La Révolution mexicaine : 1910 - 1940

De Baripedia

D'après un cours d'Aline Helg[1][2][3][4][5][6][7]

La Révolution mexicaine, survenue entre 1910 et 1940, représente l'un des épisodes les plus déterminants de l'histoire du Mexique et, plus largement, de l'ensemble des Amériques. Sous l'ombre du long règne de Porfirio Díaz, période connue sous le nom de Porfiriato, le Mexique avait connu un essor économique notable, mais ce développement s'était accompagné de profondes inégalités sociales et économiques. Les communautés indigènes, les agriculteurs ruraux et d'autres groupes marginalisés se trouvaient en situation de précarité, éclipsés par l'ambition modernisatrice de Díaz.

C'est dans ce contexte tumultueux que la rébellion a éclaté, initiée par Francisco Madero, contre la dictature de Díaz. Tout au long de ces trois décennies de bouleversements, des figures emblématiques telles qu'Emiliano Zapata, Pancho Villa et Venustiano Carranza ont émergé, chacune incarnant différents intérêts et visions pour le pays. Ces leaders, particulièrement Zapata et Villa, ont souvent porté la voix des plus défavorisés, revendiquant une distribution équitable des terres et des ressources.

La Révolution mexicaine ne se résume pas simplement à une lutte pour le pouvoir ou à des transformations économiques. Elle symbolise une quête profonde d'identité nationale et d'inclusion. Durant cette période, les droits des peuples indigènes, des Afro-Mexicains, des descendants d'esclaves, mais aussi des femmes et des travailleurs, ont été projetés sur le devant de la scène, renforçant l'importance d'une nation diversifiée et unie.

Finalement, malgré le coût humain effroyable, estimé à 1,5 million de vies, la Révolution a pavé la voie à la formation d'une république constitutionnelle au Mexique, redéfinissant ainsi la structure sociale, économique et politique du pays pour les générations futures.

La dictature de Porfirio Díaz : 1876 - 1910[modifier | modifier le wikicode]

Le règne de Porfirio Díaz, souvent désigné sous le nom de "Porfiriato", représente une période ambivalente dans l'histoire du Mexique. Bien qu'il ait impulsé une modernisation significative du pays, son régime a également engendré des disparités socio-économiques flagrantes qui ont alimenté les tensions menant à la Révolution mexicaine. Díaz, visionnaire pour certains et dictateur pour d'autres, était animé par l'idée d'un Mexique moderne, industrialisé et connecté au reste du monde. Pour y parvenir, il a encouragé les investissements étrangers et a entrepris des projets d'infrastructures tels que les chemins de fer, les ports et les télégraphes. Ces initiatives ont stimulé l'économie mexicaine, intégrant davantage le pays au commerce mondial et attirant des investisseurs, notamment des États-Unis et d'Europe. Cependant, ces progrès ont eu un coût social. La modernisation a souvent favorisé les élites urbaines et les investisseurs étrangers aux dépens des populations rurales et indigènes. Sous Díaz, de vastes étendues de terres communales, connues sous le nom d'ejidos, ont été vendues ou confisquées pour être mises à disposition des grandes plantations ou des entreprises étrangères. Cela a déplacé de nombreuses communautés rurales, les privant de leurs moyens de subsistance traditionnels et exacerbant la pauvreté et l'inégalité. De plus, le Porfiriato a été marqué par une forte répression politique. Díaz, tout en prônant la paix et l'ordre (un slogan célèbre de son régime était "Ordre et Progrès"), a souvent utilisé la force pour réprimer ou éliminer l'opposition. Les élections sous son règne étaient largement considérées comme truquées, et les voix dissidentes étaient fréquemment réduites au silence par la censure, la prison ou la violence. Ces profondes inégalités économiques et l'absence de libertés politiques ont créé un terreau fertile pour la mécontentement et la révolte. La grande majorité des Mexicains, en particulier les classes rurales et indigènes, se sont retrouvées marginalisées et opprimées, alimentant ainsi les aspirations révolutionnaires qui allaient finalement éclater en 1910.

Le Porfiriato est un chapitre contrasté dans l'histoire du Mexique. D'une part, il a supervisé une période de modernisation rapide et d'expansion économique, mais d'autre part, il s'est appuyé sur une série de politiques répressives pour consolider son pouvoir. Ces actions, tout en stabilisant son régime à court terme, ont semé les graines du mécontentement qui conduira finalement à la Révolution mexicaine. La censure de la presse était un élément fondamental de la stratégie de Díaz pour contrôler le discours public. Les médias qui osaient critiquer le gouvernement ou remettre en question ses politiques étaient souvent muselés. Les journalistes qui refusaient de se conformer à cette ligne directrice risquaient l'emprisonnement, et dans certains cas plus extrêmes, l'exil. En parallèle, Díaz traitait durement les mouvements ouvriers naissants. À mesure que le Mexique s'industrialisait et que les classes laborieuses prenaient conscience de leurs droits, des grèves et des manifestations devenaient courantes. Cependant, ces mouvements étaient souvent réprimés avec force, et leurs leaders étaient régulièrement emprisonnés ou même assassinés pour avoir osé défier l'autorité de Díaz. Les communautés indigènes, souvent les plus vulnérables et les plus exploitées, subissaient également la répression de Díaz. Lorsqu'elles tentaient de défendre leurs terres traditionnelles ou leurs droits, elles étaient confrontées à une résistance brutale de la part du gouvernement. Mais peut-être l'outil le plus redouté dans l'arsenal de Díaz était sa force de police, les "rurales". Originellement créées pour maintenir l'ordre dans les régions rurales du Mexique, elles sont rapidement devenues l'instrument de terreur préféré de Díaz. Connues pour leur brutalité, elles avaient pour mission d'éliminer toute opposition à Díaz, instaurant ainsi un climat de peur. Cependant, la stratégie de répression de Díaz a eu des conséquences imprévues. Bien qu'elle ait consolidé son pouvoir pendant de nombreuses années, elle a également alimenté le mécontentement et l'insatisfaction parmi le peuple mexicain, qui finira par s'élever contre lui et chercher à reprendre le contrôle de son destin lors de la Révolution mexicaine.

L'année 1910 a été une période critique pour le Mexique, un tournant où la frustration accumulée envers le régime autocratique de Díaz a finalement éclaté en un mouvement de contestation nationale. La candidature de Francisco Madero aux élections présidentielles de cette année-là représentait un défi audacieux à la longue domination de Díaz. Madero, avec son pedigree de propriétaire terrien aisé et ses aspirations de réformateur politique, était une figure idéale pour canaliser le mécontentement grandissant envers le régime de Díaz. Lorsque Díaz a proclamé sa victoire aux élections malgré des allégations évidentes de fraude, l'indignation s'est intensifiée. La situation a été exacerbée par l'arrestation de Madero, perçue par beaucoup comme une tentative flagrante de museler l'opposition. Cette arrestation n'a pas seulement indigné les partisans de Madero, mais elle est devenue un symbole de l'injustice et de la corruption du régime de Díaz. En réponse, des soulèvements ont éclaté dans tout le pays. Ce qui a commencé comme des protestations localisées s'est rapidement transformé en une révolution à part entière, avec différentes factions et leaders révolutionnaires émergeant dans différentes régions du Mexique, chacun avec sa propre vision pour l'avenir du pays. Le conflit qui a suivi a été tumultueux et complexe, impliquant une série de batailles, de trahisons et de reconfigurations du pouvoir. Mais finalement, ce mouvement a renversé le régime de Díaz et a ouvert la voie à la création d'une nouvelle constitution en 1917. Cette constitution a cherché à répondre à de nombreuses revendications des révolutionnaires, notamment la réforme agraire, la protection des droits des travailleurs et l'instauration de garanties civiles. Ainsi, la Révolution mexicaine, déclenchée par une élection controversée en 1910, n'était pas seulement une rébellion contre un dictateur. C'était une lutte pour redéfinir le Mexique, pour construire une nation plus juste, inclusive et démocratique. Et bien que le chemin ait été sinueux et souvent sanglant, il a abouti à des transformations profondes et durables de la société mexicaine.

Le Porfiriato, la période de gouvernance de Porfirio Díaz, bien que marquée par une modernisation et un développement économique impressionnants, a semé les graines de son propre renversement. Un certain nombre de facteurs clés se sont combinés pour catalyser le soulèvement qui a culminé avec la Révolution mexicaine. D'abord et avant tout, l'augmentation effrénée de la pauvreté parmi les masses. Bien que le Mexique ait connu une croissance économique sous Díaz, celle-ci n'a pas été partagée équitablement. La richesse était concentrée entre les mains d'une minorité privilégiée, tandis que la majorité des citoyens languissaient dans la pauvreté. Les vastes étendues de terres agricoles étant monopolisées par quelques grands propriétaires, beaucoup de petits agriculteurs ont été dépossédés, exacerbant leur misère. Le déséquilibre entre l'exportation des produits agricoles et la fourniture aux besoins locaux a créé une situation où, malgré la richesse agricole du Mexique, sa propre population souffrait de pénuries alimentaires. Cette politique orientée vers l'exportation a mis la nourriture hors de portée pour de nombreux Mexicains ordinaires, les laissant affamés au milieu de l'abondance. Pendant ce temps, en ville, les conditions de travail s'aggravaient. L'industrialisation a amené une pléthore de problèmes pour les travailleurs : des journées de travail interminables, des salaires dérisoires et des conditions de travail dangereuses. Bien que Díaz ait réprimé les syndicats, le mécontentement parmi les travailleurs urbains a continué de croître, alimentant le mouvement syndical malgré la menace de persécution. Le contrôle étranger sur des secteurs économiques essentiels était une autre épine dans le côté du peuple mexicain. Les industries majeures, telles que le pétrole et les mines, étaient dominées par des intérêts étrangers, ce qui suscitait des sentiments anti-impérialistes et nourrissait la montée du nationalisme. L'inflation est devenue un autre malaise. Alors que l'économie se développait, l'inflation rongeait les économies des gens ordinaires, rendant la vie quotidienne encore plus difficile. Enfin, la montée du nationalisme a joué un rôle crucial. Les classes moyennes émergentes, instruites et politiquement conscientes, étaient de plus en plus exaspérées par le contrôle étranger et les inégalités économiques flagrantes. Cette combinaison de facteurs économiques, sociaux et politiques a finalement conduit à une tempête parfaite, provoquant le renversement de Díaz et le déclenchement de la Révolution mexicaine.

Causes de la révolution[modifier | modifier le wikicode]

La révolution mexicaine, qui a commencé en 1910 et s'est poursuivie pendant près de trente ans, est un sujet d'étude complexe et multidimensionnel qui a été interprété et reconsidéré sous de nombreux angles au fil des ans. Les perspectives divergentes sur ce mouvement révolutionnaire reflètent non seulement la complexité des événements eux-mêmes, mais aussi les diverses orientations idéologiques et méthodologiques des chercheurs qui étudient cette période. Les auteurs marxistes, par exemple, évaluent souvent les révolutions en fonction de la manière dont elles s'alignent sur les théories marxistes de la lutte des classes et de la transformation sociale. Du point de vue marxiste classique, une "véritable" révolution devrait conduire à l'établissement du socialisme, c'est-à-dire à la prise de pouvoir par la classe ouvrière et à la fin de la propriété capitaliste privée. Sur cette base, certains critiques marxistes affirment que la révolution mexicaine n'était pas une véritable révolution car, bien qu'elle ait entraîné des changements politiques significatifs, elle n'a pas abouti à une transformation socialiste complète de la société. En effet, la révolution mexicaine a entraîné la fin du Porfiriato et a introduit des réformes agraires significatives, ainsi que la nationalisation de certaines industries clés comme le pétrole. Cependant, ces changements n'ont pas aboli la propriété privée ni instauré un système socialiste. De plus, alors que certaines des revendications populaires, telles que celles du mouvement zapatiste pour une réforme agraire radicale, étaient de nature socialiste, ces revendications n'ont pas été entièrement réalisées. Néanmoins, réduire la révolution mexicaine à une simple lutte pour le pouvoir politique est une simplification. Bien que les changements économiques et sociaux n'aient peut-être pas été aussi radicaux que certains l'auraient souhaité, la révolution a tout de même entraîné une transformation significative de la société mexicaine. Elle a modifié les relations entre l'État et la société, a établi une nouvelle constitution en 1917 qui est toujours en vigueur aujourd'hui, et a conduit à des changements dans les structures agraires et les droits des travailleurs, parmi d'autres réformes.

La révolution mexicaine est, sans aucun doute, un épisode complexe et nuancé de l'histoire, et son interprétation a été le sujet de débats intenses parmi les historiens et les chercheurs. La perspective marxiste, axée sur les structures de classe et le changement économique, offre une lecture particulière de cet événement majeur. Il est vrai que l'issue de la révolution n'a pas radicalement bouleversé la structure économique capitaliste du Mexique. Après le chaos et les luttes de pouvoir de la révolution, la nation a finalement émergé en tant que république constitutionnelle avec l'adoption de la Constitution de 1917. Bien que ce document ait introduit des réformes sociales et politiques progressives, comme la réforme agraire et les droits des travailleurs, le Mexique est resté fondamentalement une économie capitaliste. En effet, malgré les tentatives de redistribution des terres, au fil du temps, de vastes étendues de terres sont retournées ou sont restées entre les mains de propriétaires terriens influents et d'entreprises. Les critiques marxistes pointent également le fait que bon nombre des figures centrales de la révolution, comme Venustiano Carranza ou Alvaro Obregón, provenaient des classes moyenne et supérieure de la société. Ces dirigeants, bien qu'opposés à la dictature de Porfirio Díaz, n'avaient pas nécessairement en tête les intérêts des classes les plus défavorisées. Ils cherchaient, plutôt, à établir un système politique stable qui répondrait également à leurs propres intérêts. Il est également à noter que bien que des figures comme Emiliano Zapata et Pancho Villa aient eu un programme beaucoup plus radical, axé sur les droits des paysans et la redistribution des terres, leurs visions n'ont pas triomphé de manière durable dans le paysage post-révolutionnaire. Zapata, en particulier, était profondément préoccupé par les droits des communautés rurales et voulait une réforme agraire radicale, mais sa vision n'a pas été pleinement réalisée malgré sa profonde influence. Cependant, même si la révolution n'a pas abouti à un renversement complet du capitalisme ni à une transformation radicale de la structure sociale, elle a néanmoins entraîné des changements significatifs dans le paysage politique et social du Mexique. Elle a mis fin à des décennies de dictature, introduit des réformes légales importantes et a été l'incubateur de débats intenses sur la justice sociale, la nation et la démocratie. En cela, même les perspectives les plus critiques reconnaissent son importance historique et son impact durable sur le Mexique.

La révolution mexicaine a entraîné une série de changements profonds qui ont remodelé la société mexicaine. L'un des éléments les plus emblématiques de cette période est la réforme agraire. La Constitution de 1917 a facilité la redistribution des terres, mettant fin à l'emprise des grands propriétaires terriens qui dominaient le pays depuis des siècles. Cette redistribution était une réponse à l'appel passionné d'Emiliano Zapata pour la "Tierra y Libertad" (Terre et Liberté). Bien que la mise en œuvre de la réforme ait connu des inégalités, elle symbolise néanmoins une rupture avec le système foncier antérieur. Par ailleurs, la nationalisation des ressources a été un autre tournant majeur de cette période. L'article 27 de la Constitution de 1917 stipulait que toutes les terres et ressources sous-terraines appartenaient à la nation. Ceci a préparé le terrain pour la nationalisation de l'industrie pétrolière en 1938 par le président Lázaro Cárdenas, renforçant ainsi la souveraineté économique du Mexique. La question des droits des peuples indigènes a également été mise en avant pendant la révolution. Cet événement a remis en question le système de haciendas, qui exploitait de manière flagrante les communautés indigènes. De plus, la nouvelle constitution a reconnu certaines des traditions communales de ces communautés, intégrant davantage leurs droits et leur culture dans la structure nationale. Sur le plan politique, la fin de la dictature de Porfirio Díaz a ouvert la voie à un régime plus démocratique. Bien que les années suivantes aient été marquées par des périodes de répression, la révolution a instauré une démocratie plus participative, jetant les bases d'une nouvelle dynamique politique. Enfin, l'évolution sociale qu'a connue le Mexique pendant et après la révolution a été remarquable. Une nouvelle identité nationale mexicaine a émergé, cherchant à fusionner les traditions indigènes et hispaniques. Cela s'est traduit par une renaissance culturelle, visible notamment dans les domaines artistiques et musicaux. Bien que certaines critiques puissent souligner que la révolution n'a pas complètement transformé toutes les structures de pouvoir, elle a néanmoins introduit des changements significatifs qui continuent d'influencer le pays.

La révolution mexicaine se distingue nettement dans le paysage historique par son ampleur, son impact et la profondeur de ses transformations. Elle ne fut pas une simple modification du système en place mais plutôt une transformation radicale des structures politiques, économiques et sociales du Mexique. La grande participation populaire à la révolution est un élément clé qui souligne son caractère révolutionnaire. Avec des racines s'étendant du Nord au Centre du pays, des millions de Mexicains se sont levés pour réclamer des changements. Ces soulèvements n'étaient pas seulement le fruit d'un mécontentement, mais reflétaient également les aspirations divergentes des différentes régions du pays. Par exemple, alors que les habitants du Nord cherchaient à se libérer des chaînes du pouvoir central, ceux du Centre étaient animés par la soif de justice foncière, espérant récupérer les terres qui leur avaient été usurpées sous le régime de Díaz. Mais la lutte ne se limitait pas à de simples revendications; elle s'est transformée en une véritable guerre pour le contrôle de la nation. Les batailles acharnées et les confrontations ont non seulement renversé le régime de Díaz mais ont également fait s'effondrer les fondements mêmes sur lesquels reposait son pouvoir. Ces conflits ont ouvert la voie à l'émergence de nouveaux dirigeants, qui, tout en cherchant à consolider leur pouvoir, ont également tenté d'établir une nouvelle vision pour le pays. La fin du Porfiriato a marqué le début d'une ère nouvelle. Les nouvelles élites au pouvoir ont introduit une idéologie fondamentalement différente, centrée sur le nationalisme. Cette nouvelle vision a mis l'accent sur la souveraineté, l'indépendance économique et la valorisation de l'identité mexicaine. Elle a cherché à redéfinir le Mexique non seulement politiquement mais aussi économiquement, en cherchant à créer un capitalisme ancré dans la nation.

La révolution mexicaine est un tournant majeur dans l'histoire du pays, tant par sa portée que par ses implications. L'ampleur sans précédent de la participation populaire à cette révolution démontre l'effervescence sociale et politique qui régnait à l'époque. Des hommes et des femmes de toutes origines, qu'ils soient paysans, travailleurs ou intellectuels, se sont ralliés à la cause, exprimant leurs frustrations, leurs espoirs et leurs aspirations pour un Mexique meilleur. Cette époque a également été marquée par une multitude de visions concernant l'avenir du pays. Alors que certains rêvaient de justice sociale et d'une redistribution des terres, d'autres envisageaient une démocratie libérale et un pays industrialisé. Ces différentes perspectives ont souvent conduit à des tensions et des conflits, mais elles ont aussi enrichi le discours révolutionnaire, offrant une pluralité de voies pour le futur de la nation. La lutte pour le pouvoir n'était pas seulement symbolique, mais profondément enracinée dans la réalité du terrain. La chute de Díaz n'était que le début d'une série de batailles, tant militaires que politiques, pour déterminer qui dirigerait le Mexique et comment. Ces affrontements ont conduit à la dissolution des structures antérieures de pouvoir et ont ouvert la porte à de nouvelles formes de gouvernance. Le remplacement du système de contrôle de Díaz était essentiel pour la transformation du pays. Sous la nouvelle administration, d'anciens mécanismes de pouvoir ont été démantelés et remplacés par des institutions plus représentatives et démocratiques. Cette refonte institutionnelle a également été accompagnée par l'émergence d'une nouvelle élite qui, bien qu'elle cherche à consolider son pouvoir, s'est également engagée à mettre en œuvre les réformes nécessaires. Enfin, l'idéologie dominante de la nation a subi un changement radical. L'accent mis sur le nationalisme, la justice sociale et l'indépendance économique a façonné la manière dont le Mexique se percevait lui-même et son rôle dans le monde. Cette nouvelle vision a fourni une base solide pour la consolidation et la croissance du pays au cours du XXe siècle. Ainsi, la révolution mexicaine n'était pas simplement un changement de régime, mais une transformation profonde de la société mexicaine, redéfinissant son identité, ses valeurs et sa trajectoire pour les générations futures.

La révolution mexicaine, qui a débuté en 1910, se distingue effectivement comme l'une des premières grandes révolutions du 20e siècle. Ses implications et ses répercussions ont eu une portée bien au-delà des frontières mexicaines, influençant le cours des mouvements révolutionnaires à travers le monde. Lorsqu'elle a éclaté, la révolution mexicaine n'était pas simplement une réaction contre la longue dictature de Porfirio Díaz, mais elle représentait également une réponse aux profondes inégalités socio-économiques, à l'exploitation des classes ouvrières et paysannes, et aux aspirations nationales pour une autonomie et une souveraineté renouvelées. Elle a porté une attention particulière aux droits fonciers, à la réforme agraire, à l'éducation, et à la réduction de l'influence étrangère, notamment américaine, sur l'économie mexicaine. Le contexte international a également joué un rôle. À cette époque, le monde entrait dans une phase d'agitation politique et sociale. L'industrialisation rapide, le capitalisme et les inégalités économiques croissantes, ainsi que l'effritement des empires et le mouvement pour la décolonisation, ont créé un terreau fertile pour les révolutions. Par rapport à d'autres mouvements révolutionnaires, la révolution mexicaine s'est distinguée par sa concentration sur les questions agraires et foncières, contrastant avec les approches plus industrielles et prolétariennes des révolutions russe et chinoise. De plus, bien qu'elle ait comporté des éléments radicaux et des personnalités socialistes, la révolution mexicaine n'a pas cherché à instaurer un système communiste comme en Russie ou en Chine. La révolution cubaine, survenue près d'un demi-siècle plus tard, a été influencée par les contextes de la guerre froide et de la décolonisation, et s'est fortement appuyée sur des idéologies marxistes-léninistes.

La révolution mexicaine est singulière, car elle se déroule dans le contexte des Amériques, une région qui, à l'époque, était largement sous l'influence des politiques d'expansion des États-Unis. Cette influence, avec le Corollaire Roosevelt à la Doctrine Monroe et la politique du Big Stick, signifiait que tout mouvement politique significatif dans la région serait inévitablement confronté à l'intervention ou à l'influence des États-Unis. Le Mexique, à travers sa révolution, a tenté de redéfinir son identité nationale, en s'éloignant de l'héritage colonial et des intérêts étrangers, tout en cherchant à instaurer une forme de gouvernement plus démocratique et inclusive. Les figures emblématiques de la révolution, comme Emiliano Zapata et Pancho Villa, étaient des champions des droits des classes paysannes et indigènes, et leurs causes trouvent un écho dans les mouvements révolutionnaires et sociaux d'autres pays d'Amérique latine. Les principales revendications de la révolution - la réforme agraire, la reconnaissance des droits des indigènes et une répartition plus équitable des ressources - reflétaient les profondes inégalités et tensions sociales qui étaient présentes non seulement au Mexique, mais également dans d'autres pays de la région. Ces enjeux ont été le moteur de nombreux autres mouvements sociaux et révolutionnaires en Amérique latine tout au long du 20e siècle. En outre, la révolution mexicaine a démontré que le changement pouvait être initié et conduit par des acteurs non-étatiques, et que les mouvements populaires pouvaient effectivement remettre en question et remodeler l'ordre établi. Cela a eu un impact indéniable sur la façon dont d'autres mouvements de résistance et de révolution en Amérique latine ont envisagé leur propre lutte.

La révolution mexicaine a établi un précédent fort pour le reste de l'Amérique latine, démontrant qu'un mouvement populaire pourrait déstabiliser un régime autoritaire établi et ériger un nouvel ordre basé sur la justice sociale et la démocratie. L'une des contributions majeures de la révolution mexicaine a été sa mise en évidence de la réforme agraire. Le cri de Zapata, "¡Tierra y libertad!" (Terre et liberté), a trouvé un écho bien au-delà des frontières mexicaines. Dans des pays comme la Bolivie, le Pérou et le Chili, l'idée d'une redistribution des terres pour profiter à ceux qui la travaillent a été mise en avant, menant à des réformes agraires au milieu du XXe siècle. Simultanément, la révolution a également souligné l'importance des droits des populations indigènes. Depuis la période coloniale, ces groupes étaient largement marginalisés. Le soulèvement mexicain a inspiré les mouvements indigènes en Bolivie, en Équateur et au Guatemala, qui ont depuis lutté pour obtenir reconnaissance et droits. La décision audacieuse du président Lázaro Cárdenas de nationaliser le pétrole mexicain dans les années 1930 a démontré une forte souveraineté économique. Cela a donné naissance à un sentiment de nationalisme économique, incitant d'autres nations d'Amérique latine à envisager la nationalisation de leurs ressources, en particulier lors de la vague de nationalisations des années 1960 et 1970. Les mouvements de base qui ont été la force motrice de la révolution mexicaine ont illustré que le pouvoir ne pouvait pas seulement être contesté par les élites, mais aussi par les citoyens ordinaires. Qu'il s'agisse de syndicats, de communautés paysannes ou de mouvements indigènes, le pouvoir résidait dans la solidarité du peuple. Enfin, bien que la révolution mexicaine ait connu des périodes d'autoritarisme, elle a promu une forme de démocratie plus inclusive et représentative que celle de l'ère Diaz. Les dirigeants et activistes d'Amérique latine, ayant étudié la révolution mexicaine, se sont inspirés de ses leçons pour façonner les mouvements populaires dans leurs propres nations, montrant comment la contestation des structures de pouvoir en place pouvait influencer l'histoire.

La Révolution mexicaine[modifier | modifier le wikicode]

La révolution mexicaine, qui a profondément façonné le paysage politique, économique et social du Mexique au 20ème siècle, peut être vue en trois phases distinctes, chacune ayant ses propres particularités et défis.

De 1910 à 1920, le Mexique a été plongé dans une intense guerre civile, marquée par le renversement de la longue dictature de Porfirio Díaz. Ce chaos a donné lieu à divers chefs et mouvements révolutionnaires, comme Emiliano Zapata et Francisco Villa, luttant pour l'idéal de la justice sociale et le contrôle du pays. Ce tumulte a finalement culminé avec la promulgation de la Constitution de 1917, un document progressiste qui cherchait à rectifier les inégalités profondément enracinées dans la société mexicaine, en garantissant des droits fondamentaux tels que la redistribution des terres, les droits des travailleurs et une éducation publique.

La deuxième phase, de 1920 à 1934, connue sous le nom des "années de Sonora", a vu l'émergence de figures dominantes comme Alvaro Obregon et Plutarco Elías Calles. Malgré le retour relatif à la stabilité, ces années ont également été marquées par une centralisation croissante du pouvoir et par la répression des dissidences. Le gouvernement a favorisé un développement économique robuste, tout en consolidant son contrôle sur la nation, établissant ainsi les bases de ce qui deviendra plus tard le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) dominant.

