L’Inde à l’épreuve de la domination britannique

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Parmi les conditions initiales, ce qui importe ici est les structures en place. Il faut dès lors commencer par les considérer : ce sont les structures socioéconomiques, structures précoloniales, niveaux de développement technique général au moment où commence la colonisation.

Ce que font habituellement les historiens économistes est de s’appuyer sur des travaux nombreux et qui se sont, durant les deux dernières décennies, multipliées consistant à remonter dans le temps, entreprendre un exercice de comptabilité nationale rétrospective et de se demander quels sont les écarts de revenus par habitant entre certaines régions de l’Europe et de l’Asie dont l’Inde.

Il y a un vieux désaccord remontant à Smith et Marx, aujourd’hui les historiens économistes se trouvent dans deux camps irréductibles. Cette façon d’essayer de mettre en parallèle l’Asie, c’est-à-dire l’Inde et la Chine avec l’Europe, part de la situation d’aujourd’hui soit que ces géants asiatiques seraient sur le point de combler les écarts.

Si on estime, en revanche, qu’il y avait au départ, vers le milieu du XVIIIème siècle - début XIXème siècle et qu’il y avait une certaine parité, alors ces deux grands pays asiatiques ont connu une sorte de torpeur et maintenant ils retrouvent leur grandeur passée.

Il y a une part d’idéologie : il y a des eurocentristes qui n’avoueront jamais qu’une partie de l’Asie tenait la comparaison avec l’Europe dans la seconde moitié du XVIII<ème siècle et il y a des spécialistes de l’Inde et de la Chine.

Avant d’aborder le cas de l’Inde il faut souligner son importance dans l’Asie, d’autre part, c’est en Inde que débarque Vasco de Gama, c’est là où arrivent les premiers navigateurs européens en contournant le Cape de Bonne Espérance, c’est aussi l’Inde qui est le pivot ou le cœur des empires du négoce portugais, français, anglais et hollandais, enfin c’est à partir de l’Inde que l’Angleterre va étendre son empire en Asie, mais c’est surtout le poids démographique et son envergure sur le plan économique qui sont les meilleures justifications afin de retenir ce cas.

L’Inde anglaise inclut non seulement l’Inde actuelle et le Pakistan, le Bangladesh et la Birmanie. En 1913, c’est 60% de la population du monde colonial et 75% de l’Asie coloniale. En 1938, l’Inde britannique avait 382 millions d’habitants et 3 fois plus peuplée que l’Afrique subsaharienne : l’Inde garde son attribut de géant démographique, mais elle l’avait déjà.

La période considérée va être entre le XVIème siècle et le XVIIIème siècle : l’Inde est une puissance économique de par sa production agricole et industrielle ainsi que par l’envergure de ses actions commerciales. L’Inde possède très probablement l’économie la plus complexe et la plus sophistiquée.

Entre le XVIème siècle et le XVIIIème siècle, le sous-continent indien est sous la domination d’un empire moghol, cet empire est créé en 1526 avec la conquête de l’Inde du Nord.

Le nord de l’Inde est d’abord conquis par Gengis Khan et des conquérants. L’Empire moghol, qui connaît son apogée entre le XVIème siècle et le début du XVIIIème siècle, a sa période la plus positive lorsque l’empire bénéficie d’une unité politique homogène. Cette période dure de 1580 jusqu’à 1740.

Expansion moghole en Inde.

L’Empire moghol dure jusqu’en 1856, mais à partir du milieu du XVIIIème siècle, cette unité s’effrite. Il y a un processus lent de désintégration, mais formellement, l’empire continu d’exister maintenu par les britanniques comme une sorte de décors. C’est en 1856 qu’il sera aboli.

Vient la reconstitution à partir du milieu du XIXème siècle d’un autre empire sous l’égide du colonisateur britannique, c’est une nouvelle réunification.

Entre le milieu du XIXème siècle et le milieu du XVIIIème siècle, il y a un siècle de transition étant une constante dans l’histoire du sous-continent indien. Il y a des périodes durant lesquelles il y a une unité impériale qui s’effrite, il y a une phase relativement longue durant laquelle le sous-continent est fragmenté en différents États.

Il faut attendre qu’un nouvel édifice impérial soit mis en place

L’Empire moghol est un État de conquêtes dominé par une oligarchie militaire d’origine étrangère et de confession musulmane régnant sur une population rurale est hindou, c’est une élite de hauts dignitaires armés que les spécialistes de l’Inde appellent « noblesse ».

Cette élite est recrutée prioritairement parmi les migrants musulmans qui sont des Turques, des afghans, viennent ensuite de dignitaires de souche indienne.

Ces élites prélèvent principalement l’impôt foncier. Ces féodaux forment une classe cosmopolite, ils étaient aussi étrangers au pays qu’allait vivre les anciens d’Oxford ou de Cambridge qui gouverneront l’Inde anglaise.

Ainsi, cette carte donne en un coup d’œil la couverture de l’Empire moghol en Inde à son apogée.

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Du niveau de développement précolonial de l’Inde[modifier | modifier le wikicode]

Il faut considérer le niveau de développent de la fin du XVIème siècle jusqu’au milieu du XVIIIèmesiècle ; par grands secteurs économiques ont entend agriculture et industrie.

Aussi bien dans l’agriculture que dans l’industrie, l’Inde Moghol est capable de performances, mais ces performances sont atteintes et là apparaissent des limites.

Au fond, il y a dans l’Inde Moghol, pour la période considérée, un équilibre atteint de hauts niveaux. En matière d’agriculture et d’industrie, l’Inde montre et démontre des capacités, se hissant à un niveau elle-même, mais il y a une difficulté à dépasser certains seuils.

Il y a une vitesse de croisière qui est atteinte, mais on ne peut franchir un palier supérieur. L’agriculture indienne connaît un essor de la production et principalement de l’agriculture vivrière due à l’essor de l’administration moghole : elle entreprend des défrichements, permet la mise en culture de nouvelles terres, il y a des efforts consentis au niveau de l’irrigation en creusant des puits, en multipliant les réservoirs permettant à la mise en place de conditions-cadre permettant un essor de la production agricole.

Il faut indiquer que l’administration moghole a un intérêt à l’essor de l’agriculture qu’elle encourage. Ce qui permet à l’empire de subsister et de grandir est un impôt sur la production agricole et plus précisément sur les surplus de l’agriculture, parallèlement il y a un renforcement du contrôle par l’État moghol sur le monde paysan.

L’administration prélève à titre d’impôt 30 % à 50 % de la production agricole.

Il y a un essor de la production suffisant pour nourrir une population en hausse. Il y a une production en hausse suffisante pour nourrir une population qui grandit et une économie paysanne qui supporte des prélèvements très lourds.

Comment expliquer qu’en dépit de prélèvements fiscaux importants, qu’en dépit de bouches à nourrir de plus en plus nombreuses, l’agriculture indienne enregistre de si bonnes performances ?[modifier | modifier le wikicode]

Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, il y a la possibilité pour les paysans du sous-continent de cultiver les meilleures terres grâce à la densité de peuplement qui le permet, il y a également les régimes de mousson permettant le fait de faire deux récoltes par an de blé et de riz élevant les rendements céréaliers.

Les surplus agricoles sont importants parce que les paysans restent pauvres.

