Les Amériques à la veille des indépendances

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Les Amériques à la veille des indépendances
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Territories in the Americas colonized or claimed by a European great power in 1750.

Faculté Lettres
Département Département d’histoire générale
Professeur(s) Aline Helg[1][2][3][4][5][6][7]
Cours Les États-Unis et l’Amérique Latine : fin XVIIIème et XXème siècles

Lectures


À la veille de l'indépendance, les Amériques étaient principalement des colonies de puissances européennes, les principaux colonisateurs étant l'Espagne, le Portugal, l'Angleterre, la France, la Hollande et le Danemark. La majorité de ces territoires étaient des zones frontalières ou des territoires non colonisés, occupés par des nations et des tribus indigènes. Ces zones étaient peu peuplées et les puissances coloniales n'avaient qu'un contrôle limité sur elles. Ces territoires servaient de refuge aux personnes qui avaient fui l'esclavage, l'oppression et les persécutions, notamment les esclaves, les paysans et les criminels. La population des colonies était diversifiée, les colons européens, les Africains réduits en esclavage et les peuples indigènes vivant tous ensemble. L'économie de ces colonies était largement basée sur l'agriculture et l'exportation de matières premières vers l'Europe. La structure sociale était fortement influencée par le système de l'esclavage et les divisions de classe rigides qui existaient entre les colons européens et les populations esclaves et indigènes. Les colonies étaient également contrôlées politiquement par les puissances européennes, avec peu d'autonomie ou de représentation pour les peuples colonisés..

La répartition de la population des Amériques pendant la période coloniale et le déplacement des populations autochtones ont eu un impact considérable sur le développement social, économique et politique de la région après l'indépendance. L'héritage de la colonisation continue de façonner le paysage démographique des Amériques aujourd'hui, de nombreuses communautés indigènes étant toujours confrontées à la discrimination et à la marginalisation. En outre, le déplacement forcé et la réduction en esclavage de millions d'Africains amenés dans le cadre de la traite transatlantique des esclaves ont également eu un impact durable sur la démographie et les structures sociales de la région. Ces injustices historiques continuent de façonner le paysage social, économique et politique des Amériques aujourd'hui.

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Répartition des populations selon l’origine

À la veille de l'indépendance, la répartition des populations dans les Amériques était concentrée dans certaines régions. Les régions les plus densément peuplées étaient la côte est de ce qui allait devenir les États-Unis, la côte atlantique de l'Amérique du Sud, la côte pacifique de l'Amérique du Sud, les Caraïbes, l'Amérique centrale et l'actuel Mexique. Ces régions étaient caractérisées par un mélange de différents groupes ethniques et raciaux, y compris des peuples autochtones, des Européens, des Africains et des personnes d'origines diverses.

En revanche, il y avait relativement peu de personnes vivant dans des zones difficilement accessibles, comme l'intérieur du continent et les rives des rivières navigables. Les principales villes étaient également des zones densément peuplées et, en 1770, on estimait à 15 millions le nombre d'habitants des Amériques. Cette population était composée de divers groupes, chacun ayant sa propre histoire, sa propre culture et ses propres expériences. La répartition de la population par origine aura un impact important sur le développement social, économique et politique du continent après l'indépendance.

La Nouvelle-France, qui comprenait la Louisiane et le Canada actuels, comptait environ 70 000 habitants. Les 13 colonies qui allaient constituer les premiers États-Unis avaient une population d'environ 3 millions d'habitants. Le royaume de la vice-royauté d'Espagne, qui comprenait le Mexique, la Californie, le Texas et l'Amérique centrale, comptait également une population d'environ 3 millions d'habitants. Les autres colonies espagnoles, dont la Colombie, le Venezuela, le Chili, l'Argentine, Cuba, Porto Rico et l'actuelle République de Saint-Domingue, comptaient environ 4 millions d'habitants. Le Brésil avait une population de 1,5 million d'habitants.

Les Antilles françaises et britanniques comptaient une importante population d'esclaves. Les Antilles françaises comptaient 600 000 habitants, dont 500 000 en Haïti, et 80% étaient des esclaves. Les Antilles britanniques comptaient environ 300 000 habitants, et 1,5 à 2 millions d'indigènes non colonisés vivaient encore sur le continent américain. Cette répartition de la population allait avoir un impact considérable sur le développement social, économique et politique de la région après l'indépendance et continue de façonner le paysage démographique des Amériques aujourd'hui.

