Empires et États au Moyen-Orient

De Baripedia

Basé sur un cours de Yilmaz Özcan.[1][2]

La région du Moyen-Orient, berceau de civilisations anciennes et carrefour des échanges culturels et commerciaux, a joué un rôle central dans l'histoire mondiale, particulièrement durant le Moyen Âge. Cette période, marquée par la dynamique et la diversité, a vu l'émergence et le déclin de nombreux empires et états, chacun laissant une empreinte indélébile sur le paysage politique, culturel et social de la région. De l'expansion des califats islamiques, avec leur apogée culturelle et scientifique, à l'influence prolongée de l'Empire byzantin, en passant par les incursions des Croisés et les conquêtes mongoles, le Moyen-Orient médiéval était une mosaïque de pouvoirs en constante évolution. Cette époque a non seulement façonné l'identité de la région mais a également eu un impact profond sur le développement de l'histoire mondiale, établissant des ponts entre l'Orient et l'Occident. L'étude des empires et des états du Moyen-Orient au Moyen Âge offre donc une fenêtre fascinante sur une période cruciale de l'histoire humaine, révélant des histoires de conquête, de résilience, d'innovation et d'interaction culturelle.


L'Empire ottoman[modifier | modifier le wikicode]

Fondation et Expansion de l'Empire Ottoman[modifier | modifier le wikicode]

L'Empire ottoman, fondé à la fin du 13ème siècle, est un exemple fascinant de puissance impériale qui a marqué profondément l'histoire de trois continents : l'Asie, l'Afrique et l'Europe. Sa fondation est généralement attribuée à Osman Ier, le leader d'une tribu turque dans la région d'Anatolie. Le succès de cet empire réside dans sa capacité à s'étendre rapidement et à établir une administration efficace sur un territoire immense. Dès le milieu du 14ème siècle, les Ottomans ont commencé à étendre leur territoire en Europe, conquérant progressivement des parties des Balkans. Cette expansion a marqué un tournant majeur dans l'équilibre des pouvoirs en Méditerranée et en Europe de l'Est. Cependant, contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'Empire ottoman n'a pas détruit Rome. En fait, les Ottomans ont assiégé Constantinople, la capitale de l'Empire byzantin, et l'ont conquise en 1453, mettant fin à cet empire. Cette conquête a été un événement historique majeur, marquant la fin du Moyen Âge et le début de l'époque moderne en Europe.

L'Empire ottoman est connu pour sa structure administrative complexe et sa tolérance religieuse, notamment avec le système du millet, qui permettait une certaine autonomie aux communautés non-musulmanes. Son apogée s'étend du 15ème au 17ème siècle, période durant laquelle il a exercé une influence considérable sur le commerce, la culture, la science, l'art et l'architecture. Les Ottomans ont introduit de nombreuses innovations et ont été des médiateurs importants entre l'Orient et l'Occident. Cependant, à partir du 18ème siècle, l'Empire ottoman a commencé à décliner face aux puissances européennes montantes et aux problèmes internes. Ce déclin s'est accéléré au 19ème siècle, conduisant finalement à la dissolution de l'empire après la Première Guerre mondiale. L'héritage de l'Empire ottoman reste profondément ancré dans les régions qu'il a gouvernées, influençant les aspects culturels, politiques et sociaux de ces sociétés jusqu'à aujourd'hui.

L'Empire ottoman, une entité politique et militaire remarquable fondée à la fin du 13ème siècle par Osman Ier, a marqué profondément l'histoire de l'Eurasie. Emergent dans un contexte de fragmentation politique et de rivalités entre les beylicats en Anatolie, cet empire a rapidement démontré une capacité exceptionnelle à étendre son influence, se positionnant comme une puissance dominante dans la région. Le milieu du 14ème siècle a été un tournant décisif pour l'Empire ottoman, notamment avec la conquête de Gallipoli en 1354. Cette victoire, loin d'être un simple fait d'armes, a marqué la première implantation permanente des Ottomans en Europe et a ouvert la voie à une série de conquêtes dans les Balkans. Ces succès militaires, combinés à une diplomatie habile, ont permis aux Ottomans de solidifier leur emprise sur des territoires stratégiques et de s'immiscer dans les affaires européennes.

Sous la direction de souverains tels que Mehmed II, connu pour la conquête de Constantinople en 1453, l'Empire ottoman a non seulement remodelé le paysage politique de la Méditerranée orientale mais a également initié une période de profondes transformations culturelles et économiques. La prise de Constantinople, qui a mis fin à l'Empire byzantin, a été un moment charnière dans l'histoire mondiale, marquant la fin du Moyen Âge et le début de l'ère moderne. L'empire a excellé dans l'art de la guerre, souvent grâce à son armée disciplinée et innovante, mais aussi à travers son approche pragmatique de la gouvernance, intégrant divers groupes ethniques et religieux sous un système administratif centralisé. Cette diversité culturelle, couplée à la stabilité politique, a favorisé un essor dans les domaines des arts, de la science et du commerce.

Conflits et Défis Militaires de l'Empire Ottoman[modifier | modifier le wikicode]

L'Empire ottoman, dans son parcours historique, a connu une série de conquêtes spectaculaires et de revers significatifs qui ont façonné son destin et celui des régions qu'il a dominées. Leur expansion, marquée par des victoires majeures, a aussi été ponctuée par des échecs stratégiques. L'incursion ottomane dans les Balkans a été l'une des premières étapes de leur expansion européenne. Cette conquête a non seulement étendu leur territoire mais a également renforcé leur position en tant que puissance dominante dans la région. La prise d'Istanbul en 1453 par Mehmed II, connu sous le nom de Mehmed le Conquérant, est un événement historique majeur. Cette victoire a non seulement marqué la fin de l'Empire byzantin mais a aussi symbolisé l'ascension irréfutable de l'Empire ottoman en tant que superpuissance. Leur expansion s'est poursuivie avec la prise du Caire en 1517, un événement crucial qui a marqué l'intégration de l'Égypte dans l'empire et la fin du califat abbasside. Sous le règne de Soliman le Magnifique, les Ottomans ont également conquis Bagdad en 1533, étendant ainsi leur influence sur les terres riches et stratégiques de la Mésopotamie.

Cependant, l'expansion ottomane n'a pas été sans obstacles. Le siège de Vienne en 1529, une tentative ambitieuse d'étendre encore plus leur influence en Europe, s'est soldé par un échec. Un nouvel essai en 1623 n'a pas non plus abouti, marquant ainsi les limites de l'expansion ottomane en Europe centrale. Ces échecs ont été des moments clés, illustrant les limites de la puissance militaire et logistique de l'Empire ottoman face aux défenses européennes organisées. Un autre revers majeur a été la défaite de la bataille de Lépante en 1571. Cette bataille navale, où la flotte ottomane a été vaincue par une coalition de forces chrétiennes européennes, a marqué un tournant dans le contrôle ottoman de la Méditerranée. Bien que l'Empire ottoman ait réussi à se remettre de cette défaite et à maintenir une présence forte dans la région, Lépante a symbolisé la fin de leur expansion incontestée et a marqué le début d'une période de rivalités maritimes plus équilibrées en Méditerranée. Ces événements, dans leur ensemble, illustrent la dynamique de l'expansion ottomane : une série de conquêtes impressionnantes, entrecoupées de défis et de revers significatifs. Ils mettent en lumière la complexité de la gestion d'un empire aussi vaste et la difficulté de maintenir une expansion constante face à des adversaires de plus en plus organisés et résistants.

Réformes et Transformations Internes de l'Empire Ottoman[modifier | modifier le wikicode]

La guerre russo-ottomane de 1768-1774 est un épisode crucial dans l'histoire de l'Empire ottoman, marquant non seulement le début de ses pertes territoriales significatives mais aussi un changement dans sa structure de légitimité politique et religieuse. La fin de cette guerre a été concrétisée par la signature du traité de Küçük Kaynarca (ou Kutchuk-Kaïnardji) en 1774. Ce traité a eu des conséquences profondes pour l'Empire ottoman. Premièrement, il a entraîné la cession de territoires importants à l'Empire russe, notamment des parties de la mer Noire et des Balkans. Cette perte a non seulement réduit la superficie de l'empire mais a également affaibli sa position stratégique en Europe de l'Est et dans la région de la mer Noire. Deuxièmement, le traité a marqué un tournant dans les relations internationales de l'époque, en affaiblissant la position de l'Empire ottoman sur la scène européenne. L'empire, qui avait été un acteur majeur et souvent dominant dans les affaires régionales, a commencé à être perçu comme un État en déclin, vulnérable aux pressions et aux interventions des puissances européennes.

Enfin, et peut-être le plus important, la fin de cette guerre et le traité de Küçük Kaynarca ont également eu un impact significatif sur la structure interne de l'Empire ottoman. Face à ces défaites, l'empire a commencé à mettre davantage l'accent sur l'aspect religieux du califat comme source de légitimité. Le Sultan ottoman, déjà reconnu comme le leader politique de l'empire, a commencé à être davantage valorisé en tant que calife, le chef religieux de la communauté musulmane. Cette évolution a été une réponse à la nécessité de renforcer l'autorité et la légitimité du sultanat face aux défis internes et externes, en s'appuyant sur la religion comme unificateur et source de pouvoir. Ainsi, la guerre russo-ottomane et le traité qui en a résulté ont marqué un point tournant dans l'histoire ottomane, symbolisant à la fois un déclin territorial et un changement dans la nature de la légitimité impériale.

Influences Extérieures et Relations Internationales[modifier | modifier le wikicode]

L'intervention en Égypte en 1801, où les forces britanniques et ottomanes ont uni leurs efforts pour chasser les Français, marque un tournant important dans l'histoire de l'Égypte et de l'Empire ottoman. La nomination de Mehmet Ali, un officier albanais, en tant que pacha d'Égypte par les Ottomans, a ouvert une ère de transformations profondes et de semi-indépendance de l'Égypte vis-à-vis de l'Empire ottoman. Mehmet Ali, souvent considéré comme le fondateur de l'Égypte moderne, a initié une série de réformes radicales visant à moderniser l'Égypte. Ces réformes touchaient à divers aspects, notamment l'armée, l'administration, et l'économie, inspirées en partie par les modèles européens. Sous sa gouvernance, l'Égypte a connu un développement significatif, et Mehmet Ali a cherché à étendre son influence au-delà de l'Égypte. Dans ce contexte, la Nahda, ou la Renaissance arabe, a pris un élan considérable. Ce mouvement culturel et intellectuel, cherchant à revitaliser la culture arabe et à l'adapter aux défis modernes, a bénéficié du climat de réforme et d'ouverture initié par Mehmet Ali.

Le fils de Mehmet Ali, Ibrahim Pacha, a joué un rôle clé dans les ambitions expansionnistes de l'Égypte. En 1836, il a lancé une offensive contre l'Empire ottoman, qui était alors affaibli et en déclin. Cette confrontation a culminé en 1839, lorsque les forces d'Ibrahim ont infligé une défaite majeure aux Ottomans. Cependant, l'intervention des puissances européennes, notamment la Grande-Bretagne, l'Autriche et la Russie, a empêché une victoire totale égyptienne. Sous la pression internationale, un traité de paix a été signé, reconnaissant l'autonomie de facto de l'Égypte sous la gouvernance de Mehmet Ali et de ses descendants. Cette reconnaissance a marqué une étape importante dans la séparation de l'Égypte de l'Empire ottoman, bien que l'Égypte soit restée nominalement sous suzeraineté ottomane. La position des Britanniques était particulièrement intéressante. Initialement alliés avec les Ottomans pour contenir l'influence française en Égypte, ils ont finalement opté pour soutenir l'autonomie égyptienne sous Mehmet Ali, reconnaissant ainsi les réalités politiques et stratégiques changeantes de la région. Cette décision a reflété le désir britannique de stabiliser la région tout en contrôlant les routes commerciales vitales, en particulier celles menant vers l'Inde. L'épisode égyptien dans les premières décennies du 19ème siècle illustre non seulement les dynamiques de pouvoir complexes entre l'Empire ottoman, l'Égypte et les puissances européennes, mais aussi les changements profonds qui s'opéraient dans l'ordre politique et social du Moyen-Orient à cette époque.

Modernisation et Mouvements de Réforme[modifier | modifier le wikicode]

L'expédition de Napoléon Bonaparte en Égypte en 1798 a été un événement révélateur pour l'Empire ottoman, mettant en évidence son retard en termes de modernisation et de capacité militaire face aux puissances européennes. Cette prise de conscience a été un moteur important pour une série de réformes connues sous le nom de Tanzimat, lancées en 1839, visant à moderniser l'empire et à freiner son déclin. La Tanzimat, signifiant « réorganisation » en turc, a marqué une période de transformation profonde dans l'Empire ottoman. L'un des aspects clés de ces réformes était la modernisation de l'organisation des Dhimmis, les citoyens non-musulmans de l'empire. Cela comprenait la création des systèmes de Millet, qui offraient à diverses communautés religieuses une certaine autonomie culturelle et administrative. Cette mesure visait à intégrer plus efficacement ces communautés dans la structure de l'État ottoman tout en préservant leur identité distincte.

Une deuxième vague de réformes a été initiée pour tenter de créer une forme de citoyenneté ottomane, transcendant les divisions religieuses et ethniques. Cependant, cette tentative a souvent été entravée par des violences intercommunautaires, reflétant les tensions profondes au sein de l'empire multiethnique et multiconfessionnel. Parallèlement, ces réformes ont rencontré une résistance significative au sein de certaines factions de l'armée, qui étaient hostiles aux changements perçus comme menaçant leur statut et leurs privilèges traditionnels. Cette résistance a conduit à des révoltes et à des instabilités internes, exacerbant les défis auxquels l'empire était confronté.

Dans ce contexte tumultueux, un mouvement politique et intellectuel connu sous le nom de "Jeunes Ottomans" a émergé dès le milieu du 19ème siècle. Ce groupe cherchait à réconcilier les idéaux de modernisation et de réforme avec les principes de l'islam et les traditions ottomanes. Ils ont plaidé pour une constitution, la souveraineté nationale, et des réformes politiques et sociales plus inclusives. Les efforts de la Tanzimat et les idéaux des Jeunes Ottomans ont été des tentatives significatives pour répondre aux défis auxquels l'Empire ottoman était confronté dans un monde en rapide évolution. Bien que ces efforts aient apporté certains changements positifs, ils ont également révélé les profondes fissures et les tensions au sein de l'empire, préfigurant les défis encore plus grands qui allaient survenir dans les dernières décennies de son existence.

En 1876, une étape cruciale dans le processus de la Tanzimat a été franchie avec l'accession au pouvoir du sultan Abdülhamid II, qui a introduit la première constitution monarchique de l'Empire ottoman. Cette période a marqué un tournant significatif, tentant de concilier les principes de modernisation avec la structure traditionnelle de l'empire. La constitution de 1876 représentait un effort pour moderniser l'administration de l'empire et pour instaurer un système législatif et un parlement, reflétant les idéaux libéraux et constitutionnels en vogue en Europe à cette époque. Cependant, le règne d'Abdülhamid II a également été marqué par une forte montée du panislamisme, une idéologie visant à renforcer les liens entre les musulmans de l'empire et au-delà, dans le contexte d'une rivalité croissante avec les puissances occidentales.

Abdülhamid II a utilisé le panislamisme comme un outil pour consolider son pouvoir et pour contrer les influences externes. Il a invité les chefs et dignitaires musulmans à Istanbul et a proposé de former leurs enfants dans la capitale ottomane, une initiative visant à renforcer les liens culturels et politiques au sein du monde musulman. Cependant, en 1878, dans un revirement surprenant, Abdülhamid II a suspendu la constitution et fermé le parlement, marquant un retour à un régime autocratique. Cette décision a été motivée en partie par la crainte d'un contrôle insuffisant sur le processus politique et par la montée de mouvements nationalistes au sein de l'empire. Le sultan a ainsi renforcé son contrôle direct sur le gouvernement, tout en continuant à promouvoir le panislamisme comme un moyen de légitimation.

Dans ce contexte, le salafisme, un mouvement visant à revenir aux pratiques de l'islam des premières générations, a été influencé par les idéaux du panislamisme et de la Nahda (la Renaissance arabe). Jamal al-Din al-Afghani, souvent considéré comme le précurseur du mouvement salafiste moderne, a joué un rôle clé dans la propagation de ces idées. Al-Afghani prônait un retour aux principes originels de l'islam tout en encourageant l'adoption de certaines formes de modernisation technologique et scientifique. La période de la Tanzimat et le règne d'Abdülhamid II illustrent donc la complexité des tentatives de réforme dans l'Empire ottoman, tiraillé entre les exigences de modernisation et le maintien des structures et des idéologies traditionnelles. Les impacts de cette période se sont fait sentir bien au-delà de la chute de l'Empire, influençant les mouvements politiques et religieux dans le monde musulman moderne.

Déclin et Chute de l'Empire Ottoman[modifier | modifier le wikicode]

La "Question d'Orient", un terme utilisé principalement au 19ème siècle et au début du 20ème siècle, fait référence à un débat complexe et multidimensionnel concernant l'avenir de l'Empire ottoman, en déclin progressif. Cette question a émergé en raison des pertes territoriales successives de l'Empire, de l'émergence du nationalisme turc, et de la séparation croissante des territoires non musulmans, en particulier dans les Balkans. Dès 1830, avec l'indépendance de la Grèce, l'Empire ottoman a commencé à perdre ses territoires européens. Cette tendance s'est poursuivie avec les Guerres balkaniques et s'est accélérée durant la Première Guerre mondiale, culminant avec le traité de Sèvres en 1920 et la fondation de la République de Turquie en 1923 sous la direction de Mustafa Kemal Atatürk. Ces pertes ont profondément modifié la géographie politique de la région.

Dans ce contexte, le nationalisme turc a pris de l'ampleur. Ce mouvement cherchait à redéfinir l'identité de l'empire autour de l'élément turc, en contraste avec le modèle multiethnique et multireligieux qui avait prévalu jusque-là. Cette montée du nationalisme a été une réponse directe au démantèlement progressif de l'empire et à la nécessité de forger une nouvelle identité nationale. Parallèlement, l'idée de constituer une sorte d'"internationale de l'islam" a émergé, notamment sous l'impulsion du sultan Abdülhamid II avec son panislamisme. Cette idée envisageait de créer une union ou une coopération entre les nations musulmanes, s'inspirant de certaines idées similaires en Europe, où l'internationalisme cherchait à unir les peuples au-delà des frontières nationales. L'objectif était de créer un front uni des peuples musulmans pour résister à l'influence et à l'intervention des puissances occidentales, tout en préservant les intérêts et l'indépendance des territoires musulmans.

Cependant, la mise en œuvre d'une telle idée s'est avérée difficile en raison des divers intérêts nationaux, des rivalités régionales et de l'influence croissante des idées nationalistes. De plus, l'évolution des événements politiques, notamment la Première Guerre mondiale et la montée des mouvements nationalistes dans les différentes parties de l'Empire ottoman, a rendu cette vision d'une "internationale de l'islam" de plus en plus irréalisable. La Question d'Orient, dans son ensemble, reflète donc les profondes transformations géopolitiques et idéologiques qui se sont produites dans la région au cours de cette période, marquant la fin d'un empire multiethnique et la naissance de nouveaux États-nations avec leurs propres identités et aspirations nationales.

La "Weltpolitik", ou politique mondiale, adoptée par l'Allemagne à la fin du 19e et au début du 20e siècle, a joué un rôle crucial dans la dynamique géopolitique impliquant l'Empire ottoman. Cette politique, initiée sous le règne de l'empereur Guillaume II, visait à étendre l'influence et le prestige de l'Allemagne sur la scène internationale, notamment par l'expansion coloniale et les alliances stratégiques. L'Empire ottoman, cherchant à échapper aux pressions de la Russie et de la Grande-Bretagne, a trouvé dans l'Allemagne un allié potentiellement utile. Cette alliance a été particulièrement symbolisée par le projet de construction du chemin de fer Berlin-Bagdad (BBB). Ce chemin de fer, conçu pour relier Berlin à Bagdad en passant par Byzance (Istanbul), avait une importance stratégique et économique considérable. Il devait non seulement faciliter le commerce et les communications mais aussi renforcer l'influence allemande dans la région et offrir un contre-poids aux intérêts britanniques et russes au Moyen-Orient.

Pour les panturquistes et les partisans de l'Empire ottoman, l'alliance avec l'Allemagne était perçue favorablement. Les panturquistes, qui prônaient l'unité et la solidarité des peuples turcophones, voyaient dans cette alliance une opportunité de renforcer la position de l'Empire ottoman et de contrer les menaces extérieures. L'alliance avec l'Allemagne offrait une alternative aux pressions des puissances traditionnelles comme la Russie et la Grande-Bretagne, qui avaient longtemps influencé la politique et les affaires ottomanes. Cette relation entre l'Empire ottoman et l'Allemagne a atteint son apogée pendant la Première Guerre mondiale, lorsque les deux nations se sont retrouvées alliées dans les puissances centrales. Cette alliance a eu des conséquences importantes pour l'Empire ottoman, tant sur le plan militaire que politique, et a joué un rôle dans les événements qui ont finalement conduit à la dissolution de l'Empire après la guerre. La Weltpolitik allemande et le projet du chemin de fer Berlin-Bagdad ont été des éléments clés dans la stratégie de l'Empire ottoman pour préserver son intégrité et son indépendance face aux pressions des grandes puissances. Cette période a marqué un moment significatif dans l'histoire de l'Empire, illustrant la complexité des alliances et des intérêts géopolitiques au début du 20e siècle.

L'année 1908 marque un tournant décisif dans l'histoire de l'Empire ottoman avec le début de la deuxième période constitutionnelle, déclenchée par le mouvement des Jeunes Turcs, représenté principalement par le Comité Union et Progrès (CUP). Ce mouvement, initialement formé par des officiers et des intellectuels ottomans réformistes, a cherché à moderniser l'Empire et à le sauver de l'effondrement.

Sous la pression du CUP, le sultan Abdülhamid II a été contraint de rétablir la constitution de 1876, suspendue depuis 1878, marquant ainsi le début de la deuxième période constitutionnelle. Cette restauration de la constitution était vue comme un pas vers la modernisation et la démocratisation de l'Empire, avec la promesse de garantir des droits civils et politiques plus étendus et d'établir un gouvernement parlementaire. Cependant, cette période de réforme a rapidement été confrontée à des défis majeurs. En 1909, les milieux traditionnels, conservateurs et religieux, mécontents des réformes et de l'influence croissante des Unionistes, ont tenté un coup d'État pour renverser le gouvernement constitutionnel et rétablir l'autorité absolue du sultan. Cette tentative a été motivée par une opposition à la modernisation rapide et aux politiques laïques promues par les Jeunes Turcs, ainsi que par la crainte d'une perte de privilèges et d'influence. Cependant, les Jeunes Turcs, utilisant cet épisode de contre-révolution comme prétexte, ont réussi à écraser la résistance et à consolider leur pouvoir. Cette période a été marquée par une répression accrue contre les opposants et une centralisation du pouvoir entre les mains du CUP.

En 1913, la situation a culminé avec la prise du parlement par les leaders du CUP, un événement souvent décrit comme un coup d'État. Ce moment a marqué la fin de la brève expérience constitutionnelle et parlementaire de l'Empire et l'établissement d'un régime de plus en plus autoritaire dirigé par les Jeunes Turcs. Sous leur règne, l'Empire ottoman a connu des réformes substantielles mais également des politiques plus centralisatrices et nationalistes, jetant les bases des événements qui se dérouleraient pendant et après la Première Guerre mondiale. Cette période tumultueuse reflète les tensions et les luttes internes au sein de l'Empire ottoman, tiraillé entre les forces du changement et les traditions, et posant les jalons pour les transformations radicales qui allaient suivre dans les dernières années de l'empire.

En 1915, pendant la Première Guerre mondiale, l'Empire ottoman a entrepris ce qui est maintenant largement reconnu comme le génocide arménien, un épisode tragique et sombre de l'histoire. Cette politique a impliqué la déportation systématique, le massacre et la mort de masse de la population arménienne vivant dans l'empire. La campagne contre les Arméniens a commencé par des arrestations, des exécutions et des déportations de masse. Les hommes, les femmes, les enfants et les personnes âgées arméniens furent forcés de quitter leurs foyers et envoyés en marches de la mort à travers le désert syrien, où beaucoup sont morts de faim, de soif, de maladie ou à la suite de violences. De nombreuses communautés arméniennes, qui avaient une histoire riche et ancienne dans la région, ont été détruites.

Les estimations du nombre de victimes varient, mais on pense généralement qu'entre 800 000 et 1,5 million d'Arméniens ont péri pendant cette période. Ce génocide a eu des répercussions durables sur la communauté arménienne mondiale et reste un sujet de grande sensibilité et de controverse, notamment en raison du déni ou de la minimisation de ces événements par certains groupes. Le génocide arménien est souvent considéré comme l'un des premiers génocides modernes et a servi de sombre précurseur à d'autres atrocités de masse au cours du 20ème siècle. Il a également joué un rôle clé dans la formation de l'identité arménienne moderne, le souvenir du génocide continuant d'être un élément central de la conscience arménienne. La reconnaissance et la commémoration de ces événements continuent d'être un sujet important dans les relations internationales, en particulier dans les discussions sur les droits de l'homme et la prévention du génocide.

L’Empire perse[modifier | modifier le wikicode]

Les Origines et l'Achèvement de l'Empire Perse[modifier | modifier le wikicode]

L'histoire de l'Empire perse, aujourd'hui connu sous le nom d'Iran, est caractérisée par une impressionnante continuité culturelle et politique, malgré les changements dynastiques et les invasions étrangères. Cette continuité est un élément clé pour comprendre l'évolution historique et culturelle de la région.

L'Empire des Mèdes, établi au début du 7ème siècle avant J-C, représente une des premières grandes puissances dans l'histoire de l'Iran. Cet empire a joué un rôle crucial dans l'établissement des fondations de la civilisation iranienne. Cependant, il a été renversé par Cyrus II de Perse, également connu sous le nom de Cyrus le Grand, vers 550 avant J-C. La conquête de la Médie par Cyrus a marqué le début de l'Empire achéménide, une période de grande expansion et de rayonnement culturel. Les Achéménides ont créé un vaste empire qui s'étendait de l'Indus à la Grèce, et leur règne a été caractérisé par une administration efficace et une politique de tolérance envers les différentes cultures et religions au sein de l'empire. La chute de cet empire a été provoquée par Alexandre le Grand en 330 avant J-C, mais cela n'a pas mis fin à la continuité culturelle perse.

Après une période de domination hellénistique et de fragmentation politique, la dynastie sassanide a émergé en 224 après J-C. Fondée par Ardashir I, elle a marqué le début d'une ère nouvelle pour la région, s'étendant jusqu'en 624 après J-C. Sous les Sassanides, le Grand Iran a connu une période de renaissance culturelle et politique. La capitale, Ctésiphon, est devenue un centre de pouvoir et de culture, reflétant la grandeur et l'influence de l'empire. Les Sassanides ont joué un rôle important dans le développement de l'art, de l'architecture, de la littérature et de la religion dans la région. Ils ont été les champions du zoroastrisme, qui a influencé profondément la culture et l'identité perses. Leur empire a été marqué par des conflits constants avec l'Empire romain et plus tard l'Empire byzantin, culminant dans des guerres coûteuses qui ont affaibli les deux empires. La chute de la dynastie sassanide est survenue à la suite des conquêtes musulmanes du 7ème siècle, mais la culture et les traditions perses ont continué à influencer la région, y compris dans les périodes islamiques ultérieures. Cette résilience et cette capacité à intégrer de nouveaux éléments tout en préservant un noyau culturel distinct sont au cœur de la notion de continuité dans l'histoire perse.

L'Iran Sous l'Islam : Conquêtes et Transformations[modifier | modifier le wikicode]

À partir de 642, l'Iran entre dans une nouvelle ère de son histoire avec le début de la période islamique, suite aux conquêtes musulmanes. Cette période a marqué un tournant significatif non seulement dans l'histoire politique de la région mais aussi dans sa structure sociale, culturelle et religieuse. La conquête de l'Iran par les armées musulmanes a débuté peu après la mort du prophète Mahomet en 632. En 642, avec la prise de la capitale sassanide Ctésiphon, l'Iran est passé sous le contrôle de l'Empire islamique naissant. Cette transition a été un processus complexe, impliquant à la fois des conflits militaires et des négociations. Sous la domination musulmane, l'Iran a connu de profonds changements. L'islam s'est progressivement imposé comme la religion dominante, remplaçant le zoroastrisme, qui avait été la religion d'État sous les empires précédents. Cependant, cette transition ne s'est pas faite du jour au lendemain, et il y a eu une période de coexistence et d'interaction entre les différentes traditions religieuses.

La culture et la société iraniennes ont été profondément influencées par l'islam, mais elles ont également exercé une influence significative sur le monde islamique. L'Iran est devenu un centre important de la culture et du savoir islamiques, avec des contributions remarquables dans des domaines tels que la philosophie, la poésie, la médecine et l'astronomie. Des figures iraniennes emblématiques, telles que le poète Rumi ou le philosophe Avicenne (Ibn Sina), ont joué un rôle majeur dans le patrimoine culturel et intellectuel islamique. Cette période a également été marquée par des dynasties successives, comme les Omeyyades, les Abbassides, les Saffarides, les Samanides, les Bouyides, et plus tard les Seldjoukides, qui ont chacune contribué à la richesse et à la diversité de l'histoire iranienne. Chacune de ces dynasties a apporté ses propres nuances à la gouvernance, à la culture et à la société de la région.

Émergence et Influence des Séfévides[modifier | modifier le wikicode]

En 1501, un événement majeur dans l'histoire de l'Iran et du Moyen-Orient a eu lieu avec l'établissement de l'Empire séfévide en Azerbaïdjan par Shah Ismail I. Cette fondation a marqué le début d'une nouvelle ère non seulement pour l'Iran mais aussi pour la région dans son ensemble, en raison de l'introduction du chiisme duodécimain comme religion d'État, un changement qui a profondément influencé l'identité religieuse et culturelle de l'Iran. L'Empire séfévide, qui a régné jusqu'en 1736, a joué un rôle crucial dans la consolidation de l'Iran en tant qu'entité politique et culturelle distincte. Shah Ismail I, un leader charismatique et un poète talentueux, a réussi à unifier diverses régions sous son contrôle, créant ainsi un État centralisé et puissant. L'une de ses décisions les plus significatives a été d'imposer le chiisme duodécimain comme religion officielle de l'empire, un acte qui a eu des implications profondes pour l'avenir de l'Iran et du Moyen-Orient.