Il faut faire le lien sur la manière sur le plan technique et des méthodes culturales dont la production agricole augmente avec des techniques de production qui ne changent pratiquement pas : jusqu’à la fin du XIXème siècle, les méthodes et les pratiques culturales ne changent pratiquement pas.

C’est la modicité du niveau de vie paysan qui explique la stagnation des méthodes de production agricole parce que lorsque le seuil de pauvreté est bas, le risque induit par l’adoption de nouvelles techniques est très grand.

Autrement dit, les surplus dégagés par le surplus agricole sont des surplus substantiels. On est ici en présence d’une économie qui couvre un continent en mesure de dégager des surplus agricoles substantiels, mais ils sont dégagés sans que les outils agricoles ou les méthodes culturales ne changent : ces surplus dégagés ne sont pas le résultat d’une révolution agricole.

Il y a une adaptation de l’offre de produits agricoles à la demande, la population augmente, il y a une hausse de la demande et l’agriculture parvient à la satisfaire, mais l’adaptation de cette offre de produits agricoles s’effectue par un immense effort quantitatif sans modification des méthodes culturales ni modification d’un outillage nouveau.

C’est une prouesse d’un côté, l’agriculture est capable de nourrir une population croissante, l’agriculture dégage suffisamment d’excédants de surplus pour que la fiscalité moghole lourde puisse s’opérer, mais ce résultat est obtenu dans le cadre d’une croissance extensive.

Pourquoi, avant la conquête britannique, l’Inde n’a pas connu de révolution industrielle ?[modifier | modifier le wikicode]

Avec l’industrie, il y a également quelque chose qui ressemble au niveau de limites, on pourrait qualifier l’industrie indienne comme étant réfractaire au machinisme.

S’il y a en Angleterre une incitation à mécaniser, elle n’existe pas dans le sous-continent indien.

Il faut rappeler certaines caractéristiques qui soulignent l’importance de l’Inde en matière d’industrie manufacturière : elle possède au XIXème siècle la première industrie cotonnière du monde, si bien qu’au milieu du XVIIIème siècle, les textiles représentent plus de la moitié des exportations du sous-continent.

Au XIXème siècle, durant la première phase de domination britannique, la composition des exportations de l’Inde ne ressemblera plus du tout à celle du milieu du XVIIIème siècle où plus de la moitié des exportations de l’Inde est constituée d’articles manufacturés.

Pourquoi l’Inde ne connaît pas la Révolution Industrielle ?[modifier | modifier le wikicode]

Il y a toute une série d’entraves notamment au niveau des techniques utilisées et le fait qu’il n’y a pas d’incitation en Inde à mécaniser.

Le système des castes est un système qui tuait l’initiative individuelle qui interdirait la mobilité sociale en imposant une stricte division du travail. Si la société est compartimentée en plusieurs groupes, cela constituerait un obstacle au progrès industriel et économique.

La plupart des professions restent ouvertes, or seul l’exercice de certains métiers qui touchent à ce qui est impur touche à des règles rigoureusement établies.

On accuse également le système des castes d’interdire aux individus et aux groupes toute possibilité de se mouvoir. Le système des castes fixe une échelle hiérarchique, mais il arrive que ce système s’ouvre.

Des castes peuvent se fragmenter en plusieurs groupes et cela dans une situation où lorsque l’économie s’améliore : certains membres d’une caste qui tirent profit d’une meilleure conjoncture, en quête d’un meilleur statut social, se mettent à adopter des pratiques caractéristiques de castes supérieures.

Ce processus a pu donner naissance à de nouvelles castes dans le secteur industriel, autrement dit, il arrive qu’une caste donnée change de spécialisation artisanale.

Cette ouverture, cette mobilité, cette modification qui intervient au sein de ce système sont particulièrement visibles lorsqu’il y a un essor d’une économie ou d’un secteur d’une économie. Au XVIIIème siècle, les activités dans le textile enregistrent un boum, or on note de telles transformations et de telles possibilités de passage.

Au fond, la flexibilité du système existe et apparaît dans certaines circonstances.

Avec le système des castes, nous sommes en présence d’une institution locale.

Chaque institution a plusieurs facettes, le système des castes permet le développement de réseaux au sein desquels il y a une solidarité qui protège les groupes et surtout leur patrimoine, protégeant l’accumulation du capital très souvent marchand dans ce cas. Ce patrimoine peut être menacé par le prince et les potentats qui cherchent à mettre la main dessus. Pour se protéger de telles menaces, les castes peuvent protéger leur patrimoine par des réseaux de solidarité.

Les castes facilitent la mobilisation de capitaux importants, en absence de système bancaire efficace, les réseaux de castes facilitent une telle mobilisation.

Les structures familiales de l’Inde moghole sont vues comme un obstacle supposé gêner la mobilité naturelle. En occident apparaît la famille nucléaire qui apparaît précocement et qui s’impose, en revanche, en Inde il y a le système des grandes familles.

Or, ici, de nouveau avec cette institution, il y a le côté obscur et le côté clair : plusieurs auteurs ont rejeté l’accusation portée contre ces structures familiales, c’est-à-dire les grandes familles, en soulignant qu’elle favorise plutôt le développement commercial et industriel plutôt qu’elle en entrave le cours.

Le système institutionnel est présenté comme étant tantôt hostile au développement, tantôt favorable.

Les normes d’appartenances à des castes et de grandes familles peuvent créer de l’exclusion et priver certains groupes des bénéfices éventuels de la croissance, mais ces mêmes normes peuvent aussi générer des mécanismes de confiance entre les individus permettant de pallier des défaillances de marché et d’avoir accès à des capitaux.

Le système de caste est perçu depuis l’indépendance de l’Inde de manière différente surtout en occident. L’Inde devient indépendante en 1947. Si on ne retient que les quarante premières années après l’indépendance, il est possible d’avancer que l’Inde subit des contraintes, est entravée par des freins : le système des castes, alors, sera considéré à travers ses défauts.

En revanche, si on prend les trente dernières années de croissance économique de l’Inde qui sont bien meilleure, alors, les relatifs bons résultats économiques de l’Inde vont valoriser les aspects positifs de ce système à savoir la solidarité des réseaux.

Le système de caste ne constitue pas un facteur explicatif convaincant.

Ce qui limite les potentialités industrielles de l’Inde est les outils utilisés et leur caractère rudimentaire, les artisans indiens fabriquent leurs produits appréciés sur les marchés extérieurs.

Il faut reconnaître la grande dextérité des artisans, leur ingéniosité, les tâches sont très spécialisées, mais au bout du compte, l’Inde, jusqu’au milieu du XIXème siècle reste attachée aux méthodes traditionnelles, à l’énergie animale et humaine.

On explique cet attachement moins par des facteurs techniques que par des raisons de coûts mécanisés que par la main-d’œuvre qui est nombreuse, bon marché et experte.

Ainsi on comprend pourquoi l’incitation à mécaniser existe en Angleterre, mais non pas dans le cas de l’Inde.

En Angleterre, à partir du début du XVIIème siècle, arrive sur le marché britannique des textiles indiens notamment, la clef du succès, la force de pénétration de ces produits sur les marchés extérieurs, tient au fait qu’il y a un décalage des salaires indiens : durant la première moitié du XVIIIème siècle la main-d’œuvre anglaise passe pour être au moins 5 fois plus chère que celle du sous-continent.

