existe plus de véritable sanctuaire à l’abri de la barbarie humaine.
Annexes[modifier | modifier le wikicode]
- Weinstein, N. (1989) Optimistic biases about personal risks. Science. [Online] 246 (4935), 1232–1233.
- Weinstein, N. D. (1980) Unrealistic optimism about future life events. Journal of Personality and Social Psychology. [Online] 39 (5), 806–820.
- ARTE. “Terrorisme, Raison D'État (1/2) | ARTE.” YouTube, Arte, 12 Mar. 2019, www.youtube.com/watch?v=r6F9DShho50.
- ARTE. “Terrorisme, Raison D'État (2/2) | ARTE.” YouTube, YouTube, 12 Mar. 2019, www.youtube.com/watch?v=83fRNSkiIsA.
Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]
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- Jacques Derrida et Jürgen Habermas, Le « concept » du 11 septembre, Paris, Galilée, 2003
- Francis Fukuyama, The End of History and the Last Man, New-York, The Free Press, 1992
- Eric de La Maisonneuve, Jean Guellec (coordonné par), Un monde à repenser, 11 septembre 2001, Paris, Economica, 2001
- Sous La direction de Sylvie Kaufmann), 11 septembre un an après, L’aube, Le Monde ;
- Bernard Lewis, Que s’est-il passé ? , Paris, Gallimard, 2002
- Bernard Lewis, L’Islam en crise, Paris, Gallimard, 2003
- Olivier Roy, L’échec de l’Islam politique, Paris, Seuil, 1992 ; L’Islam mondialisé, Paris, Seuil, 2002 ;
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- P.R. Pillar. ‘Good Literature and Bad History: The 9/11 Commission’s Tale of Strategic Intelligence.’ INS 21/6. (2006), pp. 1022-1044.
- D. Byman. ‘Strategic Surprise and the Sept 11 Attacks.’ Annual Review of Political Science. 2005, pp. 145-170.
Cours[modifier | modifier le wikicode]
Références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Ouvragde La société du spectacle de Guy Debord en libre accès sur Les Classiques des Sciences Sociales http://classiques.uqac.ca/contemporains/debord_guy/societe_du_spectacle/spectacle.html#
- ↑ Guy Debord, un regard radical sur notre société, Nathalie Crom (Télérama) http://www.telerama.fr/livre/guy-debord-un-regard-radical-sur-notre-societe,95039.php