Cette "chiitisation" de l'Iran, qui impliquait la conversion forcée des populations sunnites et d'autres groupes religieux au chiisme, a été une stratégie délibérée pour différencier l'Iran de ses voisins sunnites, notamment l'Empire ottoman, et pour consolider le pouvoir des Séfévides. Cette politique a également eu pour effet de renforcer l'identité chiite de l'Iran, qui est devenue une caractéristique distincte de la nation iranienne jusqu'à aujourd'hui. Sous les Séfévides, l'Iran a connu une période de renaissance culturelle et artistique. La capitale, Ispahan, est devenue l'un des centres les plus importants de l'art, de l'architecture et de la culture dans le monde islamique. Les Séfévides ont encouragé le développement des arts, notamment la peinture, la calligraphie, la poésie, et l'architecture, créant ainsi un héritage culturel riche et durable. Cependant, l'empire a également été marqué par des conflits internes et externes, notamment des guerres contre l'Empire ottoman et les Ouzbeks. Ces conflits, ainsi que les défis internes, ont finalement contribué au déclin de l'empire au 18ème siècle.

La bataille de Tchaldiran, qui s'est déroulée en 1514, est un événement significatif dans l'histoire de l'Empire séfévide et de l'Empire ottoman, marquant non seulement un tournant militaire mais aussi la formation d'une importante ligne de démarcation politique entre les deux empires. Dans cette bataille, les forces séfévides, dirigées par Shah Ismail I, ont affronté l'armée ottomane sous le commandement du sultan Selim I. Les Séfévides, bien que vaillants au combat, ont été vaincus par les Ottomans, en grande partie à cause de la supériorité technologique de ces derniers, notamment leur utilisation efficace de l'artillerie. Cette défaite a eu des conséquences importantes pour l'Empire séfévide. L'un des résultats immédiats de la bataille de Tchaldiran a été la perte de territoires significatifs pour les Séfévides. Les Ottomans ont réussi à s'emparer de la moitié orientale de l'Anatolie, réduisant ainsi considérablement l'influence séfévide dans la région. Cette défaite a également établi une frontière politique durable entre les deux empires, qui est devenue un marqueur géopolitique important dans la région. En outre, la défaite des Séfévides a eu des répercussions sur les Alévis, une communauté religieuse qui était partisane de Shah Ismail I et de sa politique de chiitisation. Suite à la bataille, de nombreux Alévis ont été persécutés et massacrés durant la décennie qui a suivi, en raison de leur allégeance au Chah séfévide et de leurs croyances religieuses distinctes, qui étaient en désaccord avec les pratiques sunnites dominantes de l'Empire ottoman.

Après sa victoire à Tchaldiran, le sultan Selim I a continué son expansion, et en 1517, il a conquis le Caire, mettant ainsi fin au califat abbasside. Cette conquête a non seulement étendu l'Empire ottoman jusqu'en Égypte mais a également renforcé la position du sultan comme un leader musulman influent, puisqu'il s'est emparé du titre de calife, symbolisant ainsi l'autorité religieuse et politique sur le monde musulman sunnite. La bataille de Tchaldiran et ses conséquences illustrent donc les rivalités intenses entre les deux grandes puissances musulmanes de l'époque, façonnant de manière significative l'histoire politique, religieuse et territoriale du Moyen-Orient.

La Dynastie Qajar et la Modernisation de l'Iran[modifier | modifier le wikicode]

En 1796, l'Iran a vu l'émergence d'une nouvelle dynastie au pouvoir, la dynastie Qajar (ou Kadjar), fondée par Agha Mohammad Khan Qajar. D'origine turkmène, cette dynastie a remplacé la dynastie Zand et a régné sur l'Iran jusqu'au début du 20ème siècle. Agha Mohammad Khan Qajar, après avoir unifié diverses factions et territoires en Iran, s'est proclamé Shah en 1796, marquant ainsi le début officiel du règne des Qajar. Cette période a été significative pour plusieurs raisons dans l'histoire iranienne. Sous les Qajar, l'Iran a connu une période de centralisation du pouvoir et de consolidation territoriale après des années de troubles et de divisions internes. La capitale a été transférée de Shiraz à Téhéran, qui est devenue le centre politique et culturel du pays. Cette période a également été marquée par des relations internationales complexes, notamment avec les puissances impérialistes de l'époque, la Russie et la Grande-Bretagne. Les Qajar ont dû naviguer dans un environnement international difficile, avec l'Iran souvent pris dans les rivalités géopolitiques des grandes puissances, en particulier dans le cadre du "Grand Jeu" entre la Russie et la Grande-Bretagne. Ces interactions ont souvent conduit à la perte de territoires et à des concessions économiques et politiques importantes pour l'Iran.

Sur le plan culturel, la période Qajar est connue pour son art distinctif, notamment la peinture, l'architecture et les arts décoratifs. La cour Qajar était un centre de mécénat artistique, et cette période a vu un mélange unique de styles traditionnels iraniens avec des influences européennes modernes. Cependant, la dynastie Qajar a également été critiquée pour son incapacité à moderniser efficacement le pays et à répondre aux besoins de sa population. Cette lacune a conduit à des mécontentements internes et a jeté les bases des mouvements de réforme et des révolutions constitutionnelles qui se sont produits au début du 20ème siècle. La dynastie Qajar représente une période importante dans l'histoire iranienne, marquée par des efforts de centralisation du pouvoir, des défis diplomatiques et des contributions culturelles significatives, mais également par des luttes internes et des pressions extérieures qui ont façonné l'évolution ultérieure du pays.

L'Iran au 20ème Siècle : Vers une Monarchie Constitutionnelle[modifier | modifier le wikicode]

En 1906, l'Iran a connu un moment historique avec le début de sa période constitutionnelle, une étape majeure dans la modernisation politique du pays et la lutte pour la démocratie. Cette évolution a été largement influencée par les mouvements sociaux et politiques qui exigeaient une limitation du pouvoir absolu du monarque et une gouvernance plus représentative et constitutionnelle. La Révolution constitutionnelle iranienne a abouti à l'adoption de la première constitution du pays en 1906, marquant la transition de l'Iran vers une monarchie constitutionnelle. Cette constitution prévoyait la création d'un parlement, ou Majlis, et mettait en place des lois et des structures visant à moderniser et à réformer la société et le gouvernement iraniens. Cependant, cette période a également été marquée par des ingérences étrangères et la division du pays en sphères d'influence. L'Iran était pris dans les rivalités entre la Grande-Bretagne et la Russie, chacune cherchant à étendre son influence dans la région. Ces puissances ont établi différents "ordres internationaux" ou zones d'influence, limitant ainsi la souveraineté de l'Iran.

La découverte du pétrole en 1908-1909 a ajouté une nouvelle dimension à la situation en Iran. La découverte, faite dans la région de Masjed Soleyman, a rapidement attiré l'attention des puissances étrangères, en particulier de la Grande-Bretagne, qui a cherché à contrôler les ressources pétrolières iraniennes. Cette découverte a considérablement augmenté l'importance stratégique de l'Iran sur la scène internationale et a également complexifié la dynamique interne du pays. Malgré ces pressions extérieures et les enjeux liés aux ressources naturelles, l'Iran a maintenu une politique de neutralité, en particulier pendant les conflits mondiaux comme la Première Guerre mondiale. Cette neutralité était en partie une tentative de préserver son autonomie et de résister aux influences étrangères qui cherchaient à exploiter ses ressources et à contrôler sa politique. Le début du 20ème siècle a été une période de changement et de défi pour l'Iran, caractérisée par des efforts de modernisation politique, l'émergence de nouveaux enjeux économiques avec la découverte du pétrole, et la navigation dans un environnement international complexe.

L’Empire ottoman dans la Première Guerre mondiale[modifier | modifier le wikicode]

atlas-historique.net

Manœuvres Diplomatiques et Formation d'Alliances[modifier | modifier le wikicode]

L'entrée de l'Empire ottoman dans la Première Guerre mondiale en 1914 a été précédée par une période de manœuvres diplomatiques et militaires complexes, impliquant plusieurs grandes puissances, y compris la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne. Après avoir exploré des alliances potentielles avec la Grande-Bretagne et la France, l'Empire ottoman a finalement opté pour une alliance avec l'Allemagne. Cette décision a été influencée par plusieurs facteurs, y compris les liens militaires et économiques préexistants entre les Ottomans et l'Allemagne, ainsi que les perceptions des intentions des autres grandes puissances européennes.

Malgré cette alliance, les Ottomans étaient réticents à entrer directement dans le conflit, conscient de leurs difficultés internes et de leurs limites militaires. Cependant, la situation a changé avec l'incident des Dardanelles. Les Ottomans ont utilisé des navires de guerre (dont certains avaient été acquis de l'Allemagne) pour bombarder des ports russes sur la mer Noire. Cette action a entraîné l'Empire ottoman dans la guerre aux côtés des Puissances centrales et contre les Alliés, notamment la Russie, la France et la Grande-Bretagne.

En réponse à l'entrée en guerre de l'Empire ottoman, les Britanniques ont lancé la Campagne des Dardanelles en 1915. L'objectif était de prendre le contrôle des Dardanelles et du Bosphore, ouvrant ainsi une voie maritime vers la Russie. Cependant, cette campagne s'est soldée par un échec pour les forces alliées et a entraîné de lourdes pertes des deux côtés. Parallèlement, la Grande-Bretagne a formalisé son contrôle sur l'Égypte, proclamant le protectorat britannique sur l'Égypte en 1914. Cette décision était stratégiquement motivée, en grande partie pour sécuriser le Canal de Suez, un point de passage vital pour les routes maritimes britanniques, en particulier pour l'accès aux colonies en Asie. Ces événements illustrent la complexité de la situation géopolitique au Moyen-Orient pendant la Première Guerre mondiale. Les décisions de l'Empire ottoman ont eu des implications importantes, non seulement pour leur propre empire mais aussi pour la configuration du Moyen-Orient dans l'après-guerre.

La Révolte Arabe et les Dynamiques Changeantes au Moyen-Orient[modifier | modifier le wikicode]

Pendant la Première Guerre mondiale, les Alliés ont cherché à affaiblir l'Empire ottoman en ouvrant un nouveau front dans le sud, ce qui a conduit à la célèbre Révolte arabe de 1916. Cette révolte a été un moment clé dans l'histoire du Moyen-Orient et a marqué le début du mouvement nationaliste arabe. Le chérif Hussein ben Ali, le chérif de La Mecque, a joué un rôle central dans cette révolte. Sous son impulsion, et avec l'encouragement et le soutien de figures telles que T.E. Lawrence, connu sous le nom de Lawrence d'Arabie, les Arabes se sont soulevés contre la domination ottomane dans l'espoir de créer un État arabe unifié. Cette aspiration à l'indépendance et à l'unification était motivée par un désir de libération nationale et par la promesse d'autonomie faite par les Britanniques, notamment par le général Henry MacMahon.

La Révolte arabe a eu plusieurs succès significatifs. En juin 1917, Fayçal, fils de Hussein ben Ali, a remporté la bataille d’Aqaba, un tournant stratégique dans la révolte. Cette victoire a permis d'ouvrir un front crucial contre les Ottomans et a renforcé le moral des forces arabes. Avec l'aide de Lawrence d'Arabie et d'autres officiers britanniques, Fayçal a réussi à unir plusieurs tribus arabes du Hedjaz, ce qui a abouti à la libération de Damas en 1917. En 1920, Fayçal s'est proclamé Roi de Syrie, affirmant l'aspiration arabe à l'autodétermination et à l'indépendance. Cependant, ses ambitions ont été confrontées à la réalité de la politique internationale. Les accords Sykes-Picot de 1916, un arrangement secret entre la Grande-Bretagne et la France, avaient déjà partagé de grandes parties du Moyen-Orient en zones d'influence, compromettant ainsi les espoirs d'un grand royaume arabe unifié. La Révolte arabe a été un facteur déterminant dans l'affaiblissement de l'Empire ottoman pendant la guerre et a posé les bases du nationalisme arabe moderne. Toutefois, l'après-guerre a vu la division du Moyen-Orient en plusieurs États-nations sous mandat européen, éloignant ainsi la réalisation d'un État arabe unifié, tel qu'envisagé par Hussein ben Ali et ses partisans.

Défis Internes et le Génocide Arménien[modifier | modifier le wikicode]

La Première Guerre mondiale a été marquée par des développements complexes et des changements de dynamiques, notamment le retrait de la Russie du conflit en raison de la Révolution russe en 1917. Ce retrait a eu des implications significatives pour le cours de la guerre et pour les autres puissances belligérantes. Le retrait de la Russie a allégé la pression sur les Puissances centrales, notamment l'Allemagne, qui pouvait désormais concentrer ses forces sur le front occidental contre la France et ses alliés. Ce changement a inquiété la Grande-Bretagne et ses alliés, qui cherchaient des moyens de maintenir l'équilibre des forces.

Concernant les juifs bolchéviques, il est important de noter que les révolutions russes de 1917 et l'ascension du bolchévisme ont été des phénomènes complexes influencés par divers facteurs internes à la Russie. Bien qu'il y ait eu des juifs parmi les bolchéviques, comme dans de nombreux mouvements politiques de l'époque, leur présence ne devrait pas être surinterprétée ou utilisée pour promouvoir des narratifs simplistes ou antisémites. En ce qui concerne l'Empire ottoman, Enver Pacha, l'un des leaders du mouvement des Jeunes Turcs et ministre de la Guerre, a joué un rôle clé dans la conduite de la guerre. En 1914, il a lancé une offensive désastreuse contre les Russes dans le Caucase, qui s'est soldée par une défaite majeure pour les Ottomans à la bataille de Sarikamish.

La défaite d'Enver Pacha a eu des conséquences tragiques, notamment le déclenchement du génocide arménien. En cherchant un bouc émissaire pour expliquer la défaite, Enver Pacha et d'autres dirigeants ottomans ont accusé la minorité arménienne de l'empire de collusion avec les Russes. Ces accusations ont alimenté une campagne de déportations, de massacres et d'exterminations systématiques contre les Arméniens, qui ont abouti à ce que l'on reconnaît aujourd'hui comme le génocide arménien. Ce génocide représente l'un des épisodes les plus sombres de la Première Guerre mondiale et de l'histoire de l'Empire ottoman, soulignant les horreurs et les conséquences tragiques des conflits à grande échelle et des politiques de haine ethnique.

Règlement d'Après-Guerre et Redéfinition du Moyen-Orient[modifier | modifier le wikicode]

La Conférence de paix de Paris, qui a débuté en janvier 1919, a été un moment crucial dans la redéfinition de l'ordre mondial après la Première Guerre mondiale. Cette conférence a rassemblé les dirigeants des principales puissances alliées pour discuter des termes de la paix et de l'avenir géopolitique, notamment des territoires de l'Empire ottoman défaillant. L'un des sujets majeurs abordés lors de la conférence concernait l'avenir des territoires ottomans au Moyen-Orient. Les Alliés envisageaient de redessiner les frontières de la région, influencés par diverses considérations politiques, stratégiques et économiques, y compris le contrôle des ressources pétrolières. Bien que la conférence ait théoriquement permis aux nations concernées de présenter leur point de vue, en pratique, plusieurs délégations ont été marginalisées ou leurs demandes ignorées. Par exemple, la délégation égyptienne, qui cherchait à discuter de l'indépendance de l'Égypte, a été confrontée à des obstacles, illustrés par l'exil de certains de ses membres à Malte. Cette situation reflète la dynamique de pouvoir inégale à la conférence, où les intérêts des puissances européennes prédominantes ont souvent prévalu.

Fayçal, fils de Hussein ben Ali et leader de la Révolte arabe, a joué un rôle important lors de la conférence. Il a représenté les intérêts arabes et a plaidé pour la reconnaissance de l'indépendance et de l'autonomie arabe. En dépit de ses efforts, les décisions prises à la conférence n'ont pas pleinement répondu aux aspirations arabes pour un État indépendant et unifié. Fayçal a ensuite créé un État en Syrie, se proclamant roi de Syrie en 1920. Cependant, ses ambitions ont été de courte durée, car la Syrie a été placée sous mandat français après la Conférence de San Remo en 1920, une décision qui a fait partie de la division du Moyen-Orient entre les puissances européennes conformément aux accords Sykes-Picot de 1916. La Conférence de Paris et ses résultats ont donc eu des implications profondes pour le Moyen-Orient, jetant les bases de nombreuses tensions et conflits régionaux qui perdurent jusqu'à aujourd'hui. Les décisions prises ont reflété les intérêts des puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale, souvent au détriment des aspirations nationales des peuples de la région.

L'accord entre Georges Clemenceau, représentant de la France, et Fayçal, leader de la Révolte arabe, ainsi que les discussions autour de la création de nouveaux États au Moyen-Orient, sont des éléments clés de la période post-Première Guerre mondiale qui ont façonné l'ordre géopolitique de la région. L'accord Clemenceau-Fayçal était perçu comme étant très favorable à la France. Fayçal, cherchant à sécuriser une forme d'autonomie pour les territoires arabes, a dû faire des concessions significatives. La France, ayant des intérêts coloniaux et stratégiques dans la région, a utilisé sa position à la Conférence de Paris pour asseoir son contrôle, notamment sur des territoires comme la Syrie et le Liban. La délégation libanaise a obtenu le droit de créer un État distinct, le Grand Liban, sous mandat français. Cette décision a été influencée par les aspirations des communautés chrétiennes maronites du Liban, qui cherchaient à établir un État avec des frontières élargies et une certaine autonomie sous la tutelle française. Concernant la question kurde, des promesses ont été faites pour la création d'un Kurdistan. Ces promesses étaient en partie une reconnaissance des aspirations nationalistes kurdes et un moyen d'affaiblir l'Empire ottoman. Cependant, la mise en œuvre de cette promesse s'est avérée complexe et a finalement été largement ignorée dans les traités post-guerre.

Tous ces éléments ont convergé vers le Traité de Sèvres en 1920, qui a formalisé le démembrement de l'Empire ottoman. Ce traité a redessiné les frontières du Moyen-Orient, créant de nouveaux États sous mandats français et britannique. Le traité a également prévu la création d'une entité kurde autonome, bien que cette disposition n'ait jamais été mise en œuvre. Le Traité de Sèvres, bien que jamais pleinement ratifié et plus tard remplacé par le Traité de Lausanne en 1923, a été un moment décisif dans l'histoire de la région. Il a posé les bases de la structure politique moderne du Moyen-Orient mais a également semé les graines de nombreux conflits futurs, en raison de l'ignorance des réalités ethniques, culturelles et historiques de la région.

La Transition vers la République et la Montée d'Atatürk[modifier | modifier le wikicode]

Après la fin de la Première Guerre mondiale, l'Empire ottoman, affaibli et sous pression, a accepté de signer le Traité de Sèvres en 1920. Ce traité, qui démantelait l'Empire ottoman et redistribuait ses territoires, semblait marquer la conclusion de la longue "Question d'Orient" concernant le destin de l'empire. Cependant, loin de mettre fin aux tensions dans la région, le Traité de Sèvres a exacerbé les sentiments nationalistes et a conduit à de nouveaux conflits.

En Turquie, une forte résistance nationaliste, dirigée par Mustafa Kemal Atatürk, s'est formée en opposition au Traité de Sèvres. Ce mouvement nationaliste s'est opposé aux dispositions du traité qui imposaient des pertes territoriales sévères et une influence étrangère accrue sur le territoire ottoman. La résistance a combattu contre divers groupes, notamment les Arméniens, les Grecs en Anatolie et les Kurdes, dans le but de forger un nouvel État-nation turc homogène. La Guerre d'indépendance turque, qui a suivi, a été une période de conflit intense et de recomposition territoriale. Les forces nationalistes turques ont réussi à repousser les armées grecques en Anatolie et à contrer les autres groupes contestataires. Cette victoire militaire a été un élément clé dans la fondation de la République de Turquie en 1923.

En conséquence de ces événements, le Traité de Sèvres a été remplacé par le Traité de Lausanne en 1923. Ce nouveau traité a reconnu les frontières de la nouvelle République de Turquie et a annulé les dispositions les plus punitives du Traité de Sèvres. Le Traité de Lausanne a marqué une étape importante dans l'établissement de la Turquie moderne en tant qu'État souverain et indépendant, redéfinissant son rôle dans la région et dans les affaires internationales. Ces événements ont non seulement redessiné la carte politique du Moyen-Orient mais ont également marqué la fin de l'Empire ottoman et ont ouvert un nouveau chapitre dans l'histoire de la Turquie, avec des répercussions qui continuent d'influencer la région et le monde jusqu'à aujourd'hui.

L'Abolition du Califat et ses Répercussions[modifier | modifier le wikicode]

L'abolition du califat en 1924 est un événement majeur dans l'histoire moderne du Moyen-Orient, marquant la fin d'une institution islamique qui avait duré pendant des siècles. Cette décision a été prise par Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie, dans le cadre de ses réformes visant à séculariser et moderniser le nouvel État turc. La suppression du califat a été un coup porté à la structure traditionnelle de l'autorité islamique. Le calife était considéré comme le chef spirituel et temporel de la communauté musulmane (oumma) depuis l'époque du prophète Mahomet. Avec l'abolition du califat, cette institution centrale de l'islam sunnite a disparu, laissant un vide dans le leadership musulman.

En réaction à l'abolition du califat par la Turquie, Hussein ben Ali, qui était devenu le roi du Hedjaz après la chute de l'Empire ottoman, s'est proclamé calife. Hussein, membre de la famille hachémite et descendant direct du prophète Mahomet, cherchait à revendiquer cette position pour maintenir une forme de continuité spirituelle et politique dans le monde musulman. Cependant, la prétention de Hussein au califat n'a pas été largement reconnue et a été de courte durée. Sa position était affaiblie par des défis internes et externes, notamment l'opposition de la famille Saoud, qui contrôlait une grande partie de la péninsule Arabique. La montée en puissance des Saouds, sous la direction d'Abdelaziz Ibn Saoud, a finalement conduit à la conquête du Hedjaz et à l'établissement du royaume d'Arabie saoudite. L'éviction de Hussein ben Ali par les Saouds a symbolisé le changement radical de pouvoir dans la péninsule Arabique et a marqué la fin de ses ambitions de califat. Cet événement a également mis en évidence les transformations politiques et religieuses en cours dans le monde musulman, marquant le début d'une nouvelle ère dans laquelle la politique et la religion commenceraient à suivre des chemins plus distincts dans de nombreux pays musulmans.

La période suivant la Première Guerre mondiale a été cruciale pour la redéfinition politique du Moyen-Orient, avec des interventions significatives des puissances européennes, notamment la France et la Grande-Bretagne. En 1920, un événement majeur a eu lieu en Syrie, marquant un tournant dans l'histoire de la région. Fayçal, le fils de Hussein ben Ali et figure centrale de la Révolte arabe, avait établi un royaume arabe en Syrie après la chute de l'Empire ottoman, aspirant à réaliser le rêve d'un État arabe unifié. Cependant, ses ambitions se heurtèrent à la réalité des intérêts coloniaux français. Après la bataille de Maysaloun en juillet 1920, les Français, agissant sous leur mandat de la Société des Nations, prirent le contrôle de Damas et démantelèrent l'État arabe de Fayçal, mettant ainsi fin à son règne en Syrie. Cette intervention française a reflété les dynamiques complexes de l'après-guerre, où les aspirations nationales des peuples du Moyen-Orient ont souvent été éclipsées par les intérêts stratégiques des puissances européennes. Fayçal, déchu de son trône syrien, a toutefois trouvé un nouveau destin en Irak. En 1921, sous l'égide britannique, il fut installé comme le premier roi de la monarchie hachémite d'Irak, un mouvement stratégique de la part des Britanniques pour assurer un leadership favorable et une stabilité dans cette région riche en pétrole.

Parallèlement, en Transjordanie, une autre manœuvre politique a été mise en œuvre par les Britanniques. Pour contrecarrer les aspirations sionistes en Palestine et maintenir un équilibre dans leur mandat, ils ont créé le royaume de Transjordanie en 1921 et y ont installé Abdallah, un autre fils de Hussein ben Ali. Cette décision visait à fournir à Abdallah un territoire sur lequel régner, tout en conservant la Palestine sous contrôle britannique direct. La création de la Transjordanie a été une étape importante dans la formation de l'État moderne de Jordanie et a illustré la manière dont les intérêts coloniaux ont façonné les frontières et les structures politiques du Moyen-Orient moderne. Ces développements dans la région après la Première Guerre mondiale démontrent la complexité de la politique du Moyen-Orient dans la période de l'entre-deux-guerres. Les décisions prises par les puissances mandataires européennes, influencées par leurs propres intérêts stratégiques et géopolitiques, ont eu des conséquences durables, posant les fondements des structures étatiques et des conflits qui continuent d'affecter le Moyen-Orient. Ces événements soulignent également la lutte entre les aspirations nationales des peuples de la région et les réalités du pouvoir colonial européen, un thème récurrent dans l'histoire du Moyen-Orient au XXe siècle.

Les Répercussions de la Conférence de San Remo[modifier | modifier le wikicode]

La Conférence de San Remo, tenue en avril 1920, a été un moment déterminant dans l'histoire post-première Guerre mondiale, en particulier pour le Moyen-Orient. Elle a principalement porté sur l'attribution des mandats sur les anciennes provinces de l'Empire ottoman, suite à sa défaite et à sa dislocation. Lors de cette conférence, les puissances alliées victorieuses ont décidé de la répartition des mandats. La France a obtenu le mandat sur la Syrie et le Liban, prenant ainsi le contrôle de deux régions stratégiquement importantes et culturellement riches. De leur côté, les Britanniques ont été chargés des mandats sur la Transjordanie, la Palestine et la Mésopotamie, cette dernière étant rebaptisée Irak. Ces décisions reflétaient les intérêts géopolitiques et économiques des puissances coloniales, notamment en termes d'accès aux ressources et de contrôle stratégique.

Parallèlement à ces développements, la Turquie, sous la direction de Mustafa Kemal Atatürk, était engagée dans un processus de redéfinition nationale. Après la guerre, la Turquie a cherché à établir de nouvelles frontières nationales. Cette période a été marquée par des conflits tragiques, notamment l'écrasement des Arméniens, qui a fait suite au génocide arménien perpétré pendant la guerre. En 1923, après plusieurs années de luttes et de négociations diplomatiques, Mustafa Kemal Atatürk a réussi à renégocier les termes du traité de Sèvres, qui avait été imposé à la Turquie en 1920 et qui était largement considéré comme humiliant et inacceptable par les nationalistes turcs. Le traité de Lausanne, signé en juillet 1923, a remplacé le traité de Sèvres et a reconnu la souveraineté et les frontières de la nouvelle République de Turquie. Ce traité a marqué la fin officielle de l'Empire ottoman et a établi les fondements de l'État turc moderne.

Le traité de Lausanne est considéré comme un succès majeur pour Mustafa Kemal et le mouvement nationaliste turc. Il a non seulement redéfini les frontières de la Turquie mais a également permis à la nouvelle république de prendre un nouveau départ sur la scène internationale, libérée des restrictions du traité de Sèvres. Ces événements de la Conférence de San Remo à la signature du traité de Lausanne ont eu un impact profond sur le Moyen-Orient, façonnant les frontières nationales, les relations internationales et les dynamiques politiques dans la région pour les décennies à venir.

Promesses des Alliés et revendications arabes[modifier | modifier le wikicode]

Durant la Première Guerre mondiale, le démantèlement et le partage de l'Empire ottoman étaient au cœur des préoccupations des puissances alliées, principalement la Grande-Bretagne, la France et la Russie. Ces puissances, anticipant une victoire sur l'Empire ottoman, allié des Puissances centrales, ont commencé à planifier le partage de ses vastes territoires.

En 1915, alors que la Première Guerre mondiale faisait rage, des négociations cruciales ont eu lieu à Constantinople, impliquant des représentants de la Grande-Bretagne, de la France et de la Russie. Ces discussions étaient centrées sur l'avenir des territoires de l'Empire ottoman, qui était alors allié aux Puissances centrales. L'Empire ottoman, affaibli et en déclin, était perçu par les Alliés comme un territoire à diviser en cas de victoire. Ces négociations à Constantinople étaient fortement motivées par des intérêts stratégiques et coloniaux. Chaque puissance cherchait à étendre son influence dans la région, qui était stratégiquement importante en raison de sa position géographique et de ses ressources. La Russie était particulièrement intéressée par le contrôle des détroits du Bosphore et des Dardanelles, qui étaient essentiels pour son accès à la Méditerranée. La France et la Grande-Bretagne, quant à elles, cherchaient à étendre leurs empires coloniaux et à sécuriser leur accès aux ressources, notamment le pétrole de la région. Cependant, il est important de noter que, bien que ces discussions aient eu un impact important sur l'avenir des territoires ottomans, les accords les plus significatifs et les plus détaillés concernant leur partage ont été formalisés plus tard, notamment dans l'accord Sykes-Picot de 1916.

L'accord Sykes-Picot de 1916, conclu par les diplomates britannique Mark Sykes et français François Georges-Picot, représente un moment clé dans l'histoire du Moyen-Orient, influençant profondément la configuration géopolitique de la région après la Première Guerre mondiale. Cet accord a été conçu pour définir le partage des territoires de l'Empire ottoman entre la Grande-Bretagne, la France et, dans une certaine mesure, la Russie, bien que la participation russe ait été rendue caduque par la Révolution russe de 1917. L'accord Sykes-Picot a établi des zones d'influence et de contrôle pour la France et la Grande-Bretagne dans le Moyen-Orient. Selon cet accord, la France devait obtenir un contrôle direct ou une influence sur la Syrie et le Liban, tandis que la Grande-Bretagne devait avoir un contrôle similaire sur l'Irak, la Jordanie et une région autour de la Palestine. Cependant, cet accord n'a pas défini précisément les frontières des futurs États, laissant cela à des négociations et des accords ultérieurs.

L'importance de l'accord Sykes-Picot réside dans son rôle en tant que "genèse" des mémoires collectives concernant l'espace géographique au Moyen-Orient. Il symbolise l'intervention impérialiste et les manipulations des puissances européennes dans la région, souvent au mépris des identités ethniques, religieuses et culturelles locales. Bien que l'accord ait influencé la création des États dans le Moyen-Orient, les frontières réelles de ces États ont été déterminées par des rapports de force ultérieurs, des négociations diplomatiques et des réalités géopolitiques qui ont évolué après la Première Guerre mondiale. Les conséquences de l'accord Sykes-Picot se sont manifestées dans les mandats de la Société des Nations attribués à la France et à la Grande-Bretagne après la guerre, conduisant à la formation de plusieurs États modernes du Moyen-Orient. Cependant, les frontières tracées et les décisions prises ont souvent ignoré les réalités ethniques et religieuses sur le terrain, semant les graines de futurs conflits et tensions dans la région. L'héritage de l'accord reste un sujet de débat et de mécontentement dans le Moyen-Orient contemporain, symbolisant les interventions et les divisions imposées par des puissances étrangères.

MOMCENC - promesses des Alliés et revendications arabes.png

Cette carte illustre la division des territoires de l'Empire ottoman telle que prévue par les accords Sykes-Picot de 1916 entre la France et la Grande-Bretagne, avec des zones d'administration directe et des zones d'influence.

