« Les débuts du système international contemporain : 1870 – 1939 » : différence entre les versions

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= L’ordre des États-nations =
= L'établissement de l'ordre des États-nations =


L'ordre des États-nations est un système international dans lequel les États sont considérés comme les acteurs principaux de la scène internationale et sont organisés en communautés politiques distinctes et souveraines. Ce système est apparu au XIXe siècle à la suite des révolutions libérales et nationalistes en Europe et a été consolidé par les traités de Westphalie en 1648, qui ont établi le principe de la souveraineté étatique. Dans l'ordre des États-nations, chaque État est considéré comme égal en droit et souverain sur son territoire. Cela signifie que chaque État a le pouvoir de prendre des décisions indépendantes concernant ses affaires intérieures et extérieures, et que ces décisions ne peuvent être remises en question par d'autres États. L'ordre des États-nations a été caractérisé par une forte compétition entre les États pour le pouvoir, la sécurité et les ressources, ainsi que par la recherche de la reconnaissance internationale et de la légitimité. Cette compétition a souvent conduit à des conflits et à des guerres entre les États. Cependant, l'ordre des États-nations a également favorisé la coopération internationale, en particulier dans le domaine économique. Les États ont créé des organisations internationales pour réglementer le commerce et les relations économiques entre les nations, comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI). L'ordre des États-nations est un système international dans lequel les États sont les acteurs principaux, organisés en communautés politiques distinctes et souveraines. Bien qu'il ait favorisé la compétition entre les États, il a également permis la coopération internationale, en particulier dans le domaine économique.
L'ordre des États-nations est un système international dans lequel les États sont considérés comme les acteurs principaux de la scène internationale et sont organisés en communautés politiques distinctes et souveraines. Ce système est apparu au XIXe siècle à la suite des révolutions libérales et nationalistes en Europe et a été consolidé par les traités de Westphalie en 1648, qui ont établi le principe de la souveraineté étatique. Dans l'ordre des États-nations, chaque État est considéré comme égal en droit et souverain sur son territoire. Cela signifie que chaque État a le pouvoir de prendre des décisions indépendantes concernant ses affaires intérieures et extérieures, et que ces décisions ne peuvent être remises en question par d'autres États. L'ordre des États-nations a été caractérisé par une forte compétition entre les États pour le pouvoir, la sécurité et les ressources, ainsi que par la recherche de la reconnaissance internationale et de la légitimité. Cette compétition a souvent conduit à des conflits et à des guerres entre les États. Cependant, l'ordre des États-nations a également favorisé la coopération internationale, en particulier dans le domaine économique. Les États ont créé des organisations internationales pour réglementer le commerce et les relations économiques entre les nations, comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI). L'ordre des États-nations est un système international dans lequel les États sont les acteurs principaux, organisés en communautés politiques distinctes et souveraines. Bien qu'il ait favorisé la compétition entre les États, il a également permis la coopération internationale, en particulier dans le domaine économique.


== Le système westphalien ? ==
== Qu'est-ce que le système westphalien ? ==
[[Image:Helst, Peace of Münster.jpg|thumb|488px|<center>''Banquet de la garde civile d'Amsterdam fêtant la paix de Münster'' (1648), exposé au Rijksmuseum, par Bartholomeus van der Helst.]]
[[Image:Helst, Peace of Münster.jpg|thumb|488px|<center>''Banquet de la garde civile d'Amsterdam fêtant la paix de Münster'' (1648), exposé au Rijksmuseum, par Bartholomeus van der Helst.]]


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Les États restent des acteurs majeurs et fondamentaux dans le système international contemporain. En tant qu'entités politiques souveraines, les États sont les principaux détenteurs de la puissance et de l'autorité sur leur territoire, ce qui leur confère une place centrale dans les relations internationales. Les États sont en mesure de négocier des traités et des accords avec d'autres États, d'entreprendre des actions militaires ou diplomatiques, et de participer à des organisations internationales. Ils peuvent également exercer leur souveraineté en régulant les affaires intérieures, telles que la sécurité, la justice, la santé publique et l'économie. Les États peuvent être divisés en différentes catégories en fonction de leur taille, de leur richesse, de leur pouvoir militaire, de leur influence culturelle et de leur position géopolitique. Cependant, quelle que soit leur position relative, tous les États sont des acteurs importants de la scène internationale et ont un rôle à jouer dans la définition de l'ordre mondial.
Les États restent des acteurs majeurs et fondamentaux dans le système international contemporain. En tant qu'entités politiques souveraines, les États sont les principaux détenteurs de la puissance et de l'autorité sur leur territoire, ce qui leur confère une place centrale dans les relations internationales. Les États sont en mesure de négocier des traités et des accords avec d'autres États, d'entreprendre des actions militaires ou diplomatiques, et de participer à des organisations internationales. Ils peuvent également exercer leur souveraineté en régulant les affaires intérieures, telles que la sécurité, la justice, la santé publique et l'économie. Les États peuvent être divisés en différentes catégories en fonction de leur taille, de leur richesse, de leur pouvoir militaire, de leur influence culturelle et de leur position géopolitique. Cependant, quelle que soit leur position relative, tous les États sont des acteurs importants de la scène internationale et ont un rôle à jouer dans la définition de l'ordre mondial.


== Renforcement des diplomaties nationales ==
== Consolidation des diplomaties nationales ==
Avec le déclin du système westphalien, les États ont renforcé leurs prérogatives et leur action diplomatique s'est accrue. Les diplomaties nationales sont devenues des acteurs centraux dans la gestion des relations internationales, en représentant les intérêts de leur État à l'étranger et en négociant des accords et des traités avec d'autres États. Les diplomates sont des experts en relations internationales, qui ont une connaissance approfondie de la culture, de la politique et des intérêts de leur pays ainsi que de ceux des autres États. Ils sont souvent impliqués dans des négociations diplomatiques complexes, qui peuvent porter sur des sujets tels que la sécurité, le commerce, l'environnement, les droits de l'homme, ou encore la résolution de conflits. Les diplomaties nationales ont également développé des réseaux de contacts et d'influence à travers le monde, afin de défendre les intérêts de leur État et de promouvoir sa politique étrangère. Cela peut inclure la participation à des organisations internationales, la mise en place de relations bilatérales avec d'autres États ou encore la mobilisation de l'opinion publique à l'étranger.
Avec le déclin du système westphalien, les États ont renforcé leurs prérogatives et leur action diplomatique s'est accrue. Les diplomaties nationales sont devenues des acteurs centraux dans la gestion des relations internationales, en représentant les intérêts de leur État à l'étranger et en négociant des accords et des traités avec d'autres États. Les diplomates sont des experts en relations internationales, qui ont une connaissance approfondie de la culture, de la politique et des intérêts de leur pays ainsi que de ceux des autres États. Ils sont souvent impliqués dans des négociations diplomatiques complexes, qui peuvent porter sur des sujets tels que la sécurité, le commerce, l'environnement, les droits de l'homme, ou encore la résolution de conflits. Les diplomaties nationales ont également développé des réseaux de contacts et d'influence à travers le monde, afin de défendre les intérêts de leur État et de promouvoir sa politique étrangère. Cela peut inclure la participation à des organisations internationales, la mise en place de relations bilatérales avec d'autres États ou encore la mobilisation de l'opinion publique à l'étranger.


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L'élargissement des domaines d'intervention de la diplomatie a conduit à la création de nouvelles institutions et structures pour répondre à ces nouveaux besoins. La diplomatie économique, culturelle, environnementale, et les affaires sociales et humanitaires ont chacune leur propre champ d'action et nécessitent des compétences spécifiques. Les gouvernements ont donc créé des organisations et des agences spécialisées pour gérer ces différents domaines, tout en travaillant en collaboration avec les ministères des Affaires étrangères pour coordonner leur action à l'étranger.
L'élargissement des domaines d'intervention de la diplomatie a conduit à la création de nouvelles institutions et structures pour répondre à ces nouveaux besoins. La diplomatie économique, culturelle, environnementale, et les affaires sociales et humanitaires ont chacune leur propre champ d'action et nécessitent des compétences spécifiques. Les gouvernements ont donc créé des organisations et des agences spécialisées pour gérer ces différents domaines, tout en travaillant en collaboration avec les ministères des Affaires étrangères pour coordonner leur action à l'étranger.


== Nationalisme et impérialisme à la fin du XIXème siècle==
== Impact du nationalisme et de l'impérialisme à la fin du XIXème siècle==


Le processus de nationalisation des relations internationales est un élément clé de l'évolution diplomatique depuis le XIXème siècle. L'émergence des États-nations et leur affirmation sur la scène internationale ont conduit à un renforcement de la souveraineté nationale et à une affirmation de la politique étrangère en tant qu'instrument de défense et de promotion des intérêts nationaux. Cela a également été favorisé par la conquête des empires coloniaux et la rivalité entre les grandes puissances pour l'accès aux ressources et aux marchés dans ces régions. La diplomatie a donc été utilisée pour défendre les intérêts nationaux sur la scène internationale et pour négocier des accords visant à renforcer la puissance nationale. La conquête coloniale est un exemple de la manifestation de la nationalisation dans les relations internationales. Les États-nations cherchent à étendre leur influence et leur territoire en conquérant des colonies sur différents continents, ce qui peut être vu comme une compétition entre les puissances coloniales pour la domination territoriale. Ce processus a également conduit à la création d'empires coloniaux et à la mise en place de régimes coloniaux qui ont façonné les relations internationales pendant des siècles.
Le processus de nationalisation des relations internationales est un élément clé de l'évolution diplomatique depuis le XIXème siècle. L'émergence des États-nations et leur affirmation sur la scène internationale ont conduit à un renforcement de la souveraineté nationale et à une affirmation de la politique étrangère en tant qu'instrument de défense et de promotion des intérêts nationaux. Cela a également été favorisé par la conquête des empires coloniaux et la rivalité entre les grandes puissances pour l'accès aux ressources et aux marchés dans ces régions. La diplomatie a donc été utilisée pour défendre les intérêts nationaux sur la scène internationale et pour négocier des accords visant à renforcer la puissance nationale. La conquête coloniale est un exemple de la manifestation de la nationalisation dans les relations internationales. Les États-nations cherchent à étendre leur influence et leur territoire en conquérant des colonies sur différents continents, ce qui peut être vu comme une compétition entre les puissances coloniales pour la domination territoriale. Ce processus a également conduit à la création d'empires coloniaux et à la mise en place de régimes coloniaux qui ont façonné les relations internationales pendant des siècles.
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Le nationalisme est un phénomène qui s'est manifesté dans le monde entier, pas seulement en Europe. Dans le contexte de la période que nous évoquons, à savoir la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle, on peut observer l'émergence de mouvements nationalistes dans de nombreux pays d'Asie et d'Afrique. Ces mouvements ont souvent été provoqués par la colonisation et la domination politique, économique et culturelle des puissances européennes, ce qui a conduit à des revendications d'indépendance et d'autodétermination nationale. Cette dynamique a contribué à complexifier les relations internationales de l'époque, en créant de nouveaux acteurs et de nouvelles demandes qui ont dû être prises en compte par les grandes puissances. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les colonies n'ont jamais été totalement pacifiées. Tout d'abord, le nationalisme est un phénomène mondial qui s'est également manifesté dans les colonies. Les mouvements nationalistes dans les colonies ont commencé à revendiquer leur indépendance et leur autonomie politique, économique et culturelle, ce qui a créé des conflits avec les puissances coloniales. Ensuite, les puissances coloniales ont utilisé des méthodes violentes pour imposer leur domination, ce qui a souvent entraîné des réactions violentes de la part des populations colonisées. Les méthodes de domination coloniale incluaient l'exploitation économique, la répression politique et la violence physique. Enfin, les puissances coloniales ont souvent utilisé des politiques de division et de conquête pour maintenir leur domination sur les colonies. Ces politiques ont créé des tensions entre les différentes communautés ethniques et religieuses au sein des colonies, ce qui a souvent dégénéré en violence.
Le nationalisme est un phénomène qui s'est manifesté dans le monde entier, pas seulement en Europe. Dans le contexte de la période que nous évoquons, à savoir la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle, on peut observer l'émergence de mouvements nationalistes dans de nombreux pays d'Asie et d'Afrique. Ces mouvements ont souvent été provoqués par la colonisation et la domination politique, économique et culturelle des puissances européennes, ce qui a conduit à des revendications d'indépendance et d'autodétermination nationale. Cette dynamique a contribué à complexifier les relations internationales de l'époque, en créant de nouveaux acteurs et de nouvelles demandes qui ont dû être prises en compte par les grandes puissances. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les colonies n'ont jamais été totalement pacifiées. Tout d'abord, le nationalisme est un phénomène mondial qui s'est également manifesté dans les colonies. Les mouvements nationalistes dans les colonies ont commencé à revendiquer leur indépendance et leur autonomie politique, économique et culturelle, ce qui a créé des conflits avec les puissances coloniales. Ensuite, les puissances coloniales ont utilisé des méthodes violentes pour imposer leur domination, ce qui a souvent entraîné des réactions violentes de la part des populations colonisées. Les méthodes de domination coloniale incluaient l'exploitation économique, la répression politique et la violence physique. Enfin, les puissances coloniales ont souvent utilisé des politiques de division et de conquête pour maintenir leur domination sur les colonies. Ces politiques ont créé des tensions entre les différentes communautés ethniques et religieuses au sein des colonies, ce qui a souvent dégénéré en violence.


= L’émergence des nouveaux acteurs internationaux =
= L'émergence des nouveaux acteurs sur la scène internationale =
== Les premières organisations internationales ==
== L'apparition des premières organisations internationales ==


Les organisations internationales sont apparues à la fin du XIXème siècle, avec la création de l'Union Télégraphique Internationale en 1865 et de l'Union postale universelle en 1874. Cependant, c'est surtout après la Première Guerre mondiale que la création d'organisations internationales s'est intensifiée, avec la fondation de la Société des Nations en 1919 et de nombreuses autres organisations spécialisées dans des domaines tels que la santé, l'éducation, le commerce et la sécurité internationale. Depuis lors, de nombreuses autres organisations internationales ont vu le jour, comme l'Organisation des Nations Unies en 1945, et elles ont joué un rôle important dans la coopération et la coordination entre les pays membres.  
Les organisations internationales sont apparues à la fin du XIXème siècle, avec la création de l'Union Télégraphique Internationale en 1865 et de l'Union postale universelle en 1874. Cependant, c'est surtout après la Première Guerre mondiale que la création d'organisations internationales s'est intensifiée, avec la fondation de la Société des Nations en 1919 et de nombreuses autres organisations spécialisées dans des domaines tels que la santé, l'éducation, le commerce et la sécurité internationale. Depuis lors, de nombreuses autres organisations internationales ont vu le jour, comme l'Organisation des Nations Unies en 1945, et elles ont joué un rôle important dans la coopération et la coordination entre les pays membres.  
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La mise en place d'un système international à visée universelle peut entrer en contradiction avec les intérêts de certains États-nations. Cela peut se traduire par des tensions et des conflits dans les relations internationales. Par exemple, l'idée de la protection des droits de l'homme à l'échelle internationale peut être perçue comme une atteinte à la souveraineté des États qui préfèrent s'en tenir aux normes et aux valeurs nationales. C'est pourquoi il peut y avoir des résistances à la mise en place de certaines normes internationales, même si celles-ci sont considérées comme universelles et légitimes par la communauté internationale.
La mise en place d'un système international à visée universelle peut entrer en contradiction avec les intérêts de certains États-nations. Cela peut se traduire par des tensions et des conflits dans les relations internationales. Par exemple, l'idée de la protection des droits de l'homme à l'échelle internationale peut être perçue comme une atteinte à la souveraineté des États qui préfèrent s'en tenir aux normes et aux valeurs nationales. C'est pourquoi il peut y avoir des résistances à la mise en place de certaines normes internationales, même si celles-ci sont considérées comme universelles et légitimes par la communauté internationale.


==Les acteurs non gouvernementaux==
==Introduction des acteurs non gouvernementaux==
Selon le droit international public, seuls les États et les organisations internationales ont une personnalité juridique internationale. Les acteurs non gouvernementaux tels que les individus, les entreprises, les ONG et les mouvements sociaux n'ont pas de personnalité juridique internationale, bien qu'ils puissent participer à des processus de négociation et de consultation en tant qu'observateurs ou consultants. Cependant, ces acteurs peuvent exercer une influence significative sur les politiques internationales et la prise de décision. Les acteurs non gouvernementaux ne sont pas reconnus par le droit international en tant qu'entités juridiques à part entière, mais leur rôle est de plus en plus important dans les relations internationales. Cela peut poser des problèmes de régulation et de participation dans les prises de décision internationales. Certaines organisations non gouvernementales ont réussi à se faire reconnaître par les organisations internationales et ont obtenu un statut consultatif. Cela leur permet de participer aux réunions et de contribuer aux débats, mais leur pouvoir de décision reste limité.
Selon le droit international public, seuls les États et les organisations internationales ont une personnalité juridique internationale. Les acteurs non gouvernementaux tels que les individus, les entreprises, les ONG et les mouvements sociaux n'ont pas de personnalité juridique internationale, bien qu'ils puissent participer à des processus de négociation et de consultation en tant qu'observateurs ou consultants. Cependant, ces acteurs peuvent exercer une influence significative sur les politiques internationales et la prise de décision. Les acteurs non gouvernementaux ne sont pas reconnus par le droit international en tant qu'entités juridiques à part entière, mais leur rôle est de plus en plus important dans les relations internationales. Cela peut poser des problèmes de régulation et de participation dans les prises de décision internationales. Certaines organisations non gouvernementales ont réussi à se faire reconnaître par les organisations internationales et ont obtenu un statut consultatif. Cela leur permet de participer aux réunions et de contribuer aux débats, mais leur pouvoir de décision reste limité.


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La fin du XIXème siècle marque l'émergence d'un certain nombre d'acteurs internationaux qui ont contribué à façonner le système international tel que nous le connaissons aujourd'hui. Parmi ces acteurs, on peut citer les organisations non gouvernementales, les mouvements sociaux, les entreprises multinationales, les médias internationaux, etc. Ces acteurs ont progressivement gagné en importance et ont commencé à jouer un rôle majeur dans les relations internationales, aux côtés des États et des organisations intergouvernementales. Cette évolution a profondément transformé la nature des enjeux internationaux et a contribué à l'émergence d'un système international de plus en plus complexe et interconnecté.
La fin du XIXème siècle marque l'émergence d'un certain nombre d'acteurs internationaux qui ont contribué à façonner le système international tel que nous le connaissons aujourd'hui. Parmi ces acteurs, on peut citer les organisations non gouvernementales, les mouvements sociaux, les entreprises multinationales, les médias internationaux, etc. Ces acteurs ont progressivement gagné en importance et ont commencé à jouer un rôle majeur dans les relations internationales, aux côtés des États et des organisations intergouvernementales. Cette évolution a profondément transformé la nature des enjeux internationaux et a contribué à l'émergence d'un système international de plus en plus complexe et interconnecté.


== Les débuts du régionalisme : l’Union Panaméricaine ==
== Les prémices du régionalisme : l’exemple de l’Union Panaméricaine ==


L'Union Panaméricaine est un exemple précoce de régionalisme, qui a émergé à la fin du XIXe siècle en Amérique latine sous l'impulsion des États-Unis. Cette organisation visait à promouvoir la coopération et l'intégration entre les pays du continent américain, ainsi qu'à renforcer leurs liens économiques, politiques et culturels. L'Union Panaméricaine est considérée comme un ancêtre de l'Organisation des États Américains (OEA), qui a été fondée en 1948.
L'Union Panaméricaine est un exemple précoce de régionalisme, qui a émergé à la fin du XIXe siècle en Amérique latine sous l'impulsion des États-Unis. Cette organisation visait à promouvoir la coopération et l'intégration entre les pays du continent américain, ainsi qu'à renforcer leurs liens économiques, politiques et culturels. L'Union Panaméricaine est considérée comme un ancêtre de l'Organisation des États Américains (OEA), qui a été fondée en 1948.
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Pendant l'entre-deux-guerres, l'Union Panaméricaine et la Société des Nations (SDN) ont coopéré sur certaines questions, mais ont également maintenu une certaine distance en raison des tensions entre le nationalisme et l'universalisme. L'Union Panaméricaine, en tant qu'organisation régionale, avait pour objectif de promouvoir la coopération et l'intégration entre les pays des Amériques. La SDN, quant à elle, avait une portée mondiale et visait à maintenir la paix et la sécurité internationales en encourageant la coopération entre toutes les nations. Bien que les deux organisations partageaient des objectifs communs, leurs approches et leurs domaines d'action différaient, reflétant les tensions entre les aspirations nationalistes et universalistes de l'époque. Les nations d'Amérique latine, en particulier, étaient souvent tiraillées entre la volonté de préserver leur souveraineté et leur identité nationale, et l'aspiration à participer à un système international fondé sur la coopération et le multilatéralisme. Cette tension a parfois conduit à des frictions entre l'Union Panaméricaine et la SDN, chacune cherchant à affirmer son rôle et son influence sur la scène internationale. Malgré ces tensions, l'Union Panaméricaine a joué un rôle crucial dans les débuts du régionalisme et a jeté les bases de la coopération et de l'intégration régionales dans les Amériques. Les principes et les mécanismes développés par l'Union Panaméricaine ont influencé la création d'autres organisations régionales et ont contribué à façonner le système international qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale, notamment avec la création de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et de l'Organisation des États Américains (OEA).
Pendant l'entre-deux-guerres, l'Union Panaméricaine et la Société des Nations (SDN) ont coopéré sur certaines questions, mais ont également maintenu une certaine distance en raison des tensions entre le nationalisme et l'universalisme. L'Union Panaméricaine, en tant qu'organisation régionale, avait pour objectif de promouvoir la coopération et l'intégration entre les pays des Amériques. La SDN, quant à elle, avait une portée mondiale et visait à maintenir la paix et la sécurité internationales en encourageant la coopération entre toutes les nations. Bien que les deux organisations partageaient des objectifs communs, leurs approches et leurs domaines d'action différaient, reflétant les tensions entre les aspirations nationalistes et universalistes de l'époque. Les nations d'Amérique latine, en particulier, étaient souvent tiraillées entre la volonté de préserver leur souveraineté et leur identité nationale, et l'aspiration à participer à un système international fondé sur la coopération et le multilatéralisme. Cette tension a parfois conduit à des frictions entre l'Union Panaméricaine et la SDN, chacune cherchant à affirmer son rôle et son influence sur la scène internationale. Malgré ces tensions, l'Union Panaméricaine a joué un rôle crucial dans les débuts du régionalisme et a jeté les bases de la coopération et de l'intégration régionales dans les Amériques. Les principes et les mécanismes développés par l'Union Panaméricaine ont influencé la création d'autres organisations régionales et ont contribué à façonner le système international qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale, notamment avec la création de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et de l'Organisation des États Américains (OEA).


=La Société des Nations : naissance d’un système universel ?=
=La Société des Nations : Vers la formation d'un système universel ?=
La Société des Nations a été la première organisation internationale à vocation universelle créée après la Première Guerre mondiale, en 1919, dans le but de maintenir la paix et la sécurité internationales en favorisant la coopération entre les États membres. Elle regroupait la plupart des États du monde à l'époque, mais certains pays comme les États-Unis n'ont pas rejoint la SDN, et d'autres comme l'Allemagne et l'Union soviétique ne l'ont rejointe que plus tardivement.
La Société des Nations a été la première organisation internationale à vocation universelle créée après la Première Guerre mondiale, en 1919, dans le but de maintenir la paix et la sécurité internationales en favorisant la coopération entre les États membres. Elle regroupait la plupart des États du monde à l'époque, mais certains pays comme les États-Unis n'ont pas rejoint la SDN, et d'autres comme l'Allemagne et l'Union soviétique ne l'ont rejointe que plus tardivement.


== Les origines ==
== Origines et fondements de la Société des Nations ==
L'idée de créer une organisation internationale pour régler les conflits entre États a été portée par des mouvements pacifistes et humanitaires dès la fin du XIXème siècle. Des personnalités telles que l'écrivain Victor Hugo ou encore le philosophe Bertrand Russell ont défendu cette idée dans leurs écrits et discours. les mouvements pacifistes de la fin du XIXème siècle ont contribué à la formation de l'idée d'une régulation internationale des problèmes. Ils ont exprimé une aspiration à la paix et à la coopération internationale en réponse aux ravages des guerres qui ont secoué l'Europe au XIXème siècle. Des personnalités comme le philanthrope britannique Alfred Nobel, le journaliste français Henri Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, ou encore le juriste suisse Gustave Moynier ont notamment oeuvré en faveur de cette idée. Leurs réflexions ont contribué à la prise de conscience de la nécessité de mettre en place des institutions internationales visant à régler pacifiquement les différends entre les Etats. Cependant, ce n'est qu'après la Première Guerre mondiale, qui a vu une violence sans précédent et un nombre de morts effroyable, que la création d'une organisation internationale devient une priorité pour de nombreux États. La Société des Nations a ainsi été créée en 1919 dans le but de préserver la paix et la sécurité internationales. L’origine est cette kyrielle de mouvements pacifistes qui naissent et qui formulent les premières façons de structurer l’idée d’une régulation internationale des problèmes, ce qui est une idée neuve.
L'idée de créer une organisation internationale pour régler les conflits entre États a été portée par des mouvements pacifistes et humanitaires dès la fin du XIXème siècle. Des personnalités telles que l'écrivain Victor Hugo ou encore le philosophe Bertrand Russell ont défendu cette idée dans leurs écrits et discours. les mouvements pacifistes de la fin du XIXème siècle ont contribué à la formation de l'idée d'une régulation internationale des problèmes. Ils ont exprimé une aspiration à la paix et à la coopération internationale en réponse aux ravages des guerres qui ont secoué l'Europe au XIXème siècle. Des personnalités comme le philanthrope britannique Alfred Nobel, le journaliste français Henri Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, ou encore le juriste suisse Gustave Moynier ont notamment oeuvré en faveur de cette idée. Leurs réflexions ont contribué à la prise de conscience de la nécessité de mettre en place des institutions internationales visant à régler pacifiquement les différends entre les Etats. Cependant, ce n'est qu'après la Première Guerre mondiale, qui a vu une violence sans précédent et un nombre de morts effroyable, que la création d'une organisation internationale devient une priorité pour de nombreux États. La Société des Nations a ainsi été créée en 1919 dans le but de préserver la paix et la sécurité internationales. L’origine est cette kyrielle de mouvements pacifistes qui naissent et qui formulent les premières façons de structurer l’idée d’une régulation internationale des problèmes, ce qui est une idée neuve.


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L'historicité de la création de la Société des Nations est essentielle pour comprendre les motivations et les objectifs de cette organisation internationale. La Première Guerre mondiale a été un tournant majeur dans l'histoire de l'humanité, car elle a provoqué des destructions massives et a eu des conséquences politiques, économiques et sociales considérables. Cette guerre a montré que la diplomatie traditionnelle basée sur la rivalité des puissances nationales et l'équilibre des forces n'était plus capable de garantir la paix et la sécurité internationales. C'est dans ce contexte que l'idée d'une organisation internationale chargée de réguler les relations entre les États et de prévenir les conflits a émergé. La Société des Nations a été créée à la fin de la Première Guerre mondiale, en 1919, dans le but de maintenir la paix et la sécurité internationales et de promouvoir la coopération entre les États. Cependant, malgré ses objectifs nobles, la Société des Nations n'a pas réussi à prévenir la Deuxième Guerre mondiale et a été remplacée par l'Organisation des Nations unies après la fin de cette guerre.
L'historicité de la création de la Société des Nations est essentielle pour comprendre les motivations et les objectifs de cette organisation internationale. La Première Guerre mondiale a été un tournant majeur dans l'histoire de l'humanité, car elle a provoqué des destructions massives et a eu des conséquences politiques, économiques et sociales considérables. Cette guerre a montré que la diplomatie traditionnelle basée sur la rivalité des puissances nationales et l'équilibre des forces n'était plus capable de garantir la paix et la sécurité internationales. C'est dans ce contexte que l'idée d'une organisation internationale chargée de réguler les relations entre les États et de prévenir les conflits a émergé. La Société des Nations a été créée à la fin de la Première Guerre mondiale, en 1919, dans le but de maintenir la paix et la sécurité internationales et de promouvoir la coopération entre les États. Cependant, malgré ses objectifs nobles, la Société des Nations n'a pas réussi à prévenir la Deuxième Guerre mondiale et a été remplacée par l'Organisation des Nations unies après la fin de cette guerre.


== La Première guerre mondiale et le Traité de Versailles ==
== Impact de la Première Guerre mondiale et du Traité de Versailles ==
la création de la Société des Nations a suscité des débats et des rivalités au moment même du Congrès de la paix de Versailles. D'une part, il y avait des partisans de la création d'une organisation internationale qui pourrait prévenir la guerre et maintenir la paix, comme le président américain Woodrow Wilson. D'autre part, il y avait ceux qui étaient méfiants envers l'idée d'une telle organisation, comme le Premier ministre britannique David Lloyd George et le président français Georges Clemenceau, qui avaient des préoccupations plus immédiates concernant les réparations de guerre et la sécurité nationale. Les États-Unis ont présenté leur propre projet de Société des Nations qui aurait été fondé sur le principe de l'égalité souveraine de tous les États membres. Cependant, les dirigeants européens ont été préoccupés par les implications de cette proposition pour leur propre sécurité nationale et leur position dans le monde. Finalement, la Société des Nations a été créée en 1919, avec 42 membres fondateurs, en tant qu'organisation internationale pour promouvoir la coopération internationale et prévenir les conflits armés, mais elle a rencontré des difficultés à maintenir la paix dans le monde en raison de la montée des tensions et des conflits entre les États membres. Les problèmes que la Société des Nations a rencontrés étaient en partie préexistants à sa création. Par exemple, la question de la définition des frontières nationales a été l'une des questions les plus difficiles à régler à la fin de la Première Guerre mondiale, et elle a continué à être source de tensions internationales pendant de nombreuses années. De même, la question de la souveraineté nationale a été une question complexe qui a suscité des débats passionnés au sein de la Société des Nations, en particulier concernant les relations entre les États membres et l'organisation elle-même. Enfin, la question de la garantie de la sécurité internationale était un autre sujet de préoccupation important, qui a finalement conduit à l'échec de la Société des Nations en tant qu'organisme de maintien de la paix.  
la création de la Société des Nations a suscité des débats et des rivalités au moment même du Congrès de la paix de Versailles. D'une part, il y avait des partisans de la création d'une organisation internationale qui pourrait prévenir la guerre et maintenir la paix, comme le président américain Woodrow Wilson. D'autre part, il y avait ceux qui étaient méfiants envers l'idée d'une telle organisation, comme le Premier ministre britannique David Lloyd George et le président français Georges Clemenceau, qui avaient des préoccupations plus immédiates concernant les réparations de guerre et la sécurité nationale. Les États-Unis ont présenté leur propre projet de Société des Nations qui aurait été fondé sur le principe de l'égalité souveraine de tous les États membres. Cependant, les dirigeants européens ont été préoccupés par les implications de cette proposition pour leur propre sécurité nationale et leur position dans le monde. Finalement, la Société des Nations a été créée en 1919, avec 42 membres fondateurs, en tant qu'organisation internationale pour promouvoir la coopération internationale et prévenir les conflits armés, mais elle a rencontré des difficultés à maintenir la paix dans le monde en raison de la montée des tensions et des conflits entre les États membres. Les problèmes que la Société des Nations a rencontrés étaient en partie préexistants à sa création. Par exemple, la question de la définition des frontières nationales a été l'une des questions les plus difficiles à régler à la fin de la Première Guerre mondiale, et elle a continué à être source de tensions internationales pendant de nombreuses années. De même, la question de la souveraineté nationale a été une question complexe qui a suscité des débats passionnés au sein de la Société des Nations, en particulier concernant les relations entre les États membres et l'organisation elle-même. Enfin, la question de la garantie de la sécurité internationale était un autre sujet de préoccupation important, qui a finalement conduit à l'échec de la Société des Nations en tant qu'organisme de maintien de la paix.  


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L'histoire de la Société des Nations remonte avant la Première Guerre mondiale, avec des initiatives de paix et de coopération internationales, notamment de la part de personnalités françaises telles que Léon Bourgeois. Cependant, le projet de la Société des Nations tel qu'il a été mis en place à Versailles après la guerre a été le résultat d'un compromis entre les grandes puissances, avec des différences de conceptions et d'intérêts qui ont pesé sur sa mise en œuvre et son efficacité. L'idée d'universalisme est présente dans de nombreuses organisations internationales, y compris dans la Société des Nations et dans l'Organisation des Nations unies. Cependant, cette idée est souvent interprétée différemment selon les pays et les cultures. Par exemple, pour certains pays, l'universalisme signifie la promotion des droits de l'homme et de la démocratie, tandis que pour d'autres, cela peut signifier la promotion de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un pays. Ces différences d'interprétation peuvent conduire à des désaccords et des blocages au sein des organisations internationales.
L'histoire de la Société des Nations remonte avant la Première Guerre mondiale, avec des initiatives de paix et de coopération internationales, notamment de la part de personnalités françaises telles que Léon Bourgeois. Cependant, le projet de la Société des Nations tel qu'il a été mis en place à Versailles après la guerre a été le résultat d'un compromis entre les grandes puissances, avec des différences de conceptions et d'intérêts qui ont pesé sur sa mise en œuvre et son efficacité. L'idée d'universalisme est présente dans de nombreuses organisations internationales, y compris dans la Société des Nations et dans l'Organisation des Nations unies. Cependant, cette idée est souvent interprétée différemment selon les pays et les cultures. Par exemple, pour certains pays, l'universalisme signifie la promotion des droits de l'homme et de la démocratie, tandis que pour d'autres, cela peut signifier la promotion de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un pays. Ces différences d'interprétation peuvent conduire à des désaccords et des blocages au sein des organisations internationales.


== Le fonctionnement de l’organisation ==
== Fonctionnement et organisation de la Société des Nations ==
La Société des Nations a été la première tentative de création d'un ordre international structuré et organisé pour résoudre les conflits internationaux et favoriser la paix. Cela a représenté une nouveauté politique radicale à l'époque, marquant une évolution importante dans les relations internationales. Bien que cette tentative ait échoué, elle a jeté les bases pour la création ultérieure de l'Organisation des Nations unies (ONU) en 1945. La Société des Nations a également favorisé le développement de la diplomatie multilatérale et de la coopération internationale, qui sont aujourd'hui des éléments clés de l'ordre international contemporain. La Société des Nations a été la première organisation internationale à établir un cadre juridique et institutionnel pour réglementer les relations entre les États. Elle a introduit l'idée de supranationalité, c'est-à-dire qu'elle a établi un ordre international supérieur à celui des États membres et a créé un système de prise de décision collective. Cela a représenté un changement majeur par rapport au système précédent, qui était principalement basé sur les relations bilatérales entre les États. Bien que la Société des Nations ait connu des limites et des échecs, elle a jeté les bases de la construction d'un ordre international plus stable et coopératif, qui a finalement conduit à la création de l'Organisation des Nations unies après la Seconde Guerre mondiale.
La Société des Nations a été la première tentative de création d'un ordre international structuré et organisé pour résoudre les conflits internationaux et favoriser la paix. Cela a représenté une nouveauté politique radicale à l'époque, marquant une évolution importante dans les relations internationales. Bien que cette tentative ait échoué, elle a jeté les bases pour la création ultérieure de l'Organisation des Nations unies (ONU) en 1945. La Société des Nations a également favorisé le développement de la diplomatie multilatérale et de la coopération internationale, qui sont aujourd'hui des éléments clés de l'ordre international contemporain. La Société des Nations a été la première organisation internationale à établir un cadre juridique et institutionnel pour réglementer les relations entre les États. Elle a introduit l'idée de supranationalité, c'est-à-dire qu'elle a établi un ordre international supérieur à celui des États membres et a créé un système de prise de décision collective. Cela a représenté un changement majeur par rapport au système précédent, qui était principalement basé sur les relations bilatérales entre les États. Bien que la Société des Nations ait connu des limites et des échecs, elle a jeté les bases de la construction d'un ordre international plus stable et coopératif, qui a finalement conduit à la création de l'Organisation des Nations unies après la Seconde Guerre mondiale.


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La création de la Société des Nations est une tentative de mettre en place un système global pour régler les conflits internationaux et coopérer sur des enjeux mondiaux. Toutefois, cette création s'est faite dans l'improvisation et la Société des Nations a connu de nombreux défauts et limites dans son fonctionnement. Les grandes puissances ont souvent fait obstacle à son action, les décisions requérant l'unanimité et le manque de moyens d'exécution ont également affaibli son efficacité. Malgré ces difficultés, la Société des Nations a jeté les bases d'un système international qui sera repris et amélioré avec la création de l'Organisation des Nations unies en 1945.
La création de la Société des Nations est une tentative de mettre en place un système global pour régler les conflits internationaux et coopérer sur des enjeux mondiaux. Toutefois, cette création s'est faite dans l'improvisation et la Société des Nations a connu de nombreux défauts et limites dans son fonctionnement. Les grandes puissances ont souvent fait obstacle à son action, les décisions requérant l'unanimité et le manque de moyens d'exécution ont également affaibli son efficacité. Malgré ces difficultés, la Société des Nations a jeté les bases d'un système international qui sera repris et amélioré avec la création de l'Organisation des Nations unies en 1945.