Importance de l’appartenance « raciale »

L'histoire de la colonisation et de l'esclavage dans les Amériques a eu un impact considérable sur les dynamiques raciales et ethniques actuelles de la région. Le traitement des peuples indigènes et la migration forcée des Africains réduits en esclavage ont donné lieu à des problèmes permanents tels que la discrimination et l'inégalité. Ces problèmes sont toujours présents dans la société contemporaine et continuent d'affecter les communautés de couleur.

Les régions à majorité amérindienne

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Felipe Guamán Poma de Ayala : il a reconstruit tout l’imaginaire amérindien après la conquête. C’est une source extraordinaire pour les historiens permettant de reconstruire ce qui se passait à l’époque. Les Indiens étaient obligés de fournir du travail forcé dans les mines et dans les métiers à tisser.

Les régions à majorité amérindienne désignent les régions des Amériques où les peuples indigènes constituent la majorité de la population. Ces régions ont connu un déclin démographique important dû à la colonisation par les puissances européennes, principalement en raison de l'introduction de maladies contre lesquelles la population indigène n'était pas immunisée, ainsi que de l'asservissement, de la répression et des massacres. Selon les estimations, la population indigène des Amériques est passée de 50 à 60 millions de personnes en 1500 à moins de 4 millions en 1600.

La région des Caraïbes est particulièrement remarquable pour l'extinction rapide et complète de sa population indigène. Avant la colonisation européenne, on estime qu'environ 5 millions d'indigènes vivaient dans les Caraïbes. Cependant, en 1770, la population avait été presque entièrement décimée et en 1800, il ne restait pratiquement plus d'indigènes dans les Caraïbes.

Dans les territoires de la Méso-Amérique et des Andes, notamment au sein des civilisations inca et maya, les populations autochtones ont connu une période de reconstitution de leur population entre 1650 et 1680 environ. On pense que cette période est due à plusieurs facteurs, notamment :

La présence de civilisations urbaines et d'une agriculture avancée dans ces régions a permis une distribution plus efficace des ressources et une capacité de charge plus élevée, ce qui a facilité la croissance démographique.

Les empires inca et maya étaient bien établis au moment de la conquête espagnole. Ils possédaient des systèmes de gouvernement, de religion et d'organisation sociale qui les ont aidés à résister et à s'adapter aux nouvelles conditions imposées par les colonisateurs.

En raison de la densité de la population dans ces territoires, il était difficile pour les colonisateurs d'éliminer complètement la population indigène par la violence et le travail forcé.

Il y a également eu des cas de résistance et de rébellion des peuples autochtones contre les colonisateurs, ce qui a contribué à protéger leurs populations et leurs communautés.

Dans certaines régions des Amériques, en particulier dans les zones reculées et moins colonisées, les populations autochtones ont maintenu une proportion plus élevée de leur population pendant la période coloniale en se réfugiant dans ces zones. Cela leur a permis de continuer à vivre de manière traditionnelle et de reconstituer leur population. En 1770, on estime qu'environ 2/3 de la population de certaines régions des Amériques étaient des autochtones qui s'étaient réfugiés dans ces territoires non colonisés. Il convient toutefois de noter que la population autochtone globale des Amériques était encore nettement inférieure à celle d'avant l'arrivée des Européens.

Les régions à majorité d’origine européenne

Dans les régions à majorité d'origine européenne, comme les 13 colonies qui allaient devenir les États-Unis, et en particulier les États-Unis du Nord, le concept d'appartenance "raciale" a joué un rôle important dans le façonnement du paysage social et politique. Bien que le nombre d'Européens dans ces colonies ait augmenté de façon spectaculaire, passant de 30 000 en 1700 à 2,5 millions en 1770, ils étaient toujours une minorité par rapport aux populations autochtones et aux Africains réduits en esclavage. Cette réalité démographique a eu un impact important sur l'organisation de la société et la répartition du pouvoir.

La présence d'un grand nombre d'immigrants européens a entraîné le développement d'une hiérarchie sociale basée sur la race et l'ethnie, avec les Européens blancs au sommet et les autres groupes raciaux et ethniques au bas de l'échelle. Cette hiérarchie a été renforcée par des lois et des politiques qui ont institutionnalisé la discrimination et l'inégalité. Elle a eu un impact durable sur la région et continue de façonner le paysage social et politique jusqu'à aujourd'hui.