La "Zone Bleue", représentant l'administration directe française, couvre les régions qui deviendront plus tard la Syrie et le Liban. Cela montre que la France avait l'intention d'exercer un contrôle direct sur les centres urbains et les régions côtières stratégiques. La "Zone Rouge", sous administration directe britannique, englobe le futur Irak avec des villes clés comme Bagdad et Bassora, ainsi que le Koweït, qui est représenté de manière détachée. Cette zone reflète l'intérêt britannique pour les régions pétrolifères et leur importance stratégique en tant que voie d'accès au Golfe Persique. La "Zone Brune", représentant la Palestine (y compris des lieux tels que Haïfa, Jérusalem et Gaza), n'est pas explicitement définie dans l'accord Sykes-Picot en termes de contrôle direct, mais elle est généralement associée à l'influence britannique. Plus tard, cette région deviendra un mandat britannique et le foyer de tensions politiques et de conflits en raison de la Déclaration Balfour et du mouvement sioniste.

Les "Zones Arabes A et B" sont des régions où l'autonomie arabe devait être reconnue sous la supervision française et britannique respectivement. Cela a été interprété comme une concession aux aspirations arabes pour une certaine forme d'autonomie ou d'indépendance, qui avaient été encouragées par les Alliés pendant la guerre pour gagner un soutien arabe contre l'Empire ottoman. Ce que cette carte ne montre pas, c'est la complexité et les multiples promesses faites par les Alliés pendant la guerre, qui ont souvent été contradictoires et ont conduit à des sentiments de trahison parmi les populations locales après la révélation de l'accord. La carte représente une simplification des accords Sykes-Picot, qui, dans la réalité, ont été beaucoup plus complexes et ont subi des modifications au fil du temps en raison des évolutions politiques, des conflits et des pressions internationales.

La révélation des accords Sykes-Picot par les bolchéviques russes après la Révolution russe de 1917 a eu un impact retentissant, non seulement dans la région du Moyen-Orient, mais aussi sur la scène internationale. En exposant ces accords secrets, les bolchéviques cherchaient à critiquer l'impérialisme des puissances occidentales, notamment la France et la Grande-Bretagne, et à démontrer leur propre engagement envers les principes d'autodétermination et de transparence. Les accords Sykes-Picot ne marquaient pas le début, mais plutôt un point culminant du long processus de la "Question d'Orient", une question diplomatique complexe qui avait préoccupé les puissances européennes pendant tout le 19ème siècle et le début du 20ème siècle. Ce processus concernait la gestion et le partage de l'influence sur les territoires de l'Empire ottoman en déclin, et les accords Sykes-Picot en étaient une étape décisive.

Selon ces accords, une zone d'influence française était établie en Syrie et au Liban, tandis que la Grande-Bretagne obtenait le contrôle ou l'influence sur l'Irak, la Jordanie et une région autour de la Palestine. L'intention était de créer des zones-tampons entre les sphères d'influence des grandes puissances, y compris entre les Britanniques et les Russes, qui avaient des intérêts concurrents dans la région. Cette configuration était en partie une réponse à la difficulté de cohabitation entre ces puissances, comme l'avait démontré leur compétition en Inde et ailleurs. La publication des accords Sykes-Picot a suscité une vive réaction dans le monde arabe, où ils étaient perçus comme une trahison des promesses faites aux leaders arabes pendant la guerre. Cette révélation a exacerbé les sentiments de méfiance envers les puissances occidentales et a alimenté les aspirations nationalistes et anti-impérialistes dans la région. L'impact de ces accords se fait encore sentir aujourd'hui, car ils ont jeté les bases des frontières modernes du Moyen-Orient et des dynamiques politiques qui continuent d'influencer la région.

Le génocide arménien[modifier | modifier le wikicode]

Contexte Historique et Début du Génocide (1915-1917)[modifier | modifier le wikicode]

La Première Guerre mondiale a été une période de conflits intenses et de bouleversements politiques, mais elle a également été marquée par l'un des événements les plus tragiques du début du XXe siècle : le génocide arménien. Ce génocide a été perpétré par le gouvernement Jeunes-Turcs de l'Empire ottoman entre 1915 et 1917, bien que des actes de violence et de déportation aient commencé avant et se soient poursuivis après ces dates.

Au cours de cet événement tragique, les Arméniens ottomans, un groupe ethnique chrétien minoritaire dans l'Empire ottoman, ont été systématiquement visés par des campagnes de déportations forcées, d'exécutions massives, de marches de la mort et de famines planifiées. Les autorités ottomanes, utilisant la guerre comme couverture et prétexte pour résoudre ce qu'elles considéraient comme un "problème arménien", ont orchestré ces actions dans le but d'éliminer la population arménienne de l'Anatolie et d'autres régions de l'empire. Les estimations du nombre de victimes varient, mais il est largement reconnu que jusqu'à 1,5 million d'Arméniens ont péri. Le génocide arménien a profondément marqué la mémoire collective arménienne et a eu des répercussions durables sur la communauté arménienne mondiale. Il est considéré comme l'un des premiers génocides modernes et a jeté une ombre sur les relations turco-arméniennes pendant plus d'un siècle.

La reconnaissance du génocide arménien reste un sujet sensible et controversé. De nombreux pays et organisations internationales ont reconnu formellement le génocide, mais certains débats et des tensions diplomatiques persistent, notamment avec la Turquie, qui conteste la caractérisation des événements en tant que génocide. Le génocide arménien a également eu des implications pour le droit international, en influençant le développement de la notion de génocide et en motivant les efforts pour prévenir de telles atrocités à l'avenir. Cet événement sombre souligne l'importance de la mémoire historique et de la reconnaissance des injustices passées dans la construction d'un avenir commun basé sur la compréhension et la réconciliation.

Racines Historiques de l'Arménie[modifier | modifier le wikicode]

Le peuple arménien possède une histoire antique et riche, remontant bien avant l'ère chrétienne. Selon la tradition et certaines mythologies nationalistes arméniennes, leurs racines seraient établies dès 200 avant J-C, et même plus tôt. Cela est soutenu par des preuves archéologiques et historiques montrant que les Arméniens ont occupé le plateau arménien depuis des millénaires. L'Arménie historique, souvent appelée l'Arménie Haute ou Grande Arménie, était située dans une région comprenant des parties de l'est de la Turquie moderne, de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie, de l'Iran et de l'Irak actuels. Cette région a vu naître le royaume d'Urartu, considéré comme un précurseur de l'Arménie antique, qui a prospéré du 9ème au 6ème siècle avant J-C. Le royaume d'Arménie a été établi et reconnu formellement au début du 6ème siècle avant J-C, après la chute d'Urartu et à travers l'intégration dans l'empire achéménide. Il a atteint son apogée sous le règne de Tigrane le Grand au 1er siècle avant J-C, où il s'est brièvement étendu pour former un empire allant de la mer Caspienne à la Méditerranée.

La profondeur historique de la présence arménienne dans la région est également illustrée par l'adoption précoce du christianisme comme religion d'État en 301 après J-C, faisant de l'Arménie le premier pays à le faire officiellement. Les Arméniens ont maintenu une identité culturelle et religieuse distincte tout au long des siècles, malgré les invasions et la domination de divers empires étrangers. Cette longue histoire a forgé une forte identité nationale qui a survécu à travers les âges, même face à de graves épreuves telles que le génocide arménien du début du XXe siècle. Les récits mythologiques et historiques arméniens, bien que parfois embellis dans un esprit nationaliste, s'appuient sur une histoire réelle et significative qui a contribué à la richesse culturelle et à la résilience du peuple arménien.

L'Arménie, Premier État Chrétien[modifier | modifier le wikicode]

L'Arménie détient le titre historique d'être le premier royaume à adopter officiellement le christianisme comme religion d'État. Cet événement monumental a eu lieu en l'an 301 après J-C, sous le règne du roi Tiridate III, et a été largement influencé par l'activité missionnaire de Saint Grégoire l'Illuminateur, qui est devenu le premier chef de l'Église arménienne. La conversion du royaume d'Arménie au christianisme a précédé celle de l'Empire romain, qui, sous l'empereur Constantin, a commencé à adopter le christianisme comme religion dominante après l'édit de Milan en 313 après J-C. La conversion arménienne a été un processus significatif qui a profondément influencé l'identité culturelle et nationale du peuple arménien. L'adoption du christianisme a conduit au développement de la culture et de l'art religieux arméniens, y compris l'architecture unique des églises et des monastères arméniens, ainsi que la création de l'alphabet arménien par Saint Mesrop Mashtots au début du 5ème siècle. Cet alphabet a permis la floraison de la littérature arménienne, notamment la traduction de la Bible et d'autres textes religieux importants, contribuant ainsi à renforcer l'identité chrétienne arménienne. La position de l'Arménie en tant que premier État chrétien a également eu des implications politiques et géopolitiques, souvent placée à la frontière de grands empires en compétition et entourée de voisins non chrétiens. Cette distinction a contribué à façonner le rôle et l'histoire de l'Arménie à travers les siècles, en faisant un acteur important dans l'histoire du christianisme et dans l'histoire régionale du Moyen-Orient et du Caucase.

L'histoire de l'Arménie après l'adoption du christianisme comme religion d'État a été complexe et souvent tumultueuse. Après plusieurs siècles de conflits avec des empires voisins et des périodes d'autonomie relative, les Arméniens ont connu un changement majeur avec les conquêtes arabes au 7ème siècle.

Avec l'expansion rapide de l'islam à la suite de la mort du prophète Mahomet, les forces arabes ont conquis de vastes étendues du Moyen-Orient, y compris une grande partie de l'Arménie, autour de l'an 640. Cette période a vu l'Arménie être divisée entre l'influence byzantine et le califat arabe, ce qui a entraîné une division culturelle et politique de la région arménienne. Pendant la période de domination arabe, et plus tard sous l'Empire ottoman, les Arméniens, en tant que chrétiens, étaient généralement classés comme "dhimmis" – une catégorie protégée mais inférieure de non-musulmans sous la loi islamique. Ce statut leur conférait une certaine protection et leur permettait de pratiquer leur religion, mais ils étaient également soumis à des taxes spécifiques et à des restrictions sociales et légales. La partie la plus importante de l'Arménie historique s'est retrouvée prise en étau entre l'Empire ottoman et l'Empire russe au 19ème et au début du 20ème siècle. Durant cette période, les Arméniens ont cherché à préserver leur identité culturelle et religieuse, tout en étant confrontés à des défis politiques croissants.

Sous le règne du Sultan Abdülhamid II (fin du 19ème siècle), l'Empire ottoman a adopté une politique panislamiste, cherchant à unir les divers peuples musulmans de l'empire en réponse au déclin de la puissance ottomane et aux pressions internes et externes. Cette politique a souvent exacerbé les tensions ethniques et religieuses au sein de l'Empire, ce qui a conduit à des violences contre les Arméniens et d'autres groupes non-musulmans. Les massacres hamidiens de la fin du 19ème siècle, durant lesquels des dizaines de milliers d'Arméniens ont été tués, sont un exemple tragique de la violence qui a précédé et préfiguré le génocide arménien de 1915. Ces événements ont mis en lumière les difficultés rencontrées par les Arméniens et d'autres minorités dans un empire en quête d'unité politique et religieuse face à l'émergence du nationalisme et du déclin impérial.

Le Traité de San Stefano et le Congrès de Berlin[modifier | modifier le wikicode]

Le Traité de San Stefano, signé en 1878, a été un moment charnière pour la question arménienne, qui est devenue un sujet de préoccupation internationale. Le traité a été conclu à la fin de la guerre russo-turque de 1877-1878, qui a vu une défaite significative pour l'Empire ottoman face à l'Empire russe. L'un des aspects les plus remarquables du Traité de San Stefano était la clause qui demandait à l'Empire ottoman de mettre en œuvre des réformes en faveur des populations chrétiennes, notamment les Arméniens, et d'améliorer leurs conditions de vie. Cela reconnaissait implicitement les mauvais traitements que les Arméniens avaient subis et la nécessité d'une protection internationale. Cependant, la mise en œuvre des réformes promises dans le traité a été largement inefficace. L'Empire ottoman, affaibli par la guerre et les pressions internes, était réticent à accorder des concessions qui auraient pu être perçues comme une ingérence étrangère dans ses affaires intérieures. De plus, les dispositions du Traité de San Stefano ont été remaniées plus tard cette année-là par le Congrès de Berlin, qui a ajusté les termes du traité pour répondre aux préoccupations des autres grandes puissances, notamment la Grande-Bretagne et l'Autriche-Hongrie.

Le Congrès de Berlin a néanmoins maintenu la pression sur l'Empire ottoman pour qu'il procède à des réformes, mais en pratique, peu de changements ont été effectués pour améliorer réellement la situation des Arméniens. Ce manque d'action, combiné à l'instabilité politique et aux tensions ethniques croissantes au sein de l'Empire, a créé un environnement qui a finalement conduit aux massacres hamidiens des années 1890 et, plus tard, au génocide arménien de 1915. La question arménienne internationalisée par le Traité de San Stefano a donc marqué le début d'une période où les puissances européennes ont commencé à exercer une influence plus directe sur les affaires de l'Empire ottoman, souvent sous le couvert de protéger les minorités chrétiennes. Cependant, l'écart entre les promesses de réformes et leur mise en œuvre a laissé un héritage d'engagements non tenus qui a eu des conséquences tragiques pour le peuple arménien.

La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle ont été une période de grande violence pour les communautés arméniennes et assyriennes de l'Empire ottoman. Les années 1895 et 1896 ont notamment été marquées par des massacres à grande échelle, souvent appelés les massacres hamidiens, du nom du sultan Abdülhamid II. Ces massacres ont été perpétrés en réponse aux manifestations arméniennes contre les taxes oppressives, les persécutions, et le manque de réformes promises par le traité de San Stefano. Les Jeunes Turcs, un mouvement nationaliste réformiste qui a pris le pouvoir après un coup d'État en 1908, étaient initialement perçus comme une source d'espoir pour les minorités de l'Empire ottoman. Cependant, une faction radicale de ce mouvement a fini par adopter une politique encore plus agressive et nationaliste que leurs prédécesseurs. Convaincus de la nécessité de créer un État turc homogène, ils ont considéré les Arméniens et d'autres minorités non turques comme des obstacles à leur vision nationale. La discrimination systématique contre les Arméniens a augmenté, alimentée par des accusations de trahison et de collusion avec les ennemis de l'Empire, notamment la Russie. Cette atmosphère de suspicion et de haine a créé le terreau pour le génocide qui a débuté en 1915. L'une des premières actions de cette campagne génocidaire a été l'arrestation et l'assassinat d'intellectuels et de leaders arméniens à Constantinople le 24 avril 1915, une date qui est maintenant commémorée comme le début du génocide arménien.

Les déportations massives, les marches de la mort vers le désert syrien et les massacres ont suivi, avec des estimations allant jusqu'à 1,5 million d'Arméniens tués. En plus des marches de la mort, des rapports attestent que des Arméniens ont été forcés de monter à bord de bateaux qui ont été intentionnellement coulés en mer Noire. Face à ces horreurs, certains Arméniens se sont convertis à l'islam pour survivre, tandis que d'autres se sont cachés ou ont été protégés par des voisins sympathiques, y compris des Kurdes. En parallèle, la population assyrienne a également subi des atrocités similaires entre 1914 et 1920. En tant que millet, ou communauté autonome reconnue par l'Empire ottoman, les Assyriens auraient dû bénéficier d'une certaine protection. Cependant, dans le contexte de la Première Guerre mondiale et du nationalisme turc, ils ont été la cible de campagnes d'extermination systématiques. Ces événements tragiques montrent comment la discrimination, la déshumanisation et l'extrémisme peuvent conduire à des actes de violence de masse. Le génocide arménien et les massacres des Assyriens sont des chapitres sombres de l'histoire qui soulignent l'importance de la mémoire, de la reconnaissance et de la prévention du génocide pour que de telles atrocités ne se reproduisent plus.

Vers la République de Turquie et le Déni du Génocide[modifier | modifier le wikicode]

L'occupation d'Istanbul par les Alliés en 1919 et la mise en place d'une cour martiale pour juger les responsables ottomans des atrocités commises pendant la guerre ont marqué une tentative de rendre justice pour les crimes commis, notamment le génocide arménien. Toutefois, la situation en Anatolie restait instable et complexe. Le mouvement nationaliste en Turquie, mené par Mustafa Kemal Atatürk, s'est rapidement développé en réponse aux conditions du Traité de Sèvres de 1920, qui démembré l'Empire ottoman et imposé des sanctions sévères à la Turquie. Les kémalistes ont rejeté ce traité, le considérant comme une humiliation et une menace pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Turquie.

Un des points de friction était la question des populations orthodoxes grecques en Turquie, qui étaient protégées par les dispositions du traité mais se trouvaient être un enjeu dans le conflit gréco-turc. Les tensions entre les communautés grecques et turques ont conduit à des violences et à des échanges de populations à grande échelle, exacerbées par la guerre entre la Grèce et la Turquie de 1919 à 1922. Mustafa Kemal, qui avait été un membre éminent des Jeunes Turcs et avait acquis une renommée en tant que défenseur des Dardanelles pendant la Première Guerre mondiale, est parfois cité comme ayant qualifié le génocide arménien d'"acte honteux". Cependant, ces affirmations sont sujettes à controverse et à débat historique. La position officielle de Kemal et de la République de Turquie naissante sur le génocide a été de le nier et de l'attribuer aux circonstances de guerre et aux troubles civils plutôt qu'à une politique délibérée d'extermination.

Lors de la résistance pour l'Anatolie et la lutte pour l'établissement de la République de Turquie, Mustafa Kemal et ses partisans se sont concentrés sur la construction d'un État-nation turc unifié, et toute reconnaissance des événements passés qui auraient pu diviser ou affaiblir ce projet national était évitée. La période suivant la Première Guerre mondiale a donc été marquée par des changements politiques majeurs, des tentatives de justice post-conflit, et l'émergence de nouveaux États-nations dans la région, avec la République de Turquie naissante cherchant à définir sa propre identité et politique indépendamment de l'héritage ottoman.

La fondation de la Turquie[modifier | modifier le wikicode]

Le Traité de Lausanne et la Nouvelle Réalité Politique (1923)[modifier | modifier le wikicode]

Le traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923, a marqué un tournant décisif dans l'histoire contemporaine de la Turquie et du Moyen-Orient. Après l'échec du traité de Sèvres, principalement dû à la résistance nationale turque dirigée par Mustafa Kemal Atatürk, les Alliés ont été contraints de renégocier. Épuisées par la guerre et confrontées à la réalité d'une Turquie déterminée à défendre son intégrité territoriale, les puissances alliées ont dû reconnaître la nouvelle réalité politique établie par les nationalistes turcs. Le traité de Lausanne a établi les frontières internationalement reconnues de la République de Turquie moderne et a annulé les dispositions du traité de Sèvres, qui avait prévu la création d'un État kurde et reconnu un certain degré de protection pour les Arméniens. En n'incluant pas de disposition pour la création d'un Kurdistan ni de mesure pour les Arméniens, le traité de Lausanne a fermé la porte à la "question kurde" et à la "question arménienne" sur le plan international, laissant ces problématiques non résolues.

Dans le même temps, le traité a formalisé l'échange de populations entre la Grèce et la Turquie, ce qui a conduit à la "chasse des Grecs hors des territoires turcs", un épisode douloureux marqué par le déplacement forcé de populations et la fin de communautés historiques en Anatolie et en Thrace. Après la signature du traité de Lausanne, le Comité Union et Progrès (CUP), plus connu sous le nom de Jeunes Turcs, qui avait été au pouvoir pendant la Première Guerre mondiale, a été officiellement dissous. Plusieurs de ses dirigeants ont été exilés, et certains ont été assassinés dans le cadre d'opérations de représailles pour leur rôle dans le génocide arménien et les politiques destructrices de la guerre.

Dans les années qui ont suivi, la République de Turquie a été consolidée, et plusieurs associations nationalistes ont émergé avec pour objectif de défendre la souveraineté et l'intégrité de l'Anatolie. La religion a joué un rôle dans la construction de l'identité nationale, avec une distinction souvent évoquée entre l'"Occident chrétien" et l'"Anatolie musulmane". Ce discours a été utilisé pour renforcer la cohésion nationale et pour justifier la résistance contre toute influence ou intervention étrangère perçue comme une menace pour la nation turque. Le traité de Lausanne est donc considéré comme la pierre angulaire de la République de Turquie moderne, et son héritage continue de façonner la politique intérieure et extérieure de la Turquie, ainsi que ses relations avec ses voisins et les communautés minoritaires au sein de ses frontières.

L'Arrivée de Mustafa Kemal Atatürk et la Résistance Nationale Turque (1919)[modifier | modifier le wikicode]

L'arrivée de Mustafa Kemal Atatürk en Anatolie en mai 1919 a marqué le début d'une nouvelle phase dans la lutte pour l'indépendance et la souveraineté turque. S'opposant à l'occupation alliée et aux termes du traité de Sèvres, il s'est établi comme le leader de la résistance nationale turque. Dans les années qui ont suivi, Mustafa Kemal a mené plusieurs campagnes militaires cruciales. Il a combattu sur différents fronts : contre les Arméniens en 1921, contre les Français dans le sud de l'Anatolie pour redéfinir les frontières, et contre les Grecs, qui avaient occupé la ville d'Izmir en 1919 et avancé dans l'ouest de l'Anatolie. Ces conflits ont été des éléments clés du mouvement nationaliste turc pour établir un nouvel État-nation sur les ruines de l'Empire ottoman. La stratégie britannique dans la région était complexe. Confrontée à la possibilité d'un conflit élargi entre Grecs et Turcs d'une part, et entre Turcs et Britanniques de l'autre, la Grande-Bretagne a vu un avantage dans le fait de laisser les Grecs et les Turcs s'affronter, ce qui leur permettrait de concentrer leurs efforts ailleurs, notamment en Irak, un territoire riche en pétrole et stratégiquement important.

La guerre gréco-turque a culminé avec la victoire turque et le retrait grec de l'Anatolie en 1922, qui a abouti à la catastrophe d'Asie Mineure pour la Grèce et à une victoire majeure pour les forces nationalistes turques. La campagne militaire victorieuse de Mustafa Kemal a permis de renégocier les termes du traité de Sèvres et a abouti à la signature du traité de Lausanne en 1923, qui a reconnu la souveraineté de la République de Turquie et redéfini ses frontières. Parallèlement au traité de Lausanne, une convention pour l'échange de populations entre la Grèce et la Turquie a été établie. Cette convention a conduit à l'échange forcé de populations grecques orthodoxes et de populations turques musulmanes entre les deux pays, dans le but de créer des États ethniquement plus homogènes. Après avoir repoussé les forces françaises, conclu des accords de frontières et signé le traité de Lausanne, Mustafa Kemal a proclamé la République de Turquie le 29 octobre 1923, devenant son premier président. La proclamation de la République a marqué l'aboutissement des efforts de Mustafa Kemal pour fonder un État turc moderne, laïc et nationaliste sur les vestiges de l'Empire ottoman multiethnique et multiconfessionnel.

La Formation des Frontières et les Questions de Mossoul et Antioche[modifier | modifier le wikicode]

Après la conclusion du traité de Lausanne en 1923, qui a marqué la reconnaissance internationale de la République de Turquie et redéfini ses frontières, il restait encore des questions frontalières non résolues, notamment concernant la ville d'Antioche et la région de Mossoul. Ces questions ont nécessité des négociations supplémentaires et l'intervention d'organisations internationales pour être résolues. La ville d'Antioche, située dans la région historiquement riche et culturellement diverse du sud de l'Anatolie, était un sujet de revendication entre la Turquie et la France, cette dernière exerçant un mandat sur la Syrie, y compris Antioche. Cette ville, avec son passé multiculturel et son importance stratégique, était un point de tension entre les deux pays. Finalement, après des négociations, Antioche a été attribuée à la Turquie, bien que la décision ait été source de controverses et de tensions. La question de la région de Mossoul était encore plus complexe. Riche en pétrole, la région de Mossoul était revendiquée à la fois par la Turquie et par la Grande-Bretagne, qui détenait un mandat sur l'Irak. La Turquie, s'appuyant sur des arguments historiques et démographiques, souhaitait l'inclure dans ses frontières, tandis que la Grande-Bretagne soutenait son inclusion dans l'Irak pour des raisons stratégiques et économiques, notamment en raison de la présence de pétrole.

La Société des Nations, précurseur de l'Organisation des Nations Unies, est intervenue pour résoudre ce différend. Après une série de négociations, un accord a été conclu en 1925. Selon cet accord, la région de Mossoul serait intégrée à l'Irak, mais la Turquie recevrait une compensation financière, notamment sous la forme d'une part des revenus pétroliers. Cet accord stipulait également que la Turquie devait reconnaître officiellement l'Irak et ses frontières. Cette décision a été cruciale pour la stabilisation des relations entre la Turquie, l'Irak et la Grande-Bretagne et a joué un rôle important dans la définition des frontières de l'Irak, influençant les développements futurs du Moyen-Orient. Ces négociations et les accords qui en ont résulté illustrent la complexité des dynamiques post-première Guerre mondiale au Moyen-Orient. Elles montrent comment les frontières modernes de la région ont été façonnées par un mélange de revendications historiques, de considérations stratégiques et économiques, et d'interventions internationales, souvent reflétant les intérêts des puissances coloniales plutôt que ceux des populations locales.

Les Réformes Radicales de Mustafa Kemal Atatürk[modifier | modifier le wikicode]

La période post-première Guerre mondiale en Turquie a été marquée par des réformes radicales et des transformations menées par Mustafa Kemal Atatürk, qui a cherché à moderniser et séculariser la nouvelle République de Turquie. En 1922, une étape cruciale a été franchie avec l'abolition du sultanat ottoman par le parlement turc, une décision qui a mis fin à des siècles de règne impérial et a consolidé le pouvoir politique à Ankara, la nouvelle capitale de la Turquie. L'année 1924 a vu une autre réforme majeure avec l'abolition du califat. Cette décision a éliminé le leadership religieux et politique islamique qui avait été une caractéristique de l'Empire ottoman et a représenté un pas décisif vers la laïcisation de l'État. Parallèlement à cette suppression, le gouvernement turc a créé la Diyanet, ou la Présidence des affaires religieuses, une institution destinée à superviser et à réguler les questions religieuses dans le pays. Cette organisation avait pour but de placer les affaires religieuses sous le contrôle de l'État et de garantir que la religion ne serait pas utilisée à des fins politiques. Mustafa Kemal a ensuite mis en œuvre une série de réformes visant à moderniser la Turquie, souvent qualifiées de "modernisation autoritaire". Ces réformes comprenaient la laïcisation de l'éducation, la réforme du code vestimentaire, l'adoption d'un calendrier grégorien, et l'introduction de la loi civile en remplacement de la loi religieuse islamique.

Dans le cadre de la création d'un État-nation turc homogène, des politiques d'assimilation ont été mises en place à l'égard des minorités et des différentes ethnies. Ces politiques incluaient la création de patronymes turcs pour tous les citoyens, l'encouragement à adopter la langue turque et la culture turque, et la fermeture des écoles religieuses. Ces mesures visaient à unifier la population sous une identité turque commune, mais elles ont également soulevé des questions de droits culturels et d'autonomie pour les minorités. Ces réformes radicales ont transformé la société turque et ont jeté les bases de la Turquie moderne. Elles reflètent la volonté de Mustafa Kemal de créer un État moderne, laïc et unitaire, tout en naviguant dans le contexte complexe de l'après-guerre et des aspirations nationalistes. Ces changements ont profondément marqué l'histoire turque et continuent d'influencer la politique et la société turques aujourd'hui.

La période des années 1920 et 1930 en Turquie, sous la direction de Mustafa Kemal Atatürk, a été caractérisée par une série de réformes radicales visant à moderniser et occidentaliser le pays. Ces réformes ont touché presque tous les aspects de la vie sociale, culturelle et politique turque. L'une des premières mesures a été la création du ministère de l'Éducation, qui a joué un rôle central dans la réforme du système éducatif et la promotion de l'idéologie kémaliste. En 1925, l'une des réformes les plus symboliques a été l'imposition du port du chapeau européen, remplaçant le fez traditionnel, dans le cadre d'une politique visant à moderniser l'apparence et les coutumes vestimentaires des citoyens turcs.

Les réformes juridiques ont également été importantes, avec l'adoption de codes juridiques inspirés de modèles occidentaux, notamment le code civil suisse. Ces réformes visaient à remplacer le système juridique ottoman, fondé sur la charia (loi islamique), par un système juridique moderne et laïque. La Turquie a également adopté le système métrique, un calendrier grégorien et a changé son jour de repos de vendredi (traditionnellement observé dans les pays musulmans) à dimanche, alignant ainsi le pays sur les normes occidentales. L'une des réformes les plus radicales a été le changement de l'alphabet en 1928, passant de l'écriture arabe à un alphabet latin modifié. Cette réforme visait à accroître l'alphabétisation et à moderniser la langue turque. L'Institut de l'histoire turque, créé en 1931, faisait partie d'un effort plus large pour réinterpréter l'histoire turque et promouvoir l'identité nationale turque. Dans le même esprit, la politique de purification de la langue turque visait à éliminer les emprunts arabes et persans et à renforcer la théorie de la "Langue-soleil", une idéologie nationaliste qui affirmait l'origine ancienne et la supériorité de la langue et de la culture turques.

Concernant la question kurde, le gouvernement kémaliste a poursuivi une politique d'assimilation, considérant les Kurdes comme des "Turcs montagnards" et tentant de les intégrer dans l'identité nationale turque. Cette politique a conduit à des tensions et des conflits, notamment lors des répressions contre les populations kurdes et non musulmanes en 1938. La période kémaliste a été une ère de transformation profonde pour la Turquie, marquée par des efforts pour créer un État-nation moderne, laïc et homogène. Cependant, ces réformes, tout en étant progressistes dans leur intention de modernisation, ont également été accompagnées de politiques autoritaires et d'efforts d'assimilation qui ont laissé un héritage complexe et parfois controversé dans la Turquie contemporaine.

La période kémaliste en Turquie, qui a débuté avec la fondation de la République en 1923, a été caractérisée par une série de réformes visant à centraliser, nationaliser et séculariser l'État, ainsi qu'à européaniser la société. Ces réformes, menées par Mustafa Kemal Atatürk, visaient à rompre avec le passé impérial et islamique de l'Empire ottoman, perçu comme un obstacle au progrès et à la modernisation. L'objectif était de créer une Turquie moderne, alignée sur les valeurs et les normes occidentales. Dans cette perspective, l'héritage ottoman et islamique était souvent dépeint de manière négative, associé à l'arriération et à l'obscurantisme. Le tournant vers l'Occident se manifestait dans les domaines de la politique, de la culture, du droit, de l'éducation, et même dans le mode de vie quotidien.

Le Multipartisme et les Tensions entre Modernisation et Tradition (Post-1950)[modifier | modifier le wikicode]

Toutefois, avec l'arrivée du multipartisme dans les années 1950, le paysage politique turc a commencé à changer. La Turquie, qui avait fonctionné comme un État à parti unique sous le régime du Parti républicain du peuple (CHP), a commencé à s'ouvrir au pluralisme politique. Cette transition n'a pas été sans tensions. Les conservateurs, qui avaient souvent été marginalisés pendant la période kémaliste, ont commencé à remettre en question certaines des réformes kémalistes, en particulier celles concernant la laïcité et l'occidentalisation. Le débat entre laïcité et valeurs traditionnelles, entre occidentalisation et identité turque et islamique, est devenu un thème récurrent dans la politique turque. Les partis conservateurs et islamistes ont gagné du terrain, remettant en question l'héritage kémaliste et plaidant pour un retour à certaines valeurs traditionnelles et religieuses.