La période de 1934 à 1940, sous la présidence de Lazaro Cardenas, est peut-être la plus transformative de toutes. Cardenas, avec une vision profondément sociale et nationale, a lancé des réformes audacieuses qui ont défini le Mexique moderne. Sa décision de nationaliser l'industrie pétrolière en 1938 a été particulièrement emblématique, reflétant une volonté de mettre les ressources du pays au service du peuple. En outre, sa politique de réforme agraire a redistribué d'immenses étendues de terres, cherchant à corriger les inégalités héritées de l'époque porfirienne. Ces initiatives, tout en continuant à faire face à des défis et des critiques, ont solidifié l'héritage de la révolution mexicaine comme un tournant décisif dans l'histoire du pays.

1910 – 1920 : Une décennie de luttes[modifier | modifier le wikicode]

Les principaux protagonistes[modifier | modifier le wikicode]

Durant la première phase de la révolution mexicaine (1910-1920), le Mexique a subi d'intenses bouleversements politiques et sociaux. Cette époque était, en effet, chaotique, sanglante, avec d'incessantes batailles et des renversements de pouvoir. Francisco Madero, souvent considéré comme le pionnier de la révolution, est parvenu à mettre fin au long régime autoritaire de Porfirio Díaz en 1911. Toutefois, ses aspirations démocratiques ont été de courte durée. En 1913, après à peine deux ans au pouvoir, Madero a été trahi et renversé lors de la tristement célèbre "Decena Trágica" (Dix Jours Tragiques). Il a été assassiné peu après, marquant le début d'une période encore plus instable. L'une des figures les plus emblématiques de cette période est Emiliano Zapata, qui venait de l'état de Morelos et défendait fermement la cause des paysans. Son plan d'Ayala, réclamant une réforme agraire radicale, est devenu un symbole de la lutte pour les droits fonciers des communautés rurales. Zapata, malgré son leadership et sa popularité, n'a pas échappé à la violence de l'époque. En 1919, il a été traîtreusement assassiné sur ordre de Jesús Guajardo, un acte qui a profondément démoralisé ses partisans et a marqué un tournant dans la révolution. Cette décennie a vu la montée et la chute de nombreux autres leaders, comme Pascual Orozco, Venustiano Carranza et Francisco "Pancho" Villa. Leurs destins tragiques témoignent de la nature imprévisible et brutale de la révolution, où les alliances changeaient fréquemment et où la loyauté pouvait se retourner en trahison du jour au lendemain. Mais malgré les tragédies individuelles, cette période a jeté les bases de changements durables et significatifs pour le Mexique.

La phase de 1910 à 1920 de la révolution mexicaine est souvent comparée à un carrousel de conflits entre différentes factions cherchant à façonner l'avenir du Mexique selon leur vision. Francisco "Pancho" Villa, originaire du nord du Mexique, était à la tête de la Division du Nord. Charismatique et doté d'une forte personnalité, il était admiré par beaucoup pour ses prouesses sur le champ de bataille et sa volonté de lutter pour les droits des plus défavorisés. Villa a souvent été dépeint, tant dans l'histoire que dans la culture populaire, comme un bandit au grand cœur ou un Robin des Bois mexicain, volant aux riches pour donner aux pauvres. Emiliano Zapata, en revanche, venait du sud du Mexique et était le champion des droits des paysans et des communautés indigènes. Son plan d'Ayala, qui exigeait une réforme agraire radicale, reflétait son engagement envers la restitution des terres à ceux qui les travaillaient. Zapata est souvent cité pour sa célèbre déclaration, "La tierra es para quien la trabaja" (La terre appartient à celui qui la travaille). Álvaro Obregón, bien qu'initialement moins connu que Villa ou Zapata, s'est révélé être l'un des stratèges militaires et politiques les plus habiles de cette période. Il a finalement réussi à consolider le pouvoir en sa faveur, émergeant comme le leader principal après la défaite des autres factions importantes. Malgré leurs différences idéologiques et géographiques, ces leaders avaient un objectif commun : renverser le système oligarchique qui avait régné pendant des décennies sous Porfirio Díaz. Cependant, leur vision du futur Mexique était souvent en conflit, ce qui a conduit à de nombreuses confrontations entre eux. Le pays était profondément marqué par cette période de tumulte. Les batailles étaient féroces, et les civils étaient souvent pris entre deux feux. Les villes étaient détruites, et de nombreux Mexicains ont été déplacés ou ont fui vers les États-Unis pour échapper à la violence. Malgré la turbulence et le coût élevé en vies humaines, cette décennie a été fondamentale pour façonner le Mexique moderne, jetant les bases d'un changement social et politique durable.

La Constitution de 1917 est, sans doute, l'un des legs les plus durables de la révolution mexicaine. En dépit des conflits armés omniprésents et des divergences idéologiques entre les différentes factions, il y avait un consensus émergent sur la nécessité d'un cadre juridique qui garantirait les droits fondamentaux des citoyens et adresserait les principaux griefs qui avaient alimenté la révolution. Dans le contexte de cette époque tumultueuse, l'élaboration de la Constitution a été une démonstration de vision et de détermination. Elle n'était pas seulement une réponse à la dictature de Porfirio Díaz ; elle représentait une refonte complète des principes directeurs de la nation. L'article 3, par exemple, garantissait une éducation laïque, gratuite et obligatoire pour tous les Mexicains. Cela visait non seulement à améliorer l'éducation dans le pays, mais aussi à limiter l'influence de l'Église catholique dans les affaires éducatives. L'article 27, l'un des plus radicaux et des plus contestés, traitait de la redistribution des terres. Il stipulait que toutes les terres et eaux étaient à l'origine la propriété de la nation, permettant ainsi une réforme agraire en faveur des paysans qui avaient perdu leurs terres pendant les années de domination de Díaz. L'article 123 abordait les droits des travailleurs, garantissant le droit de grève, établissant une journée de travail de huit heures et protégeant les droits des femmes et des enfants au travail. Cette disposition visait à contrer les abus flagrants subis par les ouvriers sous le régime antérieur. La Constitution de 1917 est donc devenue un symbole de la volonté du Mexique de se moderniser et de répondre aux demandes de justice sociale qui avaient été au cœur de la révolution. Malgré les défis de sa mise en œuvre et les diverses interprétations de ses dispositions dans les années qui ont suivi, elle reste un jalon essentiel de l'histoire mexicaine, témoignant de l'ambition du pays de créer une société plus juste et égalitaire.

Victoriano Huerta est un personnage controversé de la révolution mexicaine. Militaire de carrière, il était au départ loyal à Porfirio Díaz, le dictateur de longue date du Mexique. Cependant, après la chute de Díaz, Huerta s'est retrouvé dans une position de pouvoir au sein de l'armée pendant la présidence de Francisco Madero. Madero, qui était un idéaliste, a sous-estimé la complexité de la politique mexicaine et a commis l'erreur de faire confiance à Huerta, le gardant comme général de l'armée. En 1913, à travers un coup d'État connu sous le nom de la "Decena Trágica" (la "Décennie tragique"), Huerta a trahi Madero, l'a fait arrêter et peu après, Madero a été assassiné, bien que les circonstances exactes de sa mort soient encore sujettes à débat. Avec le soutien de divers intérêts, dont certains aux États-Unis, Huerta a pris le pouvoir. Cependant, il s'est vite révélé impopulaire, car il cherchait à restaurer l'ordre autoritaire associé au régime de Díaz. Son gouvernement a été contesté par de nombreux chefs révolutionnaires, dont Venustiano Carranza, Pancho Villa et Emiliano Zapata, qui ont formé une coalition contre lui. Face à une opposition croissante, à une pression diplomatique et à des soulèvements internes, le régime de Huerta s'est effondré en 1914, et il a été contraint de fuir le pays. Il s'est d'abord réfugié en Espagne, puis a déménagé aux États-Unis où il a tenté, sans succès, de mobiliser un soutien pour reprendre le pouvoir au Mexique. En 1916, il a été arrêté aux États-Unis pour avoir comploté contre le gouvernement américain. Il est mort à El Paso, au Texas, en 1916, officiellement de cirrhose, bien que des rumeurs aient suggéré qu'il aurait pu être empoisonné.

La période de 1910 à 1920 au Mexique, connue comme la première phase de la révolution mexicaine, fut une époque tumultueuse qui a vu un bouleversement majeur de la structure politique et sociale du pays. Elle est souvent décrite comme une des périodes les plus violentes de l'histoire du Mexique, et cet énoncé en est un témoignage clair. Francisco Madero, issu d'une riche famille de propriétaires terriens, avait des idéaux de justice sociale et de démocratie. Son assassinat en 1913, peu de temps après qu'il eut pris le pouvoir, a mis en évidence la fragilité et l'instabilité de la situation politique de l'époque. Pancho Villa et Emiliano Zapata sont probablement les figures les plus emblématiques de la révolution. Villa, bien que souvent décrit comme un bandit, était un tacticien doué avec une armée puissante. Zapata, quant à lui, était un défenseur fervent de la réforme agraire et du droit des paysans à la terre. Les deux ont subi des destinées tragiques, assassinés pour leurs idéaux et leur influence. Pascual Orozco, bien que moins connu internationalement que Villa ou Zapata, a joué un rôle clé dans les premières étapes de la révolution, avant de changer plusieurs fois d'alliance, ce qui a finalement conduit à sa chute. Alvaro Obregón et Venustiano Carranza étaient des figures centrales dans la consolidation de la révolution. Obregón, en particulier, est connu pour avoir apporté une certaine stabilité au Mexique après une décennie de violence. Cependant, comme beaucoup d'autres avant lui, il a été tragiquement assassiné. Cette période de l'histoire mexicaine met en évidence les dangers et les défis de la transformation révolutionnaire, où même les victoires peuvent être éphémères et où le pouvoir peut coûter la vie. La violence et les trahisons de cette époque ont façonné la mémoire collective du Mexique et continuent d'influencer sa politique et sa culture.

Les figures clés de la révolution mexicaine ont non seulement façonné le cours de la révolution elle-même, mais leur destin tragique a également joué un rôle majeur dans la direction qu'a prise le pays après leur disparition. Francisco Madero, en renversant la longue dictature de Porfirio Díaz, a mis en évidence le mécontentement profond du peuple mexicain envers le régime en place. Son assassinat a provoqué un vide de pouvoir qui a exacerbé les tensions entre les différentes factions révolutionnaires, rendant la situation encore plus volatile. Emiliano Zapata et Pancho Villa, bien qu'opérant dans des régions différentes du pays, symbolisaient l'espoir des classes les plus défavorisées. Zapata, avec son slogan "Tierra y Libertad", incarnait les aspirations des paysans pour une juste redistribution des terres. La mort de Zapata a été un coup dur pour le mouvement agrariste. De même, Villa, avec sa Division du Nord, représentait un défi majeur pour le gouvernement central, et sa mort a éliminé un adversaire important pour l'establishment politique. La mort d'Alvaro Obregón, qui avait réussi à stabiliser le pays après une décennie de révolution, a également marqué la fin d'une époque. Son pragmatisme politique et sa capacité à naviguer entre différentes factions ont été cruciaux pour la consolidation de la révolution. Avec sa disparition, le pays a perdu un leader qui avait la vision et la capacité de guider le Mexique vers un avenir plus stable. Venustiano Carranza, bien qu'ayant des idéaux moins radicaux que certains de ses contemporains, a joué un rôle essentiel en établissant la Constitution de 1917. Son assassinat a mis en évidence les dangers et les rivalités persistantes au sein des élites révolutionnaires. Toutes ces morts ont non seulement reflété la nature volatile et brutale de la révolution, mais ont aussi créé des vides de pouvoir et des opportunités pour d'autres leaders de s'affirmer. Leur héritage a influencé les décennies qui ont suivi, et leurs histoires sont devenues intrinsèques à l'identité nationale du Mexique.

La révolution mexicaine a été une période tumultueuse, sanglante et indécise, où l'allégeance changeait fréquemment et où les alliances étaient souvent éphémères. Les leaders révolutionnaires, malgré leurs différences idéologiques et régionales, partageaient un objectif commun de renverser le vieil ordre et d'instaurer un régime qui reflétait leurs idéaux et aspirations pour le Mexique. Cependant, leurs visions du futur du pays étaient souvent en conflit, ce qui a conduit à de nombreux affrontements et trahisons. Le fait que six des sept principaux leaders aient été assassinés en dit long sur la nature brutale et impitoyable de cette période. Ces assassinats n'étaient pas seulement le résultat d'affrontements sur le champ de bataille, mais étaient souvent le résultat de trahisons politiques, d'embuscades et de machinations. Victoriano Huerta est un cas à part. Bien qu'il n'ait pas été tué directement à cause de la révolution, sa chute du pouvoir et son exil aux États-Unis sont directement liés à son rôle pendant la révolution. Huerta, avec son association à l'ancien régime de Díaz et sa prise de pouvoir après le renversement de Madero, était vu par beaucoup comme une trahison des idéaux révolutionnaires. Son échec à établir un contrôle stable sur le pays et à pacifier les différentes factions révolutionnaires a finalement conduit à sa chute. L'issue tragique de la plupart de ces leaders montre à quel point la révolution mexicaine était complexe et imprévisible. Chacun de ces hommes a laissé une empreinte durable sur l'histoire du Mexique, et leur destin tragique est un témoignage des dangers et des sacrifices inhérents à la lutte pour le changement radical.

La révolution mexicaine a été un tourbillon de changements et d'événements inattendus. La disparition soudaine de figures charismatiques et influentes a laissé des vides de pouvoir qui ont souvent été comblés par de nouvelles factions ou individus cherchant à promouvoir leurs propres agendas. À chaque fois qu'un leader était éliminé, cela créait une opportunité pour d'autres de monter en puissance, mais cela ajoutait également une couche supplémentaire d'incertitude à un paysage politique déjà chaotique. Les assassinats successifs des dirigeants clés ont également renforcé l'idée qu'aucun leader n'était vraiment en sécurité, quel que soit son pouvoir ou son influence. Cela a pu décourager certains de poursuivre des initiatives radicales ou de se mettre en avant, de peur de devenir la prochaine cible. D'autre part, cela a pu encourager d'autres à adopter des tactiques plus brutales ou à agir rapidement, sachant que leur temps au pouvoir pourrait être limité. De plus, le Mexique était un pays avec des divisions régionales, sociales et économiques profondes. Ces divisions étaient souvent reflétées dans les factions révolutionnaires elles-mêmes. Sans un leadership fort et unifié pour guider le pays, ces divisions sont devenues plus prononcées. Des régions entières, comme le Nord avec Pancho Villa et le Sud avec Emiliano Zapata, avaient leurs propres agendas et visions pour l'avenir du Mexique, ce qui a compliqué encore davantage les efforts pour établir une direction unifiée. Finalement, la révolution mexicaine n'était pas seulement une lutte contre l'ancien régime de Díaz, mais aussi une bataille pour définir l'identité et l'avenir du Mexique. Les conflits internes, exacerbés par la mort de dirigeants clés, ont prolongé cette période de turbulence et rendu la transition vers un nouvel ordre d'autant plus complexe.

Plan de San Luis Potosí[modifier | modifier le wikicode]

Le nord du Mexique, en particulier les États de Chihuahua, Coahuila et Sonora, était le cœur économique du pays à cette époque, grâce à l'agriculture, l'élevage, la mine et l'industrie. Ces États étaient également proches des États-Unis, ce qui facilitait le commerce et les investissements. Ainsi, la région avait vu naître une classe bourgeoise locale influente qui, avec le temps, s'était sentie aliénée par les politiques centralisatrices et népotiques de Díaz. Francisco Madero, issu d'une riche famille de propriétaires terriens de Coahuila, était un reflet de cette bourgeoisie du nord. Bien qu'il ait personnellement profité de la période porfirienne, Madero était également influencé par les idées libérales et démocratiques, et s'opposait fermement à la continuité autocratique de Díaz. Lorsque Madero a été arrêté pour avoir osé se présenter contre Díaz lors des élections de 1910, cela a alimenté la colère et le mécontentement parmi ses partisans. Lorsque le Plan de San Luis Potosí a été proclamé, il a rapidement gagné le soutien de divers groupes qui avaient des griefs contre le régime de Díaz, et pas seulement dans le Nord. Cependant, c'est dans le Nord que la révolte a rapidement pris de l'ampleur, grâce à des leaders tels que Pascual Orozco et Pancho Villa. Ces deux leaders, bien que soutenant initialement Madero, avaient également leurs propres visions pour le Mexique.

Francisco Madero a suscité un soutien significatif face à la longue dictature de Porfirio Díaz. En réponse à l'appel au soulèvement du Plan de San Luis Potosí, de nombreux groupes à travers le pays ont pris les armes contre le régime de Díaz. Deux des figures les plus notables à se joindre à Madero dans cette lutte ont été Pascual Orozco et Pancho Villa, deux leaders charismatiques originaires du nord du pays. Pascual Orozco, initialement loyal à Madero, a joué un rôle clé dans les victoires initiales contre les troupes de Díaz. Pancho Villa, quant à lui, est devenu une légende à la fois pendant et après la révolution, commandant la fameuse "Division du Nord", qui était l'une des forces les plus puissantes et les mieux organisées de la révolution. En mai 1911, après plusieurs batailles décisives, dont la prise de Ciudad Juárez, les forces révolutionnaires ont réussi à mettre fin au règne de Díaz. En résultat des négociations des Accords de Ciudad Juárez, Díaz a démissionné de la présidence et s'est exilé en France, où il a vécu le reste de ses jours jusqu'à sa mort en 1915.

L'élimination de Porfirio Díaz de la présidence a créé un vide de pouvoir auquel plusieurs dirigeants révolutionnaires ont tenté de répondre. Chacun de ces leaders - comme Francisco Madero, Emiliano Zapata, Pancho Villa, Alvaro Obregón, et Venustiano Carranza - avait sa propre vision pour l'avenir du Mexique. Ces visions divergentes ont conduit à de multiples affrontements entre ces factions. Emiliano Zapata, par exemple, a promulgué le Plan d'Ayala en 1911, exigeant une réforme agraire radicale. Il voulait que les terres soient restituées aux communautés villageoises et que toute propriété foncière acquise illégalement par les hacendados (propriétaires terriens) et les étrangers soit reprise. Pancho Villa, pour sa part, était moins préoccupé par des réformes spécifiques que par l'opposition aux élites qui avaient trahi la révolution, notamment les dirigeants comme Carranza et Obregón. La nécessité de créer un consensus parmi ces groupes divergents a culminé avec la Constitution de 1917. Convoqué par Venustiano Carranza, le Congrès constitutionnel a tenté de forger un compromis entre les différentes revendications et idéologies des groupes révolutionnaires. La Constitution a incorporé des réformes agraires, des garanties pour les droits des travailleurs, et une position nationaliste en ce qui concerne les ressources naturelles du pays, entre autres choses. Malgré son adoption, les combats n'ont pas immédiatement cessé, mais la Constitution de 1917 est demeurée, avec des modifications, la loi fondamentale du Mexique, soulignant l'importance et la durabilité de cet effort pour redéfinir la nation.

Bien que Francisco Madero ait été un personnage central dans le renversement de la longue dictature de Porfirio Díaz, sa période au pouvoir en tant que président a été tumultueuse et marquée par des tensions internes. L'un des principaux griefs contre Madero était qu'il n'avait pas apporté les changements radicaux que de nombreux révolutionnaires attendaient. Pour nombre d'entre eux, le simple fait de renverser Díaz ne suffisait pas : ils souhaitaient également un changement profond des structures socio-économiques du Mexique, en particulier en ce qui concerne la réforme agraire et les droits des travailleurs. Madero, venant d'une famille aisée de grands propriétaires terriens, était essentiellement un démocrate libéral qui cherchait à instaurer des élections libres et un gouvernement constitutionnel, mais n'était pas nécessairement en faveur d'une révolution sociale radicale. Ainsi, bien qu'il ait pris certaines mesures pour apporter des réformes, il a été perçu par beaucoup comme trop modéré ou trop lent dans la mise en œuvre de ces réformes. Des figures comme Emiliano Zapata étaient particulièrement mécontentes du rythme de la réforme agraire. Le Plan d'Ayala, proclamé par Zapata, critiquait ouvertement Madero pour ne pas avoir rendu les terres aux communautés paysannes. De plus, Madero a fait face à une série de rébellions et de conspirations dès le début de son mandat. Des figures de l'ancien régime, des officiers militaires mécontents et même certains de ses anciens alliés ont remis en question sa légitimité et son leadership. Finalement, cela a culminé avec le coup d'État orchestré par le général Victoriano Huerta en 1913, qui a conduit à l'arrestation et à l'assassinat de Madero. La trahison de Huerta et la mort de Madero ont rallumé la flamme de la révolution, avec de nombreux Mexicains se levant contre le régime autoritaire de Huerta et en défense des idéaux pour lesquels Madero avait initialement combattu.

La dynamique entre Francisco Madero et d'autres leaders révolutionnaires met en évidence les tensions et les divergences idéologiques au cœur de la révolution mexicaine. Pancho Villa, originaire de l'État du Nord de Chihuahua, avait formé l'une des principales forces révolutionnaires, la célèbre "Division du Nord". Bien qu'il ait été initialement un allié clé de Madero dans la lutte contre Díaz, après l'accession de Madero au pouvoir, les relations entre les deux hommes se sont tendues. Villa considérait que Madero n'avançait pas assez rapidement avec ses réformes, et cette tension a été exacerbée lorsque Madero a ordonné l'arrestation de Villa en 1912. Pascual Orozco, un autre allié initial de Madero dans le renversement de Díaz, est rapidement devenu mécontent du manque de réformes profondes sous Madero. En particulier, il était frustré par le rythme lent de la réforme agraire. En conséquence, Orozco a pris les armes contre le gouvernement Madero en 1912, déclenchant une nouvelle phase de la révolution. Emiliano Zapata, du Sud de l'État de Morelos, s'est distingué comme un fervent défenseur de la réforme agraire. Il a été l'une des voix les plus critiques envers Madero, accusant le président de ne pas mettre suffisamment l'accent sur la restitution des terres aux paysans. Son "Plan d'Ayala" de 1911 était un appel passionné à une transformation radicale de la structure foncière du pays. Ces divergences illustrent le défi fondamental de la révolution mexicaine: concilier les différentes aspirations et demandes des divers groupes révolutionnaires. Bien que Madero souhaitait démocratiser le pays, d'autres, comme Zapata, cherchaient une transformation sociale profonde. La multiplicité des agendas et des idéologies a rendu la période exceptionnellement instable et conflictuelle.

Après l'assassinat de Madero, le général Victoriano Huerta a pris le pouvoir, inaugurant une période de tyrannie militaire. Cependant, la prise de pouvoir de Huerta a été largement contestée, en particulier par des leaders tels que Pancho Villa et Emiliano Zapata, qui ont formé une alliance contre lui. Ce regroupement contre Huerta a également inclus Venustiano Carranza, un autre leader influent de la révolution. La coalition anti-Huerta, bien qu'hétérogène dans ses objectifs et motivations, était unie dans sa détermination à renverser Huerta. La guerre civile qui a suivi a vu des batailles majeures et des affrontements dans tout le Mexique. En juillet 1914, après plusieurs défaites militaires et face à une pression politique intérieure et internationale croissante, Huerta a démissionné et s'est exilé. Cependant, même après la chute de Huerta, la paix n'a pas été restaurée. Les divisions profondes entre les leaders révolutionnaires, en particulier entre Carranza, Villa et Zapata, ont persisté. La rivalité entre ces factions a conduit à une nouvelle série de conflits, chacun cherchant à imposer sa vision pour le Mexique post-révolutionnaire. L'instabilité a persisté jusqu'en 1920, lorsque Alvaro Obregón a lancé un coup d'État contre Carranza, conduisant finalement à une période de stabilisation relative. Toutefois, comme le montrent les événements des années suivantes, les tensions sous-jacentes et les conflits d'intérêts entre les différents groupes n'ont jamais été complètement résolus, faisant de la révolution mexicaine une période complexe et multiforme de l'histoire du pays.

Le mécontentement dans l'État de Morelos est emblématique des tensions plus larges qui se sont développées au Mexique pendant cette période. Le mouvement dirigé par Emiliano Zapata, connu sous le nom de zapatistes, était profondément enraciné dans les communautés paysannes. Il incarnait leurs aspirations à retrouver leurs terres, souvent saisies pour servir les intérêts des grandes haciendas sucrières et des entreprises étrangères. L'insatisfaction à l'égard des actions de Madero s'est cristallisée autour du Plan d'Ayala en 1911, un document révolutionnaire proclamé par Zapata, qui appelait à une réforme agraire radicale. La vision de Zapata contrastait nettement avec celle de Madero. Alors que Madero préconisait une approche modérée, cherchant à équilibrer les intérêts des différentes factions du pays, Zapata voyait la réforme agraire comme le cœur même de la révolution. Pour les zapatistes, la terre était non seulement une ressource économique, mais aussi un élément fondamental de leur identité et de leur mode de vie. Les tensions entre Madero et les zapatistes se sont intensifiées lorsque le gouvernement fédéral a tenté de réprimer le mouvement de Zapata par la force. L'incapacité de Madero à répondre aux aspirations des paysans de Morelos et d'autres régions a contribué à sa chute ultérieure. Le mouvement zapatiste, bien qu'ayant connu des hauts et des bas pendant la révolution, est devenu un symbole durable de la résistance paysanne et des aspirations à la justice sociale au Mexique.

Le Plan d'Ayala, proclamé en novembre 1911, représente l'une des étapes les plus critiques de la Révolution mexicaine. Il traduit le profond sentiment de trahison ressenti par les paysans face à l'administration Madero. Emiliano Zapata, qui avait initialement soutenu Madero dans l'espoir de réformes agraires profondes, a rapidement perdu confiance en lui face à son apparente réticence à prendre des mesures décisives contre les grands propriétaires fonciers. Le contenu du Plan d'Ayala va bien au-delà de la simple dénonciation de Madero. Il met en avant la nécessité d'une restitution radicale des terres. Zapata y préconise une réforme agraire qui exproprierait un tiers des terres des haciendas pour les redistribuer aux paysans. Les zapatistes étaient particulièrement préoccupés par la sauvegarde des terres communales, les ejidos, qui avaient été accaparées par des intérêts privés sous les régimes précédents. Ce plan n'était pas seulement une déclaration d'intentions : il représentait un programme concret et radical pour transformer la société mexicaine. Il s'opposait directement aux élites foncières et économiques du pays et cherchait à replacer le paysan au cœur du projet national mexicain. L'insistance de Zapata sur une réforme agraire radicale et son refus de compromettre les droits des paysans ont fait du mouvement zapatiste l'un des courants les plus radicaux et influents de la révolution. Bien que le Plan d'Ayala n'ait pas été pleinement réalisé pendant la vie de Zapata, il a jeté les bases des réformes agraires ultérieures au Mexique et est devenu un symbole de la lutte pour la justice sociale et les droits des paysans.

Emiliano Zapata, avec ses idéaux profondément enracinés dans la justice sociale et la restauration des droits fonciers des paysans, est rapidement devenu une figure emblématique de la résistance et de l'aspiration à la justice. Les zapatistes, souvent composés de paysans et d'indigènes, étaient animés par un désir ardent de récupérer les terres qui leur avaient été injustement arrachées par les haciendas et d'autres intérêts privés. La phrase "Tierra y Libertad" (Terre et Liberté), souvent associée à Zapata, résume en grande partie l'essence du mouvement zapatiste. Il ne s'agissait pas seulement d'une lutte pour la terre en tant que ressource, mais également d'une quête de dignité, de respect et de reconnaissance des droits des plus marginalisés. Zapata et son mouvement, tout en étant principalement actifs dans le centre et le sud du Mexique, ont eu une influence significative sur l'ensemble de la révolution. Ils ont posé un défi constant aux gouvernements successifs, insistant sur l'importance de concrétiser les promesses révolutionnaires plutôt que de se contenter de simples réformes cosmétiques. La persistance de Zapata à défendre les droits des paysans a contribué à façonner l'héritage de la révolution mexicaine. Même après sa mort, son esprit et ses idéaux ont continué à influencer les mouvements sociaux et les réformes agraires au Mexique, faisant de lui une figure éternelle de résistance et de changement.