Les régions à majorité d’origine africaine

Dans les régions à majorité d'origine africaine, comme les Caraïbes et certaines régions du Brésil, le concept d'appartenance "raciale" a joué un rôle important dans le façonnement du paysage social et politique. La colonisation des Amériques s'est faite en grande partie par la migration forcée d'Africains réduits en esclavage. Par conséquent, ces régions comptaient une importante population de personnes asservies et de leurs descendants. Le nombre d'Africains déportés vers les Amériques était quatre fois plus élevé que celui des Européens ayant émigré volontairement entre 1500 et 1780.

Ces régions étaient principalement agricoles et se caractérisaient par de grandes plantations tropicales où les Africains réduits en esclavage étaient forcés de travailler, produisant des cultures telles que le sucre, le cacao et le tabac. Ces régions comptaient également une population importante d'Afro-descendants, comme la région de Lima et la côte Pacifique où il y avait des mines, la région de Guyane où il y avait des plantations de sucre, et la région du Maryland aux États-Unis où il y avait une grande population d'esclaves et de nombreux produits agricoles.

À cette époque, la quasi-totalité du service domestique était entre les mains de personnes asservies. Dans de nombreuses villes des Amériques ibériques, comme Buenos Aires, les personnes d'ascendance africaine représentaient une proportion importante de la population. Cette histoire d'esclavage et de migration forcée a eu un impact durable sur la région, façonnant le paysage social et politique et contribuant aux problèmes actuels d'inégalité raciale et ethnique.

Les régions à majorité métisse, mulâtre ou zambo

L'arrivée des esclaves et des Européens sur le continent américain a entraîné un nombre important de mariages et de croisements, notamment en Amérique latine. Ces mariages ont eu lieu entre les populations indigènes survivantes, les personnes réduites en esclavage et les Européens, les hommes s'unissant souvent aux femmes indigènes et aux femmes réduites en esclavage. Ce métissage accéléré a suscité une grande inquiétude chez les colons européens quant à leurs propres origines raciales. Une forme d'art connue sous le nom de "peintures de métissage" a été développée pour représenter ces individus métis et, dans l'imagination des colons, il y avait un désir de "blanchir" la population[8].

Dans les Amériques ibériques, il y avait une forte obsession de la "pureté du sang" qui remontait à la colonisation des chrétiens dans la péninsule ibérique et qui s'est poursuivie jusqu'au milieu du XIXe siècle. Pour pouvoir étudier, exercer des professions supérieures ou occuper des postes royaux ou ecclésiastiques, les individus devaient prouver leur pureté de sang. Cette exigence était appliquée par la monarchie espagnole, qui considérait que les personnes d'origine africaine et leurs descendants étaient disqualifiés en raison de "l'impureté de leur sang". Cependant, les indigènes n'étaient pas soumis à ce critère car cela aurait contredit le principe de la colonisation de l'Amérique.

Les Amérindiens

Amérique ibérique

Dans les Amériques ibériques, il existait un système complexe de stratification raciale et sociétale fondé sur des idées de pureté et d'illégitimité de la naissance. Ce système, qui avait ses racines dans la péninsule ibérique, a été exporté vers les Amériques et a eu un impact considérable sur la vie des populations autochtones.

Les personnes d'origine européenne étaient considérées comme faisant partie de la caste la plus élevée et formaient une petite élite possédant la plupart des pouvoirs et des richesses. Cependant, toutes les personnes d'ascendance européenne n'étaient pas considérées comme pures, car le concept de "pureté du sang" était souvent lié au mariage religieux et à la pratique de certains métiers manuels.

Les esclaves d'origine africaine et les personnes métisses, considérées comme illégitimes, formaient la majorité de la population. Ils étaient souvent relégués à des emplois subalternes et n'étaient pas considérés pour des postes importants s'ils ne répondaient pas à la norme de "pureté du sang".

Dans la région andine, les indigènes sont contraints de travailler dans les mines et les usines textiles et sont considérés comme des "mineurs" devant être protégés par le roi d'Espagne. Les autochtones étaient également soumis à un système de travail forcé et de tribut et étaient obligés de travailler pour payer des impôts au roi. Ce système de travail forcé et de tribut était souvent contesté par les autochtones, qui y voyaient une violation de leurs droits fonciers.