Cette dynamique politique a parfois conduit à des répressions et à des tensions, les différents gouvernements cherchant à consolider leur pouvoir tout en naviguant dans un environnement politique de plus en plus diversifié. Les périodes de tensions politiques et de répressions, notamment lors des coups d'État militaires de 1960, 1971, 1980 et de la tentative de 2016, témoignent des défis auxquels la Turquie a été confrontée dans sa quête d'équilibre entre modernisation et tradition, laïcité et religiosité, occidentalisation et identité turque. Ainsi, la période post-1950 en Turquie a vu un rééquilibrage complexe et parfois conflictuel entre l'héritage kémaliste et les aspirations d'une partie de la population à un retour aux valeurs traditionnelles, reflétant les tensions continues entre modernité et tradition dans la société turque contemporaine.

La Turquie et ses Défis Internes : Gestion de la Diversité Ethnique et Religieuse[modifier | modifier le wikicode]

La Turquie, en tant qu'alliée stratégique de l'Occident, notamment depuis son adhésion à l'OTAN en 1952, a dû concilier ses relations avec l'Occident et ses propres dynamiques politiques internes. Le multipartisme, introduit dans les années 1950, a été un élément clé de cette conciliation, reflétant une transition vers une forme plus démocratique de gouvernance. Cependant, cette transition a été marquée par des périodes d'instabilité et d'intervention militaire. En effet, la Turquie a connu plusieurs coups d'État militaires, environ tous les dix ans, notamment en 1960, 1971, 1980, et une tentative en 2016. Ces coups d'État étaient souvent justifiés par les militaires comme étant nécessaires pour restaurer l'ordre et protéger les principes de la République turque, notamment le kémalisme et la laïcité. Après chaque coup d'État, l'armée a généralement convoqué de nouvelles élections pour revenir à un régime civil, bien que l'armée ait continué à jouer un rôle de gardien de l'idéologie kémaliste.

Cependant, depuis les années 2000, le paysage politique turc a connu un changement significatif avec l'ascension des partis conservateurs et islamistes, en particulier le Parti de la justice et du développement (AKP). Sous la direction de Recep Tayyip Erdoğan, l'AKP a remporté plusieurs élections et a conservé le pouvoir pendant une période prolongée. Le gouvernement de l'AKP, bien qu'il prône des valeurs plus conservatrices et islamiques, n'a pas été renversé par l'armée. Cela représente un changement par rapport aux décennies précédentes où les gouvernements perçus comme s'écartant des principes kémalistes étaient souvent ciblés par des interventions militaires. Cette stabilité relative du gouvernement conservateur en Turquie suggère un rééquilibrage des forces entre l'armée et les partis politiques civils. Cela peut être attribué à une série de réformes visant à réduire le pouvoir politique de l'armée, ainsi qu'à un changement dans l'attitude de la population turque, qui est devenue de plus en plus réceptive à une gouvernance reflétant des valeurs conservatrices et islamiques. La dynamique politique de la Turquie contemporaine reflète les défis d'un pays naviguant entre son héritage kémaliste laïque et les tendances conservatrices et islamistes croissantes, tout en maintenant son engagement envers le multipartisme et les alliances occidentales.

La Turquie moderne a été confrontée à divers défis internes, y compris la gestion de sa diversité ethnique et religieuse. Les politiques d'assimilation, en particulier envers les populations kurdes, ont joué un rôle significatif dans le renforcement du nationalisme turc. Cette situation a engendré des tensions et des conflits, notamment avec la minorité kurde, qui n'a pas bénéficié du statut de millet (communauté autonome) qui était accordé à certaines minorités religieuses sous l'Empire ottoman. L'influence de l'antisémitisme et du racisme européens au cours du 20ème siècle a également eu un impact sur la Turquie. Dans les années 1930, des idées discriminatoires et xénophobes, influencées par les courants politiques et sociaux en Europe, ont commencé à se manifester en Turquie. Cela a abouti à des événements tragiques tels que les pogroms contre les Juifs en Thrace en 1934, où des communautés juives ont été ciblées, attaquées et contraintes de fuir leurs domiciles.

En outre, la loi d'imposition sur la richesse (Varlık Vergisi) introduite en 1942 a été une autre mesure discriminatoire qui a affecté principalement les minorités non turques et non musulmanes, y compris les Juifs, les Arméniens et les Grecs. Cette loi imposait des taxes exorbitantes sur la richesse, disproportionnellement élevées pour les non-musulmans, et ceux qui ne pouvaient pas payer étaient envoyés dans des camps de travail, notamment à Aşkale, dans l'est de la Turquie. Ces politiques et événements ont été le reflet de tensions ethniques et religieuses au sein de la société turque et d'une période où le nationalisme turc a parfois été interprété de manière exclusive et discriminatoire. Ils ont également souligné la complexité du processus de formation d'un État-nation dans une région aussi diverse que l'Anatolie, où une multitude de groupes ethniques et religieux coexistaient. Le traitement des minorités en Turquie pendant cette période reste un sujet sensible et controversé, reflétant les défis auxquels le pays a été confronté dans sa quête d'une identité nationale unifiée tout en gérant sa diversité interne. Ces événements ont également eu des répercussions à long terme sur les relations entre différents groupes ethniques et religieux en Turquie.

Séparation entre Sécularisation et Laïcité : L'Héritage de la Période Kémaliste[modifier | modifier le wikicode]

La distinction entre sécularisation et laïcité est importante pour comprendre les dynamiques sociales et politiques dans divers contextes historiques et géographiques. La sécularisation se réfère à un processus historique et culturel au cours duquel les sociétés, les institutions et les individus commencent à se détacher de l'influence et des normes religieuses. Dans une société sécularisée, la religion perd progressivement son influence sur la vie publique, les lois, l'éducation, la politique, et d'autres domaines. Ce processus ne signifie pas nécessairement que les individus deviennent moins religieux sur le plan personnel, mais plutôt que la religion devient une affaire privée, distincte des affaires publiques et de l'État. La sécularisation est souvent associée à la modernisation, au développement scientifique et technologique, et à l'évolution des normes sociales. La laïcité, en revanche, est une politique institutionnelle et légale par laquelle un État se déclare neutre en matière de religion. Il s'agit d'une décision de séparer l'État des institutions religieuses, garantissant que les décisions gouvernementales et les politiques publiques ne sont pas influencées par des doctrines religieuses spécifiques. La laïcité peut coexister avec une société profondément religieuse; elle concerne surtout la manière dont l'État gère sa relation avec les différentes religions. En théorie, la laïcité vise à garantir la liberté de religion, en traitant toutes les religions de manière égale et en évitant le favoritisme envers une religion spécifique.

Les exemples historiques et contemporains montrent différentes combinaisons de ces deux concepts. Par exemple, certains pays européens ont connu une sécularisation importante tout en maintenant des liens officiels entre l'État et certaines églises (comme le Royaume-Uni avec l'Église d'Angleterre). D'autre part, des pays comme la France ont adopté une politique stricte de laïcité (laïcité), tout en étant historiquement des sociétés fortement imprégnées de traditions religieuses. En Turquie, la période kémaliste a vu l'introduction d'une forme stricte de laïcité avec la séparation de la mosquée et de l'État, tout en vivant dans une société où la religion musulmane a continué à jouer un rôle significatif dans la vie privée des individus. La politique de laïcité kémaliste visait à moderniser et à unifier la Turquie, s'inspirant des modèles occidentaux, tout en naviguant dans le contexte complexe d'une société qui avait une longue histoire d'organisation sociale et politique autour de l'islam.

La période postérieure à la Seconde Guerre mondiale en Turquie a été marquée par plusieurs incidents qui ont exacerbé les tensions ethniques et religieuses dans le pays, affectant notamment les minorités. Parmi ces incidents, l'attentat à la bombe dans la maison natale de Mustafa Kemal Atatürk à Thessalonique en 1955 (alors en Grèce) a servi de catalyseur à un des événements les plus tragiques de l'histoire moderne turque : les pogroms d'Istanbul. Les pogroms d'Istanbul, également connus sous le nom d'événements du 6-7 septembre 1955, ont été une série de violentes attaques principalement dirigées contre la communauté grecque de la ville, mais aussi contre d'autres minorités, notamment arméniennes et juives. Ces attaques ont été déclenchées par des rumeurs sur l'attentat à la bombe contre la maison natale d'Atatürk et ont été exacerbées par des sentiments nationalistes et anti-minoritaires. Les émeutes se sont traduites par des destructions massives de propriétés, des violences et le déplacement de nombreuses personnes.

Cet événement a marqué un tournant dans l'histoire des minorités en Turquie, entraînant une diminution significative de la population grecque d'Istanbul et un sentiment général d'insécurité parmi les autres minorités. Les pogroms d'Istanbul ont également révélé les tensions sous-jacentes au sein de la société turque concernant les questions d'identité nationale, de diversité ethnique et religieuse, et les défis de maintenir l'harmonie dans un État-nation diversifié. Depuis lors, la proportion de minorités ethniques et religieuses en Turquie a considérablement diminué en raison de divers facteurs, notamment l'émigration, les politiques d'assimilation, et parfois les tensions et conflits intercommunautaires. Bien que la Turquie moderne se soit efforcée de promouvoir une image de société tolérante et diversifiée, l'héritage de ces événements historiques continue d'influencer les relations entre les différentes communautés et la politique de l'État envers les minorités. La situation des minorités en Turquie reste un sujet sensible, illustrant les défis auxquels sont confrontés de nombreux États dans la gestion de la diversité et dans la préservation des droits et de la sécurité de toutes les communautés au sein de leurs frontières.

Les Alévis[modifier | modifier le wikicode]

L'Impact de la Fondation de la République de Turquie sur les Alévis (1923)[modifier | modifier le wikicode]

La création de la République de Turquie en 1923 et les réformes laïques et sécularisatrices initiées par Mustafa Kemal Atatürk ont eu un impact significatif sur divers groupes religieux et ethniques en Turquie, y compris la communauté alévie. Les Alévis, un groupe religieux et culturel distinct au sein de l'Islam, pratiquant une forme de croyance qui diffère du sunnisme majoritaire, ont accueilli avec un certain optimisme la fondation de la République turque. La promesse de laïcité et de sécularisation offrait l'espoir d'une plus grande égalité et d'une liberté religieuse accrue, comparativement à la période de l'Empire ottoman où ils avaient souvent été l'objet de discriminations et parfois de violences.

Cependant, avec la création de la Direction des Affaires Religieuses (Diyanet) après l'abolition du califat en 1924, le gouvernement turc a cherché à réguler et à contrôler les affaires religieuses. Bien que la Diyanet ait été conçue pour exercer un contrôle étatique sur la religion et promouvoir un islam compatible avec les valeurs républicaines et laïques, en pratique, elle a souvent favorisé l'islam sunnite, qui est la branche majoritaire en Turquie. Cette politique a posé des problèmes pour la communauté alévie, qui s'est sentie marginalisée par la promotion étatique d'une forme d'islam qui ne correspondait pas à leurs croyances et pratiques religieuses. Bien que la situation des Alévis sous la République turque fût nettement meilleure que sous l'Empire ottoman, où ils étaient fréquemment persécutés, ils ont continué à faire face à des défis concernant leur reconnaissance et leurs droits religieux.

Au fil des ans, les Alévis ont lutté pour une reconnaissance officielle de leurs lieux de culte (cemevis) et pour une représentation équitable dans les affaires religieuses. Malgré les progrès réalisés en termes de laïcité et de droits civils en Turquie, la question alévie reste un enjeu important, reflétant les défis plus larges de la Turquie dans la gestion de sa diversité religieuse et ethnique dans un cadre laïc. La situation des Alévis en Turquie est donc un exemple de la complexité des relations entre l'État, la religion et les minorités dans un contexte de modernisation et de laïcisation, illustrant comment les politiques d'état peuvent influencer la dynamique sociale et religieuse au sein d'une nation.

L'Engagement Politique des Alévis dans les Années 1960[modifier | modifier le wikicode]

Dans les années 1960, la Turquie a connu une période de changements politiques et sociaux significatifs, avec l'émergence de divers mouvements et partis politiques représentant une gamme de vues et d'intérêts. C'était une époque de dynamisme politique, marquée par une plus grande expression des identités et des revendications politiques, y compris celles des groupes minoritaires comme les Alévis. La création du premier parti politique alévi durant cette période a été un développement important, reflétant une volonté croissante de la part de cette communauté de s'engager dans le processus politique et de défendre ses intérêts spécifiques. Les Alévis, avec leurs croyances et pratiques distinctes, ont souvent cherché à promouvoir une plus grande reconnaissance et respect de leurs droits religieux et culturels. Cependant, il est également vrai que d'autres partis politiques, notamment ceux de gauche ou communistes, ont répondu aux demandes de l'électorat kurde et alévi. Ces partis, en promouvant des idées de justice sociale, d'égalité et de droits des minorités, ont attiré un soutien significatif de ces communautés. Les questions de droits des minorités, de justice sociale, et de laïcité étaient souvent au cœur de leurs plateformes politiques, ce qui résonnait avec les préoccupations des Alévis et des Kurdes.

Dans le contexte de la Turquie des années 1960, marquée par une tension politique croissante et des clivages idéologiques, les partis de gauche ont souvent été perçus comme des champions des classes défavorisées, des minorités et des groupes marginalisés. Cela a conduit à une situation où les partis politiques alévis, bien que représentant directement cette communauté, ont parfois été éclipsés par des partis plus larges et plus établis qui abordaient des questions plus générales de justice sociale et d'égalité. Ainsi, la politique turque de cette période a reflété une diversité croissante et une complexité des identités et des affiliations politiques, illustrant comment les questions de droits des minorités, de justice sociale et d'identité ont joué un rôle central dans le paysage politique émergent de la Turquie.

Les Alévis face à l'Extrémisme et la Violence dans les Années 1970 et 1980[modifier | modifier le wikicode]

Les années 1970 ont été une période de forte tension sociale et politique en Turquie, marquée par une polarisation croissante et l'émergence de groupes extrémistes. Durant cette période, l'extrême droite en Turquie, représentée en partie par des groupes nationalistes et ultranationalistes, a gagné en visibilité et en influence. Cette montée de l'extrémisme a eu des conséquences tragiques, en particulier pour les communautés minoritaires comme les Alévis. Les Alévis, en raison de leurs croyances et pratiques distinctes de l'islam sunnite majoritaire, ont souvent été ciblés par des groupes ultranationalistes et conservateurs. Ces groupes, alimentés par des idéologies nationalistes et parfois sectaires, ont mené des attaques violentes contre les communautés alévies, y compris des massacres et des pogroms. Les incidents les plus notoires comprennent les massacres de Maraş en 1978 et de Çorum en 1980. Ces événements ont été caractérisés par des violences extrêmes, des meurtres de masse, et d'autres atrocités, y compris des scènes de décapitation et de mutilation. Ces attaques n'étaient pas des incidents isolés, mais faisaient partie d'une tendance plus large de violence et de discrimination à l'encontre des Alévis, qui a exacerbé les divisions et les tensions sociales en Turquie.

La violence des années 1970 et le début des années 1980 a contribué à l'instabilité qui a mené au coup d'État militaire de 1980. Après le coup d'État, l'armée a mis en place un régime qui a réprimé de nombreux groupes politiques, y compris l'extrême droite et l'extrême gauche, dans une tentative de restaurer l'ordre et la stabilité. Cependant, les problèmes sous-jacents de discrimination et de tension entre différentes communautés sont restés, posant des défis continus pour la cohésion sociale et politique de la Turquie. La situation des Alévis en Turquie est donc un exemple poignant des difficultés rencontrées par les minorités religieuses et ethniques dans un contexte de polarisation politique et de montée de l'extrémisme. Elle souligne également la nécessité d'une approche inclusive et respectueuse des droits de toutes les communautés pour maintenir la paix sociale et l'unité nationale.

Les Tragédies de Sivas et de Gazi dans les Années 1990[modifier | modifier le wikicode]

Les années 1990 en Turquie ont continué à être témoins de tensions et de violences, en particulier à l'encontre de la communauté alévie, qui a été la cible de plusieurs attaques tragiques. En 1993, un événement particulièrement choquant s'est produit à Sivas, une ville du centre de la Turquie. Le 2 juillet 1993, lors du festival culturel Pir Sultan Abdal, un groupe d'intellectuels alévis, artistes et écrivains, ainsi que des spectateurs, ont été attaqués par une foule extrémiste. L'hôtel Madımak, où ils se trouvaient, a été incendié, entraînant la mort de 37 personnes. Cet incident, connu sous le nom de massacre de Sivas ou tragédie de Madımak, a été l'un des événements les plus sombres de l'histoire moderne turque et a souligné la vulnérabilité des Alévis face à l'extrémisme et à l'intolérance religieuse. Deux ans plus tard, en 1995, un autre incident violent a eu lieu dans le quartier de Gazi à Istanbul, une zone à forte population alévie. Des affrontements violents ont éclaté après qu'un inconnu a tiré sur des cafés fréquentés par des Alévis, tuant une personne et en blessant plusieurs autres. Les jours suivants ont été marqués par des émeutes et des affrontements avec la police, qui ont conduit à de nombreuses autres victimes.

Ces incidents ont exacerbé les tensions entre la communauté alévie et l'État turc, et ont mis en évidence la persistance des préjugés et de la discrimination à l'encontre des Alévis. Ils ont également soulevé des questions sur la protection des minorités en Turquie et sur la capacité de l'État à assurer la sécurité et la justice pour tous ses citoyens. Les violences de Sivas et de Gazi ont marqué un tournant dans la prise de conscience de la situation des Alévis en Turquie, menant à des appels plus forts pour la reconnaissance de leurs droits et pour une meilleure compréhension et respect de leur identité culturelle et religieuse unique. Ces événements tragiques restent gravés dans la mémoire collective en Turquie, symbolisant les défis auxquels le pays est confronté en matière de diversité religieuse et de coexistence pacifique.

Les Alévis sous l'Ère AKP : Défis et Conflits Identitaires[modifier | modifier le wikicode]

Depuis l'arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP) en 2002, dirigé par Recep Tayyip Erdoğan, la Turquie a connu des changements notables dans sa politique vis-à-vis de l'islam et des minorités religieuses, y compris la communauté alévie. L'AKP, souvent perçu comme un parti à tendance islamiste ou conservatrice, a été critiqué pour favoriser l'islam sunnite, ce qui a soulevé des inquiétudes parmi les minorités religieuses, en particulier les Alévis. Sous l'AKP, le gouvernement a renforcé le rôle de la Diyanet (Présidence des Affaires Religieuses), qui a été accusée de promouvoir une version sunnite de l'islam. Cette situation a posé des problèmes pour la communauté alévie, qui pratique une forme de l'islam nettement différente du sunnisme dominant. Les Alévis ne se rendent pas dans les mosquées traditionnelles pour leur culte; ils utilisent plutôt des "cemevi" pour leurs cérémonies et rassemblements religieux. Cependant, la Diyanet ne reconnaît pas officiellement les cemevi comme des lieux de culte, ce qui a été source de frustration et de conflit pour les Alévis. La question de l'assimilation est également préoccupante pour les Alévis, car le gouvernement a été perçu comme cherchant à intégrer toutes les communautés religieuses et ethniques dans une identité turque sunnite homogène. Cette politique rappelle les efforts d'assimilation de l'ère kémaliste, bien que les motivations et les contextes soient différents.

Les Alévis sont un groupe ethniquement et linguistiquement diversifié, avec des membres turcophones et kurdophones. Bien que leur identité soit en grande partie définie par leur foi distincte, ils partagent également des aspects culturels et linguistiques avec d'autres Turcs et Kurdes. Cependant, leur pratique religieuse unique et leur histoire de marginalisation les distinguent au sein de la société turque. La situation des Alévis en Turquie depuis 2002 reflète les tensions continues entre l'État et les minorités religieuses. Elle soulève des questions importantes sur la liberté religieuse, les droits des minorités et la capacité de l'État à accommoder la diversité dans un cadre laïc et démocratique. La manière dont la Turquie gère ces enjeux reste un aspect crucial de sa politique intérieure et de son image sur la scène internationale.

L'Iran[modifier | modifier le wikicode]

Défis et Influences Extérieures au Début du 20ème Siècle[modifier | modifier le wikicode]

L'histoire de la modernisation en Iran est un cas fascinant qui illustre comment les influences externes et les dynamiques internes peuvent façonner le parcours d'un pays. Au début du 20ème siècle, l'Iran (alors connu sous le nom de Perse) faisait face à de multiples défis qui ont culminé dans un processus de modernisation autoritaire. Dans les années précédant la Première Guerre mondiale, notamment en 1907, l'Iran était au bord de l'implosion. Le pays avait subi des pertes territoriales significatives et luttait contre une faiblesse administrative et militaire. L'armée iranienne, en particulier, n'était pas en mesure de gérer efficacement l'influence de l'État ou de protéger ses frontières contre les incursions étrangères. Ce contexte difficile a été exacerbé par les intérêts concurrents des puissances impérialistes, en particulier la Grande-Bretagne et la Russie. En 1907, la Grande-Bretagne et la Russie, malgré leurs rivalités historiques, ont conclu l'Entente anglo-russe. Dans cet accord, elles se sont partagé des sphères d'influence en Iran, la Russie dominant le nord et la Grande-Bretagne le sud. Cette entente était une reconnaissance tacite de leurs intérêts impérialistes respectifs dans la région et a eu un impact profond sur la politique iranienne.

L'Entente anglo-russe a non seulement limité la souveraineté de l'Iran, mais a également entravé le développement d'un pouvoir central fort. La Grande-Bretagne, en particulier, était réticente à l'idée d'un Iran centralisé et puissant qui pourrait menacer ses intérêts, notamment en ce qui concerne l'accès au pétrole et le contrôle des routes commerciales. Ce cadre international a posé des défis majeurs à l'Iran et a influencé son parcours vers la modernisation. La nécessité de naviguer entre les intérêts impérialistes étrangers et les besoins internes de réforme et de renforcement de l'État a conduit à une série de tentatives de modernisation, certaines plus autoritaires que d'autres, au cours du 20ème siècle. Ces efforts ont culminé avec la période du règne de Reza Shah Pahlavi, qui a entrepris un programme ambitieux de modernisation et de centralisation, souvent par des moyens autoritaires, dans le but de transformer l'Iran en un État-nation moderne.

MOMCENC - iran après accord anglo russe de 1907.png

Le Coup d'État de 1921 et l'Ascension de Reza Khan[modifier | modifier le wikicode]

Le coup d'État de 1921 en Iran, mené par Reza Khan (qui deviendra plus tard Reza Shah Pahlavi), a été un tournant décisif dans l'histoire moderne du pays. Reza Khan, un officier militaire, a pris le contrôle du gouvernement dans un contexte de faiblesse politique et d'instabilité, avec l'ambition de centraliser le pouvoir et de moderniser l'Iran. Après le coup d'État, Reza Khan a entrepris une série de réformes visant à renforcer l'État et à consolider son pouvoir. Il a créé un gouvernement centralisé, réorganisé l'administration et modernisé l'armée. Ces réformes étaient essentielles pour établir une structure étatique forte et efficace capable de promouvoir le développement et la modernisation du pays. Un aspect clé de la consolidation du pouvoir de Reza Khan a été la négociation d'accords avec des puissances étrangères, notamment la Grande-Bretagne, qui avait des intérêts économiques et stratégiques importants en Iran. La question du pétrole était particulièrement cruciale, car l'Iran avait un potentiel pétrolier considérable, et le contrôle et l'exploitation de cette ressource étaient au cœur des enjeux géopolitiques.

Reza Khan a réussi à naviguer dans ces eaux complexes, trouvant un équilibre entre la coopération avec les puissances étrangères et la protection de la souveraineté iranienne. Bien qu'il ait dû faire des concessions, notamment en matière d'exploitation pétrolière, son gouvernement a travaillé à garantir que l'Iran bénéficie d'une part plus juste des revenus du pétrole et à limiter l'influence étrangère directe dans les affaires internes du pays. En 1925, Reza Khan a été couronné Reza Shah Pahlavi, devenant ainsi le premier Shah de la dynastie Pahlavi. Sous son règne, l'Iran a connu des transformations radicales, y compris la modernisation de l'économie, la réforme de l'éducation, l'occidentalisation des normes sociales et culturelles, et une politique d'industrialisation. Ces réformes, bien que souvent menées de manière autoritaire, ont marqué l'entrée de l'Iran dans l'ère moderne et ont jeté les bases du développement ultérieur du pays.

L'Ère de Reza Shah Pahlavi : Modernisation et Centralisation[modifier | modifier le wikicode]

L'avènement de Reza Shah Pahlavi en Iran en 1925 a marqué un changement radical dans le paysage politique et social du pays. Après la chute de la dynastie Kadjar, Reza Shah, s'inspirant des réformes de Mustafa Kemal Atatürk en Turquie, a initié une série de transformations profondes visant à moderniser l'Iran et à le forger en un État-nation puissant et centralisé. Son règne a été caractérisé par une modernisation autoritaire, où le pouvoir était fortement concentré et les réformes imposées de manière top-down. La centralisation du pouvoir a été une étape cruciale, avec Reza Shah cherchant à éliminer les pouvoirs intermédiaires traditionnels tels que les chefs tribaux et les notables locaux. Cette consolidation de l'autorité visait à renforcer le gouvernement central et à assurer un contrôle plus strict sur l'ensemble du pays. Dans le cadre de ses efforts de modernisation, il a également introduit le système métrique, modernisé les réseaux de transport avec la construction de nouvelles routes et chemins de fer, et mis en œuvre des réformes culturelles et vestimentaires pour aligner l'Iran sur les standards occidentaux.

Reza Shah a également promu un nationalisme fort, glorifiant le passé impérial perse et la langue persane. Cette exaltation du passé iranien avait pour but de créer un sentiment d'unité nationale et d'identité commune parmi la population diversifiée de l'Iran. Cependant, ces réformes ont eu un coût élevé en termes de libertés individuelles. Le régime de Reza Shah était marqué par la censure, la répression des libertés d'expression et de la dissidence politique, et un contrôle strict des appareils politiques. Dans le domaine législatif, des codes civils et pénaux modernes ont été introduits, et des réformes vestimentaires ont été imposées pour moderniser l'apparence de la population. Ces réformes, bien que contribuant à la modernisation de l'Iran, ont été mises en œuvre de manière autoritaire, sans participation démocratique significative, ce qui a semé les graines de tensions futures. La période de Reza Shah a donc été une ère de contradictions en Iran. D'un côté, elle a représenté un bond en avant significatif dans la modernisation et la centralisation du pays. De l'autre, elle a posé des fondations pour des conflits futurs en raison de son approche autoritaire et de l'absence de canaux pour l'expression politique libre. Cette période a donc été déterminante dans l'histoire moderne de l'Iran, façonnant sa trajectoire politique, sociale et économique pour les décennies à venir.

Changement de Nom : De la Perse à l'Iran[modifier | modifier le wikicode]

Le changement de nom de la Perse en Iran en décembre 1934 est un exemple fascinant de la façon dont la politique internationale et les influences idéologiques peuvent façonner l'identité nationale d'un pays. Sous le règne de Reza Shah Pahlavi, la Perse, qui était le nom historique et occidental du pays, est officiellement devenue l'Iran, un terme qui avait été utilisé au sein du pays depuis longtemps et qui signifie "terre des Aryens". Ce changement de nom était en partie un effort pour renforcer les liens avec l'Occident et pour souligner l'héritage aryen de la nation, dans le contexte de l'émergence des idéologies nationalistes et raciales en Europe. À cette époque, la propagande nazie avait un certain écho dans plusieurs pays du Moyen-Orient, y compris en Iran. Reza Shah, cherchant à contrebalancer l'influence britannique et soviétique en Iran, a vu dans l'Allemagne nazie un potentiel allié stratégique. Cependant, sa politique de rapprochement avec l'Allemagne a suscité l'inquiétude des Alliés, notamment de la Grande-Bretagne et de l'Union Soviétique, qui craignaient une collaboration iranienne avec l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.

En raison de ces inquiétudes, et du rôle stratégique de l'Iran en tant que voie de transit pour le ravitaillement des forces soviétiques, le pays est devenu un point focal dans la guerre. En 1941, les forces britanniques et soviétiques ont envahi l'Iran, forçant Reza Shah à abdiquer en faveur de son fils, Mohammed Reza Pahlavi. Mohammed Reza, encore jeune et inexpérimenté, a accédé au trône dans un contexte de tensions internationales et de présence militaire étrangère. L'invasion et l'occupation de l'Iran par les forces alliées ont eu un impact profond sur le pays, accélérant la fin de la politique de neutralité de Reza Shah et ouvrant une nouvelle ère dans l'histoire iranienne. Sous Mohammed Reza Shah, l'Iran deviendrait un allié clé de l'Occident pendant la Guerre froide, bien que cela soit accompagné de défis internes et de tensions politiques qui culmineraient finalement avec la Révolution iranienne de 1979.

La Nationalisation du Pétrole et la Chute de Mossadegh[modifier | modifier le wikicode]

L'épisode de la nationalisation du pétrole en Iran et la chute de Mohammad Mossadegh en 1953 constituent un chapitre crucial dans l'histoire du Moyen-Orient et sont révélateurs des dynamiques de pouvoir et des intérêts géopolitiques pendant la Guerre froide. En 1951, Mohammad Mossadegh, un politicien nationaliste élu Premier Ministre, a pris une mesure audacieuse en nationalisant l'industrie pétrolière iranienne, qui était alors contrôlée par la compagnie britannique Anglo-Iranian Oil Company (AIOC, aujourd'hui BP). Mossadegh considérait que la maîtrise des ressources naturelles du pays, en particulier le pétrole, était essentielle pour l'indépendance économique et politique de l'Iran. Cette décision de nationalisation a été extrêmement populaire en Iran, mais elle a provoqué une crise internationale. Le Royaume-Uni, perdant son accès privilégié aux ressources pétrolières iraniennes, a cherché à contrecarrer cette initiative par des moyens diplomatiques et économiques, y compris en imposant un embargo pétrolier. Face à l'impasse avec l'Iran et incapable de résoudre la situation par des moyens conventionnels, le gouvernement britannique a sollicité l'aide des États-Unis. Initialement réticents, les États-Unis ont finalement été persuadés, en partie en raison de la montée des tensions de la Guerre froide et des craintes d'une influence communiste en Iran.