== L’action politique ==
== L'engagement politique de la Société des Nations ==
La principale mission politique de la Société des Nations était d'assurer le respect des traités de paix et de régler les conflits internationaux, notamment par l'arbitrage obligatoire et la sécurité collective. Mais  les grandes puissances ont souvent ignoré ou contourné les décisions de la Société des Nations et ont préféré régler leurs affaires de manière bilatérale ou informelle. De plus, la SDN n'avait pas de véritable pouvoir coercitif pour faire appliquer ses décisions, ce qui limitait considérablement son efficacité.
La principale mission politique de la Société des Nations était d'assurer le respect des traités de paix et de régler les conflits internationaux, notamment par l'arbitrage obligatoire et la sécurité collective. Mais  les grandes puissances ont souvent ignoré ou contourné les décisions de la Société des Nations et ont préféré régler leurs affaires de manière bilatérale ou informelle. De plus, la SDN n'avait pas de véritable pouvoir coercitif pour faire appliquer ses décisions, ce qui limitait considérablement son efficacité.


=== L’application des traités de paix ===
=== Mise en application des traités de paix ===


L’application des traités de paix était l’une des principales missions de la Société des Nations. Elle avait pour but de régler les conflits internationaux par des moyens pacifiques, en utilisant notamment l’arbitrage, la médiation ou la conciliation. En cas d’échec, elle pouvait recourir à des sanctions économiques ou diplomatiques contre l’État agresseur. Cependant, cette mission a été souvent contrecarrée par l’attitude des grandes puissances qui ont préféré régler leurs affaires en dehors du cadre de la Société des Nations. Ainsi, la crise de Manchourie en 1931, l’annexion de l’Éthiopie par l’Italie en 1935 ou encore les accords de Munich en 1938 ont mis en évidence les limites de l’action de la Société des Nations dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
L’application des traités de paix était l’une des principales missions de la Société des Nations. Elle avait pour but de régler les conflits internationaux par des moyens pacifiques, en utilisant notamment l’arbitrage, la médiation ou la conciliation. En cas d’échec, elle pouvait recourir à des sanctions économiques ou diplomatiques contre l’État agresseur. Cependant, cette mission a été souvent contrecarrée par l’attitude des grandes puissances qui ont préféré régler leurs affaires en dehors du cadre de la Société des Nations. Ainsi, la crise de Manchourie en 1931, l’annexion de l’Éthiopie par l’Italie en 1935 ou encore les accords de Munich en 1938 ont mis en évidence les limites de l’action de la Société des Nations dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
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L'administration de la Sarre par la Société des Nations a connu quelques difficultés, notamment en raison de la résistance de la population locale qui se sentait lésée dans ses droits et qui réclamait le retour de la Sarre à l'Allemagne. De plus, la France avait des intérêts économiques importants dans la région et cherchait à les protéger en imposant des restrictions à l'industrie charbonnière de la Sarre, ce qui suscitait des tensions avec l'Allemagne. Malgré ces difficultés, l'administration internationale de la Sarre a globalement été efficace et a permis d'éviter un conflit armé entre la France et l'Allemagne dans cette région.
L'administration de la Sarre par la Société des Nations a connu quelques difficultés, notamment en raison de la résistance de la population locale qui se sentait lésée dans ses droits et qui réclamait le retour de la Sarre à l'Allemagne. De plus, la France avait des intérêts économiques importants dans la région et cherchait à les protéger en imposant des restrictions à l'industrie charbonnière de la Sarre, ce qui suscitait des tensions avec l'Allemagne. Malgré ces difficultés, l'administration internationale de la Sarre a globalement été efficace et a permis d'éviter un conflit armé entre la France et l'Allemagne dans cette région.


==== Le corridor de Dantzig ====
==== Situation du corridor de Dantzig ====
La question de Dantzig est l'un des règlements territoriaux les plus controversés du traité de Versailles. Située sur la mer Baltique, la ville de Dantzig (Gdańsk en polonais) avait une population majoritairement allemande mais était revendiquée par la Pologne qui souhaitait avoir un accès direct à la mer. Le traité de Versailles a donc créé un État libre de Dantzig, placé sous la protection de la Société des Nations et dont le port était placé sous administration polonaise. Cette situation a créé de nombreux conflits entre la Pologne et l'Allemagne dans les années qui ont suivi la fin de la Première Guerre mondiale. La ville libre de Dantzig (Gdańsk en polonais) avait une population majoritairement allemande, mais avait été placée sous le contrôle de la Société des Nations en tant que ville libre en 1919, avec l'accord de la Pologne. Cependant, la Pologne revendiquait la ville comme faisant partie de son territoire, ce qui a créé des tensions avec l'Allemagne. En 1939, l'Allemagne nazie annexa la ville, ce qui contribua à déclencher la Seconde Guerre mondiale.  
La question de Dantzig est l'un des règlements territoriaux les plus controversés du traité de Versailles. Située sur la mer Baltique, la ville de Dantzig (Gdańsk en polonais) avait une population majoritairement allemande mais était revendiquée par la Pologne qui souhaitait avoir un accès direct à la mer. Le traité de Versailles a donc créé un État libre de Dantzig, placé sous la protection de la Société des Nations et dont le port était placé sous administration polonaise. Cette situation a créé de nombreux conflits entre la Pologne et l'Allemagne dans les années qui ont suivi la fin de la Première Guerre mondiale. La ville libre de Dantzig (Gdańsk en polonais) avait une population majoritairement allemande, mais avait été placée sous le contrôle de la Société des Nations en tant que ville libre en 1919, avec l'accord de la Pologne. Cependant, la Pologne revendiquait la ville comme faisant partie de son territoire, ce qui a créé des tensions avec l'Allemagne. En 1939, l'Allemagne nazie annexa la ville, ce qui contribua à déclencher la Seconde Guerre mondiale.  


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La Société des Nations a également été impliquée dans le règlement des conflits frontaliers entre différents pays, en particulier en Europe. L'Organisation a mis en place plusieurs procédures de règlement des différends, notamment la médiation, la conciliation et l'arbitrage. Ces procédures ont été mises en œuvre dans plusieurs cas de conflits frontaliers entre les pays européens, notamment entre la Hongrie et la Tchécoslovaquie en 1938, entre l'Allemagne et la Pologne en 1920, et entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie en 1923. Cependant, dans la pratique, la plupart des conflits frontaliers ont été résolus en dehors de la Société des Nations, car les grandes puissances ont souvent imposé leurs propres solutions, comme dans le cas de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne en 1938.
La Société des Nations a également été impliquée dans le règlement des conflits frontaliers entre différents pays, en particulier en Europe. L'Organisation a mis en place plusieurs procédures de règlement des différends, notamment la médiation, la conciliation et l'arbitrage. Ces procédures ont été mises en œuvre dans plusieurs cas de conflits frontaliers entre les pays européens, notamment entre la Hongrie et la Tchécoslovaquie en 1938, entre l'Allemagne et la Pologne en 1920, et entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie en 1923. Cependant, dans la pratique, la plupart des conflits frontaliers ont été résolus en dehors de la Société des Nations, car les grandes puissances ont souvent imposé leurs propres solutions, comme dans le cas de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne en 1938.


==== Iles Åland : 1919 – 1921 ====
==== Cas des Îles Åland : 1919 – 1921 ====


[[Image:Åland map with borders.png|thumb|right|Les îles Åland ([[Média:Aland26571.png|Grande carte]])]]
[[Image:Åland map with borders.png|thumb|right|Les îles Åland ([[Média:Aland26571.png|Grande carte]])]]
Ligne 275 : Ligne 275 :
La question des îles Åland a été résolue pacifiquement grâce à la médiation de la Société des Nations. Cette résolution pacifique a été perçue comme un succès de l'organisation et a encouragé les efforts pour résoudre d'autres conflits internationaux par des moyens pacifiques.
La question des îles Åland a été résolue pacifiquement grâce à la médiation de la Société des Nations. Cette résolution pacifique a été perçue comme un succès de l'organisation et a encouragé les efforts pour résoudre d'autres conflits internationaux par des moyens pacifiques.


==== Albanie, Grèce, Serbie ====
==== Situations en Albanie, Grèce et Serbie ====
La reconnaissance de l'Albanie par ses voisins était un sujet de tension majeur dans la région, ce qui a conduit à des incursions et des conflits frontaliers. De plus, la Société des Nations avait des difficultés à faire respecter ses décisions en raison du manque de soutien des grandes puissances et de la faiblesse de ses moyens d'action. Les efforts pour résoudre les conflits en Albanie ont finalement échoué, aboutissant à l'invasion de l'Albanie par l'Italie fasciste en 1939.
La reconnaissance de l'Albanie par ses voisins était un sujet de tension majeur dans la région, ce qui a conduit à des incursions et des conflits frontaliers. De plus, la Société des Nations avait des difficultés à faire respecter ses décisions en raison du manque de soutien des grandes puissances et de la faiblesse de ses moyens d'action. Les efforts pour résoudre les conflits en Albanie ont finalement échoué, aboutissant à l'invasion de l'Albanie par l'Italie fasciste en 1939.


Ligne 282 : Ligne 282 :
La procédure a été longue et difficile, mais la Société des Nations a finalement réussi à faire reconnaître les frontières de l'Albanie par la Serbie et la Grèce. Cela montre que, malgré les difficultés, la Société des Nations était capable de trouver des solutions pacifiques aux conflits territoriaux entre ses membres.
La procédure a été longue et difficile, mais la Société des Nations a finalement réussi à faire reconnaître les frontières de l'Albanie par la Serbie et la Grèce. Cela montre que, malgré les difficultés, la Société des Nations était capable de trouver des solutions pacifiques aux conflits territoriaux entre ses membres.


==== Corfou ====
==== L’affaire de Corfou ====
Cette île grecque a été le théâtre d'incidents frontaliers entre la Grèce et l'Albanie en 1923, ce qui a entraîné une intervention de la Société des Nations. Une commission d'enquête a été envoyée sur place pour évaluer la situation et recommander des mesures de règlement.  
Cette île grecque a été le théâtre d'incidents frontaliers entre la Grèce et l'Albanie en 1923, ce qui a entraîné une intervention de la Société des Nations. Une commission d'enquête a été envoyée sur place pour évaluer la situation et recommander des mesures de règlement.  


Ligne 291 : Ligne 291 :
[[Image:Corfu topographic map-fr.png|center|thumb|400px|Incident de Corfou]]
[[Image:Corfu topographic map-fr.png|center|thumb|400px|Incident de Corfou]]


==== Conflit du Chaco ====
==== Le conflit du Chaco ====
[[Image:Disputed Bolivia Paraguay.jpg|right|thumb|200px|Situation avant la guerre du Chaco.]]
[[Image:Disputed Bolivia Paraguay.jpg|right|thumb|200px|Situation avant la guerre du Chaco.]]


Ligne 302 : Ligne 302 :
La résolution pacifique des conflits frontaliers a été un élément important de l'action de la Société des Nations. Elle a réussi à résoudre plusieurs conflits frontaliers entre les États membres, ce qui a contribué à maintenir la paix en Europe et dans le monde. Cela a également permis d'établir des frontières claires et de renforcer la souveraineté des États. Cependant, certains conflits ont été plus difficiles à résoudre que d'autres, et la Société des Nations n'a pas toujours réussi à empêcher des conflits majeurs de se déclencher.
La résolution pacifique des conflits frontaliers a été un élément important de l'action de la Société des Nations. Elle a réussi à résoudre plusieurs conflits frontaliers entre les États membres, ce qui a contribué à maintenir la paix en Europe et dans le monde. Cela a également permis d'établir des frontières claires et de renforcer la souveraineté des États. Cependant, certains conflits ont été plus difficiles à résoudre que d'autres, et la Société des Nations n'a pas toujours réussi à empêcher des conflits majeurs de se déclencher.


=== Les mandats de la Société des Nations ===
=== Les mandats sous l'égide de la Société des Nations ===
Les mandats de la Société des Nations étaient des territoires qui étaient placés sous la tutelle des puissances coloniales victorieuses de la Première Guerre mondiale, en tant que mandataires de la Société des Nations. Ces territoires étaient principalement situés en Afrique et au Moyen-Orient, et leur administration avait pour but de préparer ces territoires à l'indépendance et à l'autonomie.  Les mandats ont été créés pour les anciennes colonies allemandes et ottomanes, ainsi que pour les anciennes colonies allemandes de la région du Pacifique. Les mandats ont été abolis après la Seconde Guerre mondiale et les territoires concernés ont obtenu leur indépendance
Les mandats de la Société des Nations étaient des territoires qui étaient placés sous la tutelle des puissances coloniales victorieuses de la Première Guerre mondiale, en tant que mandataires de la Société des Nations. Ces territoires étaient principalement situés en Afrique et au Moyen-Orient, et leur administration avait pour but de préparer ces territoires à l'indépendance et à l'autonomie.  Les mandats ont été créés pour les anciennes colonies allemandes et ottomanes, ainsi que pour les anciennes colonies allemandes de la région du Pacifique. Les mandats ont été abolis après la Seconde Guerre mondiale et les territoires concernés ont obtenu leur indépendance


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L'existence de la Commission des mandats et la publication de ses rapports ont contribué à une évolution de l'approche de la colonisation. Les débats au sein de la Société des Nations ont permis de mettre en lumière les problèmes liés à la gestion des territoires colonisés et ont favorisé une réflexion sur les droits des peuples colonisés. Les recommandations de la commission ont également amené certaines puissances mandataires à améliorer la gestion des territoires placés sous leur responsabilité. Cependant, ces avancées sont restées limitées et que la plupart des mandats ont continué à être gérés de manière autoritaire et paternaliste.
L'existence de la Commission des mandats et la publication de ses rapports ont contribué à une évolution de l'approche de la colonisation. Les débats au sein de la Société des Nations ont permis de mettre en lumière les problèmes liés à la gestion des territoires colonisés et ont favorisé une réflexion sur les droits des peuples colonisés. Les recommandations de la commission ont également amené certaines puissances mandataires à améliorer la gestion des territoires placés sous leur responsabilité. Cependant, ces avancées sont restées limitées et que la plupart des mandats ont continué à être gérés de manière autoritaire et paternaliste.


=== La protection des minorités ===
=== Protection et droits des minorités ===
[[Image:DeportEuropeVerti.jpg|240px|right|thumb|Déplacements de populations et déportations en Europe au XX{{e}} siècle.]]
[[Image:DeportEuropeVerti.jpg|240px|right|thumb|Déplacements de populations et déportations en Europe au XX{{e}} siècle.]]


Ligne 404 : Ligne 404 :
Les sections techniques de la Société des Nations étaient chargées des activités non politiques. Elles étaient organisées autour de thèmes tels que la santé, l'éducation, la culture, les transports, la communication, etc. Le but était de favoriser la coopération internationale dans ces domaines en encourageant les échanges d'informations et de bonnes pratiques entre les pays membres. Les sections techniques ont été considérées comme une réussite de la Société des Nations car elles ont permis des avancées concrètes dans de nombreux domaines. Les sections techniques avaient pour but de traiter de questions techniques et pratiques telles que la santé, l'éducation, le commerce, les transports, la culture, les sciences, l'agriculture, la communication, etc. Elles étaient chargées de promouvoir la coopération internationale et d'encourager les échanges entre les nations dans ces domaines. L'idée était de créer un système mondial de régulation et de coordination pour l'ensemble de ces activités, afin de favoriser le développement économique et social et de prévenir les conflits. La Société des Nations avait pour ambition de créer un système international qui réglemente non seulement les affaires politiques, mais également les questions économiques, sociales, culturelles, sanitaires, etc. C'est dans cette optique qu'elle a créé les sections techniques et les commissions spécialisées qui étaient chargées de traiter ces différentes questions. Cela montre que la Société des Nations avait une vision ambitieuse pour l'organisation de la coopération internationale, qui dépasse largement le simple cadre de la sécurité et de la paix.
Les sections techniques de la Société des Nations étaient chargées des activités non politiques. Elles étaient organisées autour de thèmes tels que la santé, l'éducation, la culture, les transports, la communication, etc. Le but était de favoriser la coopération internationale dans ces domaines en encourageant les échanges d'informations et de bonnes pratiques entre les pays membres. Les sections techniques ont été considérées comme une réussite de la Société des Nations car elles ont permis des avancées concrètes dans de nombreux domaines. Les sections techniques avaient pour but de traiter de questions techniques et pratiques telles que la santé, l'éducation, le commerce, les transports, la culture, les sciences, l'agriculture, la communication, etc. Elles étaient chargées de promouvoir la coopération internationale et d'encourager les échanges entre les nations dans ces domaines. L'idée était de créer un système mondial de régulation et de coordination pour l'ensemble de ces activités, afin de favoriser le développement économique et social et de prévenir les conflits. La Société des Nations avait pour ambition de créer un système international qui réglemente non seulement les affaires politiques, mais également les questions économiques, sociales, culturelles, sanitaires, etc. C'est dans cette optique qu'elle a créé les sections techniques et les commissions spécialisées qui étaient chargées de traiter ces différentes questions. Cela montre que la Société des Nations avait une vision ambitieuse pour l'organisation de la coopération internationale, qui dépasse largement le simple cadre de la sécurité et de la paix.


=== Domaine économique ===
=== Domaine économique et finance ===
La notion de régulation économique à l'échelle internationale est apparue après la Première Guerre mondiale, avec la création de la Société des Nations. Les dirigeants de l'époque ont compris que la guerre était souvent le résultat de tensions économiques et de rivalités commerciales entre les nations, et ont donc cherché à réguler ces échanges pour éviter de nouvelles catastrophes. La Société des Nations a ainsi créé plusieurs organisations spécialisées dans le domaine économique, comme l'Organisation internationale du travail (OIT) en 1919 et l'Union postale universelle (UPU) en 1920. Elle a également encouragé la coopération internationale en matière de commerce et d'investissement, avec la mise en place de traités bilatéraux et multilatéraux.  
La notion de régulation économique à l'échelle internationale est apparue après la Première Guerre mondiale, avec la création de la Société des Nations. Les dirigeants de l'époque ont compris que la guerre était souvent le résultat de tensions économiques et de rivalités commerciales entre les nations, et ont donc cherché à réguler ces échanges pour éviter de nouvelles catastrophes. La Société des Nations a ainsi créé plusieurs organisations spécialisées dans le domaine économique, comme l'Organisation internationale du travail (OIT) en 1919 et l'Union postale universelle (UPU) en 1920. Elle a également encouragé la coopération internationale en matière de commerce et d'investissement, avec la mise en place de traités bilatéraux et multilatéraux.  


Ligne 423 : Ligne 423 :
La Société des Nations a joué un rôle important dans l'harmonisation des règles économiques internationales et l'organisation d'arbitrages. Elle a également aidé les États à obtenir des emprunts auprès de grandes banques internationales, garanti des emprunts, signé des traités bilatéraux et mis en place des commissions pour aider les pays nouvellement créés à reconstruire leur système bancaire et financier. Tout cela visait à réorganiser l'économie mondiale après la Première Guerre mondiale et à éviter les conflits économiques entre les nations. L'ONU a repris certains des mécanismes mis en place par la Société des Nations, notamment en matière de régulation économique et de règlement pacifique des conflits. Par exemple, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), créée en 1945, a succédé à l'Institut international d'agriculture (IIA) créé en 1905 sous l'égide de la Société des Nations. De même, la Cour internationale de Justice (CIJ), qui a pour mission de régler les différends juridiques entre États, a remplacé la Cour permanente de justice internationale (CPJI), créée en 1920 par la Société des Nations.
La Société des Nations a joué un rôle important dans l'harmonisation des règles économiques internationales et l'organisation d'arbitrages. Elle a également aidé les États à obtenir des emprunts auprès de grandes banques internationales, garanti des emprunts, signé des traités bilatéraux et mis en place des commissions pour aider les pays nouvellement créés à reconstruire leur système bancaire et financier. Tout cela visait à réorganiser l'économie mondiale après la Première Guerre mondiale et à éviter les conflits économiques entre les nations. L'ONU a repris certains des mécanismes mis en place par la Société des Nations, notamment en matière de régulation économique et de règlement pacifique des conflits. Par exemple, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), créée en 1945, a succédé à l'Institut international d'agriculture (IIA) créé en 1905 sous l'égide de la Société des Nations. De même, la Cour internationale de Justice (CIJ), qui a pour mission de régler les différends juridiques entre États, a remplacé la Cour permanente de justice internationale (CPJI), créée en 1920 par la Société des Nations.


=== Conférences économiques internationales ===
=== Participation aux conférences économiques internationales ===
[[File:Genoa conference 1922.jpg|thumb|right|La Conférence de Gênes de 1922. Le Premier ministre britannique Lloyd George se trouve à la première rangée à gauche.]]
[[File:Genoa conference 1922.jpg|thumb|right|La Conférence de Gênes de 1922. Le Premier ministre britannique Lloyd George se trouve à la première rangée à gauche.]]


Ligne 448 : Ligne 448 :
L'idée de condamner le nationalisme économique et de promouvoir le libre-échange a pris de l'ampleur à la suite de ces conférences internationales. Les économistes et les dirigeants politiques ont commencé à réaliser que les politiques économiques protectionnistes adoptées par de nombreux pays étaient en train d'aggraver la crise économique mondiale. Ils ont compris que pour relancer l'économie mondiale, il était nécessaire de promouvoir le commerce international et d'abattre les barrières douanières. Cette idée a été formalisée dans l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), qui a été signé en 1947 par la plupart des pays industrialisés. Le GATT visait à réduire les obstacles au commerce international et à encourager la libéralisation économique. Il a ensuite été remplacé par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995.
L'idée de condamner le nationalisme économique et de promouvoir le libre-échange a pris de l'ampleur à la suite de ces conférences internationales. Les économistes et les dirigeants politiques ont commencé à réaliser que les politiques économiques protectionnistes adoptées par de nombreux pays étaient en train d'aggraver la crise économique mondiale. Ils ont compris que pour relancer l'économie mondiale, il était nécessaire de promouvoir le commerce international et d'abattre les barrières douanières. Cette idée a été formalisée dans l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), qui a été signé en 1947 par la plupart des pays industrialisés. Le GATT visait à réduire les obstacles au commerce international et à encourager la libéralisation économique. Il a ensuite été remplacé par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995.


=== Politique sanitaire ===
=== Politiques et actions sanitaires ===
La Société des Nations a créé une Organisation d'Hygiène en 1923 qui avait pour mission de prévenir les épidémies et les maladies et de promouvoir la santé à l'échelle internationale. Cette organisation a notamment travaillé sur des programmes de vaccination, des campagnes de prévention contre la tuberculose, la syphilis et la fièvre jaune, ainsi que sur la surveillance des épidémies de grippe. Elle a également coopéré avec d'autres organisations internationales telles que l'Organisation internationale du travail (OIT) pour promouvoir la santé au travail. L'action de l'Organisation d'Hygiène de la Société des Nations a posé les bases de la coopération internationale en matière de santé qui se poursuit aujourd'hui avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
La Société des Nations a créé une Organisation d'Hygiène en 1923 qui avait pour mission de prévenir les épidémies et les maladies et de promouvoir la santé à l'échelle internationale. Cette organisation a notamment travaillé sur des programmes de vaccination, des campagnes de prévention contre la tuberculose, la syphilis et la fièvre jaune, ainsi que sur la surveillance des épidémies de grippe. Elle a également coopéré avec d'autres organisations internationales telles que l'Organisation internationale du travail (OIT) pour promouvoir la santé au travail. L'action de l'Organisation d'Hygiène de la Société des Nations a posé les bases de la coopération internationale en matière de santé qui se poursuit aujourd'hui avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS).


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*'''Voyages d’études de fonctionnaires sanitaires''' : la Société des Nations a coordonné des voyages d'études de fonctionnaires sanitaires dans différents pays. Cela a permis aux pays membres de partager leurs expériences et leurs bonnes pratiques dans le domaine de la santé publique, ainsi que de former des experts dans ce domaine. Ces voyages d'études ont contribué à la diffusion des connaissances et des techniques de prévention et de lutte contre les maladies, et ont favorisé la coopération internationale dans le domaine de la santé publique. Avec l'émergence de la notion de santé publique après la Première Guerre mondiale, de nombreux pays ont créé des administrations dédiées à la gestion de la santé publique à l'échelle nationale. La Société des Nations a alors cherché à coordonner les actions de ces administrations pour promouvoir des politiques de santé publique à l'échelle internationale et éviter la propagation des maladies à travers les frontières.
*'''Voyages d’études de fonctionnaires sanitaires''' : la Société des Nations a coordonné des voyages d'études de fonctionnaires sanitaires dans différents pays. Cela a permis aux pays membres de partager leurs expériences et leurs bonnes pratiques dans le domaine de la santé publique, ainsi que de former des experts dans ce domaine. Ces voyages d'études ont contribué à la diffusion des connaissances et des techniques de prévention et de lutte contre les maladies, et ont favorisé la coopération internationale dans le domaine de la santé publique. Avec l'émergence de la notion de santé publique après la Première Guerre mondiale, de nombreux pays ont créé des administrations dédiées à la gestion de la santé publique à l'échelle nationale. La Société des Nations a alors cherché à coordonner les actions de ces administrations pour promouvoir des politiques de santé publique à l'échelle internationale et éviter la propagation des maladies à travers les frontières.


=== Action humanitaire ===
=== Initiatives d'action humanitaire ===
La Société des Nations (SDN) a été créée après la Première Guerre mondiale pour promouvoir la coopération internationale et la paix dans le monde. L'une de ses missions était de mener des actions humanitaires pour aider les populations affectées par les conflits et les crises humanitaires. Pendant les années 1920 et 1930, la SDN a mené plusieurs actions humanitaires, notamment dans les Balkans, en Turquie, en Syrie, en Irak et en Chine. Elle a notamment aidé à la reconstruction des infrastructures, à la fourniture de nourriture et de médicaments, et à la protection des réfugiés et des minorités. La capacité de la SDN à mener des actions humanitaires a été limitée par plusieurs facteurs, notamment la résistance des Etats membres à la coordination des efforts humanitaires, le manque de financement et de personnel, et la montée des tensions internationales avant la Seconde Guerre mondiale. Malgré ces obstacles, la SDN a jeté les bases de l'action humanitaire moderne en établissant les principes de l'aide humanitaire, tels que l'impartialité, la neutralité et le respect de la dignité humaine, qui continuent d'être respectés par les organisations humanitaires actuelles.
La Société des Nations (SDN) a été créée après la Première Guerre mondiale pour promouvoir la coopération internationale et la paix dans le monde. L'une de ses missions était de mener des actions humanitaires pour aider les populations affectées par les conflits et les crises humanitaires. Pendant les années 1920 et 1930, la SDN a mené plusieurs actions humanitaires, notamment dans les Balkans, en Turquie, en Syrie, en Irak et en Chine. Elle a notamment aidé à la reconstruction des infrastructures, à la fourniture de nourriture et de médicaments, et à la protection des réfugiés et des minorités. La capacité de la SDN à mener des actions humanitaires a été limitée par plusieurs facteurs, notamment la résistance des Etats membres à la coordination des efforts humanitaires, le manque de financement et de personnel, et la montée des tensions internationales avant la Seconde Guerre mondiale. Malgré ces obstacles, la SDN a jeté les bases de l'action humanitaire moderne en établissant les principes de l'aide humanitaire, tels que l'impartialité, la neutralité et le respect de la dignité humaine, qui continuent d'être respectés par les organisations humanitaires actuelles.


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La Convention de Genève relative au statut des réfugiés a été adoptée par la Conférence internationale pour la protection des réfugiés qui s'est tenue à Genève en 1933. Cette convention a été conçue pour garantir une protection internationale aux réfugiés qui étaient alors en augmentation en Europe, en particulier suite à l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne. Cette convention a marqué un tournant important dans la protection des réfugiés, en imposant des obligations concrètes aux États parties en matière d'assistance et de protection des réfugiés. Cela a également conduit à la création de comités pour les réfugiés, qui ont travaillé à la mise en œuvre des mesures prévues par la convention. La Convention relative au statut international des réfugiés du 28 octobre 1933 aborde divers sujets tels que la délivrance des "certificats Nansen", le refoulement, les questions juridiques, les conditions de travail, les accidents du travail, l'assistance et les secours, l'éducation, le régime fiscal et l'exemption de réciprocité. Elle prévoit également la mise en place de comités pour les réfugiés. La convention de 1933 est considérée comme un précurseur de la convention de 1951 relative au statut des réfugiés, qui est la pierre angulaire du droit international moderne des réfugiés. Elle aborde une série de questions liées à la protection et à l'assistance des réfugiés, notamment des mesures administratives telles que la délivrance de "certificats Nansen", des questions juridiques, les conditions de travail, la protection sociale et les secours, l'éducation, le régime fiscal et l'exemption de réciprocité. Elle prévoit également la création de comités chargés de répondre aux besoins des réfugiés. Dans l'ensemble, la convention de 1933 a jeté les bases de l'élaboration d'un cadre juridique plus complet pour protéger les réfugiés et a créé un précédent important pour les futurs accords internationaux sur les droits des réfugiés.
La Convention de Genève relative au statut des réfugiés a été adoptée par la Conférence internationale pour la protection des réfugiés qui s'est tenue à Genève en 1933. Cette convention a été conçue pour garantir une protection internationale aux réfugiés qui étaient alors en augmentation en Europe, en particulier suite à l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne. Cette convention a marqué un tournant important dans la protection des réfugiés, en imposant des obligations concrètes aux États parties en matière d'assistance et de protection des réfugiés. Cela a également conduit à la création de comités pour les réfugiés, qui ont travaillé à la mise en œuvre des mesures prévues par la convention. La Convention relative au statut international des réfugiés du 28 octobre 1933 aborde divers sujets tels que la délivrance des "certificats Nansen", le refoulement, les questions juridiques, les conditions de travail, les accidents du travail, l'assistance et les secours, l'éducation, le régime fiscal et l'exemption de réciprocité. Elle prévoit également la mise en place de comités pour les réfugiés. La convention de 1933 est considérée comme un précurseur de la convention de 1951 relative au statut des réfugiés, qui est la pierre angulaire du droit international moderne des réfugiés. Elle aborde une série de questions liées à la protection et à l'assistance des réfugiés, notamment des mesures administratives telles que la délivrance de "certificats Nansen", des questions juridiques, les conditions de travail, la protection sociale et les secours, l'éducation, le régime fiscal et l'exemption de réciprocité. Elle prévoit également la création de comités chargés de répondre aux besoins des réfugiés. Dans l'ensemble, la convention de 1933 a jeté les bases de l'élaboration d'un cadre juridique plus complet pour protéger les réfugiés et a créé un précédent important pour les futurs accords internationaux sur les droits des réfugiés.


==== Organisations non gouvernementales ====
==== Rôle des organisations non gouvernementales ====
La Société des Nations a travaillé avec de nombreux acteurs non gouvernementaux dans différents domaines, notamment dans celui de la protection des réfugiés. Les frontières entre ces acteurs sont assez poreuses et il existe une coopération importante dans de nombreux domaines entre l'organisation intergouvernementale et diverses organisations non gouvernementales.  
La Société des Nations a travaillé avec de nombreux acteurs non gouvernementaux dans différents domaines, notamment dans celui de la protection des réfugiés. Les frontières entre ces acteurs sont assez poreuses et il existe une coopération importante dans de nombreux domaines entre l'organisation intergouvernementale et diverses organisations non gouvernementales.  


La Zemgor (abréviation de « Comité panrusse pour l'aide aux victimes de la guerre et de la révolution ») était une organisation créée en 1915 pour aider les Russes déplacés à l'étranger. Le premier président du Zemgor était le prince Georgy Lvov. Cette organisation a continué à aider les réfugiés russes après la guerre et a collaboré avec la Société des Nations et le Haut Commissariat aux réfugiés pour les aider à se réinstaller et à s'intégrer dans les sociétés locales. Après la Révolution russe de 1917, elle a pris en charge les réfugiés russes fuyant les persécutions politiques. La Zemgor a travaillé en étroite collaboration avec la Société des Nations et le Haut Commissariat aux réfugiés pour trouver des solutions durables pour les réfugiés russes. Elle a notamment contribué à leur réinstallation dans des pays tiers et à leur intégration dans les sociétés locales. Le Zemgor a été dissous par les bolcheviks en 1919. Après sa dissolution en Russie, certains anciens fonctionnaires émigrés ont décidé de relancer l'organisation sous le même nom abrégé, Zemgor. En 1921, elle a été officiellement enregistrée à Paris en tant qu'organisation d'aide aux émigrés russes. Ses noms officiels étaient "Российский Земско-городской комитет помощи российским гражданам за границей" en russe et "Comité des Zemstvos et Municipalités Russes de Secours des Citoyens russes à l'étranger" en français. Le prince Georgy Lvov a été le premier président de l'organisation parisienne, suivi par A.I. Konovalov et A.D. Avksentiev. Au début des années 1920, Zemgor est devenue la principale organisation d'aide sociale aux émigrés russes, mais elle a ensuite été oubliée.
La Zemgor (abréviation de « Comité panrusse pour l'aide aux victimes de la guerre et de la révolution ») était une organisation créée en 1915 pour aider les Russes déplacés à l'étranger. Le premier président du Zemgor était le prince Georgy Lvov. Cette organisation a continué à aider les réfugiés russes après la guerre et a collaboré avec la Société des Nations et le Haut Commissariat aux réfugiés pour les aider à se réinstaller et à s'intégrer dans les sociétés locales. Après la Révolution russe de 1917, elle a pris en charge les réfugiés russes fuyant les persécutions politiques. La Zemgor a travaillé en étroite collaboration avec la Société des Nations et le Haut Commissariat aux réfugiés pour trouver des solutions durables pour les réfugiés russes. Elle a notamment contribué à leur réinstallation dans des pays tiers et à leur intégration dans les sociétés locales. Le Zemgor a été dissous par les bolcheviks en 1919. Après sa dissolution en Russie, certains anciens fonctionnaires émigrés ont décidé de relancer l'organisation sous le même nom abrégé, Zemgor. En 1921, elle a été officiellement enregistrée à Paris en tant qu'organisation d'aide aux émigrés russes. Ses noms officiels étaient "Российский Земско-городской комитет помощи российским гражданам за границей" en russe et "Comité des Zemstvos et Municipalités Russes de Secours des Citoyens russes à l'étranger" en français. Le prince Georgy Lvov a été le premier président de l'organisation parisienne, suivi par A.I. Konovalov et A.D. Avksentiev. Au début des années 1920, Zemgor est devenue la principale organisation d'aide sociale aux émigrés russes, mais elle a ensuite été oubliée.


=== Coopération intellectuelle ===
=== Promotion de la coopération intellectuelle ===
En 1922, la SDN a créé une Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI) pour encourager la collaboration et l'échange d'idées entre les intellectuels de différents pays. La CICI a travaillé sur des projets tels que la traduction de livres, l'organisation de conférences et la création de centres de recherche internationaux. En 1926, la SDN a également créé l'Institut international de coopération intellectuelle (IICI) pour promouvoir la compréhension internationale et la coopération dans les domaines de l'éducation, des sciences, de la culture et de la communication. L'IICI a soutenu des projets tels que la publication de revues scientifiques, l'organisation de colloques et la création de programmes d'échanges culturels.
En 1922, la SDN a créé une Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI) pour encourager la collaboration et l'échange d'idées entre les intellectuels de différents pays. La CICI a travaillé sur des projets tels que la traduction de livres, l'organisation de conférences et la création de centres de recherche internationaux. En 1926, la SDN a également créé l'Institut international de coopération intellectuelle (IICI) pour promouvoir la compréhension internationale et la coopération dans les domaines de l'éducation, des sciences, de la culture et de la communication. L'IICI a soutenu des projets tels que la publication de revues scientifiques, l'organisation de colloques et la création de programmes d'échanges culturels.


