L’extension de l’internationalisme humanitaire après la Deuxième guerre mondiale : CARE, CR, CICR et MSF

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La deuxième guerre mondiale laisse un bilan désastreux : comme pour la Première guerre mondiale, la situation humanitaire restera tendue des années après la fin des hostilités. L’image du CICR et de la SDN sera ternie par leur échec dans leur mission respective, à savoir de rendre la guerre plus humaine et de l’éviter entièrement. Mais l’échec est avant tout perçu comme celui des Etats, de l’ordre mondial à l’origine de la guerre qu’ils ont laissé se développer, de leur passivité devant la crise émergente, de leur inaction devant les appels impérieux des pacifistes et des internationalistes et de leur négligence devant la sécurité collective de la société internationale, mise au second plan devant les intérêts égoïstes. L’ensemble de ces manquements a conduit au cataclysme humanitaire démesuré et à la désolation totale qu’a été la guerre, ainsi qu’à une souffrance sans précédents subis principalement par la population civile.

Néanmoins, la fin de la guerre est vécue comme le plus grand bouleversement de l’histoire et un désir de faire table rase du passé et de construire un monde meilleur sur une base nouvelle est universellement partagée par tous, un sentiment qui se matérialisera dans l’établissement de la nouvelle Organisation des Nations Unies. Le choc qui a terrassé les sociétés du monde entier lors de la libération des camps de concentration, l’extension des dommages de l’Europe réduite en ruine, les 30 millions de réfugiés et de personnes déplacées par la guerre ainsi que la peine et les pertes manifestes qui ont été produits par la guerre rallient le monde entier à la cause pacifiste.

Cependant, la réalité politique de l’après-guerre affecte rapidement l’élan d’enthousiasme internationaliste par le début d’un nouveau conflit, celui de la Guerre froide. Après quatre ans d’alliance, d’entraide et « d’union fraternelle » entre l’Union Soviétique et les Etats-Unis dans leur lutte contre le fascisme, la coopération et l’unité cèderont à la compétition entre les deux superpuissances pour leur domination sur le monde d’après-guerre.

Celle-ci a démarre dans les derniers mois de la guerre, lorsque l’URSS, faisant valoir ses avancées militaires spectaculaires et son prestige moral de puissance libératrice pour soumettre à son influence politique et idéologique les immenses territoires qu’occupait l’Armée Rouge, se faisait contrer puissances dites capitalistes, sous l’égide des Etats-Unis, qui s’efforçaient de contrecarrer les plans expansionnistes soviétiques partout où ils le pouvaient, culminant à la rupture du bombardement de Hiroshima qui démarrera le duel planétaire entre les anciens alliés.

Dans l’affrontement indirect qui s’initiait entre les deux blocs auxquels adhéraient pratiquement tous les Etats du monde les divisant entre l’Est et l’Ouest, tout évènement ou phénomène politique était instrumentalisé des deux côtés pour gagner du terrain sur l’adversaire idéologique : l’humanitaire n’était pas une exception. Dans une deuxième phase, lorsque commenceront les grands conflits de décolonisation, ce champ de l’action humanitaire s’élargit avec la diffusion des conflits asymétriques et des guerres civiles dans lesquelles seront impliquées les deux blocs antagonistes.

Parmi les ONG les plus investies dans l’aide et le secourt humanitaires aux millions de personnes déplacées de par l’Europe d’après-guerre, on compte les associations nationales de la Croix Rouge, tout particulièrement les Croix Rouges américaines et suédoises, la Save the children, mais aussi la United Nation Relief and Rehabilitation Agency (UNRRA), créée pendant la guerre, en 1943, dans le but de procurer toute l’aide nécessaire aux populations libérées d’Europe, tout particulièrement aux personnes déplacées :


L’organisation internationale connaîtra un grand succès pendant ces 4 années d’activité, notamment par une aide substantielle en alimentation et en médecine, la restauration des services publics vitaux et l’agriculture dans toutes les régions qui ont été occupées pendant la guerre le tout coordonnant 12'000 actifs et pour un budget de 4 milliards de dollars allouée par les 52 Etats des Nations Unies, soit près de 2 % de leur revenu national. UNRRA à permis le rapatriement de 7 millions de déplacés ainsi que l’établissement temporaire et la réhabilitation d’un million de réfugiés qui ne souhaitaient pas retourner chez eux. Après 1947, l’UNRRA a été dissoute et ses fonctions transmises à trois agences spéciales de l’ONU qui deviendront célèbres par leur réalisations futures : l’UNHCR, le WFP et le UNICEF.