Le Plan d'Ayala, proclamé en novembre 1911, est l'un des documents les plus significatifs de la révolution mexicaine. C'était à la fois une réponse directe à la déception ressentie envers Francisco Madero et une vision plus large des aspirations et des revendications des paysans indigènes. Les principaux griefs de Zapata concernaient le manque de progrès dans la mise en œuvre de réformes agraires et les promesses non tenues de la révolution. Emiliano Zapata, fervent défenseur des droits des paysans, a vu le Plan d'Ayala comme un moyen de codifier officiellement la demande pour une redistribution équitable des terres. En déclarant Madero incapable de réaliser les vraies réformes nécessaires pour le Mexique, Zapata a essentiellement remis en question la légitimité du gouvernement de Madero. L'accent mis sur la restitution des terres, forêts et eaux aux communautés paysannes indigènes n'était pas seulement une question de justice économique, mais aussi de justice culturelle et sociale. Pour beaucoup de ces communautés, la terre était intrinsèquement liée à leur identité, leur culture et leur spiritualité. Zapata croyait fermement que la terre appartenait à ceux qui la travaillaient. Pour lui et ses partisans, le Plan d'Ayala n'était pas simplement un appel à la réforme, mais une exigence pour une refonte complète de la structure foncière et sociale du Mexique, en mettant l'accent sur les droits et les besoins des plus marginalisés. Cette vision radicale de la justice et de la réforme a eu un impact durable sur la direction et les résultats de la révolution mexicaine.

Victoriano Huerta, après avoir orchestré un coup d'État contre Francisco Madero en 1913, s'est emparé du pouvoir avec l'ambition de restaurer un semblant d'ordre et de stabilité dans le pays, qui était secoué par des années de révolution. Son régime est souvent considéré comme une tentative de revenir à la "paix porfirienne", une période de relative stabilité sous la longue présidence de Porfirio Díaz, mais elle a été obtenue au prix de la répression politique et d'un contrôle autoritaire. Huerta était soutenu par les classes privilégiées du Mexique - les grands propriétaires terriens, l'Église catholique et les élites urbaines. Ces groupes étaient principalement intéressés par la protection de leurs propres intérêts et privilèges et craignaient les réformes radicales promises par les différents mouvements révolutionnaires. Les investisseurs étrangers, en particulier les entreprises américaines, soutenaient également Huerta, car ils souhaitaient un Mexique stable où leurs investissements seraient sécurisés. Toutefois, cela a mis Huerta en conflit avec le président américain Woodrow Wilson, qui s'opposait à son régime autoritaire et cherchait à soutenir d'autres factions révolutionnaires plus démocratiques. Malgré sa prise de pouvoir, Huerta a été incapable de stabiliser le pays et de gagner un soutien généralisé. Sa tentative de maintenir le statu quo et de résister aux appels à la réforme a conduit à une large coalition de forces anti-Huerta, y compris des leaders tels que Venustiano Carranza, Alvaro Obregón, Pancho Villa et Emiliano Zapata. Cette coalition a finalement réussi à chasser Huerta du pouvoir en 1914. L'épisode Huerta met en évidence les tensions sous-jacentes de la révolution mexicaine et la complexité des alliances politiques et des ambitions qui ont façonné cette période tumultueuse de l'histoire mexicaine.

Victoriano Huerta, malgré son désir de restaurer l'ordre et de maintenir le statu quo, a rapidement découvert que ses ambitions étaient plus faciles à concevoir qu'à réaliser. L'opposition à son régime a rapidement fusionné sur plusieurs fronts, rendant sa position de plus en plus intenable. Dans le nord, la forte résistance militaire organisée par des leaders révolutionnaires comme Alvaro Obregón et Venustiano Carranza s'est avérée être un adversaire redoutable pour Huerta. Ces forces, principalement composées d'anciens opposants à Porfirio Díaz, étaient mécontentes de voir un autre dictateur, perçu comme similaire à Díaz, prendre le pouvoir. Pendant ce temps, dans le centre du Mexique, Emiliano Zapata continuait sa lutte pour la réforme agraire et les droits des paysans. Bien que son mouvement, le zapatisme, ait été principalement centré sur des questions agraires, la résistance de Zapata à Huerta a également été renforcée par son opposition au type de régime autoritaire que Huerta représentait. En plus des menaces militaires, Huerta devait également faire face à une opposition civile croissante. Dans les zones urbaines, la classe ouvrière, qui avait déjà ressenti l'oppression et l'exploitation sous le régime de Díaz, a commencé à s'organiser en syndicats et à manifester pour des réformes sociales et du travail. Ces mouvements ouvriers et artisanaux n'étaient pas seulement préoccupés par des questions de salaires ou de conditions de travail, mais également par des préoccupations plus larges concernant la démocratie, l'éducation et les droits civiques. La convergence de ces diverses formes d'opposition - militaire, paysanne et urbaine - a créé un front uni d'opposition à Huerta qui a finalement conduit à sa chute. C'est une période illustrative de l'histoire mexicaine, montrant la complexité des dynamiques politiques, sociales et économiques qui ont influencé la révolution et ses nombreuses phases.

L'émergence de cette nouvelle intelligentsia, nourrie par une variété de courants de pensée, a marqué un tournant idéologique crucial au cours de la révolution mexicaine. L'échec du positivisme, une philosophie que Díaz et son administration avaient embrassée, a été particulièrement mis en lumière pendant le Porfiriato. Le positivisme prônait le progrès à travers la science, l'industrialisation et la modernisation, souvent au détriment des droits et des traditions des communautés indigènes. Cette nouvelle génération d'intellectuels, souvent éduquée à la fois au Mexique et à l'étranger, a commencé à puiser dans des idéologies socialistes, nationalistes et indigénistes. Ils ont vu dans ces idéologies une réponse aux échecs du Porfiriato et une voie vers une nation plus égalitaire et inclusive. Le rejet du positivisme a été complété par une réévaluation romantique du passé précolombien du Mexique, de ses cultures indigènes et de ses traditions. Ces intellectuels ont cherché à redéfinir l'identité nationale, en mettant l'accent sur les racines indigènes du pays et en appelant à un changement social et politique radical. Victoriano Huerta, malgré ses efforts pour consolider le pouvoir, a été incapable de contenir ou de concilier ces forces contradictoires. Sa tentative de rétablir un régime autoritaire similaire à celui de Díaz n'a fait que galvaniser l'opposition. De plus, sa répression des dissidents n'a fait qu'exacerber les tensions et le mécontentement à son égard. Ainsi, avec un régime de plus en plus impopulaire à sa tête, confronté à la montée en puissance de factions rivales soutenues par cette nouvelle intelligentsia et d'autres groupes sociaux, le destin de Huerta était scellé. Son incapacité à naviguer dans cet environnement complexe et changeant a conduit à sa chute et a ouvert la voie à une nouvelle phase de la révolution, caractérisée par une plus grande inclusion des idéaux socialistes et nationalistes dans le discours politique et la politique nationale.

En 1913, Victoriano Huerta orchestre un coup d'État contre Francisco Madero, établissant un régime qui rappelle en bien des façons l'autoritarisme de Porfirio Díaz. Cependant, l'ambiance au Mexique a changé, et Huerta ne peut recréer le calme relatif du Porfiriato. Au nord, Alvaro Obregón et Venustiano Carranza mobilisent d'importantes forces armées contre lui, tandis qu'au centre, l'influent Emiliano Zapata et ses troupes zapatistes réclament la justice agraire. Mais ce n'est pas seulement sur les champs de bataille que Huerta est contesté. Dans les centres urbains, une agitation sociale grandissante émerge. Les ouvriers et artisans, souvent organisés en syndicats, prennent les rues pour exprimer leur frustration face à l'injustice sociale et réclamer des réformes. Ils sont appuyés et souvent influencés par une intelligentsia naissante, une classe d'intellectuels éduqués qui aspirent à plus que la simple modernisation économique. Cette nouvelle classe penseuse rejette fermement le positivisme, l'idéologie dominante du Porfiriato, qui valorisait la science et le progrès au détriment des droits et traditions des masses. À la place, ces intellectuels prônent un mélange d'idées socialistes, nationalistes et indigénistes, appelant à une révolution non seulement politique mais aussi culturelle. Dans cette atmosphère de bouillonnement social et idéologique, le régime de Huerta, avec ses tentatives de restaurer l'ancien ordre, apparaît déphasé et finalement insoutenable. La conjonction de ces forces diverses finira par précipiter sa chute.

Plan de Guadalupe[modifier | modifier le wikicode]

Le Plan de Guadalupe, annoncé en 1914, représente un moment charnière dans la révolution mexicaine. Élaboré sous la direction de Venustiano Carranza, ce plan exprime le rejet total du gouvernement de Victoriano Huerta, considéré comme illégitime après avoir renversé Francisco Madero. Carranza, qui avait déjà acquis de l'expérience en politique en tant que gouverneur de Coahuila et membre du cabinet de Madero, était l'un des chefs révolutionnaires les plus influents du nord du pays. Le Plan de Guadalupe n'était pas seulement une déclaration contre Huerta, mais il établissait également Carranza comme le "Premier Chef" de l'Armée Constitutionnaliste, chargé de restaurer l'ordre constitutionnel au Mexique. Le document réaffirmait les principes de la Constitution de 1857 et appelait à la convocation de nouvelles élections une fois que Huerta serait destitué. Il est intéressant de noter que le plan ne contenait pas de propositions sociales ou économiques radicales. En effet, il s'agissait davantage d'une déclaration politique visant à restaurer l'ordre constitutionnel plutôt qu'une vision complète pour la refonte de la société mexicaine. Néanmoins, sa proclamation a été une étape cruciale vers la destitution de Huerta et l'ascension de Carranza au pouvoir.

Le Plan de Guadalupe était distinct des autres plans de la révolution mexicaine en cela qu'il se concentrait principalement sur des questions institutionnelles et politiques plutôt que sur des revendications socio-économiques. L'accent était mis sur le renversement de Victoriano Huerta et le retour à l'ordre constitutionnel. C'était une réponse directe à la perception que Huerta avait usurpé le pouvoir illégitimement en orchestrant le coup d'État contre Madero. Venustiano Carranza, en tant que Premier Chef de l'Armée Constitutionnaliste, cherchait à consolider une coalition de forces anti-Huerta autour d'un ensemble commun d'objectifs politiques, sans se perdre dans des débats plus complexes sur des réformes sociales ou agraires. En mettant l'accent sur le rétablissement de l'État de droit et l'établissement d'un gouvernement constitutionnel, Carranza espérait créer un front uni contre Huerta. Cependant, cette approche a aussi eu ses critiques. Beaucoup ont estimé que le Plan de Guadalupe n'allait pas assez loin dans l'adresse des injustices socio-économiques profondément ancrées au Mexique. Les leaders comme Emiliano Zapata, par exemple, ont continué à appeler à une réforme agraire radicale, se sentant insatisfaits de l'approche de Carranza. Mais malgré ces critiques, le Plan de Guadalupe a joué un rôle essentiel dans la consolidation des forces révolutionnaires pour la phase suivante de la lutte.

Le plan Guadalupe est soutenu par de nombreux dirigeants révolutionnaires du Nord, dont Alvaro Obregon, et il contribue à unir les différentes factions qui se battent pour le contrôle du gouvernement. Carranza et ses partisans sont devenus la force dominante de la révolution. En 1915, Carranza s'est déclaré premier chef de l'armée constitutionnelle et a commencé à prendre le contrôle du gouvernement central du Mexique. Cependant, la montée de Carranza au pouvoir n'a pas été sans résistance. Bien qu'il ait réussi à consolider le soutien de nombreuses forces du nord du pays, de nombreuses tensions subsistaient entre les divers groupes révolutionnaires. Emiliano Zapata, par exemple, a toujours été préoccupé par la question agraire et les droits des paysans, et a vu dans le Plan de Guadalupe un manque d'engagement envers une réforme agraire réelle. De même, Pancho Villa, un autre leader révolutionnaire important, a eu des désaccords avec Carranza, menant à la fameuse "Guerre des factions" entre les forces de Carranza, Villa, et Zapata. Pendant cette période, Alvaro Obregón s'est révélé être un stratège militaire compétent et a réussi à vaincre les forces de Villa lors de la bataille de Celaya en 1915, consolidant ainsi le pouvoir de Carranza. Avec le soutien d'Obregón, Carranza a pu renforcer son emprise sur le pays, établissant sa base à Mexico et commençant la tâche complexe de reconstruction nationale. Mais la route vers une nation stable et unifiée n'était pas encore terminée. En 1917, Carranza a supervisé l'adoption de la Constitution mexicaine, un document progressiste qui incluait des dispositions pour la réforme agraire, les droits des travailleurs et l'éducation. Cependant, malgré ces avancées, les divisions entre les factions révolutionnaires sont restées, menant à des années supplémentaires de conflits et de changements politiques.

En 1914, la pression sur le régime de Victoriano Huerta était à son paroxysme. Les forces constitutionnalistes, dirigées par Carranza, Villa et Obregón, avançaient du nord, tandis que les zapatistes avançaient depuis le sud. Pancho Villa et Alvaro Obregón étaient d'importants commandants des forces du nord. Villa avait une armée importante, appelée la Division du Nord, et était reconnu pour son charisme et sa capacité à mobiliser et inspirer ses troupes. Obregón, quant à lui, était un stratège talentueux qui a apporté des innovations tactiques modernes sur le champ de bataille. En juillet 1914, les forces de Huerta sont écrasées, et il démissionne, se réfugiant finalement à l'étranger. Après sa démission, Mexico est brièvement occupé par les zapatistes avant que les troupes constitutionnalistes de Carranza n'entrent dans la ville. Mais malgré cette victoire commune contre Huerta, les divisions au sein du camp révolutionnaire sont devenues de plus en plus évidentes. Carranza, Villa et Zapata avaient des visions différentes de ce que devait être le Mexique post-révolutionnaire. Carranza était préoccupé par le rétablissement de l'ordre et la mise en place d'un gouvernement constitutionnel. Zapata, d'autre part, était principalement préoccupé par la réforme agraire, la restitution des terres aux paysans et l'autonomie des communautés locales. Villa avait ses propres aspirations et préoccupations, parfois en accord avec Zapata, parfois en opposition à lui. Ces tensions ont finalement abouti à la "Guerre des factions", une série de conflits internes parmi les groupes révolutionnaires qui ont éclaté après le renversement de Huerta. Ce n'est qu'après plusieurs années de conflit et de négociations que l'ordre a finalement été rétabli et que la Constitution mexicaine de 1917 a été adoptée, jetant les bases du Mexique moderne.

Le régime de Victoriano Huerta, bien qu'autoritaire, n'a pas pu maintenir sa position face à la montée des forces révolutionnaires qui le menaçaient à la fois du nord et du sud. Les avancées successives des armées de Villa et d'Obregón dans le nord et celles de Zapata dans le sud ont mis une pression immense sur la capitale, affaiblissant considérablement le pouvoir de Huerta. Alvaro Obregón, avec son génie militaire et stratégique, a joué un rôle déterminant dans la chute de Huerta. En 1914, après une série de victoires décisives, ses troupes, ainsi que celles des autres chefs révolutionnaires, ont convergé vers Mexico. Face à l'effondrement imminent de son régime, Huerta a démissionné et s'est enfui du pays. Avec le départ de Huerta, Venustiano Carranza, l'un des principaux instigateurs du mouvement anti-Huerta, s'est trouvé dans une position favorable pour établir son autorité. En se basant sur le Plan de Guadalupe, qu'il avait lui-même promulgué, Carranza s'est déclaré "Primer Jefe" (Premier Chef) de l'Armée Constitutionnaliste et a formé un gouvernement qui cherchait à rétablir l'ordre constitutionnel. Cependant, même avec la chute de Huerta, le pays n'a pas retrouvé la stabilité. Les différentes factions révolutionnaires avaient des visions différentes pour l'avenir du Mexique, et des conflits ont éclaté entre elles, prolongeant la période de guerre civile.

La première phase de la révolution mexicaine, riche en conflits et en bouleversements, a vu l'émergence et la chute de plusieurs leaders, ainsi que des changements radicaux dans la dynamique du pouvoir au Mexique. La défaite de Huerta et l'ascension de Carranza à la présidence ont signalé la fin des combats les plus intenses et la transition vers une phase de reconstruction nationale. Cependant, malgré la position prédominante de Carranza, les tensions internes au mouvement révolutionnaire ne se sont pas dissipées. Alors que Carranza cherchait à consolider son pouvoir et à moderniser le Mexique sur la base d'un programme libéral, des divergences profondes persistaient quant à la direction future du pays. Des leaders tels qu'Emiliano Zapata et Pancho Villa avaient des visions différentes pour l'avenir du Mexique, en particulier en ce qui concerne la réforme agraire. Ces différences ont conduit à d'autres conflits. Cependant, en dépit de ces tensions, l'ère de Carranza a vu la réalisation de l'une des principales réalisations de la révolution : la promulgation de la Constitution de 1917. Ce document, toujours en vigueur aujourd'hui, a jeté les bases d'un nouvel ordre social et politique au Mexique, cherchant à instaurer des réformes agraires, éducatives et laborales, tout en limitant le pouvoir de l'église et des investisseurs étrangers.

La défaite de Huerta et l'ascension de Carranza à la présidence ont été un tournant décisif dans la révolution mexicaine. Avec le soutien de ses alliés, notamment Villa et Obregón, Carranza a réussi à déplacer l'équilibre du pouvoir et à instaurer une nouvelle ère de leadership. Malgré les combats intenses et la complexité des alliances entre les différentes factions révolutionnaires, ce moment a symbolisé une transition majeure dans la lutte pour le contrôle du Mexique. Avec l'adoption du plan Guadalupe comme base de son gouvernement, Carranza a tenté de restaurer l'ordre et d'établir une nouvelle direction pour le pays. Bien que des conflits internes et des différences idéologiques persistent, cette période marque la fin de la phase la plus tumultueuse de la révolution, ouvrant la voie à des efforts de reconstruction et de réforme.

Après la chute de Huerta et l'ascension de Carranza au pouvoir, le Mexique n'a pas trouvé immédiatement la paix ou la stabilité. Plusieurs des factions qui avaient uni leurs forces pour combattre Huerta ont commencé à se diviser sur la direction que devrait prendre le Mexique post-révolutionnaire. Très vite, il est devenu évident que Carranza et ses alliés les plus proches, notamment Alvaro Obregón, avaient des visions différentes pour l'avenir du pays par rapport à d'autres leaders révolutionnaires comme Pancho Villa et Emiliano Zapata. Tandis que Carranza était principalement préoccupé par la restauration de l'ordre et la consolidation de son pouvoir, Villa et Zapata voulaient voir des réformes sociales et agraires radicales être mises en place. En 1914, une tentative pour réconcilier les différentes factions révolutionnaires a été réalisée à la Convention d'Aguascalientes. Malheureusement, cette rencontre n'a fait qu'intensifier les tensions, conduisant à une rupture nette entre Carranza d'un côté, et Villa et Zapata de l'autre. L'année suivante, ces divisions ont provoqué des affrontements directs entre les troupes de Carranza, menées par Obregón, et celles de Villa. Bien que Carranza ait adopté la Constitution de 1917, qui prévoyait des réformes agraires et des droits pour les travailleurs, sa mise en application a été lente. Beaucoup ont ressenti que Carranza était trop prudent, voire réactionnaire, dans ses politiques, en particulier par rapport aux aspirations radicales de la révolution. Ainsi, la période de 1914 à 1915 reflète la complexité de la révolution mexicaine. Même après le renversement des "porfiristas" et de Huerta, le pays était loin d'être unifié, et les différentes factions révolutionnaires étaient toujours en lutte pour définir l'avenir du Mexique.

Malgré la chute de Huerta et l'avènement de Carranza, la période qui a suivi n'a pas été de tranquillité pour le Mexique. Carranza, bien que bénéficiant initialement du soutien de nombreux leaders révolutionnaires pour son rôle dans la lutte contre Huerta, a rapidement fait face à des défis majeurs en tant que chef du pays. Les décisions politiques de Carranza ont souvent été perçues comme des tentatives de renforcer sa propre position plutôt que de réaliser les idéaux de la révolution. Les réformes promises, notamment celles touchant à l'agriculture, aux droits des travailleurs et à l'éducation, n'ont pas été mises en œuvre avec la vigueur attendue. Cela a créé des tensions et des frustrations parmi ceux qui avaient combattu pour un changement radical, en particulier au sein des groupes les plus radicaux tels que les partisans de Villa et Zapata. En outre, Carranza a montré une certaine méfiance envers ses anciens alliés et a tenté d'éliminer ceux qu'il considérait comme des menaces à sa primauté, ce qui a exacerbé les conflits internes. La méfiance entre Carranza et d'autres dirigeants révolutionnaires comme Obregón, Villa et Zapata a débouché sur une série d'affrontements et de manœuvres politiques qui ont entraîné une fragmentation continue du mouvement révolutionnaire. Le manque d'un agenda clair et la réticence de Carranza à mettre en œuvre des réformes profondes ont laissé de nombreux Mexicains déçus. Les espoirs d'une nation transformée et d'un gouvernement qui répondrait aux besoins des plus marginalisés semblaient s'éloigner. Cela préparait le terrain pour de nouvelles confrontations et la continuation de l'instabilité politique dans les années à venir.

Le mandat de Carranza s'est révélé tumultueux, non seulement à cause des tensions internes à son gouvernement, mais aussi à cause de la pression constante exercée par des factions externes puissantes. Les zapatistes, dirigés par Emiliano Zapata dans le sud, étaient particulièrement vocaux dans leurs critiques. Ils avaient combattu avec l'espoir d'une réforme agraire substantielle, et la lenteur des progrès à cet égard a été une source majeure de frustration. Zapata, avec son Plan d'Ayala, avait mis en avant le besoin urgent de redistribuer les terres aux paysans. L'incapacité de Carranza à répondre de manière adéquate à ces demandes a aliéné de nombreux zapatistes et les a poussés à des actions plus radicales. Au nord, Pancho Villa, autre figure emblématique de la révolution, se sentait également trahi. Villa avait été un allié clé dans la lutte contre Huerta, et il espérait que le nouveau gouvernement adopterait une approche plus radicale des réformes. Au lieu de cela, il a constaté que Carranza était plus préoccupé par la consolidation de son propre pouvoir que par l'avancement des idéaux révolutionnaires. Les relations entre Carranza et Villa se sont rapidement détériorées, menant à des affrontements et à une rivalité qui a exacerbé l'instabilité du pays. Ainsi, bien que Carranza ait été en mesure d'éliminer la menace directe de Huerta et d'établir son gouvernement, il a été rapidement englouti dans une nouvelle série de conflits avec d'autres factions révolutionnaires. Ces tensions ont révélé les divisions profondes au sein du mouvement révolutionnaire et ont mis en lumière les défis inhérents à la construction d'une nation unie après une période de bouleversements majeurs.

La cause des zapatistes était profondément enracinée dans l'histoire sociale et économique du Mexique. Depuis l'époque coloniale, de vastes étendues de terres avaient été concentrées entre les mains de quelques élites, tandis que la majorité des paysans, en particulier les populations indigènes, étaient souvent privés de leur droit ancestral sur la terre. Cette inégalité foncière a été exacerbée pendant le règne de Porfirio Díaz, où de vastes étendues de terres communales, ou "ejidos", ont été vendues ou confisquées au profit des grands propriétaires terriens ou des investisseurs étrangers. Emiliano Zapata, originaire de l'État de Morelos, est devenu le champion de ces communautés agraires marginalisées. Confronté à la pression des propriétaires terriens pour céder des terres communales et à l'injustice persistante de l'ordre foncier, il a été poussé à la rébellion. Le Plan d'Ayala, qu'il a proclamé en 1911, servait non seulement de critique à l'égard de ceux qui avaient trahi la révolution, mais aussi de manifeste pour une réforme agraire profonde. Le mouvement zapatiste était unique en ce sens qu'il n'était pas seulement axé sur le changement politique au sommet. Au lieu de cela, il visait à transformer la structure foncière du pays, en plaçant la terre entre les mains de ceux qui la travaillaient. Les zapatistes ont vu la terre non seulement comme une ressource économique, mais aussi comme un élément central de l'identité, de la culture et de la dignité des communautés rurales. Malgré les défis auxquels ils ont été confrontés face à des adversaires mieux armés et souvent mieux financés, les zapatistes ont maintenu une résistance tenace tout au long de la révolution. Leur détermination et leur engagement envers "tierra y libertad" ont fait d'eux l'un des acteurs les plus mémorables et les plus influents de la révolution mexicaine.

La vision des zapatistes était fortement influencée par l'histoire et la culture des communautés rurales du Mexique. Plaçant la communauté au cœur de leurs ambitions, ils aspiraient à une société où les "ejidos", ou terres communales, étaient protégés et cultivés pour le bénéfice de tous, plutôt que d'être appropriés ou exploités par quelques-uns. Cette vision était profondément démocratique dans son essence, puisqu'elle cherchait à équilibrer les pouvoirs et à garantir une participation active des communautés à la prise de décisions concernant leur avenir. La relation entre les zapatistes et l'Église catholique était complexe, en partie à cause de la diversité des positions au sein même de l'Église. Alors que l'Église institutionnelle soutenait généralement l'ordre établi et avait de nombreux liens avec l'élite foncière, de nombreux prêtres et laïcs étaient profondément préoccupés par la justice sociale et soutenaient les aspirations des communautés rurales et indigènes. Dans certains cas, l'Église a joué un rôle actif en soutenant les communautés locales dans leurs efforts pour récupérer et gérer leurs propres terres. Emiliano Zapata lui-même était un catholique dévot, ce qui a renforcé les liens entre le mouvement zapatiste et l'Église dans certaines régions. Cependant, il y a eu des moments de tension, en particulier lorsque l'Église institutionnelle semblait soutenir les intérêts des grands propriétaires terriens ou du gouvernement central. En dépit de ces tensions, les zapatistes n'ont jamais vu l'Église comme un ennemi monolithique, reconnaissant plutôt les différences au sein de cette institution et cherchant des alliances avec ceux qui partageaient leur vision de justice et d'équité.

Pancho Villa est né dans le nord du Mexique, dans l'État de Durango, et sa vision et ses tactiques reflétaient les particularités culturelles, économiques et sociales de cette région. Contrairement à Emiliano Zapata, dont les priorités étaient profondément enracinées dans les communautés agricoles du sud du pays, Villa était davantage influencé par les défis du nord, où l'agriculture, l'élevage et la proximité avec la frontière américaine jouaient des rôles cruciaux. La trajectoire de Villa, d'un bandit local à un leader révolutionnaire, est le reflet de son pragmatisme et de sa capacité d'adaptation. Son armée, souvent appelée la "Division du Nord", était constituée d'un mélange hétérogène de cow-boys, d'anciens bandits, de paysans mécontents et d'autres encore qui cherchaient à renverser le régime de Porfirio Díaz et ses successeurs. Contrairement aux zapatistes, dont les revendications étaient centrées sur la question agraire, les objectifs de Villa étaient plus variés. Ils comprenaient des préoccupations telles que les droits des travailleurs, la souveraineté nationale face à l'intervention étrangère et le contrôle des ressources naturelles. Le leadership de Villa était indéniablement charismatique. Son style audacieux, son audace tactique et sa propension à s'impliquer directement dans les combats ont fait de lui un personnage légendaire tant au Mexique qu'à l'étranger. Toutefois, son approche du leadership s'écartait de la démocratie participative prônée par les zapatistes. Villa, avec son style de caudillo, prenait souvent des décisions unilatérales, basées sur son intuition et sa vision du bien supérieur. Il convient également de noter que, bien que Villa ait eu des différends et des conflits avec d'autres dirigeants révolutionnaires comme Carranza et Obregón, il a également eu des périodes de collaboration avec eux. Son approche changeante vis-à-vis de ces alliances démontre sa flexibilité stratégique, mais a également contribué à des perceptions parfois contradictoires de sa loyauté et de ses intentions.