Comment se fait-il que cette production indienne puisse concurrencer la production textile des autres entités ?[modifier | modifier le wikicode]

La production textile, notamment des cotonnades en Inde, pour le marché intérieur et pour l’exportation est assurée par des artisans pour la plupart dispersés dans une multitude de villages qui travaillent soit pour leur compte soit le plus souvent pour celui de marchands selon un système d’avance et de contraintes ressemblant au Verlag system.

Le niveau des salaires est bas et le travail est pénible, mais les artisans indiens parviennent grâce à leur dextérité et leur haut degré de spécialisation à répondre à l’énorme montée de la demande au XVIIème siècle et au XVIIIème siècle tout en offrant une production de qualité et à bon marché.

Ce secteur parvient à répondre à une demande en hausse venant de l’intérieur et de l’extérieur.

Ces marchés concurrencent et l’Angleterre va réagir.

À partir du dernier tiers du XVIIème siècle les textiles indiens débarquent et les premières réactions se manifestent comme des protestations au sein de producteurs britanniques, des émeutes, une première augmentation des droits de douane sur les tissus asiatiques, mais aussi des votes du parlement dont l’un qui date de 1700 est une loi de prohibition interdisant l’utilisation ou le port de tout tissu d’Asie.

Pour se protéger, il faut dans un premier temps élever les barrières douanières, mais cela ne suffit pas, alors le parlement vote des lois prohibitives, et c’est à l’abri de telles barrières hautement dressées que l’Angleterre dans le cadre de la révolution industrielle et en réaction à l’arrivée de tissus asiatiques se mécanise.

Les Anglais mettent au point des machines qui économisent de la main-d’œuvre trop chère. En Inde, les régions productrices ne manquent pas de bras, les salaires ne quittent pas leur niveau plancher, la demande croissante des marchés extérieurs peut être satisfaite de nouveau par simple extension du système en place. La réponse est un effort quantitatif ; dans ses propres bornes l’Inde du XVIIIème respire et agit avec naturel, force et succès, pour autant elle n’est pas à la veille d’enfanter un capitalisme.

Il y a une agriculture traditionnelle de hauts rendements, il y a également un monde complexe et sophistiqué d’industries, de négoces et de crédits. L’économie de l’Inde, entre le XVIème et la première moitié du XVIIIème siècle, est capable de s’ajuster à l’expansion d’un marché intérieur et d’une demande extérieure géographiquement très diversifiée.

Comme indiqué, elle atteint une vitesse de croisière, mais reste à l’intérieur de certaines limites : l’explication de ces limites doit être recherchée du côté relativement bas des salaires, principale entrave à l’évolution vers le machinisme.

Apparaît cette image de l’Inde qui n’est pas monocolore, au XVIIIème siècle l’Inde est le premier exportateur d’articles manufacturiers et du monde, mais qui accuse un retard sur le plan technologique, dans l’industrie. L’Inde est dépassée par l’Europe occidentale et la Chine, les textiles indiens de renommée mondiale sont produits avec des machines d’une simplicité déroutante pour les observateurs étranges.

Les navires indiens qui parcourent les mers le font sans l’aide des instruments nautiques à l’usage à l’époque. L’Inde ne brille pas par ses techniques, par l’utilisation du charbon, ni par ses moulins à vents, etc.

Il faut se débarrasser de quelque chose façonné depuis Montesquieu, à savoir une image qui colle à la peau de l’Empire moghol, soit le despotisme d’un empire oriental à bout de souffle.

Nous allons voir qu’il ne s’agit évidemment pas de cela, puisque, tant que l’Empire moghol s’est développé en maintenant une unité politique homogène, tant que l’empire a pu rester unifié, consistant, on enregistre au niveau de l’agriculture et de l’industrie de bonnes performances ce qui amène, soit dit en passant, des arguments aux historiens que certaines grandes régions de l’Inde tiennent la comparaison avec les régions dynamiques de l’Europe.

À partir de 1739, qui est l’année censée clôturer la période d’unité impériale moghole est la mort du dernier grand empereur moghol, celui qui était à la tête d’un empire qui avait une cohérence, dès alors, les choses commencent à se déliter, à se défaire, la période des États successeurs débute.

Cette phase de transition était porteuse de quelque chose et la colonisation britannique va venir remettre en cause et bloque quelque chose qui pouvait déboucher sur on ne sait quoi.

Les avis sur le XVIIIème siècle sont partagés, en revanche, en ce qui concerne le XIXème, il y a un assez bon consensus des spécialistes.

Deux grandes phases peuvent être considérées :

Si l’on considère la phase de l’Empire moghol durant son unité impériale, à peu près jusqu’au début du XVIIIème siècle, les forces apparaissent, il y a aussi des faiblesses. Certains auteurs considèrent une faiblesse qu’il faut écarter comme n’étant pas un argument convaincant.

La faiblesse de l‘Inde serait celle des grands empires asiatiques centraux. Depuis l’Europe, il y a une grande tradition qui consiste à dénoncer les travers du despotisme oriental, c’est une manière au fond détournée de justifier la colonisation britannique.

Le système qui est en place est imposant, il s’impose par le gigantisme de sa taille. La Cour moghole est reconnue comme étant brillante, les produits d’exportations comme les Indiennes et les textiles sont d’une grande finesse, mais tout cela étant reconnu, l’accent est mis sur un ensemble qui serait perverti et miné par les travers des élites : ce qui est dénoncé est le luxe tapageur des moghols.

En dénonçant ce luxe, on dénonce également le luxe en place qui serait un luxe extractif, pillant les richesses ; « des serviteurs et des courtisans par milliers, des vêtements extravagants, des bijoux, des harems et des ménageries, des bataillons entiers de gardes du corps, le seul moyen de payer tout ce luxe est le pillage systématique […] que le roi Soleil aurait peut être trouvé excessif, ce gaspillage »[7].

Lorsque l'on fait des comparaisons, il faut retenir la disproportion de l’Inde qui est gigantesque par rapport à la France de Louis XIV ou bien l’Angleterre de George Ier. L’Inde est 7 fois plus peuplée que le royaume de France et plus de 30 fois l’Angleterre de George Ier, autrement dit, les habits des moghols ne sont pas taillés à la grandeur des monarques européens, l’Inde est aussi vaste que l’Europe sans la Russie.

Cette différence d’échelle va s’effondrer avec l’émiettement de l’Empire moghol à partir du dernier tiers du XVIIIème siècle, on sort de la phase de l’unité impériale.

Commence alors la phase de l’Inde des États successeurs, entre les années 1740 et 1810, des États successeurs tout en continuant à se déclarer de légitimité impériale vont se marginaliser.

C’est une phase de transition entre un empire unifié moghol et l’Empire britannique des indes.

Cette période dure à peu près 8 ans et pendant laquelle l’Inde navigue entre deux empires unifiés. Cette phase de transition est controversée puisque les auteurs sont en désaccord entre eux afin d’expliquer les raisons de ce déclin.

Plusieurs explications ont été proposées :

D’abord, il y aurait la décadence renvoyant à la déliquescence d’un empire perverti par son despotisme qui est la décadence de la classe politique dirigeante musulmane, ainsi il y aurait la révolte d’une majorité hindoue contre la trop longue domination musulmane : la paysannerie indienne qui est hindoue dans sa grande majorité serait surexploitée par la noblesse musulmane.

