Introduction aux sociétés et acteurs non-gouvernementaux en relations internationales

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Introduction aux sociétés et acteurs non-gouvernementaux en relations internationales
Faculté Faculté des Lettres
Département Département d’histoire générale
Professeur(s) Matthias Schulz

Lectures


Acteurs non-étatiques émanant de la société civile et leur rôle en relations internationales

On peut distinguer les mouvements internationaux qui sont peu ou pas organisés. À partir du début du XIXème siècle ils se transforment souvent en réseaux transnationaux d’experts ou d’idéalistes et commencent à conseiller les gouvernements ou à exercer des pressions moyennant les parlements. À partir du XXème siècle, ils commencent à exercer une certaine influence dans le cadre des organisations internationales parce qu’ils veulent que les États et ou les organisations internationales changent de politique. Déjà aussi à partir du milieu du XIXème siècle, on peut parler des associations solidifiées qui se mettent en place et qui se lancent dans le domaine des relations internationales. C’est peut être à partir de ce moment-là qu’il faut introduire le terme d’« associations internationales » qui était leur nom à l’époque de la fin du XIXème siècle et encore dans la première moitié du XXème siècle. À partir de 1945 apparaît le termes ONG pour organisation non gouvernemental. Les ONG et leurs prédécesseurs sont l’objet de ce cours.

On peut certainement caractériser ces acteurs de plusieurs manières. Il y a les ONG de sensibilisation qui veulent créer une conscience notamment et typiquement dans les États du Nord et les États riches d’abord puis aussi depuis les indépendances des pays entièrement colonisés par les européens surtout mais aussi le Japon et les États-Unis. Donc, l’objectif est de sensibiliser les gouvernements à adopter des politiques plus nuancées ou à réformer les politiques. D’autre part, il y a des ONG de terrain qui ne s’adressent pas à un gouvernement dans les pays riches mais qui agissent de manière concrète sur le terrain comme par exemple des ONG de l’aide au développement ou des ONG humanitaires ou des ONG qui luttent en faveur des droits de l’homme par exemple.

A priori, il ne s’agit pas des acteurs gouvernementaux ou des acteurs qui émanent des partis politiques qui visent le pouvoir. Il ne s’agit pas non plus des acteurs économiques visant un but lucratif ou de représentants des intérêts particuliers comme des entreprises, des lobbys ou des syndicats par exemple.

Nous allons ni traiter des acteurs économiques qui représentent des buts lucratifs ou des lobbies qui visent des intérêts particuliers d’un groupe ou d’une branche des entreprises, ni les gouvernements bien qu’on ne peut pas parler des ONG sans mentionner les gouvernements. L’objet ici est l’espace ou une partie de l’espace entre les deux qui est laissé ouvert par les gouvernements et les entreprises, à savoir la société civile et les associations émanant de la société civile qui n’ont pas de but lucratif ni le but d’obtenir le pouvoir politique, c’est-à-dire de se faire élire au gouvernement.

Termes clés

D’abord, on peut situer l’objet de ce cours dans une tradition ancienne de l’historiographie – qui est l’écriture de l’histoire, l’historie professionnelle – et selon l’histoire de l’internationalisme – ce sont toutes les manifestations, tous les acteurs, toutes les idées qui visent à renforcer la coopération internationale, qui visent à promouvoir la coopération internationale. On peut distinguer deux types d’internationalisme qui sont l’internationalisme intergouvernemental, c’est-à-dire qu’il y a des gouvernements qui veulent coopérer et qui s’investissent en facteur de la coopération internationale. De l’autre côté, il y a l’internationalisme des acteurs privés et cet internationalisme nous adresse et existe comme tradition historiographique. C’est l’internationalisme des organisations intergouvernementales essentiellement.

Depuis, y va-t-il une grande tradition ? Il y a un renouveau depuis récemment. C’est le thème de l’histoire transnationale qui a repris le thème des acteurs privés qui s’organisent sur le plan international ou agissent sur le plan international. Dans le The Palgrave Dictionary of Transnational History édité par Akira Iriye et Pierre Saunier, est la manifestation récente d’une tradition historiographique qui a une nouvelle dénomination mais qui a certaines traditions.

On peut reprocher aux historiens, aux politologues et aux juristes d’avoir complétement négligé les non États qui sont aussi acteurs dans les relations internationales. Très longtemps, ils ont négligé les organisations internationales et encore plus longtemps et de manière plus dramatique, ils ont négligé les acteurs non étatiques.

Pourquoi est-ce comme cela ? Parce que le pouvoir de décision politique se retrouve dans les chancelleries ou les cabinets, donc au pouvoir politique. Donc, on a focalisé le pouvoir politique comme centre de décisions. Mais, avec la démocratisation des sociétés, il y a un nouveau phénomène qui s’est répandu de plus en plus qui est la capacité des sociétés civiles de s’organiser librement. Donc, les citoyens peuvent fonder des partis politiques, des associations de solidarité, des syndicats, des associations à un but de protection quelques chose, les animaux, la nature, les droits de l’homme. Ils peuvent donc s’associer librement peu importe l’objectif à condition que ce ne soit pas contre la constitution de la démocratie et donc avec cette possibilité de s’organiser et de s’associer librement en tant que citoyen, et aussi est accru les possibilités d’influencer le politique, la politique et les politiciens moyennant ces associations privées. Cela se fait à la fois entre des associations privées et des gouvernements, autant qu’avec les associations à vocation internationale et les organisation intergouvernementales. Là aussi il y a des liens directs.