Le mouvement de Pancho Villa et sa vision de la réforme agraire étaient distincts de ceux des zapatistes, bien qu'il y ait eu des chevauchements dans leurs objectifs respectifs. Pancho Villa, originaire du nord du Mexique, a été témoin des vastes haciendas, qui étaient des domaines massifs contrôlés par une élite foncière. Ces haciendas avaient souvent leur propre infrastructure, leurs propres forces de sécurité, et opéraient presque comme de petits États à l'intérieur de l'État. La main-d'œuvre des haciendas, composée principalement de paysans, était souvent exploitée, avec peu de droits ou de protections. La situation économique et sociale du nord était différente de celle du sud, et cela s'est reflété dans les objectifs et les tactiques de Villa. Lorsque Villa et sa "Division du Nord" ont pris le contrôle des régions du nord, ils ont exproprié de nombreuses haciendas, non pas avec l'intention première de redistribuer les terres aux paysans comme le souhaitaient les zapatistes, mais plutôt pour financer la révolution. Les haciendas étaient des centres économiques importants, et Villa comprenait que le contrôle de ces domaines lui donnerait accès aux ressources nécessaires pour soutenir et équiper son armée. En confiant ces haciendas à ses lieutenants de confiance, Villa s'assurait que les revenus de ces domaines soutiendraient directement les efforts de guerre de la Division du Nord. Cela a également permis à Villa de récompenser ses alliés les plus proches et de consolider son pouvoir dans le nord. Néanmoins, cette approche n'était pas sans ses critiques. Certains ont accusé Villa de reproduire simplement un système de patronage et d'élitisme, même s'il le faisait au nom de la révolution.

Pancho Villa, malgré son image de Robin des Bois, était un personnage complexe avec des méthodes qui, dans certains cas, ne reflétaient pas les idéaux de la révolution. Son approche pragmatique pour obtenir des fonds et des ressources, souvent à travers des expropriations et des pillages, lui a permis d'entretenir et de soutenir une armée importante. Cependant, cela l'a également mis en désaccord avec d'autres dirigeants révolutionnaires qui estimaient que ses actions trahissaient les principes plus nobles de la révolution, en particulier ceux liés à la justice sociale et à la redistribution des terres. En outre, les forces de Villa étaient tristement célèbres pour leur brutalité. Les exécutions sommaires, les massacres et d'autres violations des droits de l'homme étaient souvent justifiés au nom de la révolution, mais pour beaucoup, ces actes étaient indicatifs d'un manque de discipline au sein de ses troupes ou d'un mépris flagrant pour les principes humanitaires. Cette brutalité a contribué à une image controversée de Villa. Pour ses partisans, il était un champion de la cause, un homme qui combattait pour les droits des opprimés et contre l'injustice. Pour ses détracteurs, il était un opportuniste qui utilisait la révolution comme prétexte pour satisfaire ses ambitions personnelles et enrichir ses proches. Ces critiques ne sont pas uniques à Villa. De nombreux dirigeants révolutionnaires, dans différents contextes, sont souvent confrontés à des dilemmes similaires. Les méthodes radicales peuvent parfois être justifiées comme nécessaires pour atteindre des objectifs révolutionnaires, mais elles peuvent également saper la légitimité morale de la cause. Dans le cas de Villa, son héritage est double. D'une part, il est célébré comme un héros révolutionnaire, un homme du peuple qui s'est levé contre l'injustice. D'autre part, sa carrière est entachée d'actes de violence et de trahison qui ont remis en question la pureté de ses motivations.

Venustiano Carranza et Alvaro Obregón, originaires du nord industriel et plus urbanisé du Mexique, avaient une perspective différente de celle des dirigeants du sud, comme Emiliano Zapata, ou des caudillos du nord comme Pancho Villa. Leur vision de la révolution était fortement influencée par leur propre contexte régional et social. Carranza et Obregón venaient d'une région où le développement industriel, les chemins de fer, et le commerce étaient plus présents. Ainsi, leurs priorités reflétaient les besoins et les désirs des populations urbaines, de la bourgeoisie naissante, et de la classe ouvrière industrielle. Bien qu'ils aient reconnu la nécessité de réformes agraires, ils ont perçu le développement économique, l'éducation, et la modernisation comme essentiels à la transformation du Mexique. Carranza, en particulier, cherchait à instaurer un État de droit et à établir un gouvernement constitutionnel stable après des années d'instabilité. Son intention était de mettre fin à la série de conflits et de guerres civiles qui avaient déchiré le pays et de poser les bases d'une nation moderne. La Constitution de 1917, promulguée sous sa direction, reflète cette vision. Bien qu'elle contienne des dispositions sur la réforme agraire, elle établit également des droits sociaux et politiques, tels que le droit de grève, l'éducation laïque et des garanties pour les libertés individuelles. Obregón, pour sa part, était plus pragmatique et flexible dans son approche. En tant que militaire, il a compris les dynamiques de pouvoir et a travaillé à consolider l'autorité de l'État central tout en répondant aux demandes populaires pour des réformes. Son gouvernement a poursuivi les réformes de Carranza, tout en étant plus attentif aux besoins des différentes factions révolutionnaires.

La méfiance envers l'Église catholique et son influence politique n'était pas nouvelle dans l'histoire mexicaine. Le combat pour réduire l'influence cléricale avait été une constante depuis les lois de la Réforme du milieu du XIXe siècle, menées par des figures libérales telles que Benito Juárez. La révolution mexicaine a ravivé et intensifié cette tension entre l'État et l'Église. Venustiano Carranza et Alvaro Obregón, ainsi que d'autres révolutionnaires, percevaient l'Église comme un vestige de l'ancien ordre colonial et de l'ère Porfiriato, pendant laquelle l'Église avait accumulé des richesses et du pouvoir, souvent au détriment des pauvres et des marginalisés. Ils considéraient également que l'Église soutenait des éléments conservateurs qui s'opposaient à la transformation sociale et économique qu'ils envisageaient pour le Mexique. La Constitution de 1917, un document profondément progressiste et révolutionnaire pour son époque, reflétait ces préoccupations anticléricales. Elle incluait des articles qui:

  • Interdisaient aux institutions religieuses de posséder des terres.
  • Interdisaient au clergé d'exercer le droit de vote et de critiquer les lois ou le gouvernement.
  • Proclamaient que toutes les églises et biens religieux appartenaient à l'État.
  • Imposaient l'éducation laïque dans les écoles publiques.

Obregón, après avoir succédé à Carranza en tant que président, a poursuivi la mise en œuvre de ces dispositions, provoquant de fréquentes tensions avec le clergé et les catholiques pratiquants. Ces tensions culmineront plus tard, après le mandat d'Obregón, pendant la présidence de Plutarco Elías Calles dans les années 1920, avec la guerre des Cristeros – un conflit armé entre le gouvernement mexicain et des milices catholiques qui s'opposaient à l'application stricte des lois anticléricales.

Durant la Révolution mexicaine, la taille des armées de chaque faction révolutionnaire variait considérablement, reflétant leurs bases de soutien et leur capacité à mobiliser. L'armée de Carranza, les Constitutionnalistes, comptait entre 20 000 et 40 000 soldats. Malgré cette taille modeste, Carranza avait le soutien des citadins et de la classe moyenne, ainsi que de certaines régions du nord du Mexique. Il avait aussi l'avantage du contrôle sur certaines ressources gouvernementales après la déposition de Huerta. La Division du Nord de Pancho Villa était nettement plus grande, avec un effectif estimé entre 100 000 et 200 000 soldats. Cette force impressionnante témoignait du talent de Villa en tant que stratège militaire et de sa capacité à rallier un soutien massif, en particulier dans le nord du pays. Les Zapatistas, dirigés par Emiliano Zapata, avaient une force comprise entre 10 000 et 20 000 soldats. Bien qu'ils aient été moins nombreux que la Division du Nord, ils bénéficiaient d'un soutien solide dans le sud du Mexique, principalement parmi les paysans qui soutenaient la vision de Zapata d'une réforme agraire. Ces chiffres sont basés sur des estimations et peuvent varier selon les sources. De plus, la nature fluctuante de la loyauté des troupes durant cette période rend difficile la détermination de chiffres exacts à tout moment donné.

Le corps de Zapata a été exposé à Cuautla (Morelos) le 10 avril 1919.

L'année 1914 et les années qui ont suivi ont vu des alliances changeantes et des affrontements intenses entre les différentes factions révolutionnaires au Mexique. À un moment donné, Pancho Villa et Emiliano Zapata, bien que leurs agendas et leurs bases de soutien aient été différents, ont reconnu un intérêt commun à s'opposer à Carranza et ont formé une alliance. L'Armée de libération du Sud (Ejército Libertador del Sur) était à l'origine le nom des forces d'Emiliano Zapata, qui opéraient principalement dans l'État de Morelos et dans les régions environnantes du sud du Mexique. Après que Zapata et Villa ont uni leurs forces, leurs troupes ont convergé sur Mexico, et pendant un court laps de temps, ils ont réussi à prendre le contrôle de la capitale. Il y a une image célèbre de Villa et Zapata ensemble à la présidence à Mexico, démontrant symboliquement leur prise de pouvoir temporaire. Cependant, cette alliance entre Villa et Zapata n'a pas duré longtemps. Les deux leaders avaient des visions différentes pour le futur du Mexique. Alors que Zapata priorisait la réforme agraire, Villa, en tant que caudillo du nord, avait des préoccupations et des objectifs différents. Face à cette menace combinée, Carranza et ses constitutionnalistes ont monté une contre-offensive. Les constitutionnalistes, sous le commandement d'Alvaro Obregón, ont utilisé des tactiques militaires modernes et une stratégie bien organisée pour repousser et finalement défier les forces combinées de Villa et Zapata. En fin de compte, Carranza a réussi à consolider son contrôle sur le gouvernement mexicain, bien que des conflits sporadiques et des tensions aient persisté avec les différentes factions révolutionnaires dans les années qui ont suivi.

L'alliance entre Pancho Villa et Emiliano Zapata était principalement une alliance de circonstance. Elle n'était pas basée sur une vision commune du futur du Mexique, mais plutôt sur une opposition partagée envers Venustiano Carranza et son gouvernement. Villa, un caudillo du Nord, avait une base de soutien composée en grande partie de paysans, mais il était également associé à d'autres élites régionales et à certains intérêts commerciaux. Ses priorités reflétaient ces alliances mixtes, avec une focalisation sur l'expropriation des haciendas et la redistribution de ces terres, mais pas nécessairement dans le même esprit communautaire que les Zapatistes le souhaitaient. Zapata, en revanche, était fermement enraciné dans les communautés agraires du Sud. Son slogan "Tierra y Libertad" (Terre et Liberté) encapsule la vision zapatiste de la réforme agraire, où les terres seraient rendues aux communautés et gérées collectivement. C'était une vision basée sur la tradition communautaire des peuples autochtones et des paysans du Sud du Mexique. Lorsque ces deux forces ont convergé sur Mexico, leur ennemi commun en Carranza les a unis, mais leurs divergences idéologiques ont finalement érodé cette alliance. Une fois la menace immédiate écartée, leurs différences sont rapidement devenues insurmontables, et ils se sont retrouvés à nouveau en position antagoniste.

Après 1915, le cours de la révolution mexicaine a connu des changements significatifs. Alors que Zapata a maintenu un fort contrôle sur Morelos, son bastion, et a continué à défendre les principes du Plan d'Ayala, sa capacité à influencer la politique nationale a été considérablement réduite. Ses efforts pour réaliser une réforme agraire radicale et une gouvernance plus démocratique et participative se sont principalement concentrés sur son fief de Morelos. D'autre part, la défaite des forces de Villa aux mains de Carranza, particulièrement lors de la bataille de Celaya en 1915 dirigée par Álvaro Obregón, a marqué un tournant dans la révolution. Après cette défaite, Villa n'a jamais retrouvé sa puissance antérieure, bien qu'il soit resté un acteur important dans le nord du pays. La reconnaissance de Carranza comme président par les États-Unis a renforcé sa position, offrant une légitimité internationale à son gouvernement. Cela a également assuré un certain degré de stabilité économique et politique, car les États-Unis étaient un acteur clé dans la politique et l'économie mexicaines. Cependant, la période qui a suivi n'a pas été exempte de troubles. Bien que Carranza ait réussi à mettre en place la Constitution de 1917, qui a incorporé plusieurs réformes progressistes, son régime a été confronté à des défis internes et à des tensions continues avec des factions opposées. Ces tensions ont finalement culminé avec l'assassinat de Carranza en 1920, marquant la fin de sa présidence et le début d'une nouvelle phase de la révolution mexicaine.

L'assassinat d'Emiliano Zapata en 1919 a marqué un tournant majeur dans la révolution mexicaine. Le 10 avril de cette année-là, Zapata fut tué dans une embuscade à Chinameca, Morelos, orchestrée par Jesús Guajardo sur les ordres de Pablo González, un général fidèle à Carranza. Cette mort a gravement affaibli le mouvement zapatiste, bien que leur influence n'ait pas été complètement éradiquée. Après avoir éliminé Zapata, Carranza a tourné son attention vers d'autres menaces pour consolider son pouvoir, Pancho Villa étant la plus imminente. Les hostilités ont perduré jusqu'à ce que Villa, reconnaissant la futilité de sa résistance après plusieurs revers, accepte un accord en 1920. Cet accord lui a permis de prendre sa retraite à Canutillo, Durango, mettant fin à son rôle actif dans la révolution. L'assassinat de Carranza en 1920 a marqué la fin de son règne. Sa chute a été provoquée par le Plan d'Agua Prieta, orchestré par Álvaro Obregón, Plutarco Elías Calles et Adolfo de la Huerta. Cherchant refuge, Carranza a tenté de fuir vers Veracruz. Cependant, son voyage fut interrompu à Tlaxcalantongo, Puebla, où il fut tué alors qu'il campait dans les montagnes. Après cette période tumultueuse, Adolfo de la Huerta est devenu président intérimaire, suivi de l'élection d'Álvaro Obregón en 1920, inaugurant une nouvelle phase dans l'histoire post-révolutionnaire du Mexique.

La mort de Venustiano Carranza en 1923 a effectivement mis fin à une série de conflits entre les principales factions révolutionnaires du Mexique. Cette période avait été marquée par des trahisons, des alliances changeantes et des assassinats de plusieurs des principaux acteurs de la révolution. Carranza lui-même, en tant que dirigeant, avait fait face à de nombreux défis, notamment de la part de ceux qui étaient autrefois ses alliés. Alvaro Obregón, autre figure majeure de la révolution, avait eu des divergences significatives avec Carranza, en particulier concernant les politiques post-révolutionnaires et la direction que devait prendre le pays. Avec la disparition de Carranza, Obregón était dans une position stratégique pour consolider le pouvoir et réaliser sa vision pour le Mexique. En tant que président, Obregón a introduit une série de réformes et a établi une certaine stabilité après une décennie de guerre civile. Son administration a marqué le début d'une ère de reconstruction et de transformation, sentant les fondations pour les décennies suivantes du développement mexicain.

Le contexte entourant la mort de Venustiano Carranza est complexe et riche en implications. Carranza, malgré son rôle clé dans le renversement du régime de Victoriano Huerta et sa contribution à l'établissement d'un gouvernement post-révolutionnaire, s'est montré réticent à mettre en œuvre les réformes profondes attendues par de nombreux secteurs de la société mexicaine, en particulier les réformes agraires et du travail. Alvaro Obregón, qui avait été un allié majeur de Carranza pendant une grande partie de la révolution, s'était de plus en plus distancé de lui en raison de ces questions de réforme. L'écart entre les deux hommes s'est creusé en raison de la perception croissante parmi les partisans d'Obregón que Carranza était trop autoritaire et qu'il n'était pas suffisamment engagé en faveur des réformes. L'assassinat de Carranza peut être vu à la fois comme un acte politique et comme une vengeance. C'était un reflet des tensions internes qui avaient marqué la révolution mexicaine et des rivalités personnelles entre ses principaux dirigeants. De plus, il illustrait le prix élevé de la politique dans le Mexique post-révolutionnaire, où la trahison et la violence étaient souvent les instruments de choix pour résoudre les différends et les luttes pour le pouvoir.

L'assassinat de Venustiano Carranza en 1923 illustre la complexité et les tensions internes qui ont marqué la période révolutionnaire mexicaine. En tant que l'une des figures centrales de la révolution, Carranza avait joué un rôle déterminant dans l'éviction de Victoriano Huerta et la mise en place d'un régime post-révolutionnaire. Cependant, une fois au pouvoir, sa réticence à mettre en œuvre des réformes significatives, en particulier les réformes agraires et du travail, avait provoqué des frustrations et des tensions parmi ses alliés. Alvaro Obregón, bien qu'ayant été un allié crucial de Carranza pendant une grande partie de la révolution, s'était progressivement distancié de lui. Les différends entre Carranza et Obregón s'étaient intensifiés, en partie en raison de la perception d'Obregón et de ses partisans que Carranza devenait de plus en plus autoritaire. De plus, la réticence de Carranza à poursuivre les réformes attendues par de nombreux révolutionnaires a accentué cette fracture. L'assassinat de Carranza par des partisans d'Obregón peut donc être perçu comme la culmination d'une série de tensions politiques et idéologiques. C'était un acte mêlant à la fois des motivations politiques et une volonté de vengeance contre un leader qui, à leurs yeux, avait trahi les idéaux de la révolution. Ce moment tragique reflète l'instabilité et les luttes de pouvoir qui ont continué à affliger le Mexique même après que les principaux combats de la révolution eurent pris fin.

Adoption de la Constitution de 1917[modifier | modifier le wikicode]

La Constitution de 1917 est une réalisation emblématique de la révolution mexicaine et représente une tentative d'intégration des diverses revendications et aspirations des différentes factions révolutionnaires en un seul document. C'est dans ce texte que les idéaux et les aspirations de la révolution sont le mieux reflétés. À l'inverse de la Constitution de 1857, qui était essentiellement libérale et se concentrait sur les droits individuels et la séparation de l'Église et de l'État, la Constitution de 1917 intégrait des éléments plus radicaux, notamment dans les domaines de la réforme agraire, de l'éducation, et des droits du travail. Elle est le fruit d'un consensus parfois difficile entre les différents acteurs de la révolution. La Constitution de 1917 comportait des dispositions novatrices pour l'époque. Par exemple, l'article 27 autorisait la nationalisation des ressources naturelles et reconnaissait le droit à la terre pour les communautés paysannes. L'article 3 établissait la laïcité de l'éducation publique, ce qui était un changement majeur dans un pays profondément catholique. L'article 123, quant à lui, établissait les droits des travailleurs, incluant le droit de grève et la journée de travail de huit heures. La Constitution de 1917 était, à bien des égards, en avance sur son temps. Elle reconnaissait non seulement les droits individuels mais aussi les droits sociaux. Toutefois, malgré sa nature progressive, la mise en œuvre de ses dispositions a été inégale et a souvent dépendu de la volonté politique des dirigeants successifs. Cela dit, elle reste l'un des documents les plus importants dans l'histoire moderne du Mexique et a jeté les bases de l'État mexicain tel que nous le connaissons aujourd'hui.

La Constitution de 1917 a été un document fondateur dans l'histoire du Mexique, abordant de nombreux problèmes qui avaient alimenté les tensions pendant des décennies :

  • La réforme agraire : Au cœur de la révolution mexicaine se trouvait la question de la terre. Des millions de paysans avaient été privés de leurs terres ancestrales pendant le règne de Porfirio Díaz. La Constitution de 1917 a cherché à corriger ces injustices par le biais de la réforme agraire. Elle visait à redistribuer les terres des grands propriétaires fonciers aux petits agriculteurs, aux communautés indigènes et aux ejidos. Les ejidos, ou terres communales, étaient un concept traditionnel mexicain où la terre était possédée collectivement par des communautés.
  • Réforme du travail : La condition des travailleurs, notamment dans les industries naissantes du pays, était une préoccupation majeure. La Constitution a introduit des garanties pour les droits des travailleurs, notamment la journée de travail de huit heures, le droit de grève, et l'interdiction du travail des enfants. Ces mesures visaient à protéger la classe ouvrière des abus des employeurs et à promouvoir une répartition plus équitable de la richesse.
  • Réforme de l'éducation : Reconnaissant l'éducation comme un moyen essentiel d'améliorer la condition du peuple mexicain, la Constitution a prévu la fourniture d'une éducation publique, gratuite et laïque. Cela a non seulement augmenté l'alphabétisation et l'accès à l'éducation, mais a également réduit l'influence de l'Église catholique dans les écoles.
  • Réforme religieuse : La relation entre l'État et l'Église au Mexique avait toujours été complexe. La Constitution de 1917 a cherché à renforcer la séparation de l'Église et de l'État. En conséquence, le gouvernement a pris le contrôle du système éducatif, garantissant qu'il serait laïc. De plus, la Constitution a nationalisé les biens de l'Église catholique et a imposé des restrictions à l'Église en matière d'éducation et de propriété foncière.

Ensemble, ces réformes ont marqué une rupture radicale avec le passé et ont cherché à créer un Mexique plus égalitaire et moderne. Bien que leur mise en œuvre ait varié au fil du temps, ces réformes ont façonné le Mexique pendant la majeure partie du XXe siècle.

La Constitution de 1917 du Mexique a en effet été avant-gardiste, inscrivant dans son texte des droits qui étaient à l'époque novateurs, même si certains d'entre eux ont mis du temps à être pleinement mis en œuvre.

  • Droits des femmes: Bien que la Constitution de 1917 n'ait pas immédiatement accordé le droit de vote aux femmes, elle a posé les bases des droits civiques et a ouvert la porte à leur participation future dans la vie politique. Il faudra attendre 1953 pour que les femmes obtiennent le droit de vote aux élections nationales au Mexique, mais l'esprit progressiste de la Constitution a certainement pavé la voie à cette avancée.
  • Liberté d'expression et de la presse: La protection de la liberté d'expression et de la presse était essentielle pour éviter la censure et les abus du gouvernement. Cette disposition de la Constitution a joué un rôle vital pour garantir une société plus transparente et démocratique, bien que, comme dans de nombreux pays, sa mise en pratique ait parfois été mise à l'épreuve.
  • Droit de former des syndicats: Cet élément était intrinsèquement lié à la réforme du travail. Il garantissait aux travailleurs le droit de s'organiser pour défendre leurs intérêts, ce qui était une étape essentielle pour équilibrer les relations entre travailleurs et employeurs et pour assurer la justice sociale.
  • Droits des peuples indigènes: Le Mexique, avec sa riche histoire et sa diversité culturelle, comprend de nombreuses communautés indigènes. La Constitution de 1917 a été pionnière en reconnaissant les droits des peuples indigènes. Bien que leur mise en œuvre ait été inégale, et qu'il y ait eu de nombreux défis à relever au fil des ans, cette reconnaissance était un pas important vers la justice et l'égalité pour ces communautés.

La Constitution de 1917 du Mexique est, sans aucun doute, l'une des réalisations législatives les plus significatives de la période post-révolutionnaire. Elle est née de la nécessité d'apporter des réponses concrètes aux revendications populaires qui avaient alimenté les années tumultueuses de la révolution. Remplaçant la constitution de 1857, ce nouveau document était le reflet des aspirations d'un pays en quête d'équité et de justice sociale. La réforme agraire en était l'épine dorsale, cherchant à corriger les inégalités foncières historiques en faveur des petits agriculteurs et des communautés indigènes. La réforme du travail, quant à elle, visait à protéger les droits des travailleurs face à des conditions souvent précaires et injustes. Par ailleurs, l'éducation était considérée comme un pilier essentiel pour bâtir une nation moderne et informée, d'où l'accent mis sur une éducation laïque et accessible à tous. Le désir de séparer l'Église de l'État était également un élément central de cette constitution, reflétant une volonté de limiter l'influence du clergé dans les affaires de l'État. En plus de ces réformes structurelles, la Constitution de 1917 était révolutionnaire dans sa reconnaissance des droits civiques. Le fait qu'elle envisage le suffrage féminin, protège la liberté d'expression et reconnaisse le droit syndical montre à quel point elle était avant-gardiste. De plus, en tant que première constitution des Amériques à reconnaître explicitement les droits des peuples indigènes, elle a tracé la voie pour d'autres nations dans la reconnaissance et la protection des droits des populations autochtones. Ainsi, la Constitution de 1917 n'était pas simplement un document législatif ; elle était le symbole d'un Mexique renouvelé, reflétant les espoirs et les aspirations d'une nation qui avait traversé une période de bouleversements majeurs.

General Lázaro Cárdenas.

La Constitution de 1917 est le fruit d'une collaboration collective, mais l'influence de figures clés comme Francisco Mujica est indéniable. Mujica, un socialiste dévoué proche de Lazaro Cardenas, a apporté sa vision progressiste et nationaliste à la rédaction de ce document capital. Francisco Mujica était un fervent défenseur des droits des travailleurs, des paysans et des peuples indigènes. Son idéologie était profondément enracinée dans l'idée que le Mexique devait forger sa propre voie, libérée des influences étrangères et centrée sur l'équité sociale. Son attachement au progrès et à la justice sociale a été crucial dans la formulation des dispositions de la Constitution, en particulier celles qui se rapportaient à la réforme agraire, à la protection des droits des travailleurs et à la séparation de l'Église et de l'État. Il est également important de souligner son étroite relation avec Lazaro Cardenas, qui deviendra plus tard président du Mexique. Cardenas, lors de son mandat, mettra en œuvre certaines des réformes les plus radicales prévues par la Constitution, notamment la nationalisation de l'industrie pétrolière. La vision partagée par Mujica et Cardenas a grandement contribué à façonner le Mexique post-révolutionnaire et à redéfinir la relation entre le pays, ses citoyens et ses ressources. En somme, Francisco Mujica, avec sa passion pour la justice sociale et son engagement envers les idéaux de la révolution, a joué un rôle déterminant dans l'élaboration d'une Constitution qui cherchait à redresser les torts du passé et à guider le Mexique vers un avenir plus juste et plus équitable.