Lorsque cela sent le roussi, il y a des intermédiaires qui se détournent comme de riches banquiers hindous qui se détourneraient de la dynastie régnante pour se mettre au service de potentats provinciaux ou au service de compagnies européennes comme l’East India Company. Il y aurait donc un détournement des richesses du centre vers les périphéries, les banquiers sentant le vent tourner, vont se détourner de la dynastie régnante en alimentant en capitaux des dirigeants locaux ou des firmes privées occidentales.

Aujourd’hui, la thèse retenue est celle d’un essoufflement moghol, mais sur fond de croissance économique rapide. Dans cette thèse, l’essoufflement aurait lieu au centre, mais dans les périphéries il y aurait une croissance économique. Il n’y aurait pas une décadence économique générale, mais avec la perte de l’unité impériale, on assisterait à une passation des pouvoirs et surtout d’une passation de richesses aux régions, ce qui était à l’empereur et aux administrations centrales revient aux dirigeants régionaux.

Au long du XVIIIème, un nombre d’États successeurs acquiert une autonomie politique s’enrichissant. Cette autonomie politique et cet enrichissement des provinces aggraveraient les forces centrifuges, c’est-à-dire contribuèrent à fragmenter encore plus l’empire qui perd son unité.

Dans ce nouveau contexte d’instabilité politique, certaines régions s’en tirent mieux que d’autres.

Les provinces occidentales sont plus touchées que d’autres par les conflits et les troubles si bien que les centres de gravité économique se déplacent vers l’est du continent, autrement dit, les zones déprimées sont Delhi et Surat.

Les zones déprimées voient des groupes d’artisans et des hommes d’affaires les quitter, emmener leurs compétences et leurs capitaux vers les nouveaux pôles de croissance tels que le Bengale. À l’occasion, les groupes d’artisans, les gens d’affaires, les acteurs économiques dynamiques sont attirés par des monarques locaux qui les protègent afin de les dissuader d’enrichir leurs rivaux.

Dans certaines régions telles que le Bengale, artisans et banquiers semblent atteindre dans cette période le sommet de leur richesse.

Sur quoi aurait débouché cette nouvelle redistribution des cartes s‘il n’y avait pas eu l’intrusion du capitalisme marchand de l’Europe dans le sous-continent ? Le contexte de fragmentation politique aurait-il suffi aux régions nouvellement dynamiques de renverser d’anciens équilibres ?[modifier | modifier le wikicode]

La comparaison avec l’Europe devient plus pertinente parce que l’on compare des régions, au fond, le Bengale est aussi étendu et peuplé que les entités européennes telles que la France, l’Angleterre et les Pays-Bas.

Il y a une plus grande unanimité autour du constat suivant : au XIXème siècle et surtout dans la seconde moitié du XXème siècle, le colonisateur déforme les structures internes, mais ne les détruit pas en fonction des intérêts propres du colonisateur.

Il y a aura donc un changement. L’Inde se verra attribuer le rôle d’exportateur de produits bruts comme l’opium et le thé, de matières premières comme le coton, et l’Inde verra une grande partie de son tissu industriel être détruit.

Extraversion et désindustrialisation[modifier | modifier le wikicode]

L’extraversion laisse entendre qu’il y a une agriculture d’exportation et une désindustrialisation.

Jusqu’aux années 1830, on considère que la plus grande partie du sous-continent indien tombe en mains britanniques. Il y a deux changements majeurs :

Premièrement une intensification des échanges laissant entendre qu’avant la colonisation, ces échanges s’effectuaient sur une échelle relativement réduite. La colonisation va induire une intensification des relations commerciales entre la colonie et sa métropole.

La seconde transformation est la structure des échanges qui se modifie, il s’agit de la structure par produit, il y a deux partenaires commerciaux. Jusqu’à ce que la phase des conquêtes se termine, il y a une gamme de produits vendus par l’Inde à la Grande-Bretagne, en retour, la Grande-Bretagne exporte vers l’Inde un assortiment de produits qui va se transformer.

Avant la pénétration coloniale, les échanges sont, au niveau de l’intensification commerciale, peu animée entre les deux entités, et ces échanges sont marqués par un déséquilibre. Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, l’Europe a peu de choses à offrir à l’Asie, si bien que les importations de la Grande-Bretagne en provenance de l’Inde sont beaucoup plus importantes que les exportations britanniques à destination de l’Inde, soit 5 fois moins importantes.

Comment les britanniques et les européens font dans une situation de déséquilibre ?[modifier | modifier le wikicode]

Cela est caractérisé.

Ils vont chercher quelque chose en Asie que sont les épices et des textiles, mais en retour, ils ont peu à offrir.

D’une part, ils vont utiliser les métaux précieux d’Amérique comme l’argent, mais surtout l’or au XVIIIème siècle, et d’autre part, ils vont aller chercher en Chine des produits qui vont servir à compenser la faible attractivité des produits européens.

L’expansion soutenue des échanges commence à partir des années 1770 – 1780, et de 1770 à 1813, le volume des exportations britannique vers l’Inde est multiplié par 52 alors que les importations britanniques en provenance du sous-continent le sont par 32. Derrière ces chiffres, il y a quelque chose qui change, mais qui va apparaître plus tard. En Grande-Bretagne et en Angleterre plus particulièrement, il y a la Révolution Industrielle.

Le deuxième changement est la modification par produit des échanges. Jusqu’en 1813, la Grande-Bretagne vend à l’Inde une gamme réduite d’articles manufacturés, en retour, elle lui achète des épices et des textiles appelés Indiennes qui ont une force de pénétration grande sur les marchés extérieurs.

Pour comprendre ce qui se passe au XVIIIème siècle, il faut remonter en arrière, il y a en Angleterre une incitation à mécaniser, mais pas en Inde ; cela va provoquer les changements.

À partir des années 1860, l’industrie cotonnière se mécanise et accroît considérablement sa productivité. Au début du XIXème siècle, afin de prendre conscience de la mesure de ces gains, un ouvrier anglais d’une filature mécanisée produit par heure 10 à 14 fois plus de files qu’un artisan indien.

La mécanisation est la production de masse : on augmente la production. Se faisant on engrange des gains de productivité, et à partir du moment où on réduit le prix de revient, ce fil et ce tissu devient très bon marché, mais il y a besoin, afin de continuer dans cette voie, de deux choses à savoir de nouveaux marchés à l’extérieur et de sources d’approvisionnement en matières premières soit de coton brut.

Les progrès du machinisme sont obtenus en Grande-Bretagne avec un durcissement tout au long du XVIIIème siècle de mesures protectionnistes permettant à la Grande-Bretagne de ravir à l’Inde le titre de premier fournisseur de textile du monde.

Il y a donc, nous permettant de comprendre la rupture de 1813, à un moment donné, un renversement de situation. Ce moment peut être daté très exactement de 1786 qui sont les premiers envois en Inde de cotonnades fabriquées à Manchester.

Le renversement est total lorsque l’Angleterre protectionniste réussit à ouvrir l’Inde à ses produits manufacturés bon marché. À partir de la toute fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle, la Grande-Bretagne apparaît comme la première puissance colonisatrice sous influence de lobbys industriels et négociants faisant tout afin que les produis textiles britanniques entrent en Inde et ne soient pas taxés au-dessus d’un certain seuil.

Pour cela, le lobby de Manchester doit obtenir la suppression du monopole commercial de l’East India Company datant de 1813 que la vieille dame dispose depuis 1600.

