Les défis de l’État-Providence

De Baripedia


Le 20e siècle a accueilli une vague de changements dans les pays du Nord, notamment dans leurs climats social, économique et politique. Avec la montée de l'industrialisation et l'évolution de la main-d'œuvre, les pays du Nord ont rapidement adopté le modèle de l'État-providence. Ce modèle était censé offrir davantage de possibilités et de protections aux citoyens, ce qui avait le potentiel d'apporter des niveaux de prospérité sans précédent à la région. Malheureusement, l'État providence a également posé son lot de problèmes. De l'instabilité financière aux niveaux élevés de la dette publique, de la montée du populisme aux disparités croissantes de revenus, le XXe siècle a été une ère de progrès et de lutte. Alors que les pays du Nord continuaient à s'attaquer à ces problèmes et à d'autres, l'État providence s'est avéré être une arme à double tranchant.

Bien qu'il fournisse un filet de sécurité aux citoyens, l'État providence a également posé un certain nombre de défis. Parmi ces défis, citons l'augmentation des coûts, le risque de créer une culture de la dépendance et la difficulté de fournir des services à une population diversifiée. Cet article explore ces défis et discute de la manière dont ils ont été relevés au cours du 20e siècle. Aujourd’hui, il existe une sensation d’effritement de l’État-Providence. Cela manifeste le recul de la capacité de l’État à protéger ses citoyens dans un contexte de mondialisation. C'est un désaveu et une désillusion de l’État-providence en même temps qu'une montée des tensions xénophobes et nationalistes qui caractérisent la rupture entre deux contextes.

Qu'est-ce que l’État-providence ?

Les prémices historiques de l'État-providence remontent à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, lorsque les gouvernements ont commencé à mettre en place des politiques visant à protéger les travailleurs des aléas de la vie, tels que les accidents du travail, les maladies et les périodes de chômage. Cela a abouti à la création de systèmes de sécurité sociale, tels que les assurances maladie et les retraites, qui étaient financés par des cotisations sociales prélevées sur les salaires des travailleurs.

L'État-providence est un concept politique qui désigne un système dans lequel l'État assume une grande partie des responsabilités en matière de bien-être social, en fournissant des services publics tels que la santé, l'éducation et les retraites, ainsi que des prestations sociales telles que les allocations chômage, les prestations familiales et les pensions de retraite. L'objectif de l'État-providence est de garantir à chaque citoyen un niveau de vie décent, en éliminant les inégalités sociales et en prévenant les situations de pauvreté. Le concept de l'État-providence a été développé en Europe dans les années 1930 et 1940, et est devenu un modèle largement adopté dans les pays développés.

La crise de l’emploi à la base de la crise de l’État-providence

La crise de l'État-providence est une question qui fait l'objet de discussions approfondies depuis de nombreuses années, avec des débats animés sur la manière de s'attaquer à la racine du problème. Il est cependant de plus en plus clair que la crise de l'État-providence est fondamentalement liée à la crise de l'emploi qui est à son cœur. La crise de l'emploi a créé une pression encore plus grande sur l'État-providence, avec des niveaux de chômage croissants qui font que de plus en plus de personnes dépendent de l'État-providence pour leur soutien.

Les innovations créaient plus d’emplois qu’elles n’en détruisaient. L’innovation permettait de développer de nouvelles activités économiques en créant plus d’emplois qu’elle n’en détruisait. Ainsi, la balance était toujours positive sur le temps moyen. Désormais, toute innovation semble destructrice d’emplois. L’innovation remet en cause la fonction de l’individu dans le processus économique. Ce sont des emplois de basse catégorie non remplacés.

L'État-providence fait partie intégrante de la vie moderne pour de nombreuses personnes, en offrant un filet de sécurité à ceux qui ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins. Mais le système est soumis à une pression croissante en raison de l'augmentation des niveaux de pauvreté et de chômage. De nombreux pays sont ainsi confrontés à une crise de l'État-providence, la demande de services dépassant les ressources disponibles pour les fournir.

L’État-providence a été créé dans une situation de crise, mais n’a jamais eu à affronter des périodes d’incertitude et de remise en question. La crise de 1973 affecte profondément la structure de l’État-providence. L’État-providence est deux fois frappé. D'une part aux rentrées [1], c'est-à-dire que la crise de l’emploi est à la base de la crise de l’État-providence, car le chômage empêche les rentrées de cotisation et remet en cause le financement de la structure sociale ; d'autre part aux charges avec l'impossibilité de redistribuer des aides sociales alors que le nombre de chômeurs ne cesse d'augmenter. Ainsi, les coûts diminués des rentrées engendrent un déficit.

L’État-providence à son apogée

Son apogée a aussi été sa crise. Il a été attaqué de plus en plus par les différents camps à savoir la droite puis la gauche gouvernementale qui s’est ralliée à une nouvelle orthodoxie de politique économique. On est passé de la politique keynésienne au primat absolu de l’orthodoxie budgétaire.

L'orthodoxie est devenue la règle d’or. C’est une des composantes de l’ordo-libéralisme allemand qui prend sa revanche sur la politique keynésienne. C’est l’idée d’une orthodoxie budgétaire sur la base d’une orthodoxie monétaire. L’absence de déficit de l’État fait que celui-ci peut avoir une monnaie forte. L’ordo-libéralisme conditionne la politique économique européenne actuelle beaucoup plus que le néo-libéralisme.