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Malgré l'échec de la Conférence Permanente des Hautes Études Internationales et les limites de la coopération intellectuelle dans la prévention des conflits internationaux, les initiatives prises dans ce cadre ont laissé des traces durables. Par exemple, la création de l'Institut International de Coopération Intellectuelle en 1926 a contribué à la mise en place d'un réseau international de bibliothèques et d'archives, qui a permis de faciliter la circulation des idées et des connaissances entre les différents pays. De même, la Commission pour la Révision des Manuels Scolaires a jeté les bases d'une réflexion sur la manière dont l'éducation peut contribuer à la compréhension mutuelle entre les peuples. En outre, la coopération intellectuelle a permis de développer des expertises et des compétences dans des domaines tels que les relations internationales, le droit international, la sociologie, l'anthropologie, etc., qui ont continué à nourrir les débats et les réflexions sur les relations entre les États et les sociétés. Bien que la montée des nationalismes et des tensions ait mis à mal certaines des initiatives de la coopération intellectuelle, celles-ci ont néanmoins contribué à jeter les bases d'une réflexion sur les enjeux internationaux et sur les moyens de prévenir les conflits internationaux, qui ont continué à influencer les débats et les politiques internationales tout au long du XXe siècle.
Malgré l'échec de la Conférence Permanente des Hautes Études Internationales et les limites de la coopération intellectuelle dans la prévention des conflits internationaux, les initiatives prises dans ce cadre ont laissé des traces durables. Par exemple, la création de l'Institut International de Coopération Intellectuelle en 1926 a contribué à la mise en place d'un réseau international de bibliothèques et d'archives, qui a permis de faciliter la circulation des idées et des connaissances entre les différents pays. De même, la Commission pour la Révision des Manuels Scolaires a jeté les bases d'une réflexion sur la manière dont l'éducation peut contribuer à la compréhension mutuelle entre les peuples. En outre, la coopération intellectuelle a permis de développer des expertises et des compétences dans des domaines tels que les relations internationales, le droit international, la sociologie, l'anthropologie, etc., qui ont continué à nourrir les débats et les réflexions sur les relations entre les États et les sociétés. Bien que la montée des nationalismes et des tensions ait mis à mal certaines des initiatives de la coopération intellectuelle, celles-ci ont néanmoins contribué à jeter les bases d'une réflexion sur les enjeux internationaux et sur les moyens de prévenir les conflits internationaux, qui ont continué à influencer les débats et les politiques internationales tout au long du XXe siècle.


=== Politique sociale ===
=== Politiques sociales et travail ===
La Société des Nations, qui a existé de 1920 à 1946, avait pour objectif principal de maintenir la paix et la sécurité internationales après la Première Guerre mondiale. Cependant, elle s'est également intéressée aux questions sociales et économiques, notamment en créant l'Organisation internationale du Travail (OIT) en 1919.
La Société des Nations, qui a existé de 1920 à 1946, avait pour objectif principal de maintenir la paix et la sécurité internationales après la Première Guerre mondiale. Cependant, elle s'est également intéressée aux questions sociales et économiques, notamment en créant l'Organisation internationale du Travail (OIT) en 1919.



Version du 4 juin 2023 à 22:43


La période allant de 1870 à 1939 a vu l'émergence du système international contemporain, caractérisé par la montée de l'État-nation et le développement de la diplomatie multilatérale. Cette période a également été marquée par des tensions croissantes entre les grandes puissances et des conflits majeurs tels que la Première Guerre mondiale. Le Congrès de Vienne de 1815 avait établi un système européen de diplomatie multilatérale qui avait réussi à maintenir la paix en Europe pendant plus d'un demi-siècle. Cependant, la guerre franco-prussienne de 1870 et la montée de l'Allemagne ont marqué la fin de ce système. Le système international qui a émergé après 1870 était dominé par les grandes puissances européennes, notamment l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et la Russie. Ces États ont cherché à établir des alliances et à maintenir un équilibre des puissances pour éviter la guerre. Cependant, l'émergence de l'Allemagne en tant que grande puissance a mené à une course à l'armement qui a finalement abouti à la Première Guerre mondiale. Après la guerre, la Société des Nations a été créée dans le but de préserver la paix internationale. Cependant, la faiblesse de la SDN, combinée à la montée des régimes totalitaires en Europe, a conduit à la Seconde Guerre mondiale.

L'établissement de l'ordre des États-nations

L'ordre des États-nations est un système international dans lequel les États sont considérés comme les acteurs principaux de la scène internationale et sont organisés en communautés politiques distinctes et souveraines. Ce système est apparu au XIXe siècle à la suite des révolutions libérales et nationalistes en Europe et a été consolidé par les traités de Westphalie en 1648, qui ont établi le principe de la souveraineté étatique. Dans l'ordre des États-nations, chaque État est considéré comme égal en droit et souverain sur son territoire. Cela signifie que chaque État a le pouvoir de prendre des décisions indépendantes concernant ses affaires intérieures et extérieures, et que ces décisions ne peuvent être remises en question par d'autres États. L'ordre des États-nations a été caractérisé par une forte compétition entre les États pour le pouvoir, la sécurité et les ressources, ainsi que par la recherche de la reconnaissance internationale et de la légitimité. Cette compétition a souvent conduit à des conflits et à des guerres entre les États. Cependant, l'ordre des États-nations a également favorisé la coopération internationale, en particulier dans le domaine économique. Les États ont créé des organisations internationales pour réglementer le commerce et les relations économiques entre les nations, comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI). L'ordre des États-nations est un système international dans lequel les États sont les acteurs principaux, organisés en communautés politiques distinctes et souveraines. Bien qu'il ait favorisé la compétition entre les États, il a également permis la coopération internationale, en particulier dans le domaine économique.

Qu'est-ce que le système westphalien ?

Banquet de la garde civile d'Amsterdam fêtant la paix de Münster (1648), exposé au Rijksmuseum, par Bartholomeus van der Helst.

Le système westphalien fait référence aux traités de Westphalie signés en 1648 à l'issue de la guerre de Trente Ans en Europe. Ces traités ont établi un nouvel ordre politique en Europe, caractérisé par la reconnaissance de la souveraineté des États et l'établissement d'un système de relations internationales entre eux. Avant le système westphalien, l'Europe était un patchwork de royaumes, d'empire et de principautés, chacun avec des frontières mouvantes et souvent en conflit les uns avec les autres. Le traité de Westphalie a consacré le principe de la souveraineté étatique, reconnaissant chaque État comme une entité indépendante, dotée d'un territoire, d'une population et d'un gouvernement souverain. Le système westphalien a également établi un système de relations internationales basé sur la diplomatie et la négociation entre les États souverains. Les États ont commencé à établir des relations diplomatiques et à signer des traités pour réglementer leurs relations mutuelles, tels que les traités commerciaux, les traités de paix et les alliances militaires. Ce système a été consolidé par la naissance des États-nations au XIXe siècle, qui ont renforcé la souveraineté et l'identité nationale des États. Ainsi, le système westphalien est considéré comme le fondement des relations internationales modernes, avec l'affirmation des États-nations comme acteurs principaux de la scène internationale.

La guerre de Trente Ans a été une période de déclin pour le Saint Empire romain germanique, qui était alors l'empire dominant en Europe centrale. La guerre a considérablement affaibli le Saint Empire, qui a perdu une grande partie de son territoire et de sa population, et a vu sa puissance politique et militaire diminuer. Le Saint Empire romain germanique avait été créé en 962 après J.-C. par l'empereur Otton Ier, qui cherchait à restaurer la puissance de l'Empire romain dans l'Europe occidentale. L'empire avait pour ambition de devenir une monarchie universelle, rassemblant tous les peuples d'Europe sous l'autorité d'un seul souverain. Cependant, cette ambition s'est heurtée à la réalité politique de l'Europe médiévale, caractérisée par une forte fragmentation politique et l'existence de nombreux royaumes et principautés indépendants. Le Saint Empire a donc dû composer avec cette réalité et s'est transformé en une confédération de territoires souverains, dirigée par un empereur élu. La guerre de Trente Ans a été un tournant dans l'histoire du Saint Empire, car elle a révélé les limites de son pouvoir et de son influence. À la fin de la guerre, l'empereur Ferdinand II a été contraint de reconnaître l'indépendance de la Suisse et des Provinces-Unies, et a dû accorder une plus grande autonomie aux princes allemands. Cela a marqué la fin de l'idée d'une monarchie universelle en Europe, et a ouvert la voie à l'émergence des États-nations, qui se sont affirmés comme les acteurs principaux de la scène internationale à partir du XIXe siècle. Ainsi, la guerre de Trente Ans a contribué à façonner l'histoire de l'Europe et à poser les bases du système international contemporain.

Le Saint Empire romain germanique a continué d'exister jusqu'en 1806, date à laquelle il a été dissous par Napoléon Bonaparte. Cependant, au XVIIe siècle, l'empire avait déjà perdu une grande partie de sa puissance et de son influence politique. Au cours de cette période, l'empire a été confronté à de nombreux défis, notamment les conflits religieux entre les catholiques et les protestants, les rivalités entre les princes allemands et la montée en puissance de la France sous Louis XIV. L'empereur du Saint Empire a également perdu une grande partie de son pouvoir et de son autorité, et a souvent été réduit à un rôle symbolique. Les États allemands ont commencé à s'affirmer comme des entités politiques indépendantes, renforçant leur souveraineté et leur autonomie par rapport à l'empire. Cela a conduit à une fragmentation politique de l'Allemagne, avec de nombreux États souverains, chacun avec son propre gouvernement et sa propre politique. Cette fragmentation a rendu difficile la mise en place d'une politique étrangère cohérente pour l'Allemagne, et a favorisé l'émergence de puissances étrangères telles que la France et la Grande-Bretagne. Bien que le Saint Empire romain germanique ait continué d'exister jusqu'au XIXe siècle, il a perdu une grande partie de son influence politique au XVIIe siècle, laissant la place à l'émergence de nouvelles entités politiques en Europe.

La fin de la guerre de Trente Ans en 1648 et la signature des traités de Westphalie ont marqué le début d'une période de déclin du pouvoir temporel de l'Église catholique. Au Moyen Âge, l'Église catholique avait une influence considérable sur la vie politique et sociale de l'Europe, et était considérée comme le deuxième pouvoir universel, après l'Empire romain. L'Église était un acteur clé dans les relations internationales, et jouait un rôle important dans la résolution des conflits entre les États. Cependant, la Réforme protestante du XVIe siècle avait remis en question l'autorité de l'Église catholique, en mettant en avant l'idée d'une religion fondée sur la seule Bible et en rejetant la hiérarchie catholique. La Réforme avait conduit à une division de l'Europe entre les pays catholiques et les pays protestants, et avait affaibli l'Église catholique. La fin de la guerre de Trente Ans en 1648 a marqué le début d'une période de déclin pour l'Église catholique. Les traités de Westphalie ont confirmé la séparation entre l'Église et l'État, et ont mis fin à la guerre de religion en Europe. Cette séparation a limité le pouvoir temporel de l'Église, en la cantonnant à un rôle principalement religieux. En outre, la période des Lumières au XVIIIe siècle a remis en question l'autorité de l'Église, en mettant l'accent sur la raison et la science plutôt que sur la religion. Les idées des Lumières ont conduit à une sécularisation progressive de la société, et ont affaibli davantage l'influence politique de l'Église. Ainsi, à partir de la fin de la guerre de Trente Ans en 1648, le rôle politique de l'Église catholique a progressivement diminué, et celle-ci s'est recentrée sur son rôle religieux. Cette évolution a contribué à l'émergence de l'État-nation moderne, dans lequel la religion n'a plus un rôle central dans la vie politique et sociale.

Les principes du système westphalien reposent sur plusieurs fondements qui ont permis la stabilité du système international pendant plusieurs siècles.

  • Le premier de ces principes est celui de l'équilibre des grandes puissances. Il s'agit de maintenir un équilibre des forces en Europe, afin d'éviter qu'une puissance ne cherche à dominer les autres. Cela implique que les puissances européennes doivent s'équilibrer les unes par rapport aux autres, en termes de puissance militaire, économique et politique.
  • Le deuxième principe est celui de l'inviolabilité de la souveraineté nationale. Ce principe est symbolisé par la formule « cuius regio, eius religio » (« tel prince, telle religion »). En vertu de ce principe, chaque prince est libre de décider de la religion de son État, et la population adopte la religion de son prince. Ce principe implique également que chaque État est souverain sur son propre territoire, et que les autres États n'ont pas le droit de s'ingérer dans ses affaires intérieures.
  • Le troisième principe est celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres États. Les États sont souverains sur leur propre territoire, et n'ont pas le droit d'intervenir dans les affaires intérieures des autres États. Ce principe fonde l'idée de la souveraineté nationale, qui est l'un des principes fondamentaux du système westphalien.

Les principes du système westphalien reposent sur l'équilibre des grandes puissances, l'inviolabilité de la souveraineté nationale, et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres États. Ces principes ont permis la stabilité du système international pendant plusieurs siècles, et sont encore largement respectés aujourd'hui.

Le traité de Westphalie marque un tournant dans l'histoire européenne en mettant fin à la guerre de Trente Ans et en posant les bases du système international moderne. Ce traité a permis de reconnaître les États comme acteurs principaux de la scène internationale, mettant fin à l'idée d'une monarchie universelle incarnée par le Saint Empire romain germanique. De plus, le rôle politique de l'Église catholique romaine a été considérablement réduit, l'accent étant mis sur la souveraineté nationale et l'inviolabilité des frontières des États. Ainsi, le traité de Westphalie a marqué la fin de la suprématie de l'Église sur les affaires politiques et a renforcé le rôle des États dans les relations internationales. Le traité de Westphalie a été un moment clé dans l'histoire européenne, marquant la naissance du système des États et le déclin des ambitions de l'Église et du Saint Empire romain germanique. Ce traité a permis de poser les bases d'un système international qui repose sur le respect de la souveraineté nationale et l'équilibre des puissances, et qui a perduré jusqu'à nos jours.

Le traité de Westphalie marque un tournant dans l'histoire européenne en mettant fin à la guerre de Trente Ans et en posant les bases du système international moderne. Ce traité a permis de reconnaître les États comme acteurs principaux de la scène internationale, mettant fin à l'idée d'une monarchie universelle incarnée par le Saint Empire romain germanique. De plus, le rôle politique de l'Église catholique romaine a été considérablement réduit, l'accent étant mis sur la souveraineté nationale et l'inviolabilité des frontières des États. Ainsi, le traité de Westphalie a marqué la fin de la suprématie de l'Église sur les affaires politiques et a renforcé le rôle des États dans les relations internationales. Le traité de Westphalie a été un moment clé dans l'histoire européenne, marquant la naissance du système des États et le déclin des ambitions de l'Église et du Saint Empire romain germanique. Ce traité a permis de poser les bases d'un système international qui repose sur le respect de la souveraineté nationale et l'équilibre des puissances, et qui a perduré jusqu'à nos jours.

A partir du traité de Westphalie en 1648, la raison d'État devient un principe fondateur des relations internationales. La raison d'État est l'idée que les États doivent prendre des décisions en fonction de leurs propres intérêts nationaux, plutôt que de se conformer à des principes moraux ou religieux. Ce principe implique que les États peuvent agir de manière égoïste et chercher à maximiser leur propre pouvoir et leur propre richesse, même si cela peut avoir des conséquences négatives pour d'autres États. Cette logique de l'État-nation a prévalu pendant des siècles et a influencé la politique étrangère de nombreux pays, notamment les grandes puissances européennes.

Les guerres et des conflits qui ont émaillé l'histoire européenne. Cependant, ce système a connu des limites et des défis importants à partir du XIXe siècle, notamment avec la montée des nationalismes et des rivalités entre les grandes puissances européennes. La Première Guerre mondiale a représenté un tournant majeur dans l'histoire des relations internationales, car elle a remis en question les fondements même du système westphalien. Les États ont alors mobilisé l'ensemble de leur population et de leurs ressources pour la guerre, entraînant des pertes humaines et matérielles considérables. Après la guerre, les États ont tenté de reconstruire un système de relations internationales basé sur des principes nouveaux, tels que la coopération, le désarmement et le droit international. Cela a conduit à la création de la Société des Nations, qui a toutefois échoué dans sa mission de maintenir la paix mondiale.

La fin du système westphalien à la fin de la Première Guerre mondiale n'a pas signifié la disparition des États sur la scène internationale. Au contraire, les États sont restés des acteurs structuraux de la communauté internationale et ont même renforcé leurs prérogatives, notamment en matière de souveraineté et de contrôle de leur territoire. Avec la création de la Société des Nations, les États ont cherché à coopérer davantage sur le plan international et à régler les conflits de manière pacifique. Cependant, la montée des nationalismes et des tensions entre les grandes puissances ont finalement conduit à la Seconde Guerre mondiale, qui a profondément bouleversé l'ordre international. Après la guerre, la communauté internationale a cherché à mettre en place un nouvel ordre mondial, fondé sur des principes tels que la coopération internationale, le respect des droits de l'homme et le développement économique. Cela a conduit à la création de l'Organisation des Nations unies (ONU) en 1945, qui est devenue l'institution centrale du système international contemporain. Les États restent donc des acteurs majeurs de la communauté internationale, même si leur rôle et leur influence ont évolué au fil du temps.

Les États restent des acteurs majeurs et fondamentaux dans le système international contemporain. En tant qu'entités politiques souveraines, les États sont les principaux détenteurs de la puissance et de l'autorité sur leur territoire, ce qui leur confère une place centrale dans les relations internationales. Les États sont en mesure de négocier des traités et des accords avec d'autres États, d'entreprendre des actions militaires ou diplomatiques, et de participer à des organisations internationales. Ils peuvent également exercer leur souveraineté en régulant les affaires intérieures, telles que la sécurité, la justice, la santé publique et l'économie. Les États peuvent être divisés en différentes catégories en fonction de leur taille, de leur richesse, de leur pouvoir militaire, de leur influence culturelle et de leur position géopolitique. Cependant, quelle que soit leur position relative, tous les États sont des acteurs importants de la scène internationale et ont un rôle à jouer dans la définition de l'ordre mondial.

Consolidation des diplomaties nationales

Avec le déclin du système westphalien, les États ont renforcé leurs prérogatives et leur action diplomatique s'est accrue. Les diplomaties nationales sont devenues des acteurs centraux dans la gestion des relations internationales, en représentant les intérêts de leur État à l'étranger et en négociant des accords et des traités avec d'autres États. Les diplomates sont des experts en relations internationales, qui ont une connaissance approfondie de la culture, de la politique et des intérêts de leur pays ainsi que de ceux des autres États. Ils sont souvent impliqués dans des négociations diplomatiques complexes, qui peuvent porter sur des sujets tels que la sécurité, le commerce, l'environnement, les droits de l'homme, ou encore la résolution de conflits. Les diplomaties nationales ont également développé des réseaux de contacts et d'influence à travers le monde, afin de défendre les intérêts de leur État et de promouvoir sa politique étrangère. Cela peut inclure la participation à des organisations internationales, la mise en place de relations bilatérales avec d'autres États ou encore la mobilisation de l'opinion publique à l'étranger.

Au milieu du XIXème siècle, l'appareil diplomatique des puissances européennes se compose principalement de délégations qui sont chargées de représenter leur pays auprès des autres États. Ces délégations sont généralement composées d'un ambassadeur, d'un ou plusieurs conseillers diplomatiques, de secrétaires et d'attachés. Ces personnes sont chargées de négocier des traités, de fournir des informations sur les affaires étrangères et de représenter leur pays lors de conférences internationales. Cependant, malgré leur nombre relativement restreint, ces diplomates jouent un rôle crucial dans le renforcement des prérogatives nationales de leur État. En effet, leur présence permet aux États de mieux connaître les intentions et les politiques des autres États, et de défendre leurs intérêts dans le cadre de négociations internationales. Les diplomaties nationales sont donc un moyen pour les États de projeter leur puissance et leur influence à l'étranger, et de renforcer leur statut de membres à part entière de la communauté internationale.

Au milieu du XIXème siècle, la politique étrangère des États est principalement dirigée par des élites diplomatiques restreintes, composées de quelques dizaines de personnes. Les ambassadeurs et autres diplomates en poste dans les capitales étrangères sont les principaux acteurs de la politique étrangère des États, et ils ont un rôle central dans la négociation des traités, des accords et des alliances. Cette situation renforce les prérogatives nationales, car les diplomaties nationales ont une grande influence sur les décisions prises dans les relations internationales. La diplomatie est un moyen pour les États de défendre et promouvoir leurs intérêts sur la scène internationale. En renforçant leur appareil diplomatique, les États ont consolidé leur pouvoir et leur influence dans les relations internationales. Les ambassadeurs et les diplomates ont ainsi joué un rôle clé dans la négociation des traités et des accords internationaux, la gestion des crises et des conflits, et la représentation de leur pays à l'étranger. Cela a renforcé la souveraineté nationale et l'autonomie des États dans la conduite de leur politique étrangère.

De nos jours, les appareils diplomatiques des États sont devenus de véritables bureaucraties, avec des structures de plus en plus complexes et importantes. Les missions diplomatiques à l'étranger, par exemple, sont souvent dotées de budgets importants et de personnel nombreux, avec des sections spécialisées dans des domaines tels que les affaires économiques, culturelles, scientifiques, environnementales, etc. Les ministères des Affaires étrangères des États sont également des institutions importantes, qui jouent un rôle crucial dans la formulation et la mise en œuvre de la politique étrangère. Les institutions diplomatiques et les ministères des affaires étrangères sont de plus en plus actifs et professionnalisés. Ils sont chargés de mettre en œuvre la politique étrangère des États, de négocier des accords internationaux, d'entretenir des relations avec d'autres États et organisations internationales, de promouvoir les intérêts nationaux et de protéger les citoyens et les intérêts économiques des États à l'étranger. Ces institutions ont également développé des capacités pour analyser les développements internationaux, évaluer les risques et les opportunités, et fournir des conseils aux décideurs politiques.

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la diplomatie européenne était largement monopolisée par les aristocrates. Les ambassadeurs et les envoyés spéciaux étaient souvent choisis en fonction de leur rang social plutôt que de leur compétence. Cependant, au fil du temps, la professionnalisation de la diplomatie a conduit à une diversification des origines sociales des diplomates, ainsi qu'à une plus grande importance accordée à la formation et à l'expertise. Aujourd'hui, la plupart des pays ont des académies diplomatiques ou des programmes de formation pour les diplomates. Au fil du temps, les appareils diplomatiques ont évolué vers une professionnalisation croissante, avec l'adoption de recrutements sur concours et la promotion de l'ouverture sociale. Cela a entraîné une diversification des profils et une plus grande expertise technique dans les domaines de la diplomatie, de la politique étrangère et de la coopération internationale. De plus, la mondialisation et la complexité croissante des enjeux internationaux ont conduit à une augmentation des effectifs des services diplomatiques pour faire face à ces défis. Avec la professionnalisation de la diplomatie, la sociologie des milieux diplomatiques a connu une évolution importante. Alors que dans le passé, les postes diplomatiques étaient souvent attribués à des membres de la noblesse ou de la haute bourgeoisie, aujourd'hui, les recrutements sont ouverts à tous et se font souvent sur concours. De plus, la diplomatie est devenue un métier à part entière, avec des formations spécifiques dans les écoles de sciences politiques ou les écoles diplomatiques. Cela a permis une ouverture sociale et une diversification des profils des diplomates, qui sont désormais recrutés en fonction de leur compétence et de leur mérite plutôt que de leur origine sociale.

Au cours des dernières décennies, les champs d'action de la diplomatie se sont considérablement étendus. Les diplomates sont de plus en plus impliqués dans les questions de sécurité, de commerce, de développement, de droits de l'homme, de migration, d'environnement, de santé et de nombreux autres domaines. Par exemple, en matière de sécurité, les diplomates jouent un rôle important dans les négociations de traités de désarmement, de lutte contre le terrorisme, de prévention des conflits et de maintien de la paix. En matière de commerce, ils sont impliqués dans la négociation d'accords commerciaux et de réglementation internationale du commerce. En matière de développement, ils travaillent sur des projets d'aide humanitaire, de reconstruction post-conflit et de développement économique. La diplomatie est devenue un outil crucial pour la résolution des problèmes internationaux complexes et la promotion de la coopération entre les États.

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la pratique diplomatique est devenue de plus en plus intense, avec un nombre croissant d'États qui entrent sur la scène internationale. À la suite de la décolonisation, de nombreux nouveaux États ont été créés en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Cela a entraîné une augmentation de la complexité des relations internationales et une multiplication des acteurs diplomatiques. Les organisations internationales, telles que l'Organisation des Nations Unies (ONU), ont également joué un rôle important dans l'extension des champs d'action de la diplomatie.

La diplomatie jusqu'au XIXème siècle était considérée comme une politique de puissance, de défense des intérêts et une lutte d'influence qui pouvait parfois conduire à des conflits armés. Les États cherchaient à protéger leurs intérêts économiques, territoriaux, politiques, culturels et religieux à l'étranger et à étendre leur influence à travers des alliances, des traités, des négociations et des manœuvres diplomatiques. Les guerres étaient souvent déclenchées pour régler des conflits de frontières, des rivalités commerciales, des querelles dynastiques, des ambitions territoriales ou des aspirations nationalistes. Cependant, avec la montée des idéologies politiques et la prise de conscience des enjeux globaux, la diplomatie a évolué pour inclure des préoccupations telles que les droits de l'homme, l'environnement, la sécurité internationale, la coopération économique, la régulation du commerce mondial, la santé publique, la culture, etc. Jusqu'au XIXème siècle, la diplomatie était avant tout un outil de politique de puissance pour défendre les intérêts nationaux et influencer les décisions internationales. Cette pratique pouvait aller jusqu'à la guerre, qui était souvent considérée comme le prolongement de la diplomatie. Après cette période, la diplomatie continue d'être un outil important de politique étrangère, mais elle évolue vers une approche plus multilatérale, où les États cherchent à coopérer et à résoudre les conflits par la négociation plutôt que par la force militaire. La diplomatie devient également plus complexe, avec l'émergence d'acteurs non-étatiques tels que les organisations internationales et la société civile qui participent de plus en plus aux affaires internationales. La diplomatie moderne implique donc une gamme de compétences telles que la communication, la médiation, la négociation, la résolution de conflits et la coopération multilatérale.

Si l'on considère les évolutions sur le long terme, on peut observer une extension des champs d'action de la diplomatie, notamment avec l'émergence de la diplomatie culturelle et de la diplomatie économique. La diplomatie culturelle consiste en l'utilisation des échanges culturels et artistiques entre pays pour promouvoir la compréhension et les relations entre eux. Cette forme de diplomatie est apparue au cours du XXe siècle, en réponse à l'essor de la mondialisation et de la communication internationale. Elle est devenue une partie importante de la diplomatie contemporaine, avec des organisations telles que l'UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture) et de nombreux programmes de coopération culturelle entre pays. La diplomatie économique, quant à elle, est devenue une prérogative importante des États à partir de la fin du XIXe siècle, lorsque les pays ont commencé à chercher des moyens de promouvoir leurs intérêts économiques à l'étranger. La diplomatie économique vise à favoriser les échanges commerciaux, les investissements étrangers et la coopération économique entre pays. Elle est souvent mise en œuvre par des ambassades et des organismes gouvernementaux spécialisés tels que les ministères du Commerce et des Affaires étrangères.

A la fin du XIXème siècle, la mondialisation économique a connu une forte croissance, alimentée notamment par l'expansion des échanges commerciaux et des investissements internationaux. Les économies nationales étaient de plus en plus intégrées dans un système économique mondial en constante évolution. Dans ce contexte, la conquête de nouveaux marchés extérieurs est devenue un enjeu majeur pour les États cherchant à renforcer leur puissance économique. A partir de la fin du XIXe siècle, on assiste à l'émergence de négociations commerciales multilatérales qui ont pour objectif de réguler les échanges économiques entre les États. C'est notamment le cas avec la signature en 1890 du traité de libre-échange entre la France et la Grande-Bretagne, qui marque le début d'une période de négociations commerciales internationales visant à réduire les barrières tarifaires et favoriser le libre-échange. Ce mouvement sera renforcé après la Première Guerre mondiale avec la création de l'Organisation internationale du travail (OIT) en 1919 et de l'Organisation internationale du commerce (OIC) en 1948, qui deviendra l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995. Ces organisations multilatérales ont pour but de réguler les échanges économiques internationaux en favorisant le libre-échange et en réduisant les barrières tarifaires et non-tarifaires entre les États membres. La diplomatie économique a gagné en importance depuis la fin du XIXème siècle. Les États ont commencé à prendre conscience de l'importance des échanges économiques internationaux pour leur prospérité et leur puissance. Cela a conduit à une intensification des efforts diplomatiques visant à favoriser les exportations, à attirer les investissements étrangers et à négocier des accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux. Au fil du temps, la diplomatie économique est devenue un champ d'action à part entière des politiques étrangères de chaque pays. Les États ont créé des ministères spécifiques pour s'occuper des questions économiques internationales et ont déployé des réseaux de diplomates spécialisés dans la promotion des intérêts économiques nationaux.

La diplomatie culturelle est apparue à la fin du XIXème siècle, principalement sous l'influence des pays européens. Elle consiste à promouvoir la culture d'un pays à l'étranger pour renforcer son image et son influence dans le monde. Cela peut passer par la création d'instituts culturels, l'organisation de manifestations culturelles, la promotion de la langue, la diffusion d’œuvres d'art, etc. La diplomatie culturelle peut ainsi être utilisée comme un outil de soft power pour renforcer les relations entre les pays et améliorer leur coopération. La diplomatie culturelle est souvent utilisée comme un moyen de compenser un déclin de la puissance géopolitique d'un pays. Elle permet de promouvoir les valeurs, la langue et la culture d'un pays à l'étranger, renforçant ainsi son image et son influence dans le monde. La France a été l'un des pionniers en la matière avec la création de l'Alliance française en 1883, suivie par d'autres pays qui ont également développé des institutions et des programmes de diplomatie culturelle.

Dans de nombreux pays du XIXème et XXème siècle, des institutions visant au rayonnement culturel sont créées. Par exemple, outre l'Alliance française en France, on peut citer le British Council en Grande-Bretagne, le Goethe-Institut en Allemagne, l'Institut Cervantes en Espagne, l'Institut Confucius en Chine ou encore le Japan Foundation au Japon. . Ces institutions ont pour but de promouvoir la langue et la culture de leur pays à l'étranger, mais aussi de favoriser les échanges culturels et les collaborations artistiques entre les différents pays. Ces institutions sont souvent financées par les gouvernements mais disposent d'une certaine autonomie et travaillent en collaboration avec d'autres acteurs culturels dans les pays étrangers où elles sont implantées.

L'élargissement des domaines d'intervention de la diplomatie a conduit à la création de nouvelles institutions et structures pour répondre à ces nouveaux besoins. La diplomatie économique, culturelle, environnementale, et les affaires sociales et humanitaires ont chacune leur propre champ d'action et nécessitent des compétences spécifiques. Les gouvernements ont donc créé des organisations et des agences spécialisées pour gérer ces différents domaines, tout en travaillant en collaboration avec les ministères des Affaires étrangères pour coordonner leur action à l'étranger.

Impact du nationalisme et de l'impérialisme à la fin du XIXème siècle

Le processus de nationalisation des relations internationales est un élément clé de l'évolution diplomatique depuis le XIXème siècle. L'émergence des États-nations et leur affirmation sur la scène internationale ont conduit à un renforcement de la souveraineté nationale et à une affirmation de la politique étrangère en tant qu'instrument de défense et de promotion des intérêts nationaux. Cela a également été favorisé par la conquête des empires coloniaux et la rivalité entre les grandes puissances pour l'accès aux ressources et aux marchés dans ces régions. La diplomatie a donc été utilisée pour défendre les intérêts nationaux sur la scène internationale et pour négocier des accords visant à renforcer la puissance nationale. La conquête coloniale est un exemple de la manifestation de la nationalisation dans les relations internationales. Les États-nations cherchent à étendre leur influence et leur territoire en conquérant des colonies sur différents continents, ce qui peut être vu comme une compétition entre les puissances coloniales pour la domination territoriale. Ce processus a également conduit à la création d'empires coloniaux et à la mise en place de régimes coloniaux qui ont façonné les relations internationales pendant des siècles.

A la fin du XIXème siècle, on observe l'émergence de nouveaux types d'États qui sont des États-Empires. Ces derniers sont caractérisés par leur domination sur des territoires extérieurs à leur propre territoire national. Ils peuvent prendre différentes formes, comme les empires coloniaux qui se sont développés notamment en Europe, en Asie et en Afrique, ou encore les empires multinationaux, tels que l'Empire austro-hongrois ou l'Empire russe, qui regroupent différentes nations sous une même autorité. Cette expansion territoriale était souvent liée à la recherche de puissance et de richesse, ainsi qu'à des considérations stratégiques et géopolitiques. Il y a une forte relation entre l'affirmation des États-nations et l'expansion coloniale. Les États-nations cherchaient à étendre leur influence et leur pouvoir sur des territoires extérieurs en créant des colonies. L'impérialisme a été un moyen pour les États-nations de renforcer leur position et de se positionner dans une hiérarchie mondiale des puissances. Cela s'est également accompagné d'une idéologie de la supériorité culturelle et raciale des nations colonisatrices. Le nationalisme et l'impérialisme ont donc été des forces motrices de l'expansion coloniale de la fin du XIXème siècle.

Le nationalisme est un phénomène qui s'est manifesté dans le monde entier, pas seulement en Europe. Dans le contexte de la période que nous évoquons, à savoir la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle, on peut observer l'émergence de mouvements nationalistes dans de nombreux pays d'Asie et d'Afrique. Ces mouvements ont souvent été provoqués par la colonisation et la domination politique, économique et culturelle des puissances européennes, ce qui a conduit à des revendications d'indépendance et d'autodétermination nationale. Cette dynamique a contribué à complexifier les relations internationales de l'époque, en créant de nouveaux acteurs et de nouvelles demandes qui ont dû être prises en compte par les grandes puissances. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les colonies n'ont jamais été totalement pacifiées. Tout d'abord, le nationalisme est un phénomène mondial qui s'est également manifesté dans les colonies. Les mouvements nationalistes dans les colonies ont commencé à revendiquer leur indépendance et leur autonomie politique, économique et culturelle, ce qui a créé des conflits avec les puissances coloniales. Ensuite, les puissances coloniales ont utilisé des méthodes violentes pour imposer leur domination, ce qui a souvent entraîné des réactions violentes de la part des populations colonisées. Les méthodes de domination coloniale incluaient l'exploitation économique, la répression politique et la violence physique. Enfin, les puissances coloniales ont souvent utilisé des politiques de division et de conquête pour maintenir leur domination sur les colonies. Ces politiques ont créé des tensions entre les différentes communautés ethniques et religieuses au sein des colonies, ce qui a souvent dégénéré en violence.

L'émergence des nouveaux acteurs sur la scène internationale

L'apparition des premières organisations internationales

Les organisations internationales sont apparues à la fin du XIXème siècle, avec la création de l'Union Télégraphique Internationale en 1865 et de l'Union postale universelle en 1874. Cependant, c'est surtout après la Première Guerre mondiale que la création d'organisations internationales s'est intensifiée, avec la fondation de la Société des Nations en 1919 et de nombreuses autres organisations spécialisées dans des domaines tels que la santé, l'éducation, le commerce et la sécurité internationale. Depuis lors, de nombreuses autres organisations internationales ont vu le jour, comme l'Organisation des Nations Unies en 1945, et elles ont joué un rôle important dans la coopération et la coordination entre les pays membres.

A partir des années 1850-1860, on assiste à un processus de mondialisation économique accéléré, avec l'expansion du commerce international et l'essor des échanges de capitaux. Cela a conduit à la nécessité de normaliser les règles commerciales entre les différents pays. Les États ont ainsi commencé à négocier des accords commerciaux bilatéraux pour réguler leurs échanges. Cependant, ces accords étaient souvent limités à certains secteurs ou produits spécifiques et il était difficile d'harmoniser les règles entre les différents pays. C'est pourquoi, à la fin du XIXe siècle, des initiatives ont été lancées pour établir des normes internationales communes et réglementer les échanges commerciaux à l'échelle mondiale. la nécessité de normalisation internationale s'est faite sentir dès la fin du XIXème siècle avec la croissance des échanges internationaux. Les pays ont commencé à se rendre compte qu'il était difficile de commercer avec des pays qui n'appliquaient pas les mêmes normes, que ce soit en matière de douanes, de taxes ou encore de règles commerciales. C'est ainsi que sont nées les premières organisations internationales telles que l'Union postale universelle en 1874 et la Convention internationale pour l'unification de certaines règles en matière de connaissement en 1924. Ces organisations avaient pour but de faciliter les échanges entre les pays en établissant des normes communes.