À partir de 1813, le commerce entre la Grande-Bretagne devient libre dans une situation où le rapport de force s’est inversé à l’avantage de la métropole. C’est la porte ouverte aux textiles anglais qui désormais, parce qu’ils rivalisent avec le textile indien, envahissent le sous-continent d’où le changement radical dans la structure des échanges entre la métropole et sa colonie.

En quelques décennies et suite à une évolution économique qui se passe d’un côté, mais pas de l’autre, le rapport de force s’inverse, et l’Inde devient du statut d’exportateur de produits manufacturés à celui d’importateur.

Les exportations de cotonnades anglaises vont exploser : en 1814, une année après la suppression du monopole commercial de l’East India Company, les exportations sont un peu moins d’un million, en 1820 environs 2 millions, en 1850, 1875 millions de mètres soit 6,4 mètres par habitant, autrement dit la quasi-totalité des besoins locaux.

L’industrie textile indienne est incapable dans ces conditions de soutenir la concurrence des produits manufacturés à un faible prix de revient : c’est la désindustrialisation.

Les spécialistes proposent des taux exprimés en pourcentage de désindustrialisation : pour l’industrie textile, elles vont de 60% à 80%, pour d’autres de 80% à 95%. C’est une quasi-destruction de l’appareil de production textile en place.

Dans le cadre de la sidérurgie, le taux de désindustrialisation est proche de 100%, ce phénomène de désindustrialisation qui a un caractère brutal, puisqu’en moins d’un demi-siècle il y a un décrochage industriel.

Afin de rester dans le cadre du changement au niveau de la structure des produits, la part des exportations d’articles manufacturés qui constituait au XVIIIème siècle une fraction importante du total des exportations de l’Inde jusqu’à plus de 50%, cette part dans le total des exportations tombe à 10% environ déjà en 1830.

Il faut revenir sur le rôle joué par les industriels de la région de Manchester dans cette évolution, ce sont notamment les industriels du Lancashire qui font pression. Cette pression est d’autant plus déterminante qu’elle est appuyée par des mesures tarifaires : le premier succès est la suppression du monopole commercial de l’East India Company, le deuxième succès est de jouer sur les tarifs douaniers. Londres va imposer des droits aux produits indiens concurrents à ceux de Manchester, les droits que doivent payer les produits indiens à la frontière britannique sont de 70% à 80%.

Pour les textiles indiens, à l’importation sur le marché britannique ce sont des droits de 70% à 80% alors que les textiles britanniques ne s’acquittent à l’entrée en Inde que de 3,5% pour les files, et de 5% pour les tissus. Ces dispositions tarifaires restent en vigueur de 1835 à 1882.

En Europe occidentale, ces droits sont de 20% à 30% et aux États-Unis de 30% à 50%. Toute tentative se heurte au puissant lobby de Manchester.

Pourquoi, à un certain moment, des administrateurs britanniques en Inde ont eu la velléité de lever les droits d’entrée ?[modifier | modifier le wikicode]

Parce que les droits de douane sont l’une des sources de revenus.

Le budget de l’Inde britannique dépend de l’impôt foncier et des droits de douane. Afin d’équilibrer le budget de l’Inde, les administrateurs britanniques sur place, l’une des solutions qui est proposée est d’augmenter les droits qui sont ridiculement bas et systématiquement, les négociants, Manchester et Liverpool s’opposent.

La Grande-Bretagne, en tant que puissance colonisatrice, joue sur son privilège de souveraineté et défend les intérêts de groupes manufacturiers nationaux. Il y a aussi des gains de productivité issus de la mécanisation expliquant que les articles britanniques concurrencent victorieusement.

À partir du commerce extérieur, au niveau des échanges de marchandises, on peut passer aux activités économiques internes de l’Inde.

La désindustrialisation va être concurrencée par l’essor de cultures d’exportations, c’est une modification dans la structure par produit. L’Inde à partir des années 1830 va se mettre à exporter de plus en plus des produits bruts et des matières premières. Au fond, on pourrait dire que le colonisateur britannique a rabaissé le statut de l’Inde en le cantonnant dans ce rôle de fournisseurs de produits bruts et de matières premières. Le coton brut s’impose et arrive en tête puisque c’est la matière première dont a besoin l’industrie textile britannique.

La Grande-Bretagne a un souci. Au moment où elle s’industrialise, elle doit à l’exportation, diversifier ses débouchés, à l’importation, diversifier ses sources en approvisionnement.

La production de coton brut en Inde va se profiler à la faveur de deux événements au XIXème siècle qui est la guerre engagée par les États-Unis contre l’Angleterre qui a lieu en 1812 – 1813, ces hostilités arrêtent les exportations de coton brut en provenance du sud des États-Unis étant le principal fournisseur des filatures britanniques depuis les années 1790. Vient la guerre de Sécession aux États-Unis qui fait que le prix du coton sur le marché mondial va quadrupler entre 1869 et 1874. Cultiver du coton devient intéressant.

À partir de ce moment-là, l’Inde peut en quelque sorte combler les lacunes temporaires.

Le coton devient sur l’ensemble du XIXème siècle et dans une grande partie de l’entre-deux-guerres un des principaux produits d’exportation de l’Inde. Il y a aussi le thé, le jute servant à la fabrication de sacs d’emballage.

Le coton est produit en Inde centrale, le jute dans le détroit du Bengale. Il faut aussi signaler un produit particulier qui est l’opium produit en Inde centrale et exporté plus précocement encore alors que le thé et le jute le sont tardivement dans le XIXème siècle. L’exportation de l’opium date de la fin du XVIIème siècle.

Cette culture est soutenue par l’East India Company, l’opium indien sert de monnaies d’échange avec les Chinois. L’opium est exporté en Chine contre de la soie manufacturée, de la porcelaine, du thé ou des épices.

L’opium est durant la première partie du XIXème siècle le premier produit d’exportation de l’Inde.

Il y a toute une gamme de nouveaux produits d’exportation qui forment une culture de rente. Il y a deux types d’acteurs avec notamment la réapparition du deuxième groupe d’acteurs.

Le premier groupe d’acteurs est les firmes britanniques qui jouent un rôle important dans le développement de ces cultures d’exportations, mais ces firmes interviennent en liaison avec une couche d’intermédiaires indiens qui assurent le financement et la commercialisation des récoltes.

Les cultures d’exportations sont produites par la paysannerie locale, des intermédiaires interviennent pour le financement et la commercialisation.

Le développement d’une agriculture d’exportation sert les intérêts des grandes firmes commerciales de Calcutta, de Bombay et de Madras et ces firmes investissent peu, mais engrangent beaucoup. Le développement de l’agriculture d’exportation est favorisé par la classe d’intermédiaires indiens et on a des usuriers et des marchands.

Ces intermédiaires vont aller jusqu’à diversifier et élargir les productions avec la création d’égrainages de coton, mais aussi de pression de la jute. Ils acquièrent une place importante dans le commerce d’exportation et ils s’engagent ainsi dans un processus d’accumulation capitaliste.

Le développement d’une agriculture d’exportation favorise donc d’un côté la croissance d’un capitalisme commercial et financier indien très lié aux intérêts britanniques.

Ces classes vont jouer un rôle important lors du processus de réindustrialisation qui intervient assez rapidement, c’est-à-dire qu’il y a la capacité de cette colonie de se relever et de mettre en place un appareil industriel moderne financé par les intermédiaires autochtones qui ont accumulé en tant qu’intermédiaires du capital dans le commerce international.