En 1953, la CIA, avec le soutien du MI6 britannique, a lancé l'opération Ajax, un coup d'État qui a abouti à la destitution de Mossadegh et au renforcement du pouvoir du Shah, Mohammad Reza Pahlavi. Ce coup d'État a marqué un tournant décisif dans l'histoire iranienne, renforçant la monarchie et augmentant l'influence occidentale, en particulier celle des États-Unis, en Iran. Cependant, l'intervention étrangère et la suppression des aspirations nationalistes et démocratiques ont également engendré un profond ressentiment en Iran, qui contribuerait à alimenter les tensions politiques internes et, finalement, à la Révolution iranienne de 1979. L'opération Ajax est souvent citée comme un exemple classique de l'interventionnisme de la Guerre froide et de ses conséquences à long terme, non seulement pour l'Iran, mais aussi pour la région du Moyen-Orient dans son ensemble.

L'événement de 1953 en Iran, marqué par la destitution du Premier ministre Mohammad Mossadegh, est une période charnière qui a eu un impact profond sur l'évolution politique du pays. Mossadegh, bien qu'élu démocratiquement et extrêmement populaire pour ses politiques nationalistes, notamment la nationalisation de l'industrie pétrolière iranienne, a été renversé à la suite d'un coup d'État orchestré par la CIA américaine et le MI6 britannique, connu sous le nom d'opération Ajax.

La "Révolution Blanche" du Shah Mohammad Reza Pahlavi[modifier | modifier le wikicode]

Après le départ de Mossadegh, le Shah Mohammad Reza Pahlavi a consolidé son pouvoir et est devenu de plus en plus autoritaire. Le Shah, soutenu par les États-Unis et d'autres puissances occidentales, a lancé un programme ambitieux de modernisation et de développement en Iran. Ce programme, connu sous le nom de "Révolution Blanche", lancé en 1963, visait à transformer rapidement l'Iran en une nation moderne et industrialisée. Les réformes du Shah comprenaient la redistribution des terres, une campagne d'alphabétisation massive, la modernisation de l'économie, l'industrialisation, et l'octroi de droits de vote aux femmes. Ces réformes étaient censées renforcer l'économie iranienne, réduire la dépendance à l'égard du pétrole, et améliorer les conditions de vie des citoyens iraniens. Cependant, le règne du Shah était également caractérisé par un contrôle politique strict et une répression de la dissidence. La police secrète du Shah, la SAVAK, créée avec l'aide des États-Unis et d'Israël, était notoire pour sa brutalité et ses tactiques répressives. Le manque de libertés politiques, la corruption, et les inégalités sociales croissantes ont suscité un mécontentement généralisé parmi la population iranienne. Bien que le Shah ait réussi à réaliser certains progrès en matière de modernisation et de développement, l'absence de réformes politiques démocratiques et la répression des voix d'opposition ont finalement contribué à l'aliénation de larges segments de la société iranienne. Cette situation a préparé le terrain pour la Révolution iranienne de 1979, qui a renversé la monarchie et a établi la République islamique d'Iran.

Renforcement des Liens avec l'Occident et Impact Social[modifier | modifier le wikicode]

Depuis 1955, l'Iran, sous la direction du Shah Mohammad Reza Pahlavi, a cherché à renforcer ses liens avec l'Occident, en particulier avec les États-Unis, dans le contexte de la Guerre froide. L'adhésion de l'Iran au Pacte de Bagdad en 1955 était un élément clé de cette orientation stratégique. Ce pacte, qui incluait également l'Irak, la Turquie, le Pakistan et le Royaume-Uni, était une alliance militaire visant à contenir l'expansion du communisme soviétique au Moyen-Orient. Dans le cadre de son rapprochement avec l'Occident, le Shah a lancé la "Révolution Blanche", un ensemble de réformes visant à moderniser l'Iran. Ces réformes, largement influencées par le modèle américain, comprenaient des changements dans les modes de production et de consommation, une réforme agraire, une campagne d'alphabétisation et des initiatives visant à promouvoir l'industrialisation et le développement économique. L'implication étroite des États-Unis dans le processus de modernisation de l'Iran a également été symbolisée par la présence d'experts et de conseillers américains sur le sol iranien. Ces experts bénéficiaient souvent de privilèges et d'immunités, ce qui a suscité des tensions au sein de divers secteurs de la société iranienne, notamment parmi les milieux religieux et les nationalistes.

Les réformes du Shah, bien qu'ayant entraîné une modernisation économique et sociale, ont également été perçues par beaucoup comme une forme d'américanisation et d'érosion des valeurs et traditions iraniennes. Cette perception a été exacerbée par la nature autoritaire du régime du Shah et par l'absence de libertés politiques et de participation populaire. La présence et l'influence américaines en Iran, ainsi que les réformes de la "Révolution Blanche", ont alimenté un ressentiment croissant, en particulier dans les milieux religieux. Les chefs religieux, avec à leur tête l'Ayatollah Khomeini, ont commencé à articuler une opposition de plus en plus forte au Shah, le critiquant pour sa dépendance vis-à-vis des États-Unis et pour son éloignement des valeurs islamiques. Cette opposition a finalement joué un rôle clé dans la mobilisation qui a conduit à la Révolution iranienne de 1979.

Les réformes de la "Révolution Blanche" en Iran, initiées par le Shah Mohammad Reza Pahlavi dans les années 1960, comprenaient une réforme agraire importante qui a eu des répercussions profondes sur la structure sociale et économique du pays. Cette réforme visait à moderniser l'agriculture iranienne et à réduire la dépendance du pays à l'égard des exportations de pétrole, tout en améliorant les conditions de vie des paysans. La réforme agraire a rompu avec les pratiques traditionnelles, en particulier celles qui étaient liées à l'islam, comme les offrandes des imams. Elle a plutôt favorisé une approche axée sur l'économie de marché, avec pour objectif d'augmenter la productivité et de stimuler le développement économique. Les terres ont été redistribuées, réduisant le pouvoir des grands propriétaires terriens et des élites religieuses qui contrôlaient de vastes étendues de terres agricoles. Cependant, cette réforme, ainsi que d'autres initiatives de modernisation, ont été réalisées de manière autoritaire et top-down, sans consultation ni participation significative de la population. La répression de l'opposition, y compris des groupes de gauche et communistes, a également été une caractéristique du régime du Shah. La SAVAK, la police secrète du Shah, était tristement célèbre pour ses méthodes brutales et sa surveillance étendue.

L'approche autoritaire du Shah, combinée à l'impact économique et social des réformes, a créé des mécontentements croissants au sein de divers segments de la société iranienne. Les religieux chiites, les nationalistes, les communistes, les intellectuels et d'autres groupes ont trouvé un terrain d'entente dans leur opposition au régime. Au fil du temps, cette opposition disparate s'est consolidée en un mouvement de plus en plus coordonné. La Révolution iranienne de 1979 peut être vue comme le résultat de cette convergence des oppositions. La répression du Shah, l'influence étrangère perçue, les réformes économiques perturbatrices et la marginalisation des valeurs traditionnelles et religieuses ont créé un terreau fertile pour une révolte populaire. Cette révolution a finalement renversé la monarchie et a établi la République islamique d'Iran, marquant un tournant radical dans l'histoire du pays.

La célébration du 2 500e anniversaire de l'Empire perse en 1971, organisée par le Shah Mohammad Reza Pahlavi, a été un événement monumental conçu pour souligner la grandeur et la continuité historique de l'Iran. Cette célébration fastueuse, qui a eu lieu à Persépolis, l'ancienne capitale de l'Empire achéménide, était destinée à établir un lien entre le régime du Shah et la glorieuse histoire impériale de la Perse. Dans le cadre de son effort pour renforcer l'identité nationale iranienne et pour mettre en avant les racines historiques de l'Iran, Mohammad Reza Shah a effectué un changement significatif dans le calendrier iranien. Ce changement a vu le calendrier islamique, qui était basé sur l'Hégire (la migration du prophète Mahomet de La Mecque à Médine), être remplacé par un calendrier impérial qui débutait avec la fondation de l'Empire achéménide par Cyrus le Grand en 559 avant J-C.

Cependant, ce changement de calendrier a été controversé et a été perçu par beaucoup comme une tentative du Shah de minimiser l'importance de l'islam dans l'histoire et la culture iraniennes au profit d'une glorification du passé impérial préislamique. Cette démarche s'inscrivait dans le cadre des politiques de modernisation et de sécularisation du Shah, mais elle a également alimenté le mécontentement parmi les groupes religieux et les personnes attachées aux traditions islamiques. Quelques années plus tard, à la suite de la Révolution iranienne de 1979, l'Iran est revenu à l'usage du calendrier islamique. La révolution, menée par l'Ayatollah Khomeini, a renversé la monarchie Pahlavi et a établi la République islamique d'Iran, marquant un rejet profond des politiques et du style de gouvernance du Shah, y compris ses tentatives de promouvoir un nationalisme basé sur l'histoire préislamique de l'Iran. La question du calendrier et la célébration du 2 500e anniversaire de l'Empire perse sont des exemples de la façon dont l'histoire et la culture peuvent être mobilisées dans la politique, et comment de telles actions peuvent avoir des répercussions importantes sur la dynamique sociale et politique d'un pays.

La Révolution Iranienne de 1979 et ses Impacts[modifier | modifier le wikicode]

La Révolution iranienne de 1979 est un événement marquant dans l'histoire contemporaine, non seulement pour l'Iran mais aussi pour la géopolitique mondiale. Cette révolution a vu l'effondrement de la monarchie sous le Shah Mohammad Reza Pahlavi et l'établissement d'une République islamique sous la direction de l'Ayatollah Rouhollah Khomeini. Dans les années précédant la révolution, l'Iran a été secoué par des manifestations massives et des troubles populaires. Ces manifestations étaient motivées par une multitude de griefs contre le Shah, y compris sa politique autoritaire, la perception de corruption et de dépendance vis-à-vis de l'Occident, la répression politique, et les inégalités sociales et économiques exacerbées par les politiques de modernisation rapide. De plus, la maladie du Shah et son incapacité à répondre efficacement aux demandes croissantes de réformes politiques et sociales ont contribué à un sentiment général de mécontentement et de désillusion.

En janvier 1979, face à l'intensification des troubles, le Shah a quitté l'Iran pour s'exiler. Peu de temps après, l'Ayatollah Khomeini, le chef spirituel et politique de la révolution, est revenu en Iran après 15 ans d'exil. Khomeini était une figure charismatique et respectée, dont l'opposition à la monarchie Pahlavi et l'appel à un État islamique avaient gagné un large soutien parmi divers segments de la société iranienne. Lorsque Khomeini est arrivé en Iran, il a été accueilli par des millions de partisans. Peu après, les forces armées iraniennes ont déclaré leur neutralité, un signe clair que le régime du Shah était irrémédiablement affaibli. Khomeini a rapidement pris les rênes du pouvoir, déclarant la fin de la monarchie et établissant un gouvernement provisoire.

La Révolution iranienne a abouti à la création de la République islamique d'Iran, un État théocratique basé sur les principes de l'islam chiite et dirigé par les clercs religieux. Khomeini est devenu le Guide suprême de l'Iran, un poste qui lui conférait un pouvoir considérable sur les aspects politiques et religieux de l'État. La révolution a non seulement transformé l'Iran, mais a également eu un impact significatif sur la politique régionale et internationale, notamment en intensifiant les tensions entre l'Iran et les États-Unis, et en influençant les mouvements islamistes dans d'autres parties du monde musulman.

La Révolution iranienne de 1979 a attiré l'attention mondiale et a été soutenue par divers groupes, y compris par certains intellectuels occidentaux qui y voyaient un mouvement de libération ou un renouveau spirituel et politique. Parmi eux, le philosophe français Michel Foucault a été particulièrement remarqué pour ses écrits et ses commentaires sur la révolution. Foucault, connu pour ses analyses critiques des structures de pouvoir et de la gouvernance, s'est intéressé à la Révolution iranienne en tant qu'événement significatif qui remettait en question les normes politiques et sociales contemporaines. Il a été fasciné par l'aspect populaire et spirituel de la révolution, voyant en elle une forme de résistance politique qui dépassait les catégories occidentales traditionnelles de gauche et de droite. Cependant, sa position a été source de controverses et de débats, en particulier en raison de la nature de la République islamique qui a émergé après la révolution.

La Révolution iranienne a conduit à l'établissement d'une théocratie chiite, où les principes de la gouvernance islamique, basés sur la loi chiite (la Charia), ont été intégrés dans les structures politiques et juridiques de l'État. Sous la direction de l'Ayatollah Khomeini, le nouveau régime a mis en place une structure politique unique connue sous le nom de "Velayat-e Faqih" (la tutelle du juriste islamique), dans laquelle une autorité religieuse suprême, le Guide suprême, détient un pouvoir considérable. La transition de l'Iran vers une théocratie a entraîné des changements profonds dans tous les aspects de la société iranienne. Bien que la révolution ait initialement bénéficié du soutien de divers groupes, y compris des nationalistes, des gauchistes et des libéraux, en plus des religieux, les années qui ont suivi ont vu une consolidation du pouvoir entre les mains des clercs chiites et une répression croissante des autres groupes politiques. La nature de la République islamique, avec son mélange de théocratie et de démocratie, a continué à être un sujet de débat et d'analyse, tant au sein de l'Iran qu'à l'échelle internationale. La révolution a profondément transformé l'Iran et a eu un impact durable sur la politique régionale et mondiale, en redéfinissant les relations entre la religion, la politique et le pouvoir.

La Guerre Iran-Irak et ses Effets sur la République Islamique[modifier | modifier le wikicode]

L'invasion de l'Iran par l'Irak en 1980, sous le régime de Saddam Hussein, a joué un rôle paradoxal dans la consolidation de la République islamique d'Iran. Ce conflit, connu sous le nom de guerre Iran-Irak, a duré de septembre 1980 à août 1988 et a été l'un des conflits les plus longs et les plus sanglants du 20ème siècle. Au moment de l'attaque de l'Irak, la République islamique d'Iran était encore dans ses premières années d'existence, après la révolution de 1979 qui avait renversé la monarchie Pahlavi. Le régime iranien, dirigé par l'Ayatollah Khomeini, était en train de consolider son pouvoir, mais faisait face à des tensions internes et à des défis significatifs. L'invasion irakienne a eu un effet unificateur en Iran, renforçant le sentiment national et le soutien au régime islamique. Confronté à une menace extérieure, le peuple iranien, y compris de nombreux groupes qui étaient auparavant en désaccord avec le gouvernement, s'est rallié autour de la défense nationale. La guerre a également permis au régime de Khomeini de renforcer son emprise sur le pays, en mobilisant la population sous la bannière de la défense de la République islamique et de l'islam chiite. La guerre Iran-Irak a également renforcé l'importance du pouvoir religieux en Iran. Le régime a utilisé la rhétorique religieuse pour mobiliser la population et légitimer ses actions, s'appuyant sur le concept de "défense de l'islam" pour unir les Iraniens de différentes tendances politiques et sociales.

La République islamique d'Iran n'a pas été proclamée de manière formelle, mais a émergé de la révolution islamique de 1979. La nouvelle constitution de l'Iran, adoptée après la révolution, a établi une structure politique théocratique unique, où les principes et les valeurs islamiques chiites sont au cœur du système de gouvernement. La laïcité n'est pas une caractéristique de la constitution iranienne, qui fusionne plutôt la gouvernance religieuse et politique sous la doctrine du "Velayat-e Faqih" (la tutelle du juriste islamique).

L'Égypte[modifier | modifier le wikicode]

L'Égypte Antique et ses Successions[modifier | modifier le wikicode]

L'Égypte, avec son histoire riche et complexe, est un berceau de civilisations anciennes et a connu une succession de dominations au fil des siècles. La région qui constitue aujourd'hui l'Égypte a été le centre de l'une des premières et des plus grandes civilisations de l'histoire, avec des racines remontant à l'ancienne Égypte pharaonique. Au fil du temps, l'Égypte a été sous l'influence de divers empires et puissances. Après l'époque pharaonique, elle a été successivement sous domination perse, grecque (après la conquête d'Alexandre le Grand), et romaine. Chacune de ces périodes a laissé une empreinte durable sur l'histoire et la culture de l'Égypte. La conquête arabe de l'Égypte, qui a débuté en 639, a marqué un tournant dans l'histoire du pays. L'invasion arabe a conduit à l'islamisation et à l'arabisation de l'Égypte, transformant profondément la société et la culture égyptiennes. L'Égypte est devenue une partie intégrante du monde islamique, un statut qu'elle conserve jusqu'à aujourd'hui.

En 1517, l'Égypte est tombée sous le contrôle de l'Empire ottoman après la prise du Caire. Sous la domination ottomane, l'Égypte a conservé une certaine autonomie locale, mais elle était également liée aux fortunes politiques et économiques de l'Empire ottoman. Cette période a duré jusqu'au début du 19ème siècle, lorsque l'Égypte a commencé à s'orienter vers une modernisation et une indépendance accrues sous des leaders comme Muhammad Ali Pacha, souvent considéré comme le fondateur de l'Égypte moderne. L'histoire de l'Égypte est donc celle d'un carrefour de civilisations, de cultures et d'influences, ce qui a façonné le pays en une nation unique avec une identité riche et diversifiée. Chaque période de son histoire a contribué à la construction de l'Égypte contemporaine, un État qui joue un rôle clé dans le monde arabe et dans la politique internationale.

Au 18ème siècle, l'Égypte est devenue un territoire d'intérêt stratégique pour les puissances européennes, en particulier la Grande-Bretagne, en raison de son emplacement géographique crucial et de son contrôle sur la route vers l'Inde. L'intérêt britannique pour l'Égypte s'est accru avec l'importance croissante du commerce maritime et la nécessité de routes commerciales sécurisées.

Mehmet Ali et les Réformes Modernisatrices[modifier | modifier le wikicode]

La Nahda, ou la Renaissance arabe, a été un mouvement culturel, intellectuel et politique majeur qui a pris racine en Égypte au 19ème siècle, notamment sous le règne de Mehmet Ali, souvent considéré comme le fondateur de l'Égypte moderne. Mehmet Ali, d'origine albanaise, a été nommé gouverneur de l'Égypte par les Ottomans en 1805 et a rapidement entrepris de moderniser le pays. Ses réformes comprenaient la modernisation de l'armée, l'introduction de nouvelles méthodes agricoles, l'expansion de l'industrie, et l'établissement d'un système éducatif moderne. La Nahda en Égypte a coïncidé avec un mouvement culturel et intellectuel plus large dans le monde arabe, caractérisé par un renouveau littéraire, scientifique et intellectuel. En Égypte, ce mouvement a été stimulé par les réformes de Mehmet Ali et par l'ouverture du pays aux influences européennes.

Ibrahim Pacha, le fils de Mehmet Ali, a également joué un rôle important dans l'histoire égyptienne. Sous son commandement, les forces égyptiennes ont réalisé plusieurs campagnes militaires réussies, étendant l'influence égyptienne bien au-delà de ses frontières traditionnelles. Dans les années 1830, les troupes égyptiennes ont même contesté l'Empire ottoman, ce qui a conduit à une crise internationale impliquant les grandes puissances européennes. L'expansionnisme de Mehmet Ali et d'Ibrahim Pacha a été un défi direct à l'autorité ottomane et a marqué l'Égypte comme un acteur politique et militaire significatif dans la région. Cependant, l'intervention des puissances européennes, en particulier la Grande-Bretagne et la France, a finalement limité les ambitions égyptiennes, préfigurant le rôle accru que ces puissances joueraient dans la région au 19ème et au début du 20ème siècle.

L'ouverture du canal de Suez en 1869 a marqué un moment décisif dans l'histoire de l'Égypte, augmentant de manière significative son importance stratégique sur la scène internationale. Ce canal, reliant la mer Méditerranée à la mer Rouge, a révolutionné le commerce maritime en réduisant considérablement la distance entre l'Europe et l'Asie. L'Égypte s'est ainsi retrouvée au centre des routes commerciales mondiales, attirant l'attention des grandes puissances impérialistes, en particulier la Grande-Bretagne. Cependant, en parallèle à cette avancée, l'Égypte a fait face à des défis économiques considérables. Les coûts de construction du canal de Suez et d'autres projets de modernisation ont conduit le gouvernement égyptien à contracter de lourdes dettes auprès de pays européens, principalement la France et la Grande-Bretagne. L'incapacité de l'Égypte à rembourser ces emprunts a eu des conséquences politiques et économiques majeures.

Le Protectorat Britannique et les Luttes pour l'Indépendance[modifier | modifier le wikicode]

Dès 1876, en raison de la crise de la dette, une commission de contrôle franco-britannique a été mise en place pour superviser les finances de l'Égypte. Cette commission a pris une part importante dans l'administration du pays, réduisant de fait l'autonomie et la souveraineté de l'Égypte. Cette ingérence étrangère a provoqué un mécontentement croissant parmi la population égyptienne, en particulier dans les classes populaires, qui souffraient des effets économiques des réformes et du remboursement de la dette. La situation s'est encore aggravée dans les années 1880. En 1882, après plusieurs années de tension croissante et de désordre intérieur, notamment la révolte nationaliste d'Ahmed Urabi, la Grande-Bretagne a effectué une intervention militaire et a établi un protectorat de facto sur l'Égypte. Bien que l'Égypte soit officiellement restée une partie de l'Empire ottoman jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, elle était en réalité sous contrôle britannique. La présence britannique en Égypte a été justifiée par la nécessité de protéger les intérêts britanniques, notamment le canal de Suez, crucial pour la route maritime vers l'Inde, la "jewel in the crown" de l'Empire britannique. Cette période de domination britannique a eu un impact profond sur l'Égypte, façonnant son développement politique, économique et social, et semant les graines du nationalisme égyptien qui mènerait finalement à la révolution de 1952 et à l'indépendance formelle du pays.

La Première Guerre mondiale a accentué l'importance stratégique du canal de Suez pour les puissances belligérantes, en particulier pour la Grande-Bretagne. Le canal était vital pour les intérêts britanniques, car il constituait la route maritime la plus rapide vers ses colonies en Asie, notamment l'Inde, qui était alors un élément crucial de l'Empire britannique. Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, la nécessité de sécuriser le canal de Suez contre d'éventuelles attaques ou interférences de la part des Puissances centrales (notamment l'Empire ottoman, allié à l'Allemagne) est devenue une priorité pour la Grande-Bretagne. En réponse à ces préoccupations stratégiques, les Britanniques ont décidé de renforcer leur emprise sur l'Égypte. En 1914, la Grande-Bretagne a officiellement proclamé un protectorat sur l'Égypte, remplaçant ainsi nominalement la suzeraineté de l'Empire ottoman par un contrôle britannique direct. Cette proclamation a marqué la fin de la domination nominale ottomane sur l'Égypte, qui avait existé depuis 1517, et a établi une administration coloniale britannique dans le pays.

Le protectorat britannique a impliqué une ingérence directe dans les affaires intérieures de l'Égypte et a renforcé le contrôle militaire et politique britannique sur le pays. Bien que les Britanniques aient justifié cette mesure comme nécessaire pour la défense de l'Égypte et du canal de Suez, elle a été largement perçue par les Égyptiens comme une violation de leur souveraineté et a alimenté le sentiment nationaliste en Égypte. La période de la Première Guerre mondiale a été marquée par des difficultés économiques et sociales en Égypte, exacerbées par les exigences de l'effort de guerre britannique et par les restrictions imposées par l'administration coloniale. Ces conditions ont contribué à l'émergence d'un mouvement nationaliste égyptien plus fort, qui a finalement mené à des révoltes et à la lutte pour l'indépendance dans les années suivant la guerre.

Le Mouvement Nationaliste et la Quête de l'Indépendance[modifier | modifier le wikicode]

L'après-Première Guerre mondiale en Égypte a été une période de tensions croissantes et de revendications nationalistes. Les Égyptiens, qui avaient subi les rigueurs de la guerre, notamment les corvées et les famines dues à la réquisition des ressources par les Britanniques, ont commencé à exiger leur indépendance et une reconnaissance de leurs efforts de guerre.

La fin de la Première Guerre mondiale avait créé un climat mondial où les idées d'autodétermination et de fin des empires coloniaux gagnaient du terrain, en partie grâce aux Quatorze Points du président américain Woodrow Wilson, qui appelaient à de nouveaux principes de gouvernance internationale et au droit des peuples à l'autodétermination. En Égypte, ce climat a conduit à la formation d'un mouvement nationaliste, incarné par le Wafd (qui signifie "délégation" en arabe). Le Wafd était dirigé par Saad Zaghloul, qui est devenu le porte-parole des aspirations nationalistes égyptiennes. En 1919, Zaghloul et d'autres membres du Wafd ont cherché à se rendre à la Conférence de paix de Paris pour présenter le cas de l'indépendance égyptienne. Cependant, la tentative de la délégation égyptienne de se rendre à Paris a été entravée par les autorités britanniques. Zaghloul et ses compagnons ont été arrêtés et exilés à Malte par les Britanniques, ce qui a déclenché des manifestations et des émeutes massives en Égypte, connues sous le nom de Révolution de 1919. Cette révolution a été un soulèvement populaire majeur, avec une participation massive des Égyptiens de tous les milieux, et elle a marqué un tournant décisif dans la lutte pour l'indépendance égyptienne.

L'exil forcé de Zaghloul et la réponse répressive des Britanniques ont galvanisé le mouvement nationaliste en Égypte et ont accru la pression sur la Grande-Bretagne pour qu'elle reconnaisse l'indépendance égyptienne. En fin de compte, la crise a conduit à la reconnaissance partielle de l'indépendance de l'Égypte en 1922 et à la fin formelle du protectorat britannique en 1936, bien que l'influence britannique en Égypte soit restée significative jusqu'à la révolution de 1952. Le Wafd est devenu un acteur politique majeur en Égypte, jouant un rôle crucial dans la vie politique égyptienne dans les décennies suivantes, et Saad Zaghloul est resté une figure emblématique du nationalisme égyptien.

Le mouvement révolutionnaire nationaliste en Égypte, renforcé par la Révolution de 1919 et le leadership du Wafd sous Saad Zaghloul, a exercé une pression croissante sur la Grande-Bretagne pour qu'elle reconsidère sa position en Égypte. En réponse à cette pression et aux réalités politiques changeantes après la Première Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a proclamé en 1922 la fin de son protectorat sur l'Égypte. Cependant, cette "indépendance" était fortement conditionnée et limitée. En effet, bien que la déclaration d'indépendance ait marqué un pas vers la souveraineté égyptienne, elle comportait plusieurs réserves importantes qui maintenaient l'influence britannique en Égypte. Parmi ces réserves figuraient le maintien de la présence militaire britannique autour du canal de Suez, crucial pour les intérêts stratégiques et commerciaux britanniques, et le contrôle du Soudan, source vitale du Nil et enjeu géopolitique majeur.

Dans ce contexte, le sultan Fouad, qui était sultan d'Égypte depuis 1917, a profité de la fin du protectorat pour se proclamer roi Fouad Ier en 1922, établissant ainsi la monarchie égyptienne indépendante. Cependant, sa règne a été caractérisé par des liens étroits avec la Grande-Bretagne. Fouad Ier, tout en acceptant formellement l'indépendance, a souvent agi en collaboration étroite avec les autorités britanniques, ce qui a suscité des critiques parmi les nationalistes égyptiens qui le percevaient comme un monarque soumis aux intérêts britanniques. La période suivant la déclaration d'indépendance en 1922 a donc été une période de transition et de tension en Égypte, avec des luttes politiques internes sur la direction du pays et le degré réel d'indépendance par rapport à la Grande-Bretagne. Cette situation a posé les bases des conflits politiques futurs en Égypte, y compris la révolution de 1952 qui a renversé la monarchie et a établi la République arabe d'Égypte.

La fondation des Frères Musulmans en Égypte en 1928 par Hassan al-Banna est un événement majeur dans l'histoire sociale et politique du pays. Ce mouvement a été créé dans un contexte d'insatisfaction croissante face à la modernisation rapide et à l'influence occidentale en Égypte, ainsi que face à la perception d'une dégradation des valeurs et des traditions islamiques. Les Frères Musulmans se sont positionnés comme un mouvement islamiste cherchant à promouvoir un retour aux principes islamiques dans tous les aspects de la vie. Ils prônaient une société régie par les lois et les principes islamiques, en opposition à ce qu'ils percevaient comme une occidentalisation excessive et une perte d'identité culturelle islamique. Le mouvement a rapidement gagné en popularité, devenant une force sociale et politique influente en Égypte. Parallèlement à l'émergence de mouvements comme les Frères Musulmans, l'Égypte a connu une période d'instabilité politique dans les années 1920 et 1930. Cette instabilité, combinée à la montée des puissances fascistes en Europe, a créé un contexte international préoccupant pour la Grande-Bretagne.

Dans ce contexte, la Grande-Bretagne a cherché à consolider son influence en Égypte tout en reconnaissant la nécessité de faire des concessions en matière d'indépendance égyptienne. En 1936, la Grande-Bretagne et l'Égypte ont signé le Traité anglo-égyptien, qui a renforcé formellement l'indépendance de l'Égypte tout en permettant la présence militaire britannique dans le pays, en particulier autour du canal de Suez. Ce traité a également reconnu le rôle de l'Égypte dans la défense du Soudan, alors sous domination anglo-égyptienne. Le Traité de 1936 a été un pas vers une indépendance accrue pour l'Égypte, mais il a également maintenu des aspects clés de l'influence britannique. La signature de ce traité a été une tentative de la part de la Grande-Bretagne de stabiliser la situation en Égypte et de s'assurer que le pays ne tomberait pas sous l'influence des puissances de l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a également reflété la reconnaissance par la Grande-Bretagne de la nécessité de s'adapter aux réalités politiques changeantes en Égypte et dans la région.

L'Ère de Nasser et la Révolution de 1952[modifier | modifier le wikicode]

Le 23 juillet 1952, un coup d'État mené par un groupe d'officiers militaires égyptiens, connus sous le nom d'Officiers Libres, a marqué un tournant majeur dans l'histoire de l'Égypte. Cette révolution a renversé la monarchie du roi Farouk et a conduit à l'établissement d'une république. Parmi les leaders des Officiers Libres, Gamal Abdel Nasser est rapidement devenu la figure dominante et le visage du nouveau régime. Nasser, devenu président en 1954, a adopté une politique fortement nationaliste et tiers-mondiste, influencée par des idées de panarabisme et de socialisme. Son panarabisme visait à unir les pays arabes autour de valeurs communes et d'intérêts politiques, économiques et culturels. Cette idéologie était en partie une réponse aux influences et interventions occidentales dans la région. La nationalisation du canal de Suez en 1956 a été l'une des décisions les plus audacieuses et emblématiques de Nasser. Cette action a été motivée par le désir de contrôler une ressource vitale pour l'économie égyptienne et de s'affranchir de l'influence occidentale, mais elle a également déclenché la crise du canal de Suez, une confrontation militaire majeure avec la France, le Royaume-Uni et Israël.