La Constitution de 1917 du Mexique est un mélange fascinant d'idées libérales et progressistes. En surface, elle a repris les principes libéraux classiques en instaurant un système de gouvernement présidentiel. Ce système, axé sur la séparation des pouvoirs, vise à équilibrer et à limiter le pouvoir du gouvernement tout en garantissant les libertés fondamentales des citoyens. Cependant, ce qui distingue vraiment cette constitution de ses contemporaines, c'est sa nature profondément progressiste. À une époque où de nombreux pays n'avaient pas encore pleinement reconnu les droits sociaux et économiques, le Mexique a pris des mesures audacieuses pour codifier ces droits dans sa constitution. Les réformes mises en avant étaient clairement destinées à corriger les inégalités historiques et à établir une société plus juste. La réforme agraire, par exemple, avait pour but de briser les structures de pouvoir traditionnelles en redistribuant les terres aux petits agriculteurs et aux communautés indigènes. C'était une tentative de corriger des siècles de concentration des terres entre les mains de quelques propriétaires terriens privilégiés. La réforme du travail, quant à elle, a placé les droits des travailleurs au centre des préoccupations, garantissant des conditions de travail décentes, le droit de grève et la protection contre l'exploitation. La réforme de l'éducation a promis une éducation publique, laïque et gratuite, mettant l'accent sur la formation de citoyens informés et engagés. La réforme religieuse, enfin, a représenté une rupture majeure avec le passé. En cherchant à séparer l'Église et l'État, la constitution a cherché à limiter l'influence traditionnelle de l'Église catholique sur la politique et l'éducation mexicaines. Ces mesures progressistes ont fait de la Constitution de 1917 l'une des plus avancées de son époque, reflétant les aspirations et les idéaux de la révolution mexicaine. Elle n'était pas simplement libérale; elle était radicalement tournée vers l'avenir, cherchant à transformer le Mexique en une nation où les droits et la dignité de tous seraient respectés et protégés.

La Constitution de 1917 du Mexique a cherché à rectifier de nombreuses injustices héritées de l'époque coloniale et du règne prolongé de Porfirio Díaz. L'importance des réformes incluses dans ce document ne saurait être sous-estimée, car elles touchaient presque tous les aspects de la société mexicaine.

La réforme agraire était l'une des plus urgentes. Des millions de Mexicains, en particulier les communautés indigènes, avaient été privés de leurs terres traditionnelles par des siècles de politiques coloniales et post-coloniales. La redistribution des terres n'était pas seulement une question de justice sociale, mais elle visait également à équilibrer le pouvoir économique. Les ejidos, ou terres communales, permettaient à des communautés entières de posséder et de cultiver la terre collectivement, renforçant ainsi la solidarité communautaire. La réforme du travail était également essentielle. Sous Díaz, les travailleurs étaient souvent exploités, avec peu ou pas de droits. La nouvelle constitution garantissait le droit de grève, de meilleures conditions de travail, et cherchait à mettre fin à l'exploitation flagrante des ouvriers et des paysans. L'éducation, traditionnellement sous le contrôle de l'Église catholique, était une autre préoccupation majeure. La constitution garantissait une éducation publique, laïque et gratuite pour tous les citoyens. Elle cherchait ainsi à créer une citoyenneté informée, capable de participer pleinement à la vie démocratique du pays. La séparation de l'Église et de l'État était également un changement radical. En réduisant l'influence de l'Église sur les affaires publiques, la constitution cherchait à créer un État laïc où les droits et libertés des citoyens n'étaient pas dictés par la doctrine religieuse. Enfin, en prévoyant une protection sociale pour ses citoyens, la constitution a reconnu l'importance de soutenir ses citoyens les plus vulnérables. C'était une avancée majeure pour l'époque et mettait le Mexique à l'avant-garde des réformes sociales en Amérique latine.

La dimension nationaliste de la Constitution de 1917 est un élément crucial pour comprendre les motivations et les aspirations qui ont guidé sa rédaction. Le Mexique, comme de nombreux pays d'Amérique latine, a eu une histoire de relations complexes avec les puissances étrangères, en particulier en ce qui concerne l'exploitation de ses ressources naturelles. À l'époque, le pétrole était devenu une ressource stratégique et sa présence au Mexique attirait de nombreux investisseurs étrangers, principalement britanniques et américains. Ces entreprises étrangères, avec le soutien tacite de leurs gouvernements respectifs, exerçaient une influence considérable sur la politique et l'économie du Mexique. Pour de nombreux révolutionnaires, cette situation était inacceptable. Elle symbolisait l'impérialisme étranger et la perte de souveraineté nationale. La décision d'inclure dans la constitution une clause stipulant que les ressources du sous-sol, notamment le pétrole, appartenaient à la nation était donc profondément symbolique. Elle reflétait une volonté de reprendre le contrôle des richesses nationales et de garantir que les bénéfices de leur exploitation profiteraient à l'ensemble de la population mexicaine, plutôt qu'à une poignée d'investisseurs étrangers. De plus, la limitation de la propriété étrangère était une manière d'affirmer la souveraineté mexicaine. Elle envoyait un message clair : si les étrangers souhaitaient investir au Mexique, ils devraient le faire selon les termes définis par les Mexicains eux-mêmes. Enfin, cette dimension nationaliste de la constitution s'inscrivait dans un mouvement plus large en Amérique latine à cette époque. De nombreux pays ont cherché à affirmer leur indépendance et leur souveraineté face à l'ingérence étrangère, que ce soit par la nationalisation des ressources ou par d'autres moyens. La Constitution de 1917 était donc à la fois un produit de son époque et une expression audacieuse des aspirations du peuple mexicain.

La Constitution de 1917, dans sa quête de souveraineté et d'autodétermination, a pris des mesures spécifiques pour garantir que les intérêts nationaux prévalent sur les intérêts étrangers. L'incorporation d'une disposition autorisant l'expropriation de biens appartenant à des étrangers pour des raisons d'intérêt national était un outil puissant. Cette mesure n'était pas uniquement symbolique, elle offrait au gouvernement mexicain un moyen concret de contrôler et de réguler les investissements et l'influence étrangère dans le pays. Les limitations concernant la propriété étrangère près de la frontière et de la côte étaient également des mesures stratégiques. Les frontières et les zones côtières sont souvent considérées comme des régions sensibles sur le plan stratégique et sécuritaire. En limitant la propriété étrangère dans ces zones, la constitution cherchait à garantir que ces régions cruciales restent sous contrôle mexicain et soient à l'abri de tout potentiel influence ou contrôle étranger. Ces mesures reflètent une profonde méfiance à l'égard de l'intervention étrangère, enracinée dans l'histoire du Mexique. Le pays avait déjà subi des occupations, des invasions et des interventions étrangères. Le 19e siècle avait été marqué par des interventions américaines et françaises, ainsi que par de courtes périodes d'occupation étrangère. Ainsi, ces dispositions constitutionnelles peuvent être vues comme une réponse directe à ces expériences, cherchant à prévenir toute future domination ou influence étrangère indue. Il est important de souligner que ces mesures n'étaient pas uniquement dirigées contre les investisseurs ou les propriétaires fonciers étrangers en tant qu'individus, mais visaient plutôt à protéger la souveraineté nationale et à garantir que le développement économique du Mexique profite à ses citoyens. Ces dispositions montrent à quel point la révolution mexicaine était déterminée à rompre avec le passé et à tracer une nouvelle voie pour l'avenir du pays.

L'anticléricalisme inscrit dans la Constitution de 1917 était l'une des ruptures les plus significatives avec le passé du Mexique. Depuis l'époque coloniale, l'Église catholique avait été une force dominante, non seulement en termes religieux, mais aussi en tant que puissance économique et sociale. Elle détenait d'immenses étendues de terres et exercçait une influence considérable sur la vie quotidienne des Mexicains. La volonté de limiter le pouvoir de l'Église était liée à plusieurs facteurs. Tout d'abord, il y avait une reconnaissance du rôle de l'Église en tant que gardienne du statu quo et de son alliance fréquente avec les élites conservatrices. Deuxièmement, les leaders révolutionnaires étaient influencés par les idées libérales qui circulaient en Europe et en Amérique latine, où la séparation de l'Église et de l'État était considérée comme essentielle à la formation d'un État-nation moderne. La prise de contrôle des biens de l'Église était autant une question d'économie que d'idéologie. En expropriant les vastes terres de l'Église, le gouvernement pourrait redistribuer cette terre aux paysans, répondant ainsi à l'une des principales revendications de la révolution. La nationalisation du système éducatif avait également un double objectif : elle permettait au gouvernement de mettre en place un programme éducatif national, tout en mettant fin à l'influence de l'Église sur l'éducation. La position anticléricale de la Constitution a, bien entendu, rencontré une résistance significative, notamment de la part de secteurs conservateurs et de l'Église elle-même. Cette tension a culminé lors de la Guerre des Cristeros dans les années 1920, une insurrection armée contre les politiques anticléricales du gouvernement. Cependant, malgré ces défis, la sécularisation inscrite dans la Constitution de 1917 a jeté les bases d'un Mexique moderne où l'Église et l'État demeurent séparés.

Mise en œuvre de la Constitution[modifier | modifier le wikicode]

Venustiano Carranza, bien qu'ayant joué un rôle déterminant dans l'élaboration de la Constitution de 1917, s'est révélé être un dirigeant pragmatique plus que réformateur pendant son mandat. Il avait une vision claire de l'ordre et de la stabilité, et il était souvent plus préoccupé par la consolidation de son pouvoir et la fin de la violence de la Révolution mexicaine que par la mise en œuvre des réformes radicales que la Constitution promettait. Carranza a souvent fait face à des défis de taille durant sa présidence. Il a dû naviguer dans un paysage politique marqué par des rivalités profondes et des alliances changeantes entre divers leaders révolutionnaires. En outre, la nation était profondément fragmentée et meurtrie par près d'une décennie de combats intenses, d'instabilité politique et de troubles sociaux. En dépit de la Constitution progressiste, Carranza s'est souvent montré réticent à appliquer ses dispositions les plus radicales, en particulier celles concernant la redistribution des terres. Son gouvernement a fait peu pour démanteler les vastes haciendas et redistribuer les terres aux paysans sans terre, une des principales revendications de la Révolution. De même, bien que la Constitution prévoyait des réformes du travail radicales, Carranza a souvent évité de les appliquer intégralement, craignant qu'elles ne déstabilisent davantage l'économie. Carranza était également préoccupé par les relations extérieures, en particulier avec les États-Unis, qui observaient avec méfiance les développements révolutionnaires au Mexique. Il craignait qu'une mise en œuvre trop rapide et radicale des réformes ne provoque une intervention étrangère. Tout cela a conduit à des tensions avec des factions plus radicales de la révolution, en particulier avec Emiliano Zapata et Pancho Villa, qui étaient impatients de voir des réformes sociales et économiques plus concrètes.

Le mandat de Venustiano Carranza a été marqué par une période tumultueuse de l'histoire mexicaine. Au-delà des attentes élevées de la Révolution, la réalité politique et sociale du Mexique de cette époque était complexe, avec de multiples acteurs cherchant à façonner l'avenir du pays selon leurs propres visions. La corruption était omniprésente, non seulement au sein du gouvernement de Carranza, mais aussi parmi de nombreux acteurs de la Révolution. Les accusations de corruption, qu'elles soient fondées ou utilisées comme outils politiques, ont sapé la confiance du public dans l'administration de Carranza et ont exacerbé les tensions existantes. Les luttes pour le pouvoir ont été une caractéristique constante de cette période. Des figures comme Pancho Villa et Álvaro Obregón étaient des rivaux sérieux, ayant chacun une base de soutien significative. Villa, avec sa División del Norte, a maintenu une présence forte dans le nord du Mexique, tandis qu'Obregón a prouvé à plusieurs reprises ses capacités militaires et politiques. Emiliano Zapata, de son côté, représentait une menace différente pour Carranza. Leader du mouvement zapatiste basé dans l'État de Morelos, il était un fervent défenseur de la "Tierra y Libertad" (Terre et Liberté), appelant à une réforme agraire profonde. La vision zapatiste était enracinée dans une idéologie radicalement différente de celle de Carranza, et sa revendication pour une réforme agraire profonde était en contradiction directe avec la réticence de Carranza à mettre en œuvre de telles mesures à l'échelle nationale. L'opposition de ces figures a créé une dynamique complexe et souvent violente. Carranza a dû naviguer dans un paysage politique en constante évolution, où les allégeances changeaient fréquemment et où la loyauté était souvent conditionnée par des intérêts personnels ou régionaux.

Venustiano Carranza, malgré ses contributions à la Révolution mexicaine, notamment en tant qu'architecte de la Constitution de 1917, a fait face à une série de controverses durant son mandat. Son désir apparent de prolonger son séjour au pouvoir a été l'un des principaux points de friction. En essayant d'influencer la succession présidentielle à son avantage, Carranza a été perçu comme cherchant à contourner l'esprit démocratique de la Constitution qu'il avait contribué à promulguer. En particulier, sa tentative de mettre en place un candidat fantoche, Ignacio Bonillas, a été mal vue par de nombreux acteurs politiques et militaires de l'époque. Álvaro Obregón, un des principaux leaders militaires et une figure influente, a été l'un des premiers à se dresser contre Carranza à cette époque. Le Plan de Agua Prieta, adopté en avril 1920, a été un coup direct contre Carranza. Soutenu par d'autres figures importantes comme Plutarco Elías Calles et Adolfo de la Huerta, ce plan réclamait le renversement de Carranza, justifiant ce besoin par ses actions anticonstitutionnelles. Devant une opposition croissante et les défaites militaires qui en ont résulté, Carranza a tenté de fuir la capitale, emportant avec lui une partie du trésor national dans l'espoir d'établir un nouveau front dans le sud du pays. Sa fuite, cependant, a été de courte durée. Trahi par ses propres troupes, Carranza a été assassiné dans l'État de Puebla en mai 1920. La fin tragique de Carranza est symptomatique de la turbulente époque post-révolutionnaire du Mexique. Bien qu'il ait joué un rôle central dans la création de la Constitution mexicaine de 1917, ses actions ultérieures et son désir de maintenir le pouvoir ont éclipsé son héritage et ont finalement conduit à sa chute.

Álvaro Obregón, suite à la mort de Carranza, a effectivement consolidé son emprise sur le pouvoir. Charismatique et doté d'une habileté politique remarquable, Obregón a été en mesure de naviguer à travers la période tumultueuse post-révolutionnaire avec une main ferme. Son ascension au pouvoir marquait le début d'une ère plus stable pour le Mexique après une décennie de conflits. Il faut noter que sa prise de pouvoir n'était pas immédiate après la mort de Carranza. C'était plutôt Adolfo de la Huerta qui a assuré la présidence intérimaire pendant quelques mois en 1920 avant l'élection d'Obregón. Lorsqu'il est devenu président, Obregón a entrepris de nombreuses réformes pour stabiliser le pays et consolider le pouvoir central. Il a cherché à mettre en œuvre les dispositions de la Constitution de 1917, notamment en matière d'éducation, de réforme agraire et de droits du travail. Cependant, il a également utilisé des méthodes autoritaires pour supprimer l'opposition et solidifier sa base de pouvoir. La relation d'Obregón avec l'Église catholique a également été contentieuse. Son gouvernement a appliqué des mesures anticléricales strictes, ce qui a conduit à une période de conflits connue sous le nom de "Cristero War" ou "La Guerre des Cristeros" entre 1926 et 1929. En 1924, à la fin de son premier mandat, Obregón a respecté la Constitution et n'a pas cherché à être réélu immédiatement, laissant la présidence à Plutarco Elías Calles. Cependant, il est revenu au pouvoir en 1928 après avoir remporté à nouveau l'élection présidentielle. Sa deuxième présidence a été de courte durée. Avant de pouvoir prendre ses fonctions, il a été assassiné, marquant ainsi la fin d'un des leaders les plus influents de la période post-révolutionnaire au Mexique.

La Révolution mexicaine, qui a débuté en 1910 et s'est prolongée pendant une décennie, a été l'une des plus grandes guerres civiles et révolutions du XXe siècle. Elle a profondément bouleversé la structure sociale, politique et économique du pays. La violence de cette guerre civile a été à la fois sporadique et généralisée. Les combats entre les différentes factions ont souvent eu lieu dans des zones rurales, mais les villes n'ont pas été épargnées non plus. La guerre a aussi été marquée par de nombreuses trahisons, des alliances changeantes et des assassinats de leaders révolutionnaires. Les déplacements de population ont été massifs. Des milliers de personnes ont fui les zones de conflit pour se réfugier dans des régions plus sûres du pays ou même à l'étranger. Ces mouvements ont provoqué une urbanisation accélérée dans certaines villes qui sont devenues des refuges pour ceux qui fuyaient la violence. De plus, de nombreux Mexicains ont traversé la frontière pour chercher refuge aux États-Unis, lançant une vague d'émigration qui a eu des implications durables pour les relations entre les deux pays. Sur le plan économique, le chaos et la destruction ont interrompu les activités commerciales et agricoles. Les récoltes ont été abandonnées ou détruites, les mines ont été fermées et les chemins de fer, essentiels pour le commerce et le transport, ont souvent été sabotés ou endommagés lors des affrontements. Cependant, malgré les dévastations et les pertes tragiques, la Révolution a ouvert la voie à d'importantes réformes qui ont façonné le Mexique moderne. Après une décennie de conflits, le pays s'est lentement reconstruit et a commencé à mettre en œuvre des réformes profondes, telles que celles énoncées dans la Constitution de 1917, qui visait à adresser nombre des injustices sociales et économiques qui avaient contribué au déclenchement de la révolution.

Álvaro Obregón a pris les rênes du pays dans un contexte particulièrement difficile. La décennie de conflits avait laissé le Mexique exsangue, tant sur le plan économique que social. Malgré ce contexte, la présidence d'Obregón a marqué un tournant dans la révolution mexicaine. Reconnu pour ses talents d'administrateur et de stratège, Obregón a réussi à pacifier en grande partie le pays. L'une de ses premières mesures a été de construire une armée nationale stable et loyaliste pour consolider le pouvoir central et dissuader les soulèvements régionaux. En matière économique, Obregón a travaillé à restaurer la confiance des investisseurs nationaux et étrangers. Il a favorisé l'industrie et a cherché à attirer les investissements étrangers tout en veillant à protéger les ressources nationales. Ses politiques ont favorisé la reprise économique, bien que de manière inégale. Sur le plan agraire, même s'il a pris des mesures pour redistribuer les terres et a commencé à mettre en œuvre certaines des réformes de la Constitution de 1917, le processus a été lent et entaché de nombreuses difficultés. Les grands domaines (haciendas) étaient réticents à céder leurs terres, et le gouvernement manquait souvent des ressources nécessaires pour compenser ces propriétaires. De plus, la réforme agraire était compliquée par des revendications concurrentes et des conflits locaux sur la propriété foncière. En dépit de ses efforts pour stabiliser le pays, Obregón a dû faire face à des défis importants, notamment l'opposition de certains groupes conservateurs et religieux. La question religieuse s'est notamment cristallisée lors de la guerre des Cristeros dans les années 1920, un soulèvement armé de catholiques contre les politiques anticléricales du gouvernement.

Les chemins de fer, une innovation relativement récente au Mexique au début du XXe siècle, sont devenus un élément stratégique crucial pendant la Révolution mexicaine. Avant l'arrivée du rail, en raison de la vaste et variée topographie du Mexique, le pays était composé de régions largement isolées les unes des autres. Les chemins de fer ont bridé cet écart, facilitant la mobilisation et la coordination des efforts révolutionnaires à travers le pays. De plus, les chemins de fer ont renforcé l'économie nationale en reliant les centres de production aux marchés. Le contrôle des principales lignes et gares était non seulement stratégique pour le mouvement des troupes, mais offrait également un avantage économique vital. De nombreuses batailles pendant la révolution ont été centrées sur la prise de ces nœuds stratégiques. En plus du transport des troupes, le réseau ferroviaire a également permis le déplacement de civils, soit pour fuir les zones de combat, soit pour chercher de meilleures opportunités ailleurs. La vitesse de communication offerte par le rail était également inégalée. Les informations pouvaient être transmises plus rapidement d'une région à l'autre, devenant essentielles pour la coordination des mouvements et des stratégies. En outre, l'extension du réseau ferroviaire était un symbole tangible de progrès et de modernisation, des thèmes centraux à cette période révolutionnaire. Cependant, le fait que ces chemins de fer étaient souvent sous le contrôle d'intérêts étrangers, principalement américains et britanniques, a également soulevé d'importantes questions de souveraineté et de contrôle national. Des figures comme Pancho Villa et Emiliano Zapata ont compris et utilisé l'importance stratégique du rail pour avancer leurs causes et étendre leur influence.

Les femmes, souvent éclipsées dans les récits historiques des grands événements, ont joué un rôle pivot dans la Révolution mexicaine. Leur implication ne se limitait pas au soutien des hommes, mais elles étaient activement engagées sur tous les fronts de cette guerre. Les Soldaderas, comme on les appelait, étaient des femmes qui marchaient aux côtés des armées révolutionnaires. Ces femmes courageuses ont participé aux combats, montant à cheval et maniant des armes, tout en affrontant les défis du champ de bataille. Leur contribution ne se limitait pas à être des combattantes ; elles étaient également stratégiques, car elles agissaient comme espionnes, transportant des messages d'une faction à l'autre ou en recueillant des informations. À l'arrière du front, les femmes ont montré une résilience remarquable. Elles s'occupaient des camps, cuisinant pour les troupes, soignant les blessés, et fournissant un soutien moral aux combattants. Ces rôles, bien que moins glorifiés, étaient cruciaux pour le bon fonctionnement des forces révolutionnaires. Sans nourriture, soins médicaux et soutien, les armées auraient eu du mal à maintenir leur élan. En dehors du théâtre direct de la guerre, dans les villages et les villes, les femmes ont continué à soutenir l'effort de guerre de diverses manières. En l'absence des hommes, beaucoup ont pris la responsabilité de gérer les affaires familiales, assurant la survie et la subsistance de leurs proches. Elles ont également pris part à des rassemblements, des manifestations et d'autres formes de résistance organisée, montrant leur détermination à lutter pour un avenir meilleur. Ces efforts ont dépassé la période de la Révolution elle-même. Après la guerre, de nombreuses femmes ont continué à se battre pour leurs droits, stimulées par leur expérience directe des inégalités et des injustices. La Révolution mexicaine a donc été une période charnière pour l'émancipation et la reconnaissance des femmes au Mexique, mettant en lumière leur force, leur détermination et leur importance vitale dans le tissu de la nation.

La Révolution mexicaine, bien qu'elle ait été un tournant majeur dans l'histoire du Mexique et ait apporté des changements significatifs en termes de politique, de droits sociaux et d'identité nationale, a eu des conséquences dévastatrices pour sa population. L'envergure du conflit, tant en termes de durée que d'intensité, a eu un impact profond sur le tissu même de la société mexicaine. Le coût humain est l'aspect le plus tragique de cette révolution. Les estimations varient, mais il est largement reconnu qu'un pourcentage considérable de la population a perdu la vie pendant cette période. Derrière chaque chiffre, il y a une histoire, une famille en deuil, des rêves interrompus et des aspirations jamais réalisées. La violence n'était pas limitée aux combats; de nombreux civils ont été pris dans le feu croisé, victimes de représailles, d'exactions ou simplement d'être au mauvais endroit au mauvais moment. La guerre a également provoqué d'énormes déplacements de population. Des villages entiers ont été abandonnés, soit à cause de la destruction directe des combats, soit parce que leurs habitants fuyaient la violence. Ces déplacements ont créé une vague de réfugiés à l'intérieur du pays, cherchant sécurité et subsistance dans les villes ou dans d'autres régions. Les conséquences de ces déplacements se sont fait ressentir pendant des générations, avec des familles éclatées, des traditions perdues et des communautés désintégrées. Économiquement, le Mexique a également payé un lourd tribut. L'infrastructure du pays, notamment les chemins de fer, les routes et les bâtiments, a subi d'importants dommages. De nombreuses entreprises et exploitations agricoles, qui étaient la colonne vertébrale de l'économie, ont été détruites ou ont dû cesser leurs activités. La reconstruction a été un processus lent et coûteux, nécessitant des années, voire des décennies, pour retrouver un niveau de prospérité antérieur. Socialement, la guerre a exacerbé les tensions existantes et en a créé de nouvelles. La méfiance entre les différentes factions, les traumatismes collectifs et la méfiance à l'égard des autorités ont marqué la société mexicaine pendant de nombreuses années.

1920 – 1934 : Les années des Sonoriens[modifier | modifier le wikicode]

Le projet des Sonoriens[modifier | modifier le wikicode]

La période des "années sonoriennes" de 1920 à 1934 est l'une des phases les plus influentes et décisives dans l'histoire post-révolutionnaire du Mexique. Cette période est nommée d'après l'État de Sonora, d'où venaient plusieurs des principaux acteurs politiques du pays à cette époque. Après l'assassinat de Venustiano Carranza en 1920, Alvaro Obregón, originaire de Sonora, devint l'une des figures politiques les plus dominantes du Mexique. Il a pris le contrôle du gouvernement mexicain après avoir mené une série de campagnes militaires réussies. Obregón a été élu président en 1920 et a servi jusqu'en 1924. Sa présidence a été caractérisée par la consolidation du pouvoir central, la mise en œuvre de certaines des réformes constitutionnelles et l'établissement d'un semblant de paix après une décennie de violence révolutionnaire. À la fin du mandat d'Obregón, Plutarco Elías Calles, également de Sonora, a été élu président et a servi de 1924 à 1928. Calles a continué à renforcer l'État et à poursuivre des réformes, notamment en matière d'éducation et de relations avec l'Église catholique, ce qui a conduit au conflit religieux connu sous le nom de "Guerre des Cristeros". Bien que sa présidence ait officiellement pris fin en 1928, Calles est resté une figure politique dominante pendant ce qui a été surnommé le "maximato", où, en tant que puissance derrière le trône, il a continué à exercer une influence significative sur les présidents successifs jusqu'en 1934. La période des "années sonoriennes" a été marquée par une combinaison de modernisation, de centralisation du pouvoir et de mise en œuvre de réformes issues de la Révolution mexicaine. Cependant, elle a également été marquée par des tensions politiques, des conflits religieux et la concentration du pouvoir entre les mains d'une élite restreinte. La fin de cette période a coïncidé avec l'ascension de Lázaro Cárdenas à la présidence en 1934, qui a introduit une nouvelle phase de réformes agraires, nationales et sociales plus radicales.

Au cours des "années sonoriennes", le Mexique s'est engagé dans une phase ambitieuse de modernisation et de développement économique. Les dirigeants de cette période, dont la plupart étaient issus de l'État de Sonora, avaient une vision claire de ce que devait être le Mexique dans le contexte mondial. Ils cherchaient à transformer un pays principalement agraire, avec une économie dominée par de grands domaines et une infrastructure sous-développée, en une nation industrialisée et moderne, capable de rivaliser avec des puissances comme les États-Unis. L'un des piliers de cette vision était la construction d'infrastructures. Les dirigeants sonoriens ont reconnu que, pour que le pays se développe, il devait améliorer ses infrastructures de base telles que les routes, les chemins de fer, les ports et les installations de communication. Ces investissements dans l'infrastructure étaient essentiels pour faciliter le commerce, encourager la mobilité et unir un pays avec d'énormes disparités régionales. Les investissements étrangers étaient également considérés comme cruciaux pour stimuler le développement économique. Reconnaissant la nécessité de capital, de technologie et de savoir-faire, les dirigeants sonoriens ont adopté des politiques favorables pour attirer des investisseurs étrangers. Cela comprenait des concessions minières, pétrolières et agricoles, ainsi que la facilitation des investissements dans des secteurs clés comme la fabrication. La promotion de l'industrialisation était une autre politique majeure de cette période. Au lieu de simplement exporter des matières premières, l'idée était de les transformer sur place, créant ainsi de la valeur ajoutée, des emplois et une croissance économique. Le gouvernement a encouragé la création d'industries locales, allant de la production textile à la sidérurgie, et a mis en place des politiques pour protéger ces industries naissantes de la concurrence étrangère. Bien que ces efforts aient entraîné une croissance économique significative et des avancées dans la modernisation du pays, ils n'étaient pas sans défis. L'augmentation de la dépendance à l'égard des investissements étrangers a suscité des préoccupations concernant la souveraineté nationale et l'exploitation. De plus, alors que certaines régions et secteurs du pays bénéficiaient de ces politiques, d'autres étaient laissés pour compte, exacerbant les inégalités régionales et sociales. Malgré ces défis, les "années sonoriennes" ont jeté les bases d'un Mexique moderne et ont joué un rôle clé dans la trajectoire de développement du pays au 20ème siècle.