Ce premier phénomène des organisations internationales émerge dans les années 1860 avec les Unions internationales :

  • L'Union Télégraphique Internationale (UTI) a été créée en 1865 dans le but de faciliter les échanges télégraphiques entre les pays. Elle a été le premier organisme international à être créé pour réglementer les télécommunications internationales. L'UTI a joué un rôle important dans l'expansion de l'utilisation du télégraphe dans le monde entier, en facilitant les échanges entre les différents réseaux nationaux de télégraphie et en harmonisant les tarifs et les procédures de facturation. Elle a été remplacée en 1932 par l'Union Internationale des Télécommunications (UIT).
  • L'Union postale universelle (UPU) est une organisation internationale fondée en 1874 à Berne en Suisse, dans le but de coordonner les services postaux entre les pays membres. Cette organisation a pour mission de favoriser le développement de la communication postale et de faciliter les échanges internationaux de courrier en établissant des normes et des tarifs internationaux pour l'envoi de courrier entre les différents pays. Aujourd'hui, l'UPU compte 192 États membres et est basée à Berne.
  • L'Union internationale des poids et mesures (UIPM) a été créée en 1875, dans le but d'établir une coopération internationale en matière de métrologie et d'assurer l'uniformité des mesures et des poids utilisés dans le commerce international. Cette organisation a établi le Système international d'unités (SI) en 1960, qui est aujourd'hui utilisé dans la plupart des pays du monde.
  • L'Union internationale pour la protection de la propriété industrielle a été créée en 1883 à Paris. Elle est devenue plus tard l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), avec son siège à Genève, en Suisse. L'OMPI est une agence spécialisée des Nations unies qui a pour mission de promouvoir la protection de la propriété intellectuelle à travers le monde en fournissant un cadre juridique pour la protection des brevets, des marques, des dessins et modèles industriels, du droit d'auteur et des indications géographiques.
  • L'Union internationale pour la protection des œuvres littéraires et artistiques (UIPLA) a été fondée en 1886 à Berne, en Suisse. Elle a été créée en réponse à la nécessité de protéger les droits de propriété intellectuelle des artistes et des auteurs à l'échelle internationale. Aujourd'hui, l'UIPLA est connue sous le nom d'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et est une agence spécialisée des Nations Unies.
  • L'Union internationale d'agriculture a été créée en 1905 dans le but de promouvoir la coopération internationale dans le domaine de l'agriculture et de l'amélioration des méthodes agricoles. Elle a été remplacée par la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) en 1945.
  • L'Office international d'hygiène publique a été créé en 1907. C'est une organisation internationale chargée de surveiller et de promouvoir la santé publique dans le monde entier. Elle a été créée en réponse à une série de pandémies mondiales, notamment de la peste et du choléra, qui ont touché de nombreux pays à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. L'Office international d'hygiène publique a été remplacé en 1948 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

L'objectif des unions internationales était de mettre en place des normes et des réglementations communes pour faciliter les échanges entre les pays membres. Cela a permis d'harmoniser les systèmes de communication, de mesures, de protection de la propriété industrielle et intellectuelle, ainsi que d'assurer la sécurité sanitaire et alimentaire. Ces unions ont donc contribué à l'essor du commerce international et à la coopération entre les nations.

Les organisations internationales requièrent des compétences spécifiques qui peuvent être différentes de celles des diplomates classiques. Elles sont souvent composées d'experts techniques dans des domaines précis, tels que le commerce, la santé, l'environnement, les droits de l'homme, etc. Les diplomates travaillent en collaboration avec ces experts pour élaborer des politiques et des normes internationales dans leur domaine de spécialisation. Les problèmes qui ont émergé au XXe siècle, tels que les conflits armés, les crises économiques, les défis environnementaux et de santé publique, ont nécessité la création de nouvelles organisations internationales avec une plus grande implication des experts dans leur fonctionnement. Parmi ces organisations, on peut citer la Société des Nations, créée en 1919 suite à la fin de la Première Guerre mondiale, qui avait pour mission de maintenir la paix et la sécurité internationales. Malgré ses efforts, la Société des Nations n'a pas réussi à empêcher le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et a été remplacée par l'Organisation des Nations unies (ONU) en 1945. L'ONU est devenue l'une des organisations internationales les plus importantes, avec des missions allant de la paix et la sécurité internationales à la promotion du développement économique et social, la protection des droits de l'homme, la prévention des catastrophes naturelles et la gestion des crises sanitaires. La composition de l'ONU reflète également l'émergence de nouveaux acteurs internationaux, tels que les pays en développement et les organisations de la société civile.

Les experts ont joué un rôle de plus en plus important dans les négociations internationales au cours du XIXème siècle. Les États ont compris l'importance d'avoir des spécialistes dans des domaines précis pour négocier avec d'autres États et trouver des accords communs. L'harmonisation des systèmes de mesure est un exemple de cette collaboration entre experts internationaux. Le mètre est devenu une unité de mesure internationale reconnue en 1875 grâce aux efforts des scientifiques et ingénieurs de plusieurs pays. Cette reconnaissance internationale a permis de faciliter les échanges commerciaux et scientifiques entre les pays.

Les unions administratives ont joué un rôle clé dans le développement de la négociation multilatérale entre les États. En se réunissant régulièrement, les États ont eu l'opportunité de discuter et de négocier des normes communes, des réglementations et des politiques publiques, ce qui a permis de faciliter la coopération internationale et de promouvoir une harmonisation des politiques à l'échelle mondiale. Cette expérience a également servi de base pour la création ultérieure d'organisations internationales plus larges, telles que la Société des Nations et l'Organisation des Nations unies, qui ont renforcé le rôle de la négociation multilatérale dans les relations internationales.

La mise en place d'un système international à visée universelle peut entrer en contradiction avec les intérêts de certains États-nations. Cela peut se traduire par des tensions et des conflits dans les relations internationales. Par exemple, l'idée de la protection des droits de l'homme à l'échelle internationale peut être perçue comme une atteinte à la souveraineté des États qui préfèrent s'en tenir aux normes et aux valeurs nationales. C'est pourquoi il peut y avoir des résistances à la mise en place de certaines normes internationales, même si celles-ci sont considérées comme universelles et légitimes par la communauté internationale.

Introduction des acteurs non gouvernementaux

Selon le droit international public, seuls les États et les organisations internationales ont une personnalité juridique internationale. Les acteurs non gouvernementaux tels que les individus, les entreprises, les ONG et les mouvements sociaux n'ont pas de personnalité juridique internationale, bien qu'ils puissent participer à des processus de négociation et de consultation en tant qu'observateurs ou consultants. Cependant, ces acteurs peuvent exercer une influence significative sur les politiques internationales et la prise de décision. Les acteurs non gouvernementaux ne sont pas reconnus par le droit international en tant qu'entités juridiques à part entière, mais leur rôle est de plus en plus important dans les relations internationales. Cela peut poser des problèmes de régulation et de participation dans les prises de décision internationales. Certaines organisations non gouvernementales ont réussi à se faire reconnaître par les organisations internationales et ont obtenu un statut consultatif. Cela leur permet de participer aux réunions et de contribuer aux débats, mais leur pouvoir de décision reste limité.

Définir les organisations non-gouvernementales n'est pas simple car il n'y a pas de définition universelle ou officielle. Néanmoins, on peut dire que ce sont des organisations privées à but non lucratif qui ont une mission de service public ou d'intérêt général, et qui opèrent en dehors de l'appareil gouvernemental et sans but lucratif. Les ONG peuvent agir à différents niveaux, de la communauté locale à l'échelle internationale, et peuvent travailler sur des sujets très divers comme la protection de l'environnement, la promotion des droits humains, l'aide humanitaire, etc. le statut des organisations non-gouvernementales est complexe et leur définition varie selon les contextes et les pays. Elles peuvent avoir des missions très diverses et être impliquées dans des domaines tels que la protection de l'environnement, la défense des droits de l'homme, l'aide humanitaire, la santé publique, etc. Certaines organisations sont très petites, tandis que d'autres sont des acteurs majeurs de la société civile. En outre, certaines organisations ont des relations étroites avec les gouvernements, tandis que d'autres sont complètement indépendantes. Il est donc difficile de les définir clairement et de déterminer leur place dans le droit international. Avec l’émergence des mouvements pacifistes et l’idée de régulation internationale des problèmes, des acteurs non gouvernementaux ont commencé à jouer un rôle important dans les relations internationales. Cependant, leur statut juridique n’était pas clair à l’époque, et il a fallu attendre plusieurs décennies avant que leur rôle soit reconnu dans le droit international. Aujourd’hui, les organisations non gouvernementales ont une place importante dans la vie internationale et sont reconnues comme des acteurs à part entière.

A partir de la fin du XIXème siècle, de nouveaux acteurs entrent en jeu dans le champ des relations internationales. Il s'agit notamment des mouvements pacifistes, des organisations de la société civile et des intellectuels qui s'intéressent à la question de la paix et de la régulation des conflits internationaux. Ces nouveaux acteurs sont souvent des non-professionnels de la diplomatie, mais ils apportent un regard différent et de nouvelles propositions pour régler les différends entre les États. L'incursion d'acteurs non gouvernementaux dans les relations internationales a profondément modifié la nature du fonctionnement des relations internationales. Elle a entraîné une complexification des acteurs et des enjeux, ainsi qu'une multiplication des canaux de communication, de négociation et de coopération. Les ONG, les associations, les mouvements sociaux, les entreprises transnationales, les individus, etc. ont ainsi pu participer à la définition et à la mise en oeuvre de politiques et de normes internationales, souvent en collaboration avec les États et les organisations internationales. Cette dynamique a également favorisé l'émergence de problématiques globales telles que l'environnement, les droits humains, la santé, la gouvernance mondiale, etc. qui ont suscité de nouveaux débats et de nouvelles formes de coopération entre les acteurs concernés.

Les organisations non gouvernementales ont des champs d’action divers :

  • Organisations humanitaires : la Croix Rouge est l'une des organisations humanitaires les plus connues et les plus anciennes au monde. Elle a été fondée par le Suisse Henri Dunant en 1863, après qu'il ait été témoin des souffrances des soldats blessés lors de la bataille de Solferino en Italie en 1859. Dunant a rassemblé des volontaires pour aider les blessés des deux camps, indépendamment de leur nationalité. Cette expérience l'a conduit à proposer la création d'un mouvement international qui fournirait des secours en cas de guerre et qui serait protégé par une convention internationale.
  • Pacifisme : le pacifisme est un mouvement qui a émergé à la fin du XIXème siècle en réponse à la montée des tensions entre les nations et aux guerres qui en ont découlé. Il existe plusieurs formes de pacifisme, notamment le pacifisme juridique et le pacifisme des milieux parlementaire et politique, qui visent à promouvoir la paix par le droit et la diplomatie plutôt que par la guerre. Il y a également le pacifisme religieux, qui repose sur la conviction que la guerre est contraire aux enseignements de certaines religions, et le pacifisme militant, qui prône l'objection de conscience et l'action directe non-violente comme moyens de lutte contre la guerre.
  • Pacifisme juridique :e pacifisme juridique est un courant de pensée qui vise à promouvoir la paix par le droit international. Les pacifistes juridiques cherchent à théoriser un régime juridique de la paix et à établir des règles pour résoudre les conflits internationaux de manière pacifique. Ils prônent l'arbitrage international, la médiation et la négociation pour résoudre les conflits entre les États. En 1899 et en 1907, des conférences internationales de la paix ont été organisées à La Haye aux Pays-Bas, qui ont permis de codifier des règles de droit international humanitaire. Ces conférences ont été suivies par la création de la Cour permanente d'arbitrage de La Haye, qui est une institution internationale chargée de résoudre les différends entre les États par l'arbitrage.
  • Pacifisme des milieux parlementaire et politique : l'Union Interparlementaire (UIP) a été créée en 1889. Elle est la plus ancienne organisation internationale intergouvernementale. Elle a été fondée dans le but de promouvoir la coopération et le dialogue entre les parlements de différents pays, ainsi que de contribuer à la paix et à la coopération internationales. L'UIP travaille notamment à la promotion de la démocratie et des droits de l'homme, à la résolution pacifique des conflits, à la coopération économique et au développement durable.
  • Pacifisme industriel : le pacifisme industriel est un mouvement qui vise à promouvoir la paix en s'attaquant aux causes économiques et sociales des conflits. Il est né au début du XXe siècle et a connu un certain succès aux États-Unis et en Europe. Les pacifistes industriels prônent une économie basée sur la coopération plutôt que sur la concurrence, et cherchent à promouvoir des pratiques commerciales équitables et respectueuses de l'environnement. Ils s'opposent également à la course aux armements et aux guerres qui sont souvent motivées par des intérêts économiques. Certains pacifistes industriels ont été impliqués dans des mouvements sociaux tels que le mouvement pour les droits civiques et le mouvement ouvrier.

Le pacifisme est un mouvement international qui s'est développé en Europe, mais aussi en Amérique du Nord à la fin du XIXe siècle. Aux États-Unis, le mouvement pacifiste a pris de l'ampleur avec la guerre hispano-américaine de 1898, qui a vu les États-Unis s'impliquer dans un conflit armé en dehors de leur propre territoire. Les pacifistes américains ont créé des organisations comme la Ligue anti-guerre en 1898 et la Société des amis de la paix en 1905. Ces organisations ont travaillé à sensibiliser l'opinion publique aux coûts humains et économiques de la guerre, et ont cherché à promouvoir la diplomatie et la négociation comme moyens de résoudre les conflits internationaux. Le pacifisme est un mouvement international qui s'est développé en Europe, mais aussi en Amérique du Nord à la fin du XIXe siècle. Aux États-Unis, le mouvement pacifiste a pris de l'ampleur avec la guerre hispano-américaine de 1898, qui a vu les États-Unis s'impliquer dans un conflit armé en dehors de leur propre territoire. Les pacifistes américains ont créé des organisations comme la Ligue anti-impéraliste en 1898. L'idée européenne est diffusée également par le courant pacifiste anglo-américain, qui encourage la création de la paix sur le continent européen. Des organisations telles que la Société de la paix et de la liberté ont été créées à Paris et à Genève pour promouvoir la paix et la coopération internationales. En outre, certains partisans du libre-échange, tels que Frédéric Bastiat, ont également plaidé en faveur de la paix en Europe. Bastiat a fondé en France la Société des Amis de la Paix pour promouvoir la coopération économique et la compréhension entre les nations. Ces organisations ont travaillé à sensibiliser l'opinion publique aux coûts humains et économiques de la guerre, et ont cherché à promouvoir la diplomatie et la négociation comme moyens de résoudre les conflits internationaux.

  • Coopération scientifique et technique : les organisations de coopération scientifique et technique sont souvent créées par des mécènes riches qui souhaitent financer des projets de recherche et de développement dans différents domaines scientifiques et techniques, tels que la médecine, l'agriculture, l'énergie ou encore les technologies de l'information. Ces organisations ont pour objectif de promouvoir l'innovation et le progrès technique à travers des collaborations internationales et des échanges de connaissances et de technologies entre les différents pays et les différentes institutions. La Fondation Rockefeller a été créée en 1913 par John D. Rockefeller, un industriel américain fortuné. Cette fondation a soutenu de nombreuses initiatives dans les domaines de la santé publique, de l'éducation, de la recherche scientifique et de l'agriculture dans le monde entier. Par exemple, elle a contribué à l'éradication de la fièvre jaune en Amérique latine, à la lutte contre la maladie du sommeil en Afrique et au développement de l'agriculture en Asie. La Fondation Rockefeller est un exemple de la façon dont les organisations privées peuvent avoir un impact positif significatif sur la vie des gens à travers le monde.
  • Organisations religieuses : la distinction entre les organisations religieuses et les organisations non gouvernementales peut parfois être floue. Certaines organisations religieuses peuvent agir en dehors de leur mission première pour s'engager dans des actions humanitaires, sociales ou environnementales, par exemple. Dans ce cas, on peut considérer qu'elles agissent en tant qu'organisations non gouvernementales. Cependant, il est important de noter que les organisations religieuses ont souvent une finalité et une orientation spécifiques liées à leur croyance ou à leur doctrine, ce qui les différencie des autres types d'organisations non gouvernementales. Les YMCA (Young Men's Christian Association) sont une organisation religieuse protestante à but non lucratif fondée en 1844 en Angleterre. Bien que leur mission première soit de promouvoir les valeurs chrétiennes, les YMCA sont également impliquées dans diverses activités sociales, culturelles et éducatives visant à aider les jeunes à se développer de manière positive. Par exemple, ils ont développé des programmes de formation professionnelle et de développement personnel, ainsi que des activités sportives comme le basketball, le volley-ball et la natation. De nos jours, les YMCA sont présentes dans plus de 119 pays et comptent plus de 64 millions de membres.
  • Organisations féministes : les organisations féministes ont émergé à la fin du XIXe siècle, au moment où les femmes commençaient à se battre pour leurs droits et à s'organiser en collectivités politiques. Le Conseil International des Femmes a été fondé en 1888 par des militantes pour les droits des femmes de différents pays, et il a depuis travaillé à promouvoir l'égalité des sexes et à lutter contre la discrimination et la violence envers les femmes à travers le monde. Il existe aujourd'hui de nombreuses autres organisations féministes dans le monde entier, travaillant sur des questions telles que la représentation politique, la santé reproductive, l'égalité salariale et la lutte contre la violence sexiste.
  • Organisations d’échanges culturels et intellectuels : les organisations d'échanges culturels et intellectuels ont joué un rôle important dans la promotion du dialogue interculturel et de la coopération internationale. Les clubs espérantistes, étaient des organisations qui prônaient l'utilisation d'une langue universelle, l'espéranto, pour faciliter la communication et les échanges entre les peuples de différentes cultures. Le Comité International Olympique (CIO) est une organisation non gouvernementale créée en 1894, dont le siège se trouve à Lausanne en Suisse. Le CIO est chargé de l'organisation des Jeux Olympiques, qui sont une manifestation sportive et culturelle d'envergure internationale. Les États membres du CIO sont représentés par des comités nationaux olympiques, qui sont eux-mêmes des organisations non gouvernementales. Les Jeux Olympiques sont donc un exemple de coopération internationale entre des organisations non gouvernementales et des États. A la fin du XXème siècle, de nombreux congrès scientifiques ont été mis en place, notamment dans les domaines de la recherche médicale, de la physique et de la chimie. Ces congrès permettent aux scientifiques du monde entier de se réunir, d'échanger des idées, de présenter leurs travaux et de collaborer sur des projets de recherche communs. Ils sont souvent organisés par des associations scientifiques ou des institutions académiques et peuvent avoir un impact significatif sur le développement de la science et de la technologie à l'échelle mondiale.

Les organisations non gouvernementales ont une grande diversité de structures et d'objectifs, ce qui les rend difficiles à caractériser de manière définitive. Par exemple, certaines ONG sont financées par des gouvernements ou des entreprises, ce qui soulève des questions sur leur indépendance et leur impartialité. De même, certaines ONG sont très impliquées dans la politique, tandis que d'autres se concentrent principalement sur l'aide humanitaire. Il y a également des débats sur le rôle et l'impact des ONG dans la société, y compris leur efficacité à résoudre les problèmes qu'elles visent à résoudre.

  • Frontière publique/privée : la frontière entre le public et le privé peut être floue dans le cas des organisations non gouvernementales. La Croix Rouge, par exemple, est une organisation qui agit sur le plan international en tant qu'entité privée, mais elle est mandatée par les États signataires de la Convention de Genève. Ainsi, elle a une mission publique dans le domaine humanitaire, mais elle est financée principalement par des dons privés et des contributions volontaires. Dans ce sens, la Croix Rouge est une organisation qui opère dans une zone grise entre le public et le privé. Les Sociétés nationales de la Croix-Rouge sont souvent étroitement liées aux gouvernements de leur pays respectif, et cela est encore plus vrai lorsqu'il y a un conflit ou une catastrophe humanitaire majeure. Dans ces situations, les gouvernements peuvent fournir un soutien financier important et une assistance logistique aux Sociétés de la Croix-Rouge pour leur permettre de mener à bien leur mission humanitaire. Cependant, les Sociétés de la Croix-Rouge sont des organisations indépendantes qui ont leur propre structure et leur propre direction, et elles doivent respecter les principes fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, tels que l'humanité, l'impartialité, la neutralité, l'indépendance, le volontariat, l'unité et l'universalité.
  • Organisations en réseau : le fonctionnement en réseau est une caractéristique importante des organisations non gouvernementales. Les réseaux permettent aux organisations de travailler ensemble pour atteindre des objectifs communs, de partager des informations, des ressources et des compétences, de coordonner les efforts et de renforcer les capacités. Les réseaux peuvent être formels ou informels, régionaux ou mondiaux, axés sur des problèmes spécifiques ou sur des questions plus larges. Ils peuvent inclure des organisations de la société civile, des organisations intergouvernementales, des gouvernements, des entreprises, des universités et des individus. Le fonctionnement en réseau permet aux organisations non gouvernementales de maximiser leur impact et de renforcer leur influence sur les décideurs politiques à l'échelle mondiale.
  • Organisations en rivalité : les organisations non gouvernementales sont souvent très engagées dans des causes nobles, mais cela ne les empêche pas d'avoir une histoire agitée, avec des conflits internes et des tensions avec d'autres organisations. Ces luttes pour la reconnaissance symbolique et l'influence dans la sphère publique peuvent parfois occulter les enjeux de fond des causes qu'elles défendent. Elles peuvent également avoir des conséquences négatives sur l'efficacité de leur action et leur capacité à mobiliser des ressources. Le Conseil international des femmes a été créé en 1888 en réponse à l'insatisfaction des militantes féministes qui, bien qu'étant très nombreuses dans les mouvements ouvriers et pacifistes, n'étaient pas reconnues en tant que telles à l'intérieur de ces mouvements. Le Conseil s'est fait reconnaître et a établi des contacts avec d'autres organisations. Cependant, des tensions sont apparues au sein du mouvement car certains membres ont estimé que la direction n'accordait pas suffisamment d'importance aux préoccupations politiques, en particulier pour l'extension des droits publics aux femmes. En conséquence, en 1904, le mouvement a créé l'International Suffrage Alliance, et en 1915, la Women's International League for Peace and Freedom a vu le jour. En outre, une partie des membres a considéré que la montée des tensions internationales engendrait des tensions nationalistes au sein du mouvement, entraînant ainsi une nouvelle scission.

La fin du XIXème siècle marque l'émergence d'un certain nombre d'acteurs internationaux qui ont contribué à façonner le système international tel que nous le connaissons aujourd'hui. Parmi ces acteurs, on peut citer les organisations non gouvernementales, les mouvements sociaux, les entreprises multinationales, les médias internationaux, etc. Ces acteurs ont progressivement gagné en importance et ont commencé à jouer un rôle majeur dans les relations internationales, aux côtés des États et des organisations intergouvernementales. Cette évolution a profondément transformé la nature des enjeux internationaux et a contribué à l'émergence d'un système international de plus en plus complexe et interconnecté.

Les prémices du régionalisme : l’exemple de l’Union Panaméricaine

L'Union Panaméricaine est un exemple précoce de régionalisme, qui a émergé à la fin du XIXe siècle en Amérique latine sous l'impulsion des États-Unis. Cette organisation visait à promouvoir la coopération et l'intégration entre les pays du continent américain, ainsi qu'à renforcer leurs liens économiques, politiques et culturels. L'Union Panaméricaine est considérée comme un ancêtre de l'Organisation des États Américains (OEA), qui a été fondée en 1948.

Le régionalisme est un mouvement politique et culturel qui cherche à renforcer l'identité et la solidarité entre les pays d'une même région, souvent en réaction à des forces extérieures ou à l'universalisme. Au début du XXe siècle, la tension entre nationalisme et universalisme a conduit à l'émergence de mouvements régionalistes, qui cherchaient à équilibrer les intérêts nationaux avec les besoins d'une coopération régionale. Le régionalisme a souvent été perçu comme une réponse au nationalisme, qui met l'accent sur l'identité et la souveraineté d'un pays en particulier. Toutefois, le régionalisme peut également être considéré comme un complément au nationalisme, car il cherche à préserver et à promouvoir les intérêts communs des pays d'une même région.

L'Union Panaméricaine a été un pas important vers la création d'institutions régionales en Amérique latine, qui ont contribué à la stabilité politique et économique de la région. L'OEA, qui a succédé à l'Union Panaméricaine, continue de jouer un rôle important dans la promotion de la démocratie, des droits de l'homme et du développement économique dans les Amériques. Le régionalisme a également inspiré la création d'autres organisations et initiatives régionales à travers le monde, telles que l'Union européenne, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA) et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Ces organisations visent à renforcer la coopération entre les pays membres et à favoriser l'intégration régionale, tout en respectant la souveraineté et l'identité de chaque pays.

La première Conférence panaméricaine s'est tenue en réalité en 1889-1890 à Washington, D.C. L'Union Panaméricaine a été formellement créée en 1910, suite à la ratification de la Convention de Buenos Aires en 1910 par les pays participants. L'objectif principal de la première Conférence panaméricaine était d'établir un système de coopération et de dialogue entre les pays d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. L'un des principaux sujets abordés lors de cette conférence était la promotion de l'intégration économique et des échanges commerciaux entre les pays de la région. Parmi les propositions discutées lors de la conférence figuraient l'adoption de normes communes pour le commerce et la navigation, l'arbitrage pour résoudre les différends entre les pays et la création d'une union douanière. Bien que toutes ces propositions n'aient pas été mises en œuvre immédiatement, la conférence a jeté les bases pour une coopération accrue et des initiatives d'intégration économique dans les décennies suivantes. L'Union Panaméricaine, qui a succédé à la Conférence panaméricaine, a poursuivi les efforts pour promouvoir l'intégration économique et les échanges commerciaux entre les pays des Amériques. L'organisation a joué un rôle de coordination et de facilitation des relations économiques entre ses membres, en organisant des conférences et des réunions pour discuter des questions d'intérêt commun et en promouvant des projets de coopération économique et technique.

L'un des objectifs de l'Union Panaméricaine était de résoudre les conflits frontaliers entre les pays membres de manière pacifique et non violente. De nombreux pays d'Amérique latine ont hérité de frontières floues et mal définies à la suite de la décomposition de l'empire espagnol. Ces frontières incertaines ont souvent conduit à des tensions et à des conflits entre les États voisins. L'Union Panaméricaine a encouragé le règlement pacifique des différends frontaliers en promouvant le dialogue, la négociation et l'arbitrage entre les parties concernées. L'organisation a également joué un rôle de médiateur en fournissant des conseils juridiques et techniques et en facilitant les discussions entre les pays en conflit. Au fil des années, l'Union Panaméricaine et son successeur, l'Organisation des États Américains (OEA), ont contribué à résoudre plusieurs conflits frontaliers dans la région. Par exemple, l'OEA a joué un rôle clé dans la médiation du conflit entre le Belize et le Guatemala concernant leur frontière commune. La promotion du règlement pacifique des différends frontaliers a été essentielle pour prévenir les conflits armés et pour renforcer la stabilité politique et économique dans la région. En encourageant la coopération et le dialogue entre les pays membres, l'Union Panaméricaine et l'OEA ont contribué à créer un environnement propice au développement et à l'intégration régionale.

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Woodrow Wilson

Woodrow Wilson, 28e président des États-Unis, a pris ses fonctions en 1913, trois ans après la création de l'Union Panaméricaine. Bien que l'Union Panaméricaine ait été fondée avant sa présidence, Wilson a soutenu et encouragé l'approfondissement de l'intégration économique et politique entre les pays de la région. Wilson était un fervent défenseur de la coopération internationale et de la diplomatie en tant que moyens de prévenir les conflits et de promouvoir la paix. Son approche en matière de politique étrangère, connue sous le nom de "wilsonisme", mettait l'accent sur la démocratie, la libre détermination des peuples et le multilatéralisme. Les Quatorze Points de Wilson, présentés en 1918, étaient un ensemble de principes destinés à servir de base pour la paix après la Première Guerre mondiale. Bien que ces points n'aient pas été directement liés à l'Union Panaméricaine, ils reflètent l'engagement de Wilson en faveur de la coopération internationale et de l'autodétermination des nations. Parmi les Quatorze Points, plusieurs d'entre eux étaient pertinents pour l'Amérique latine et les objectifs de l'Union Panaméricaine. Par exemple, le principe de la libre navigation des mers, l'abaissement des barrières économiques et la création d'une association générale des nations pour garantir la sécurité politique et l'indépendance des États. Bien que les Quatorze Points de Wilson n'aient pas été directement liés à l'Union Panaméricaine, ils partageaient des objectifs similaires et reflétaient la vision de Wilson pour un monde plus pacifique et coopératif. Sous la présidence de Wilson, les États-Unis ont continué à soutenir l'Union Panaméricaine et ont cherché à approfondir l'intégration économique et politique dans la région. Cependant, il convient de noter que la politique étrangère de Wilson en Amérique latine a également été critiquée pour son interventionnisme et son paternalisme, notamment à travers la doctrine Monroe, qui visait à protéger les intérêts américains dans la région.[4]

La proposition de sécurité collective de Woodrow Wilson était un aspect important de sa vision pour l'Union Panaméricaine et pour la coopération internationale en général. Wilson croyait que la paix et la stabilité pouvaient être maintenues en encourageant les nations à travailler ensemble pour résoudre les conflits et en garantissant la sécurité collective. L'Union Panaméricaine a été conçue non seulement pour promouvoir l'intégration économique et politique, mais aussi pour aborder d'autres questions de sécurité, de développement et de coopération régionale. Au fil des ans, l'organisation a élargi son champ d'action pour inclure diverses prérogatives, telles que la résolution pacifique des conflits, la promotion des droits de l'homme, la coopération en matière de développement et la protection de l'environnement. L'idée de sécurité collective a également influencé la création de l'Organisation des États Américains (OEA) en 1948, qui a succédé à l'Union Panaméricaine. L'OEA a adopté une Charte qui consacre des principes tels que la non-intervention, la résolution pacifique des conflits, la démocratie, les droits de l'homme et la solidarité économique et sociale. Aujourd'hui, l'OEA continue de jouer un rôle central dans la promotion de la sécurité collective et de la coopération régionale dans les Amériques. L'organisation s'efforce de prévenir et de résoudre les conflits, de promouvoir la démocratie et les droits de l'homme, et de favoriser le développement économique et social dans la région. En fin de compte, l'Union Panaméricaine et l'OEA illustrent comment les organisations régionales peuvent évoluer pour aborder un éventail de problèmes de plus en plus vastes et interconnectés. Ces organisations ont été influencées par des visions comme celle de Woodrow Wilson, qui croyait en la nécessité d'une coopération internationale et d'une sécurité collective pour assurer la paix et la prospérité.

L'Union Panaméricaine a étendu ses prérogatives et ses domaines d'action au début du XXe siècle pour aborder un éventail de problèmes régionaux, y compris la santé, la science, le droit et la défense. En 1902, le Bureau sanitaire panaméricain, aujourd'hui connu sous le nom d'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), a été créé pour promouvoir la coopération en matière de santé publique et lutter contre les épidémies dans la région. L'OPS a travaillé pour améliorer la surveillance des maladies, le contrôle des épidémies et les normes de santé publique dans les Amériques. Le Comité juridique interaméricain, créé en 1928, a pour objectif de promouvoir la coopération juridique et l'harmonisation des législations entre les pays membres. Cette initiative a conduit à la création de la Cour interaméricaine de justice en 1948, qui est chargée de résoudre les différends juridiques entre les États membres et de garantir le respect des droits de l'homme. Des associations scientifiques et académiques ont également été créées pour encourager la collaboration et l'échange d'idées entre les universitaires et les chercheurs du continent américain. Ces organisations ont contribué à promouvoir l'innovation et le développement scientifique dans divers domaines, tels que la technologie, l'environnement et les sciences sociales. Enfin, la sécurité collective a été abordée avec la création de l'Organisation panaméricaine de défense en 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette organisation avait pour objectif de promouvoir la coordination et la coopération en matière de défense entre les pays de la région pour faire face aux menaces communes et garantir la sécurité régionale. Cette initiative a jeté les bases de la coopération en matière de sécurité dans le cadre de l'Organisation des États Américains (OEA), qui a été créée en 1948. Ces développements montrent comment l'Union Panaméricaine a évolué au fil du temps pour aborder un large éventail de questions et de défis régionaux. Les initiatives et les institutions qui en découlent continuent de jouer un rôle important dans la promotion de la coopération et de l'intégration régionale dans les Amériques.

La construction régionaliste, qui a débuté à la fin du XIXe siècle avec l'Union Panaméricaine, présente des similitudes avec la Société des Nations (SDN) et, par extension, avec l'Organisation des Nations Unies (ONU). Ces organisations partagent des principes communs, tels que la promotion de la coopération internationale, la résolution pacifique des conflits, la protection des droits de l'homme et la promotion du développement économique et social. L'Union Panaméricaine peut être considérée comme une ébauche du modèle onusien, car elle a introduit des mécanismes de coopération régionale et multilatérale qui ont ensuite été adoptés et développés par la SDN et l'ONU. Cependant, il convient de noter que l'Union Panaméricaine se concentrait principalement sur les questions régionales des Amériques, tandis que la SDN et l'ONU ont un champ d'action mondial. Il est également important de souligner que l'Union Panaméricaine n'était pas nécessairement une concurrente de la Société des Nations, car ces deux organisations poursuivaient des objectifs similaires mais opéraient à des niveaux différents. L'Union Panaméricaine se concentrait sur la promotion de la coopération et de l'intégration régionale dans les Amériques, tandis que la SDN avait pour mission de maintenir la paix et la sécurité internationales et de promouvoir la coopération entre les nations du monde entier. Avec la création de l'Organisation des Nations Unies en 1945, les principes et les mécanismes de l'Union Panaméricaine et de la Société des Nations ont été intégrés dans le système onusien. L'Organisation des États Américains (OEA), qui a succédé à l'Union Panaméricaine en 1948, est devenue un partenaire régional de l'ONU et travaille en étroite collaboration avec l'organisation mondiale pour promouvoir la paix, la sécurité, les droits de l'homme et le développement dans les Amériques.

Pendant l'entre-deux-guerres, l'Union Panaméricaine et la Société des Nations (SDN) ont coopéré sur certaines questions, mais ont également maintenu une certaine distance en raison des tensions entre le nationalisme et l'universalisme. L'Union Panaméricaine, en tant qu'organisation régionale, avait pour objectif de promouvoir la coopération et l'intégration entre les pays des Amériques. La SDN, quant à elle, avait une portée mondiale et visait à maintenir la paix et la sécurité internationales en encourageant la coopération entre toutes les nations. Bien que les deux organisations partageaient des objectifs communs, leurs approches et leurs domaines d'action différaient, reflétant les tensions entre les aspirations nationalistes et universalistes de l'époque. Les nations d'Amérique latine, en particulier, étaient souvent tiraillées entre la volonté de préserver leur souveraineté et leur identité nationale, et l'aspiration à participer à un système international fondé sur la coopération et le multilatéralisme. Cette tension a parfois conduit à des frictions entre l'Union Panaméricaine et la SDN, chacune cherchant à affirmer son rôle et son influence sur la scène internationale. Malgré ces tensions, l'Union Panaméricaine a joué un rôle crucial dans les débuts du régionalisme et a jeté les bases de la coopération et de l'intégration régionales dans les Amériques. Les principes et les mécanismes développés par l'Union Panaméricaine ont influencé la création d'autres organisations régionales et ont contribué à façonner le système international qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale, notamment avec la création de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et de l'Organisation des États Américains (OEA).

La Société des Nations : Vers la formation d'un système universel ?

La Société des Nations a été la première organisation internationale à vocation universelle créée après la Première Guerre mondiale, en 1919, dans le but de maintenir la paix et la sécurité internationales en favorisant la coopération entre les États membres. Elle regroupait la plupart des États du monde à l'époque, mais certains pays comme les États-Unis n'ont pas rejoint la SDN, et d'autres comme l'Allemagne et l'Union soviétique ne l'ont rejointe que plus tardivement.

Origines et fondements de la Société des Nations

L'idée de créer une organisation internationale pour régler les conflits entre États a été portée par des mouvements pacifistes et humanitaires dès la fin du XIXème siècle. Des personnalités telles que l'écrivain Victor Hugo ou encore le philosophe Bertrand Russell ont défendu cette idée dans leurs écrits et discours. les mouvements pacifistes de la fin du XIXème siècle ont contribué à la formation de l'idée d'une régulation internationale des problèmes. Ils ont exprimé une aspiration à la paix et à la coopération internationale en réponse aux ravages des guerres qui ont secoué l'Europe au XIXème siècle. Des personnalités comme le philanthrope britannique Alfred Nobel, le journaliste français Henri Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, ou encore le juriste suisse Gustave Moynier ont notamment oeuvré en faveur de cette idée. Leurs réflexions ont contribué à la prise de conscience de la nécessité de mettre en place des institutions internationales visant à régler pacifiquement les différends entre les Etats. Cependant, ce n'est qu'après la Première Guerre mondiale, qui a vu une violence sans précédent et un nombre de morts effroyable, que la création d'une organisation internationale devient une priorité pour de nombreux États. La Société des Nations a ainsi été créée en 1919 dans le but de préserver la paix et la sécurité internationales. L’origine est cette kyrielle de mouvements pacifistes qui naissent et qui formulent les premières façons de structurer l’idée d’une régulation internationale des problèmes, ce qui est une idée neuve.

Dans une période marquée par les nationalismes et les rivalités entre États, l’idée d’une autorité supranationale pour réguler les conflits et garantir la paix était nouvelle et audacieuse. Cela a été l'objet d'intenses débats et de discussions parmi les mouvements pacifistes et les intellectuels de l'époque. Cette idée a finalement été concrétisée par la création de la Société des Nations après la Première Guerre mondiale, bien qu'elle n'ait pas réussi à prévenir la montée des tensions et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Les congrès de La Haye sont considérés comme des événements fondateurs de la diplomatie multilatérale moderne, avec pour objectif de prévenir les conflits armés et de développer des moyens pacifiques de régler les différends entre les États. Le premier congrès de La Haye, en 1899, a abouti à la signature de plusieurs conventions internationales, dont la Convention de La Haye concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre. Le deuxième congrès, en 1907, a élargi le champ d'application du droit international humanitaire et a également abouti à la signature de plusieurs conventions, notamment la Convention de La Haye pour la pacification internationale. Ces congrès ont donc posé les bases de la diplomatie multilatérale et ont contribué à la formation de l'idée d'une régulation internationale des conflits. L'idée d'arbitrage a été formalisée lors des congrès pour la paix de La Haye en 1899 et 1907, où les États ont discuté de la possibilité de résoudre les conflits internationaux par des moyens pacifiques plutôt que par la guerre. Cette idée était portée par les mouvements pacifistes et en particulier par les organisations du pacifisme juridique, qui considéraient que les différends entre les États devaient être réglés par des tribunaux internationaux plutôt que par la force armée. L'arbitrage a donc été considéré comme un moyen de prévenir la guerre et de régler les conflits internationaux de manière pacifique.