L’essor des cultures de rente se fait au profit de l’Inde, mais a une incidence négative sur l’essor de la culture vivrière parce que le développement des cultures d’exportations soustrait aux cultures vivrières une fraction des bonnes terres réduisant les possibilités de croissance de la production alimentaire survenant à un moment où la superficie des terres cultivées par actif rural se réduit.

Jusqu’au début du XIXème siècle, il y avait encore des terres fertiles à cultiver, mais plus on avance dans le XIXème siècle et dans l’entre-deux-guerres, plus la superficie des terres cultivées par actif rural se réduit. À la fin du XIXème siècle, la quasi-totalité des bonnes terres sont cultivées.

Qu’aurait-il fallu afin que l’agriculture vivrière se développe ?[modifier | modifier le wikicode]

Le développement de l’agriculture vivrière est d’autant plus important que dans la seconde moitié du XIXème siècle, l’Inde est frappée par plusieurs grandes famines. On ne peut s’empêcher de faire le lien : l’essor des cultures d’exportations enlève à l’agriculture vivrière des terres à un moment où l’Inde est frappée de grandes famines.

Entre 1875 et 1900, il y a 18 grandes famines causant le mort de 18 millions de personnes. À titre de comparaison, durant la première moitié du XIXème siècle, « seulement » deux famines importantes sont enregistrées causant la mort d’environ 2 millions d’individus.

L’agriculture indienne est connue pour être tributaire de variations climatiques : face à ces grandes famines se pose la question de comment les combattre ?[modifier | modifier le wikicode]

Le gouvernement colonial britannique a le choix de développer la culture vivrière en investissant dans des travaux d’irrigation ou construire un vaste réseau ferroviaire : le gouvernement colonial va donner la priorité à la construction d’un vaste réseau de chemins de fer déboursant jusqu’à 6 fois plus que pour l’irrigation.

Il est probable que l’administration coloniale méconnaissait les problèmes de l’agriculture indienne, mais il est probable que l’extension de l’agriculture vivrière indienne aurait pu être assurée si une part plus grande de fonds publics et privés avaient été tournés vers le financement de l’irrigation expliquant l’évolution négative de la production alimentaire par habitant en Inde.

Entre la deuxième moitié du XIXème siècle et l’entre-deux-guerres, c’est une situation très préoccupante puisque la production alimentaire par habitant recule et les progrès dans l’irrigation contribuent surtout à l’essor de l’agriculture d’exportation.

Le paysan devant payer le droit à l’eau doit se détourner des céréales vers les cultures plus rentables.

De 1853 à 1914, ce sont 55 000 kilomètres de voies ferrées qui sont construites faisant du réseau indien le premier d’Asie et de tout le monde colonial. Toutefois, ce réseau indien à des défauts ne manquant pas d’être relevés. Le premier défaut est le choix du tracé relevant de considérations stratégiques et notamment militaires, mais le principal problème est le deuxième défaut qui est la configuration du réseau qui favorise les échanges internationaux aux dépens des échanges entre les régions indiennes. Les lignes sont construites à partir des grands ports pénétrant à l’intérieur de terres dont la fonction est de faciliter l’embarquement des produits d’exportations et l’écoulement des produits d’importations.

Le troisième défaut est que la construction de l’immense réseau indien ne fait pas appel à du matériel fabriqué localement, il ne fait appel qu’à du matériel britannique que sont les rails, le matériel et jusqu’au personnel créant une demande qui n’exerce pas d’effets induits et d’entrainement sur la sidérurgie locale.

L’administration coloniale a fait un choix douteux, la construction du chemin de fer a eu, malgré les défauts relevés, l’avantage de décloisonner le sous-continent et a permis de combattre les grandes famines de la seconde moitié du XIXème siècle.

Au moment où la construction du réseau ferroviaire s’effectue, il n’y a pas d’essor de la sidérurgie locale. Cette concomitance, c’est-à-dire les effets induits par la construction du réseau de chemin de fer, se serait exercée sur l’industrie sidérurgique.

L’un des défauts du réseau ferroviaire est qu’il avantage beaucoup plus les échanges internationaux que l’intégration économique interne.

Si on considère la configuration du réseau ferroviaire en Europe occidentales ou en Amérique du Nord, il apparaît que ces réseaux favorisent l’intégration économique c’est-à-dire relie des régions entre elles.

Portée et limites de la réindustrialisation[modifier | modifier le wikicode]

Gandhi et Nehru en 1942

Jawaharlal Nehru, premier ministre de l’Inde de 1947 à 1964, est considéré par Gandhi comme son héritier : « un des traits les plus remarquables de la domination anglaise aux indes et que les plus grands maux qu’elle a infligés à ce peuple prenant extérieurement l’apparence des biens-faits du ciel que sont le chemin de fer, le télégraphe, le téléphone, la radio. Tout cela fut bienvenu, était nécessaire et nous avons une grande gratitude envers l’Angleterre de nous les avoir apportés, mais nous ne devons oublier que l’objet fut le resserrement de l’astreinte administrative et la conquête de nouveaux marchés pour l’industrie anglaise ».

L’Inde ne parvient pas à nouer des liens d’entrainement que les économistes appellent des effets de revenus.

Les efforts de réindustrialisation datent de 1850 – 1860. La capacité d’une entité comme l’Inde en situation coloniale, c’est-à-dire dans une situation où le pays ne dispose pas d’une marge de main-d’œuvre. Dans une telle situation hostile, il y a la possibilité et la capacité à entreprendre des efforts à contre-courant, c’est-à-dire de redressement.

Face à la désindustrialisation, l’Inde révèle cette capacité à se relever et de se lancer dans cet effort de réindustrialisation.

L’itinéraire suivit afin qu’émerge une industrie sidérurgique en Inde il faut retenir la date de 1875 avec la création d’une compagnie qui va très rapidement fermer en 1879 se nomme la Bengal Iron and Steal. Ce n’est pas une réussite parce que l’État colonial lui refuse des commandes et des prêts, il y a une hostilité de la part du colonisateur britannique face à cette première tentative. Il ne faut pas tomber dans le manichéisme avec le méchant colonisateur qui empêche le gentil industriel indien. C’est en réalité Londres qui empêche une telle tentative.

Se met en place dans le dernier tiers du XIXème siècle lorsque que le monopole de l’East India Company disparait et l’Inde devient gérée directement part Londres.

Il y a l’administration coloniale, les men on the spot ayant une certaine sensibilité. L’organe à Londres et le secrétariat d’État pour l’Inde, sur place il y a un gouverneur général puis à partir de 1858 cela devient un vice-roi qui gouverne depuis Calcutta jusqu’à ce que le siège soit transféré à Delhi.

Lord Ripon par George Frederic Watts

C’est un pouvoir à deux têtes, il n’est pas rare que les deux pouvoirs ne soient pas d’accord notamment de 1880 à 1884 où un vice-roi arrive à Delhi, Lord Ripon, faisant tout afin d’encourager la création d’une sidérurgie locale moderne, mais Londres est contre.

Depuis le dernier tiers du XIXème siècle et jusqu’à l’indépendance, il y a une période de despotisme bienveillant et durant cette phase il n’est pas rare que Londres et Delhi divergent sur la politique sociale à mener en Inde. Londres gagne toujours lorsqu’il y a divergence.