Le socialisme de Nasser était développementaliste, visant à moderniser et à industrialiser l'économie égyptienne tout en promouvant la justice sociale. Sous sa direction, l'Égypte a lancé d'importants projets d'infrastructure, dont le plus notable est le barrage d'Assouan. Pour réaliser ce projet d'envergure, Nasser s'est tourné vers l'Union soviétique pour obtenir un soutien financier et technique, marquant ainsi un rapprochement entre l'Égypte et les Soviétiques durant la Guerre froide. Nasser a également cherché à développer une bourgeoisie égyptienne tout en mettant en œuvre des politiques socialistes, telles que la réforme agraire et la nationalisation de certaines industries. Ces politiques visaient à réduire les inégalités et à établir une économie plus équitable et indépendante. Le leadership de Nasser a eu un impact significatif non seulement sur l'Égypte mais aussi sur l'ensemble du monde arabe et du tiers-monde. Il est devenu une figure emblématique du nationalisme arabe et du mouvement des non-alignés, cherchant à établir une voie indépendante pour l'Égypte en dehors des blocs de puissance de la Guerre froide.

De Sadate à l'Égypte Contemporaine[modifier | modifier le wikicode]

La guerre des Six Jours en 1967, perdue par l'Égypte ainsi que par la Jordanie et la Syrie contre Israël, a été un moment dévastateur pour le panarabisme de Nasser. Cette défaite a non seulement entraîné une perte territoriale significative pour ces pays arabes, mais a également marqué un coup dur pour l'idée d'unité et de puissance arabe. Nasser, profondément affecté par cet échec, est resté au pouvoir jusqu'à sa mort en 1970. Anwar Sadate, succédant à Nasser, a pris une direction différente. Il a lancé des réformes économiques, connues sous le nom d'Infitah, visant à ouvrir l'économie égyptienne à l'investissement étranger et à stimuler la croissance économique. Sadate a également remis en question l'engagement de l'Égypte envers le panarabisme et a cherché à établir des relations avec Israël. Les accords de Camp David de 1978, négociés avec l'aide des États-Unis, ont abouti à un traité de paix entre l'Égypte et Israël, un tournant majeur dans l'histoire du Moyen-Orient.

Cependant, le rapprochement de Sadate avec Israël a été extrêmement controversé dans le monde arabe et a conduit à l'exclusion de l'Égypte de la Ligue arabe. Cette décision a été perçue par beaucoup comme une trahison des principes panarabes et a contribué à une réévaluation de l'idéologie panarabe dans la région. Sadate a été assassiné en 1981 par des membres des Frères Musulmans, un groupe islamiste qui s'était opposé à ses politiques, en particulier à sa politique étrangère. Son vice-président, Hosni Moubarak, lui a succédé, instaurant un régime qui allait durer près de trois décennies.

Sous Moubarak, l'Égypte a connu une stabilité relative, mais aussi une répression politique croissante, notamment à l'encontre des Frères Musulmans et d'autres groupes d'opposition. Cependant, en 2011, lors du Printemps arabe, Moubarak a été renversé par un soulèvement populaire, illustrant le mécontentement généralisé face à la corruption, au chômage et à la répression politique. Mohamed Morsi, issu des Frères Musulmans, a été élu président en 2012, mais son mandat a été de courte durée. En 2013, il a été renversé par un coup d'État militaire mené par le général Abdel Fattah al-Sissi, qui a ensuite été élu président en 2014. Le régime de Sissi a été marqué par une répression accrue des dissidents politiques, y compris des membres des Frères Musulmans, et par des efforts pour stabiliser l'économie et renforcer la sécurité du pays. La période récente de l'histoire égyptienne est donc caractérisée par des changements politiques majeurs, reflétant la dynamique complexe et souvent turbulente de la politique égyptienne et arabe.

L'Arabie Saoudite[modifier | modifier le wikicode]

L'Alliance Fondatrice : Ibn Saud et Ibn Abd al-Wahhab[modifier | modifier le wikicode]

L'Arabie Saoudite se distingue par sa relative jeunesse en tant qu'État-nation moderne et par les fondements idéologiques uniques qui ont façonné sa formation et son évolution. Un élément clé pour comprendre l'histoire et la société saoudienne est l'idéologie du wahhabisme.

Le wahhabisme est une forme de l'islam sunnite, caractérisée par une interprétation stricte et puritaine de l'islam. Il tire son nom de Muhammad ibn Abd al-Wahhab, un théologien et réformateur religieux du 18ème siècle de la région de Najd, dans ce qui est aujourd'hui l'Arabie Saoudite. Ibn Abd al-Wahhab a prôné un retour à ce qu'il considérait comme les principes originaux de l'islam, en rejetant de nombreuses pratiques qu'il jugeait être des innovations (bid'ah) ou des idolâtries. L'influence du wahhabisme sur la formation de l'Arabie Saoudite est inextricablement liée à l'alliance entre Muhammad ibn Abd al-Wahhab et Muhammad ibn Saud, le fondateur de la première dynastie saoudienne, au 18ème siècle. Cette alliance a uni les objectifs religieux d'Ibn Abd al-Wahhab avec les ambitions politiques et territoriales d'Ibn Saud, créant une fondation idéologique et politique pour le premier État saoudien.

L'Établissement de l'État Saoudien Moderne[modifier | modifier le wikicode]

Au cours du 20ème siècle, sous le règne d'Abdelaziz ibn Saoud, le fondateur du royaume d'Arabie Saoudite moderne, cette alliance s'est renforcée. L'Arabie Saoudite a été officiellement fondée en 1932, unifiant diverses tribus et régions sous une seule autorité nationale. Le wahhabisme est devenu la doctrine religieuse officielle de l'État, imprégnant la gouvernance, l'éducation, la législation et la vie sociale en Arabie Saoudite. Le wahhabisme a influencé non seulement la structure sociale et politique interne de l'Arabie Saoudite, mais a également eu un impact sur ses relations extérieures, notamment en matière de politique étrangère et de soutien à divers mouvements islamiques à travers le monde. La richesse pétrolière de l'Arabie Saoudite a permis au royaume de promouvoir sa version de l'islam à l'échelle internationale, contribuant à la propagation du wahhabisme au-delà de ses frontières.

Le pacte de 1744 entre Muhammad ibn Saud, le chef de la tribu Al Saud, et Muhammad ibn Abd al-Wahhab, un réformateur religieux, est un événement fondateur dans l'histoire de l'Arabie Saoudite. Ce pacte a uni les objectifs politiques d'Ibn Saud avec les idéaux religieux d'Ibn Abd al-Wahhab, jetant les bases de ce qui deviendra l'État saoudien. Ibn Abd al-Wahhab prônait une interprétation puritaine de l'islam, cherchant à purger la pratique religieuse de ce qu'il considérait comme des innovations, des superstitions et des déviations par rapport aux enseignements du prophète Mahomet et du Coran. Son mouvement, qui allait devenir connu sous le nom de wahhabisme, appelait à un retour à une forme plus "pure" de l'islam. D'un autre côté, Ibn Saud voyait dans le mouvement d'Ibn Abd al-Wahhab une opportunité de légitimer et d'étendre son pouvoir politique. Le pacte entre eux était donc à la fois une alliance religieuse et politique, avec Ibn Saud s'engageant à défendre et à promouvoir les enseignements d'Ibn Abd al-Wahhab, tandis qu'Ibn Abd al-Wahhab soutenait l'autorité politique d'Ibn Saud. Dans les années qui ont suivi, les Al Saud, avec le soutien des adeptes wahhabites, ont entrepris des campagnes militaires pour étendre leur influence et imposer leur interprétation de l'islam. Ces campagnes ont conduit à la création du premier État saoudien au 18ème siècle, couvrant une grande partie de la péninsule arabique.

Cependant, la formation de l'État saoudien n'a pas été un processus linéaire. Au cours du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, l'entité politique des Al Saud a connu plusieurs revers, y compris la destruction du premier État saoudien par les Ottomans et leurs alliés égyptiens. Ce n'est qu'avec Abdelaziz ibn Saoud, au début du 20ème siècle, que les Al Saud ont finalement réussi à établir un royaume stable et durable, l'Arabie Saoudite moderne, proclamée en 1932. L'histoire de l'Arabie Saoudite est donc intimement liée à l'alliance entre les Al Saud et le mouvement wahhabite, une alliance qui a façonné non seulement la structure politique et sociale du royaume, mais aussi son identité religieuse et culturelle.

La Reconquête d'Ibn Saoud et la Fondation du Royaume[modifier | modifier le wikicode]

L'attaque de La Mecque par les forces saoudiennes en 1803 est un événement significatif dans l'histoire de la péninsule arabique et reflète les tensions religieuses et politiques de l'époque. Le wahhabisme, l'interprétation stricte de l'islam sunnite promue par Muhammad ibn Abd al-Wahhab et adoptée par la maison des Saoud, considérait certaines pratiques, notamment celles du chiisme, comme étant étrangères, voire hérétiques par rapport à l'islam. En 1803, les forces saoudiennes wahhabites ont pris le contrôle de La Mecque, un des lieux les plus sacrés de l'islam, ce qui a été perçu comme un acte provocateur par d'autres musulmans, en particulier par les Ottomans qui étaient les gardiens traditionnels des lieux saints islamiques. Cette prise de contrôle a été vue non seulement comme une expansion territoriale des Saoud, mais aussi comme une tentative d'imposer leur interprétation particulière de l'islam.

En réponse à cette avancée saoudienne, l'Empire ottoman, qui cherchait à maintenir son influence sur la région, a envoyé des forces sous le commandement de Mehmet Ali Pacha, le gouverneur ottoman de l'Égypte. Mehmet Ali Pacha, reconnu pour ses talents militaires et ses efforts de modernisation en Égypte, a mené une campagne efficace contre les forces saoudiennes. En 1818, après une série de confrontations militaires, les troupes de Mehmet Ali Pacha ont réussi à vaincre les forces saoudiennes et à capturer leur chef, Abdullah bin Saud, qui a été envoyé à Constantinople (aujourd'hui Istanbul) où il a été exécuté. Cette défaite a marqué la fin du premier État saoudien. Cet épisode illustre la complexité des dynamiques politiques et religieuses dans la région à cette époque. Il met en évidence non seulement les conflits entre différentes interprétations de l'islam, mais aussi la lutte pour le pouvoir et l'influence parmi les puissances régionales de l'époque, notamment l'Empire ottoman et les émergents Saoud.

La deuxième tentative de création d'un État saoudien, qui a eu lieu entre 1820 et 1840, a également rencontré des difficultés et a finalement échoué. Cette période a été marquée par une série de conflits et de confrontations entre les Saoud et divers adversaires, y compris l'Empire ottoman et ses alliés locaux. Ces luttes ont entraîné la perte de territoires et d'influence pour la maison des Saoud. Cependant, l'aspiration à établir un État saoudien n'a pas disparu. Au tournant du 20ème siècle, particulièrement autour de 1900-1901, une nouvelle phase de l'histoire saoudienne a commencé avec le retour de membres de la famille Al Saud de leur exil. Parmi eux, Abdelaziz ibn Saoud, souvent appelé Ibn Saoud, a joué un rôle crucial dans la renaissance et l'expansion de l'influence saoudienne. Ibn Saoud, un leader charismatique et stratégique, a entrepris de reconquérir et d'unifier les territoires de la péninsule arabique sous la bannière de la maison des Saoud. Sa campagne a débuté par la capture de Riyad en 1902, qui est devenue un point de départ pour d'autres conquêtes et l'expansion de son royaume.

Au cours des décennies suivantes, Ibn Saoud a mené une série de campagnes militaires et de manœuvres politiques, étendant progressivement son contrôle sur une grande partie de la péninsule arabique. Ces efforts ont été facilités par son habileté à négocier des alliances, à gérer les rivalités tribales et à intégrer les enseignements wahhabites comme base idéologique de son État. Le succès d'Ibn Saoud a culminé avec la fondation du Royaume d'Arabie Saoudite en 1932, unifiant les différentes régions et tribus sous une seule autorité nationale. Le nouveau royaume a consolidé les divers territoires conquis par Ibn Saoud, établissant ainsi un État saoudien durable, avec le wahhabisme comme fondement religieux et idéologique. La création de l'Arabie Saoudite a marqué une étape significative dans l'histoire moderne du Moyen-Orient, avec des implications profondes tant pour la région que pour la politique internationale, en particulier après la découverte et l'exploitation du pétrole dans le royaume.

Les Relations avec l'Empire Britannique et la Révolte Arabe[modifier | modifier le wikicode]

En 1915, durant la Première Guerre mondiale, les Britanniques, cherchant à affaiblir l'Empire ottoman, ont noué des contacts avec divers leaders arabes, y compris le Chérif Hussein de La Mecque, qui était un membre éminent de la famille hachémite. Parallèlement, les Britanniques entretenaient des relations avec les Saoudiens, menés par Abdelaziz ibn Saoud, bien que ces relations aient été moins directes et impliquées que celles avec les Hachémites. Le Chérif Hussein, encouragé par les promesses britanniques d'appui pour l'indépendance arabe, a lancé la Révolte arabe en 1916 contre l'Empire ottoman. Cette révolte était motivée par le désir d'indépendance arabe et par l'opposition à la domination ottomane. Cependant, les Saoudiens, sous la direction d'Ibn Saoud, n'ont pas participé activement à cette révolte. Ils étaient engagés dans leur propre campagne pour consolider et étendre leur contrôle sur la péninsule arabique. Bien que les Saoudiens et les Hachémites aient eu des intérêts communs contre les Ottomans, ils étaient également rivaux pour le contrôle de la région.

Après la guerre, avec l'échec des promesses britanniques et françaises de créer un royaume arabe indépendant (comme le prévoyaient les accords secrets Sykes-Picot), le Chérif Hussein s'est retrouvé isolé. En 1924, il s'est proclamé Calife, un acte qui a été perçu comme provocateur par de nombreux musulmans, y compris les Saoudiens. La proclamation de Hussein en tant que Calife a fourni un prétexte aux Saoudiens pour l'attaquer, car ils cherchaient à étendre leur influence. Les forces saoudiennes ont finalement pris le contrôle de La Mecque en 1924, mettant fin à la domination hachémite dans la région et consolidant le pouvoir d'Ibn Saoud. Cette conquête a été une étape clé dans la formation du royaume d'Arabie Saoudite et a marqué la fin des ambitions du Chérif Hussein de créer un royaume arabe unifié sous la dynastie hachémite.

L'Ascension de l'Arabie Saoudite et la Découverte du Pétrole[modifier | modifier le wikicode]

En 1926, Abdelaziz ibn Saoud, ayant consolidé son contrôle sur une grande partie de la péninsule arabique, s'est proclamé roi du Hedjaz. Le Hedjaz, une région d'une importance religieuse considérable en raison de la présence des villes saintes de La Mecque et Médine, était auparavant sous le contrôle de la dynastie hachémite. La prise du Hedjaz par Ibn Saoud a marqué une étape significative dans l'établissement de l'Arabie Saoudite comme une entité politique puissante dans la région. La reconnaissance d'Ibn Saoud en tant que roi du Hedjaz par des puissances telles que la Russie, la France et la Grande-Bretagne a été un moment clé dans la légitimation internationale de son règne. Ces reconnaissances ont indiqué un changement significatif dans les relations internationales et une acceptation du nouvel équilibre des pouvoirs dans la région. La prise de contrôle du Hedjaz par Ibn Saoud a non seulement renforcé sa position en tant que leader politique dans la péninsule arabique, mais a également accru son prestige dans le monde musulman, en le plaçant en tant que gardien des lieux saints de l'islam. Cela a également signifié la fin de la présence hachémite dans le Hedjaz, avec les membres restants de la dynastie hachémite fuyant vers d'autres parties du Moyen-Orient, où ils établiraient de nouveaux royaumes, en particulier en Jordanie et en Irak. La proclamation d'Ibn Saoud en tant que roi du Hedjaz a donc été un jalon important dans la formation de l'Arabie Saoudite moderne et a contribué à façonner l'architecture politique du Moyen-Orient dans la période suivant la Première Guerre mondiale.

En 1932, Abdelaziz ibn Saoud a achevé un processus de consolidation territorial et politique qui a mené à la création du Royaume d'Arabie Saoudite. Le royaume a uni les régions du Nedj (ou Nejd) et du Hedjaz sous une seule autorité nationale, marquant la naissance de l'État saoudien moderne. Cette unification a représenté l'aboutissement des efforts d'Ibn Saoud pour établir un royaume stable et unifié dans la péninsule arabique, consolidant les différentes conquêtes et alliances qu'il avait réalisées au fil des années. La découverte du pétrole en 1938 en Arabie Saoudite a été un tournant majeur non seulement pour le royaume, mais aussi pour l'économie mondiale. La Compagnie pétrolière américaine California Arabian Standard Oil Company (plus tard ARAMCO) a été la première à découvrir du pétrole en quantité commerciale. Cette découverte a transformé l'Arabie Saoudite d'un État principalement désertique et agraire en l'un des plus grands producteurs de pétrole au monde.

La Seconde Guerre mondiale a accentué l'importance stratégique du pétrole saoudien. Bien que l'Arabie Saoudite soit restée officiellement neutre pendant la guerre, la demande croissante de pétrole pour alimenter les efforts de guerre a fait du royaume un partenaire économique important pour les Alliés, notamment la Grande-Bretagne et les États-Unis. La relation entre l'Arabie Saoudite et les États-Unis, en particulier, s'est renforcée pendant et après la guerre, établissant les bases d'une alliance durable centrée sur la sécurité et le pétrole. Cette période a également vu le début de l'influence significative de l'Arabie Saoudite dans les affaires mondiales, en grande partie grâce à ses vastes réserves de pétrole. Le royaume est devenu un acteur clé dans l'économie mondiale et la politique du Moyen-Orient, une position qu'il continue d'occuper aujourd'hui. La richesse pétrolière a permis à l'Arabie Saoudite d'investir massivement dans le développement national et de jouer un rôle influent dans la politique régionale et internationale.

Défis Modernes : Islamisme, Pétrole, et Politique Internationale[modifier | modifier le wikicode]

La révolution islamique en Iran en 1979 a eu un impact profond sur l'équilibre géopolitique dans le Moyen-Orient, y compris en Arabie Saoudite. La montée au pouvoir de l'Ayatollah Khomeini et l'établissement d'une République islamique en Iran ont soulevé des inquiétudes dans de nombreux pays de la région, notamment en Arabie Saoudite, où l'on craignait que l'idéologie révolutionnaire chiite ne s'exporte et ne déstabilise les monarchies du Golfe, majoritairement sunnites. En Arabie Saoudite, ces craintes ont renforcé la position du royaume en tant qu'allié des États-Unis et d'autres puissances occidentales. Dans le contexte de la Guerre froide et de l'hostilité croissante entre les États-Unis et l'Iran après la révolution, l'Arabie Saoudite a été perçue comme un contrepoids vital à l'influence iranienne dans la région. Le wahhabisme, l'interprétation stricte et conservatrice de l'islam sunnite pratiquée en Arabie Saoudite, est devenu un élément central de l'identité du royaume et a été utilisé pour contrer l'influence chiite iranienne.

L'Arabie Saoudite a également joué un rôle clé dans les efforts anti-soviétiques, en particulier pendant la guerre d'Afghanistan (1979-1989). Le royaume a soutenu les moudjahidines afghans luttant contre l'invasion soviétique, à la fois financièrement et idéologiquement, en promouvant le wahhabisme comme un élément de la résistance islamique contre l'athéisme soviétique. En 1981, dans le cadre de sa stratégie pour renforcer la coopération régionale et contrer l'influence iranienne, l'Arabie Saoudite a été un acteur clé dans la création du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Le CCG, une alliance politique et économique, comprend l'Arabie Saoudite, le Koweït, les Émirats Arabes Unis, le Qatar, le Bahreïn et Oman. L'organisation a été conçue pour favoriser la collaboration entre les monarchies du Golfe dans divers domaines, notamment la défense, l'économie et la politique étrangère. La position de l'Arabie Saoudite au sein du CCG a reflété et renforcé son rôle de leader régional. Le royaume a utilisé le CCG comme plateforme pour promouvoir ses intérêts stratégiques et pour stabiliser la région face aux défis sécuritaires et politiques, notamment les tensions avec l'Iran et les turbulences liées aux mouvements islamistes et aux conflits régionaux.

L'invasion du Koweït par l'Irak sous Saddam Hussein en août 1990 a déclenché une série d'événements cruciaux dans la région du Golfe, ayant des répercussions majeures sur l'Arabie Saoudite et la politique mondiale. Cette invasion a mené à la Guerre du Golfe de 1991, lors de laquelle une coalition internationale dirigée par les États-Unis a été formée pour libérer le Koweït. Face à la menace irakienne, l'Arabie Saoudite, craignant une possible invasion de son propre territoire, a accepté la présence de forces militaires américaines et d'autres troupes de la coalition sur son sol. Des bases militaires temporaires ont été établies en Arabie Saoudite pour lancer des opérations contre l'Irak. Cette décision a été historique et controversée, car elle impliquait la station de troupes non musulmanes dans le pays qui abrite les deux villes les plus saintes de l'islam, La Mecque et Médine.

La présence militaire américaine en Arabie Saoudite a été fortement critiquée par divers groupes islamistes, dont Al-Qaïda, dirigée par Oussama ben Laden. Ben Laden, lui-même d'origine saoudienne, a interprété la présence militaire américaine en Arabie Saoudite comme une profanation des terres saintes de l'islam. Cela a constitué l'un des principaux griefs d'Al-Qaïda contre les États-Unis et a été utilisé comme une justification pour ses attaques terroristes, y compris les attentats du 11 septembre 2001. La réaction d'Al-Qaïda à la Guerre du Golfe et à la présence militaire américaine en Arabie Saoudite a mis en lumière les tensions croissantes entre les valeurs occidentales et certains groupes islamistes radicaux. Cela a également souligné les défis auxquels l'Arabie Saoudite était confrontée en équilibrant ses relations stratégiques avec les États-Unis et en gérant les sentiments islamiques conservateurs au sein de sa propre population. La période post-Guerre du Golfe a été une époque de changement et d'instabilité dans la région, marquée par des conflits politiques et idéologiques, qui continuent d'influencer la dynamique régionale et internationale.

L'incident de la Grande Mosquée de La Mecque en 1979 est un événement marquant dans l'histoire contemporaine de l'Arabie Saoudite et illustre les tensions internes liées aux questions d'identité religieuse et politique. Le 20 novembre 1979, un groupe de fondamentalistes islamistes dirigé par Juhayman al-Otaybi a pris d'assaut la Grande Mosquée de La Mecque, l'un des lieux les plus sacrés de l'islam. Juhayman al-Otaybi et ses partisans, issus principalement de milieux conservateurs et religieux, ont critiqué la famille royale saoudienne pour sa corruption, son luxe et son ouverture à l'influence occidentale. Ils considéraient que ces facteurs étaient en contradiction avec les principes wahhabites sur lesquels le royaume avait été fondé. Al-Otaybi a proclamé son beau-frère, Mohammed Abdullah al-Qahtani, comme le Mahdi, une figure messianique dans l'islam.

Le siège de la Grande Mosquée a duré deux semaines, durant lesquelles les insurgés ont retenu des milliers de pèlerins en otage. La situation a posé un défi considérable pour le gouvernement saoudien, non seulement en termes de sécurité, mais aussi en termes de légitimité religieuse et politique. L'Arabie Saoudite a dû demander une fatwa (décret religieux) pour permettre l'intervention militaire dans la mosquée, normalement un sanctuaire de paix où la violence est interdite. L'assaut final pour reprendre la mosquée a commencé le 4 décembre 1979 et a été mené par les forces de sécurité saoudiennes avec l'aide de conseillers français. La bataille a été intense et meurtrière, faisant des centaines de morts parmi les insurgés, les forces de sécurité et les otages.

L'incident a eu des répercussions profondes en Arabie Saoudite et dans le monde musulman. Il a révélé des fissures dans la société saoudienne et a mis en évidence les défis auxquels le royaume était confronté en termes de gestion de l'extrémisme religieux. En réponse à cette crise, le gouvernement saoudien a renforcé ses politiques conservatrices en matière religieuse et a augmenté son contrôle sur les institutions religieuses, tout en continuant à réprimer l'opposition islamiste. L'incident a également souligné la complexité de la relation entre religion, politique et pouvoir en Arabie Saoudite.

Les pays créés par décrets[modifier | modifier le wikicode]

À la fin de la Première Guerre mondiale, les États-Unis, sous la présidence de Woodrow Wilson, avaient une vision différente de celle des puissances européennes concernant l'avenir des territoires conquis pendant la guerre. Wilson, avec ses Quatorze Points, prônait le droit des peuples à l'autodétermination et s'opposait à l'acquisition de territoires par conquête, une position qui contrastait avec les objectifs coloniaux traditionnels des puissances européennes, notamment la Grande-Bretagne et la France. Les États-Unis étaient également favorables à un système de commerce ouvert et équitable, ce qui signifiait que les territoires ne devaient pas être exclusivement sous le contrôle d'une seule puissance, afin de permettre un accès commercial plus large, bénéficiant ainsi aux intérêts américains. Cependant, dans la pratique, les intérêts britanniques et français ont prévalu, ces derniers ayant obtenu des gains territoriaux significatifs à la suite de l'effondrement de l'Empire ottoman et de la défaite de l'Allemagne.

Pour concilier ces différentes perspectives, un compromis a été trouvé à travers le système de mandats de la Société des Nations. Ce système était censé être une forme de gouvernance internationale pour les territoires conquis, en préparation de leur éventuelle indépendance. La mise en place de ce système a nécessité un processus complexe de négociations et de traités. La Conférence de San Remo en 1920 a été un moment clé dans ce processus, au cours duquel les mandats pour les territoires de l'ancien Empire ottoman ont été attribués, principalement à la Grande-Bretagne et à la France. Par la suite, la Conférence du Caire en 1921 a davantage défini les termes et les limites de ces mandats. Les Traités de Sèvres en 1920 et de Lausanne en 1923 ont redessiné la carte du Moyen-Orient et ont formalisé la fin de l'Empire ottoman. Le Traité de Sèvres, en particulier, a démantelé l'Empire ottoman et a prévu la création d'un certain nombre d'États-nations indépendants. Cependant, en raison de l'opposition turque et de changements ultérieurs dans la situation géopolitique, le Traité de Sèvres a été remplacé par le Traité de Lausanne, qui a redéfini les frontières de la Turquie moderne et a annulé certaines des dispositions du Traité de Sèvres. Ce long processus de négociation a reflété les complexités et les tensions de l'ordre mondial d'après-guerre, avec des puissances établies cherchant à maintenir leur influence tout en faisant face à de nouveaux idéaux internationaux et à l'émergence des États-Unis en tant que puissance mondiale.

Après la Première Guerre mondiale, le démantèlement des empires ottoman et allemand a conduit à la création du système de mandats de la Société des Nations, une tentative de gérer les territoires de ces anciens empires dans un contexte postcolonial. Ce système, établi par les traités de paix de l'après-guerre, notamment le Traité de Versailles en 1919, était divisé en trois catégories - A, B et C - reflétant le degré perçu de développement et de préparation à l'autonomie des territoires concernés.

Les mandats de type A, attribués aux territoires de l'ancien Empire ottoman dans le Moyen-Orient, étaient considérés comme les plus avancés vers l'autodétermination. Ces territoires, jugés relativement « civilisés » par les normes de l'époque, comprenaient la Syrie et le Liban, placés sous mandat français, ainsi que la Palestine (incluant la Jordanie actuelle) et l'Irak, sous mandat britannique. La notion de "civilisation" employée à cette époque reflétait les préjugés et les attitudes paternalistes des puissances coloniales, supposant que ces régions étaient plus proches de la gouvernance autonome que d'autres. Le traitement des mandats de type A reflétait les intérêts géopolitiques des puissances mandataires, notamment la Grande-Bretagne et la France, qui cherchaient à étendre leur influence dans la région. Leurs actions ont souvent été motivées par des considérations stratégiques et économiques, telles que le contrôle des routes commerciales et l'accès aux ressources pétrolières, plutôt que par un engagement envers l'autonomie des populations locales. Cela a été illustré par la déclaration Balfour de 1917, dans laquelle la Grande-Bretagne a exprimé son soutien à la création d'un "foyer national juif" en Palestine, une décision qui a eu des conséquences durables et conflictuelles pour la région. Les mandats de type B et C, concernant principalement l'Afrique et certaines îles du Pacifique, étaient considérés comme nécessitant un niveau de supervision plus élevé. Ces territoires, souvent sous-développés et avec peu d'infrastructures, étaient gérés de manière plus directe par les puissances mandataires. Le système de mandats, bien que présenté comme une forme de tutelle bienveillante, était en réalité très proche du colonialisme et a été largement perçu comme tel par les populations autochtones.

En résumé, le système de mandats de la Société des Nations, malgré son intention déclarée de préparer les territoires à l'indépendance, a souvent servi à perpétuer l'influence et le contrôle des puissances européennes dans les régions concernées. Il a également jeté les bases de nombreux conflits politiques et territoriaux futurs, en particulier au Moyen-Orient, où les frontières et les politiques établies pendant cette période continuent d'avoir un impact significatif sur les dynamiques régionales et internationales.

MOMCENC - Territories lost by the Ottoman Empire in the Middle East.png

Cette carte présente la répartition des territoires autrefois sous contrôle de l'Empire ottoman dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord après leur perte par l'Empire, principalement à la suite de la Première Guerre mondiale. On y distingue les différentes zones d'influence et les territoires contrôlés par les puissances européennes grâce à un code couleur. Les territoires sont divisés selon la puissance qui les contrôlait ou exerçait une influence sur eux. Les territoires contrôlés par les Britanniques sont en mauve, les Français en jaune, les Italiens en rose et les Espagnols en bleu. Les territoires indépendants sont marqués en jaune pale, l'Empire ottoman est en verre avec ses frontières à leur apogée en surbrillance, et les zones d'influence russe et britannique sont également indiquées.

La carte montre également les dates de l'occupation initiale ou du contrôle de certains territoires par les puissances coloniales, indiquant ainsi la période de l'expansion impérialiste en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Par exemple, l'Algérie est marquée comme territoire français depuis 1830, la Tunisie depuis 1881 et le Maroc est divisé entre le contrôle français (depuis 1912) et espagnol (depuis 1912). La Libye, quant à elle, était sous contrôle italien de 1911 à 1932. L'Égypte est marquée comme sous contrôle britannique depuis 1882, bien qu'elle ait été techniquement un protectorat britannique. Le Soudan anglo-égyptien est également indiqué, reflétant le contrôle conjoint de l'Égypte et de la Grande-Bretagne depuis 1899. En ce qui concerne le Moyen-Orient, la carte montre clairement les mandats de la Société des Nations, avec la Syrie et le Liban sous mandat français et l'Irak et la Palestine (y compris la Transjordanie actuelle) sous mandat britannique. Le Hedjaz, la région autour de La Mecque et Médine, est également indiqué, reflétant le contrôle de la famille Saoud, tandis que le Yémen et Oman sont marqués comme des protectorats britanniques. Cette carte est un outil utile pour comprendre les changements géopolitiques qui ont eu lieu après le déclin de l'Empire ottoman et comment le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ont été remodelés par les intérêts coloniaux européens. Elle montre également la complexité des relations de pouvoir dans la région, qui continuent d'affecter la politique régionale et internationale aujourd'hui.