Le premier congrès de La Haye, en 1899, a été convoqué par le tsar de Russie Nicolas II et réunit 26 États européens et américains. Le but était de discuter de la limitation des armements et de la prévention des guerres. Les délégués adoptèrent plusieurs résolutions, dont la plus importante fut l'adoption de la Convention de La Haye pour le règlement pacifique des conflits internationaux, qui prévoyait l'arbitrage obligatoire pour les différends qui ne pouvaient être réglés par la négociation. Une Cour permanente d'arbitrage, composée de juges choisis par les États membres, fut également créée pour résoudre ces différends. Les résolutions du premier congrès ont été révisées et élargies lors du second congrès de La Haye en 1907.

La Cour d'arbitrage mise en place par le premier Congrès de La Haye en 1899 n'était pas permanente et devait être spécialement créée pour chaque différend. En outre, la compétence de la Cour était subordonnée à la volonté des États, qui devaient accepter de soumettre leur différend à l'arbitrage et de respecter la décision rendue. Enfin, les États devaient désigner eux-mêmes les arbitres qui siégeraient dans chaque affaire.

En 1907, le deuxième congrès de La Haye a permis de renforcer le principe de l'arbitrage en créant une cour permanente d'arbitrage qui siègerait à La Haye. Cette cour serait composée de juges issus des États signataires de la convention de la Haye, et serait chargée de régler les conflits internationaux par l'arbitrage. La cour permanente d'arbitrage était ouverte à tous les États qui acceptaient la convention et était destinée à favoriser la paix et la justice internationales. la création de la Cour permanente d'arbitrage en 1907 à La Haye est un progrès majeur dans la résolution pacifique des différends internationaux. Cependant, malgré l'adoption de cette mesure par la conférence de La Haye, il est vrai que tous les États n'ont pas immédiatement ratifié cette initiative. Cela dit, la Cour permanente d'arbitrage a commencé à fonctionner dès sa création, avec un secrétariat permanent chargé de faciliter la mise en place des arbitres. Elle a contribué à la résolution pacifique de nombreux différends internationaux au cours des décennies qui ont suivi.

Léon Bourgeois, en tant que président du Conseil français, a joué un rôle important dans l'adoption du principe d'arbitrage à la Conférence de La Haye en 1899. Il a défendu l'idée d'un règlement pacifique des différends internationaux par le biais de l'arbitrage et a contribué à la création de la Cour permanente d'arbitrage en 1907. Léon Bourgeois était un homme politique français qui a joué un rôle important dans la promotion de la paix et du droit international à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Il a notamment présidé la délégation française à la Conférence de la paix de La Haye en 1899 et en 1907, où il a promu l'idée d'un tribunal permanent d'arbitrage international. Il a également été l'un des fondateurs de l'Union interparlementaire, une organisation internationale visant à promouvoir la coopération parlementaire et la résolution pacifique des conflits. Bourgeois a été un ardent défenseur de l'arbitrage international et a contribué à faire avancer l'idée de la création d'une organisation internationale pour régler les différends entre les nations, ce qui a finalement conduit à la création de la Société des Nations.

En 1907, malgré la réaffirmation du principe d'arbitrage et la création d'une cour permanente d'arbitrage à La Haye, les tensions entre les puissances européennes commencent à monter, et les décisions prises par la conférence de La Haye sont peu suivies. En effet, les mouvements nationalistes et la montée des rivalités entre les grandes puissances rendent difficile la mise en place d'une régulation internationale effective. Les deux congrès de La Haye ont posé les bases de certaines idées qui seront reprises et développées par la suite par la Société des Nations, comme le principe d'arbitrage pour régler les conflits internationaux ou la création d'une cour permanente d'arbitrage. Ces idées ont été portées par des mouvements pacifistes et des organisations non gouvernementales, mais ont également été adoptées par les grandes puissances lors des conférences de La Haye.

L'historicité de la création de la Société des Nations est essentielle pour comprendre les motivations et les objectifs de cette organisation internationale. La Première Guerre mondiale a été un tournant majeur dans l'histoire de l'humanité, car elle a provoqué des destructions massives et a eu des conséquences politiques, économiques et sociales considérables. Cette guerre a montré que la diplomatie traditionnelle basée sur la rivalité des puissances nationales et l'équilibre des forces n'était plus capable de garantir la paix et la sécurité internationales. C'est dans ce contexte que l'idée d'une organisation internationale chargée de réguler les relations entre les États et de prévenir les conflits a émergé. La Société des Nations a été créée à la fin de la Première Guerre mondiale, en 1919, dans le but de maintenir la paix et la sécurité internationales et de promouvoir la coopération entre les États. Cependant, malgré ses objectifs nobles, la Société des Nations n'a pas réussi à prévenir la Deuxième Guerre mondiale et a été remplacée par l'Organisation des Nations unies après la fin de cette guerre.

Impact de la Première Guerre mondiale et du Traité de Versailles

la création de la Société des Nations a suscité des débats et des rivalités au moment même du Congrès de la paix de Versailles. D'une part, il y avait des partisans de la création d'une organisation internationale qui pourrait prévenir la guerre et maintenir la paix, comme le président américain Woodrow Wilson. D'autre part, il y avait ceux qui étaient méfiants envers l'idée d'une telle organisation, comme le Premier ministre britannique David Lloyd George et le président français Georges Clemenceau, qui avaient des préoccupations plus immédiates concernant les réparations de guerre et la sécurité nationale. Les États-Unis ont présenté leur propre projet de Société des Nations qui aurait été fondé sur le principe de l'égalité souveraine de tous les États membres. Cependant, les dirigeants européens ont été préoccupés par les implications de cette proposition pour leur propre sécurité nationale et leur position dans le monde. Finalement, la Société des Nations a été créée en 1919, avec 42 membres fondateurs, en tant qu'organisation internationale pour promouvoir la coopération internationale et prévenir les conflits armés, mais elle a rencontré des difficultés à maintenir la paix dans le monde en raison de la montée des tensions et des conflits entre les États membres. Les problèmes que la Société des Nations a rencontrés étaient en partie préexistants à sa création. Par exemple, la question de la définition des frontières nationales a été l'une des questions les plus difficiles à régler à la fin de la Première Guerre mondiale, et elle a continué à être source de tensions internationales pendant de nombreuses années. De même, la question de la souveraineté nationale a été une question complexe qui a suscité des débats passionnés au sein de la Société des Nations, en particulier concernant les relations entre les États membres et l'organisation elle-même. Enfin, la question de la garantie de la sécurité internationale était un autre sujet de préoccupation important, qui a finalement conduit à l'échec de la Société des Nations en tant qu'organisme de maintien de la paix.

Il y avait trois projets concurrents pour la création de la Société des Nations en discussion à la conférence de Versailles :

  • Le projet de Wilson était basé sur l'idée d'une organisation universelle qui promouvrait la coopération et le règlement pacifique des différends entre les États membres. Cela devait être accompli grâce à des dispositions claires et des mécanismes de contrôle pour réguler les relations entre les États. Le but était de créer une organisation qui préviendrait les conflits plutôt que de simplement les résoudre. Le projet de Wilson était également basé sur le principe de l'égalité souveraine entre les États membres, qui serait la base de la coopération multilatérale.
  • Lord Robert Cecil était un diplomate et homme politique britannique qui a joué un rôle important dans les discussions sur la création de la Société des Nations. Son projet, connu sous le nom de projet de la « Chambre d'Appel », prévoyait la création d'un conseil de grandes puissances européennes qui aurait eu le pouvoir de régler les différends entre États membres de la Société des Nations. Ce conseil aurait été complété par une « chambre d'appel » constituée de représentants des États membres de la Société des Nations, mais qui n'aurait eu qu'un rôle consultatif. Le projet de Cecil était donc davantage centré sur l'Europe et le maintien de l'équilibre des puissances, plutôt que sur la création d'une organisation universelle multilatérale.
  • Léon Bourgeois avait une vision ambitieuse pour la création d'une organisation internationale. Il proposait de créer une véritable société des nations dotée d'un gouvernement mondial avec des pouvoirs coercitifs, un tribunal international et une armée internationale. Cette proposition allait plus loin que le projet de Wilson qui ne prévoyait pas un tel niveau d'intégration mondiale. Bourgeois considérait que la guerre était le résultat d'un manque de régulation au niveau international, et qu'une organisation internationale forte était nécessaire pour éviter les conflits armés. Sa vision a influencé la création de la Société des Nations, qui a été créée après la Première Guerre mondiale avec l'objectif de maintenir la paix et la sécurité internationales.

Le projet de Léon Bourgeois n'a pas été soutenu par le gouvernement de Georges Clemenceau, qui était à la tête de la France à l'époque. Clemenceau était davantage attaché à l'idée de renforcer la sécurité de la France par le biais d'alliances avec d'autres puissances européennes plutôt que par la création d'une organisation internationale universelle. Cela explique en partie pourquoi le projet de Bourgeois n'a pas été retenu lors de la conférence de paix de Versailles en 1919. Les Américains et les Britanniques vont fusionner leurs projets pour aboutir à un compromis, qui sera finalement accepté par les autres puissances. Ce compromis repose sur l'idée d'une Société des Nations qui serait une organisation internationale de coopération entre États souverains, basée sur le principe de la sécurité collective. Les États membres de la Société des Nations s'engagent ainsi à résoudre pacifiquement leurs différends et à venir en aide à tout État membre agressé, en utilisant si nécessaire la force armée collective. Les États membres seraient également soumis à des obligations de désarmement, de respect du droit international et de promotion des droits de l'homme. Ce projet a finalement été accepté lors de la conférence de Versailles en 1919, et la Société des Nations a été créée en tant qu'organisation internationale chargée de maintenir la paix et la sécurité internationales. Pour parvenir à un compromis entre les différents projets, il a été nécessaire de prendre en compte certaines demandes de la France. Ainsi, la Société des Nations a été dotée d'une Assemblée générale dans laquelle chaque État membre avait une voix, quelle que soit sa taille ou son importance. De plus, la France a obtenu la création d'un Conseil permanent chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales, dont elle espérait qu'il serait doté de pouvoirs importants pour empêcher la répétition des conflits mondiaux. Finalement, malgré certaines concessions, la Société des Nations a été créée en 1920 à la fin de la Première Guerre mondiale, avec pour objectif de préserver la paix et la sécurité internationales. La structure de la Société des Nations reflète les compromis qui ont été faits entre les différents projets en présence lors de la Conférence de Versailles. Ainsi, le pacte de la Société des Nations prévoyait l'idée de sécurité collective, qui était une des principales propositions de Wilson, et qui affirmait que l'agression contre un membre de la Société serait considérée comme une agression contre l'ensemble de la collectivité, entraînant une réaction collective. Cependant, en raison des divergences entre les États membres sur les moyens à mettre en place pour assurer cette sécurité collective, la Société des Nations n'avait ni de force armée ni de pouvoir juridique contraignant pour faire respecter ses décisions. En fin de compte, la Société des Nations était une organisation extrêmement structurée mais qui n'avait pas les moyens de faire respecter la paix et la sécurité internationales de manière efficace.

La création de la Société des Nations à la fin de la Première Guerre mondiale a été le fruit d'un compromis entre les différentes puissances victorieuses. Les idées de Léon Bourgeois, qui plaidait pour une justice internationale et une force armée internationale pour garantir la paix, ont été débattues mais n'ont pas été retenues. Les anglo-saxons ont réussi à imposer leur vision de la SDN, qui reposait davantage sur le dialogue et la coopération entre les États membres plutôt que sur une logique de coercition et de répression. Cependant, malgré ses limites, la SDN a posé les fondations du droit international et a contribué à développer une conscience de la nécessité de réguler les relations entre les nations.

La Société des Nations est la traduction française du terme anglais League of Nations, qui est le nom officiel de l'organisation internationale créée en 1920 à l'issue de la Première Guerre mondiale. Cette différence de terminologie reflète une différence de vision et de perception entre les francophones et les anglophones sur la nature et le fonctionnement de la Société des Nations. Les francophones, représentés en grande partie par le président Wilson, étaient en faveur d'une organisation dotée d'une certaine autorité et d'une structure institutionnelle solide, qui pourrait prévenir les conflits internationaux et promouvoir la coopération entre les États membres. Les anglophones, quant à eux, ont cherché à préserver la souveraineté des États et à éviter toute forme d'ingérence dans leurs affaires internes. Ils ont donc préféré une organisation moins contraignante, qui se concentrerait davantage sur la coordination et la médiation que sur la prise de décision et la régulation.[5]

Les différences de conception entre les francophones et les anglophones ont été un obstacle majeur à l'efficacité de la Société des Nations. La conception anglo-saxonne de la League of Nations était basée sur l'idée de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires des autres États, tandis que la conception francophone de la Société des Nations prônait une organisation internationale plus structurée avec un véritable pouvoir de régulation et de contrôle des relations internationales. Ces divergences ont souvent conduit à l'inaction de la Société des Nations face aux crises internationales, en particulier dans les années 1930 avec la montée du nazisme en Allemagne et la guerre d'Espagne.

La non-participation des États-Unis dès le départ a grandement affaibli la Société des Nations, car les Américains étaient les principaux promoteurs de cette idée de gouvernement international. Sans leur soutien et leur participation, la crédibilité de l'institution a été grandement réduite. De plus, les États-Unis étant une grande puissance économique et militaire, leur absence a limité les ressources financières et militaires que la Société des Nations pouvait mobiliser pour atteindre ses objectifs. La défection américaine a eu un impact important sur la suite de l'histoire de la Société des Nations. L'absence des États-Unis a non seulement affaibli l'institution, mais a également contribué à sa lente agonie, car les États-Unis étaient le principal promoteur de la SDN et auraient pu jouer un rôle majeur dans la promotion de ses objectifs et de ses idéaux. Le refus américain de ratifier le Traité de Versailles et de participer à la Société des Nations a également sapé la crédibilité de l'institution et a renforcé les forces isolationnistes aux États-Unis. Cette défection a également ouvert la voie à l'expansionnisme de l'Allemagne nazie et à la montée du fascisme en Europe, conduisant finalement à la Seconde Guerre mondiale.

L'histoire de la Société des Nations remonte avant la Première Guerre mondiale, avec des initiatives de paix et de coopération internationales, notamment de la part de personnalités françaises telles que Léon Bourgeois. Cependant, le projet de la Société des Nations tel qu'il a été mis en place à Versailles après la guerre a été le résultat d'un compromis entre les grandes puissances, avec des différences de conceptions et d'intérêts qui ont pesé sur sa mise en œuvre et son efficacité. L'idée d'universalisme est présente dans de nombreuses organisations internationales, y compris dans la Société des Nations et dans l'Organisation des Nations unies. Cependant, cette idée est souvent interprétée différemment selon les pays et les cultures. Par exemple, pour certains pays, l'universalisme signifie la promotion des droits de l'homme et de la démocratie, tandis que pour d'autres, cela peut signifier la promotion de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un pays. Ces différences d'interprétation peuvent conduire à des désaccords et des blocages au sein des organisations internationales.

Fonctionnement et organisation de la Société des Nations

La Société des Nations a été la première tentative de création d'un ordre international structuré et organisé pour résoudre les conflits internationaux et favoriser la paix. Cela a représenté une nouveauté politique radicale à l'époque, marquant une évolution importante dans les relations internationales. Bien que cette tentative ait échoué, elle a jeté les bases pour la création ultérieure de l'Organisation des Nations unies (ONU) en 1945. La Société des Nations a également favorisé le développement de la diplomatie multilatérale et de la coopération internationale, qui sont aujourd'hui des éléments clés de l'ordre international contemporain. La Société des Nations a été la première organisation internationale à établir un cadre juridique et institutionnel pour réglementer les relations entre les États. Elle a introduit l'idée de supranationalité, c'est-à-dire qu'elle a établi un ordre international supérieur à celui des États membres et a créé un système de prise de décision collective. Cela a représenté un changement majeur par rapport au système précédent, qui était principalement basé sur les relations bilatérales entre les États. Bien que la Société des Nations ait connu des limites et des échecs, elle a jeté les bases de la construction d'un ordre international plus stable et coopératif, qui a finalement conduit à la création de l'Organisation des Nations unies après la Seconde Guerre mondiale.

Avec la Société des Nations, on assiste à la naissance d'une organisation internationale qui, pour la première fois, met en place une structure bureaucratique importante et permanente. Cette structure permet à la Société des Nations de fonctionner de manière régulière et de traiter efficacement les affaires internationales. La bureaucratie de la Société des Nations est composée d'un secrétariat, de plusieurs commissions techniques et d'une assemblée générale. Le secrétariat est chargé de la gestion quotidienne de l'organisation, tandis que les commissions techniques se spécialisent dans différents domaines, tels que le désarmement, les réfugiés ou les affaires économiques. L'assemblée générale, quant à elle, rassemble tous les membres de la Société des Nations pour discuter des grandes questions internationales. Cette bureaucratie a permis à la Société des Nations de prendre des décisions éclairées et de gérer efficacement les affaires internationales. Cependant, elle a également été critiquée pour son manque de transparence et pour le fait qu'elle a souvent été dominée par les grandes puissances de l'époque.

La Société des Nations avait un organigramme spécifique qui comprenait plusieurs organes, tels que :

  • Assemblée des États : l'Assemblée des États de la Société des Nations fonctionnait selon le principe "un État, une voix", c'est-à-dire que chaque État membre avait le même poids dans les décisions prises par l'Assemblée, quelle que soit sa taille ou son importance dans les relations internationales. Cette règle permettait d'affirmer le principe de l'égalité souveraine des États, tout en donnant à chacun une représentation équitable au sein de l'organisation. Cependant, elle a aussi été critiquée pour sa tendance à privilégier les petits États au détriment des grandes puissances, et pour sa difficulté à prendre des décisions rapides et efficaces en raison du nombre important de membres de l'Assemblée. La règle "un État égal une voix" de l'Assemblée des États de la Société des Nations a permis une certaine égalité entre les États membres, même si les grandes puissances avaient encore un poids important dans les décisions. Cela a également permis aux États plus petits de participer et de faire entendre leur voix dans les discussions internationales. Cette règle a été maintenue dans l'Organisation des Nations unies (ONU), qui a succédé à la Société des Nations en 1945. L'Assemblée des États était un organe de discussion et de délibération, où tous les États membres avaient le même droit de parole et de vote. Cela en faisait un forum important pour la diplomatie multilatérale, où les États pouvaient exprimer leurs points de vue, débattre de questions internationales et chercher des solutions communes à leurs problèmes. Cependant, l'absence de pouvoir coercitif réel a limité l'impact de la Société des Nations sur les relations internationales de l'époque. Il y a une continuité formelle entre la Société des Nations et les Nations-Unies dans la mesure où certaines structures ont été conservées. Toutefois, il y a également des différences significatives. Par exemple, au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies, chaque État membre dispose d'une voix, mais les décisions importantes se prennent à la majorité des deux tiers. De plus, le Conseil de sécurité des Nations-Unies dispose de pouvoirs plus étendus que le Conseil de la Société des Nations, notamment en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, avec la possibilité de recourir à des mesures coercitives.
  • Conseil permanent :e Conseil permanent était l'ancêtre du Conseil de sécurité de l'ONU. Il était composé de cinq membres permanents (la France, le Royaume-Uni, l'Empire allemand, l'Empire du Japon et l'Empire russe), ainsi que de quatre membres non permanents élus pour une durée de trois ans. Le Conseil permanent avait pour mission de maintenir la paix et la sécurité internationales, mais il n'avait pas le pouvoir de prendre des mesures coercitives pour y parvenir. C'est pourquoi le Conseil de sécurité de l'ONU, créé en 1945, a été doté de pouvoirs renforcés pour agir en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix ou d'acte d'agression. Le Conseil permanent de la Société des Nations a été remplacé par le Conseil de la Société des Nations en 1922, et que ce dernier était composé de quatre membres permanents (Grande-Bretagne, France, Italie et Japon) et de neuf membres non permanents élus pour trois ans. Ce Conseil avait pour mission de surveiller et de prévenir les conflits internationaux, de formuler des recommandations pour la paix et la sécurité internationales, de résoudre les différends internationaux et de coordonner les actions des États membres. Le Conseil de la Société des Nations était doté de pouvoirs plus étendus que l'Assemblée générale, car il avait le pouvoir de prendre des décisions contraignantes et de prendre des mesures coercitives à l'encontre des États qui ne respectaient pas les décisions du Conseil. Cependant, la mise en œuvre de ces mesures a souvent été difficile, car les membres de la Société des Nations étaient réticents à utiliser la force pour faire respecter les décisions du Conseil. C’est l’unanimité qui est requise pour prendre des décisions. L'unanimité pour prendre des décisions est un problème important dans une organisation internationale. Cela signifie qu'un seul pays peut bloquer une décision, même si elle est soutenue par la majorité des autres membres de l'organisation. C'est une situation qui peut être très frustrante et qui peut entraîner l'inaction de l'organisation sur des questions importantes. C'est pourquoi l'ONU a mis en place un système de vote à la majorité qualifiée pour certaines décisions importantes, notamment au sein du Conseil de sécurité. Cependant, les cinq membres permanents disposent d'un droit de veto qui leur permet de bloquer une décision même si elle est soutenue par la majorité qualifiée. Cette règle est souvent critiquée, car elle peut permettre à un seul pays de bloquer une décision importante, même si elle est soutenue par la majorité des autres membres de l'ONU. Les membres permanents du Conseil de la Société des Nations, y compris la France et la Grande-Bretagne, ont souvent cherché à régler des problèmes géopolitiques en dehors du cadre de la Société des Nations. Cela peut s'expliquer par plusieurs raisons, notamment le manque d'efficacité de l'organisation en matière de maintien de la paix et de sécurité internationales, les intérêts nationaux des États membres et leur volonté de protéger leur souveraineté. Cette tendance s'est accentuée avec l'émergence de régimes autoritaires et agressifs dans les années 1930, comme l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste, qui ont remis en cause l'ordre international établi et ont sapé la confiance dans la Société des Nations. L'un des principaux problèmes de la Société des Nations était que les grandes puissances ne lui permettaient pas toujours de jouer pleinement son rôle. Par exemple, les membres permanents du Conseil permanent, qui étaient censés être les principaux gardiens de la paix mondiale, ont souvent mis leur propre intérêt national avant celui de la communauté internationale. De plus, la Société des Nations était limitée par le fait qu'elle n'avait pas de pouvoir militaire ou juridique réel pour faire respecter ses décisions. En fin de compte, les membres de la Société des Nations ne se sont pas toujours conformés aux traités et résolutions adoptés, ce qui a sapé son autorité et son efficacité en tant qu'organisation internationale. Les grandes puissances ont continué à agir en dehors du système international malgré les avancées de la Société des Nations, ce qui a en partie conduit à son échec. Les intérêts nationaux ont souvent été privilégiés sur les intérêts collectifs, ce qui a affaibli la crédibilité et l'efficacité de la Société des Nations. Par ailleurs, certains pays n'ont pas adhéré à la Société des Nations, notamment les États-Unis qui n'ont jamais ratifié le traité de Versailles.
  • Secrétariat : le secrétariat de la Société des Nations était l'organe permanent chargé de gérer les affaires courantes et d'assurer la coordination entre les différentes instances de l'organisation. Il était dirigé par un secrétaire général, qui était élu par l'Assemblée des États membres pour un mandat de trois ans renouvelable. Le premier secrétaire général de la Société des Nations était le diplomate français Léon Bourgeois, qui avait été l'un des principaux promoteurs de la création de l'organisation. Le secrétariat était composé de fonctionnaires internationaux de diverses nationalités, qui étaient chargés de fournir des informations, des rapports et des conseils aux organes de la Société des Nations, ainsi que de coordonner les activités des différentes commissions et comités techniques. Le Secrétariat de la Société des Nations a été une véritable innovation administrative. Il était dirigé par un Secrétaire général et constitué d'un personnel permanent de fonctionnaires internationaux qui étaient chargés de mettre en œuvre les décisions prises par les organes de la Société des Nations. Cette organisation a été conçue pour favoriser la coopération internationale et la résolution pacifique des conflits en permettant la communication et la coordination entre les différents États membres. Le personnel du Secrétariat était composé de personnes venant de différents pays, afin de garantir une représentation internationale et une diversité culturelle au sein de l'organisation. Le Secrétariat a ainsi permis de développer de nombreux projets, notamment dans les domaines de la santé publique, de la science et de la technologie, de l'éducation et du développement économique.

Cet organigramme était conçu pour permettre une gouvernance globale de la paix et de la sécurité internationales, et pour favoriser la coopération internationale dans des domaines spécifiques.

L’ébauche d’un système globale

La Société des Nations a été la première organisation internationale à tenter de mettre en place un système global de résolution des problèmes internationaux. Elle avait des compétences dans des domaines variés tels que la sécurité collective, la prévention des conflits, les droits de l'homme, la santé, le travail, les réfugiés, le trafic de drogue et la criminalité internationale. C'était une approche globale qui cherchait à régler les problèmes internationaux de manière systématique et coordonnée, plutôt que de traiter chaque problème individuellement. Cependant, l'efficacité de cette approche globale a été limitée par les contraintes politiques et juridiques imposées par les grandes puissances de l'époque. la Société des Nations a été créée dans le but de préserver la paix internationale et d'empêcher la guerre. Elle devait également faire respecter les traités de paix conclus à la fin de la Première Guerre mondiale, en particulier le traité de Versailles, qui établissait les conditions de la paix avec l'Allemagne. La Société des Nations avait ainsi pour mission de régler les conflits entre les États membres par la négociation et la médiation, plutôt que par la guerre, en promouvant la coopération internationale et en favorisant le désarmement.

La Société des Nations avait pour objectif de promouvoir la coopération internationale dans tous les domaines, y compris la résolution des conflits internationaux, la réduction des armements, la protection des minorités, la promotion des droits de l'homme, la prévention des maladies et la coopération économique. C'était la première organisation internationale à avoir un mandat aussi large et à traiter autant de domaines différents.

Les sections techniques étaient une innovation importante de la Société des Nations. Elles étaient chargées de traiter les questions économiques, sociales, sanitaires, juridiques et culturelles. Cela comprenait la lutte contre les maladies, le désarmement, la gestion des colonies, la protection des minorités, la réglementation du commerce international, la propriété intellectuelle, et bien plus encore. Les sections techniques étaient constituées d'experts de différents pays membres, qui travaillaient ensemble pour trouver des solutions à ces problèmes internationaux. Cette approche technique et pragmatique était une nouvelle manière de gérer les affaires internationales et a eu une influence durable sur le système international. La Société des Nations a mis en place plusieurs sections techniques pour s'occuper de problèmes précis, tels que l’Organisation d’hygiène est l’ancêtre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a été créée en 1948 en tant qu’agence spécialisée des Nations unies. Quant à l’Organisation économique et financière, il s’agit de l’ancêtre de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) créée en 1964 pour promouvoir le développement économique des pays en développement. La Société des Nations a donc jeté les bases d’un système global qui sera développé et consolidé par les Nations unies à partir de 1945. l’Organisation d’hygiène est l’ancêtre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a été créée en 1948 en tant qu’agence spécialisée des Nations unies. Quant à l’Organisation économique et financière, il s’agit de l’ancêtre de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) créée en 1964 pour promouvoir le développement économique des pays en développement. La Société des Nations a donc jeté les bases d’un système global qui sera développé et consolidé par les Nations unies à partir de 1945.

Par ailleurs, deux organisations ne sont pas stricto census rattachées à la Société des Nations qui sont : l'Organisation internationale du travail (OIT) a été créée en 1919 en même temps que la Société des Nations, mais elle avait un fonctionnement autonome. Elle avait pour objectif de promouvoir des conditions de travail justes et humaines à travers le monde. La Cour permanente de justice internationale a été créée en 1920, à la suite de la Conférence de La Haye de 1899, qui avait déjà mis en place une Cour permanente d'arbitrage. La Cour permanente de justice internationale était une institution judiciaire destinée à régler les différends entre les États, conformément aux principes du droit international. Bien qu'elle n'ait pas été rattachée formellement à la Société des Nations, elle a travaillé en collaboration étroite avec celle-ci..

C'est un système global qui a des compétences et un champ d’action extrêmement vaste en théorie. La Société des Nations avait pour mission de régler les conflits internationaux, de maintenir la paix et la sécurité internationales, de promouvoir la coopération internationale, de lutter contre les maladies, la pauvreté et le chômage, et de garantir le respect des traités et des droits de l'homme. En théorie, elle était censée être une organisation universelle capable de s'occuper de tous les problèmes internationaux. La Société des Nations a reconnu le rôle important des organisations non gouvernementales dans les affaires internationales, et a encouragé leur participation à ses travaux. Elle a également créé un comité consultatif pour les organisations internationales non gouvernementales en 1921, qui a été remplacé en 1946 par le Comité de liaison avec les organisations internationales non gouvernementales. Ces organisations ont participé aux travaux de la Société des Nations sur diverses questions, notamment la protection des minorités, le désarmement et la coopération économique internationale. La Société des Nations a joué un rôle pionnier dans l'intégration de la société civile et des organisations non gouvernementales (ONG) dans les processus de gouvernance mondiale. Elle a ouvert ses portes à des groupes de la société civile, tels que des associations professionnelles, des syndicats, des organisations humanitaires et des groupes de défense des droits de l'homme, leur permettant de s'exprimer et de participer aux travaux de la Société des Nations. Cette approche a été poursuivie et renforcée par les Nations Unies, qui ont créé des mécanismes de participation de la société civile, tels que des ONG accréditées auprès des Nations Unies et des forums consultatifs officiels.

La création de la Société des Nations est une tentative de mettre en place un système global pour régler les conflits internationaux et coopérer sur des enjeux mondiaux. Toutefois, cette création s'est faite dans l'improvisation et la Société des Nations a connu de nombreux défauts et limites dans son fonctionnement. Les grandes puissances ont souvent fait obstacle à son action, les décisions requérant l'unanimité et le manque de moyens d'exécution ont également affaibli son efficacité. Malgré ces difficultés, la Société des Nations a jeté les bases d'un système international qui sera repris et amélioré avec la création de l'Organisation des Nations unies en 1945.

L'engagement politique de la Société des Nations

La principale mission politique de la Société des Nations était d'assurer le respect des traités de paix et de régler les conflits internationaux, notamment par l'arbitrage obligatoire et la sécurité collective. Mais les grandes puissances ont souvent ignoré ou contourné les décisions de la Société des Nations et ont préféré régler leurs affaires de manière bilatérale ou informelle. De plus, la SDN n'avait pas de véritable pouvoir coercitif pour faire appliquer ses décisions, ce qui limitait considérablement son efficacité.

Mise en application des traités de paix

L’application des traités de paix était l’une des principales missions de la Société des Nations. Elle avait pour but de régler les conflits internationaux par des moyens pacifiques, en utilisant notamment l’arbitrage, la médiation ou la conciliation. En cas d’échec, elle pouvait recourir à des sanctions économiques ou diplomatiques contre l’État agresseur. Cependant, cette mission a été souvent contrecarrée par l’attitude des grandes puissances qui ont préféré régler leurs affaires en dehors du cadre de la Société des Nations. Ainsi, la crise de Manchourie en 1931, l’annexion de l’Éthiopie par l’Italie en 1935 ou encore les accords de Munich en 1938 ont mis en évidence les limites de l’action de la Société des Nations dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

L’administration de la Sarre

La région de la Sarre a été placée sous administration française après la Première Guerre mondiale, dans le cadre des dispositions du Traité de Versailles. La Sarre a été placée sous administration de la Société des Nations, avec la France comme puissance mandataire, suite au traité de Versailles en 1919. Le but était de régler la question du charbon et de l'industrie lourde dans la région, en permettant à la France de bénéficier d'une partie de la production de charbon de la Sarre pour compenser les dommages subis pendant la Première Guerre mondiale. La Société des Nations avait alors un rôle d'arbitrage et de supervision de la gestion de la Sarre, afin de garantir les droits des habitants et de prévenir toute action hostile de la part de l'Allemagne. Cette situation a duré jusqu'en 1935, lorsque la Sarre a été réintégrée à l'Allemagne à la suite d'un référendum organisé sous l'égide de la Société des Nations.

L'administration de la Sarre par la Société des Nations a connu quelques difficultés, notamment en raison de la résistance de la population locale qui se sentait lésée dans ses droits et qui réclamait le retour de la Sarre à l'Allemagne. De plus, la France avait des intérêts économiques importants dans la région et cherchait à les protéger en imposant des restrictions à l'industrie charbonnière de la Sarre, ce qui suscitait des tensions avec l'Allemagne. Malgré ces difficultés, l'administration internationale de la Sarre a globalement été efficace et a permis d'éviter un conflit armé entre la France et l'Allemagne dans cette région.

Situation du corridor de Dantzig

La question de Dantzig est l'un des règlements territoriaux les plus controversés du traité de Versailles. Située sur la mer Baltique, la ville de Dantzig (Gdańsk en polonais) avait une population majoritairement allemande mais était revendiquée par la Pologne qui souhaitait avoir un accès direct à la mer. Le traité de Versailles a donc créé un État libre de Dantzig, placé sous la protection de la Société des Nations et dont le port était placé sous administration polonaise. Cette situation a créé de nombreux conflits entre la Pologne et l'Allemagne dans les années qui ont suivi la fin de la Première Guerre mondiale. La ville libre de Dantzig (Gdańsk en polonais) avait une population majoritairement allemande, mais avait été placée sous le contrôle de la Société des Nations en tant que ville libre en 1919, avec l'accord de la Pologne. Cependant, la Pologne revendiquait la ville comme faisant partie de son territoire, ce qui a créé des tensions avec l'Allemagne. En 1939, l'Allemagne nazie annexa la ville, ce qui contribua à déclencher la Seconde Guerre mondiale.

La ville de Dantzig est devenue une ville libre sous administration de la Société des Nations en 1920, ce qui signifie qu'elle ne faisait partie ni de l'Allemagne ni de la Pologne. Cependant, cette situation a été très instable et a contribué aux tensions entre l'Allemagne et la Pologne avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Dans le cadre du règlement de Dantzig, une zone franche est créée pour permettre à la Pologne d'avoir un accès libre à la mer. Cette zone est gérée conjointement par la Pologne et la Société des Nations, avec un conseil directeur composé de représentants des deux parties. Le corridor de Dantzig, qui donnait à la Pologne un accès à la mer Baltique en traversant le territoire allemand, a été une solution temporaire qui n'a pas réglé de manière satisfaisante les problèmes territoriaux de l'après-guerre. Cette décision a contribué à la tension entre l'Allemagne et la Pologne et a été l'une des causes de l'escalade vers la Seconde Guerre mondiale.

Règlement des conflits frontaliers

La Société des Nations a également été impliquée dans le règlement des conflits frontaliers entre différents pays, en particulier en Europe. L'Organisation a mis en place plusieurs procédures de règlement des différends, notamment la médiation, la conciliation et l'arbitrage. Ces procédures ont été mises en œuvre dans plusieurs cas de conflits frontaliers entre les pays européens, notamment entre la Hongrie et la Tchécoslovaquie en 1938, entre l'Allemagne et la Pologne en 1920, et entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie en 1923. Cependant, dans la pratique, la plupart des conflits frontaliers ont été résolus en dehors de la Société des Nations, car les grandes puissances ont souvent imposé leurs propres solutions, comme dans le cas de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne en 1938.

Cas des Îles Åland : 1919 – 1921

Les îles Åland (Grande carte)

Les îles Åland sont un archipel situé en mer Baltique, entre la Suède et la Finlande. En 1917, après la révolution russe, la Finlande a déclaré son indépendance. Cependant, la population suédophone des îles Åland a exprimé son désir de rester sous la souveraineté de la Suède.

Cette question a été résolue par la Société des Nations entre 1919 et 1921. Les îles Åland étaient un territoire finlandais majoritairement peuplé de Suédois. La Finlande, nouvellement indépendante, avait pris le contrôle des îles après la révolution russe de 1917. Les Suédois des îles ont cependant demandé à plusieurs reprises leur rattachement à la Suède, ce qui a provoqué des tensions avec la Finlande.

En 1920, la Société des Nations a été saisie de la question et a proposé une solution de compromis : les îles Åland resteraient sous souveraineté finlandaise, mais la Finlande devrait garantir les droits linguistiques et culturels des Suédois de l'archipel, ainsi que leur autonomie locale. La commission a finalement proposé que les îles Åland soient placées sous la souveraineté finlandaise, mais avec des garanties pour les droits des Suédophones, notamment en matière de langue, d'éducation et d'autonomie locale. La Finlande et la Suède ont accepté cette solution, qui a été officialisée par la signature du traité de Paris en 1921 grâce à la médiation de la Société des Nations.