Encore pendant la Deuxième Guerre mondiale, un nombre d’ONG ont été formées pour procurer l’aide humanitaire si nécessaire aux millions d’Eurasiens frappés par la guerre. Notamment la Oxfam, ou Oxford Committee for Famine Relief, qui a oeuvré pour apaiser le sort des affamés en Europe de l’Est et qui continue sa mission encore aujourd’hui, coordonnant 14 ONG qui agissent dans 98 pays contre l’injustice et la pauvreté ; mais aussi CARE (aide américaine en faveur de la population européenne, qui deviendra le symbole pour l’aide des vainqueurs en faveur des vaincus et pour la possibilité d’une réconciliation entre l’Allemagne et l’URSS : plus de 100 millions de colis d’aide alimentaire ont été envoyés. L’ONG reprendra une grande partie des travaux de la UNRRA; elle est pourtant fortement rapprochée de l’Etat américain, et s’engagera notamment dans le Plan Marshall, livrant l’aide en nature (nourriture, vêtement, médicaments, etc.)

D’autres organisations voient le jour aux Etats-Unis, qui sont les plus investis dans l’aide transnationale volontariste, notamment des organisations à partir de mouvements religieux et « grassroots », des mouvements populaires locaux : la Catholic relief services entre 1946 et 1955 ; la Church World Service, fondée en 1946 (groupes protestants ; 80% des colis transmis en Europe et Asie par les Etats-Unis, aussi connu sous le nom Caritas) ; la CROP, la American religious society of friends, ou Quakers ; ainsi que la World Vision, fondée en 1950.

Au niveau du CICR : nouvelle orientation, prix Nobel en 1944 pour actions en faveur des réfugiés (attaques de n’avoir pas fait assez en faveur des persécutés) ; rôle/image du CICR commence à changer, foyer national, Palestine : Israël

Après la libération des camps et participation du CICR aux livraisons des alimentaires/vêtements/médicales la 1e grande crise est celle de Palestine (lié à GM2 et Shoah) : idée d’un foyer national juif est vieille et prend essor dès 19e (mouvement sioniste) Palestine à fin GM2 est enlevé de l’empire ottoman et soumis à une sorte de protectorat britannique mais qui est soumis à un contrôle léger de SDN

années 20 : GB a encouragé implantation des juifs en Palestine à conflit musulmans – juifs ; supériorité économique des juifs (ont souvent acheté territoires/maisons appartenant avant à territoire palestinien)

devient de plus en plus ingérable pour GB à 1947 : veulent retourner leur tutelle aux NU pour administrer la zone car l’administration de zone devient trop chère et chaude pour GB à fondation et indépendance de l’Etat Israël à produit demi million des réfugiés (directement lié à GM2 qui a provoqué fuite des juifs en Palestine)

Le CICR et ligue des associations de CR et Americain Friends Society (quakers) s’occupent des réfugiés de Palestine à UNWRA voit jour mais CICR a encore rôle important

Réorientation des actions du CICR : réfugiés/civils sont au centre des actions et ne plus PG pendant ce conflit

La guerre de Corée (1950) : CICR va s’occuper de PG (tâche traditionnelle) mais n’arrive pas car Corée du Nord empêche le CICR à veiller aux conditions de traitement (ne laisse pas entrer)

La Convention de Genève était révisée en 1949 et appliqué unilatéralement dans le conflit : ex. Chinois qui interviennent ne sont pas protégés par Convention, mais civils entrent plus en plus dans centre du CICR

4e convention de Genève pour mieux protéger les civils 1949 : protection des civils dans conflits armés et notamment dans zones occupées se développe « paradigme » pas clair et instable : parfois respecté parfois contourné par Etats ; termes trop vagues, appliqué dans l’affaire de Suez, conflit du Moyen-Orient 1967


Dès 60s : guerres civiles ; ex. Congo en 1960 : action humanitaire du CICR, entre en conflit avec forces onusiennes, 2 soldats du CICR tué par soldats de l’ONU