Il est important de noter que dans de nombreux endroits, les autochtones étaient opposés au processus d'indépendance, car il allait souvent de pair avec le libéralisme, qui menaçait directement leurs terres.

Dans les Amériques ibériques, la plupart de la population vivait dans des zones rurales et les villes étaient relativement petites. La plus grande ville, Mexico, comptait environ 100 000 habitants. Les villes étaient le lieu de concentration de la plupart des pouvoirs, mais leur contrôle sur le territoire était limité, la majorité du pouvoir.[9][10]

Amérique Anglo-Saxonne

Dans l'Amérique anglo-saxonne, il y avait une stratification sociospatiale des peuples indigènes comme étant sous-humains et sauvages, malgré le fait que certains groupes indigènes, comme les Cherokees, s'étaient convertis au christianisme. Les colonisateurs anglais étaient principalement intéressés par l'acquisition de terres indiennes, ce que reflète l'expression "Un bon Indien est un Indien mort", souvent utilisée à cette époque.[11][12][13][14][15] Au 19e siècle, les États-Unis ont continué à chercher à acquérir davantage de terres, souvent par le biais de déplacements forcés et de violences à l'encontre des populations indigènes.

Avec le développement de l'esclavage dans les Amériques, le racisme a également augmenté. Il est important de noter que la colonisation de l'Amérique britannique était également le fait de serviteurs et de criminels blancs pauvres à qui l'on offrait la possibilité de travailler pendant un certain nombre d'années en échange de terres et de liberté.

L'esclavage s'est répandu progressivement en Amérique anglo-saxonne, alors qu'il n'existait pas en Grande-Bretagne. Les règles concernant l'esclavage étaient souvent inventées au fur et à mesure que la pratique se développait, et toutes les personnes asservies étaient considérées comme noires, quelle que soit leur origine, ce qui renforçait le racisme.

L'immigration vers l'Amérique anglo-saxonne était principalement le fait de familles, souvent des réfugiés religieux, qui étaient prêts à travailler manuellement sur les terres.

L’esclavage

L'esclavage aux Amériques était une pratique très répandue qui touchait tous les aspects de la société. Les esclaves travaillaient dans les plantations, dans le service domestique, dans les magasins, dans les transports, dans les ports, dans l'artisanat et même dans des domaines créatifs comme la poésie et la musique. Par conséquent, les conditions de vie des esclaves étaient très variées et dépendaient fortement de l'endroit et du type de travail auquel ils étaient astreints.

Dans la péninsule ibérique, un code de loi datant du 13e siècle a été exporté vers les Amériques, qui était similaire à l'esclavage de l'Empire romain. Ce code permettait aux personnes asservies d'acheter leur liberté, un droit qui n'existait pas dans les Amériques anglo-saxonnes. Cela a conduit à la formation d'une classe d'"affranchis de couleur", descendants d'anciens esclaves ayant acheté leur liberté. Cependant, la possibilité de manumission va progressivement devenir plus difficile au fil du temps.

Dans les Amériques espagnoles, il y a bientôt plus d'affranchis de couleur que d'esclaves, mais cette possibilité n'existe pas dans l'Amérique anglo-saxonne. Le seul dénominateur commun entre toutes les Amériques est que la mère détermine le statut de l'individu.

La traite négrière

La traite transatlantique des esclaves a constitué un élément majeur du processus de colonisation des Amériques, qui a débuté au 17e siècle et s'est poursuivi jusqu'au 19e siècle. On estime que plus de 12 millions d'Africains ont été amenés de force en Amérique comme esclaves au cours de cette période. La majorité de ces esclaves ont été envoyés au Brésil, puis dans les Caraïbes anglaises et françaises. Les futurs États-Unis, en revanche, comptaient relativement peu d'esclaves par rapport à la période initiale de la colonisation. Le nombre d'esclaves aux États-Unis a augmenté de manière significative au XIXe siècle en raison de l'amélioration des conditions de vie et de travail, ce qui leur a permis de survivre et de se reproduire plus efficacement.

La traite des esclaves a atteint son apogée au 18e siècle, pendant la période des Lumières. Il s'agit d'une contradiction importante, car les idéaux du mouvement des Lumières, tels que la liberté, l'égalité et les droits de l'homme, n'étaient pas étendus aux Africains réduits en esclavage. À partir de 1815, la traite des esclaves a été progressivement interdite et finalement abolie dans la plupart des Amériques, bien que l'esclavage lui-même n'ait pas été aboli dans tous les pays avant le XIXe siècle.