La question des îles Åland a été résolue pacifiquement grâce à la médiation de la Société des Nations. Cette résolution pacifique a été perçue comme un succès de l'organisation et a encouragé les efforts pour résoudre d'autres conflits internationaux par des moyens pacifiques.

Situations en Albanie, Grèce et Serbie

La reconnaissance de l'Albanie par ses voisins était un sujet de tension majeur dans la région, ce qui a conduit à des incursions et des conflits frontaliers. De plus, la Société des Nations avait des difficultés à faire respecter ses décisions en raison du manque de soutien des grandes puissances et de la faiblesse de ses moyens d'action. Les efforts pour résoudre les conflits en Albanie ont finalement échoué, aboutissant à l'invasion de l'Albanie par l'Italie fasciste en 1939.

En réalité, la décision de la Société des Nations concernant les frontières de l'Albanie a été prise en 1921, mais elle a été contestée par la Grèce et la Yougoslavie qui ont envahi le pays en 1923. La Société des Nations a alors créé une commission de contrôle qui a permis le retrait des troupes étrangères et la mise en place d'un gouvernement albanais fort. Cependant, l'Albanie a continué de rencontrer des problèmes de frontières avec ses voisins et a souvent eu recours à la Société des Nations pour résoudre ces différends.

La procédure a été longue et difficile, mais la Société des Nations a finalement réussi à faire reconnaître les frontières de l'Albanie par la Serbie et la Grèce. Cela montre que, malgré les difficultés, la Société des Nations était capable de trouver des solutions pacifiques aux conflits territoriaux entre ses membres.

L’affaire de Corfou

Cette île grecque a été le théâtre d'incidents frontaliers entre la Grèce et l'Albanie en 1923, ce qui a entraîné une intervention de la Société des Nations. Une commission d'enquête a été envoyée sur place pour évaluer la situation et recommander des mesures de règlement.

La crise est survenue en 1923 lorsque l'amiral italien Enrico Tellini et ses collaborateurs ont été assassinés à la frontière gréco-albanaise. Les autorités italiennes ont accusé la Grèce d'être responsable de l'attaque et ont exigé des réparations, y compris une enquête indépendante menée par la Société des Nations. En réponse, l'Italie a occupé militairement l'île de Corfou, qui faisait partie du territoire grec, et a bloqué le port de Patras. Après l'assassinat du général italien Tellini et de plusieurs membres de sa commission en août 1923, l'Italie a accusé la Grèce de ne pas avoir suffisamment protégé ses ressortissants et a occupé l'île de Corfou en réponse. La Société des Nations a finalement réussi à régler le conflit en obtenant des excuses et des indemnités de la part de la Grèce pour l'assassinat de Tellini et le paiement de dommages de guerre à l'Italie pour l'occupation de Corfou.

La commission a proposé que les frontières soient clarifiées et que des mesures soient prises pour empêcher les incidents futurs. Les recommandations ont été acceptées par les deux parties et la situation s'est calmée.

Incident de Corfou

Le conflit du Chaco

Situation avant la guerre du Chaco.

Le conflit du Chaco est un conflit armé qui a eu lieu entre 1932 et 1935 entre la Bolivie et le Paraguay pour le contrôle de la région du Chaco, une zone frontalière riche en pétrole et en gaz naturel. Les deux pays revendiquaient cette région depuis de nombreuses années, mais les tentatives de négociation pour régler le différend avaient échoué. En 1932, la Bolivie a lancé une attaque surprise contre les forces paraguayennes dans le Chaco, pensant que cela serait une victoire rapide et facile. Cependant, les troupes paraguayennes ont résisté avec succès, et la guerre a rapidement évolué en une impasse sanglante et coûteuse. La Société des Nations a tenté de résoudre le conflit par la diplomatie, mais les efforts ont échoué. La guerre s'est finalement terminée en 1935 par un traité de paix qui a donné la majeure partie du Chaco au Paraguay. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et a eu des conséquences économiques et politiques importantes pour les deux pays impliqués. Cela a également mis en lumière les limites de la diplomatie internationale pour prévenir les conflits et la nécessité d'une action plus forte de la part de la communauté internationale pour résoudre les différends territoriaux.

La région du Chaco est une zone située à la frontière entre la Bolivie et le Paraguay, qui a été l'objet d'un conflit territorial entre les deux pays dans les années 1930. Cette zone était riche en pétrole et en gaz naturel, ce qui a suscité l'intérêt des deux pays pour son contrôle. Cependant, les frontières entre les deux pays étaient floues et disputées depuis des décennies, ce qui a conduit à des tensions et des conflits armés. Le Paraguay considérait également cette région comme faisant partie de son territoire. En 1928, des affrontements armés ont éclaté entre les deux pays pour le contrôle de la région, entraînant une guerre qui a duré jusqu'en 1935 et qui a été l'un des conflits les plus meurtriers de l'histoire de l'Amérique latine. Les intérêts économiques, notamment les réserves de pétrole et de gaz, ont joué un rôle important dans le déclenchement et la prolongation de ce conflit. Finalement, un traité a été signé en 1938, attribuant la majeure partie du Chaco au Paraguay.

La Société des Nations n’arrive pas à intervenir, car les États-Unis freinent le processus. les États-Unis ne sont pas membres de la Société des Nations et ne participent pas aux discussions sur le conflit du Chaco. De plus, les intérêts économiques américains dans la région, notamment avec la Standard Oil Company, peuvent expliquer leur réticence à s'impliquer. La médiation proposée par les États-Unis est rejetée par les deux parties, qui préfèrent régler le conflit par la force. Finalement, c'est un traité de paix signé en 1938 qui met fin au conflit du Chaco. les États-Unis n'ont pas ratifié le traité de Versailles et ne sont donc pas membres de la Société des Nations. De ce fait, ils n'ont pas participé activement aux décisions de l'organisation et ont souvent agi de manière indépendante dans les affaires internationales. Dans le cas du conflit du Chaco, les États-Unis ont freiné les efforts de médiation de la Société des Nations. Une commission a été envoyée sur place mais n'a pas réussi à trouver de solution, le conflit se terminant finalement par un traité de paix signé en 1935. Le compromis signé en 1935 et ratifié en 1937 accorde une partie de la région à la Bolivie et une autre au Paraguay. Après la guerre, les deux pays ont accepté une médiation des États-Unis pour négocier un traité de paix. la fin du conflit a été suivie par une occupation de la zone par une commission de surveillance mise en place par la Société des Nations et composée de représentants de l'Argentine, du Brésil, du Chili, du Pérou et de l'Uruguay.

La résolution pacifique des conflits frontaliers a été un élément important de l'action de la Société des Nations. Elle a réussi à résoudre plusieurs conflits frontaliers entre les États membres, ce qui a contribué à maintenir la paix en Europe et dans le monde. Cela a également permis d'établir des frontières claires et de renforcer la souveraineté des États. Cependant, certains conflits ont été plus difficiles à résoudre que d'autres, et la Société des Nations n'a pas toujours réussi à empêcher des conflits majeurs de se déclencher.

Les mandats sous l'égide de la Société des Nations

Les mandats de la Société des Nations étaient des territoires qui étaient placés sous la tutelle des puissances coloniales victorieuses de la Première Guerre mondiale, en tant que mandataires de la Société des Nations. Ces territoires étaient principalement situés en Afrique et au Moyen-Orient, et leur administration avait pour but de préparer ces territoires à l'indépendance et à l'autonomie. Les mandats ont été créés pour les anciennes colonies allemandes et ottomanes, ainsi que pour les anciennes colonies allemandes de la région du Pacifique. Les mandats ont été abolis après la Seconde Guerre mondiale et les territoires concernés ont obtenu leur indépendance

Pendant la Première Guerre mondiale, les puissances alliées ont réussi à vaincre les empires centraux, ce qui leur a permis de s'emparer des colonies allemandes en Afrique. Les Britanniques ont notamment pris possession des colonies allemandes du Togoland, du Tanganyika (actuelle Tanzanie), du Cameroun et de la Namibie. Ces colonies ont ensuite été placées sous mandat de la Société des Nations, conformément au principe de la gestion des territoires coloniaux.l'Empire allemand a perdu ses colonies après sa défaite lors de la Première Guerre mondiale. Le Traité de Versailles de 1919 a entériné la cession de ces colonies à la Société des Nations, qui a alors créé des mandats pour les administrer. Ces mandats ont été attribués à des puissances coloniales comme la France et le Royaume-Uni. Le Royaume-Uni s'est ainsi vu confier des mandats pour administrer des territoires comme l'Irak, la Palestine, la Transjordanie et le Tanganika (actuelle Tanzanie). La France a quant à elle reçu des mandats pour la Syrie et le Liban, ainsi que pour des territoires en Afrique, tels que le Cameroun et le Togo. La Belgique, le Rwanda-Urundi (actuels Rwanda et Burundi). Les mandats avaient pour but de préparer les territoires concernés à une future indépendance, en améliorant les infrastructures, en modernisant l'administration et en développant l'économie locale. Cependant, les puissances mandataires ont souvent exploité les ressources des territoires qu'elles administraient sans réellement se préoccuper du bien-être des populations locales. Les mandats ont donc été critiqués pour leur manque d'égalité et d'autodétermination.

le système de mandats de la Société des Nations était ambigu. D'une part, il était présenté comme un système de tutelle destiné à aider les pays mandataires à se développer jusqu'à ce qu'ils puissent accéder à l'indépendance, mais d'autre part, il était clair que les puissances mandataires avaient des intérêts économiques et politiques à protéger dans ces territoires. Cette ambiguïté a conduit à des abus et à des tensions entre les puissances mandataires et les populations locales, qui ont parfois mené à des révoltes et à des conflits. Les mandats étaient censés être une expérience d'administration internationale des territoires coloniaux démembrés des empires centraux, mais ce système était ambigu et critiqué. En effet, d'un côté, la Société des Nations n'a pas remis en cause le système colonial en place, et les mandats étaient gérés par les grandes puissances coloniales de l'époque, telles que la France et la Grande-Bretagne. D'un autre côté, la Société des Nations était censée surveiller et contrôler l'administration des mandats pour éviter les abus, ce qui soulève des questions sur sa capacité réelle à agir en tant qu'organe de régulation et de contrôle. En outre, les puissances mandataires ont souvent utilisé les ressources des territoires mandataires pour leurs propres intérêts économiques et politiques, ce qui a suscité des critiques quant à la légitimité et l'efficacité du système des mandats.

La gestion des mandats est une tentative de concilier deux objectifs contradictoires: la reconnaissance des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes et la préservation des intérêts des grandes puissances coloniales. La Société des Nations espérait ainsi progressivement mettre fin au système colonial en encourageant les colonies à devenir des États indépendants, tout en maintenant une certaine forme de contrôle sur les territoires en question. Mais dans la pratique, les grandes puissances mandataires ont souvent cherché à exploiter les colonies à leur avantage, plutôt que de les aider à se développer. les mandats ne remettent pas en cause l'ordre colonial en place, mais ils représentent une première étape vers une surveillance internationale des colonies. Cependant, cette surveillance reste limitée puisque les mandats sont gérés par des grandes puissances et la Société des Nations ne dispose pas d'un réel pouvoir pour imposer des changements. En somme, les mandats sont une tentative de concilier l'ordre colonial en place avec l'idée d'une régulation internationale, mais cette tentative reste ambigüe et incomplète.

Mandats d'Afrique et du Moyen-Orient.
1 - Mandat français en Syrie
2 - Mandat français au Liban
3 - Mandat britannique en Palestine
4 - Mandat britannique en Transjordanie
5 - Mandat britannique en Irak
6 - Mandat britannique au Togo
7 - Mandat français au Togo
8 - Mandat britannique au Cameroun
9 - Mandat français au Cameroun
10 - Mandat belge au Ruanda-Urundi
11 - Mandat britannique au Tanganyika
12 - Mandat sud-africain au Sud-Ouest africain

Selon le paragraphe 3 de l'article 22 du pacte de la Société des Nations, le caractère du mandat devait différer suivant le degré de développement du peuple, la situation géographique du territoire, ses conditions économiques et toutes autres circonstances analogues. Cela impliquait que chaque mandat avait des caractéristiques particulières en fonction de sa géographie, de son peuple et de son niveau de développement économique. Les mandats peuvent être classés en trois catégories :

  • Mandat A : les mandats de type A concernaient les anciens territoires de l'Empire ottoman et étaient confiés à la France et au Royaume-Uni. Les mandats français incluaient la Syrie et le Liban, tandis que les mandats britanniques incluaient l'Irak et la Palestine (qui comprenait alors la Jordanie). Les mandats étaient censés être gérés dans l'intérêt des populations locales et aider à leur développement économique et politique.
  • Mandat B : les mandats de type B concernaient les colonies africaines qui avaient été occupées par les puissances de l'Axe pendant la Première Guerre mondiale. Ces mandats étaient confiés à des puissances alliées telles que le Royaume-Uni, la France, la Belgique et le Portugal. Les mandats de type B étaient censés être gérés de manière à améliorer les conditions économiques et sociales des populations locales.
  • Mandat C : les mandats de type C concernaient les anciennes colonies allemandes dans le Pacifique, qui étaient également confiées à des puissances alliées. Les mandats de type C étaient censés être gérés de manière à promouvoir le bien-être des populations locales et à favoriser leur développement économique et social. Les mandats de classe C étaient prévus pour les territoires peu peuplés et éloignés des centres de civilisation, tels que le Sud-Ouest africain et certaines îles du Pacifique austral, qui ne pouvaient être mieux administrés que sous les lois du pays mandataire comme une partie intégrante de son territoire. Les mandats de classe C comprenaient notamment le territoire de Nouvelle-Guinée administré par l'Australie, Nauru administré par l'Empire britannique, les Samoa occidentales administrées par la Nouvelle-Zélande et le Sud-Ouest africain administré par l'Afrique du Sud. Les territoires étaient considérés comme partie intégrante du pays mandataire, qui les administrait avec ses propres lois.

Cette hiérarchie des mandats est liée à la perception de la "civilisation" des peuples qui y vivent. Les mandats A sont considérés comme des pays plus avancés, les mandats B moins avancés et les mandats C encore moins. Cette hiérarchisation reflète une certaine vision ethnocentrique et paternaliste des pays colonisateurs qui considéraient que les peuples colonisés devaient être "civilisés" et "éduqués" avant de pouvoir accéder à l'indépendance. Les mandats étaient gérés par les puissances coloniales, ce qui signifie que la gestion de ces territoires était encore basée sur le système colonial. Cependant, la surveillance internationale exercée par la Société des Nations a contribué à améliorer la situation dans certaines régions et à limiter les abus de la part des puissances coloniales. Le système des mandats peut donc être considéré comme un compromis entre la reconnaissance de l'ordre colonial existant et l'idée d'une gestion plus équitable des territoires coloniaux.

Le système des mandats a été mis en place par la Société des Nations (SDN) après la Première Guerre mondiale et a confié à des puissances mandataires des territoires sous leur administration temporaire en vue de les aider à se développer et à accéder à l'indépendance. La Grande-Bretagne et la France ont reçu la majorité des mandats, mais d'autres pays comme la Belgique, l'Afrique du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont également été mandataires de certains territoires. Les grandes puissances mandataires ont assumé la responsabilité de gérer les territoires sous leur administration, tandis que la Société des Nations a créé une Commission des mandats pour superviser leur administration et s'assurer que les droits des populations indigènes étaient protégés. La Commission des mandats de la Société des Nations était chargée de surveiller l'administration des territoires placés sous mandat et de conseiller les puissances mandataires dans leur gestion. Elle était dirigée par un président, William Rappard, et était composée de représentants des États membres de la Société des Nations. Elle produisait des rapports annuels qui évaluaient la situation dans les territoires sous mandat et formulait des recommandations pour améliorer leur gestion. Toutefois, la Commission des mandats n'avait pas de pouvoir de décision contraignant et dépendait de la bonne volonté des puissances mandataires pour appliquer ses recommandations. Cependant, malgré ses efforts, la Commission a souvent été critiquée pour son manque d'autorité et d'efficacité dans la protection des populations indigènes. Elle doit surveiller la gestion des grandes puissances par la production de rapports annuels et de recommandations.

La commission des mandats avait pour rôle de surveiller la gestion des mandats par les grandes puissances mandataires et de produire des rapports annuels et des recommandations. Bien que la commission n'ait pas eu de pouvoir coercitif pour faire respecter ses recommandations, elle était un moyen de surveillance et de contrôle international sur la gestion des territoires sous mandat. Le but était d'assurer que les mandataires prenaient soin de leurs territoires et de leurs populations indigènes conformément aux dispositions du pacte de la Société des Nations.

La gestion des mandats par les grandes puissances a été très controversée. Dans certains cas, les mandataires ont utilisé les ressources des territoires mandatés pour leur propre bénéfice, sans tenir compte des besoins et des intérêts des populations locales. De plus, les pouvoirs en place ont souvent été maintenus en dépit des mouvements nationalistes locaux, ce qui a souvent conduit à des conflits et des répressions violentes. Les mandats ont donc été critiqués pour leur manque d'autonomie et leur maintien des structures coloniales, ce qui a entravé le développement politique, économique et social des territoires concernés.

La gestion des mandats issus de l'Empire ottoman a été marquée par de nombreux conflits et tensions. La Palestine est un exemple notable de cette situation. La Déclaration Balfour de 1917 a promis aux Juifs un "foyer national" en Palestine, suscitant ainsi l'opposition des Arabes palestiniens et alimentant les tensions entre les communautés. La situation s'est aggravée après la fin de la Seconde Guerre mondiale et la création de l'État d'Israël en 1948, qui a conduit à l'exode de centaines de milliers de Palestiniens et à une série de guerres entre Israël et ses voisins arabes. La France a été mandatée pour administrer les territoires de la Syrie et du Liban à la suite de la Première Guerre mondiale. Elle a rencontré des difficultés à mettre en place une administration efficace et à résoudre les tensions entre les différentes communautés religieuses et ethniques de la région. En Syrie, la France a également dû faire face à une rébellion nationaliste menée par le mouvement alaouite et soutenue par d'autres groupes, ce qui a conduit à la fin de la présence française en Syrie en 1946. Au Liban, la France a contribué à la mise en place d'un système politique basé sur le confessionnalisme, qui a conduit à des tensions intercommunautaires et à une guerre civile qui a éclaté en 1975. La période des mandats a été marquée par une contestation croissante de l'ordre colonial, tant de la part des populations locales que de la part des mouvements nationalistes et des forces politiques progressistes internationales. Les mandats ont souvent été considérés comme une forme subtile de colonialisme et les populations locales ont cherché à s'organiser pour revendiquer leur indépendance et leur autonomie politique. Des mouvements nationalistes se sont formés dans plusieurs pays, avec des leaders comme Gandhi en Inde ou Ho Chi Minh au Vietnam, qui ont mené des campagnes de résistance contre l'occupant étranger. Ces mouvements ont souvent été réprimés violemment, avec des conséquences dramatiques pour les populations locales.

Les territoires mandataires dépendent à la fois des grandes puissances (qui les administrent) et de la Société des Nations (qui surveille leur gestion). Le système des mandats avait été mis en place dans l'idée de garantir une transition vers l'indépendance pour les peuples colonisés, mais dans la pratique, il a été critiqué pour avoir maintenu la domination coloniale et pour ne pas avoir suffisamment respecté les droits des populations indigènes. La Société des Nations a été un forum important pour la contestation de l'ordre colonial et de la domination des grandes puissances sur les mandats. Des pays membres de la Société des Nations ont soulevé des questions et des critiques concernant la gestion des mandats, notamment en ce qui concerne les droits des populations indigènes et les politiques économiques et sociales. Des commissions d'enquête ont été créées pour enquêter sur les abus et violations des droits de l'homme, et des recommandations ont été émises pour améliorer la gestion des mandats. Cependant, la Société des Nations n'avait pas de pouvoir coercitif pour faire respecter ces recommandations, et les grandes puissances ont souvent ignoré les critiques et les demandes de réforme.

L'existence de la Commission des mandats et la publication de ses rapports ont contribué à une évolution de l'approche de la colonisation. Les débats au sein de la Société des Nations ont permis de mettre en lumière les problèmes liés à la gestion des territoires colonisés et ont favorisé une réflexion sur les droits des peuples colonisés. Les recommandations de la commission ont également amené certaines puissances mandataires à améliorer la gestion des territoires placés sous leur responsabilité. Cependant, ces avancées sont restées limitées et que la plupart des mandats ont continué à être gérés de manière autoritaire et paternaliste.

Protection et droits des minorités

Déplacements de populations et déportations en Europe au XXe siècle.

La fin de la Première Guerre mondiale a entraîné l'effondrement de plusieurs empires multinationaux en Europe et au Moyen-Orient, notamment l'Empire austro-hongrois, l'Empire russe et l'Empire ottoman. Cela a entraîné une refonte des frontières et la création de nouveaux États-nations, comme la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Pologne en Europe, et la Syrie, le Liban, l'Irak et la Jordanie au Moyen-Orient. Cette redéfinition des frontières n'a pas toujours été pacifique et a souvent été le résultat de conflits, de guerres et de négociations difficiles entre les puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale. Les changements de frontières à la suite de la Première Guerre mondiale ont créé de nombreuses minorités. Par exemple, l'Autriche-Hongrie était un empire multinational qui abritait de nombreux groupes ethniques différents. Lorsque l'empire s'est effondré, de nouveaux États ont été créés, tels que la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie, mais ils ont également entraîné la création de minorités ethniques qui ont été laissées dans des États où elles n'étaient pas majoritaires. Les traités de paix ont également créé des situations où des minorités se sont retrouvées sous le contrôle de puissances qui n'étaient pas nécessairement désireuses de les protéger. La dislocation des empires multinationaux a entraîné la création de minorités nationales et ethniques dans de nombreux pays d'Europe. Par exemple, la Tchécoslovaquie a été créée en 1918 à partir des territoires de l'Empire austro-hongrois et a inclus des populations tchèques, slovaques, allemandes, hongroises et polonaises. Les minorités hongroises en Tchécoslovaquie ont souvent été discriminées et leur situation s'est aggravée après l'annexion de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne nazie en 1938. De même, en Bulgarie, il y avait des minorités turques et slovènes, en Albanie des minorités grecques et en Roumanie des minorités hongroises, allemandes et juives. Cette situation a souvent conduit à des tensions et à des conflits entre les différents groupes ethniques.

La création de nouvelles frontières à la suite de la fin de la Première Guerre mondiale a entraîné la création de nombreuses minorités ethniques. Cela a été particulièrement le cas en Europe centrale et orientale, où de nombreux empires multinationaux se sont effondrés, tels que l'Empire austro-hongrois et l'Empire russe. Ainsi, de nombreuses minorités ont été créées dans des pays nouvellement créés, telles que les minorités hongroises en Tchécoslovaquie, les minorités allemandes en Pologne et en Tchécoslovaquie, les minorités polonaises en Allemagne et en Union soviétique, etc. Ces minorités ont souvent été confrontées à des difficultés pour s'intégrer dans leur nouveau pays et ont souvent été victimes de discriminations et de persécutions.

La fin de la Première Guerre mondiale a entraîné un grand nombre de mouvements de population en Europe, avec des millions de réfugiés et d'apatrides. Les nouveaux États créés à partir de l'éclatement des empires centraux ont été confrontés à des défis considérables pour intégrer ces populations et pour gérer les tensions entre les différentes communautés ethniques et religieuses. Par exemple, en Tchécoslovaquie, les Sudètes (peuplée en majorité d'Allemands) ont commencé à demander plus d'autonomie et une plus grande représentation politique, ce qui a conduit à des tensions avec le gouvernement tchécoslovaque. En Yougoslavie, les tensions entre les différentes communautés ethniques (Serbes, Croates, Slovènes, etc.) ont contribué à l'instabilité politique et à l'effondrement du pays dans les années 1990.

La Seconde Guerre mondiale a accentué les problèmes de minorités et de mouvements de population en Europe. Les politiques d'expulsion, de déportation et de génocide menées par les régimes nazis et soviétiques ont entraîné la mort de millions de personnes et ont conduit à des mouvements massifs de population à travers le continent. Les accords de Yalta en 1945 ont acté le transfert de populations entre l'Allemagne et la Pologne, ce qui a conduit à l'expulsion de millions d'Allemands de Pologne, de Tchécoslovaquie et d'autres régions de l'Europe centrale et orientale. De même, la déportation de populations tatares de Crimée par les Soviétiques et l'expulsion des Turcs de Grèce ont entraîné des déplacements massifs de population dans la région. Ces événements ont laissé des traces profondes et durables dans l'histoire de l'Europe et ont influencé les relations entre les pays de la région jusqu'à nos jours.

La création de nouveaux États après la Première Guerre mondiale a permis de réduire le nombre d'apatrides, mais elle a également créé de nouvelles minorités et tensions ethniques. Les camps de réfugiés ont été créés pour accueillir les personnes déplacées et apatrides, mais beaucoup de ces camps sont devenus des lieux de vie permanents pour des millions de personnes pendant des décennies. Après la Seconde Guerre mondiale, la création de l'Organisation des Nations unies et du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a permis d'améliorer la situation des réfugiés et des personnes déplacées. Les camps de réfugiés sont devenus des lieux de transit plutôt que de vie permanents, mais ils sont toujours utilisés de nos jours pour accueillir les personnes déplacées par les conflits et les crises humanitaires.

Le XXème siècle a vu l'apparition de nombreux apatrides en raison des bouleversements politiques, des conflits et des changements de frontières qui ont eu lieu. Les apatrides sont des personnes qui ne sont pas considérées comme citoyennes d'un État, sans nationalité ou sans document d'identité reconnu. Ils sont souvent privés de droits fondamentaux, tels que l'accès à l'éducation, aux soins de santé et au travail, et peuvent être soumis à la détention et à la discrimination. Les apatrides peuvent également être victimes de déplacements forcés, de la violence et de l'exploitation. C'est un problème humanitaire qui persiste encore aujourd'hui.

La question des minorités était cruciale dans l'Europe de l'après-Première Guerre mondiale. Les États membres de la Société des Nations se sont engagés à protéger les minorités dans le cadre du traité de Versailles et de la création de nouveaux États en Europe centrale et orientale. Les minorités ethniques étaient souvent concentrées dans des régions géographiques spécifiques et étaient souvent victimes de discriminations ou de persécutions de la part des majorités nationales. La Société des Nations a donc créé une série de mécanismes pour protéger les minorités, y compris des commissions internationales pour surveiller les droits des minorités et des tribunaux pour résoudre les différends entre les minorités et les gouvernements. Cependant, l'efficacité de ces mécanismes était souvent limitée en raison de l'opposition des gouvernements nationaux ou du manque de ressources et de pouvoir de la Société des Nations pour les faire respecter.

La Société des Nations a élaboré des clauses de protection des minorités qui devaient être incluses dans les traités de paix conclus après la Première Guerre mondiale. Ces clauses ont été incluses dans les traités de Versailles, de Saint-Germain-en-Laye et de Trianon, qui ont redessiné les frontières de l'Europe de l'Est et ont créé de nouveaux États. Les Traités sur les minorités furent une tentative importante de protéger les minorités en Europe après la Première Guerre mondiale. Ils ont été inclus dans les traités de paix signés à la Conférence de paix de Paris en 1919, qui ont mis fin à la Première Guerre mondiale et ont créé la Société des Nations. Ces traités ont été signés par les nouvelles nations émergentes et les anciennes puissances impériales, qui ont accepté de protéger les minorités dans leurs territoires. Les traités énonçaient des droits spécifiques pour les minorités nationales et linguistiques, comme l'éducation et l'usage de leur langue maternelle, la protection contre la discrimination, l'égalité devant la loi, la liberté de religion et de culture, et la représentation politique dans les institutions gouvernementales.

Pour gérer la question des minorités, la Société des Nations a mis en place un système de pétitions. Les membres de minorités pouvaient adresser une pétition directement à la Société des Nations pour signaler toute violation de leurs droits. La Société des Nations a ensuite enquêté sur la situation et, si nécessaire, a agi pour faire respecter les droits de la minorité concernée.

Ce système a connu quelques succès dans la protection des minorités, mais il avait ses limites. Tout d'abord, les États pouvaient ne pas coopérer avec les enquêtes de la Société des Nations. De plus, certains États membres de la Société des Nations ont vu les pétitions comme une ingérence dans leurs affaires intérieures, ce qui a souvent entraîné des tensions diplomatiques. Enfin, la protection des minorités dépendait également de la volonté politique des États membres de la Société des Nations, qui n'étaient pas toujours enclins à agir en faveur des minorités. Durant les années 1920, le système des pétitions de la Société des Nations a permis de régler de nombreux conflits de minorités. Les États membres se sont engagés à respecter les traités relatifs aux minorités qu'ils ont signés, et les minorités ont utilisé les pétitions pour alerter la Société des Nations des violations de leurs droits. La Société des Nations a ainsi envoyé des enquêteurs sur le terrain pour examiner les plaintes et les États ont été contraints de prendre des mesures pour remédier à la situation. Ce système a donc permis de réduire les tensions entre les différentes communautés et de prévenir les conflits. Cependant, ce système a montré ses limites dans les années 1930, avec la montée des régimes autoritaires et la remise en cause des traités relatifs aux minorités. La Société des Nations a également été affaiblie par le refus de certains États membres de coopérer, ce qui a rendu la résolution des conflits plus difficile. La mise en place d'un système de veille et de contrôle par la Société des Nations a permis d'éviter un certain nombre de tensions entre les États et les minorités au cours des années 1920. Les pétitions des minorités étaient examinées par la Société des Nations qui pouvait alors émettre des recommandations ou des résolutions à l'attention des États concernés. En outre, des missions d'enquête pouvaient être envoyées sur place pour évaluer la situation et formuler des recommandations. Ce système a donc permis de mettre en place un dialogue entre les États et les minorités, et d'éviter que les tensions ne dégénèrent en conflits ouverts. Cependant, ce système n'était pas parfait et a parfois été critiqué pour son manque d'efficacité.

La question kurde est l'un des exemples les plus marquants de la difficulté de gérer les minorités dans l'entre-deux-guerres. Les Kurdes étaient répartis entre plusieurs États, principalement la Turquie, l'Irak, l'Iran et la Syrie, et souffraient de discrimination et de persécution dans chacun de ces États. Les Kurdes avaient lutté pour obtenir leur propre État, mais leurs revendications avaient été rejetées par les puissances coloniales et les États nouvellement créés après la Première Guerre mondiale.

Dans les années 1930, les Kurdes en Turquie ont mené une insurrection contre le gouvernement turc pour obtenir plus d'autonomie et de droits. Cette insurrection a été violemment réprimée par les forces turques, faisant des milliers de morts et de déplacés. La Société des Nations a été appelée à intervenir, mais elle n'a pas réussi à trouver une solution viable. le traité de Sèvres avait prévu la création d'un État kurde indépendant, mais celui-ci n'a jamais été mis en place en raison des pressions exercées par la Turquie. En 1923, le traité de Lausanne a remplacé celui de Sèvres, mettant fin à la guerre entre la Turquie et les Alliés. Ce nouveau traité a entériné la perte des territoires ottomans en Europe et en Asie au profit des puissances victorieuses, mais il n'a pas créé d'État kurde indépendant. Les Kurdes se sont retrouvés divisés entre la Turquie, l'Irak, la Syrie et l'Iran, sans jamais avoir obtenu l'indépendance qu'ils revendiquent depuis longtemps. Les Kurdes sont devenus une minorité répartie entre la Turquie, la Syrie, l'Irak et l'Iran suite à la révision du traité de Sèvres au traité de Lausanne en 1923. Le Kurdistan prévu dans le traité de Sèvres n'a pas été créé et les Kurdes se sont retrouvés sous la souveraineté de différents États qui n'ont pas toujours respecté leurs droits. Depuis lors, les Kurdes ont mené des luttes pour l'autodétermination et la reconnaissance de leurs droits, parfois au prix de conflits violents avec les États dans lesquels ils vivent. Cette situation a conduit à des mouvements de contestation et des conflits armés, notamment avec le PKK en Turquie. La question kurde est toujours d'actualité aujourd'hui, avec des mouvements séparatistes et des violences dans plusieurs pays où les Kurdes sont présents. Les tensions autour de la question kurde sont toujours d'actualité dans la région, avec des revendications d'autonomie ou d'indépendance de la part des Kurdes en Turquie, en Irak, en Iran et en Syrie. Malgré quelques avancées dans la reconnaissance des droits des Kurdes dans certains pays, leur situation reste souvent précaire et sujette à des conflits avec les autorités centrales.

Dans les années 1920, la Société des Nations parvient à contenir les tensions liées aux minorités en Europe. Les Traités de paix de Paris de 1919-1920 avaient reconnu le principe des minorités nationales et linguistiques, et la Société des Nations avait été créée pour surveiller leur traitement. Les États membres s'engagèrent à respecter les droits des minorités et à garantir leur protection. La Société des Nations a mis en place un système de pétitions qui a permis aux minorités de signaler les violations de leurs droits aux autorités internationales, ce qui a contribué à prévenir les conflits. Cependant, la Grande Dépression économique des années 1930 et l'échec de la Société des Nations à empêcher l'Allemagne nazie de réarmement ont affaibli l'influence de cette organisation et ont favorisé la montée des régimes autoritaires en Europe. Les tensions entre les minorités ont alors repris de plus belle, conduisant à des conflits violents qui ont finalement débouché sur la Seconde Guerre mondiale. Les Sudètes étaient une région de Tchécoslovaquie habitée majoritairement par des germanophones et revendiquée par l'Allemagne nazie. Hitler s'est servi de cette situation pour exiger l'annexion des Sudètes par l'Allemagne, ce qui a mené à la crise de Munich en 1938 et finalement à l'annexion de la région par l'Allemagne. De même, le corridor de Dantzig était une bande de territoire qui reliait la Pologne à la mer Baltique et qui était revendiquée par l'Allemagne. Ces revendications territoriales ont été utilisées comme prétexte pour justifier les ambitions expansionnistes de l'Allemagne nazie et finalement déclencher la Seconde Guerre mondiale.

La question des minorités a été l'une des causes de la montée des tensions menant à la Seconde Guerre mondiale. Malgré les efforts de la Société des Nations pour gérer les tensions et protéger les droits des minorités, certains États ont continué à agir de manière discriminatoire envers certaines minorités, ce qui a exacerbé les tensions et a conduit à la guerre.

La politique de sécurité collective

La politique de sécurité collective est basée sur l'idée que tous les États membres de la Société des Nations doivent travailler ensemble pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Cela signifie que si un État membre attaque ou menace un autre État membre, tous les autres États membres doivent intervenir pour défendre la victime de l'agression. C'était un changement important par rapport à la politique traditionnelle de la balance des puissances, où les États cherchaient à maintenir un équilibre de puissance pour éviter la guerre. Avec la politique de sécurité collective, l'idée était d'empêcher les conflits armés avant même qu'ils n'aient lieu, en assurant que l'ensemble des États membres soient solidaires les uns envers les autres. Cependant, la politique de sécurité collective a connu des limites importantes. Certains États membres n'étaient pas disposés à s'engager à utiliser la force militaire pour protéger d'autres États membres. De plus, la Société des Nations manquait de moyens de coercition suffisants pour faire respecter ses décisions. Ces limites ont rendu difficile pour la Société des Nations de prévenir la montée du fascisme et de l'agression en Europe dans les années 1930. . C’est un système interdépendant. La politique de sécurité collective repose sur l'idée que les États membres de la Société des Nations sont interdépendants et qu'une agression contre un État membre est une agression contre l'ensemble des États membres. Cela signifie que les États membres ont l'obligation de coopérer pour assurer la sécurité de tous les États membres et pour maintenir la paix et la sécurité internationales.

Les articles 8 et 16 du pacte de la Société des Nations sont les bases juridiques et intellectuelles sur lesquelles repose la politique de sécurité collective de la Société des Nations. L'article 8 du Pacte de la Société des Nations préconise la réduction des armements nationaux au minimum compatible avec la sécurité nationale et les obligations internationales, afin de maintenir la paix. Le Conseil de la Société des Nations devait préparer les plans de cette réduction, qui seraient examinés et décidés par les gouvernements membres. Après leur adoption, la limite des armements ne pouvait être dépassée sans le consentement du Conseil. Cet article visait donc à freiner la course aux armements entre les États membres, considérée comme l'une des principales causes des guerres. L'article 16 va plus loin en affirmant que si une agression est commise contre un État membre de la Société des Nations, tous les autres États membres sont tenus de prendre des mesures pour mettre fin à l'agression. Cela peut inclure des sanctions économiques ou même une intervention militaire. En théorie, cette politique de sécurité collective aurait dû dissuader les États de recourir à la force pour régler leurs différends et maintenir la paix internationale. Cependant, en pratique, elle s'est avérée difficile à appliquer en raison de la réticence des États membres à engager des ressources et des vies pour résoudre les conflits des autres États membres.