Le cas le plus important pour CICR dans période d’après-guerre est la guerre de Biafra (guerre civile au Nigéria 1967-70, indirectement lié aux guerres de décolonisation car Etat multiethnique avec frontières dressés par GB) : Etat sécessionniste de Biafra demande indépendance de Nigéria, gouvernement de Biafra utilise la faiblesse de sa situation et famine de sa population pour provoquer des sympathies et arriver à reconnaissance international, gouvernement national de Nigéria utilise détresse de pop. provoquée par blocus pour contraindre …, situation est aussi instrument de la guerre (enjeu) : 5000 tonnes d’aide humanitaire envoyé aux Biafrais et Nigéria pas seulement CICR mais aussi autre organisations s’engagent, ex. OXFAM, CICR : rôle de coordinateur avec quartier général pour ce conflit à Lagos

1e phase : engagement modéré puisque les Biafrais étaient encore connectés avec monde extérieur par le port qui fait partie du territoire de Biafra (pas de problème), mais 2e phase : gouvernement de Nigéria a appliqué un blocus effectif et repris la ville portuaire au Biafra à Biafrais n’avaient pas accès aux denrées alimentaires venant de l’extérieur à faut négocier un pont aérien (fait par CICR et CR français à l’aide sécrète de l’Etat français) et pendant environ 1 an les Biafrais étaient alimentés avec des biens extérieurs moyennant ce pont aérien

Problème : s’agissait d’une guerre civile au sein d’un Etat (pas de conflit international), néanmoins le gouvernement de Biafra se déclarait lié aux Conventions de Genève de 1949 àpas de conflit sur l’applicabilité ou non de la convention mais problèmes par rapport à l’interprétation de la convention car gouvernement de Nigéria voulait déterminer les termes comment biens viennent au Biafra (correcte d’après termes de Convention) (décident conditions pour livraison des biens par CICR) à CICR dispose de cert. droits mais est en même temps soumis par le droit déterminé des Etats

Querelle : gouvernement de Nigéria dit que c’est à lui de déterminer les conditions d’action du CICR (aussi livraison des biens) àß Biafra : dit qu’il n’accepte pas conditions faites par gouvernement de Nigéria parce que le gouvernement de Nigéria voulait contrôler les livraisons des biens et qu’ils doivent passer par le territoire nigérien (pas accepté pont aérien)

Après qq temps de négociations le gouvernement de Nigéria n’accepte pas le pont aérien formellement mais accepté des vols de nuit (gentlemens agreement mais pas accord de jure) à livraisons de l’aide humanitaire pendant un an ont été énormes car Biafrais étaient en traine de affamer et mourir

C’était la 1e famine télévisée (ménages commencent à avoir presque chacune une TV) à guerre de Biafra contribuait à mobilisation de la génération Biafra (génération des étudiants qui participait à révolte de 1968 contre Viêtnam/Biafra/capitalisme/matérialisme) mais surtout mobilisait d’une manière inconnue les personnes/citoyens dans les divers pays surtout occidentaux pour aider matériellement les belligérants, le CICR appliquait impartialité/neutralité : faut aider les 2 camps de la même façon

Donc cette aide humanitaire pour les 2 côtés dans 2e phase fonctionnait à base d’un gentlemen’s agreement et en plus de l’aide humanitaire il y avait aussi aide médicale (hôpitaux mises en place surtout par CR français)

Mais le gouvernement de Lagos sentait de plus en plus que la guerre continue uniquement parce que les Biafrais continuent d’obtenir de l’aide de l’extérieur à se pose question : est-ce que l’aide humanitaire peut prolonger en conflit armé ?

La violence dans ce conflit va au-delà de l’utilisation des armes mais la famine a été utilisée/instrumentalisée par les 2 camps : blocus qui va au-delà que prévu par le droit de La Haye en comprenant aussi l’accès des denrées alimentaires était instrumentalisé pour produire de la famine pour contraindre les Biafrais à capituler, en revanche Biafra utilisait la famine médiatisée pour susciter de l’empathie, pour mobiliser le soutien et surtout pour arriver à la reconnaissance de Biafra réclamé par le gouvernement de Biafra

les 2 côtés ont instrumentalisé la famines dont étaient victimes surtout les enfants et les non-combattants biafrais … avion du CICR a été coulé (pilote et équipe tués) : dès ce moment le CICR a dû réévaluer sa situation à a décidé d’interrompre pour certaine période les vols et faire renégociations avec Lagos (a repris qq vols mais jamais avec même intensité) à 1970 : termine en définitif son action en Nigéria