Où se situe le premier lien direct entre les ONG et l’ONU ? Bertrand Badie parle des « intrus de la diplomatie ». Est-ce que les ONG sont des intrus ou des invités si l’on parle de l’ONU ? Une bonne réponse est de dire que cela dépend de la perspective. Pour certains gouvernements se sont des intrus, des malfaiteurs qui nuisent, pour d’autres, ce sont des intervenants raisonnables qui apportent la raison, qui apportent de l’expertise, de l’autorité morale à un débat qui est bienvenue. Donc, le premier lien, c’est la Charte de l’ONU adopté à San Francisco en 1945. L’article 71 parle des ONG et plus spécifiquement, il stipule que le Conseil économique et social de l’ONU peut inviter des ONG à donner des conseils au Conseil économique et social. Donc, d’un point de vue de l’ONU ou des rédacteurs de la Charte.

Les ONG sont des invitées. Depuis, s’est développé une formule qui s’appelle « accréditation », c’est-à-dire qu’il y a des ONG qui sont officiellement accrédité auprès du Conseil économie et sociale et cela existe depuis le début de l’ONU. Donc, ces acteurs sont officiellement reconnus même si les États et les gouvernements avaient eu tendance pendant très longtemps à les écarter. On retrouve cette tendance encore aujourd’hui auprès de certains gouvernements.

Cet objet s’inscrit dans l’histoire appelé aujourd’hui histoire transnationale, quel est l’intérêt de ce type d’histoire ? Ce type d’histoire s’adresse à ce que l’histoire de la diplomatie traditionnelle a laissé un peu de côté, à savoir l’histoire culturelle, l’histoire sociale, l’histoire intellectuelle, l’histoire de la circulation des idées, des concepts et des modèles de développement des droits de l’homme par exemple. C’est l’histoire des réseaux qui se tissent autour des organisations internationales, des réseaux d’experts, des communautés épistémiques avec le termes de Peter Haas qui avait écrit en 1992 un article sur les communauté épistémiques qui sont des communautés essentiellement des scientifiques ou des personnes qui ont lu sur un sujet, qui se sont intéressé longtemps sur un sujet et qui partagent les mêmes notions et les mêmes hypothèses à peu près et qui s’échangent en tant qu’experts sur un sujet comme par exemple les experts de droits de l’homme et les experts de l’action humanitaire. Souvent, ce ne sont pas des intellectuels purement universitaires mais des intellectuels ou des experts du terrain qui émanent des ONG, qui informent, qui conseillent les organisations internationales et qui sont parfois sollicités par les gouvernements nationaux. Parmi les grands acteurs qu’il faut mentionner, parmi les grandes organisations internationales, il y a l’Union européenne et l’ONU qui ont de très vastes budgets afin de fournir du soutien en faveur des ONG. Il y a aussi une lien financier étroit entre ces acteurs non étatiques et quelques organisations internationales.

Si l’on parle des ONG en relations internationales, on ne parle pas des acteurs philanthropiques communales qui s’investissent dans l’aide, par exemple, aux enfants de la commune ou d’un village. Donc, on peut se poser la question de savoir à partir de quel moment est-ce que ces acteurs commencent dans une sens « éloigné », c’est-à-dire non pas pour l’enfant de la commune qui est en détresse ou en situation de pauvreté ou qui est malade mais dont les parents ne peuvent pas payer pour le docteur, à partir de quel moment donc les associations privées s’intéressent au sort des personnes éloignées ?

En tant qu’idée, on peut dire que le soutien à d’autres sociétés éloignées existe depuis longtemps pour certaines religions. On peut mentionner deux évènements déclencheurs des actions humanitaire à une échelle assez importante qui témoigne de l’intérêt pour l’autrui étranger ou pour l’autrui éloigné. C’est d’abord la détresse des personnes frappées par le tremblement de terre à Caracas en 1812, ce tremblement de terre et les nouvelles de ce tremblement de terre et ses conséquences avait causé l’envoie d’une mission maritime américaine en faveur des personnes en détresse. C’est en 1812 une première action humanitaire. Dans ce cas, cela était essentiellement des civils, de enfants, de femmes, des personnes âgées qui étaient ou qui faisaient l’objet de ces actions de soutien. Une autre action de soutien qui était encore plus importante était l’action humanitaire en faveur des soldats blessé lors de la bataille de Solferino lors de la bataille de 1859.

Il y avait un certain Henri Dunant qui était à Solferino ce jour là, plus précisément à Castiglione. Une bataille s’est déroulé entre Castiglione et Solferino. Le champ de bataille était semé des milliers de blessés et Henri Dunant avait organisé une action de secours entre Genève et Castiglione. Cette action avait par la suite menée à la fondation de la Croix Rouge internationale. C’est une action humanitaire avec une action à long terme puisque ce problème des blessés militaire n’a pas laissé tranquille Henri Dunant qui a lancé le mouvement de la Croix Rouge.

Avec des deux exemples, on peut situer à peu près le début de l’action philanthropique, humanitaire ou de charité ou de solidarité et leur développement au début du XIXème siècle. Avec ceci, on peut se poser la question de savoir quelles sont les origines intellectuelles de la mise en œuvre de ces actions caritatives ou des autres éloignés.

Contextes historiques de l’essor des acteurs non-étatiques en relations internationales

Annexes

Références