L'un des objectifs principaux de la Société des Nations était de mettre en place une politique de sécurité collective. Cette politique visait à faire en sorte que tous les États membres travaillent ensemble pour maintenir la paix et la sécurité internationales, en se soutenant mutuellement face à toute agression d'un État membre. Pour atteindre cet objectif, la Société des Nations a mis en place divers mécanismes, tels que des conventions internationales, des conférences de désarmement et des sanctions économiques contre les États agresseurs. La Conférence de désarmement est mise en place par la Société des Nations en 1932. Elle a pour objectif de réduire les armements de tous les États membres dans le but de maintenir la paix internationale. Cependant, elle ne parvient pas à aboutir à un accord satisfaisant pour tous les pays, et elle échoue en 1934. Cette situation a contribué à la montée des tensions internationales dans les années qui ont suivi.

La Société des Nations a encouragé la signature de différents pactes internationaux entre les États membres, qu'elle garantissait pour renforcer la stabilité et la paix internationales. Par exemple, le Pacte de Paris (ou Pacte Briand-Kellogg) de 1928 visait à renoncer à la guerre comme moyen de résoudre les différends internationaux. La Société des Nations a également favorisé la signature de traités de paix entre les pays qui avaient été en conflit, tels que le traité de Locarno de 1925, qui a établi des garanties de sécurité entre la France, l'Allemagne et la Belgique.

Le pacte de Locarno est un accord important signé le 1er décembre 1925 à Locarno, en Suisse, entre l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Royaume-Uni et la Tchécoslovaquie, sous l'égide de la Société des Nations. Cet accord prévoyait notamment la reconnaissance des frontières occidentales de l'Allemagne, fixées par le traité de Versailles, ainsi que la garantie mutuelle de la France et de l'Allemagne de leurs frontières communes avec la Belgique et le Luxembourg. Ce pacte est considéré comme un symbole de la paix et de la stabilité en Europe durant les années 1920, mais son impact sera limité dans les années qui suivent. le Pacte de Locarno est un événement majeur dans la mise en place de la sécurité collective. Il a permis de stabiliser les frontières occidentales de l'Allemagne et orientales de la France, tout en renforçant la sécurité de l'Europe de l'Ouest. En effet, l'Allemagne, la Belgique, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie ont signé des accords de garantie mutuelle dans le cadre du pacte de Locarno, qui a également permis à l'Allemagne d'adhérer à la Société des Nations en 1926. Ce pacte a également été critiqué pour ne pas avoir réglé la question des frontières orientales de l'Allemagne, ce qui a pu laisser un ressentiment en Allemagne.

Pays signataires du pacte Briand-Kellogg.

Le pacte Briand-Kellogg, également connu sous le nom de Pacte de Paris, a été signé en 1928 entre la France et les États-Unis, ainsi que par de nombreux autres États par la suite, pour renoncer à la guerre en tant que moyen de résoudre les conflits internationaux. Le pacte affirmait que les États signataires s'engageaient à régler pacifiquement tous les différends internationaux et à ne jamais recourir à la guerre. Bien que le pacte ait été largement considéré comme un geste symbolique plutôt que comme une mesure concrète de désarmement, il a néanmoins marqué une étape importante dans les efforts internationaux pour éviter la guerre. Le Pacte Briand-Kellogg est considéré comme un des symboles de l'idéal pacifiste de l'entre-deux-guerres. Il a été signé par plusieurs pays, dont la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, etc. Le pacte affirmait que la guerre ne devrait plus être utilisée comme moyen de résoudre les conflits internationaux et que les signataires devaient régler leurs différends pacifiquement. Malgré l'enthousiasme initial, le pacte n'a pas réussi à empêcher la montée des tensions internationales dans les années 1930 et la Seconde Guerre mondiale a éclaté en 1939. Le pacte Briand-Kellogg avait pour but de condamner la guerre comme moyen de résolution des conflits et comme instrument d'une politique nationale. Les signataires s'engageaient à recourir à des moyens pacifiques pour régler leurs différends et à ne pas recourir à la guerre, sauf en cas de légitime défense.

Le projet de fédération des peuples européens proposé par Aristide Briand en 1929 visait à créer une union européenne basée sur le principe de la sécurité collective. Briand cherchait à créer une fédération des nations européennes afin de prévenir toute future guerre sur le continent. Le projet a été accueilli favorablement par certains pays européens, mais a également rencontré des oppositions de la part d'autres pays comme la Grande-Bretagne, qui craignait de perdre sa souveraineté. Finalement, le projet n'a pas abouti. Il a néanmoins jeté les bases de la coopération européenne qui allait se développer après la Seconde Guerre mondiale.

Dans les années 1930, la montée des régimes totalitaires et l'expansionnisme de l'Allemagne nazie ont conduit à la fragilisation puis à l'effondrement de la Société des Nations et de ses initiatives. Le réarmement allemand, le remilitarisation de la Rhénanie et l'annexion de l'Autriche en 1938 ont montré la faiblesse de la politique de désarmement et de sécurité collective mise en place par la Société des Nations. En fin de compte, la Seconde Guerre mondiale a éclaté et a rendu obsolète le rôle de la Société des Nations dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Plusieurs facteurs ont contribué à l'incapacité de la Société des Nations à maintenir la paix et la sécurité internationales :

  • Le vote à l'unanimité était l'une des règles fondamentales de la Société des Nations et cela a souvent entraîné des blocages dans la prise de décisions. Les membres de la SDN avaient des intérêts et des priorités différentes, et certains pays avaient des ambitions territoriales qui ne pouvaient être satisfaites que par la force. De plus, certains membres de la Société des Nations, tels que les États-Unis, n'ont jamais adhéré à l'organisation, affaiblissant ainsi sa crédibilité et son autorité.
  • Absence de dispositif coercitif : c'est une autre des faiblesses de la Société des Nations. Les sanctions économiques ou politiques décidées par la Société des Nations ne pouvaient pas être imposées aux pays concernés sans leur consentement. Ainsi, dans les années 1930, l'Italie a pu continuer son invasion de l'Éthiopie malgré les sanctions décidées par la Société des Nations, et le Japon a pu se retirer de l'organisation en 1933 sans subir de conséquences. Cette absence de dispositif coercitif a limité l'efficacité de la Société des Nations dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
  • Universalisme incomplet : l’'universalisme de la Société des Nations était incomplet. Les États-Unis, bien qu'ayant participé aux discussions lors de la création de la SDN, n'ont jamais adhéré à l'organisation, principalement en raison de l'opposition du Sénat américain à la ratification du traité de Versailles qui incluait la charte de la SDN. De plus, l'exclusion des pays vaincus de la Première Guerre mondiale (Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulgarie, Empire ottoman) a été un choix politique qui a eu pour conséquence de limiter l'universalité de l'organisation. L'Union Soviétique a rejoint la Société des Nations en 1934, cependant elle s'est retirée en 1939 à la suite de l'invasion de la Finlande, qui a conduit à une condamnation internationale de son action. Cette exclusion a montré les limites de la participation de l'URSS à la Société des Nations, ainsi que les limites de l'efficacité de l'organisation en tant que forum de diplomatie multilatérale. Plusieurs pays d'Amérique latine ont adhéré à la Société des Nations dans les années 1920, notamment l'Argentine, le Brésil, le Chili, le Mexique et le Pérou. Cependant, au cours des années 1930, certains de ces pays ont commencé à se retirer de l'organisation en raison de leur mécontentement face à l'incapacité de la Société des Nations à résoudre les conflits internationaux. L'Argentine et le Brésil ont tous deux quitté la Société des Nations au cours des années 1930. L'Argentine a quitté l'organisation en 1933 en signe de protestation contre la politique de la Société des Nations à l'égard du Paraguay lors de la guerre du Chaco. Le Brésil a quitté en 1935 pour des raisons similaires, en protestation contre la position de la Société des Nations lors de la guerre civile espagnole. L'universalisme incomplet de la Société des Nations est un facteur qui a considérablement affecté sa légitimité. En effet, la non-adhésion de certains pays majeurs, comme les États-Unis, l'Union soviétique, l'Allemagne nazie et le Japon, a considérablement limité la portée et l'influence de la Société des Nations. De plus, l'exclusion des vaincus de la Première Guerre mondiale, comme l'Allemagne, a également contribué à l'affaiblissement de l'organisation. Tout cela a renforcé le sentiment de certaines nations que la Société des Nations était un instrument au service des puissances occidentales, ce qui a sapé sa crédibilité et son autorité.
  • une autre raison pour laquelle la Société des Nations a échoué à maintenir la paix dans les années 1930 est la mésentente entre les grandes puissances qui en étaient membres. Les États-Unis ont refusé d'adhérer à la Société des Nations, réduisant ainsi son influence internationale, tandis que les grandes puissances européennes (Royaume-Uni, France, Italie, Allemagne) avaient souvent des intérêts divergents. Par exemple, en 1935, l'Allemagne a commencé à réarmer et à remilitariser la Rhénanie en violation du traité de Versailles. La France a proposé des sanctions économiques contre l'Allemagne, mais le Royaume-Uni s'est opposé à cette proposition, craignant que cela ne conduise à une nouvelle guerre. Cela a conduit à une impasse à la Société des Nations et a montré que les grandes puissances étaient plus préoccupées par leurs propres intérêts que par la paix internationale. la France et la Grande-Bretagne avaient des visions différentes sur les objectifs de la Société des Nations et sur la façon de la faire fonctionner. La France voulait une sécurité collective forte pour contrer l'Allemagne et se protéger de toute agression future, tandis que la Grande-Bretagne préférait une sécurité collective plus faible et une coopération économique pour éviter une nouvelle guerre. De plus, la France a souvent été critiquée pour son intransigeance dans les négociations et sa volonté de maintenir la sécurité à tout prix, même au détriment de l'efficacité de la Société des Nations. La Grande-Bretagne a souvent été considérée comme hésitante et peu impliquée dans les affaires internationales. Cette mésentente entre les deux grandes puissances a conduit à une faiblesse de la Société des Nations et a rendu difficile la prise de décisions efficaces. La France est très attachée à l'idée de sécurité collective, car elle veut éviter à tout prix une nouvelle guerre avec l'Allemagne. Pour cela, elle considère que la mise en place d'une organisation internationale capable de garantir la sécurité des États est la solution la plus efficace. C'est pourquoi elle soutient le traité de Léon Bourgeois, qui propose la création d'une société d'arbitrage international, puis la Société des Nations. La Grande-Bretagne est davantage préoccupée par la défense de son empire et de ses intérêts mondiaux que par les affaires européennes. Elle se méfie également de la sécurité collective, craignant qu'elle ne la lie à des engagements coûteux et risqués. En outre, la Grande-Bretagne a une politique de conciliation envers l'Allemagne, estimant qu'une Allemagne faible et pacifiée est préférable à une Allemagne forte et revancharde. Ces différences de point de vue entre la France et la Grande-Bretagne ont conduit à des tensions et à des désaccords au sein de la Société des Nations. La Grande-Bretagne craignait que la France, forte de sa position dominante en Europe, ne cherche à imposer ses vues et son hégémonie sur les autres pays européens. Elle a donc préféré encourager le redressement économique de l'Allemagne, en lui accordant notamment des prêts et en favorisant ses échanges commerciaux, dans l'espoir de rétablir un équilibre de puissance en Europe. Cette politique a été mise en œuvre notamment par l'accord de Locarno en 1925, qui a permis la reconnaissance mutuelle des frontières occidentales de l'Allemagne et de la France, et par le plan Dawes en 1924, qui a organisé le paiement des réparations de guerre par l'Allemagne. Cette divergence de vision entre la France et la Grande-Bretagne est l'une des principales raisons de la difficulté à faire fonctionner efficacement la Société des Nations. Les deux pays ont des intérêts différents en Europe et dans le monde, et ont donc du mal à s'entendre sur les décisions à prendre au sein de la Société des Nations. En outre, la Grande-Bretagne est davantage préoccupée par ses intérêts économiques et commerciaux dans le monde, ce qui la rend moins disposée à s'engager dans des conflits qui ne la concernent pas directement. Cela a eu pour conséquence que la France s'est souvent retrouvée isolée dans ses initiatives pour renforcer la sécurité collective. La mésentente entre les grandes puissances est un facteur clé dans l'échec de la Société des Nations.

L’action des sections techniques

Les sections techniques de la Société des Nations étaient chargées des activités non politiques. Elles étaient organisées autour de thèmes tels que la santé, l'éducation, la culture, les transports, la communication, etc. Le but était de favoriser la coopération internationale dans ces domaines en encourageant les échanges d'informations et de bonnes pratiques entre les pays membres. Les sections techniques ont été considérées comme une réussite de la Société des Nations car elles ont permis des avancées concrètes dans de nombreux domaines. Les sections techniques avaient pour but de traiter de questions techniques et pratiques telles que la santé, l'éducation, le commerce, les transports, la culture, les sciences, l'agriculture, la communication, etc. Elles étaient chargées de promouvoir la coopération internationale et d'encourager les échanges entre les nations dans ces domaines. L'idée était de créer un système mondial de régulation et de coordination pour l'ensemble de ces activités, afin de favoriser le développement économique et social et de prévenir les conflits. La Société des Nations avait pour ambition de créer un système international qui réglemente non seulement les affaires politiques, mais également les questions économiques, sociales, culturelles, sanitaires, etc. C'est dans cette optique qu'elle a créé les sections techniques et les commissions spécialisées qui étaient chargées de traiter ces différentes questions. Cela montre que la Société des Nations avait une vision ambitieuse pour l'organisation de la coopération internationale, qui dépasse largement le simple cadre de la sécurité et de la paix.

Domaine économique et finance

La notion de régulation économique à l'échelle internationale est apparue après la Première Guerre mondiale, avec la création de la Société des Nations. Les dirigeants de l'époque ont compris que la guerre était souvent le résultat de tensions économiques et de rivalités commerciales entre les nations, et ont donc cherché à réguler ces échanges pour éviter de nouvelles catastrophes. La Société des Nations a ainsi créé plusieurs organisations spécialisées dans le domaine économique, comme l'Organisation internationale du travail (OIT) en 1919 et l'Union postale universelle (UPU) en 1920. Elle a également encouragé la coopération internationale en matière de commerce et d'investissement, avec la mise en place de traités bilatéraux et multilatéraux.

A l'époque de la création de la Société des Nations, le libéralisme économique était largement accepté comme la norme, et la plupart des pays fonctionnaient selon ce schéma de pensée. La notion de régulation économique était donc une idée relativement nouvelle. L'idée d'une régulation de l'économie internationale était largement absente du débat politique avant la Première Guerre mondiale. En outre, la mondialisation des échanges économiques et financiers était encore limitée, ce qui limitait l'impact des régulations économiques au niveau international. Enfin, la notion de souveraineté nationale était encore très importante, ce qui limitait la capacité de la Société des Nations à intervenir dans les affaires économiques des États membres. L’idée d’une régulation de l’économie internationale est en dehors du radar intellectuel des hommes politiques.

La Première Guerre mondiale a montré les limites du libéralisme économique et la nécessité d'une régulation économique internationale. Les échanges commerciaux entre les pays ont été perturbés, les marchés ont été déstabilisés, les prix ont augmenté, les monnaies se sont dépréciées, etc. Ces problèmes ont incité les hommes politiques à s'interroger sur la nécessité d'une régulation économique internationale pour éviter de nouvelles crises. C'est ainsi que l'idée de la régulation économique internationale a émergé à la fin de la Première Guerre mondiale, même si elle n'était pas encore bien définie.

La Société des Nations a été le premier forum international à aborder la question de la régulation économique internationale. Elle a créé plusieurs commissions et organisations chargées de travailler sur des questions économiques, telles que l'Organisation internationale du travail, ou encore l'Office international des réfugiés. La Société des Nations a également organisé des conférences économiques internationales pour discuter de questions telles que la réduction des barrières tarifaires, la coordination des politiques monétaires, ou encore le règlement des dettes inter-étatiques. Ces efforts ont conduit à l'adoption de plusieurs conventions internationales, comme la Convention de Genève sur les transports internationaux de marchandises par route, ou encore la Convention internationale pour l'unification de certaines règles en matière de connaissement. Bien que la Société des Nations n'ait pas réussi à mettre en place une régulation économique internationale complète, elle a jeté les bases du système économique international qui allait émerger après la Seconde Guerre mondiale, avec la création du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, et du GATT (qui allait devenir l'Organisation mondiale du commerce).

La dislocation de l'Empire austro-hongrois a entraîné de nombreux problèmes économiques et financiers dans les pays nouvellement créés. En effet, l'ancien empire était un marché commun qui permettait une libre circulation des biens et des personnes, mais avec son démantèlement, les nouvelles frontières ont entravé les échanges commerciaux et ont rendu la situation économique fragile. De plus, l'Empire austro-hongrois avait une monnaie commune, la couronne, qui était utilisée dans l'ensemble du territoire et qui avait une valeur relativement stable. Après sa dislocation, chaque nouveau pays a créé sa propre monnaie, entraînant une inflation importante et une dévaluation de la monnaie. La reconstruction du système bancaire et financier a donc été une priorité pour les nouveaux pays créés à la suite de la dislocation de l'Empire austro-hongrois. Cette reconstruction a été encouragée par la Société des Nations qui a mis en place des commissions pour aider les pays à régler les problèmes économiques et financiers causés par le démantèlement de l'empire.

La dislocation de l'Autriche-Hongrie a laissé les nouveaux États issus de la région sans une infrastructure financière et économique solide. l'Autriche et la Hongrie étaient des pays importants dans l'économie européenne avant la Première Guerre mondiale. Leur démantèlement a donc créé des perturbations dans l'économie européenne. Par exemple, la suppression de la zone douanière austro-hongroise a créé des barrières commerciales entre les nouveaux États indépendants, ce qui a limité les échanges et perturbé les économies nationales. De plus, la plupart de ces nouveaux États étaient confrontés à des problèmes économiques majeurs, tels que l'inflation et le chômage, qui ont compliqué la reconstruction de leur économie. La Société des Nations a donc joué un rôle important dans la coordination des efforts pour stabiliser ces économies et favoriser leur développement. C'est dans ce contexte que la Société des Nations a mis en place des commissions d'experts pour aider ces États à reconstruire leur système bancaire et financier. Ces commissions ont travaillé à la restructuration des banques centrales, à l'établissement de nouvelles monnaies et de nouvelles politiques économiques. Elles ont également travaillé à la mise en place d'accords commerciaux entre les nouveaux États. Ces efforts ont permis de stabiliser les économies des nouveaux États, bien que certains aient connu des difficultés économiques à long terme. La Société des Nations a ainsi joué un rôle important dans la reconstruction économique de la région de l'Europe centrale et orientale. Notamment, l’Autriche et la Hongrie étaient des pays centraux dans le système économique européen qui pourrait remettre en cause l’ensemble de l’économie européenne.

La Société des Nations a joué un rôle important dans la garantie des emprunts internationaux pour aider les États à se reconstruire après la Première Guerre mondiale. Cette aide financière était destinée à permettre aux États de rétablir leur économie, de rembourser leurs dettes et de financer leurs projets de développement. Cette politique de garantie des emprunts a également suscité des critiques, notamment sur son efficacité et sur le fait que cela a conduit à une augmentation de la dette des États bénéficiaires. La Grèce a accueilli un grand nombre de réfugiés fuyant la Turquie, à la suite de la guerre gréco-turque de 1919-1922. La Société des Nations a été impliquée dans l'aide humanitaire aux réfugiés en Grèce, en particulier en fournissant de la nourriture, de l'eau, des abris et des soins médicaux. La Société des Nations a également aidé la Grèce à obtenir des prêts internationaux pour financer les coûts liés à la réinstallation des réfugiés.

La Société des Nations a signé de nombreuses conventions internationales dans les années 1920 pour réguler et encourager les échanges commerciaux entre les États membres. Ces traités ont été négociés dans le cadre de la Section économique et financière de la Société des Nations et visaient à faciliter les échanges, à harmoniser les législations nationales et à protéger les investissements internationaux. Parmi ces traités, on peut citer la Convention sur la liberté du transit est l'un des traités internationaux signés par la Société des Nations. Cette convention avait pour but de faciliter le commerce international en éliminant les restrictions à la libre circulation des marchandises à travers les frontières nationales. Elle a été signée par de nombreux pays et est devenue l'un des fondements du système économique international d'après-guerre. La Convention a été enregistrée dans le recueil des traités de la Société des Nations le 8 octobre 1921, confirmant ainsi sa valeur juridique et son importance internationale. Ces conventions ont pour but d'harmoniser les règles économiques internationales et de faciliter les échanges commerciaux en simplifiant les formalités douanières. Elles couvrent différents domaines, tels que les transports, les douanes, la propriété intellectuelle, la protection de la santé publique, etc. Les traités signés par la Société des Nations ont ainsi permis de mettre en place un cadre réglementaire international pour régir les échanges commerciaux entre les États membres.

La Société des Nations a joué un rôle important dans l'harmonisation des règles économiques internationales et l'organisation d'arbitrages. Elle a également aidé les États à obtenir des emprunts auprès de grandes banques internationales, garanti des emprunts, signé des traités bilatéraux et mis en place des commissions pour aider les pays nouvellement créés à reconstruire leur système bancaire et financier. Tout cela visait à réorganiser l'économie mondiale après la Première Guerre mondiale et à éviter les conflits économiques entre les nations. L'ONU a repris certains des mécanismes mis en place par la Société des Nations, notamment en matière de régulation économique et de règlement pacifique des conflits. Par exemple, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), créée en 1945, a succédé à l'Institut international d'agriculture (IIA) créé en 1905 sous l'égide de la Société des Nations. De même, la Cour internationale de Justice (CIJ), qui a pour mission de régler les différends juridiques entre États, a remplacé la Cour permanente de justice internationale (CPJI), créée en 1920 par la Société des Nations.

Participation aux conférences économiques internationales

La Conférence de Gênes de 1922. Le Premier ministre britannique Lloyd George se trouve à la première rangée à gauche.

Dans les années vont avoir lieu quatre grandes conférences internationales. Ces conférences ont été importantes pour la régulation économique internationale de l'entre-deux-guerres :

La Conférence financière de Bruxelles de 1920 a été convoquée par la Société des Nations dans le but de trouver des solutions pour la reconstruction de l'économie européenne après la Première Guerre mondiale. Elle s'est tenue du 24 septembre au 8 octobre 1920 à Bruxelles, en Belgique, et a réuni des représentants de 34 pays. Les discussions ont porté sur la stabilisation des monnaies, la résolution des problèmes liés aux dettes de guerre, l'harmonisation des politiques économiques et commerciales, et la création d'une Banque internationale pour la reconstruction et le développement. La Conférence de Bruxelles était en quelque sorte l'équivalent de la conférence de Bretton Woods de 1944, mieux connue, qui a défini le cadre de l'ordre économique mondial après la Seconde Guerre mondiale. Des mémorandums ont été préparés à l'intention des délégués par cinq éminents économistes : Gijsbert Bruins (Pays-Bas), Gustav Cassel (Suède), Charles Gide (France), Maffeo Panetaleoni (Italie) et Arthur Pigou (Angleterre).

Lors de la conférence financière de Bruxelles de 1920, les délégués ont convenu de l'importance de l'équilibre budgétaire et ont également pris la décision de revenir à l'étalon-or pour les monnaies nationales. Cela signifiait que les pays devaient rétablir la convertibilité de leur monnaie en or à un taux fixe. Cette décision a été considérée comme un élément clé pour rétablir la stabilité financière et économique après la Première Guerre mondiale. Cependant, certains économistes ont critiqué cette décision, car elle limitait la capacité des gouvernements à ajuster la valeur de leur monnaie pour soutenir leur économie. La conférence de Bruxelles a souligné l'importance de la stabilité des taux de change et de la lutte contre l'inflation pour restaurer la confiance dans les monnaies nationales et pour favoriser la reprise économique. Les délégués ont également convenu de la nécessité de coopération internationale pour éviter des fluctuations monétaires excessives.

La Conférence de Gênes, qui s'est tenue du 10 avril au 19 mai 1922 en Italie, a réuni des représentants de 30 pays pour discuter de la reconstruction économique de l'Europe centrale et orientale et pour améliorer les relations entre la Russie soviétique et les régimes capitalistes européens. La conférence a créé quatre commissions pour étudier les moyens de mobiliser des capitaux étrangers pour la "restauration de la Russie", mais les négociations ont échoué en raison de l'insistance de la France et de la Belgique sur le remboursement intégral des prêts d'avant-guerre et la restitution intégrale des biens étrangers confisqués en Russie soviétique.

La conférence économique de Genève de 1927, organisée par la Société des Nations, a été la première tentative d'organisation des relations économiques internationales en Europe. Elle a été organisée en réponse à deux échecs précédents, la guerre économique et l'approche bilatérale des problèmes économiques. Les responsables économiques français ont constaté que leur approche tripartite avec la Belgique et l'Allemagne risquait de se terminer défavorablement pour leur pays, et ont donc décidé d'élargir le dialogue franco-allemand aux Belges. L'évolution financière de la Belgique vers les puissances anglo-saxonnes et la tentative de la ville de Londres de prendre en charge la réorganisation financière du continent ont également justifié cette initiative. Le gouvernement français, dirigé par L. Loucheur, a pris cette initiative à la suite de l'assemblée de la SDN à Genève en septembre 1925. La vision de Loucheur pour une ligue économique des nations européennes était très ambitieuse. Elle prévoyait une coordination des politiques économiques et commerciales des États membres, ainsi que la création d'un marché commun européen. Toutefois, cette idée n'a pas abouti à l'époque en raison de la Grande Dépression qui a suivi en 1929, ainsi que des tensions politiques et économiques croissantes entre les nations européennes dans les années 1930. Néanmoins, l'idée d'une intégration économique européenne a continué de se développer et a finalement abouti à la création de l'Union européenne après la Seconde Guerre mondiale.

La Conférence économique de Londres de 1933 a été organisée pour tenter de trouver des solutions à la crise économique mondiale qui avait débuté en 1929. Les pays participants avaient pour objectif de parvenir à un accord pour stimuler le commerce international et éviter des politiques économiques protectionnistes qui pourraient aggraver la situation. La conférence a également cherché à stabiliser les taux de change, ce qui était essentiel pour restaurer la confiance dans les marchés financiers internationaux. Malheureusement, la conférence n'a pas réussi à atteindre tous ses objectifs et n'a pas abouti à un accord international contraignant.

La conférence de Londres de 1933 avait pour but principal de réduire les barrières douanières entre les pays dans le but de relancer le commerce international. En effet, la crise économique de 1929 avait entrainé une vague de protectionnisme commercial, avec notamment l'augmentation des droits de douane et l'adoption de mesures visant à restreindre les importations de produits étrangers. Vette politique protectionniste a eu des effets négatifs sur l'économie mondiale, en réduisant les échanges commerciaux et en aggravant la crise économique. C'est pourquoi, à partir de la fin des années 1920, des voix se sont élevées en faveur d'une libéralisation du commerce international, avec la suppression des barrières douanières et l'adoption de politiques visant à favoriser la croissance économique mondiale. A cette époque, le système monétaire international n'était pas régulé et les taux de change entre les différentes monnaies fluctuaient librement en fonction des marchés et des politiques monétaires des différents pays. Cette instabilité des taux de change créait des difficultés pour les échanges internationaux, rendait difficile la planification économique et était susceptible de déclencher des crises financières internationales. Les experts de l'époque ont donc cherché à trouver des solutions pour réguler le système monétaire international et éviter les fluctuations excessives des taux de change. La conférence de Londres de 1933 a donc été un moment important dans ce processus, en réunissant les représentants de nombreux pays pour discuter de mesures visant à réduire les barrières douanières et à promouvoir le commerce international. Cependant, les discussions ont été difficiles et ont finalement échoué, reflétant les tensions économiques et politiques de l'époque.

La conférence de Londres de 1933 visait à stabiliser les changes et éviter les dévaluations compétitives, mais elle a échoué en grande partie en raison du refus des États-Unis de s'engager. Le président Roosevelt était préoccupé par la crise économique intérieure aux États-Unis et avait mis en place le New Deal pour la surmonter. Il était donc peu enclin à s'engager dans un accord international de stabilisation des changes qui risquait de limiter sa marge de manœuvre politique et économique. Ce refus a été largement considéré comme un facteur majeur de l'effondrement du système monétaire international de l'entre-deux-guerres et a contribué à l'aggravation de la crise économique mondiale. L'échec de la conférence de Londres en 1933 a été un tournant majeur dans l'histoire économique internationale. Le protectionnisme commercial a continué de se développer et les accords commerciaux ont été de plus en plus limités. Les gouvernements ont adopté des politiques économiques nationales et le commerce international a diminué. Cette situation a contribué à l'aggravation de la crise économique mondiale et a peut-être contribué à la montée des tensions géopolitiques et des conflits qui ont finalement conduit à la Seconde Guerre mondiale. C'est pourquoi après la guerre, les pays ont reconnu l'importance de la coopération économique internationale pour éviter une telle catastrophe à l'avenir. Cela a conduit à la création de l'Organisation des Nations unies et du système économique international basé sur les accords de Bretton Woods en 1944.

Les conférences économiques internationales d'aujourd'hui, telles que les réunions du G7 ou du G20, sont des versions modernisées de ces conférences économiques historiques. Ces conférences réunissent des représentants de différents pays pour discuter de questions économiques et financières mondiales, souvent avec des experts techniques pour aider à élaborer des politiques. Les discussions peuvent porter sur des sujets tels que la réglementation financière, la dette souveraine, les politiques fiscales, les échanges commerciaux et les réformes monétaires.

Après la Première Guerre mondiale, l'économie mondiale était en crise et les gouvernements se sont tournés vers des conférences économiques pour tenter de résoudre ces problèmes. Les conférences de l'entre-deux-guerres ont porté sur un large éventail de questions économiques, notamment la réparation de guerre, le commerce international, les taux de change et la stabilité monétaire, la dette internationale, la réglementation bancaire et la réduction des barrières commerciales. Ces conférences ont été organisées dans l'espoir de stimuler la croissance économique et d'éviter une nouvelle crise économique.

L'idée de condamner le nationalisme économique et de promouvoir le libre-échange a pris de l'ampleur à la suite de ces conférences internationales. Les économistes et les dirigeants politiques ont commencé à réaliser que les politiques économiques protectionnistes adoptées par de nombreux pays étaient en train d'aggraver la crise économique mondiale. Ils ont compris que pour relancer l'économie mondiale, il était nécessaire de promouvoir le commerce international et d'abattre les barrières douanières. Cette idée a été formalisée dans l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), qui a été signé en 1947 par la plupart des pays industrialisés. Le GATT visait à réduire les obstacles au commerce international et à encourager la libéralisation économique. Il a ensuite été remplacé par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995.

Politiques et actions sanitaires

La Société des Nations a créé une Organisation d'Hygiène en 1923 qui avait pour mission de prévenir les épidémies et les maladies et de promouvoir la santé à l'échelle internationale. Cette organisation a notamment travaillé sur des programmes de vaccination, des campagnes de prévention contre la tuberculose, la syphilis et la fièvre jaune, ainsi que sur la surveillance des épidémies de grippe. Elle a également coopéré avec d'autres organisations internationales telles que l'Organisation internationale du travail (OIT) pour promouvoir la santé au travail. L'action de l'Organisation d'Hygiène de la Société des Nations a posé les bases de la coopération internationale en matière de santé qui se poursuit aujourd'hui avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

La Première Guerre mondiale a eu un impact majeur sur la santé publique et la propagation des maladies. Les conditions de vie des soldats sur le front, la mobilisation de millions de personnes, le manque de nourriture et d'eau potable, ainsi que l'utilisation de nouvelles armes telles que les gaz de combat, ont contribué à la propagation de maladies telles que la grippe espagnole, la typhoïde et la tuberculose. Après la guerre, la reconstruction des infrastructures de santé a été une priorité, et la Société des Nations a joué un rôle important en créant l'Organisation d'Hygiène de la Société des Nations pour coordonner les efforts internationaux de lutte contre les maladies et d'amélioration de la santé publique. Les épidémies qui ont éclaté en Europe de l'Est et en Asie après la guerre ont également montré la nécessité d'une action internationale pour lutter contre les maladies à l'échelle mondiale.

Ludwig Rajchman, né en Pologne en 1881, a mené de nombreuses actions pendant l'entre-deux-guerres pour améliorer la santé publique et lutter contre les épidémies à l'échelle mondiale. Il a joué un rôle important dans la création de programmes de santé publique dans les pays en développement et dans la lutte contre les épidémies de maladies infectieuses telles que le choléra et la tuberculose. Il a travaillé pour l'Organisation de la santé de la Société des Nations, qui a été créée en 1923 pour lutter contre les maladies infectieuses et améliorer la santé publique dans le monde entier. En tant que directeur de l'Organisation d'Hygiène, Rajchman a travaillé sur des programmes de vaccination, de contrôle des épidémies et de formation de personnel médical dans les pays en développement.

Ludwik Rajchman a mené une série d'actions pour promouvoir la santé à l'échelle internationale. En tant que premier directeur de l'Organisation d'Hygiène de la Société des Nations, il a contribué à la création de nombreux programmes pour lutter contre les maladies infectieuses, améliorer les soins de santé et promouvoir l'hygiène publique. Parmi ses réalisations notables, on peut citer la mise en place de campagnes de vaccination, la promotion de l'allaitement maternel et la lutte contre la malnutrition infantile, ainsi que la création de nombreux centres de santé dans les régions défavorisées. Les programmes et initiatives lancés par Rajchman ont jeté les bases de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a été créée en 1948, après la Seconde Guerre mondiale.

  • Conférence de Varsovie en 1922 sur les épidémies : la Conférence de Varsovie en 1922 sur les épidémies a été un moment clé pour l'émergence d'une coopération internationale en matière de santé publique. Cette conférence a réuni des experts de différents pays pour discuter de la prévention et de la lutte contre les épidémies, et a abouti à l'adoption d'une convention sanitaire internationale. Cette convention visait à prévenir la propagation des maladies infectieuses en établissant des normes pour la notification des cas de maladies, la mise en quarantaine des personnes atteintes, et la désinfection des navires et des marchandises. Bien que cette convention n'ait pas été universellement adoptée, elle a posé les bases d'une coopération internationale dans le domaine de la santé publique.
  • Statistiques sanitaires : Ces données sont cruciales pour identifier les tendances et les problèmes de santé publique, établir des priorités en matière de santé et élaborer des politiques adaptées. La collecte et la compilation de ces statistiques sont aujourd'hui encore essentielles pour surveiller et prévenir les maladies dans le monde. Le renseignement épidémiologique était l'ancêtre de la veille sanitaire et consistait à collecter des données sanitaires dans différents pays pour les compiler dans des annuaires et des bulletins d'hygiène. Ces statistiques permettaient d'avoir une vision globale de l'état de santé des populations et de mettre en place des politiques de prévention et de lutte contre les maladies à l'échelle internationale.
  • Standardisation internationale des vaccins : la standardisation internationale des vaccins est un élément clé dans la prévention des épidémies et est devenue une priorité internationale dès le début du XXe siècle. En 1935, une conférence organisée par la Section d'Hygiène de la Société des Nations a permis de définir un premier standard international pour la préparation des vaccins. Ce standard a été adopté par plusieurs pays et a marqué une étape importante dans la standardisation des vaccins à l'échelle internationale. Cette standardisation a permis d'assurer l'efficacité et la sécurité des vaccins, ainsi que de faciliter leur distribution à travers le monde.
  • Campagnes sanitaires : les campagnes sanitaires menées dans les années 1920 et 1930 étaient un modèle pour les actions actuelles de lutte contre les maladies. Ces campagnes ont permis de prévenir et de lutter contre des maladies telles que le paludisme, la tuberculose, la lèpre, le trachome, etc. Elles ont également contribué à la sensibilisation des populations sur les bonnes pratiques d'hygiène et sur l'importance de la vaccination.
  • Voyages d’études de fonctionnaires sanitaires : la Société des Nations a coordonné des voyages d'études de fonctionnaires sanitaires dans différents pays. Cela a permis aux pays membres de partager leurs expériences et leurs bonnes pratiques dans le domaine de la santé publique, ainsi que de former des experts dans ce domaine. Ces voyages d'études ont contribué à la diffusion des connaissances et des techniques de prévention et de lutte contre les maladies, et ont favorisé la coopération internationale dans le domaine de la santé publique. Avec l'émergence de la notion de santé publique après la Première Guerre mondiale, de nombreux pays ont créé des administrations dédiées à la gestion de la santé publique à l'échelle nationale. La Société des Nations a alors cherché à coordonner les actions de ces administrations pour promouvoir des politiques de santé publique à l'échelle internationale et éviter la propagation des maladies à travers les frontières.

Initiatives d'action humanitaire

La Société des Nations (SDN) a été créée après la Première Guerre mondiale pour promouvoir la coopération internationale et la paix dans le monde. L'une de ses missions était de mener des actions humanitaires pour aider les populations affectées par les conflits et les crises humanitaires. Pendant les années 1920 et 1930, la SDN a mené plusieurs actions humanitaires, notamment dans les Balkans, en Turquie, en Syrie, en Irak et en Chine. Elle a notamment aidé à la reconstruction des infrastructures, à la fourniture de nourriture et de médicaments, et à la protection des réfugiés et des minorités. La capacité de la SDN à mener des actions humanitaires a été limitée par plusieurs facteurs, notamment la résistance des Etats membres à la coordination des efforts humanitaires, le manque de financement et de personnel, et la montée des tensions internationales avant la Seconde Guerre mondiale. Malgré ces obstacles, la SDN a jeté les bases de l'action humanitaire moderne en établissant les principes de l'aide humanitaire, tels que l'impartialité, la neutralité et le respect de la dignité humaine, qui continuent d'être respectés par les organisations humanitaires actuelles.