Production agricole

Amérique ibérique

Au cours de la période coloniale de l'Amérique ibérique, les descendants des colons européens ont souvent acquis de grandes propriétés foncières, tandis que les communautés autochtones et les petits agriculteurs ont été contraints de s'installer dans des zones moins fertiles. Ce modèle de répartition inégale des terres a persisté tout au long de l'histoire et reste un problème important dans de nombreuses régions des Amériques. En outre, la concentration des terres entre les mains de quelques-uns a contribué à la persistance des problèmes de pauvreté et d'inégalité pour les communautés marginalisées, en particulier les groupes autochtones et d'ascendance africaine.

Amérique Anglo-Saxonne

Au début de la colonisation anglo-saxonne en Amérique, la répartition des terres était relativement égale, avec de nombreuses exploitations familiales. Au fil du temps, cependant, la structure de la propriété foncière a commencé à changer et l'inégalité s'est accrue, avec une concentration croissante des terres entre les mains de grandes plantations. En outre, l'essor de l'agriculture de plantation, en particulier dans le Sud, reposait sur le travail des Africains réduits en esclavage, ce qui a contribué à accroître les inégalités raciales et économiques dans la région. L'héritage de cette histoire continue de façonner le paysage agricole des États-Unis aujourd'hui, avec des problèmes permanents de propriété foncière et d'inégalité économique qui affectent de nombreuses communautés rurales.

Commerce des villes portuaires

Le commerce des villes portuaires des Amériques était largement impacté par les mauvaises voies de communication, rendant les échanges commerciaux plus difficiles et plus longs que ceux entre les villes portuaires d'Europe.

Le mercantilisme était la doctrine économique dominante pendant cette période, qui stipulait que la richesse principale des États réside dans leur stock d'or et d'argent, et qui était associée à un protectionnisme et un monopole de la métropole sur le commerce. Les grandes métropoles avaient besoin de grandes quantités d'or et d'argent pour financer les guerres constantes. Les Amériques étaient considérées comme la principale source de capitaux pour ces métropoles à travers les importations et les exportations.

Cependant, la mise en place du mercantilisme variait d'une colonie à l'autre. Certaines colonies étaient plus libérales dans leurs échanges commerciaux tandis que d'autres étaient plus restrictives, avec des règles et des tarifs plus stricts pour les importations et les exportations.

Amérique Anglo-Saxonne

Pendant la période coloniale, le commerce des villes portuaires de l'Amérique anglo-saxonne, en particulier dans les colonies britanniques, a largement contribué à la prospérité économique de la région. La production de tabac, d'indigo et de sucre, très demandés en Europe, alimente la croissance de ces villes portuaires et contribue au développement de l'économie américaine. Les autorités britanniques ignorent largement la contrebande de ces marchandises, car le commerce légitime suffit à remplir leurs coffres. Cette prospérité a entraîné le développement rapide de ports tels que Boston et Philadelphie, qui sont devenus d'importants centres d'échanges et de commerce. Cette prospérité économique a également eu un impact important sur la révolution industrielle en Angleterre, car les matières premières et les marchés fournis par les colonies américaines ont joué un rôle clé dans le développement de nouvelles technologies et techniques de fabrication.

Amérique ibérique

Contrairement à l'Amérique anglo-saxonne, le commerce des villes portuaires de l'Amérique ibérique était fortement contrôlé et monopolisé par les puissances colonisatrices. La métropole, généralement l'Espagne ou le Portugal, avait des règlements stricts qui interdisaient aux colonies de commercer entre elles ou avec d'autres pays. Cela a entraîné un manque de développement économique et de prospérité dans les colonies. Ce système a également conduit à la croissance d'une classe de contrebandiers extrêmes qui faisaient de la contrebande de marchandises et du commerce illégal. Ce commerce illicite était l'un des rares moyens pour les colonies d'accéder à des biens ou de générer des revenus. Ce système de contrôle et de restriction du commerce a eu un impact durable sur le développement économique de la région et a contribué aux problèmes actuels de pauvreté et d'inégalité.