Les "années sonoriennes", bien que productives en matière de développement économique et de modernisation, ont eu leur part d'ombre en ce qui concerne la gouvernance politique. Le désir des dirigeants sonoriens de maintenir leur hégémonie a souvent été réalisé aux dépens des libertés civiles et politiques. La répression politique était une réalité tangible. Pour maintenir la stabilité et assurer la mise en œuvre ininterrompue de leurs politiques, ces dirigeants ont adopté une attitude intolérante à l'égard de toute opposition. Les syndicats, par exemple, ont souvent été ciblés. Alors que ces organisations étaient essentielles pour défendre les droits des travailleurs à une époque de changement industriel rapide, elles étaient aussi perçues comme des menaces potentielles au pouvoir en place. Les grèves étaient souvent brutalement réprimées, et les leaders syndicaux harcelés, arrêtés ou même assassinés. Les dissidents politiques, qu'ils soient de gauche, de droite ou d'autres bords idéologiques, ont également subi la répression. La liberté de la presse était sévèrement limitée, les journalistes critiques étant régulièrement intimidés ou censurés. Ceux qui osaient défier ouvertement le régime étaient souvent emprisonnés, et dans certains cas, contraints à l'exil pour échapper à la persécution. De nombreux intellectuels, politiciens et activistes qui auraient pu contribuer positivement au débat public ont été contraints de quitter le pays, privant le Mexique de voix critiques qui auraient pu jouer un rôle constructif dans la nation. Il est essentiel de comprendre que, même si cette période a jeté les bases du développement économique du Mexique, elle a également institué une forme d'autoritarisme qui a eu des conséquences durables sur la vie politique du pays. Les défis de la démocratisation et de la garantie des droits de l'homme sont en partie enracinés dans cette époque de consolidation du pouvoir par une élite restreinte.

La modernisation engagée par les dirigeants sonoriens reflétait en partie les tendances du Porfiriato, mais incorporait aussi des nuances et des orientations distinctes, enracinées dans les aspirations et les enseignements de la Révolution mexicaine. Dans le domaine de l'agriculture, alors que le Porfiriato avait largement favorisé les grands propriétaires terriens et les investisseurs étrangers, les Sonoriens, tout en reconnaissant le rôle central de l'agriculture pour l'économie, ont intégré les appels à la réforme agraire issus de la révolution. Ils ont orchestré une redistribution des terres et ont renforcé le système des ejidos, des terrains exploités en commun par des groupes locaux d'agriculteurs. L'irrigation était également une priorité pour ces deux régimes. La nécessité de construire des barrages et des systèmes d'irrigation était bien comprise, mais les Sonoriens, en particulier, voyaient l'eau comme une ressource essentielle pour stimuler l'agriculture dans des zones traditionnellement arides, comme leur propre État de Sonora. Les transports ont évolué également pendant cette période. Si le Porfiriato avait mis l'accent sur les chemins de fer, principalement pour faciliter le commerce avec les États-Unis, les Sonoriens, tout en poursuivant l'expansion ferroviaire, ont porté une attention renouvelée à la construction de routes et de ponts, cherchant à mieux connecter les régions éloignées et intérieures du pays. Enfin, le secteur bancaire a subi des changements significatifs sous la direction des Sonoriens. Ils ont envisagé de fortifier le système financier national, le protégeant des influences étrangères excessives et donnant la priorité aux institutions bancaires mexicaines. C'était une rupture nette avec le Porfiriato, où les intérêts financiers étrangers dominaient le paysage bancaire.

La politique des dirigeants sonoriens représentait une sorte de pragmatisme enraciné dans la réalité économique du Mexique de l'époque. Le pays, avec ses vastes étendues de terres arables et ses traditions agricoles ancestrales, avait toujours été essentiellement agraire. Ainsi, dans la perspective des dirigeants sonoriens, il était logique de capitaliser sur cette force intrinsèque. Leur approche différait sensiblement de celle des régimes précédents, qui avaient souvent privilégié les industries extractives et manufacturières, en grande partie pour répondre aux besoins des investisseurs étrangers. Les Sonoriens, tout en reconnaissant l'importance de ces secteurs, ont placé l'agriculture au centre de leur vision du développement. L'accent mis sur la construction de systèmes d'irrigation et de routes avait un double objectif: augmenter la production agricole pour répondre aux besoins du marché intérieur et faciliter le transport des produits vers les marchés extérieurs. L'octroi de crédits bancaires aux agriculteurs était également une innovation importante. Dans un contexte où l'accès au financement était souvent limité, ces crédits visaient à permettre aux agriculteurs d'investir dans de nouvelles technologies et méthodes, augmentant ainsi leur productivité. Cependant, le fait que les Sonoriens aient également cherché à stimuler l'industrialisation, en particulier dans le secteur agricole, montre qu'ils n'étaient pas uniquement axés sur l'agriculture traditionnelle. En encourageant l'industrialisation des produits agricoles, comme le coton et le sucre, ils espéraient ajouter de la valeur aux matières premières du pays, générant ainsi des revenus supplémentaires et créant des emplois. Cette dualité – favoriser le secteur agricole tout en soutenant simultanément l'industrialisation – reflète la complexité de la vision de développement des Sonoriens. Ils cherchaient à équilibrer les besoins immédiats du pays avec les opportunités de croissance à long terme.

L'approche sonorienne du développement économique marquait une rupture significative avec les périodes précédentes, en particulier l'ère du Porfiriato, pendant laquelle le Mexique avait largement dépendu des investissements étrangers, en particulier dans des secteurs tels que le minier et le ferroviaire. Sous Porfirio Díaz, la politique d'ouverture à l'investissement étranger avait permis d'importants flux de capitaux, mais avait également entraîné une dépendance excessive à l'égard de ces capitaux, avec parfois une perte de contrôle sur les ressources nationales. Les Sonoriens, ayant observé les conséquences de cette dépendance, et peut-être aussi influencés par une montée du nationalisme économique post-révolutionnaire, ont cherché à reprendre le contrôle de l'économie. En favorisant l'industrie nationale, ils ont tenté d'assurer que la majorité des bénéfices générés restent au Mexique, contribuant ainsi directement à l'amélioration de l'économie et à la prospérité des Mexicains. Cette approche visait non seulement à renforcer la base industrielle du pays, mais aussi à garantir que les ressources et les industries stratégiques ne soient pas dominées par des intérêts étrangers. L'accent mis sur l'autosuffisance représentait également une réponse aux fluctuations du marché mondial. En créant une économie plus indépendante, les dirigeants espéraient protéger le Mexique des crises économiques internationales et garantir une croissance économique stable. Cependant, cette approche avait ses défis. Bien que l'objectif d'autosuffisance soit noble, il était difficile de complètement éliminer la dépendance à l'égard des marchés et des capitaux étrangers, en particulier dans un monde de plus en plus interconnecté. Néanmoins, l'aspiration à l'autonomie économique a été un élément clé de l'agenda de développement des dirigeants sonoriens.

La première moitié du 20e siècle a été marquée par des bouleversements économiques mondiaux, et le Mexique n'a pas été épargné. Les crises de 1921 et 1929, en particulier, ont frappé le pays de plein fouet, reflétant à la fois les vulnérabilités internes et les interconnexions du Mexique avec l'économie mondiale. La Grande Dépression, qui a commencé en 1929, a provoqué une crise économique mondiale, avec une réduction drastique des échanges commerciaux, des investissements et de la demande de main-d'œuvre. Pour le Mexique, cela s'est traduit par le retour de nombreux travailleurs mexicains qui avaient migré vers le nord, en quête de meilleures opportunités aux États-Unis. Ces retours ont ajouté une pression supplémentaire sur une économie déjà en difficulté, augmentant la nécessité d'emplois et de ressources pour soutenir une population croissante. Pourtant, dans le nord du pays, le régime sonorien a réussi à réaliser certains progrès. Grâce à un accent particulier mis sur le développement agricole, cette région a connu une croissance significative de sa capacité de production. La construction de systèmes d'irrigation, de routes et d'autres infrastructures essentielles a stimulé la croissance économique, permettant à cette région d'atténuer certaines des pires conséquences de la crise. Cependant, le centre du pays n'a pas eu autant de chance. Cette région, traditionnellement le cœur agricole et économique du Mexique, a rencontré de sérieuses difficultés. Les infrastructures étaient moins développées, et la capacité de production alimentaire n'a pas suivi le rythme de la demande croissante. La combinaison d'une population croissante, due en partie au retour des migrants, et d'une production alimentaire stagnante a créé des tensions économiques et sociales. Ces défis ont souligné la nécessité d'une stratégie de développement économique bien planifiée et diversifiée. Les dirigeants sonoriens ont réussi à mettre en œuvre des réformes significatives dans certaines régions, mais les inégalités régionales et les vulnérabilités économiques du pays sont restées des problèmes persistants. La période a posé des questions fondamentales sur la meilleure façon de garantir la prospérité et la stabilité à long terme pour l'ensemble du pays.

L'explosion démographique qu'a connue le Mexique entre 1920 et 1940 a été impressionnante. En seulement vingt ans, la population a doublé, passant de 20 millions d'habitants à 40 millions. Une telle augmentation rapide de la population a eu des conséquences profondes sur la structure socio-économique du pays, avec notamment des répercussions directes sur le secteur agricole. Bien que la période ait été marquée par des efforts de modernisation, notamment sous la direction des dirigeants sonoriens, ces changements n'ont pas toujours été suffisants pour répondre aux besoins de la population croissante. Le secteur agricole mexicain, malgré sa primauté dans l'économie, a été confronté à d'énormes défis. Historiquement, la propriété agricole était inégalement répartie, avec de vastes haciendas contrôlant de grandes étendues de terres, tandis que de nombreux paysans étaient sans terre ou possédaient de petites parcelles. De plus, le manque d'infrastructures modernes, comme les systèmes d'irrigation, et le manque d'accès aux technologies agricoles modernes ont entravé la capacité du pays à augmenter la production alimentaire. Face à une demande alimentaire croissante, ces contraintes ont accentué le déficit alimentaire, avec une production qui n'a pas suivi le rythme de l'accroissement démographique. Ce déséquilibre a eu des conséquences directes, notamment une dépendance accrue à l'égard des importations alimentaires, des fluctuations des prix des produits alimentaires et une insécurité alimentaire accrue pour de nombreux Mexicains. Le défi de nourrir une population croissante a souligné la nécessité d'une réforme agraire profonde et d'une modernisation du secteur agricole. Des efforts ont été déployés dans cette direction, mais le chemin vers la sécurité alimentaire et l'autosuffisance a été long et complexe, nécessitant des ajustements politiques, économiques et sociaux majeurs.

Durant les années 1920 et 1930, le Mexique a été confronté à un ensemble complexe de défis qui ont façonné son développement socio-économique. Le retour massif de travailleurs mexicains depuis les États-Unis, souvent forcé, a ajouté une pression supplémentaire sur l'économie nationale. Ces travailleurs, qui étaient auparavant une source de revenus sous forme de remises pour leurs familles restées au Mexique, sont soudainement revenus, créant une offre de main-d'œuvre excédentaire. Cela a exacerbé les taux de chômage, déjà élevés, et amplifié les problèmes de pauvreté. Cette situation économique précaire s'est produite en parallèle d'une croissance démographique soutenue, rendant encore plus difficile la tâche de nourrir et d'employer la population croissante. Le défi de fournir des emplois et des ressources suffisantes à cette population en expansion s'est ajouté aux autres défis structurels, tels que l'inégalité des terres, les infrastructures insuffisantes et les limites technologiques dans le secteur agricole. La dimension politique a également joué un rôle crucial dans la dynamique de cette époque. Le gouvernement sonorien, tout en cherchant à moderniser le pays, a adopté une approche autoritaire, supprimant souvent l'opposition et limitant la liberté d'expression. Cette répression a créé un climat de méfiance et d'insatisfaction parmi de nombreux segments de la population. Ainsi, les années 1920 et 1930 ont été marquées par une série de paradoxes pour le Mexique. Alors que le pays s'efforçait de moderniser et de développer son économie, les défis sociaux, économiques et politiques se multipliaient, créant un environnement complexe et souvent tendu pour de nombreux Mexicains. Ces défis ont jeté les bases des réformes et des changements qui allaient suivre dans les décennies suivantes.

Les dirigeants sonoriens, contrairement à Porfirio Díaz, ont adopté une stratégie différente pour gérer les classes ouvrières du Mexique. Au lieu de s'appuyer principalement sur la répression pour maintenir l'ordre, comme l'avait fait Díaz pendant son long règne, les sonoriens ont adopté une approche plus inclusive, essayant d'intégrer la classe ouvrière dans le tissu socio-économique du pays. L'idée sous-jacente était simple mais stratégique : en améliorant les conditions de vie des ouvriers, ils pourraient s'assurer de leur loyauté ou, du moins, de leur passivité. En offrant de meilleures opportunités d'emploi, en améliorant les conditions de travail, et peut-être en accordant des avantages sociaux, ils espéraient contrecarrer les sentiments révolutionnaires qui pourraient surgir en raison de l'inégalité et de l'injustice. Cette tactique visait à réduire la probabilité de troubles sociaux et d'agitations politiques parmi la classe ouvrière, qui constituait une grande partie de la population. Cette approche peut être considérée comme prévoyante à certains égards. Au lieu de simplement réprimer un groupe mécontent, les sonoriens ont cherché à traiter certaines des causes sous-jacentes de ce mécontentement. Toutefois, il est également clair que cette stratégie avait une dimension pragmatique : elle visait à assurer la stabilité et à renforcer le contrôle du gouvernement sur un groupe démographique clé. Il convient de noter que, même si cette approche était différente de celle de Díaz, elle n'était pas sans failles ni sans critiques. Si, d'un côté, elle représentait une tentative d'améliorer le sort des ouvriers, d'un autre côté, elle était aussi un moyen de maintenir l'ordre et de consolider le pouvoir entre les mains d'une élite dirigeante.

La réforme agraire au Mexique pendant cette période était une tentative ambitieuse de corriger des siècles d'inégalités foncières et d'injustice. La concentration des terres entre les mains d'une petite élite foncière avait toujours été un point de contention majeur, et la réforme agraire devait théoriquement redistribuer ces terres aux paysans sans terre, répondant ainsi à l'une des revendications centrales de la Révolution mexicaine. Cependant, en pratique, la mise en œuvre de la réforme agraire a été inégale. Bien qu'un grand nombre de paysans aient bénéficié de la redistribution des terres, la majorité est restée sans terres. Selon les estimations, seulement 10% de la paysannerie, qui représentait environ 40% de la population rurale, a véritablement bénéficié de ces changements. Ces chiffres sont révélateurs des limites de la réforme, en particulier compte tenu des attentes initiales. Ces limites étaient particulièrement évidentes dans le centre du Mexique, un bastion du mouvement zapatiste. Le zapatisme, sous la direction d'Emiliano Zapata, avait pour principal slogan "Tierra y Libertad" (Terre et Liberté). Le mouvement réclamait une distribution radicale des terres aux paysans sans terre. Toutefois, malgré la forte influence du zapatisme dans cette région, de nombreux paysans du centre du pays n'ont pas bénéficié de la réforme agraire.

La réforme agraire au Mexique, initiée après la Révolution, était censée être le remède aux problèmes profondément enracinés d'inégalités foncières. Elle devait remédier à un système où une grande partie des terres fertiles du pays était détenue par une infime minorité, laissant la majorité des paysans dans la pauvreté et sans terre. Cependant, la réalité de la mise en œuvre de cette réforme a été loin de ces idéaux. La bureaucratie a été l'une des premières pierres d'achoppement. Au lieu d'une distribution rapide et efficace des terres, les paysans ont souvent été confrontés à des procédures lourdes, retardant l'octroi des terres promises. La corruption, également, a joué un rôle majeur. Dans de nombreux cas, les fonctionnaires et les intermédiaires ont détourné les terres ou les ont vendues au plus offrant, plutôt que de les distribuer à ceux qui en avaient le plus besoin. L'opposition des grands propriétaires terriens, naturellement réticents à céder leurs terres, a été un autre obstacle majeur. Armés de ressources considérables et d'influence politique, ils ont souvent réussi à saper ou à contourner les tentatives de redistribution. Les limites des ressources, qu'il s'agisse de fonds pour indemniser les propriétaires terriens ou d'expertise pour gérer le processus, ont également affecté la portée et l'efficacité de la réforme. De plus, les changements fréquents de leadership et les priorités politiques en constante évolution ont amené les autorités à se concentrer ailleurs, reléguant souvent la réforme agraire au second plan. La complexité inhérente au système foncier mexicain, avec ses droits ancestraux, ses revendications concurrentes et ses titres de propriété souvent mal définis, a ajouté une couche supplémentaire de défi. Cela a rendu la distribution équitable des terres d'autant plus compliquée. Ainsi, malgré les meilleures intentions et la reconnaissance de la nécessité de la réforme agraire, sa mise en œuvre est devenue l'exemple emblématique des défis de la transformation post-révolutionnaire du Mexique. Bien qu'il y ait eu des succès et des avancées, pour beaucoup, la réforme agraire reste le reflet des opportunités manquées et des espoirs non réalisés de la Révolution mexicaine.

La réforme agraire mise en place lors du régime sonorien représentait une réponse tangible aux profondes inégalités foncières qui avaient longtemps prévalu au Mexique. Ces inégalités étaient au cœur des tensions sociales et économiques, alimentant des décennies de mécontentement et culminant finalement dans la Révolution mexicaine. La volonté de rectifier ces déséquilibres était donc primordiale pour assurer la stabilité et la légitimité du nouveau régime. Le programme sonorien visait à transformer le paysage agraire du Mexique en redistribuant les terres des grands haciendas vers les paysans sans terre. L'idée était que cette redistribution, en plus de rectifier une injustice historique, pourrait dynamiser le secteur agricole du pays, encourageant une augmentation de la production et, par conséquent, une plus grande autosuffisance alimentaire. La mise en place de systèmes d'irrigation, la construction de routes pour faciliter le transport de produits agricoles, et l'octroi de crédits aux agriculteurs étaient toutes des initiatives conçues pour augmenter la productivité agricole. L'espoir était que, combinée à la redistribution des terres, cette infrastructure permettrait aux agriculteurs mexicains de cultiver plus efficacement et de mieux subvenir à leurs besoins. Toutefois, malgré la portée et les ambitions du programme, il a été confronté à d'innombrables défis. Comme mentionné précédemment, des problèmes tels que la bureaucratie, la corruption, et l'opposition des grands propriétaires terriens ont entravé la mise en œuvre complète de la réforme. Néanmoins, ce serait une erreur de sous-estimer son impact. Des milliers de paysans ont reçu des terres et, avec elles, une opportunité de s'élever économiquement et socialement.

Durant cette période de transformation au Mexique, la classe ouvrière se trouvait à un carrefour historique. Avec l'urbanisation croissante, la montée de l'industrialisation et la consolidation du pouvoir au sein d'un gouvernement centralisé, les travailleurs et leurs droits sont devenus un enjeu majeur. Le gouvernement a reconnu que pour maintenir la stabilité et éviter la révolution, il devait d'une manière ou d'une autre gérer et canaliser les revendications de la classe ouvrière. L'une de ces stratégies était de coopter le principal syndicat, en le plaçant sous le contrôle direct du ministère de l'Industrie. Par cette manœuvre, le gouvernement a pu influencer directement les politiques et les actions du syndicat, en s'assurant qu'il n'allait pas à l'encontre des intérêts du régime. Cependant, cette cooptation n'était qu'une partie de la stratégie. Les syndicats qui n'étaient pas alignés sur les politiques gouvernementales ou qui défendaient des idéologies socialistes, anarchistes ou communistes ont été systématiquement réprimés. Cette répression s'est manifestée de plusieurs manières : arrestations, exils, ou même, dans certains cas, assassinats. La répression avait pour but non seulement d'éliminer l'opposition directe, mais aussi d'envoyer un message clair à la classe ouvrière sur les limites de la contestation. La restriction du droit de grève était un autre mécanisme pour contrôler la classe ouvrière. En limitant la capacité des travailleurs à faire grève, le gouvernement a effectivement sapé l'un des outils les plus puissants dont disposaient les travailleurs pour négocier et revendiquer leurs droits. Dans l'ensemble, bien que le gouvernement ait fait des efforts pour intégrer la classe ouvrière dans le processus politique par le biais de la cooptation, il était clair que son approche globale était largement autoritaire. Le message était simple : la classe ouvrière pouvait participer, mais seulement dans les limites définies par le régime.

Le gouvernement, en cherchant à contrôler le mouvement syndical, était conscient de la puissance potentielle de la classe ouvrière organisée. Dans l'histoire, les travailleurs unis et organisés ont souvent été à l'avant-garde des mouvements révolutionnaires, et il était impératif pour le gouvernement d'éviter une telle situation au Mexique. En cooptant les dirigeants syndicaux, le gouvernement espérait affaiblir la volonté collective des travailleurs et orienter leurs revendications d'une manière qui ne menacerait pas l'ordre établi. En effet, en alignant les dirigeants syndicaux avec les objectifs du gouvernement, les chances de mouvements radicaux ou révolutionnaires surgissant de la base étaient minimisées. Les dirigeants cooptés, bénéficiant souvent de privilèges et d'avantages du régime, avaient peu d'incitation à défier l'autorité ou à encourager la dissidence parmi leurs membres. Toutefois, la cooptation n'était qu'une partie de la stratégie. La répression directe des éléments les plus radicaux du mouvement ouvrier était tout aussi cruciale. En éliminant ou en emprisonnant les meneurs les plus militants, le gouvernement pouvait décourager la contestation et le radicalisme. La restriction des droits d'organisation et de protestation assurait également que les travailleurs se sentiraient impuissants et moins enclins à se rebeller contre l'autorité. Cette approche, tout en étant efficace à court terme pour le maintien de l'ordre et la stabilité, avait toutefois des conséquences à long terme. Elle créait un sentiment d'aliénation parmi la classe ouvrière, car leurs intérêts véritables n'étaient souvent pas représentés. De plus, la dépendance du gouvernement à l'égard de la répression plutôt que du dialogue ouvert avec les travailleurs a potentiellement érodé sa légitimité aux yeux de nombreux citoyens. En somme, bien que le gouvernement ait réussi à contrôler le mouvement ouvrier pendant un certain temps, il a semé les graines de la méfiance et de la dissidence futures.

La stratégie du gouvernement avait pour double objectif de stimuler la croissance économique tout en conservant fermement les rênes du pouvoir. Pour y parvenir, il a tenté de combiner des éléments de réforme et de répression. La modernisation et le développement économique étaient essentiels non seulement pour améliorer la vie des citoyens, mais aussi pour renforcer la position du Mexique sur la scène internationale. À mesure que les infrastructures, l'agriculture et l'industrie progressaient, la promesse d'un avenir meilleur se dessinait pour de nombreux Mexicains. Ces progrès ont été d'autant plus nécessaires que la population croissante exigeait des emplois, des services et des opportunités. Cependant, parallèlement à ces initiatives de modernisation, le gouvernement était conscient du potentiel de mécontentement parmi des segments de la population, en particulier la classe ouvrière organisée, qui avait historiquement été au cœur des mouvements sociaux et révolutionnaires. La répression de ce groupe, couplée à la cooptation de ses leaders, était donc une mesure préventive pour éviter des troubles sociaux plus importants. Les restrictions imposées aux droits d'organisation et de protestation ont contribué à une atmosphère où la méfiance, la peur et l'oppression étaient omniprésentes. Beaucoup se sentaient impuissants face à un État qui semblait non seulement indifférent à leurs préoccupations, mais également disposé à prendre des mesures drastiques pour étouffer la dissidence. Même si la croissance économique et les projets de modernisation ont apporté des avantages tangibles à certaines parties de la population, ils ont également creusé les inégalités. De nombreux Mexicains, tout en bénéficiant de l'amélioration des infrastructures et de l'accès à de nouveaux biens et services, étaient également conscients des limitations de leur liberté et des injustices qu'ils continuaient de subir.

Le Parti national révolutionnaire (PNR) a été conçu comme un mécanisme pour consolider le pouvoir après une période de bouleversements et de conflits post-révolutionnaires. En fondant ce parti, l'élite dirigeante du Mexique cherchait à établir une stabilité politique durable, en mettant fin aux luttes de pouvoir continues qui avaient caractérisé la période antérieure. En regroupant différentes factions révolutionnaires sous une seule bannière, le PNR a pu présenter une image d'unité nationale, tout en gardant les rênes du pouvoir fermement entre ses mains. Le parti a réussi à englober un large éventail d'intérêts, allant des militaires aux syndicats, en passant par les classes agraires. Cette diversité interne, combinée à une forte structure organisationnelle, a contribué à la résilience du PNR. Le système de patronage, où des faveurs, des postes et des ressources étaient distribués en échange de loyauté, a été essentiel pour maintenir le contrôle du parti sur le pays. Cela a permis d'assurer la loyauté des cadres régionaux et locaux et de renforcer la présence du parti à tous les niveaux de gouvernement. Tout aussi crucial a été l'aptitude du parti à neutraliser la concurrence politique. Le PNR (et plus tard le PRI) a systématiquement marginalisé, coopté ou réprimé les groupes et les individus indépendants qui menaçaient son hégémonie. Dans certains cas, cela a été réalisé en offrant des postes ou des avantages, en d'autres occasions par des tactiques plus autoritaires. Cette domination unipartite a également été facilitée par une série de réformes électorales, souvent conçues pour favoriser le parti au pouvoir. Bien qu'il y ait eu des élections régulières, elles étaient souvent critiquées pour leur manque de transparence et d'équité. Ce n'est qu'à la fin du 20ème siècle que le système politique mexicain a commencé à s'ouvrir, permettant une plus grande compétition et pluralisme. Cependant, l'héritage du PNR, puis du PRI, a laissé une empreinte indélébile sur la structure et la dynamique politiques du Mexique.

L'établissement du PNR n'était pas seulement une manœuvre politique astucieuse; c'était une nécessité pragmatique pour un pays qui avait subi une décennie de bouleversements révolutionnaires. Le Mexique, à cette époque, était fragmenté par diverses factions et chefs militaires ayant chacun leurs propres bases de soutien et leurs agendas. Le PNR était une tentative de rassembler ces groupes disparates sous une bannière commune, assurant ainsi une stabilité relative après des années de conflit. L'inclusion des Sonorisateurs, des Zapatistes et d'autres factions a certes complexifié la nature du PNR, mais cela a également été sa force. Ces alliances, bien qu'imparfaites et souvent tendues, ont permis au parti d'attirer un large éventail de soutiens. Les Sonorisateurs, par exemple, apportaient leur vision moderniste et leur influence dans les régions septentrionales, tandis que les Zapatistes représentaient les revendications agraires et les besoins des paysans du sud. La stratégie du PNR pour maintenir le pouvoir a été multifacette. La cooptation a été l'une de ses principales méthodes : en intégrant les leaders et les groupes potentiellement dissidents dans la structure du parti, ou en leur offrant des postes importants au gouvernement, le PNR a pu atténuer la menace qu'ils représentaient. Cela a également eu pour effet de diluer les agendas radicaux, car une fois intégrés dans le système, beaucoup ont été absorbés par les préoccupations du pouvoir et de la gouvernance quotidienne. En même temps, le PNR n'a pas hésité à utiliser la répression quand elle était jugée nécessaire. Les partis d'opposition, en particulier ceux de gauche, ont souvent été victimes d'intimidations, d'arrestations ou d'autres formes de harcèlement. Ce mélange de cooptation et de répression a permis au PNR (et plus tard au PRI) de rester la force dominante de la politique mexicaine pendant des décennies.