La création du haut-commissariat aux réfugiés en 1921

Les années 1920-1930 ont marqué le début de l'histoire moderne de la protection des réfugiés, et qu'elles ont jeté les bases du régime universel de protection des réfugiés que nous connaissons aujourd'hui. Après la Première Guerre mondiale, de nombreux États ont fait face à des mouvements de réfugiés massifs, en particulier en Europe de l'Est. Pour répondre à cette crise, la Société des Nations a créé le Haut-Commissariat pour les Réfugiés, dirigé par Fridtjof Nansen, qui a travaillé pour aider les réfugiés russes à retrouver un foyer et à se réinstaller dans d'autres pays.

La création du Haut-Commissariat pour les réfugiés en 1921 a marqué un tournant important dans la gestion de la question des réfugiés à l'échelle internationale. Cette structure spécialisée de la Société des Nations avait pour but de coordonner l'aide aux réfugiés, de rechercher des solutions durables à leur situation et de faciliter leur rapatriement. Le Haut-Commissariat a travaillé en étroite collaboration avec les gouvernements des pays hôtes, les organisations non gouvernementales et les autres organismes de secours pour aider les réfugiés à retrouver un foyer. En outre, il a commencé à établir une classification des réfugiés par nationalité et à appliquer une approche empirique pour résoudre les problèmes auxquels ils étaient confrontés. Cette nouvelle diplomatie humanitaire en temps de paix a progressivement élargi ses compétences au fil du temps, notamment en reconnaissant la protection internationale pour les réfugiés et en travaillant à la création d'un cadre juridique international pour leur protection. Le Haut-Commissariat a également contribué à la création d'une approche plus holistique de la gestion des crises de réfugiés, en cherchant des solutions à long terme pour les réfugiés, notamment leur réinstallation dans des pays tiers. La création du Haut-Commissariat pour les réfugiés en 1921 a été une étape clé dans l'histoire de la protection des réfugiés à l'échelle internationale, et a jeté les bases du régime universel de protection des réfugiés que nous connaissons aujourd'hui.

Fridtjof Nansen, un explorateur, scientifique et diplomate norvégien, a été nommé premier Haut-Commissaire aux Réfugiés de la Société des Nations en 1921. Il a été chargé de résoudre la crise des réfugiés provoquée par la Première Guerre mondiale et la Révolution russe. Nansen a travaillé sans relâche pour aider les réfugiés, en organisant le rapatriement de plus de 400 000 prisonniers de guerre de la Première Guerre mondiale et de plus de 1,5 million de réfugiés grecs et turcs après la guerre gréco-turque de 1922. Il a également mis en place le "passeport Nansen", un document de voyage international qui a permis à des centaines de milliers de réfugiés apatrides de se déplacer librement dans le monde. Le travail de Nansen en faveur des réfugiés a été reconnu par le Prix Nobel de la paix en 1922, et il est devenu une figure emblématique de l'action humanitaire et de la diplomatie internationale. Aujourd'hui, le HCR, en tant qu'agence des Nations unies, poursuit la mission de Nansen de protéger et d'aider les réfugiés et les personnes déplacées dans le monde entier.

Fridtjof Nansen, en tant que premier Haut-Commissaire pour les réfugiés de la Société des Nations, a joué un rôle important dans la création de la première conférence internationale sur les réfugiés en 1922. Cette conférence, qui a eu lieu à Genève, a rassemblé les représentants de 32 gouvernements pour discuter de la question des réfugiés, notamment des réfugiés de la Première Guerre mondiale. Au cours des années 1920, les conférences internationales sont devenues un moyen important de résoudre les problèmes internationaux et de renforcer la coopération internationale. Les conférences ont abordé une série de questions, notamment le désarmement, la protection des minorités et la réduction des barrières commerciales. Les conférences internationales ont également conduit à la création de plusieurs organisations internationales, telles que la Société des Nations, qui ont joué un rôle clé dans la gestion des affaires internationales dans les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale.

Couverture d'un passeport Nansen

Le passeport Nansen a été créé pour aider les personnes apatrides ou sans nationalité à obtenir une identité juridique et un document de voyage reconnu internationalement. De nombreux réfugiés étaient dans une situation où ils n'avaient pas de nationalité ou étaient considérés comme apatrides, ce qui les empêchait de voyager ou de bénéficier d'une protection juridique. Le passeport Nansen a été créé en 1922 par la Conférence de Genève sur les réfugiés, qui a établi l'Office international Nansen pour les réfugiés (OINR), sous l'égide de la Société des Nations. Le passeport Nansen était un certificat d'identité et de voyage destiné aux réfugiés apatrides ou sans nationalité, et a été nommé d'après le célèbre explorateur norvégien et premier Haut-Commissaire pour les réfugiés de la SDN, Fridtjof Nansen, qui a proposé sa création. Le passeport Nansen a été adopté comme un moyen pratique de faciliter la réinstallation des réfugiés et de leur fournir une identification et un document de voyage reconnus internationalement. Il a été reconnu par plus de 50 États, et a été largement utilisé jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le passeport Nansen était considéré comme une innovation importante dans la protection des réfugiés, car il a fourni aux personnes apatrides une identité juridique et un statut de protection, et a contribué à promouvoir leur réinstallation et leur intégration dans les communautés d'accueil. Le passeport Nansen a été reconnu par de nombreux États, ce qui a permis aux réfugiés de circuler en toute sécurité à travers les frontières internationales. En outre, il a contribué à donner une reconnaissance légale et une identité aux personnes apatrides, qui étaient souvent considérées comme sans défense et sans protection juridique.

La Convention de Genève relative au statut des réfugiés a été adoptée par la Conférence internationale pour la protection des réfugiés qui s'est tenue à Genève en 1933. Cette convention a été conçue pour garantir une protection internationale aux réfugiés qui étaient alors en augmentation en Europe, en particulier suite à l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne. Cette convention a marqué un tournant important dans la protection des réfugiés, en imposant des obligations concrètes aux États parties en matière d'assistance et de protection des réfugiés. Cela a également conduit à la création de comités pour les réfugiés, qui ont travaillé à la mise en œuvre des mesures prévues par la convention. La Convention relative au statut international des réfugiés du 28 octobre 1933 aborde divers sujets tels que la délivrance des "certificats Nansen", le refoulement, les questions juridiques, les conditions de travail, les accidents du travail, l'assistance et les secours, l'éducation, le régime fiscal et l'exemption de réciprocité. Elle prévoit également la mise en place de comités pour les réfugiés. La convention de 1933 est considérée comme un précurseur de la convention de 1951 relative au statut des réfugiés, qui est la pierre angulaire du droit international moderne des réfugiés. Elle aborde une série de questions liées à la protection et à l'assistance des réfugiés, notamment des mesures administratives telles que la délivrance de "certificats Nansen", des questions juridiques, les conditions de travail, la protection sociale et les secours, l'éducation, le régime fiscal et l'exemption de réciprocité. Elle prévoit également la création de comités chargés de répondre aux besoins des réfugiés. Dans l'ensemble, la convention de 1933 a jeté les bases de l'élaboration d'un cadre juridique plus complet pour protéger les réfugiés et a créé un précédent important pour les futurs accords internationaux sur les droits des réfugiés.

Rôle des organisations non gouvernementales

La Société des Nations a travaillé avec de nombreux acteurs non gouvernementaux dans différents domaines, notamment dans celui de la protection des réfugiés. Les frontières entre ces acteurs sont assez poreuses et il existe une coopération importante dans de nombreux domaines entre l'organisation intergouvernementale et diverses organisations non gouvernementales.

La Zemgor (abréviation de « Comité panrusse pour l'aide aux victimes de la guerre et de la révolution ») était une organisation créée en 1915 pour aider les Russes déplacés à l'étranger. Le premier président du Zemgor était le prince Georgy Lvov. Cette organisation a continué à aider les réfugiés russes après la guerre et a collaboré avec la Société des Nations et le Haut Commissariat aux réfugiés pour les aider à se réinstaller et à s'intégrer dans les sociétés locales. Après la Révolution russe de 1917, elle a pris en charge les réfugiés russes fuyant les persécutions politiques. La Zemgor a travaillé en étroite collaboration avec la Société des Nations et le Haut Commissariat aux réfugiés pour trouver des solutions durables pour les réfugiés russes. Elle a notamment contribué à leur réinstallation dans des pays tiers et à leur intégration dans les sociétés locales. Le Zemgor a été dissous par les bolcheviks en 1919. Après sa dissolution en Russie, certains anciens fonctionnaires émigrés ont décidé de relancer l'organisation sous le même nom abrégé, Zemgor. En 1921, elle a été officiellement enregistrée à Paris en tant qu'organisation d'aide aux émigrés russes. Ses noms officiels étaient "Российский Земско-городской комитет помощи российским гражданам за границей" en russe et "Comité des Zemstvos et Municipalités Russes de Secours des Citoyens russes à l'étranger" en français. Le prince Georgy Lvov a été le premier président de l'organisation parisienne, suivi par A.I. Konovalov et A.D. Avksentiev. Au début des années 1920, Zemgor est devenue la principale organisation d'aide sociale aux émigrés russes, mais elle a ensuite été oubliée.

Promotion de la coopération intellectuelle

En 1922, la SDN a créé une Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI) pour encourager la collaboration et l'échange d'idées entre les intellectuels de différents pays. La CICI a travaillé sur des projets tels que la traduction de livres, l'organisation de conférences et la création de centres de recherche internationaux. En 1926, la SDN a également créé l'Institut international de coopération intellectuelle (IICI) pour promouvoir la compréhension internationale et la coopération dans les domaines de l'éducation, des sciences, de la culture et de la communication. L'IICI a soutenu des projets tels que la publication de revues scientifiques, l'organisation de colloques et la création de programmes d'échanges culturels.

L'objectif principal de la Commission Internationale de Coopération Intellectuelle (CICI) créée en 1922 par la Société des Nations était de promouvoir la compréhension mutuelle entre les peuples, en encourageant la coopération intellectuelle et culturelle. La CICI visait à faciliter la circulation des idées, des informations et des œuvres culturelles entre les différentes nations, et à promouvoir le dialogue et la coopération entre les intellectuels de différents pays. La CICI cherchait également à contribuer à la prévention des conflits et à la construction de la paix en encourageant la coopération intellectuelle internationale. À cet égard, la Commission avait comme objectif de promouvoir le "désarmement moral", c'est-à-dire la réduction des tensions et des préjugés entre les nations en favorisant une compréhension mutuelle plus profonde et en encourageant le dialogue et la coopération. La création de la Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI) en 1922 par la Société des Nations était motivée en grande partie par la volonté d'éviter une nouvelle guerre en favorisant la compréhension mutuelle entre les peuples. Après la Première Guerre mondiale, les dirigeants politiques et intellectuels de l'époque étaient conscients des conséquences dévastatrices de la guerre et cherchaient à promouvoir la coopération et la compréhension internationales pour éviter une nouvelle catastrophe. L'idée de la CICI était de promouvoir la compréhension mutuelle entre les peuples en favorisant la circulation libre des idées et des œuvres culturelles. En encourageant le dialogue et la coopération intellectuelle internationale, la CICI cherchait à atténuer les tensions entre les nations et à réduire les risques de conflit. Pour ce faire, la CICI avait pour but d'extirper les idées nationalistes et guerrières qui avaient conduit à la Première Guerre mondiale et de promouvoir une vision plus pacifique et coopérative de l'avenir.

L'une des missions de la Commission Internationale de Coopération Intellectuelle (CICI) était de promouvoir une meilleure compréhension entre les peuples en éliminant les stéréotypes et les préjugés dans l'enseignement et la culture. Dans ce but, la CICI a créé plusieurs commissions, notamment la Commission de Révision des Manuels Scolaires. Cette commission avait pour ambition de réviser les manuels scolaires dans tous les pays membres de la Société des Nations afin d'éliminer les clichés stéréotypés et les représentations biaisées des différents pays et cultures. L'objectif était de promouvoir une compréhension plus objective et nuancée des autres pays et cultures, afin de réduire les préjugés et les tensions entre les nations. La Commission de Révision des Manuels Scolaires a ainsi travaillé à la révision des programmes d'enseignement dans les différents pays membres de la Société des Nations, en encourageant une approche plus objective et respectueuse des autres cultures. En éliminant les représentations stéréotypées et les préjugés dans les manuels scolaires, la commission visait à favoriser une compréhension mutuelle plus approfondie entre les peuples, et ainsi contribuer à la prévention des conflits et à la construction de la paix internationale.

Certaines recommandations de la Commission de Révision des Manuels Scolaires de la Commission Internationale de Coopération Intellectuelle (CICI) n'ont pas été suivies par tous les pays membres de la Société des Nations. Malgré les efforts déployés par la commission pour éliminer les clichés et les stéréotypes dans l'enseignement, certains pays ont refusé de mettre en œuvre les réformes proposées. Il y avait plusieurs raisons à cela. D'une part, les gouvernements nationaux ont parfois considéré que les recommandations de la commission allaient à l'encontre de leurs intérêts nationaux ou de leurs conceptions idéologiques. Ils ont donc choisi de maintenir les manuels scolaires existants, même s'ils contenaient des stéréotypes et des préjugés. D'autre part, les éditeurs de manuels scolaires ont également été réticents à apporter des changements à leurs publications, en raison des coûts et des difficultés logistiques associés à la révision et à la réimpression de grands volumes de manuels. Malgré ces obstacles, la Commission de Révision des Manuels Scolaires a continué à travailler pour promouvoir une compréhension plus objective et nuancée des autres cultures, et à encourager les gouvernements et les éditeurs à éliminer les stéréotypes et les préjugés dans l'enseignement. Bien que ses recommandations n'aient pas toujours été suivies, la commission a néanmoins contribué à la prise de conscience de l'importance de l'éducation pour la paix et la compréhension internationales.

La Commission Internationale de Coopération Intellectuelle (CICI) a également mis en place un programme d'édition des classiques de la littérature mondiale dans le but de promouvoir une compréhension plus profonde et plus respectueuse des autres cultures. Ce programme avait pour ambition de sélectionner un certain nombre d'œuvres phares de la littérature mondiale qui étaient considérées comme universelles, et de les traduire dans différentes langues pour les rendre accessibles à un public plus large. L'objectif était de faire prendre conscience aux peuples qu'ils partageaient un patrimoine commun et de favoriser une meilleure compréhension des autres cultures. Parmi les œuvres sélectionnées, on peut citer des classiques de la littérature tels que les romans de Tolstoï, Dostoïevski, Balzac, Goethe ou Shakespeare, ainsi que des textes philosophiques ou scientifiques importants. Ce programme d'édition des classiques de la littérature mondiale a été considéré comme une réussite par la CICI, car il a permis de promouvoir une compréhension plus profonde et plus respectueuse des autres cultures, en faisant découvrir aux lecteurs des œuvres qui étaient souvent peu connues en dehors de leur pays d'origine. Il a également contribué à l'émergence d'une culture mondiale partagée, en permettant aux peuples de découvrir les trésors littéraires des autres cultures et en favorisant l'émergence d'une sensibilité universelle.

Dans le cadre de la coopération intellectuelle, les bibliothécaires ont également été encouragés à intensifier les échanges de livres et d'informations entre les différentes bibliothèques du monde entier. Pour cela, la Commission Internationale de Coopération Intellectuelle (CICI) a organisé de nombreux congrès et réunions internationales de bibliothécaires, afin de discuter des moyens de faciliter les échanges et de favoriser la diffusion des connaissances. Ces congrès ont permis aux bibliothécaires de différents pays de se rencontrer, d'échanger des idées et de discuter des meilleures pratiques en matière de gestion et de diffusion des collections de bibliothèques. Ils ont également abouti à la création de nombreuses organisations internationales de bibliothèques, telles que l'Union Internationale des Bibliothèques et des Institutions Documentaires (Ifla), qui ont continué à promouvoir la coopération et les échanges entre les bibliothèques du monde entier. En favorisant l'accès à l'information et à la connaissance, cette intensification des échanges de livres a également contribué à promouvoir une meilleure compréhension et une plus grande tolérance entre les peuples, en permettant aux lecteurs de découvrir de nouvelles cultures et de nouvelles perspectives.

La Commission Internationale de Coopération Intellectuelle (CICI) a également encouragé l'étude scientifique des relations internationales, dans le but de mieux comprendre les causes des conflits et de promouvoir la paix. Pour cela, elle a organisé de nombreux colloques et réunions internationales d'experts, de politologues, de sociologues et de philosophes, afin de discuter des moyens de prévenir les conflits et de favoriser la coopération internationale. Ces colloques ont permis de mettre en lumière les origines des guerres et des conflits, en analysant les causes économiques, politiques, culturelles et psychologiques qui peuvent conduire à des tensions entre les peuples. a création de la Conférence Permanente des Hautes Études Internationales en 1928 s'inscrit dans la continuité des efforts de la Commission Internationale de Coopération Intellectuelle (CICI) pour promouvoir l'étude scientifique des relations internationales et éviter les conflits entre les nations. La Conférence Permanente des Hautes Études Internationales avait pour objectif de réunir des experts de différents pays pour approfondir l'étude des questions internationales majeures, telles que les relations économiques, politiques, sociales et culturelles entre les pays. Ces experts, issus des universités, des instituts de recherche et des administrations publiques, étaient invités à échanger des informations et à partager leur expertise sur des sujets d'intérêt commun, dans le but de favoriser la coopération internationale et de prévenir les conflits. Les travaux de la Conférence Permanente des Hautes Études Internationales ont ainsi contribué à approfondir les connaissances sur les relations internationales, en favorisant l'émergence d'une expertise internationale sur des sujets majeurs, tels que la sécurité internationale, les relations commerciales et la coopération culturelle. En encourageant la réflexion et le débat sur ces sujets, la Conférence Permanente des Hautes Études Internationales a contribué à renforcer la coopération et la compréhension entre les peuples, en favorisant une culture de la paix et de la coopération internationale.

Les différentes conceptions des relations internationales peuvent parfois entraîner des oppositions, voire des conflits entre les pays. Au sein de la Conférence Permanente des Hautes Études Internationales, par exemple, les experts issus de différents pays avaient des conceptions différentes sur les relations internationales, sur la place des États et des organisations internationales, sur les droits et les devoirs des États, sur la sécurité internationale, etc. Ces divergences de vue ont pu entraîner des débats houleux et des tensions entre les participants, et ont parfois conduit à des blocages dans les discussions. Par ailleurs, certains pays ont parfois cherché à utiliser l'expertise internationale à leur avantage, en cherchant à influencer les travaux de la Conférence dans le sens de leurs intérêts nationaux. Ces tensions et ces divergences de vue reflètent les réalités complexes des relations internationales, où les intérêts nationaux et les conceptions politiques divergent souvent. Cependant, malgré ces difficultés, la coopération intellectuelle a continué de jouer un rôle important dans la promotion de la compréhension et de la coopération internationales, en contribuant à enrichir les débats et à approfondir les connaissances sur les relations internationales.

La Conférence Permanente des Hautes Études Internationales a finalement échoué dans sa tentative de prévenir les conflits internationaux. La conquête italienne de l'Éthiopie en 1935-1936 a été un tournant dans l'histoire des relations internationales, car elle a montré que les accords internationaux et les instances de coopération intellectuelle ne suffisaient pas à empêcher les pays de recourir à la force pour résoudre leurs différends. La conquête de l'Éthiopie a été condamnée par la Société des Nations, qui avait été créée en 1919 pour préserver la paix et la sécurité internationales. Cependant, les sanctions économiques imposées à l'Italie par la SDN n'ont pas été suffisamment efficaces pour dissuader le gouvernement italien de poursuivre sa politique expansionniste en Afrique. L'échec de la Conférence Permanente des Hautes Études Internationales a montré que la coopération intellectuelle, si importante soit-elle, ne pouvait pas à elle seule prévenir les conflits internationaux. Il fallait également des institutions internationales fortes, capables d'imposer des sanctions efficaces aux États agresseurs et de maintenir la paix et la sécurité internationales.

Malgré l'échec de la Conférence Permanente des Hautes Études Internationales et les limites de la coopération intellectuelle dans la prévention des conflits internationaux, les initiatives prises dans ce cadre ont laissé des traces durables. Par exemple, la création de l'Institut International de Coopération Intellectuelle en 1926 a contribué à la mise en place d'un réseau international de bibliothèques et d'archives, qui a permis de faciliter la circulation des idées et des connaissances entre les différents pays. De même, la Commission pour la Révision des Manuels Scolaires a jeté les bases d'une réflexion sur la manière dont l'éducation peut contribuer à la compréhension mutuelle entre les peuples. En outre, la coopération intellectuelle a permis de développer des expertises et des compétences dans des domaines tels que les relations internationales, le droit international, la sociologie, l'anthropologie, etc., qui ont continué à nourrir les débats et les réflexions sur les relations entre les États et les sociétés. Bien que la montée des nationalismes et des tensions ait mis à mal certaines des initiatives de la coopération intellectuelle, celles-ci ont néanmoins contribué à jeter les bases d'une réflexion sur les enjeux internationaux et sur les moyens de prévenir les conflits internationaux, qui ont continué à influencer les débats et les politiques internationales tout au long du XXe siècle.

Politiques sociales et travail

La Société des Nations, qui a existé de 1920 à 1946, avait pour objectif principal de maintenir la paix et la sécurité internationales après la Première Guerre mondiale. Cependant, elle s'est également intéressée aux questions sociales et économiques, notamment en créant l'Organisation internationale du Travail (OIT) en 1919.

L'OIT avait pour mission de promouvoir les droits des travailleurs, d'améliorer les conditions de travail et de favoriser l'emploi dans le monde entier. Son organe exécutif était le Bureau international du Travail (BIT), qui avait pour fonction de superviser les activités de l'OIT et de coordonner les efforts des gouvernements et des employeurs pour améliorer les conditions de travail. L'OIT a élaboré des normes internationales du travail, qui ont été adoptées par les États membres de la Société des Nations et qui sont encore en vigueur aujourd'hui. Ces normes portent sur des questions telles que les salaires, les heures de travail, la sécurité et la santé au travail, l'égalité des sexes, l'abolition du travail des enfants et du travail forcé, entre autres. L'OIT et le BIT ont donc joué un rôle important dans la promotion de politiques sociales et économiques justes et équitables au niveau mondial, et ont continué à le faire depuis la création des Nations unies en 1945. La création de l’Organisation internationale du Travail en 1919 est une réponse à la révolution russe. C’est l’idée que la paix internationale entre les peuples ne se fera pas sans la paix sociale entre les classes sociales des différents pays. Finalement, la révolution russe a semblé montrer aux dirigeants occidentaux qu’il y avait un énorme mécontentement de la classe ouvrière vis-à-vis de ces conditions sociales d’existences et de travail.

Une des raisons pour lesquelles l'Organisation internationale du Travail (OIT) a été créée en 1919 était d'améliorer les conditions de vie et de travail des travailleurs à travers le monde. À cette époque, les conditions de travail étaient souvent dangereuses, les salaires étaient bas et les travailleurs n'avaient généralement pas de protections sociales, ce qui les exposait à de nombreux risques. L'OIT a ainsi développé des normes internationales du travail qui ont été adoptées par les États membres de la Société des Nations et qui ont contribué à améliorer les conditions de travail et de vie des travailleurs à travers le monde. Ces normes ont également permis d'éviter des conflits sociaux et des révolutions comme celle de la Révolution russe de 1917.

La création de l'Organisation internationale du Travail (OIT) et l'adoption de normes internationales du travail étaient en partie une réponse réformiste à la Révolution russe de 1917 et à la menace qu'elle représentait pour l'ordre social et politique existant. L'OIT et les normes internationales du travail ont également été créées pour répondre aux problèmes sociaux et économiques qui existaient avant même la Révolution russe. Le mouvement ouvrier et les syndicats avaient déjà commencé à revendiquer des améliorations des conditions de travail et de vie des travailleurs bien avant la Révolution russe. L'OIT a donc été créée dans un contexte de changement social et économique à l'échelle mondiale, qui impliquait des conflits et des revendications de la part des travailleurs, et pas seulement en réponse à la Révolution russe. L'objectif principal de l'OIT était de promouvoir la justice sociale et de garantir que les travailleurs du monde entier bénéficient de conditions de travail décentes et de droits sociaux et économiques.

L'idée que la paix sociale et internationale est absolument indivisible est au cœur du projet de l'Organisation internationale du Travail (OIT). L'OIT a été créée à l'origine en 1919 dans le cadre de la Société des Nations (SDN), une organisation intergouvernementale créée après la Première Guerre mondiale pour promouvoir la paix et la coopération internationales. L'une des raisons pour lesquelles l'OIT a été créée était de contribuer à la réalisation de cet objectif en améliorant les conditions de vie et de travail des travailleurs à travers le monde, ce qui, selon les fondateurs de l'OIT, contribuerait à prévenir les conflits sociaux et à promouvoir la paix internationale. L'OIT a donc été conçue dès l'origine comme une organisation destinée à promouvoir à la fois la justice sociale et la paix internationale. Les normes internationales du travail élaborées par l'OIT visent à garantir que les travailleurs bénéficient de conditions de travail décentes et de droits sociaux et économiques, ce qui, selon l'OIT, contribue à prévenir les conflits sociaux et à favoriser la stabilité politique et la paix internationale.

Dès sa création en 1919, l'Organisation internationale du Travail (OIT) s'est fixé pour objectif de créer un système de normes internationales du travail, qui couvrirait un large éventail de questions liées aux conditions de vie et de travail des travailleurs. Sous la direction d'Albert Thomas, premier directeur de l'OIT, l'organisation a commencé à élaborer une série de conventions internationales du travail qui fixaient des normes minimales pour la protection des travailleurs. Les conventions de l'OIT portaient sur un large éventail de questions, notamment la durée du travail, les salaires, la sécurité et la santé au travail, la protection des travailleurs contre le chômage, la protection des travailleurs migrants, le travail des enfants et des femmes, et bien d'autres. Ces conventions ont été signées par les gouvernements des pays membres de l'OIT et ont été conçues pour être ratifiées et mises en œuvre au niveau national. Les gouvernements étaient tenus de soumettre des rapports périodiques sur la mise en œuvre de ces conventions, et l'OIT fournissait une assistance technique pour aider les pays à se conformer aux normes internationales du travail. L'objectif de la politique sociale de l'OIT était de promouvoir la justice sociale en créant un système de normes internationales du travail qui garantirait aux travailleurs des conditions de vie et de travail décentes et qui contribuerait à prévenir les conflits sociaux et à promouvoir la paix internationale.

La première convention internationale du travail adoptée par l'Organisation internationale du Travail (OIT) en 1919 est la Convention sur la durée du travail (Industries) N°1, qui fixe la durée légale de travail à 8 heures par jour et à 48 heures par semaine. Cette convention établit également des normes minimales pour les heures supplémentaires, les jours de repos et les congés payés. Cette convention marque un tournant dans l'histoire des conditions de travail, car elle a établi pour la première fois une norme internationale pour la durée du travail, qui a ensuite été adoptée par de nombreux pays à travers le monde. Avant cela, les travailleurs étaient souvent soumis à des journées de travail de 10 à 12 heures, voire plus, sans jours de repos ni congés payés. La convention sur la durée du travail a été suivie par de nombreuses autres conventions internationales du travail, qui ont établi des normes minimales pour d'autres aspects des conditions de travail, tels que les salaires, la sécurité et la santé au travail, les droits des travailleurs migrants, le travail des enfants et des femmes, et bien d'autres.

Dans les années qui ont suivi la création de l'OIT, cette organisation a continué à travailler pour améliorer les conditions de travail et de vie des travailleurs à travers le monde en faisant signer de nombreuses conventions internationales par les États membres. Parmi ces conventions, on peut citer la Convention sur le repos hebdomadaire (Industries) N°14, adoptée en 1921, qui établit le droit à un jour de repos hebdomadaire pour tous les travailleurs, ainsi que la Convention sur la protection de la maternité (N°3) de 1919, qui reconnaît le droit des femmes à des congés de maternité et à une protection spéciale pendant la grossesse. D'autres conventions ont établi des normes minimales pour la sécurité et la santé au travail, telles que la Convention sur les maladies professionnelles (N°42) de 1934, qui oblige les employeurs à prendre des mesures pour protéger les travailleurs contre les risques professionnels, et la Convention sur la sécurité et la santé des travailleurs (N°155) de 1981, qui établit des normes internationales pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. En outre, l'OIT a travaillé à la création de corps d'inspection du travail dans les pays membres, chargés de surveiller et d'assurer la mise en œuvre des normes internationales du travail. Cela a été réalisé en partie grâce à la Convention sur l'inspection du travail (N°81) de 1947, qui encourage les États membres à établir des systèmes efficaces d'inspection du travail.

L'OIT met en place une législation internationale sous la forme de conventions internationales du travail, qui sont des accords entre les États membres de l'OIT pour établir des normes minimales en matière de travail. Ces conventions sont ratifiées par les États membres qui s'engagent ainsi à les mettre en application dans leur législation nationale. Cependant, tous les États membres ne ratifient pas toutes les conventions, et ceux qui les ratifient peuvent le faire à des moments différents et avec des calendriers de mise en œuvre différents. En outre, la mise en application de ces conventions peut être plus ou moins effective en fonction de la volonté politique des gouvernements, de la capacité des institutions nationales à appliquer les normes internationales, ainsi que des pressions économiques et sociales qui pèsent sur les entreprises et les travailleurs. Néanmoins, la ratification de ces conventions internationales est un signal fort de l'engagement des États membres en faveur de l'amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs, et elles ont souvent un impact positif sur les pratiques nationales en matière de travail et sur les droits des travailleurs. De plus, l'OIT suit régulièrement la mise en œuvre de ces conventions et peut aider les États membres à surmonter les obstacles à leur application, en fournissant des conseils techniques et en favorisant le dialogue social entre les partenaires sociaux. La création de normes minimales du travail à l'échelle internationale à travers les conventions de l'OIT constitue un embryon d'harmonisation des législations nationales. En effet, ces conventions visent à établir des normes communes pour tous les États membres de l'OIT, afin de garantir des conditions de travail décentes et équitables pour tous les travailleurs, indépendamment de leur pays d'origine ou de leur lieu de travail. Ces normes ne sont pas uniformes pour tous les pays, mais sont adaptées aux spécificités de chaque État membre et tiennent compte de leur niveau de développement économique, social et institutionnel. Par conséquent, les conventions de l'OIT ne visent pas à uniformiser les législations nationales, mais plutôt à établir des normes minimales qui sont compatibles avec les réalités et les besoins de chaque pays. L'objectif est ainsi de promouvoir une convergence progressive des législations nationales vers des normes communes de travail décent, tout en respectant la diversité culturelle et économique des États membres.

La création de normes internationales du travail par l'OIT permet aux pays de se référer à des standards communs et de se fixer des objectifs en matière de politique sociale. Les États membres peuvent ainsi s'inspirer des conventions internationales de l'OIT pour élaborer leur propre législation et mettre en place des politiques nationales en faveur de l'amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs. En outre, les normes internationales du travail de l'OIT peuvent servir de référence pour les partenaires sociaux, tels que les employeurs et les syndicats, dans leurs négociations collectives et leurs revendications. Les normes internationales peuvent également être utilisées comme critères d'évaluation pour les audits sociaux et les certifications, contribuant ainsi à renforcer la responsabilité sociale des entreprises et la transparence des chaînes d'approvisionnement. Les normes internationales du travail de l'OIT sont un outil important pour promouvoir une convergence progressive des politiques sociales et des législations nationales vers des normes communes de travail décent, tout en respectant la diversité culturelle et économique des États membres.

La construction de normes internationales du travail ne suit pas toujours la construction de normes nationales, mais les précède souvent. En effet, l'OIT est souvent la première instance à élaborer des normes internationales du travail dans des domaines qui ne sont pas encore réglementés par les législations nationales. Dans ce sens, les normes internationales du travail peuvent servir de modèle et d'inspiration pour les États membres qui souhaitent élaborer leur propre législation nationale en la matière. Les normes internationales peuvent également être utilisées pour renforcer et améliorer les législations nationales existantes, en fixant des standards communs qui contribuent à harmoniser les pratiques et les politiques sociales à l'échelle internationale. Les normes internationales du travail de l'OIT sont des recommandations et des conventions qui ne sont pas obligatoires pour les États membres. Les États peuvent choisir de ratifier ou non ces conventions, et les mettre en œuvre à leur propre rythme et en fonction de leurs priorités nationales.

Dans les rapports entre national et international, on peut considérer que l'international est souvent une extension du national. Cependant, dans le cas des normes internationales du travail élaborées par l'OIT, la réalité est un peu plus complexe. En effet, les normes internationales du travail sont souvent le fruit d'une réflexion collective menée par les États membres de l'OIT, les employeurs et les travailleurs, en vue de résoudre des problèmes communs liés aux conditions de travail et à la protection sociale. Ainsi, ces normes peuvent être considérées comme une réponse collective à des enjeux transnationaux qui dépassent les frontières nationales. Il est vrai que ces normes peuvent également être influencées par les pratiques et les législations nationales existantes, notamment dans les pays qui ont une longue tradition de protection sociale et de dialogue social. Dans ce sens, les normes internationales peuvent être perçues comme un moyen d'exporter des bonnes pratiques nationales et d'encourager une harmonisation des politiques sociales à l'échelle internationale.

L'Organisation internationale du travail (OIT) existe toujours aujourd'hui et est la plus ancienne organisation internationale dans sa forme originelle. Elle a été créée en 1919 lors de la signature du traité de Versailles, et a été intégrée à l'Organisation des Nations Unies (ONU) en 1946. L'OIT est une agence spécialisée de l'ONU qui a pour mission de promouvoir le travail décent et les droits fondamentaux au travail à travers le monde. Elle rassemble des représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs pour élaborer des normes internationales du travail, fournir des conseils techniques et des formations, ainsi que pour mener des activités de recherche et de coopération pour promouvoir le travail décent. L'OIT est également responsable de la supervision du respect des normes internationales du travail, qui sont ratifiées par les États membres. Elle peut mener des enquêtes sur les violations de ces normes et fournir une assistance technique aux États pour leur mise en œuvre.

L'OIT a acquis une forte légitimité internationale dans le domaine du travail, notamment en matière de collecte et de diffusion de données statistiques sur le marché du travail et les conditions de travail à travers le monde. Le Bureau international du travail (BIT), l'organe exécutif de l'OIT, est responsable de la collecte et de l'analyse de ces données statistiques. Les statistiques produites par le BIT sont largement utilisées par les gouvernements, les organisations internationales, les entreprises et les chercheurs pour comprendre les tendances et les défis en matière d'emploi et de travail à l'échelle mondiale. Les données statistiques de l'OIT couvrent une gamme de sujets tels que l'emploi, le chômage, les salaires, les conditions de travail, la protection sociale, la formation professionnelle, la migration de la main-d'œuvre et les relations industrielles. Ces données sont collectées auprès des gouvernements, des entreprises, des syndicats et d'autres sources pour assurer la fiabilité et la comparabilité des données à travers les pays. En fin de compte, les statistiques de l'OIT sont un outil clé pour comprendre les défis et les opportunités du marché du travail à travers le monde et pour aider à informer les politiques et les pratiques qui visent à améliorer la qualité de vie et les conditions de travail des travailleurs.

Malgré les défis et les limites, la Société des Nations a réussi à mettre en place de nombreux projets et interventions à partir des années 1920. Outre la politique sociale de l'Organisation internationale du Travail, la Société des Nations a également été à l'origine de la création de la Commission internationale de coopération intellectuelle en 1922, qui visait à promouvoir la coopération culturelle entre les pays membres. Par ailleurs, la Société des Nations a également été active dans le domaine de la santé publique, en établissant des normes et des pratiques internationales pour la lutte contre les épidémies et en créant l'Organisation d'hygiène de la Société des Nations (qui a plus tard été intégrée dans l'Organisation mondiale de la santé). Enfin, la Société des Nations a également mené des efforts pour résoudre les conflits internationaux, notamment en travaillant à la réduction des armements et à la promotion de la diplomatie préventive. Bien que ces initiatives n'aient pas toujours été couronnées de succès, elles ont posé les bases pour la création de l'Organisation des Nations unies après la Seconde Guerre mondiale.

Annexes

Cours

Articles

Références

  1. Page personnelle de Ludovic Tournès sur le site de l'Université de Genève
  2. Publications de Ludovic Tournès | Cairn.info
  3. CV de Ludovic Tournès sur le site de l'Université de la Sorbonne
  4. THRONTVEIT, T. (2011). The Fable of the Fourteen Points: Woodrow Wilson and National Self-Determination. Diplomatic History, 35(3), 445–481. https://doi.org/10.1111/j.1467-7709.2011.00959.x
  5. Schmitt, Carl, Marie-Louise Steinhauser, and Julien Freund. La Notion De Politique ; Théorie Du Partisan. Paris: Flammarion, 2009. Chapitre VI - Le monde n'est pas une unité politique, il est un pluriversum politique p.98