Administration politique

Amérique ibérique

En Amérique ibérique, les puissances colonisatrices ont maintenu un système d'administration politique strict et rigide. La métropole, généralement l'Espagne ou le Portugal, exerçait un grand contrôle sur les colonies et ne tenait guère compte de l'autonomie locale. Pour les Amériques espagnoles, le Conseil des Indes détenait un pouvoir important et prenait les décisions pour les colonies. Le pouvoir exécutif était entre les mains d'un vice-roi, qui était toujours un Espagnol et exerçait un contrôle étendu sur le territoire. Il y avait peu de pouvoir local, même pour les élites et les membres aisés de la société. Le seul type de régime qui existait était celui des conseils locaux qui représentaient les minorités. Cette centralisation du pouvoir et ce manque d'autonomie ont eu un impact durable sur la région et ont contribué à la persistance des problèmes d'inégalité politique et économique.

Amérique Anglo-Saxonne

Contrairement à l'Amérique ibérique, les colonies britanniques de l'Amérique anglo-saxonne avaient un système d'administration politique décentralisé. La Grande-Bretagne établit des assemblées législatives locales dans chaque colonie, dans lesquelles siègent les élites locales et qui jouissent d'une certaine autonomie dans la prise de décision et la gestion des impôts et des finances de la colonie. Toutefois, ce système ne s'étendait pas à l'ensemble de la population. Il n'était pas démocratique, car il excluait une grande partie de la population, comme les esclaves, les autochtones et les femmes. Malgré cela, l'expérience de l'autonomie et la participation des élites coloniales aux assemblées législatives leur ont permis d'acquérir une expérience et des connaissances précieuses en matière de gouvernance, qui leur seront utiles au moment de l'indépendance.

Religions et diversité culturelle

Amérique Anglo-Saxonne

Dans l'Amérique anglo-saxonne, la religion dominante était le christianisme, la majorité de la population étant protestante, en particulier celle des confessions anglicane, presbytérienne et congrégationaliste. Cependant, il y avait également une population importante de catholiques, en particulier dans le Maryland et parmi les Français en Louisiane. Il y avait également des populations plus modestes de Juifs, de Quakers et d'autres groupes religieux.

La diversité culturelle de l'Amérique anglo-saxonne a été façonnée par les origines diverses des colons européens, notamment ceux d'Angleterre, d'Écosse, d'Irlande, d'Allemagne et d'autres pays. Cette diversité s'est également reflétée dans les coutumes, les langues et les traditions des différentes communautés. Les Africains réduits en esclavage ont également apporté leurs propres pratiques culturelles, telles que la musique, la danse et la religion, qui se sont mêlées à la culture européenne dominante pour créer des expressions culturelles uniques.

Cependant, malgré cette diversité, l'accent a été mis sur la culture anglo-saxonne et la suppression des cultures des Africains réduits en esclavage et des peuples indigènes. Les puissances coloniales ont imposé leur propre religion, langue et culture aux peuples colonisés.

En outre, les colonies britanniques avaient un lien culturel et politique fort avec la Grande-Bretagne, ce qui a influencé leur développement politique et social. Elles partageaient une langue, un système juridique et des idéaux politiques communs, qui ont finalement joué un rôle dans leur décision de s'unir et de déclarer leur indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne.

Le paysage religieux de l'Amérique anglo-saxonne à la veille de l'indépendance était marqué par une grande diversité de dénominations protestantes, chacune ayant ses propres idéologies et pratiques. Cette diversité était souvent qualifiée de "Babylone protestante" en raison des croyances et pratiques conflictuelles entre les différentes dénominations. Les quakers faisaient partie des quelques groupes qui prônaient la tolérance religieuse et le pacifisme.

Au début du 18e siècle, la religiosité dans les colonies était en déclin. Pour y remédier, certains pasteurs ont lancé un renouveau religieux connu sous le nom de "Grand Réveil". [16][17] Ce mouvement cherchait à revitaliser la ferveur religieuse et soulignait l'importance de la foi personnelle et la menace de la damnation éternelle. Le Grand Réveil a été un événement important qui a touché les treize colonies et a contribué au développement d'une identité religieuse commune parmi les colonies, ce qui a été l'une des premières idées des États-Unis.

L'un des éléments clés du Grand Réveil était l'idée de la supériorité de la loi divine et la conviction que les lois naturelles étaient données par Dieu. Cette idée a renforcé la croyance en l'importance de la foi personnelle et de l'autorité des chefs religieux. Elle a également renforcé l'idée que les colonies faisaient partie d'un plan divin et qu'elles avaient une destinée spéciale dans le monde. Cette idée jouera un rôle important dans le développement d'une identité nationale et dans la déclaration éventuelle d'indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne.