Après cet apogée, une réforme du système s’est enclenchée dans le cadre d'une politique de la dette. La dette publique apparait désormais comme une réalité et un enjeu politique. Beaucoup de pays européens ont mené dans les années 1980 des politiques keynésiennes.

Les remises en cause

L’apparition du déficit budgétaire puis de la dette publique est d’abord une réalité puis un enjeu politique devenant un débat. Après la crise de 1973, l’État français a continué à s’endetter afin de mener une politique économique contra-cyclique. Malgré cette politique, cela n’a pas fonctionné faisant entrer la France dans la spirale de la dette.

Vont émerger des critiques. La première critique est que l'État-providence est un système dévoreur des fonds publics. La critique néolibérale était que cela était un système qui dévorait des fonds publics sans créer de la richesse. Une seconde critique est l’efficacité sociale de l’État-providence qui est remise en question. Pour les néolibéralistes, c’est un État social inefficace qui ne motive pas à travailler. C'est un système qui va être reformé à partir des années 1980 qui est également la période où le libéralisme est à son apogée. Au Royaume-Uni, Thatcher va mener de profondes réformes en 1979 et aux États-Unis, Reagan le ferra en 1981.

Cependant, bien que des politiques libérales aient été menées, les dépenses sociales ont augmenté pour les États-Unis et le Royaume-Uni. Au contraire, l’État-providence scandinave a diminué ses dépenses. Du démantèlement de l'État-providence, il en résulte un accroissement du taux de pauvreté et une aggravation de l'inégalité dans la distribution des revenus.

La pauvreté

Le concept de pauvreté en sciences sociales se réfère à l'absence ou à la privation de ressources économiques, sociales et culturelles de base, qui entravent la capacité d'une personne ou d'un groupe à mener une vie considérée comme normale dans la société dans laquelle ils vivent. La pauvreté est donc une condition sociale, qui dépend de la société dans laquelle on vit, et qui peut varier d'un lieu à l'autre et d'une époque à l'autre. Le concept de pauvreté est souvent utilisé pour mesurer et comparer le bien-être des populations dans différentes sociétés, et pour évaluer les politiques publiques visant à lutter contre la pauvreté.

Le seuil de pauvreté est un concept socioéconomique qui est évident pour certains individus, mais qui est difficile à mesurer. Le seuil de pauvreté reste une notion complexe et relative qui est discutable et mesure ambiguë.

Aux États-Unis, à la fin des années 1950, 22% de la population vivait sous le seuil de pauvreté. Au milieu des années 1970, ce taux a diminué de 11 points, atteignant 11%. En 1994, les statistiques ont montré une augmentation de trois points, indiquant une dégradation avec un taux de 15% de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Si on prend un seuil stable corrigé par l'inflation, on constate un taux de 22% dans les années 1950, qui avait diminué de 50% au milieu des années 1970. Aujourd'hui, on constate un retour vers le niveau de 1950. On observe également une tendance à la hausse dans l'Union européenne depuis 25 ans.

Les inégalités

La remontée de la pauvreté est en partie liée à la remontée des inégalités.

Depuis la révolution industrielle

Entre les années 1850 et les années 1930, les conditions de vie ont tendance à s'améliorer. De 1930 à 1970, on constate une baisse de la pauvreté grâce à la montée de la société de consommation et à l'application du modèle fordiste, ainsi qu'au soutien de l'État-providence par les revenus de transferts. Cependant, de 1970 à aujourd'hui, les inégalités ont tendance à augmenter. Le financement de l'État-providence est une question d'économie politique, caractérisée par une croissance économique incertaine.

Évolution récente

Entre 1979 et 2001, les 5% les plus aisés des ménages américains ont vu leurs revenus progresser de 81% (après inflation), contre 3% pour les 20% des plus pauvres. Au bas de l'échelle, un américain sur 10 a un revenu inférieur aujourd’hui à celui qui était le sien en 1977. Les classes moyennes, soit 6 Américains sur 10, ont vu leur revenu augmenter de 8% par rapport à 1977. En haut de l'échelle, 20% des américains ont un revenu supérieur de 43% par rapport à cette date et au sommet, un américain sur 10 a vu ses revenus exploser de 115% sur la même période.

Les causes de la montée des inégalités

La réalité d’une montée des inégalités est claire à l’exception de quelques rares cas. Le recul de l’État providence est l’une des causes de la montée des inégalités et de la pauvreté. D’autre part, la mondialisation, notamment celle du marché du travail, a créé une nouvelle intensité concurrentielle ainsi que des délocalisations tandis que les moyens de transport actuels permettent d’acheminer rapidement et à des coûts bas les productions. Ainsi, il y a une véritable désindustrialisation.

La société est dominée par les emplois du tertiaire qui pose le problème des emplois détruits et créés. Cependant, il y a un problème d’adéquation des compétences entre les emplois du secteur industriel et du secteur tertiaire. Cette dynamique s’accompagne d’une dualisation du marché du travail, c’est-à-dire que l’on crée de moins en moins d’emploi au milieu, mais les emplois se crient de plus en plus aux extrêmes. Les migrants sont soit en bas de l’échelle soit au haut de l’échelle. Il y a une propension. Le passage à une société postindustrielle est aussi l'une des causes de ce bouleversement des sociétés.

Annexes

Références