La domination prolongée du PNR, et plus tard du PRI, sur la vie politique mexicaine a été une double épée. D'un côté, cette stabilité politique a permis une mise en œuvre cohérente des politiques économiques et sociales sur de longues périodes, sans les interruptions fréquentes ou les revirements de politique que peuvent connaître des régimes plus instables ou fragmentés. Cette continuité a grandement bénéficié au processus de modernisation du Mexique, en favorisant la création d'infrastructures, la croissance industrielle, l'éducation et la mise en place de certaines politiques sociales. Cependant, cette même stabilité a eu ses inconvénients. La concentration du pouvoir politique au sein du PNR/PRI a souvent conduit à une absence de véritables contre-pouvoirs. Dans de nombreux cas, cela a créé un environnement où la corruption, le népotisme et les abus de pouvoir pouvaient proliférer sans crainte de répercussions significatives. Sans une opposition politique robuste pour demander des comptes au parti au pouvoir, et avec une presse souvent muselée ou alignée sur le parti, le système est devenu opaque. La centralisation du pouvoir a également souvent signifié que les politiques et les décisions étaient prises en fonction des besoins et des intérêts du parti plutôt que de ceux du pays dans son ensemble. Les régions ou les groupes qui n'étaient pas considérés comme essentiels aux intérêts du parti pouvaient se retrouver négligés ou marginalisés. Il est également important de noter que, dans le cadre de cette domination, la véritable volonté et les désirs de nombreuses parties de la population mexicaine ont été supprimés ou ignorés. La voix du peuple était souvent secondaire par rapport aux objectifs du parti.

La réorganisation de l'armée pendant la Révolution mexicaine représente une transformation majeure du paysage militaire et politique du Mexique. Sous Porfirio Díaz, la garde rurale était une force paramilitaire créée pour maintenir l'ordre dans les campagnes. Ces gardes étaient souvent utilisés pour protéger les intérêts des grands propriétaires terriens, réprimer les mouvements paysans et les insurrections, et servir de tampon entre les zones urbaines et rurales. Bien qu'efficaces dans leur rôle, ils étaient également connus pour leurs abus et leur brutalité. La Révolution mexicaine a vu la montée de plusieurs armées différentes, menées par des figures révolutionnaires comme Francisco Villa et Emiliano Zapata, qui combattaient contre les forces fédérales de Díaz et, plus tard, entre elles. La nature fragmentée de ces forces armées, ainsi que leurs différentes idéologies et agendas, a rendu le paysage militaire de la période révolutionnaire complexe. Après la Révolution, il est devenu évident qu'une armée unifiée, centralisée et professionnelle était nécessaire pour garantir la stabilité du pays. Ainsi, la nouvelle armée nationale a été établie, se distinguant des armées personnelles des caudillos révolutionnaires. Cette nouvelle force était destinée à être neutre, apolitique et loyale à l'État, plutôt qu'à un leader particulier. La réorganisation et la centralisation de l'armée avaient plusieurs avantages. Premièrement, elle renforçait le pouvoir central du gouvernement, lui permettant d'exercer une autorité plus uniforme sur tout le pays. Deuxièmement, elle réduisait la possibilité que des caudillos ou des chefs militaires locaux exercent une influence ou un pouvoir excessif dans leurs régions respectives. Troisièmement, elle permettait une modernisation et une standardisation des équipements, des formations et des tactiques. Cependant, cette centralisation militaire a également eu des inconvénients. Elle a concentré un énorme pouvoir entre les mains de l'élite dirigeante, ce qui a parfois été utilisé pour réprimer l'opposition ou consolider davantage le pouvoir. De plus, bien que l'armée ait été conçue comme une entité apolitique, elle est devenue, à plusieurs reprises au cours du XXe siècle, un acteur politique en elle-même, jouant un rôle clé dans les affaires nationales.

La création de la nouvelle armée nationale du Mexique était en effet une réponse stratégique à l'environnement chaotique de la Révolution mexicaine. Avec diverses factions et caudillos contrôlant différentes parties du pays, il était essentiel de mettre en place une entité centralisée capable de rétablir et de maintenir l'ordre. Cette armée était un outil essentiel pour le gouvernement central afin d'établir son autorité sur l'ensemble du territoire. La modernisation de l'armée était aussi une nécessité du XXe siècle. La guerre moderne exigeait une armée plus technologiquement avancée, avec des armes, des véhicules et des équipements plus modernes. La formation militaire a également subi une refonte, axée sur des tactiques plus contemporaines et une meilleure préparation pour faire face aux conflits nationaux et internationaux. Ainsi, contrairement à la garde rurale, qui était plus une force paramilitaire et souvent considérée comme brute et non réglementée, la nouvelle armée nationale avait pour ambition d'être une force moderne, disciplinée et professionnelle. Outre la consolidation interne, la défense contre les menaces extérieures était une préoccupation. L'histoire du Mexique est marquée par des interventions étrangères, comme l'invasion française et l'intervention américaine. Une armée nationale forte et unifiée était perçue comme une nécessité pour dissuader toute future intervention ou ingérence étrangère. Cette transition de la garde rurale à l'armée nationale symbolise également le passage d'un Mexique fragmenté et souvent féodal à un État-nation moderne, avec une administration centralisée cherchant à affirmer sa souveraineté et son autorité sur l'ensemble de son territoire.

La nouvelle armée nationale, en tant qu'institution centralisée, avait un rôle bien plus étendu que la simple fonction de défense et de maintien de l'ordre. Elle est devenue un instrument majeur de mise en œuvre des réformes et des projets de l'État. Dans le domaine des infrastructures, l'armée a été déployée pour construire des routes, des ponts et d'autres infrastructures essentielles. Ces projets n'étaient pas seulement des initiatives de développement, mais avaient aussi une importance stratégique, permettant une meilleure mobilité des troupes et une réaction plus rapide aux troubles potentiels. L'éducation et la santé publique étaient des domaines clés pour le développement national et le bien-être de la population. L'armée a soutenu ces efforts, en participant par exemple à des campagnes de vaccination ou en fournissant une formation technique et professionnelle. Elle a également été utilisée pour garantir l'accès à l'éducation dans des zones éloignées ou troublées, en assurant la sécurité des écoles et en participant à des programmes d'éducation civique. La réforme agraire, l'une des principales promesses de la Révolution mexicaine, nécessitait un contrôle efficace du territoire et une gestion rigoureuse. L'armée a été utilisée pour délimiter les terres, établir des zones agricoles collectives et, dans certains cas, protéger les communautés agricoles des représailles des anciens propriétaires fonciers. Elle a également veillé à ce que les terres soient réparties équitablement et conformément aux directives gouvernementales. Toutefois, l'utilisation de l'armée dans ces fonctions civiles a eu des implications complexes. Si elle a joué un rôle essentiel dans le développement national, sa présence et son rôle dominant ont également pu créer des tensions, en particulier dans les régions où les populations étaient sceptiques ou résistantes à l'intervention gouvernementale. La période du gouvernement sonorien a vu l'État mexicain se renforcer et s'étendre, avec l'armée agissant souvent comme la main de ce pouvoir grandissant.

La création de la police rurale fédérale était une réponse aux défis posés par le vaste territoire mexicain et la complexité de la mise en œuvre de la réforme agraire. Dans un pays avec une topographie aussi variée et des régions parfois isolées, la capacité de l'armée à intervenir rapidement et efficacement pouvait être limitée. La police rurale fédérale est donc venue compléter les efforts de l'armée en se concentrant spécifiquement sur les régions rurales. La mission de la police rurale fédérale allait au-delà de la simple application de la loi. Dans le contexte post-révolutionnaire, le gouvernement était déterminé à instaurer une présence stable et visible dans tout le pays, en particulier dans les zones où des conflits ou des tensions pourraient surgir autour de la répartition des terres. La police était ainsi non seulement un outil de maintien de l'ordre, mais aussi un symbole de l'autorité et de la continuité de l'État. Elle jouait un rôle crucial dans la mise en œuvre de la réforme agraire. En protégeant les bénéficiaires de la réforme, en surveillant les redistributions de terres et en assurant la sécurité lors des litiges fonciers, la police rurale fédérale contribuait à garantir que la réforme se déroule de manière équitable et sans heurts. Néanmoins, comme toute institution, la police rurale fédérale a connu des défis. Les accusations de corruption, d'abus de pouvoir et d'excès ont parfois été soulevées. Dans certains cas, des tensions ont surgi entre la police rurale et les communautés locales, en particulier lorsque les intérêts de ces communautés étaient perçus comme étant en conflit avec les directives du gouvernement central.

Construction du nationalisme mexicain[modifier | modifier le wikicode]

La période post-révolutionnaire au Mexique a été marquée par une quête d'identité nationale qui cherchait à célébrer et intégrer les racines indigènes du pays. Cette démarche contrastait nettement avec la politique d'européanisation favorisée par le régime de Porfirio Díaz. L'une des expressions artistiques les plus emblématiques de cette période est le mouvement muraliste. Des artistes tels que Diego Rivera, José Clemente Orozco et David Alfaro Siqueiros ont peint d'immenses fresques murales sur des bâtiments publics, capturant l'histoire mexicaine avec un accent marqué sur ses origines indigènes et les conflits sociaux. En parallèle, l'indigénisme est apparu comme une tendance culturelle et politique qui valorisait et promouvait les cultures indigènes comme fondement de la nationalité. Des initiatives ont été prises pour intégrer les communautés indigènes à la vie nationale, tout en préservant et en mettant en valeur leurs traditions et leurs langues. L'éducation, sous la houlette de figures comme José Vasconcelos, ministre de l'Éducation dans les années 1920, est devenue un outil privilégié pour promouvoir cette nouvelle identité, mettant en avant une fusion entre les éléments indigènes et européens. En même temps, la Fête de la Race, instaurée en 1928, célébrait l'identité métisse du pays, une synthèse des cultures indigènes et européennes, surtout espagnoles. Le gouvernement post-révolutionnaire a également cherché à réinterpréter l'histoire nationale. La Conquête était vue comme une tragédie, mettant en lumière la résistance indigène face à l'oppression espagnole, et des figures comme Cuauhtémoc, le dernier empereur aztèque, étaient érigées en héros nationaux. Cependant, en dépit de ces efforts visant à valoriser et à intégrer l'héritage indigène du Mexique, de nombreuses inégalités demeuraient. Les populations indigènes affrontaient et continuent d'affronter des défis considérables, que ce soit en matière d'éducation, d'accès aux soins de santé ou d'opportunités économiques. Bien que l'État ait glorifié l'image de l'Indien dans ses discours et dans l'art, la réalité quotidienne pour beaucoup était loin de cette idéalisation. Néanmoins, cette période a redéfini la manière dont le Mexique se concevait, optant pour une identité embrassant ses racines indigènes tout en reconnaissant son riche héritage métissé.

Le gouvernement révolutionnaire post-porfirien du Mexique a entrepris une quête significative de renaissance identitaire. Plutôt que de regarder vers l'Europe comme modèle de modernité et de culture, comme l'avait fait Porfirio Díaz, ce nouveau régime a vu dans les racines métisses et indigènes du pays une source essentielle de la force et de l'identité nationale. L'art et la culture sont devenus des véhicules clés pour cette redéfinition identitaire. Les fresques murales, peintes par des artistes tels que Diego Rivera, José Clemente Orozco et David Alfaro Siqueiros, ont illustré des scènes historiques, mythiques et quotidiennes, donnant une place centrale aux figures et aux thèmes indigènes. Les motifs précolombiens sont apparus non seulement dans les œuvres d'art, mais aussi dans la conception architecturale des bâtiments publics et des monuments, fusionnant des styles modernes avec des éléments ancestraux. La valorisation de l'héritage indigène ne s'est pas limitée à l'art et à l'architecture. Le gouvernement a également mis en place des initiatives pour promouvoir les langues indigènes, considérant que leur préservation et leur revitalisation étaient essentielles pour le patrimoine culturel du pays. Des écoles ont intégré l'enseignement de ces langues, et des programmes radiophoniques ont été créés pour toucher les populations rurales et éloignées. Les fêtes et célébrations traditionnelles ont également été revitalisées et promues. La Fête de la Race, par exemple, célébrait la synthèse culturelle de l'héritage indigène et espagnol du Mexique, renforçant l'idée d'une nation métisse unique et unifiée. Ces efforts visaient non seulement à créer un sentiment d'unité et d'appartenance nationales, mais aussi à reconnaître et à valider les contributions des cultures indigènes à l'identité et à l'histoire mexicaines. En valorisant cet héritage, le gouvernement révolutionnaire a cherché à créer un Mexique plus inclusif et représentatif de ses racines profondes.

Le récit historique du Mexique, sous l'égide du gouvernement révolutionnaire, a subi une réévaluation profonde. Les précédentes narratives, qui tendaient à mettre en avant l'influence et la supériorité européennes, ont été remises en question, remplacées par une histoire qui valorisait le riche patrimoine du pays avant la colonisation. Cette démarche visait à asseoir la légitimité du nouveau régime en établissant des liens plus profonds avec le passé préhispanique, mais également à redonner aux populations indigènes et métisses la place centrale qu'elles méritaient dans l'histoire nationale. Des figures historiques, auparavant éclipsées ou minimisées, comme Cuauhtémoc, dernier empereur aztèque, ou Emiliano Zapata, leader révolutionnaire et défenseur des droits agraires, ont été portées à la lumière de l'histoire officielle comme emblèmes de résistance, de fierté et d'intégrité. Les civilisations précolombiennes, comme les Aztèques, les Mayas et les Zapotèques, ont été représentées non seulement pour leurs réalisations artistiques et architecturales, mais aussi pour leurs contributions sociales, politiques et scientifiques. Le curriculum scolaire a été repensé pour intégrer cette nouvelle perspective. Les manuels scolaires ont été révisés pour mettre en avant les contributions indigènes et métisses à la formation de la nation. Les étudiants apprenaient désormais à voir le Mexique comme un pays dont la richesse culturelle et historique provenait d'une fusion entre les mondes indigène et colonial, et non pas simplement comme le produit de la colonisation. Par cette mise en avant d'une histoire nationale révisée, le gouvernement a voulu renforcer le sentiment d'appartenance nationale, créer une identité plus inclusive et réparer, d'une certaine manière, les torts historiques commis envers les populations indigènes et métisses, en leur redonnant la dignité et la reconnaissance qu'elles méritaient.

La réorientation de l'identité nationale mexicaine avait des implications bien au-delà du simple domaine culturel. Elle a façonné l'approche du gouvernement en matière de politique intérieure et extérieure, avec une volonté marquée de préserver et renforcer la souveraineté du pays. L'autosuffisance est devenue un maître mot de cette période, suggérant que le Mexique, pour se développer et affirmer sa place dans le monde, devait s'appuyer sur ses propres ressources et capacités plutôt que sur l'intervention ou l'influence étrangère. C'est dans cette optique que s'inscrit la nationalisation de l'industrie pétrolière en 1938 sous la présidence de Lázaro Cárdenas. En reprenant le contrôle des ressources pétrolières, le gouvernement voulait assurer que les bénéfices tirés de cette ressource vitale profitent directement au peuple mexicain plutôt qu'à des intérêts étrangers. Cette mesure, audacieuse pour l'époque, a été un signal fort de l'engagement du gouvernement à protéger la souveraineté économique du Mexique. De même, la réforme agraire, qui avait débuté après la Révolution mexicaine, est devenue l'une des initiatives les plus emblématiques du gouvernement révolutionnaire. Elle visait à corriger les inégalités foncières héritées de l'époque coloniale et de la période porfirienne, où de vastes étendues de terres étaient détenues par une poignée de grands propriétaires terriens, souvent au détriment des communautés indigènes. En redistribuant les terres, le gouvernement souhaitait non seulement rendre justice à ces communautés, mais aussi encourager un développement agricole centré sur les besoins nationaux. Ces mesures, loin d'être de simples politiques économiques, étaient le reflet d'une vision plus large de ce que devrait être le Mexique : un pays fort, indépendant, fondé sur la justice sociale et enraciné dans une identité profondément nationale, valorisant son héritage métis et indigène.

Au cœur de cette transformation identitaire se trouvait un désir impératif de renforcer le tissu national et d'établir une base solide pour le pays à la suite des bouleversements et des divisions de la Révolution mexicaine. La valorisation des racines indigènes et métisses du pays n'était pas seulement un moyen de reconnaître la richesse de la diversité culturelle du Mexique, mais aussi une stratégie pour établir un fondement commun sur lequel tous les Mexicains pouvaient s'identifier. En légitimant les politiques du gouvernement, notamment la nationalisation des industries clés et la réforme agraire, à travers cette nouvelle identité nationale, le gouvernement espérait obtenir un soutien plus large et plus profond de la population. C'était un moyen de montrer que ces initiatives n'étaient pas simplement des décisions politiques arbitraires, mais qu'elles découlaient d'une vision plus large de ce que signifiait être mexicain et de la direction dans laquelle le pays devrait se diriger. De plus, cette posture nationaliste était également un rempart contre les influences étrangères. À une époque où de nombreux pays d'Amérique latine étaient confrontés à l'impérialisme et à l'interventionnisme de puissances plus grandes, l'accent mis par le Mexique sur son autonomie et son indépendance était un message fort envoyé à l'échelle internationale. Cela signalait que le Mexique était déterminé à prendre ses propres décisions, à forger son propre chemin, sans être subordonné ou dépendant des agendas étrangers. Cette affirmation de la souveraineté et de l'indépendance a non seulement renforcé la position du Mexique sur la scène internationale, mais a également suscité un sentiment de fierté et d'appartenance parmi ses citoyens.

Fresque par Diego Rivera.

Cette période de construction nationale au Mexique a été fortement influencée par le désir de se définir indépendamment des influences extérieures et de célébrer l'identité unique du pays. Les mouvements artistiques, en particulier le muralisme, incarnent cet effort. Les artistes tels que Diego Rivera, José Clemente Orozco et David Alfaro Siqueiros ont utilisé les murs des bâtiments publics comme toile pour dépeindre la riche histoire du Mexique, mettant en avant les réalisations des peuples indigènes et célébrant les héros nationaux. Les fresques murales n'étaient pas seulement des œuvres d'art, elles étaient aussi des outils politiques et éducatifs. Par leur accessibilité publique, elles permettaient d'éduquer la population, y compris ceux qui étaient analphabètes ou n'avaient pas accès à l'éducation formelle. Elles racontaient l'histoire du Mexique, sa lutte pour l'indépendance et la justice, et ses espoirs pour l'avenir. La création de l'École nationale d'anthropologie et d'histoire s'inscrivait également dans cette démarche de valorisation et de compréhension de la culture mexicaine. L'étude académique de la riche histoire précolombienne du pays et de ses traditions vivantes a contribué à forger une identité nationale fondée sur une reconnaissance de la diversité et de la complexité du passé du Mexique. L'éducation a été un autre pilier central de cette période de construction nationale. En instituant un système d'éducation nationale, le gouvernement a cherché à inculquer les idéaux du nationalisme révolutionnaire à la jeune génération. Cette éducation ne se limitait pas à la simple acquisition de compétences, mais visait également à former des citoyens informés et engagés, fiers de leur identité mexicaine.

Après la révolution mexicaine, il y a eu un effort concerté de la part du gouvernement pour retrouver et célébrer l'identité indigène du Mexique, qui avait été éclipsée pendant la longue période du Porfiriato. Durant cette période, Porfirio Díaz avait adopté une vision européanisante du progrès et de la modernité, souvent au détriment de la culture indigène et des valeurs mexicaines. Après sa chute, le pays s'est engagé dans une introspection profonde, cherchant à redécouvrir et à célébrer ses racines. L'École nationale d'anthropologie et d'histoire a joué un rôle central dans cette quête. En promouvant l'étude académique des cultures indigènes, précolombiennes et contemporaines, l'institution a non seulement contribué à une meilleure compréhension de ces cultures, mais elle a également contribué à élever leur statut dans l'imaginaire national. Au lieu d'être considérées comme des reliques d'un passé révolu, les cultures indigènes ont été reconnues comme une partie vivante et dynamique de l'identité mexicaine. Le soutien du gouvernement à l'archéologie a également été crucial. Les fouilles et les restaurations de sites anciens comme Teotihuacán, Palenque et Chichén Itzá ont aidé à révéler la grandeur et la sophistication des civilisations précolombiennes du Mexique. Ces découvertes ont non seulement suscité la fierté nationale, mais elles ont également attiré l'attention du monde entier, faisant du Mexique une destination majeure pour l'archéologie et le tourisme culturel. Il est important de noter que ces efforts ne visaient pas seulement à redécouvrir le passé, mais aussi à adresser le présent. Les cultures indigènes contemporaines ont souvent été marginalisées et confrontées à de graves inégalités. En valorisant leur héritage et en reconnaissant leur contribution à la nation, le gouvernement espérait également attirer l'attention sur leurs droits et leur bien-être dans le Mexique moderne.

José Vasconcelos est en effet une figure emblématique de la période post-révolutionnaire au Mexique. Sa vision de la "race cosmique" et de la célébration du métissage était une réponse audacieuse à l'histoire tumultueuse du Mexique et à la complexité de son identité culturelle. Au lieu de percevoir les différentes origines ethniques et raciales du pays comme une source de division ou de conflit, Vasconcelos les a présentées comme une richesse unique, une fusion qui pourrait donner naissance à une nouvelle civilisation. Il voyait le métissage non seulement comme un phénomène physique ou génétique, mais aussi culturel et spirituel. Cette vision rompait radicalement avec les idées eugénistes et raciales qui étaient populaires dans de nombreuses parties du monde à cette époque. En tant que ministre de l'Éducation, Vasconcelos a pu mettre ses idées en pratique en promouvant l'éducation rurale, en finançant des missions culturelles dans tout le pays, et en encourageant le muralisme, un mouvement artistique qui a magnifiquement représenté les thèmes du métissage et de la culture indigène. Les artistes comme Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros et Orozco ont été largement soutenus par sa vision et ses initiatives. Vasconcelos voyait l'éducation comme le moyen principal pour promouvoir ses idées progressistes et pour construire une nation unifiée et fière de ses racines diversifiées. Pour lui, une éducation qui célèbre et comprend le riche héritage culturel du Mexique était essentielle pour développer une société inclusive et démocratique. "La Raza Cósmica" est plus qu'un simple livre; c'est une expression d'espoir et d'ambition pour un pays qui, malgré ses défis et ses divisions, a toujours su trouver sa force dans sa diversité. La vision de Vasconcelos a influencé non seulement la politique éducative et culturelle du Mexique, mais aussi la façon dont les Mexicains se voient eux-mêmes dans le contexte d'un monde globalisé. Sa croyance en un futur où le métissage serait la clé de l'évolution de l'humanité offre une perspective optimiste et inclusive à une époque où le monde est souvent divisé par des questions d'identité.

Tandis que les concepts de José Vasconcelos tels que "La Raza Cósmica" étaient innovants et symbolisaient une tentative de forger une identité nationale unifiée, ils n'étaient pas exempts de problèmes. Ces idées ont été avancées dans un contexte de post-colonialisme, où de nombreux pays, y compris le Mexique, luttaient pour définir leur identité à la suite de siècles de domination étrangère. L'idée d'une "race cosmique" supérieure, résultant du métissage, implique intrinsèquement une hiérarchie. Vasconcelos lui-même a évoqué l'idée que les Mexicains, en tant que produit de plusieurs races, étaient destinés à être les leaders d'une nouvelle ère pour l'humanité, suggérant que certains mélanges raciaux étaient plus "avancés" ou "évolués" que d'autres. Ce point de vue a souvent conduit à la négligence ou même à l'éradication symbolique des cultures indigènes et afro-mexicaines. Les cultures purement indigènes, plutôt que d'être célébrées dans leur propre droit, étaient souvent valorisées principalement pour la manière dont elles pouvaient se mélanger ou contribuer à cette nouvelle identité métisse. Cette perspective a souvent éclipsé les luttes réelles et continues des communautés indigènes et afro-mexicaines, qui ont été marginalisées économiquement, socialement et politiquement. De plus, l'idéalisation du métissage a parfois servi à masquer ou à minimiser les problèmes réels de racisme et de discrimination au Mexique. Cela a créé un paradoxe où le pays pouvait se vanter d'une identité métissée tout en ignorant ou en minimisant les inégalités raciales et ethniques persistantes.

Diego Rivera avec Frida Kahlo, sa troisième épouse.

La période des Sonoriens, qui s'étend de 1920 à 1934, représente un tournant dans l'histoire du Mexique. Sous la direction des présidents issus du mouvement sonorien, notamment Alvaro Obregón, Plutarco Elías Calles et Lázaro Cárdenas, le pays a entrepris un voyage vers la modernisation. Ces leaders ont cherché non seulement à moderniser le Mexique à travers l'éducation, les infrastructures et l'industrialisation, mais aussi à promouvoir un sentiment renforcé d'identité nationale. Contrairement à la période porfirienne qui avait tendance à privilégier les élites d'origine européenne, le gouvernement sonorien a valorisé le riche héritage mixte du pays, embrassant les contributions des cultures indigènes, européennes et africaines. Malgré les progrès en matière d'éducation et de réforme agraire, le gouvernement a parfois été hésitant dans la mise en œuvre de réformes plus radicales, optant plutôt pour des approches modérées qui évitaient de bouleverser de manière significative l'ordre social et économique. En effet, tout en poursuivant des réformes, le gouvernement a maintenu une main de fer sur le pouvoir politique. La création du Parti National Révolutionnaire (PNR) en 1929, qui deviendrait le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), a été instrumentale à cet égard. Bien que le parti se soit revendiqué des principes démocratiques, il s'est souvent reposé sur des méthodes autoritaires pour conserver le pouvoir. L'idéologie de cette période a été fortement influencée par des figures telles que José Vasconcelos, qui a promu l'idée d'une "race cosmique" et célébré le mestizaje comme fondement de l'identité nationale mexicaine. Bien que ces idées aient joué un rôle crucial dans la formation d'une identité nationale cohésive, elles n'étaient pas exemptes de critiques, notamment en raison des implications de hiérarchie raciale qu'elles pouvaient suggérer. En somme, la période sonorienne a posé des fondations importantes pour le Mexique du XXe siècle, en naviguant entre modernisation, construction identitaire et impératifs de stabilité politique.