La question si le CICR doit respecter les conventions ou s’il doit devenir un acteur humanitaire révolutionnaire c.à.d. sans égard des conventions et c.à.d. en ne pas respectant le droit d’un Etat en fixant les conditions précises pour livraison des denrées humanitaires et aide humanitaire pour l’autre belligérant ; pendant phase la plus active on est sortie un peu du cadre conventionnel en acceptant un gentlemen’s agreement qui sortait un peu de la convention de 1949, mais dès l’avion était coulé le CICR est revenu à une position plus traditionnaliste (a accepté qu’îl est au gouvernement de Nigéria de déterminer les conditions pour les livraisons) à est revenu en arrière : disatisfaction de cert. intellectuels ou délégués du CR français comme Bernard Kouchner (favorable aux Biafrais) qui revendique que communauté internationale fasse plus pour terminer la guerre et la famine des innocents

Lors du retour de Kouchner et son équipe les docteurs français ont décidé de fonder une nouvelle ONG qui se spécialise sur l’aide humanitaire mais ne respecte pas les conventions de Genève mais agit dès le début par un mandat de médecin qui est obligé moralement à aider (Hypocrites) à fonde Médecins sans frontières en 1971 lors du retour en France

Médecins sans frontières (MSF) : veulent se distancer de l’action traditionnaliste du CICR (mythe fondateur) : ne faut pas se soumettre à l’autorité étatique mais il existe un cert. droit d’ingérence humanitaire, dès 1975 MSF prend part à pas mal de crises humanitaires et conflit

1980 : Médecins du monde voit le jour : même type de MSF mais élargit son mandat, fondateur aussi Kouchner, s’occupe notamment des gens qui réfugient du régime communiste et aux persécutions au Vietnam (bolt people vietnamiens) car MSF ne se sentait pas obligé d’aider ces gens car ils ne faisaient pas partie de leur mandat (révolte de Kouchner)

Il y a eu série des conflits, comme p.ex. famine en Ethiopie au début 80s, guerre d’Iran – Irak 80s, drame des bolt people vietnamiens, guerre d’Angola, guerre d’Afghanistan etc. à engagement de MSF, Médecins du monde, CICR et du mouvement de la CR chacun suivant une interprétation de son mandat, la rivalité qui était là au début s’est souvent transformé en coopération sur le terrain, CICR a pourtant dû voir que les NU fondent leur propre bureau de coordination (OCHA : office of the coordinator of humanitarian action) à dès 90s : NU ont entrepris eux-mêmes la coordination des actions humanitaires pour éviter rivalité entre CICR qui a souvent coordonné des actions humanitaires et d’autres ONG

l’humanitaire s’est développé, le CICR est resté un peu dans le cadre traditionnel (conventions, coopération avec Etats même belligérants), mais CICR a tiré sa leçon des conflits comme Biafra en proposant un protocole additionnel aux Conventions de Genève qui traite spécifiquement des guerres civiles

Le protocole additionnel de 1977 : soumettre des belligérants de tout type (aussi non-étatique) aux règles de bases humanitaires inspirées par la CR à créer sorte de ius cogens que tlm doit accepter même si on n’a pas signé les Conventions de Genève, mais violations de Convention de Genève et du Protocole additionnel dans grande partie des conflits (ex. génocide de Cambodge qui continue jusqu’à fin 70s, famine en Ethiopie : provoquée par détresse de gouv. d’Ethiopie qui voulait déplacer partie de sa pop. et éliminer cert. opposants)

avait aussi des initiatives qui sortaient entièrement du cadre des ONG dans 80s : live aid (grands concerts organisés not. par Bob Geldoff, p.ex. en faveur des peuples affamés en Ethiopie (1984) ou en faveur des victimes du sida) action humanitaire a pris une dimension très médiatique à partir de la guerre de Biafra et cette dimension médiatique ne cesse de croître (internet : fund raising, ONGs ont toutes leurs sites etc.) Toute autre forme d’action et de mobilisation associée à ces nouvelles médias

Le problème de l’aide humanitaire se faisait sentir à plusieurs reprises : encore autour des 90s ex. à Darfour/Somalie/Soudan/Rwanda, dans le conflit où gouvernement s’oppose à sa propre population ou génocide (inégalité) le problème de la neutralité de l’aide humanitaire se pose à est-ce que aide humanitaire neutre est arrivé à sa fin et faut changer méthode ?

Références

Notes

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