En 1919, à la suite de la Première Guerre mondiale, le partage des territoires de l'ancien Empire ottoman entre les puissances européennes a été un processus controversé et conflictuel. Les populations locales de ces régions, ayant nourri des aspirations à l'autodétermination et à l'indépendance, ont souvent accueilli avec hostilité l'établissement de mandats sous contrôle européen. Cette hostilité s'inscrivait dans un contexte plus large de mécontentement face à l'influence et à l'intervention occidentales dans la région. Le mouvement nationaliste arabe, qui avait pris de l'ampleur pendant la guerre, aspirait à la création d'un État arabe unifié ou de plusieurs États arabes indépendants. Ces aspirations avaient été encouragées par les promesses britanniques de soutien à l'indépendance arabe en échange du soutien contre les Ottomans, notamment à travers la correspondance Hussein-McMahon et la Révolte arabe dirigée par le Chérif Hussein de La Mecque. Cependant, les accords Sykes-Picot de 1916, un arrangement secret entre la Grande-Bretagne et la France, prévoyaient le partage de la région en zones d'influence, trahissant ainsi les promesses faites aux Arabes.

Les sentiments anti-occidentaux étaient particulièrement forts en raison de la perception que les puissances européennes ne respectaient pas leurs engagements envers les populations arabes et manipulaient la région pour leurs propres intérêts impérialistes. En revanche, les États-Unis étaient souvent vus d'un œil moins critique par les populations locales. La politique américaine, sous la présidence de Woodrow Wilson, était perçue comme plus favorable à l'autodétermination et moins encline à l'impérialisme traditionnel. De plus, les États-Unis n'avaient pas le même historique colonial que les puissances européennes dans la région, ce qui les rendait moins susceptibles de susciter l'hostilité des populations locales. L'immédiat après-guerre a donc été une période de profonde incertitude et de tension dans le Moyen-Orient, les populations locales luttant pour leur indépendance et leur autonomie face à des puissances étrangères cherchant à façonner la région selon leurs propres intérêts stratégiques et économiques. Les répercussions de ces événements ont façonné l'histoire politique et sociale du Moyen-Orient tout au long du 20e siècle et continuent d'influencer les relations internationales dans la région.

La Syrie[modifier | modifier le wikicode]

L'Aube du Nationalisme Arabe: Le Rôle de Fayçal[modifier | modifier le wikicode]

Fayçal, fils du Chérif Hussein ben Ali de La Mecque, a joué un rôle de premier plan dans la Révolte arabe contre l'Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale et dans les tentatives ultérieures de former un royaume arabe indépendant. Après la guerre, il s'est rendu à la Conférence de paix de Paris en 1919, armé des promesses britanniques d'indépendance pour les Arabes en échange de leur soutien durant le conflit. Cependant, une fois à Paris, Fayçal a rapidement constaté les réalités politiques complexes et les intrigues de la diplomatie post-guerre. Les intérêts français au Moyen-Orient, en particulier en Syrie et au Liban, étaient en contradiction directe avec les aspirations à l'indépendance arabe. Les Français étaient résolument opposés à la création d'un royaume arabe unifié sous la direction de Fayçal, envisageant plutôt de placer ces territoires sous leur contrôle dans le cadre du système de mandats de la Société des Nations. Face à cette opposition, et conscient de la nécessité de renforcer sa position politique, Fayçal a négocié un accord avec le Premier ministre français Georges Clemenceau. Cet accord visait à établir un protectorat français sur la Syrie, ce qui était en désaccord avec les aspirations des nationalistes arabes. Fayçal a gardé cet accord secret de ses partisans, qui continuaient à lutter pour l'indépendance complète.

Entre-temps, un État syrien était en cours de formation. Sous la direction de Fayçal, des efforts ont été entrepris pour établir les fondations d'un État moderne, avec des réformes dans l'éducation, la création d'une administration publique, la mise en place d'une armée et l'élaboration de politiques visant à renforcer l'identité et la souveraineté nationales. Malgré ces développements, la situation en Syrie restait précaire. L'accord secret avec Clemenceau et le manque de soutien britannique ont placé Fayçal dans une position difficile. Finalement, la France a pris le contrôle direct de la Syrie en 1920 après la bataille de Maysaloun, mettant fin aux espoirs de Fayçal d'établir un royaume arabe indépendant. Fayçal a été expulsé de Syrie par les Français, mais il deviendra plus tard le roi de l'Irak, un autre État nouvellement formé sous mandat britannique.

La Syrie Sous le Mandat Français: Les Accords Sykes-Picot[modifier | modifier le wikicode]

Les accords Sykes-Picot, conclus en 1916 entre la Grande-Bretagne et la France, avaient établi un partage d'influence et de contrôle sur les territoires de l'ancien Empire ottoman après la Première Guerre mondiale. Selon ces accords, la France devait obtenir le contrôle de ce qui est aujourd'hui la Syrie et le Liban, tandis que la Grande-Bretagne devait contrôler l'Irak et la Palestine. En juillet 1920, la France a cherché à consolider son contrôle sur les territoires qui lui avaient été promis par les accords Sykes-Picot. La bataille de Maysaloun s'est déroulée entre les forces françaises et les troupes de l'éphémère royaume arabe syrien sous le commandement du roi Fayçal. Les forces de Fayçal, mal équipées et mal préparées, ont été largement dépassées par l'armée française mieux équipée et entraînée. La défaite à la bataille de Maysaloun a été un coup dévastateur pour les aspirations arabes à l'indépendance et a mis fin au règne de Fayçal en Syrie. Suite à cette défaite, il a été forcé à l'exil. Cet événement a marqué l'établissement du mandat français sur la Syrie, qui a été officiellement reconnu par la Société des Nations malgré les aspirations à l'autodétermination des peuples syriens. La mise en place des mandats était censée préparer les territoires à l'autonomie et à l'indépendance éventuelles, mais dans la pratique, elle a souvent fonctionné comme une conquête et une administration coloniale. Les populations locales ont largement considéré les mandats comme une continuation du colonialisme européen, et la période du mandat français en Syrie a été marquée par des rébellions et une résistance significatives. Cette période a façonné de nombreuses dynamiques politiques, sociales et nationales en Syrie, influençant l'histoire et l'identité du pays jusqu'à ce jour.

La Fragmentation et l'Administration Française en Syrie[modifier | modifier le wikicode]

Après avoir établi le contrôle sur les territoires syriens suite à la bataille de Maysaloun, la France, sous l'autorité du mandat conféré par la Société des Nations, a entrepris de restructurer la région selon ses propres conceptions administratives et politiques. Cette restructuration impliquait souvent la division des territoires en fonction de critères confessionnels ou ethniques, une pratique courante de la politique coloniale qui visait à fragmenter et à affaiblir les mouvements nationalistes locaux.

En Syrie, les autorités mandataires françaises ont divisé le territoire en plusieurs entités, y compris l'État des Alépins, l'État des Damascènes, l'État alaouite et le Grand Liban, ce dernier devenant la République libanaise moderne. Ces divisions reflétaient en partie les réalités socioculturelles complexes de la région, mais elles ont également été conçues pour empêcher l'émergence d'une unité arabe qui pourrait contester la domination française, incarnant la stratégie de "diviser pour mieux régner". Le Liban, en particulier, a été créé avec une identité distincte, en grande partie pour servir les intérêts des communautés chrétiennes maronites, qui entretenaient des liens historiques avec la France. La création de ces différents États au sein de la Syrie mandataire a provoqué une fragmentation politique qui a compliqué les efforts pour un mouvement national unifié.

La France a administré ces territoires d'une manière similaire à ses départements métropolitains, en imposant une structure centralisée et en plaçant des hauts-commissaires pour gouverner les territoires au nom du gouvernement français. Cette administration directe s'est accompagnée de la mise en place rapide d'institutions administratives et éducatives dans le but d'assimiler les populations locales à la culture française et de renforcer la présence française dans la région. Cependant, cette politique a exacerbé les frustrations arabes, car de nombreux Syriens et Libanais aspiraient à l'indépendance et au droit de déterminer leur propre avenir politique. Les politiques de la France ont souvent été perçues comme une continuation de l'ingérence occidentale et ont alimenté le sentiment nationaliste et anti-colonialiste. Des soulèvements et des révoltes ont éclaté en réponse à ces mesures, notamment la Grande Révolte syrienne de 1925-1927, qui a été violemment réprimée par les Français. L'héritage de cette période a laissé des marques durables sur la Syrie et le Liban, façonnant leurs frontières, leurs structures politiques et leurs identités nationales. Les tensions et les divisions établies sous le mandat français ont continué à influencer les dynamiques politiques et communautaires de ces pays bien après leur indépendance.

La Révolte de 1925-1927 et la Répression Française[modifier | modifier le wikicode]

La Grande Révolte syrienne, qui a éclaté en 1925, est un épisode marquant de la résistance contre le mandat français en Syrie. Elle a commencé parmi la population druze du Jabal al-Druze (Montagne des Druzes) dans le sud de la Syrie et s'est rapidement étendue à d'autres régions, y compris à la capitale, Damas. Les Druzes, qui avaient joui d'une certaine autonomie et de privilèges sous l'administration ottomane, se sont retrouvés marginalisés et leurs pouvoirs réduits sous le mandat français. Leur mécontentement face à la perte d'autonomie et aux politiques imposées par les Français, qui cherchaient à centraliser l'administration et à affaiblir les pouvoirs locaux traditionnels, a été l'étincelle qui a déclenché la révolte. La révolte s'est étendue et a pris de l'ampleur, gagnant le soutien de divers segments de la société syrienne, y compris des nationalistes arabes qui s'opposaient à la domination étrangère et aux divisions administratives imposées par la France. La réaction des autorités mandataires françaises a été extrêmement sévère. Elles ont eu recours à des bombardements aériens, des exécutions de masse et des expositions publiques des corps des insurgés pour dissuader d'autres résistances.

Les actions répressives des Français, qui comprenaient la destruction de villages et la brutalité à l'égard des civils, ont été largement condamnées et ont terni la réputation de la France tant au niveau international que parmi les populations locales. Bien que la révolte ait été éventuellement écrasée, elle est restée gravée dans la mémoire collective syrienne comme un symbole de la lutte pour l'indépendance et la dignité nationale. La Grande Révolte syrienne a aussi eu des implications à long terme pour la politique syrienne, renforçant le sentiment anti-colonial et contribuant à forger une identité nationale syrienne. Elle a également contribué à des changements dans la politique française, qui a dû ajuster son approche du mandat en Syrie, conduisant finalement à l'accroissement de l'autonomie syrienne dans les années qui ont suivi.

Le Chemin Vers l'Indépendance de la Syrie[modifier | modifier le wikicode]

La gestion du mandat français en Syrie a été marquée par des politiques qui s'apparentaient davantage à une administration coloniale qu'à une tutelle bienveillante menant à l'autodépendance, contrairement à ce que prévoyait théoriquement le système de mandats de la Société des Nations. La répression de la Grande Révolte syrienne et la centralisation administrative ont renforcé les sentiments nationalistes et anticolonialistes en Syrie, qui ont continué à croître malgré l'oppression.

La montée du nationalisme syrien, ainsi que les changements géopolitiques mondiaux, ont finalement conduit à l'indépendance du pays. Après la Seconde Guerre mondiale, dans un monde qui s'orientait de plus en plus contre le colonialisme, la France a été forcée de reconnaître l'indépendance de la Syrie en 1946. Cependant, cette transition vers l'indépendance a été compliquée par les manœuvres politiques régionales et les alliances internationales, notamment concernant la Turquie. Durant la Seconde Guerre mondiale, la Turquie a maintenu une position neutre pendant la majeure partie du conflit, mais ses relations avec l'Allemagne nazie ont suscité des inquiétudes chez les Alliés. Dans un effort pour sécuriser la neutralité turque ou pour éviter que la Turquie ne s'allie avec les puissances de l'Axe, la France a effectué un geste diplomatique en cédant la région de Hatay (historiquement connue sous le nom d'Antioche et Alexandrette) à la Turquie.

La région de Hatay avait une importance stratégique et une population mixte, avec des communautés turques, arabes et arméniennes. La question de son appartenance a été un sujet de tension entre la Syrie et la Turquie depuis le démembrement de l'Empire ottoman. En 1939, un plébiscite, dont la légitimité a été contestée par les Syriens, a eu lieu et a conduit à l'annexion formelle de la région à la Turquie. La cession de Hatay a été un coup dur pour le sentiment national syrien et a laissé une cicatrice dans les relations turco-syriennes qui perdure. Pour la Syrie, la perte de Hatay est souvent perçue comme un acte de trahison de la part de la France et un exemple douloureux des manipulations territoriales des puissances coloniales. Pour la Turquie, l'annexion de Hatay a été vue comme la rectification d'une division injuste du peuple turc et la récupération d'un territoire historiquement lié à l'Empire ottoman..

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, lorsque la France a été vaincue et occupée par l'Allemagne nazie en 1940, le gouvernement de Vichy, un régime collaborationniste dirigé par le maréchal Philippe Pétain, a été établi. Ce régime a également pris le contrôle des territoires français outre-mer, y compris le mandat français au Liban. Le gouvernement de Vichy, aligné sur les puissances de l'Axe, a permis aux forces allemandes d'utiliser les infrastructures militaires au Liban, ce qui posait un risque sécuritaire pour les Alliés, notamment les Britanniques, qui étaient engagés dans une campagne militaire au Moyen-Orient. La présence de l'Axe au Liban était perçue comme une menace directe aux intérêts britanniques, particulièrement avec la proximité des champs pétrolifères et des routes de transport stratégiques. Les Britanniques et les Forces françaises libres, dirigées par le général Charles de Gaulle et opposées au régime de Vichy, ont lancé l'Opération Exporter en 1941. Cette campagne militaire avait pour objectif de prendre le contrôle du Liban et de la Syrie et d'éliminer la présence des forces de l'Axe dans la région. Après de durs combats, les troupes britanniques et les Forces françaises libres ont réussi à prendre le contrôle du Liban et de la Syrie, et le régime de Vichy a été expulsé.

À la fin de la guerre, la pression britannique et l'évolution des attitudes internationales envers le colonialisme ont contraint la France à reconsidérer sa position au Liban. En 1943, les leaders libanais ont négocié avec les autorités françaises pour obtenir l'indépendance du pays. Bien que la France ait initialement tenté de maintenir son influence et a même brièvement arrêté le nouveau gouvernement libanais, des pressions internationales et des soulèvements populaires ont finalement conduit la France à reconnaître l'indépendance du Liban. Le 22 novembre 1943 est célébré comme le jour de l'indépendance du Liban, marquant la fin officielle du mandat français et la naissance du Liban en tant qu'État souverain. Cette transition vers l'indépendance a été un moment clé pour le Liban et a posé les fondations pour l'avenir du pays en tant que nation indépendante.

Après avoir acquis son indépendance, la Syrie s'est orientée vers une politique panarabe et nationaliste, en partie en réaction à l'ère du mandat et aux défis posés par la formation de l'État d'Israël et le conflit israélo-arabe. Le sentiment nationaliste était exacerbé par la frustration face aux divisions internes, à l'ingérence étrangère et au sentiment d'humiliation suite aux expériences coloniales.

La participation de la Syrie à la guerre arabo-israélienne de 1948 contre l'État nouvellement formé d'Israël a été motivée par ces sentiments nationalistes et panarabes, ainsi que par la pression de la solidarité arabe. Cependant, la défaite des armées arabes dans cette guerre a eu des conséquences profondes pour la région, y compris pour la Syrie. Elle a engendré une période d'instabilité politique interne, marquée par une série de coups d'État militaires qui ont caractérisé la politique syrienne dans les années suivantes. La défaite en 1948 et les problèmes internes qui ont suivi ont exacerbé la méfiance du public syrien envers les dirigeants civils et les politiciens, qui étaient souvent perçus comme corrompus ou inefficaces. L'armée est devenue l'institution la plus stable et la plus puissante de l'État, et a été le principal acteur dans les fréquents changements de gouvernance. Les coups d'État militaires sont devenus une méthode courante pour changer de gouvernement, reflétant les profondes divisions politiques, idéologiques et sociales du pays.

Ce cycle d'instabilité a préparé le terrain pour l'ascension du parti Baas, qui a finalement pris le pouvoir en 1963. Le parti Baas, avec son idéologie panarabe socialiste, a cherché à réformer la société syrienne et à renforcer l'État, mais a également conduit à un gouvernement plus autoritaire et centralisé, dominé par l'appareil militaire et sécuritaire. Les tensions internes de la Syrie, combinées à ses relations complexes avec ses voisins et aux dynamiques régionales, ont fait de l'histoire contemporaine du pays une période de turbulences politiques, qui ont finalement culminé avec la guerre civile syrienne débutée en 2011.

L'Instabilité Politique et la Montée du Parti Baas[modifier | modifier le wikicode]

Le Baasisme, une idéologie politique arabe qui prône le socialisme, le panarabisme et le laïcisme, a commencé à gagner du terrain dans le monde arabe au cours des années 1950. En Syrie, où les sentiments panarabes étaient particulièrement forts après l'indépendance, l'idée de l'unité arabe a trouvé un écho favorable, particulièrement à la suite des instabilités politiques internes. Les aspirations panarabes de la Syrie l'ont amenée à chercher une union plus étroite avec l'Égypte, alors dirigée par Gamal Abdel Nasser, un leader charismatique dont la popularité s'étendait bien au-delà des frontières égyptiennes, notamment grâce à sa nationalisation du canal de Suez et à son opposition à l'impérialisme. Nasser était considéré comme le champion du panarabisme et avait réussi à promouvoir une vision d'unité et de coopération entre les États arabes. En 1958, cette aspiration à l'unité a abouti à la formation de la République arabe unie (RAU), une union politique entre l'Égypte et la Syrie. Ce développement a été salué comme une étape majeure vers l'unité arabe et a suscité de grands espoirs pour l'avenir politique du monde arabe.

Cependant, l'union a rapidement montré des signes de tension. Bien que la RAU ait été présentée comme une union d'égaux, dans la pratique, le leadership politique de l'Égypte et de Nasser est devenu prédominant. Les institutions politiques et économiques de la RAU étaient largement centralisées au Caire, et la Syrie a commencé à ressentir qu'elle était réduite au statut de province égyptienne plutôt que de partenaire égal dans l'union. Ces tensions ont été exacerbées par les différences dans les structures politiques, économiques et sociales des deux pays. La domination égyptienne et les frustrations croissantes en Syrie ont finalement conduit à la dissolution de la RAU en 1961, lorsque des officiers militaires syriens ont mené un coup d'État qui a séparé la Syrie de l'union. L'expérience de la RAU a laissé un héritage ambivalent : d'un côté, elle a montré le potentiel de l'unité arabe, mais de l'autre, elle a révélé les défis pratiques et idéologiques à surmonter pour réaliser une véritable intégration politique entre les États arabes.

Le 28 septembre 1961, un groupe d'officiers militaires syriens, mécontents de la centralisation excessive du pouvoir au Caire et de la domination égyptienne au sein de la République arabe unie (RAU), a mené un coup d'État qui a marqué la fin de l'union entre la Syrie et l'Égypte. Ce soulèvement était principalement motivé par des sentiments nationalistes et régionalistes en Syrie, où de nombreux citoyens et politiciens se sentaient marginalisés et négligés par le gouvernement de la RAU dirigé par Nasser. La dissolution de la RAU a exacerbé l'instabilité politique déjà présente en Syrie, qui avait connu une série de coups d'État depuis son indépendance en 1946. La séparation de l'Égypte a été accueillie avec soulagement par de nombreux Syriens qui s'inquiétaient de la perte de souveraineté et d'autonomie de leur pays. Cependant, elle a également créé un vide politique que divers groupes et factions, y compris le parti Baas, chercheraient à exploiter. Le coup d'État de 1961 a donc préparé le terrain pour une période de conflit politique intense en Syrie, qui verrait le parti Baas se frayer un chemin vers le pouvoir en 1963. Sous la direction du Baas, la Syrie adopterait une série de réformes socialistes et panarabes, tout en établissant un régime autoritaire qui allait dominer la vie politique syrienne pendant plusieurs décennies. La période qui a suivi le coup d'État de 1961 a été marquée par des tensions entre les factions baasistes et autres groupes politiques, chacun cherchant à imposer sa vision pour l'avenir de la Syrie.

La Syrie, après une période d'instabilité politique et de coups d'État successifs, a connu un tournant décisif en 1963 avec l'arrivée au pouvoir du parti Baas. Ce mouvement, fondé sur les principes du panarabisme et du socialisme, visait à transformer la société syrienne en promouvant une identité arabe unifiée et en mettant en œuvre des réformes sociales et économiques profondes. Le parti Baas, sous la direction de Michel Aflaq et Salah al-Din al-Bitar, avait émergé comme une force politique majeure, prônant une vision du socialisme adaptée aux spécificités du monde arabe. Leur idéologie combinait la promotion d'un État laïc avec des politiques socialistes, telles que la nationalisation des industries clés et la réforme agraire, visant à redistribuer les terres aux paysans et à moderniser l'agriculture.

Dans le domaine de l'éducation, le gouvernement baasiste a initié des réformes visant à augmenter l'alphabétisation et à inculquer des valeurs socialistes et panarabes. Ces réformes visaient à forger une nouvelle identité nationale, en se concentrant sur l'histoire et la culture arabes, tout en promouvant la science et la technologie comme moyens de modernisation. En parallèle, la Syrie a connu une période de sécularisation accélérée. Le parti Baas a œuvré pour réduire le rôle de la religion dans les affaires de l'État, s'efforçant de créer une société plus homogène sur le plan idéologique, tout en gérant la diversité religieuse et ethnique du pays.

Cependant, ces réformes ont également été accompagnées d'une augmentation de l'autoritarisme. Le parti Baas a consolidé son emprise sur le pouvoir, limitant les libertés politiques et réprimant toute forme d'opposition. Les tensions internes au sein du parti et au sein de la société syrienne ont continué à se manifester, culminant avec l'ascension de Hafez al-Assad au pouvoir en 1970. Sous Assad, la Syrie a poursuivi sa trajectoire de socialisme arabe, mais avec une emprise encore plus forte du régime sur la société et la politique. La période baasiste en Syrie a ainsi été caractérisée par un mélange de modernisation et d'autoritarisme, reflétant les complexités de la mise en œuvre d'une idéologie socialiste et panarabe dans un contexte de diversité culturelle et de défis politiques internes et externes. Cette époque a posé les bases du développement politique et social syrien pour les décennies suivantes, influençant profondément l'histoire contemporaine du pays.

L'Ère d'Hafez al-Assad: Consolidation du Pouvoir[modifier | modifier le wikicode]

L'évolution du parti Baas en Syrie a été marquée par des luttes de pouvoir internes et des divisions idéologiques, culminant dans un coup d'État en 1966. Ce coup d'État a été orchestré par une faction plus radicalement socialiste au sein du parti, qui cherchait à imposer une ligne politique plus stricte et plus alignée sur les principes socialistes et panarabes. Ce changement a conduit à une période de gouvernance plus dogmatique et idéologiquement rigide. Les nouveaux dirigeants du parti Baas ont poursuivi la mise en œuvre de réformes socialistes, tout en renforçant le contrôle étatique sur l'économie et en accentuant la rhétorique panarabe. Cependant, la défaite de la Syrie et d'autres pays arabes face à Israël lors de la guerre des Six Jours en 1967 a porté un coup sévère à la légitimité du parti Baas et à la vision panarabe en général. La perte du plateau du Golan au profit d'Israël et l'échec à atteindre les objectifs de la guerre ont entraîné une désillusion et un questionnement sur la direction politique du pays. Cette période a été marquée par le chaos et une instabilité accrue, exacerbant les tensions internes en Syrie.

Dans ce contexte, Hafez al-Assad, alors ministre de la Défense, a saisi l'opportunité pour consolider son pouvoir. En 1970, il a mené un coup d'État militaire réussi, écartant les dirigeants baasistes radicaux et prenant le contrôle du gouvernement. Assad a modifié la direction du parti Baas et de l'État syrien, en se concentrant davantage sur la stabilisation du pays et sur le nationalisme syrien plutôt que sur le panarabisme. Sous la direction d'Assad, la Syrie a connu une période de stabilisation relative et de consolidation du pouvoir. Assad a mis en place un régime autoritaire, contrôlant étroitement tous les aspects de la vie politique et sociale. Il a également cherché à renforcer l'armée et les services de sécurité, établissant un régime centré sur la sécurité et la survie du pouvoir. La prise de pouvoir par Hafez al-Assad en 1970 a donc marqué un tournant dans l'histoire moderne de la Syrie, inaugurant une ère de gouvernance plus centralisée et autoritaire, qui allait façonner l'avenir du pays pour les décennies à venir.

Hafez al-Assad, après avoir pris le pouvoir en Syrie en 1970, a rapidement compris la nécessité d'une base sociale solide et d'une certaine légitimité pour maintenir son régime. Pour consolider son pouvoir, il s'est appuyé sur sa communauté d'origine, les Alawites, une secte minoritaire du chiisme. Assad a stratégiquement placé des membres de la communauté alawite dans des postes clés au sein de l'armée, des services de sécurité et de l'administration gouvernementale. Cette approche a permis d'assurer la loyauté des institutions les plus importantes à son régime. Tout en conservant une rhétorique panarabe dans le discours officiel, Assad a centré le pouvoir autour de la nation syrienne, éloignant ainsi la politique syrienne de l'ambition plus large du panarabisme. Il a adopté une approche pragmatique en matière de politique intérieure et extérieure, cherchant à stabiliser le pays et à renforcer son pouvoir.

Le régime d'Assad a utilisé des tactiques de division et de cooptation, similaires à celles employées par les Français pendant le mandat, pour gérer la diversité ethnique et religieuse de la Syrie. En fragmentant et en manipulant les différentes communautés, le régime a cherché à empêcher l'émergence d'une opposition unifiée. La répression politique est devenue une caractéristique du régime, avec la mise en place d'un appareil sécuritaire étendu et efficace pour surveiller et contrôler la société. Malgré la purge de nombreuses factions de l'opposition, le régime d'Assad a dû faire face à un défi significatif de la part des groupes islamistes. Ces groupes, bénéficiant d'une base sociale solide, en particulier parmi les populations sunnites plus conservatrices, ont représenté une opposition persistante au régime laïc et alawite d'Assad. La tension entre le gouvernement et les groupes islamistes a culminé dans le soulèvement de la ville de Hama en 1982, qui a été brutalement réprimé par le régime. Ainsi, le règne d'Hafez al-Assad en Syrie a été caractérisé par une centralisation du pouvoir, une politique de répression et une certaine stabilisation du pays, mais aussi par une gestion complexe et souvent conflictuelle de la diversité sociopolitique du pays.

Le massacre de Hama en 1982 est l'un des épisodes les plus sombres et les plus sanglants de l'histoire moderne de la Syrie. Cette répression brutale a été ordonnée par Hafez al-Assad en réponse à une insurrection menée par les Frères musulmans dans la ville de Hama. Hama, une ville avec une forte présence islamiste et un bastion de l'opposition aux politiques laïques et alaouites du régime d'Assad, est devenue le centre d'une révolte armée contre le gouvernement. En février 1982, les forces de sécurité syriennes, dirigées par le frère d'Assad, Rifaat al-Assad, ont encerclé la ville et lancé une offensive militaire massive pour écraser la rébellion. La répression a été impitoyable et disproportionnée. Les forces gouvernementales ont utilisé des bombardements aériens, de l'artillerie lourde, et des troupes au sol pour détruire de larges parties de la ville et éliminer les insurgés. Le nombre exact de victimes reste incertain, mais les estimations suggèrent que des milliers de personnes, peut-être jusqu'à 20 000 ou plus, ont été tuées. De nombreux civils ont perdu la vie dans ce qui a été décrit comme un acte de punition collective. Le massacre de Hama n'était pas seulement une opération militaire ; il avait également une forte dimension symbolique. Il visait à envoyer un message clair à toute opposition potentielle au régime d'Assad : la rébellion serait rencontrée avec une force écrasante et impitoyable. La destruction de Hama a servi d'avertissement brutal et a réprimé la dissidence en Syrie pendant des années. Cette répression a également laissé des cicatrices profondes dans la société syrienne et a été un tournant dans la manière dont le régime d'Assad était perçu, tant au niveau national qu'international. Le massacre de Hama est devenu un symbole de l'oppression brutale en Syrie et a contribué à l'image du régime d'Assad comme étant l'un des plus répressifs du Moyen-Orient.

La gouvernance d'Hafez al-Assad en Syrie a dû naviguer dans les eaux complexes de la légitimité religieuse, en particulier en raison de sa propre appartenance à la communauté alaouite, une branche du chiisme souvent perçue avec suspicion par la majorité sunnite en Syrie. Pour asseoir sa légitimité et celle de son régime aux yeux de la majorité sunnite, Assad a dû s'appuyer sur des personnalités religieuses sunnites pour des rôles de fatwa et d'autres positions clés dans le domaine religieux. Ces personnalités étaient chargées d'interpréter la loi islamique et de fournir des justifications religieuses pour les actions du régime. La position des Alawites en tant que minorité religieuse dans un pays majoritairement sunnite a toujours été un défi pour Assad, qui a dû équilibrer les intérêts et les perceptions des différentes communautés pour maintenir son pouvoir. Bien que les Alawites aient été placés dans des postes clés du gouvernement et de l'armée, Assad a également cherché à se présenter comme un leader de tous les Syriens, indépendamment de leur affiliation religieuse.

La Syrie Contemporaine: De Hafez à Bachar al-Assad[modifier | modifier le wikicode]

À la mort de Hafez al-Assad en 2000, son fils, Bachar al-Assad, lui a succédé. Bachar, initialement perçu comme un réformateur potentiel et un agent possible de changement, a hérité d'un système de gouvernance complexe et autoritaire. Sous sa direction, la Syrie a continué de naviguer dans les défis posés par sa diversité religieuse et ethnique, ainsi que dans les pressions internes et externes. Le règne de Bachar al-Assad a été marqué par des tentatives de réforme et de modernisation, mais également par une continuité dans la consolidation du pouvoir et le maintien de la structure autoritaire héritée de son père. La situation en Syrie s'est radicalement transformée avec le début du soulèvement populaire en 2011, qui a évolué en une guerre civile complexe et dévastatrice, impliquant de multiples acteurs internes et externes et ayant des répercussions profondes sur la région et au-delà.

Le Liban[modifier | modifier le wikicode]

Domination Ottomane et Mosaïque Culturelle (16ème Siècle - Première Guerre Mondiale)[modifier | modifier le wikicode]

Le Liban, avec son histoire riche et complexe, a été influencé par diverses puissances et cultures au fil des siècles. Depuis le 16ème siècle jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, le territoire qui est aujourd'hui le Liban était sous le contrôle de l'Empire ottoman. Cette période a vu le développement d'une mosaïque culturelle et religieuse distincte, caractérisée par une diversité ethnique et confessionnelle.