Durant la période sonorienne, l'éducation est devenue une pierre angulaire de la stratégie nationale du Mexique pour forger une identité nationale unifiée et améliorer la condition sociale de ses citoyens. Conscient de l'importance cruciale de l'éducation dans le façonnement des esprits et des attitudes des citoyens, le gouvernement a lancé une campagne sans précédent pour construire des écoles et des universités à travers le pays. Cette initiative n'était pas simplement une tentative de réduire l'analphabétisme, elle était intrinsèquement liée à l'idée que l'éducation pouvait être le vecteur d'une transformation sociale plus large, élevant le niveau de vie des pauvres et nivelant les inégalités structurelles. Cette vision de l'éducation comme instrument de mobilisation sociale s'est traduite par une augmentation significative du financement des infrastructures éducatives. L'intention était claire : une population éduquée serait plus à même de participer activement à la vie politique, économique et sociale du pays, renforçant ainsi la base démocratique sur laquelle le Mexique souhaitait bâtir son avenir. Toutefois, malgré ces ambitions louables, l'exécution n'a pas toujours été à la hauteur des espérances. En particulier, les communautés rurales et indigènes, qui avaient historiquement été marginalisées, ont continué à être confrontées à des défis importants en matière d'accès à l'éducation de qualité. Bien que des écoles aient été construites dans de nombreuses régions éloignées, la qualité de l'éducation offerte, les ressources disponibles et la pertinence culturelle des curriculums étaient souvent insuffisantes. Le fossé persistant entre les citoyens éduqués dans les zones urbaines et leurs homologues des zones rurales témoigne des défis structurels que le pays continue de rencontrer dans sa quête d'égalité éducative.

Sous la houlette de José Vasconcelos, le Ministre de l'Éducation de 1921 à 1924, l'éducation est devenue une priorité nationale au Mexique. Vasconcelos, conscient du rôle central de l'éducation dans la formation d'une nation, a alloué jusqu'à 14% du budget national à ce secteur. Son approche réformatrice a englobé tous les niveaux de la société mexicaine : de la création d'écoles dans les villages les plus éloignés à la mise en place d'enseignants itinérants pour les zones reculées, en passant par l'inauguration de cours du soir destinés à l'alphabétisation des adultes. L'ouverture de bibliothèques, mettant en avant des auteurs mexicains, a renforcé la quête d'une identité nationale. La détermination de Vasconcelos a porté ses fruits : entre 1921 et 1934, le taux d'analphabétisme au Mexique a chuté de 10 points, passant de 72% à 62%, et presque la moitié des enfants étaient scolarisés. C'était un exploit remarquable dans un pays marqué par des décennies de négligence éducative. Vasconcelos, en plus d'être un réformateur éducatif, était aussi un penseur et un philosophe. Il est largement reconnu pour son ouvrage "La Raza Cósmica" dans lequel il a envisagé une fusion des races - indigènes, européennes, africaines - pour former une nouvelle "race cosmique". Cependant, sous cette vision progressiste se cachait une idéologie plus problématique. Bien que la célébration du métissage ait été centrale, elle était également imbriquée avec l'idée que l'éducation pouvait "améliorer" certaines races, en particulier les communautés indigènes. Le rôle de l'instituteur dans cette nouvelle vision mexicaine était crucial. Semblable à la transformation post-révolutionnaire en France, où l'instituteur était considéré comme le nouveau gardien de la morale et de la citoyenneté, remplaçant le prêtre, au Mexique, après la révolution, l'instituteur est devenu le lien fondamental entre les citoyens et l'État, jouant un rôle central dans le façonnement de l'identité nationale du pays.

Durant les années 1920 et 1930, le Mexique a traversé une période de transformation profonde, marquée par une quête intense de définition et d'affirmation de son identité nationale. Pour accomplir cela, le gouvernement a massivement investi dans l'éducation, avec pour objectif de promouvoir une conscience nationale et d'inculquer une identité culturelle unifiée parmi ses citoyens. Le patrimoine métissé et indigène du pays a été mis en avant, illustrant une fierté renouvelée des racines mexicaines tout en tentant de réduire les écarts éducatifs. L'une des réussites notables de cette période a été la réduction significative de l'analphabétisme, passant de 72 % à 62 %. De plus, une part croissante de la jeune génération a eu accès à l'éducation, posant les fondements d'une population plus instruite et donc, potentiellement, plus impliquée dans le destin de la nation. L'art, en tant qu'expression culturelle, a également été un élément central de cette dynamique nationale. Grâce au soutien gouvernemental, des artistes mexicains ont gagné une renommée non seulement nationale, mais également internationale. Diego Rivera, avec ses murales puissantes dépeignant l'histoire et les luttes du Mexique, est devenu un symbole de cette renaissance artistique. D'autres, tels qu'Orozco, ont également marqué cette période par leurs œuvres. Et Frida Kahlo, avec son style unique, est devenue une icône internationale, célébrant à la fois son identité personnelle et la richesse culturelle du Mexique. Ainsi, ces années ont été le témoin d'une revitalisation culturelle et éducative, reflétant la volonté d'une nation de redéfinir son identité tout en valorisant son riche héritage.

Durant les années 1920 à 1934, marquées par l'ère sonorienne, le Mexique a connu d'importantes mutations visant sa modernisation et l'affirmation de son identité nationale. Les dirigeants originaires de Sonora ont impulsé des réformes agraires, favorisé le développement technologique et mis en avant des protections sociales pour la classe ouvrière. Cependant, cette période a aussi été marquée par une certaine répression politique vis-à-vis des mouvements syndicaux de gauche. Parallèlement, le pays a renforcé son sentiment de nationalisme, valorisant son héritage métissé et indigène à travers divers domaines tels que l'éducation, l'archéologie et les arts. Ces changements, initiés durant cette période, ont laissé une empreinte durable sur le Mexique et son évolution ultérieure.

Le gouvernement de Lázaro Cárdenas, 1934 – 1940[modifier | modifier le wikicode]

Lázaro Cárdenas.

Lázaro Cárdenas, qui a présidé le Mexique de 1934 à 1940, est souvent considéré comme l'un des dirigeants les plus progressistes et nationalistes du pays. Sa période de gouvernance a été marquée par une série de réformes radicales qui ont cherché à réduire les inégalités et à renforcer la souveraineté nationale. L'une des actions les plus emblématiques de son mandat a été la nationalisation de l'industrie pétrolière en 1938. Cette décision, qui a pris de court de nombreuses compagnies étrangères, a été justifiée par Cárdenas comme une nécessité pour assurer le contrôle et les bénéfices de cette ressource essentielle au peuple mexicain. La réforme agraire, un autre pilier de son administration, a vu l'expropriation de grands domaines, souvent détenus par des propriétaires terriens riches et des entreprises étrangères, pour être redistribués aux paysans sous la forme d'"ejidos". Ces ejidos, ou terres communales, étaient destinés à briser le modèle foncier inégalitaire hérité de la période coloniale et à donner aux paysans la possibilité de cultiver et de bénéficier de la terre. Cárdenas a également travaillé à la mise en place d'un cadre solide pour les droits des travailleurs, favorisant la formation de syndicats et garantissant des conditions de travail plus sûres et plus équitables. Ces réformes du travail visaient à équilibrer la balance du pouvoir entre les employeurs et les employés, tout en protégeant les droits fondamentaux des travailleurs. En outre, conscient de la marginalisation historique des peuples indigènes du Mexique, Cárdenas a entrepris des initiatives pour améliorer leurs conditions de vie. Il a promu la création d'écoles spécialement destinées à ces communautés, en reconnaissant leurs traditions et leur culture tout en leur offrant les outils nécessaires pour s'intégrer pleinement à la nation.

La politique de Lázaro Cárdenas est marquée par une attention particulière portée à la population rurale et paysanne du Mexique, qui avait longtemps été négligée par les administrations précédentes. La réforme agraire reste l'une de ses réalisations les plus notables et symboliques. Celle-ci n'a pas seulement redistribué la terre, mais a tenté de remodeler en profondeur la structure sociale et économique des campagnes mexicaines. La création d'"ejidos", ou terres communales, a été un élément central de cette réforme. Contrairement aux simples parcelles individuelles, ces ejidos étaient conçus comme des coopératives agricoles où les paysans travaillaient ensemble, souvent avec le soutien et les conseils d'experts envoyés par le gouvernement. L'idée était de rendre la paysannerie plus productive, autosuffisante et de mettre fin à l'exploitation séculaire des paysans par les grands propriétaires terriens. Mais Cárdenas comprenait que la simple redistribution des terres ne suffisait pas. Pour transformer réellement la vie dans les campagnes, il fallait également offrir aux ruraux des services de base et des opportunités d'éducation. Les écoles rurales ont donc été créées non seulement pour éduquer, mais aussi pour servir de centres communautaires, renforçant ainsi le tissu social des villages. Ces écoles ont souvent été le premier contact que de nombreuses communautés rurales ont eu avec l'État moderne mexicain. En parallèle, les dispensaires ont été mis en place pour apporter des soins de santé de base dans des régions qui étaient auparavant largement négligées. Ces établissements ont joué un rôle crucial dans l'amélioration de la santé publique et la réduction de la mortalité, en particulier chez les enfants. A travers ces initiatives, Cárdenas a cherché à intégrer la population rurale dans la nation mexicaine, en leur offrant des droits, des opportunités et une dignité renouvelée. Sa vision était celle d'un Mexique où chaque citoyen, urbain ou rural, avait sa place et pouvait contribuer au développement du pays.

Même si Lázaro Cárdenas est souvent salué pour ses réformes progressistes, il n'a pas été exempt de défis et de critiques pendant son mandat. Le mouvement zapatiste dans l'État de Morelos est un exemple poignant de ces tensions. Emiliano Zapata avait été une figure emblématique de la Révolution mexicaine, défendant les droits des paysans et revendiquant une réforme agraire radicale sous le slogan "Tierra y Libertad" (Terre et Liberté). Bien qu'il ait été assassiné en 1919, ses idées et ses idéaux ont survécu chez ses partisans, qui ont continué à réclamer une réforme agraire plus complète. Quand Cárdenas est arrivé au pouvoir, il a certes lancé un programme ambitieux de redistribution des terres, mais pour certains zapatistes, cela n'allait pas assez loin ou ne se faisait pas assez rapidement. Ils ont estimé que le gouvernement n'était pas entièrement fidèle à l'esprit de la Révolution, en particulier aux idéaux de Zapata. La tension entre les zapatistes et le gouvernement de Cárdenas s'est intensifiée, conduisant à des affrontements et à une rébellion dans l'État de Morelos. C'était un rappel clair que, malgré ses réformes, de nombreux Mexicains se sentaient toujours marginalisés et estimaient que les promesses de la Révolution n'avaient pas été pleinement réalisées. Il est intéressant de noter que l'héritage de Zapata continue d'inspirer les mouvements sociaux au Mexique, comme en témoigne la rébellion zapatiste des années 1990 dans le Chiapas. Ce mouvement plus récent, bien que différent dans son contexte et ses revendications, montre que les idéaux de justice sociale, de droits des paysans et d'autonomie indigène restent profondément ancrés dans la conscience politique mexicaine.

Lázaro Cárdenas, en tant que président, a effectivement adopté une politique étrangère qui reflétait les principes fondamentaux de la souveraineté, de la non-intervention et de l'autodétermination. Ces principes ont été inscrits dans la Constitution mexicaine de 1917, qui a émergé à la suite de la Révolution mexicaine. Cárdenas a été particulièrement actif dans ses efforts pour renforcer les liens avec les autres nations d'Amérique latine. Cette orientation était en partie un moyen de contrer l'influence des États-Unis dans la région, surtout après les décennies d'intervention et d'ingérence américaines dans les affaires latino-américaines. La création de la Société des Nations des Amériques en 1938, même si elle était de courte durée, en était un exemple clair. Cárdenas a également marqué un point fort dans la politique étrangère mexicaine lorsqu'il a offert l'asile à de nombreux réfugiés espagnols fuyant le régime franquiste après la guerre civile espagnole. Cette décision a été un signe de solidarité avec la République espagnole et une critique claire de l'ascension du fascisme en Europe. La nationalisation de l'industrie pétrolière par Cárdenas en 1938 a également été un moment décisif dans la politique étrangère mexicaine, car elle a défié les intérêts des compagnies pétrolières étrangères, principalement américaines et britanniques. Cette décision a suscité une forte opposition internationale, mais elle a également renforcé le sentiment nationaliste au Mexique et a été soutenue par de nombreux pays d'Amérique latine. Dans l'ensemble, la politique étrangère de Cárdenas a renforcé la position du Mexique en tant que nation souveraine tout en promouvant la solidarité et la coopération régionales.

L'administration de Lázaro Cárdenas (1934-1940) a marqué une étape déterminante dans l'histoire post-révolutionnaire du Mexique. Son gouvernement a cherché à mettre en œuvre les promesses non réalisées de la Révolution mexicaine, en particulier celles contenues dans la Constitution de 1917. La mise en place de programmes d'infrastructure, tels que la construction d'écoles, d'hôpitaux et de routes, était essentielle pour relier les zones rurales éloignées du pays et garantir que les avantages de la modernisation ne soient pas uniquement concentrés dans les zones urbaines. Ces initiatives étaient destinées à améliorer le niveau de vie de la vaste population rurale du Mexique, qui avait longtemps été négligée ou exploitée par des intérêts fonciers et industriels. La réforme agraire de Cárdenas, avec la distribution de terres aux paysans sous forme d'ejidos (des terres communales) et la mise en place de mesures de soutien à l'agriculture, avait pour but de revitaliser le secteur agricole du Mexique et de remédier aux inégalités historiques en matière de possession foncière. La protection des droits des travailleurs était une autre préoccupation majeure. La création du syndicat central, la Confederación de Trabajadores de México (CTM), a renforcé la position des travailleurs dans les négociations avec les employeurs, et les législations ultérieures ont établi des normes de travail et des droits pour les travailleurs. Cependant, c'est la nationalisation de l'industrie pétrolière qui est probablement l'acte le plus mémorable de son mandat. En prenant cette mesure audacieuse, Cárdenas a défié les puissants intérêts étrangers et a renforcé le sentiment nationaliste. Le dévouement de Cárdenas à la justice sociale et à l'amélioration du bien-être de la population mexicaine lui a conféré une place distinguée dans l'histoire du pays. Les politiques et les réformes qu'il a instaurées ont posé les bases de plusieurs décennies de développement social et économique au Mexique.

L'acte de nationalisation de l'industrie pétrolière par Lázaro Cárdenas en 1938 est l'une des décisions les plus audacieuses et les plus significatives de son mandat. À l'époque, l'industrie pétrolière mexicaine était dominée par des entreprises étrangères, en particulier britanniques et américaines. Ces sociétés avaient historiquement bénéficié d'une influence considérable et de concessions généreuses leur permettant d'exploiter les vastes réserves de pétrole du pays. Cependant, les tensions avaient augmenté tout au long des années 1930 en raison de conflits liés aux droits des travailleurs et à l'équité fiscale. Lorsque les négociations entre le gouvernement mexicain et ces sociétés étrangères ont échoué, Cárdenas a pris la décision audacieuse d'exproprier leurs actifs. La nationalisation a été largement célébrée au Mexique. C'était une affirmation puissante de souveraineté nationale et un signe que le Mexique ne serait plus soumis à l'influence économique et politique des grandes puissances étrangères, en particulier des États-Unis. Pour beaucoup, cela représentait une réalisation concrète des idéaux révolutionnaires de justice sociale et d'autodétermination. En revanche, cette action a provoqué une réaction internationale. Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont protesté vigoureusement contre cette décision, et il y a eu un boycott initial du pétrole mexicain. Cependant, avec le début de la Seconde Guerre mondiale et la nécessité d'alliés stratégiques dans la région, l'hostilité envers le Mexique s'est rapidement atténuée. En fin de compte, la nationalisation a permis la création de Pemex (Petróleos Mexicanos), la société nationale de pétrole qui est devenue un pilier de l'économie mexicaine et une source importante de revenus pour le gouvernement. Cet acte a renforcé la position de Cárdenas comme défenseur des droits et de la dignité du peuple mexicain face aux intérêts étrangers.

Le mandat de Lázaro Cárdenas (1934-1940) est souvent considéré comme l'un des plus progressistes et transformationnels de l'histoire mexicaine. Il a fortement évolué dans le cadre des réformes institutionnelles et sociales, cherchant à intégrer pleinement toutes les couches de la société mexicaine dans une nation unie et équitable. Les programmes de protection sociale instaurés par Cárdenas témoignent de son engagement envers les citoyens les plus vulnérables. La mise en place d'un système de santé publique a été une étape cruciale pour garantir des soins de santé accessibles à tous, indépendamment de leur niveau de revenu. De plus, en mettant l'accent sur l'éducation et le logement, Cárdenas a cherché à équilibrer le terrain de jeu pour de nombreux Mexicains, en particulier ceux qui avaient historiquement été marginalisés. L'attention particulière que Cárdenas a portée aux droits et à la culture indigènes est une autre facette marquante de son leadership. À une époque où l'assimilation était souvent la norme, Cárdenas a reconnu la valeur intrinsèque des cultures indigènes du Mexique et leur importance dans le tissu national. En promouvant activement les droits et la culture indigènes, il a non seulement cherché à protéger ces groupes, mais aussi à enrichir la "mexicanidad", ou identité mexicaine, en reconnaissant et célébrant sa diversité. La vision de Cárdenas pour le Mexique allait bien au-delà des politiques et des programmes. Il cherchait à créer un pays où chaque citoyen, qu'il soit mestizo, indigène, riche ou pauvre, aurait un rôle à jouer et serait valorisé. Son mandat a jeté les bases de nombreuses institutions et politiques qui perdurent encore aujourd'hui et qui continuent d'influencer profondément le paysage social et politique du Mexique.

La nationalisation de l'industrie pétrolière par Lázaro Cárdenas en 1938 est sans doute l'une des décisions les plus audacieuses et les plus emblématiques de son mandat. En prenant le contrôle de cette ressource vitale, le Mexique a envoyé un message clair quant à sa souveraineté et à son droit d'autodétermination. Bien que cette décision ait été critiquée et ait suscité des tensions diplomatiques, notamment avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, elle a également été largement célébrée par de nombreux Mexicains qui la considéraient comme une étape cruciale vers une véritable indépendance économique. Les retombées financières de cette nationalisation ont été substantielles. Avec le contrôle direct sur ses réserves pétrolières, le Mexique a pu générer des revenus importants qui ont été réinvestis dans divers programmes sociaux et projets de développement. Cárdenas a utilisé ces fonds pour soutenir ses initiatives visant à améliorer la vie des classes ouvrières et rurales. L'extension du rôle économique de l'État sous Cárdenas est un autre élément clé de son mandat. En promouvant des politiques interventionnistes, il a cherché à guider l'économie mexicaine vers la modernisation et l'industrialisation. Cela a également inclus des initiatives pour diversifier l'économie, réduire la dépendance à l'égard des exportations agricoles et encourager le développement industriel interne. En fin de compte, la présidence de Cárdenas a été caractérisée par une volonté de changement et une vision audacieuse pour l'avenir du Mexique. Alors que ses politiques et ses décisions ont parfois été controversées, son impact sur la nation est indéniable. Sous sa direction, le Mexique a pris des mesures importantes pour s'affirmer sur la scène mondiale, tout en travaillant à créer une société plus juste et équitable pour tous ses citoyens.

La décision de Lázaro Cárdenas de nationaliser l'industrie pétrolière du Mexique en 1938 a marqué un tournant dans l'histoire du pays et dans ses relations avec les puissances étrangères. La présence et l'influence des entreprises étrangères, en particulier des États-Unis, dans l'exploitation des richesses pétrolières du Mexique, étaient depuis longtemps une source de tension. Pour beaucoup, ces entreprises étaient perçues comme exploitant les richesses naturelles du pays sans offrir de juste compensation à la nation ou à ses citoyens. En procédant à la nationalisation, Cárdenas a non seulement renforcé l'économie mexicaine grâce aux revenus générés par le pétrole, mais a aussi envoyé un message clair à la communauté internationale. Cette décision affirmait la souveraineté du Mexique sur ses ressources et sa détermination à défendre ses intérêts nationaux. C'était un acte de défi contre la domination économique étrangère, en particulier dans un contexte où de nombreuses nations d'Amérique latine étaient fortement dépendantes des investissements et des intérêts étrangers. La popularité de Cárdenas au Mexique a explosé suite à cette décision. Pour de nombreux Mexicains, il était le leader qui avait enfin pris position contre les intérêts étrangers pour protéger les richesses nationales. Ce mouvement audacieux a renforcé le sentiment nationaliste et a renforcé la fierté mexicaine. En outre, l'action de Cárdenas a inspiré d'autres nations à revoir leurs relations avec les entreprises étrangères et à considérer la possibilité de reprendre le contrôle de leurs ressources naturelles. Au fil des années, d'autres pays d'Amérique latine ont emboîté le pas, utilisant le Mexique comme modèle pour défendre leur souveraineté et leurs ressources nationales.

La décision de Cárdenas de nationaliser l'industrie pétrolière a eu des conséquences profondes non seulement pour le Mexique, mais aussi pour l'ensemble de la région d'Amérique latine. Cette action a définitivement établi que le Mexique n'était pas simplement un satellite économique des grandes puissances. Il a montré qu'il était capable de prendre des décisions unilatérales en faveur de ses intérêts nationaux, même face à l'opposition des nations plus puissantes. Par cette décision audacieuse, le Mexique s'est positionné comme un leader en matière de défense de la souveraineté nationale en Amérique latine. D'autres nations ont vu le Mexique défier avec succès les puissances étrangères et ont été inspirées à reconsidérer leurs propres relations avec les entreprises et les gouvernements étrangers. Les revenus provenant de l'industrie pétrolière nationalisée ont été cruciaux pour le financement des réformes et des projets de développement de Cárdenas. Ces fonds ont été investis dans des projets d'infrastructure, des programmes sociaux, l'éducation et la santé, conduisant à une amélioration notable de la qualité de vie de nombreux Mexicains. La nationalisation a également été un acte symbolique qui a renforcé l'identité nationale mexicaine. Elle a rappelé aux citoyens l'importance de défendre la nation et ses ressources contre les intérêts étrangers. Enfin, l'héritage de Cárdenas est durable. Les politiques de Cárdenas, en particulier la nationalisation de l'industrie pétrolière, ont jeté les bases d'un État plus interventionniste et ont façonné la politique mexicaine pendant des décennies. Les réformes et les institutions qu'il a mises en place ont continué à influencer la direction du pays bien après la fin de son mandat. Lázaro Cárdenas reste une figure majeure de l'histoire mexicaine, non seulement en raison de ses réformes audacieuses, mais aussi de sa vision d'un Mexique souverain, indépendant et centré sur le bien-être de ses citoyens.

La décision de Lázaro Cárdenas de nationaliser l'industrie pétrolière a non seulement affirmé la souveraineté du Mexique sur ses ressources naturelles, mais a également renforcé le rôle central du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) dans la vie politique du pays. Créé en 1929 initialement sous le nom de Parti national révolutionnaire (PNR), le PRI allait dominer la scène politique mexicaine pendant près de 71 ans, jusqu'en 2000. Les réformes audacieuses de Cárdenas ont été essentielles pour définir la direction idéologique du PRI. Elles ont cimenté sa position comme le champion des classes ouvrières et rurales, renforçant son soutien parmi ces segments cruciaux de la population. Les politiques mises en œuvre sous sa direction, qu'il s'agisse de la réforme agraire, de la nationalisation des industries ou des programmes de protection sociale, étaient en parfaite harmonie avec l'idéologie du PRI. Le nationalisme économique, en particulier, est devenu un élément central de la plateforme du parti. Le PRI a utilisé ces réalisations pour asseoir sa légitimité auprès du peuple mexicain. Il a présenté ses politiques comme une continuation directe des idéaux de la Révolution mexicaine, se positionnant comme le gardien des intérêts du pays contre les intérêts étrangers et les élites économiques.

L'ère de Lázaro Cárdenas a indéniablement laissé une empreinte durable sur la politique mexicaine. Les réformes qu'il a initiées et les politiques qu'il a mises en place ont créé un environnement propice à l'émergence et à la consolidation du PRI en tant que principale force politique du pays. Sous la direction de Cárdenas, le gouvernement a pris des mesures audacieuses pour affirmer la souveraineté nationale, tant sur le plan économique que culturel. La nationalisation de l'industrie pétrolière, par exemple, a été un message fort adressé aux puissances étrangères sur l'autodétermination du Mexique. Parallèlement, en promouvant la "mexicanidad" et en valorisant la riche tapestry culturelle du pays, Cárdenas a cultivé un sentiment d'identité et de fierté parmi la population. C'est dans ce contexte que le PRI a été en mesure d'établir sa domination. En adoptant et en poursuivant les idéaux de la Révolution mexicaine, le parti a réussi à projeter une image de continuité et de stabilité. La capacité du PRI à maintenir cette image, tout en promouvant une identité nationale forte, a été essentielle pour gagner la confiance de la population. Les gens ont vu en lui le garant d'un Mexique unifié et moderne, un rêve qui avait été semé pendant la période révolutionnaire. Ainsi, bien que le règne du PRI ait été marqué par des périodes de contestation et de controverse, la fondation solide établie pendant l'ère Cárdenas a permis au parti de maintenir son emprise sur le pouvoir pendant si longtemps. La fusion des idéaux révolutionnaires avec les efforts modernisateurs a créé un équilibre qui a résonné avec de nombreux Mexicains, assurant la primauté du PRI dans la politique nationale pendant la majeure partie du 20e siècle.

Après Cárdenas, le Mexique est entré dans une phase de transformation politique et économique. L'époque post-Cárdenas, souvent surnommée la "dictature parfaite", a été caractérisée par un pouvoir presque incontesté du PRI. Les dirigeants qui ont succédé à Cárdenas ont fait des choix politiques différents, s'éloignant de ses politiques populaires et socialistes. La nouvelle orientation était clairement capitaliste, avec une concentration accrue sur la croissance économique, la modernisation industrielle et l'urbanisation. Ces initiatives étaient souvent favorables aux élites économiques et aux investisseurs étrangers. En encourageant les investissements étrangers et en privilégiant les entreprises privées, le gouvernement visait une croissance économique rapide. Bien que cela ait conduit à une augmentation significative du PIB du pays, cela a également exacerbé les inégalités socio-économiques. Les régions rurales, qui avaient bénéficié de l'attention sous Cárdenas avec des programmes tels que la réforme agraire, ont commencé à être négligées. Beaucoup de paysans se sont retrouvés marginalisés, leurs terres étant souvent saisies pour des projets de développement. La classe ouvrière, autrefois championne de la révolution, s'est également trouvée sous pression face à la libéralisation économique. Cependant, même face à ces défis, l'héritage de la révolution mexicaine n'a jamais été complètement éclipsé. Les principaux acquis de la Révolution, inscrits dans la Constitution de 1917, comme l'éducation laïque, la souveraineté sur les ressources naturelles et les droits des travailleurs, bien que souvent mis à l'épreuve, sont restés des principes fondamentaux de la nation. La célébration de la culture mexicaine et de son identité unique, qui avait été renforcée sous Cárdenas, est restée un pilier du pays, formant un lien fort entre les gens malgré les inégalités croissantes. La "dictature parfaite" du PRI a donc été un mélange complexe de continuité et de changement, où l'héritage révolutionnaire coexistait avec des politiques économiques néolibérales, modelant le paysage politique et social du Mexique moderne.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

  • Posada, et al. “La Revolución Mexicana y Los Estados Unidos En Las Colecciones De La Biblioteca Del Congreso El Ascenso De Francisco Madero.” El Ascenso De Francisco Madero - La Revolución Mexicana y Los Estados Unidos En Las Colecciones De La Biblioteca Del Congreso | Exposiciones - La Biblioteca Del Congreso, www.loc.gov/exhibits/mexican-revolution-and-the-united-states/rise-madero-sp.html.

Références[modifier | modifier le wikicode]