L’adjectif bienveillant renvoie à l’action des vice-rois sensibles à l’intérêt de l’Inde et à ses habitants appelés les natives. Le secrétaire d’État, en revanche, siégeant à Londres, est influencé non pas par la situation dans le sous-continent, non pas par le sort des administrés, mais par le gouvernement, le parlement, les groupes d’intérêts et les milieux d’affaires, il est le défenseur des intérêts britanniques.

Il s’agit donc d’un équilibre délicat, il ne s’agit pas d’un ordre colonial qui bloque tout, les acteurs économiques locaux ont la possibilité d’utiliser cette marge.

La situation en Inde est un équilibre délicat qui apparaît déjà dans l’expression despotisme bienveillant. C’est l’équilibre entre modernisation et sauvegarde des structures traditionnelles de l’autre.

Un autre équilibre est la garantie des profits pour l’investissement britannique et de l’autre côté la prise en compte des conditions de vies des populations locales, c’est entre autres le souci d’admettre des indiens dans l’administration.

C’est toujours le point de vue de Londres qui prévaut. Ce n’est que tardivement que le pouvoir britannique va consentir à donner un coup de pouce : il y a un rapport de force entre le secrétariat à Londres, la vice-royauté à Delhi, aboutissant à la toute fin du XIXème siècle en 1907 – 1908, qu’enfin, se reconstitue une sidérurgie locale et moderne avec l’aide britannique.

Jamsetji Tata

La totalité des capitaux sont indiens, il y a des équipements et des experts occidentaux notamment allemands et américains, mais ici le renouveau de la sidérurgie indienne doit beaucoup à Jamshedi Tata et à la communauté Parsi. Tata est capitaine d’industrie et fondateur d’une dynastie.

C’est une communauté marchande résidant à Bombay, les parsis sont ses intermédiaires, ce sont ceux qui avancent de l’argent, qui transforment le coton brut, le jute sur place, ce sont ceux qui commercialisent, qui permettent aux firmes commerciales britanniques d’embarquer ses produits et de les vendre sur le marché mondial. Ils accumulent et engrangent, au moment où les choses peuvent se faire ils investissent, c’est au fond l’affectation d’un capital commercial dans l’industrie. Les parsis viennent d’une province perse qui s’appelle Fars, les parsis ne vont pas être islamisés et refusent l’islamisation. Ce faisant, dès le début du VIIème siècle, ils sont persécutés, ils ont pour religions le zoroastrisme.

Ils habitent le sud de la Perse et sont déjà entreprenants, ils ne veulent pas devenir musulmans, c’est pourquoi ils partent vers l’Inde. Les parsis émigrent au VIIème siècle afin de se regrouper autour de Bombay.

Tata né en 1839 et meure en 1904 est celui qui fonde la dynastie industrielle, c’est la grande figure de la réindustrialisation en Inde, fondateur du groupe Tata. Il voit tout de suite le bénéfice qu’il peut tirer de l’existence en Inde orientale de riches gisements de fer à proximité de mines de charbon concevant pour le pays une industrie sidérurgique intégrée.

Au moment de son décès, il ne verra pas son projet être réalisé, mais ses fils vont le faire en 1907 en créant la Tata Iron and Steal Company dont la totalité du capital est souscrite par 8000 actionnaires indiens en trois semaines. Dès 1908 commencent les travaux d’édification de l’usine et, en 1913, le premier acier indien est coulé.

Le pouvoir colonial accepte d’acheter une certaine quantité de fer et d’acier désormais produit sur place pour autant qu’il ne soit pas plus cher que le fer et l’acier importé, mais, c’est une limite de la réindustrialisation dans ce secteur de la sidérurgie. Il y a ce décalage : c’est une occasion manquée.

La sidérurgie indienne locale renaît, mais aurait pu beaucoup plus se développer s’il n’y avait pas eu ce décalage. Au fond, le fer et l’acier indien sortent des ateliers à la veille de la Première Guerre mondiale au moment où le réseau ferroviaire est achevé qui est mis en place en 1853 et le début des années 1910.

La sidérurgie indienne ne bénéficie pas des effets d’entrainement de la construction du réseau ferroviaire.

On retrouve la même situation en ce qui concerne le renouveau de l’industrie textile indienne qui date des années 1850 se confirmant dans les années 1880. Le renouveau commence dans la filature du coton bientôt suivie du tissage sans intervention de capitaux étrangers et avec peu de techniciens étrangers.

Les pays qui s’industrialisent en Europe tardivement ont plusieurs caractéristiques propres, notamment celle de s’industrialiser grâce au recours et à l’appel d’investisseurs étrangers.

On peut considérer que la réindustrialisation de l’Inde est tardive, mais la singularité est que les investissements sont « indigènes ».

Malgré la concurrence de la puissante branche textile du Lancashire, malgré une politique tarifaire discriminatoire, l’industrie indienne peut renaitre et se maintenir grâce à plusieurs facteurs favorables assurant à la veille de la Seconde Guerre mondiale plus de 80% de la consommation intermédiaire de coton.

  • Quels sont ces facteurs favorables ?

L’essor des exportations d’opium et de coton fait la fortune des familles de marchands qui réinvestissent leurs capitaux dans des unités industrielles modernes. C’est un élément facilitateur, il y a les ressources financières sur place.

Les taux de profits sont élevés, de l’ordre de 20%, il y a aussi un avantage comparatif, alors que les pays européens doivent importer le coton brut et qu’ils doivent se soucier de diversifier leurs sources d’approvisionnement, l’Inde dispose de la matière première sur place économisant les coûts de transports.

Ensuite, il y a un décalage dans le niveau des salaires, à la fin du XIXème et au début du XXème siècle le coût unitaire du travail est respectivement 75% et 50% moins élevé dans la région de Bombay que dans celle du Lancashire.

Les milieux d’affaires britanniques ne renoncent jamais, la réindustrialisation réussie malgré des entraves de l’administration coloniale qui dure, la réindustrialisation dans le textile commence dans les années 1860, se consolide dans les années 1880, mais en 1894, l’administration coloniale va augmenter les droits de douane parce qu’il faut des recettes. Les droits de douane vont passer à 5% sur les importations de textiles.

Tout de suite, le lobby de Manchester demande la création d’une taxe intérieure de compensation de 5% sur les produits élaborés sur place. Le standard en termes de droits de douane alors en vigueur est de 30% à 50% faisant de la taxe sur les textiles produits localement est dérisoire. Cette taxe ne sera retirée qu’en 1925.

Le bilan est mitigé parce qu’il y a des occasions qui vont être manquées. Au fond, ce sont les occasions qui ont pu être saisies ailleurs dans des pays qui ont leur autonomie, leur souveraineté et une grande marge de main-d’œuvre facilitant les effets induits positifs sur place.

Les acquis sont l’édification d’une industrie cotonnière puissante capable de couvrir l’essentiel des besoins du pays en tissu, mais cette évolution se fait aux dépens des artisans, car le nombre d’emplois créés dans les usines et inférieur à celui des artisans qui doivent abandonner leurs métiers.

La sidérurgie est un succès, mais elle démarre trop tard au moment où le réseau ferré et pour l’essentiel déjà construit ce qui prive la sidérurgie locale d’un marché. Les effets extérieurs s’exercent sur l’industrie sidérurgique britannique, de 1865 à 1941, en Inde on produit 700 locomotives alors qu’on en importe 12000 de Grande-Bretagne.