Amérique ibérique

En Amérique ibérique, le paysage religieux était complexe et varié. L'Église catholique était la religion dominante, mais elle était loin d'être universelle. Les grands bastions du catholicisme étaient les grandes villes à forte population espagnole et portugaise. Cependant, dans les zones rurales, des vénérations locales de vierges se sont développées, créées sur place, mêlant des éléments amérindiens à des éléments de la tradition catholique qui persistent encore aujourd'hui.

En raison de l'immensité du territoire et de la faiblesse des infrastructures de communication, l'Église catholique était peu présente dans les zones rurales et dans les régions tropicales. En conséquence, il y a eu un syncrétisme rapide entre les religions africaines et le catholicisme, et de nombreuses religions ont été créées, se cachant derrière le catholicisme.

L'accès aux idées des Lumières était limité à une petite partie de la population. Cependant, parmi les idées clés qui ont atteint l'Amérique ibérique, on trouve le concept de lois naturelles et la conviction que nous pouvons essayer de comprendre et de changer les choses grâce à elles. En outre, le philosophe John Locke a écrit que le rôle de l'État est d'assurer le bien-être et la sécurité des individus ayant des droits inaliénables à la vie, à la liberté et à la propriété. Cette idée aura un impact significatif sur le développement politique et social de l'Amérique ibérique après les guerres d'indépendance.[18][19]

Annexes

Références

  1. Aline Helg - UNIGE
  2. Aline Helg - Academia.edu
  3. Aline Helg - Wikipedia
  4. Aline Helg - Afrocubaweb.com
  5. Aline Helg - Researchgate.net
  6. Aline Helg - Cairn.info
  7. Aline Helg - Google Scholar
  8. Lewin, Boleslao. La inquisición En Hispanoamerica Judios, Protestantes y Patriotas. Paidos, 1967. p.117 url: http://historiayverdad.org/Inquisicion/La-inquisicion-en-Hispanoamerica.pdf
  9. Rico Galindo, Rosario (Septiembre de 2008). «Terminologías». Historia de México (3ra. Edición edición). Santillana. pp. 64. ISBN 970-2-9223-08.
  10. León Portilla, Miguel (1983). De Teotihuacán a Los Aztecas: Antología de Fuentes e Interpretaciones Históricas. México: UNAM, pp. 354. ISBN 978-9-68580-593-3. El autor estima en 100 000 a 300 000 la población de la ciudad.
  11. En anglais, « The only good Indian is a dead Indian. »
  12. Who Said the Only Good Indian Is a Dead One?
  13. Mieder, Wolfgang. "'The Only Good Indian Is a Dead Indian': History and Meaning of a Proverbial Stereotype." The Journal of American Folklore 106 (1993):38–60.
  14. Comanche Chief Tosawi reputedly told Sheridan in 1869, "Me, Tosawi; me good Injun," to which Sheridan supposedly replied, "The only good Indians I ever saw were dead." Sheridan denied he had ever made the statement. Biographer Roy Morris Jr. states that, nevertheless, popular history credits Sheridan with saying "The only good Indian is a dead Indian." This variation "has been used by friends and enemies ever since to characterize and castigate his Indian-fighting career." - Philip Sheridan
  15. Origins of Sayings - The Only Good Indian is a Dead Indian, http://www.trivia-library.com/ - About the history and origins behind the famous saying the only good indian is a dead indian.
  16. Lambert, Leslie. Inventing the Great Awakening, Princeton University Press, 1999.
  17. "Bush Tells Group He Sees a 'Third Awakening'" Washington Post, 12 septembre 2006.
  18. ENA MENSUEL - La revue des Anciens Élèves de l’Ecole Nationale d’Administration NUMÉRO HORS-SERIE, "POLITIQUE ET LITTÉRATURE", DÉCEMBRE 2003 - JEFFERSON, LE PERE DE LA DECLARATION D’INDEPENDENCE DES ETATS-UNIS par André KASPI
  19. « pour leur conservation, pour leur sûreté mutuelle, pour la tranquillité de leur vie, pour jouir paisiblement de ce qui leur appartient en propre, et être mieux à l’abri des insultes de ceux qui voudraient leur nuire et leur faire du mal » - John Locke.Traité du gouvernement civil, 1690, édition française, C. Volland éd., Paris, 1802, p. 164