Le développement de l’industrie textile ne s’accompagne pas d’une industrie de fabrication de machines textiles.

Il faut rappeler l’extension des cultures d’exportations, la désindustrialisation, les entraves à la réindustrialisation, cette situation coloniale particulière qui freine, entrave. À partir d’un certain moment dans le XIXème siècle, il y a l’émergence d’une inteligencia constituant le mouvement nationaliste.

Le nationalisme indien nait dans les années 1870 – 1880, c’est très tôt. C’est une inteligencia fait de métisses intellectuels, ils sont allés à l’école du colonisateur, mais ont gardé leur identité.

Théorie de la « saignée » et approche par les « capacités »[modifier | modifier le wikicode]

Naoroji in 1892.

Naoroji (1825 – 1917) est le plus illustre du mouvement nationaliste indien. Comme tous les membres des premiers nationalistes, il connaît la langue du colonisateur, siège à la Chambre des Communes, publie dans des périodiques, c’est un riche commerçant parsi dénonçant les effets néfastes de la colonisation.

Naoroji est partisan de la Drain Theory : si l’impact de la colonisation est négatif, c’est parce que le colonisateur britannique pompe les richesses, c’est l’idée d’un transfert de revenus.

Ce transfert de revenus à deux conséquences : il appauvrit l’Inde et de l’autre côté enrichit la Grande-Bretagne d’où un élargissement des écarts entre la métropole et le sous-continent, ce drainage est défini comme un transfert de richesses sous forme de salaires de profits, d’intérêts et d’impôts, c’est un transfert unilatéral et sans compensation de la colonie vers la métropole qui représenterait, aux yeux de Naoroji, un manque à gagner pour l’Inde qui serait suffisamment importante afin d’expliquer son arriération économique.

Naoroji dénonce le retard économique de l’Inde durant la phase coloniale, de l’autre côté, ce transfert est une source d’accumulation de capital pour la Grande-Bretagne afin de soutenir son industrialisation rapide.

Il y a toujours des tentatives de calculer ce transfert de revenu. Si on s’en remet aux séries statistiques, les écarts de PIB par habitant entre le Royaume-Uni est l’Inde passe de 3,2 en 1820 à 11,2 en 1950 au moment de l’indépendance.

Des études sur la taille des hommes relèvent pour la seconde moitié du XIXème siècle un recul du niveau de vie qui se poursuit jusqu’à la fin des années 1930.

Si on change de perspective, il faut reconnaître que les structures précoloniales dont nous avons dit qu’elles ont des limites et qui durant la phase de la colonisation s’effritent, ces structures précoloniales se maintenaient parce qu’elles ont une capacité de résilience.

Il y a aussi une incapacité du colonisateur à aller jusqu’au bout de ce qu’il présente comme sa mission transformatrice. Le colonisateur britannique ne va pas changer de fond en comble vu la consistance de ces structures.

Il y a une capacité de ces structures à résister, mais aussi une incapacité du colonisateur à remplir sa mission transformatrice.

D’abord, le rôle des élites du monde des affaires est crucial dans la réussite économique de l’Inde contemporaine, il y a un élément de continuité. La majorité de ces élites descend d’une classe indigène de marchands et de monnayeurs d’argent qui préexiste à la domination britannique et qui lui survit.

On doit à plusieurs de ces membres de cette élite économique le renouveau du textile et de la sidérurgie durant la seconde moitié du XIXème siècle. Cette réindustrialisation de l’Inde, qui surmonte l’inférence et l’hostilité des milieux d’affaires britannique, s’effectue avec une très faible intervention des capitaux et techniciens occidentaux.

Le groupe Tata est dirigé par un descendant du fondateur, constitué de près de 50 unités différentes présentent dans les branches manufacturières traditionnelles, mais aussi automobiles, l’aéronautique, l’informatique, l’hôtellerie et les cosmétiques.

L’autre succès est celui de Lakshmi Mittal originaire du groupe des Mawari devenu le plus grand producteur d’acier du monde.

Il y a donc des persistances internes comme la survie sous le régime colonial de larges pans des réseaux d’affaires indiens s’expliquant par l’ancienneté de leur expertise et de leur réseau d’implantation. Dès le XIVème siècle, ils maîtrisent le système de comptabilité double et sont capables de faire voyager des capitaux au-delà du sous-continent, leur organisation sociale permet de quadriller ce réseau.

Les élites marchandes indiennes parviennent à se maintenir, car l’État colonial n’est pas hégémonique et ne dominait pas tous les secteurs de l’économie indienne, il n’en a pas les moyens. Pour économiser, l’État colonial va concéder des pouvoirs économiques, militaires, juridiques, éducatifs voire politiques, c’est une situation qui laisse une marge de main-d’œuvre aux corporations indiennes et aux réseaux locaux tissés par les propriétaires terriens, aux associations de castes et autres groupes qui voient le jour durant cette phase de transition entre les années 1740 et les années 1810 où l’Inde navigue entre la fin de l’Empire moghol et le début de la domination britannique.

Certaines régions s’en tirent mieux que d’autres, dans les ères de prospérité notamment au Bengale, marchands et banquiers s’enrichissent et soutiennent la création d’établissements scolaires, de centres de formation, d’organes de presse jouant ainsi un rôle important dans le développement des capacités de l’Inde du XIXème siècle.

Les capacités de la société indienne se renforcent durant la période coloniale avec la fondation de clubs et d’associations, d’abord par les Britanniques soucieux d’occidentaliser les élites locales, mais ces élites locales s’approprient ces associations contre l’ordre colonial.

Naoroji va s’occidentaliser afin de se saisir des armes de la critique.

À la fin du XIXème siècle, ainsi l’Inde dispose d’un éventail sophistiqué d’organes de la société civile dédié à la production et à la diffusion d’informations, à l’éducation publique, à la réforme sociale, à la contestation politique. Ce qui n’est peut-être pas étranger à l’émergence en Inde de ce qui est peut-être la plus grande démocratie du monde.

En 1955, après l’Indépendance, Nehru fait un discours lors de la Conférence Bandung donnant naissance au mouvement des non-alignés : « le règne des britanniques ne fut qu’une parenthèse […] notre pays a de nombreuses cultures dont certaines ont plus de 5000 ans d’âges […] le pouvoir britannique a exercé un pouvoir cruel, mais a finalement regardé le fond des choses, cette période n’a signifié qu’une interruption provisoire de notre histoire, l’Inde renait de son humiliation et reprend fièrement le cours ancestral de son histoire ».

C’est pour cela que les relations entre l’Inde et le Royaume-Uni sont si bonnes aujourd’hui. Dans le cas de l’Algérie, l’histoire entre la France est l’Algérie est tout sauf apaisée puisqu’il y a eu une volonté de détruire ce qui était en place.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Etemad Bouda - SSP UNIL
  2. Bouda Etemad (auteur de Empires illusoires) - Babelio
  3. Publications de Bouda Etemad | Cairn.info
  4. Bouda Etemad | Armand Colin
  5. Bouda Etemad - Data BNF
  6. Bouda Etemad - BiblioMonde
  7. , P. Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances : Transformations économiques et conflits militaires entre 1500 et 2000, Paris, Payot, 1991, p.42