Deux groupes en particulier, les Druzes et les Maronites (une communauté chrétienne orientale), ont joué un rôle central dans l'histoire du Liban. Ces deux communautés ont souvent été en opposition l'une avec l'autre, en partie à cause de leurs différences religieuses et de leur lutte pour le pouvoir politique et social dans la région. Les Druzes, une minorité religieuse qui s'est développée à partir de l'Islam chiite ismaélien, se sont établis principalement dans les montagnes du Liban et de la Syrie. Ils ont maintenu une identité distincte et ont souvent exercé un pouvoir politique et militaire significatif dans leurs régions. Les Maronites, d'autre part, sont une communauté chrétienne orientale en communion avec l'Église catholique romaine. Ils se sont principalement établis dans les montagnes du Liban, où ils ont développé une forte identité culturelle et religieuse. Les Maronites ont également établi des liens étroits avec les puissances européennes, en particulier la France, ce qui a eu une influence significative sur l'histoire et la politique libanaises. La coexistence et parfois la confrontation entre ces communautés, ainsi qu'avec d'autres groupes tels que les sunnites, les chiites et les orthodoxes, ont façonné l'histoire sociopolitique du Liban. Ces dynamiques ont joué un rôle clé dans la formation de l'identité libanaise et ont influencé la structure politique du Liban moderne, notamment le système de partage du pouvoir confessionnel, qui cherche à équilibrer la représentation de ses divers groupes religieux.

Mandat Français et Restructuration Administrative (Après la Première Guerre Mondiale - 1943)[modifier | modifier le wikicode]

Durant le mandat français au Liban, la France a tenté de jouer un rôle de médiateur entre les différentes communautés religieuses et ethniques du pays, tout en mettant en place une structure administrative qui reflétait et renforçait la diversité du Liban. Avant l'établissement du mandat français, le Mont Liban avait déjà une certaine autonomie sous l'Empire ottoman, particulièrement après l'instauration de la Mutasarrifiyyah en 1861. La Mutasarrifiyyah du Mont Liban était une région autonome avec son propre gouverneur chrétien, créée en réponse aux conflits entre les Maronites chrétiens et les Druzes musulmans qui avaient éclaté dans les années 1840 et 1860. Cette structure visait à apaiser les tensions en assurant une gouvernance plus équilibrée et en offrant une certaine autonomie à la région.

Lorsque la France a pris le contrôle du Liban après la Première Guerre mondiale, elle a hérité de cette structure complexe et a cherché à maintenir l'équilibre entre les différentes communautés. Le mandat français a élargi les frontières du Mont Liban pour inclure des régions avec des populations musulmanes importantes, formant ainsi le Grand Liban en 1920. Cette expansion visait à créer un État libanais plus viable économiquement, mais elle a également introduit de nouvelles dynamiques démographiques et politiques. Le système politique au Liban sous le mandat français était basé sur un modèle de consociationalisme, où le pouvoir était partagé entre les différentes communautés religieuses. Ce système visait à garantir une représentation équitable des principaux groupes religieux du Liban dans l'administration et la politique, et il a jeté les bases du système politique confessionnel qui caractérise le Liban moderne. Cependant, le mandat français n'était pas sans controverse. Les politiques françaises ont parfois été perçues comme favorisant certaines communautés au détriment d'autres, et il y avait une résistance à la domination étrangère. Néanmoins, le mandat a joué un rôle significatif dans la formation de l'État libanais et dans la définition de son identité nationale.

Durant la Conférence de paix de Paris en 1919, qui a suivi la fin de la Première Guerre mondiale, la France a joué un rôle stratégique en influençant le processus de décision concernant l'avenir des territoires du Moyen-Orient, notamment le Liban. La présence de deux délégations libanaises à cette conférence était une manœuvre de la France pour contrer les revendications de Fayçal, le leader du Royaume arabe de Syrie, qui cherchait à établir un État arabe indépendant incluant le Liban.

Fayçal, soutenu par les nationalistes arabes, revendiquait un grand État arabe indépendant qui s'étendrait sur une grande partie du Levant, y compris le Liban. Ces revendications étaient en contradiction directe avec les intérêts français dans la région, qui incluaient l'établissement d'un mandat sur le Liban et la Syrie. Pour contrer l'influence de Fayçal et justifier leur propre mandat sur la région, les Français ont encouragé la formation de délégations libanaises composées de représentants chrétiens maronites et d'autres groupes qui étaient favorables à l'idée d'un Liban sous mandat français. Ces délégations ont été envoyées à Paris pour plaider en faveur de la protection française et pour souligner l'identité distincte du Liban par rapport à la Syrie et aux aspirations panarabes de Fayçal. En présentant ces délégations comme représentatives des aspirations du peuple libanais, la France a cherché à légitimer ses revendications de mandat sur le Liban et à démontrer qu'une partie significative de la population libanaise préférait la protection française à l'intégration dans un État arabe unifié sous la direction de Fayçal. Cette manœuvre a contribué à façonner l'issue de la conférence et a joué un rôle important dans l'établissement des mandats français et britannique au Moyen-Orient, conformément aux accords Sykes-Picot.

Lutte pour l'Indépendance et le Confessionnalisme (1919 - 1943)[modifier | modifier le wikicode]

La création de l'État libanais moderne en 1921, sous le mandat français, a été marquée par l'adoption d'un système politique communautaire unique, connu sous le nom de "confessionnalisme politique". Ce système visait à gérer la diversité religieuse et ethnique du Liban en allouant le pouvoir politique et les postes gouvernementaux en fonction de la répartition démographique des différentes communautés confessionnelles. Le confessionnalisme libanais a été conçu pour assurer une représentation équitable de toutes les principales communautés religieuses du pays. Selon ce système, les principaux postes de l'État, y compris le Président, le Premier ministre et le Président de l'Assemblée nationale, étaient réservés à des membres de communautés spécifiques : le Président devait être un Maronite chrétien, le Premier ministre un musulman sunnite, et le Président de l'Assemblée un musulman chiite. Cette répartition des postes était basée sur un recensement de la population effectué en 1932.

Bien que conçu pour promouvoir la coexistence pacifique et l'équilibre entre les différentes communautés, ce système a été critiqué pour avoir institutionnalisé les divisions confessionnelles et pour avoir encouragé la politique basée sur l'identité communautaire plutôt que sur les programmes ou les idéologies politiques. De plus, le système était fragile, car il dépendait des données démographiques qui pouvaient changer au fil du temps. Les élites politiques et les dirigeants communautaires, bien qu'initialement favorables à ce système qui leur garantissait une représentation et une influence, ont été de plus en plus frustrés par ses limitations et ses faiblesses. Le système a également été mis sous pression par des facteurs externes, notamment l'afflux de réfugiés palestiniens après la création de l'État d'Israël en 1948 et les idéaux du panarabisme, qui remettaient en question l'ordre politique confessionnel du Liban. Ces facteurs ont contribué à des déséquilibres démographiques et ont accentué les tensions politiques et confessionnelles au sein du pays. Le système confessionnel, bien qu'il ait été une tentative de gérer la diversité du Liban, a finalement été un facteur clé dans l'instabilité politique qui a conduit à la guerre civile libanaise de 1975-1990. Cette guerre a profondément marqué le Liban et a révélé les limites et les défis du système confessionnel dans la gestion de la diversité et de la cohésion nationale.

Guerre Civile Libanaise : Causes et Impact International (1975 - 1990)[modifier | modifier le wikicode]

La guerre civile libanaise, qui a débuté en 1975, a été influencée par de nombreux facteurs internes et externes, notamment les tensions croissantes liées à la présence palestinienne au Liban. L'arrivée massive de réfugiés et de combattants palestiniens au Liban, particulièrement après les événements de "Septembre Noir" en 1970 en Jordanie, a été un élément déclencheur majeur de la guerre civile. En septembre 1970, le roi Hussein de Jordanie a lancé une campagne militaire pour expulser l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et d'autres groupes armés palestiniens de Jordanie, à la suite de tentatives croissantes de ces groupes de s'immiscer dans les affaires intérieures jordaniennes. Cette campagne, connue sous le nom de "Septembre Noir", a conduit à un afflux important de Palestiniens au Liban, exacerbant les tensions existantes dans le pays. La présence croissante de Palestiniens armés et l'activisme de l'OLP contre Israël à partir du sol libanais ont ajouté une nouvelle dimension au conflit libanais, compliquant davantage la situation politique déjà fragile. Les groupes palestiniens, en particulier dans le sud du Liban, ont souvent été en conflit avec les communautés libanaises locales et ont été impliqués dans des attaques transfrontalières contre Israël.

En réponse à ces attaques et à la présence de l'OLP, Israël a lancé plusieurs opérations militaires au Liban, culminant avec l'invasion du Liban en 1982. L'occupation israélienne du sud du Liban a été motivée par le désir d'Israël de sécuriser ses frontières nord et de démanteler la base d'opérations de l'OLP. La guerre civile libanaise a donc été alimentée par un mélange de tensions internes, de conflits confessionnels, de déséquilibres démographiques et de facteurs externes, y compris les interventions israéliennes et les dynamiques régionales liées au conflit israélo-arabe. Cette guerre, qui a duré jusqu'en 1990, a été dévastatrice pour le Liban, entraînant d'énormes pertes humaines, des déplacements massifs de populations et des destructions généralisées. Elle a profondément transformé la société et la politique libanaises et a laissé des cicatrices qui continuent d'affecter le pays.

Influence Syrienne et Accords de Taëf (1976 - 2005)[modifier | modifier le wikicode]

La guerre civile libanaise et l'intervention syrienne dans le conflit sont des éléments clés pour comprendre l'histoire récente du Liban. La Syrie, sous la direction de Hafez al-Assad, a joué un rôle complexe et parfois contradictoire dans la guerre civile libanaise. La Syrie, ayant ses propres intérêts géopolitiques au Liban, est intervenue dans le conflit dès 1976. Officiellement, cette intervention était justifiée comme un effort pour stabiliser le Liban et prévenir une escalade du conflit. Cependant, de nombreux observateurs ont noté que la Syrie avait également des ambitions d'expansion et de contrôle sur le Liban, qui était historiquement et culturellement lié à la Syrie. Durant la guerre, la Syrie a soutenu diverses factions et communautés libanaises, souvent en fonction de ses intérêts stratégiques du moment. Cette implication a parfois été perçue comme une tentative de la part de la Syrie d'exercer son influence et de renforcer sa position au Liban. La guerre civile a finalement pris fin avec les Accords de Taëf en 1989, un accord de paix négocié avec le soutien de la Ligue arabe et sous la supervision de la Syrie. Les Accords de Taëf ont redéfini l'équilibre politique confessionnel au Liban, en modifiant le système de partage du pouvoir pour mieux refléter la démographie actuelle du pays. Ils ont également prévu la fin de la guerre civile et l'établissement d'un gouvernement de réconciliation nationale.

Cependant, les accords ont également consolidé l'influence syrienne au Liban. La Syrie a maintenu une présence militaire et une influence politique considérable dans le pays après la guerre, ce qui a été source de tension et de controverse au Liban et dans la région. La présence syrienne au Liban n'a pris fin qu'en 2005, suite à l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, un événement qui a déclenché des protestations massives au Liban et une pression internationale accrue sur la Syrie. La décision de ne pas réaliser de recensement de la population au Liban après la guerre civile reflète les sensibilités autour de la question démographique dans le contexte politique confessionnel libanais. Un recensement pourrait potentiellement perturber l'équilibre délicat sur lequel le système politique libanais est construit, en révélant des changements démographiques susceptibles de remettre en question la répartition actuelle du pouvoir entre les différentes communautés.

Assassinat de Rafiq Hariri et la Révolution du Cèdre (2005)[modifier | modifier le wikicode]

L'assassinat de Rafiq Hariri, Premier ministre libanais, le 14 février 2005, a été un moment décisif dans l'histoire récente du Liban. Hariri était une figure populaire, connue pour sa politique de reconstruction post-guerre civile et ses efforts pour rétablir Beyrouth en tant que centre financier et culturel. Son assassinat a provoqué une onde de choc à travers le pays et a déclenché des accusations contre la Syrie, soupçonnée d'être impliquée dans cet acte. L'assassinat a déclenché la "Révolution du Cèdre", une série de vastes manifestations pacifiques exigeant la fin de l'influence syrienne au Liban et la vérité sur l'assassinat de Hariri. Ces manifestations, auxquelles ont participé des centaines de milliers de Libanais de toutes confessions, ont mis une pression considérable sur la Syrie. Sous le poids de cette pression populaire et de la condamnation internationale, la Syrie a finalement retiré ses troupes du Liban en avril 2005, mettant fin à près de 30 ans de présence militaire et politique dans le pays.

Le Liban Contemporain : Défis Politiques et Sociaux (2005 - Présent)[modifier | modifier le wikicode]

Parallèlement, le Hezbollah, un groupe islamiste chiite et une organisation militaire fondée en 1982, est devenu un acteur clé dans la politique libanaise. Le Hezbollah a été fondé avec le soutien de l'Iran dans le contexte de l'invasion israélienne du Liban en 1982 et a grandi pour devenir à la fois un mouvement politique et une milice puissante. Le parti a refusé de se désarmer après la guerre civile, invoquant la nécessité de défendre le Liban contre Israël. Le conflit de 2006 entre Israël et le Hezbollah a davantage renforcé la position du Hezbollah en tant que force majeure dans la résistance arabe contre Israël. Le conflit a commencé lorsque le Hezbollah a capturé deux soldats israéliens, déclenchant une réponse militaire intense d'Israël au Liban. Malgré les destructions massives et les pertes humaines au Liban, le Hezbollah est sorti du conflit avec une image renforcée de résistance contre Israël, gagnant un soutien considérable parmi certaines parties de la population libanaise et dans le monde arabe en général. Ces événements ont considérablement influencé la dynamique politique libanaise, révélant les divisions profondes au sein du pays et les défis persistants pour la stabilité et la souveraineté du Liban. La période post-2005 a été marquée par des tensions politiques continues, des crises économiques et des défis sécuritaires, reflétant la complexité du paysage politique et confessionnel du Liban.

Jordanie[modifier | modifier le wikicode]

Mandat Britannique et Division Territoriale (Début 20ème siècle - 1922)[modifier | modifier le wikicode]

Pour comprendre la formation de la Jordanie, il est essentiel de remonter à la période du mandat britannique sur la Palestine après la Première Guerre mondiale. La Grande-Bretagne, en obtenant le mandat sur la Palestine à la suite de la Conférence de San Remo en 1920, s'est retrouvée à la tête d'un territoire complexe et conflictuel. Une des premières actions des Britanniques fut de diviser ce mandat en deux zones distinctes lors de la conférence du Caire en 1922 : d'une part, la Palestine, et d'autre part, les émirats de Transjordanie. Cette division reflétait à la fois des considérations géopolitiques et le désir de répondre aux aspirations des populations locales. Abdallah, l'un des fils du Chérif Hussein de La Mecque, jouait un rôle important dans la région, notamment en menant des révoltes contre les Ottomans. Pour apaiser et contenir son influence, les Britanniques ont décidé de le nommer émir de Transjordanie. Cette décision a été en partie motivée par le désir de stabiliser la région et de créer un allié fiable pour les Britanniques.

La question de l'immigration juive en Palestine était une source majeure de tension durant cette période. Les sionistes, qui aspiraient à la création d'un foyer national juif en Palestine, ont protesté contre la politique britannique interdisant l'immigration juive en Transjordanie, considérant que cela restreignait les possibilités de colonisation juive dans une partie du territoire du mandat.

Indépendance et Formation de l'État Jordanien (1946 - 1948)[modifier | modifier le wikicode]

Le fleuve Jourdain a joué un rôle déterminant dans la distinction entre la Transjordanie (à l'est du Jourdain) et la Cisjordanie (à l'ouest). Ces termes géographiques ont été utilisés pour décrire les régions situées de part et d'autre du fleuve Jourdain. La formation de la Jordanie en tant qu'État indépendant a été un processus graduel. En 1946, la Transjordanie a obtenu son indépendance de la Grande-Bretagne, et Abdallah est devenu le premier roi du royaume hachémite de Jordanie. La Jordanie, comme la Palestine, a été profondément affectée par les développements régionaux, notamment la création de l'État d'Israël en 1948 et les conflits arabes-israéliens qui ont suivi. Ces événements ont eu un impact considérable sur la politique et la société jordaniennes dans les décennies suivantes.

La Légion arabe a joué un rôle significatif dans l'histoire de la Jordanie et dans le conflit israélo-arabe. Fondée dans les années 1920 sous le mandat britannique, la Légion arabe était une force militaire jordanienne qui a opéré sous la supervision de conseillers militaires britanniques. Cette force a été cruciale pour maintenir l'ordre dans le territoire de la Transjordanie et a servi de base à l'armée jordanienne moderne. À la fin du mandat britannique en 1946, la Transjordanie, sous le règne du roi Abdallah, a obtenu son indépendance, devenant le Royaume hachémite de Jordanie. L'indépendance de la Jordanie a marqué un tournant dans l'histoire du Moyen-Orient, en faisant du pays un acteur clé de la région.

Conflits Israélo-Arabes et Impact sur la Jordanie (1948 - 1950)[modifier | modifier le wikicode]

En 1948, la déclaration d'indépendance d'Israël a déclenché la première guerre israélo-arabe. Les États arabes voisins, dont la Jordanie, ont refusé de reconnaître la légitimité d'Israël et ont engagé des forces militaires pour s'opposer à l'État nouvellement formé. La Légion arabe jordanienne, considérée comme l'une des forces armées les plus efficaces parmi les pays arabes à cette époque, a joué un rôle majeur dans ce conflit. Durant la guerre de 1948, la Jordanie, sous le commandement du roi Abdallah, a occupé la Cisjordanie, une région à l'ouest du Jourdain qui faisait partie du mandat britannique sur la Palestine. À la fin de la guerre, la Jordanie a annexé officiellement la Cisjordanie, une décision qui a été largement reconnue dans le monde arabe mais pas par la communauté internationale. Cette annexion a inclus Jérusalem-Est, qui a été proclamée capitale de la Jordanie aux côtés d'Amman. L'annexion de la Cisjordanie par la Jordanie a eu d'importantes implications pour les relations israélo-arabes et le conflit palestinien. Elle a également façonné la politique intérieure jordanienne, car la population palestinienne de la Cisjordanie est devenue une partie importante de la société jordanienne. Cette période de l'histoire jordanienne a continué à influencer la politique et les relations internationales du pays dans les décennies suivantes.

La période suivant l'annexion de la Cisjordanie par la Jordanie en 1948 a été marquée par des évolutions politiques et sociales importantes. En 1950, la Jordanie a officiellement annexé la Cisjordanie, une décision qui a eu des conséquences durables sur la composition démographique et politique du pays. Suite à cette annexion, la moitié des sièges du parlement jordanien a été allouée à des députés palestiniens, reflétant la nouvelle réalité démographique de la Jordanie unifiée, qui comprenait désormais une importante population palestinienne. Cette intégration politique des Palestiniens en Jordanie a souligné l'ampleur de l'annexion de la Cisjordanie et a été vue par certains comme un effort pour légitimer le contrôle jordanien sur le territoire. Cependant, ce mouvement a également suscité des tensions, tant au sein de la population palestinienne que parmi les nationalistes palestiniens, qui aspiraient à l'indépendance et à la création d'un État palestinien distinct.

Des rumeurs d'accords secrets entre la Jordanie et Israël concernant des questions de souveraineté et de territoire ont alimenté le mécontentement parmi les nationalistes palestiniens. En 1951, le roi Abdallah, qui avait été un acteur clé de l'annexion de la Cisjordanie et avait cherché à maintenir de bonnes relations avec les Israéliens, a été assassiné à Jérusalem par un nationaliste palestinien. Cet assassinat a souligné les divisions profondes et les tensions politiques relatives à la question palestinienne. La guerre des Six Jours en 1967 a été un autre tournant majeur pour la Jordanie et la région. Israël a capturé la Cisjordanie, Jérusalem-Est, et d'autres territoires lors de ce conflit, mettant fin au contrôle jordanien sur ces régions. Cette perte a eu un impact profond sur la Jordanie, tant sur le plan politique que démographique, et a exacerbé la question palestinienne, qui est restée un enjeu central dans les affaires intérieures et la politique étrangère de la Jordanie. La guerre de 1967 a également contribué à l'émergence de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme le principal représentant des Palestiniens et a influencé la trajectoire du conflit israélo-arabe dans les années suivantes.

Règne du Roi Hussein et Défis Internes (1952 - 1999)[modifier | modifier le wikicode]

Le roi Hussein de Jordanie, petit-fils du roi Abdallah, a régné sur le pays de 1952 jusqu'à sa mort en 1999. Son règne a été marqué par des défis majeurs, dont la question de la population palestinienne en Jordanie et les ambitions panarabes du roi.

Le roi Hussein a hérité d'une situation complexe avec une population palestinienne importante en Jordanie, résultant de l'annexion de la Cisjordanie en 1948 et de l'afflux de réfugiés palestiniens après la création d'Israël et la guerre des Six Jours en 1967. La gestion de cette question palestinienne est restée un défi majeur tout au long de son règne, avec des tensions politiques et sociales internes croissantes. L'un des moments les plus critiques de son règne a été la crise de "Septembre Noir" en 1970. Face à une montée en puissance des combattants palestiniens de l'OLP en Jordanie, qui menaçait la souveraineté et la stabilité du royaume, le roi Hussein a ordonné une intervention militaire brutale pour reprendre le contrôle des camps de réfugiés et des villes où l'OLP était fortement présente. Cette intervention a abouti à l'expulsion de l'OLP et de ses combattants du territoire jordanien, qui ont ensuite établi leur quartier général au Liban.

Malgré sa participation aux guerres israélo-arabes, notamment la guerre du Kippour en 1973, le roi Hussein a maintenu des relations discrètes mais significatives avec Israël. Ces relations, souvent en désaccord avec les positions d'autres États arabes, étaient motivées par des considérations stratégiques et sécuritaires. La Jordanie et Israël partageaient des préoccupations communes, notamment en ce qui concerne la stabilité régionale et la question palestinienne. Le roi Hussein a finalement joué un rôle clé dans les efforts de paix au Moyen-Orient. En 1994, la Jordanie a signé un traité de paix avec Israël, devenant le deuxième pays arabe, après l'Égypte, à normaliser officiellement les relations avec Israël. Ce traité a marqué une étape importante dans les relations israélo-arabes et a reflété la volonté du roi Hussein de rechercher une résolution pacifique au conflit israélo-arabe, malgré les défis et les controverses que cela impliquait.

Le Roi Abdallah II et la Jordanie Moderne (1999 - Présent)[modifier | modifier le wikicode]

À la mort du roi Hussein de Jordanie en 1999, son fils, Abdallah II, lui a succédé sur le trône. L'accession d'Abdallah II au pouvoir a marqué le début d'une nouvelle ère pour la Jordanie, bien que le nouveau roi ait hérité de nombreux défis politiques, économiques et sociaux de son père. Abdallah II, éduqué à l'étranger et ayant une expérience militaire, a pris la tête d'un pays confronté à des défis internes complexes, notamment la gestion des relations avec la population palestinienne, l'équilibre entre les pressions démocratiques et la stabilité du royaume, et les problèmes économiques persistants. Sur le plan international, la Jordanie, sous son règne, a continué à jouer un rôle important dans les questions régionales, notamment le conflit israélo-arabe et les crises dans les pays voisins. Le roi Abdallah II a poursuivi les efforts de son père pour moderniser le pays et améliorer l'économie. Il a également cherché à promouvoir la Jordanie en tant qu'intermédiaire et médiateur dans les conflits régionaux, tout en maintenant des relations étroites avec les pays occidentaux, en particulier les États-Unis.

La politique extérieure d'Abdallah II a été marquée par un équilibre entre le maintien de relations solides avec les pays occidentaux et la navigation dans les dynamiques complexes du Moyen-Orient. La Jordanie, sous son règne, a continué de jouer un rôle actif dans les efforts de paix au Moyen-Orient et a été confrontée à l'impact des crises dans les pays voisins, notamment l'Irak et la Syrie. Sur le plan interne, Abdallah II a fait face à des appels à des réformes politiques et économiques plus importantes. Les soulèvements du Printemps arabe en 2011 ont également eu un impact sur la Jordanie, bien que le pays ait réussi à éviter l'instabilité à grande échelle observée dans d'autres parties de la région. Le roi a répondu à certains de ces défis par des réformes politiques progressives et des efforts pour améliorer l'économie du pays.

La trajectoire historique des Hachémites, qui ont joué un rôle crucial dans les événements du Moyen-Orient au début du 20ème siècle, est marquée par des promesses non tenues et des ajustements politiques majeurs. La famille hachémite, originaire de la région du Hedjaz en Arabie, a été au cœur des ambitions arabes pour l'indépendance et l'unité durant et après la Première Guerre mondiale. Leurs aspirations à un grand État arabe unifié ont été encouragées, puis déçues par les puissances européennes, en particulier la Grande-Bretagne.

Le roi Hussein bin Ali, le patriarche des Hachémites, avait aspiré à la création d'un grand royaume arabe s'étendant sur une grande partie du Moyen-Orient. Cependant, les accords Sykes-Picot de 1916 et la Déclaration Balfour de 1917, ainsi que d'autres développements politiques, ont progressivement réduit ces aspirations. Finalement, les Hachémites n'ont régné que sur la Transjordanie (la Jordanie moderne) et l'Irak, où un autre fils de Hussein, Fayçal, est devenu roi. En ce qui concerne la Palestine, la Jordanie, sous le règne du roi Hussein, a eu une implication importante jusqu'aux Accords d'Oslo dans les années 1990. Après la guerre des Six Jours en 1967 et la perte de la Cisjordanie par la Jordanie au profit d'Israël, le roi Hussein a continué à revendiquer la souveraineté sur le territoire palestinien, malgré l'absence de contrôle effectif.

Cependant, avec les Accords d'Oslo en 1993, qui ont établi une reconnaissance mutuelle entre Israël et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et ont jeté les bases de l'autonomie palestinienne, la Jordanie a dû réévaluer sa position. En 1988, le roi Hussein avait déjà renoncé officiellement à toutes les revendications jordaniennes sur la Cisjordanie en faveur de l'OLP, reconnaissant le droit du peuple palestinien à l'autodétermination. Les Accords d'Oslo ont consolidé cette réalité, confirmant l'OLP comme représentant légitime du peuple palestinien et marginalisant davantage le rôle de la Jordanie dans les affaires palestiniennes. Les Accords d'Oslo ont donc marqué la fin des ambitions jordaniennes sur la Palestine, orientant le processus de paix vers une négociation directe entre Israéliens et Palestiniens, avec la Jordanie et d'autres acteurs régionaux jouant un rôle de soutien plutôt que de protagonistes principaux.

Jordanie et Relations Internationales : Alliance Stratégique avec les États-Unis[modifier | modifier le wikicode]

La Jordanie, depuis sa création en tant qu'État indépendant en 1946, a joué un rôle stratégique dans la politique du Moyen-Orient, équilibrant habilement les relations internationales, notamment avec les États-Unis. Cette relation privilégiée avec Washington a été essentielle pour la Jordanie, non seulement en termes d'aide économique et militaire, mais aussi en tant que soutien diplomatique dans une région souvent marquée par l'instabilité et les conflits. L'aide économique et militaire américaine a été un pilier du développement et de la sécurité de la Jordanie. Les États-Unis ont fourni une assistance substantielle pour renforcer les capacités défensives de la Jordanie, soutenir son développement économique et l'aider à gérer les crises humanitaires, comme l'afflux massif de réfugiés syriens et irakiens. Cette aide a permis à la Jordanie de maintenir sa stabilité intérieure et de jouer un rôle actif dans la promotion de la paix et de la sécurité régionales. Sur le plan militaire, la coopération entre la Jordanie et les États-Unis a été étroite et fructueuse. Les exercices militaires conjoints et les programmes de formation ont renforcé les liens entre les deux pays et ont amélioré la capacité de la Jordanie à contribuer à la sécurité régionale. Cette coopération militaire est également un élément crucial pour la Jordanie dans le contexte de la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme. Diplomatiquement, la Jordanie a souvent agi en tant qu'intermédiaire dans les conflits régionaux, un rôle qui correspond aux intérêts des États-Unis dans la région. La Jordanie a été impliquée dans les efforts de paix israélo-palestiniens et a joué un rôle de modérateur dans les crises en Syrie et en Irak. La position géographique de la Jordanie, sa stabilité relative et ses relations avec les États-Unis en font un acteur clé dans les efforts de médiation et de résolution des conflits dans la région.

La relation entre la Jordanie et les États-Unis n'est pas seulement une alliance stratégique; elle est aussi le reflet d'une compréhension partagée des enjeux de la région. Les deux pays partagent des objectifs communs en matière de lutte contre le terrorisme, de promotion de la stabilité régionale et de recherche de solutions diplomatiques aux conflits. Cette relation est donc essentielle pour la Jordanie, lui permettant de naviguer dans les défis complexes du Moyen-Orient tout en bénéficiant du soutien d'une puissance mondiale majeure.

Irak[modifier | modifier le wikicode]

Formation de l'État Irakien (Post-Première Guerre mondiale)[modifier | modifier le wikicode]

La formation de l'Irak en tant qu'État moderne est une conséquence directe de la dissolution de l'Empire ottoman à la suite de la Première Guerre mondiale. L'Irak, tel que nous le connaissons aujourd'hui, est né de la fusion de trois provinces ottomanes historiques : Mossoul, Bagdad et Bassora. Cette fusion, orchestrée par les puissances coloniales, en particulier la Grande-Bretagne, a façonné non seulement les frontières de l'Irak mais aussi sa dynamique interne complexe.

La province de Mossoul, située dans le nord de l'Irak actuel, était une région stratégique, notamment en raison de ses riches réserves pétrolières. La composition ethnique de Mossoul, avec une présence significative de Kurdes, a ajouté une dimension supplémentaire à la complexité politique de l'Irak. Après la guerre, le statut de Mossoul a fait l'objet d'un débat international, les Turcs et les Britanniques revendiquant chacun la région. Finalement, la Société des Nations a tranché en faveur de l'Irak, intégrant ainsi Mossoul dans le nouvel État. Le vilayet de Bagdad, au centre, était le cœur historique et culturel de la région. Bagdad, une ville avec une riche histoire remontant à l'ère des califats, a continué à jouer un rôle central dans la vie politique et culturelle de l'Irak. La diversité ethnique et religieuse de la province de Bagdad a été un facteur clé dans les dynamiques politiques de l'Irak moderne. Quant à la province de Bassora, dans le sud, cette région majoritairement peuplée d'Arabes chiites, a été un important centre commercial et portuaire. Les liens de Bassora avec le Golfe Persique et le monde arabe ont été cruciaux pour l'économie irakienne et ont influencé les relations extérieures de l'Irak.

La fusion de ces trois provinces distinctes en un seul État sous le mandat britannique n'a pas été sans difficultés. La gestion des tensions ethniques, religieuses et tribales a été un défi constant pour les dirigeants irakiens. L'importance stratégique de l'Irak a été renforcée par la découverte de pétrole, attirant l'attention des puissances occidentales et influençant profondément le développement politique et économique du pays. Les décisions prises pendant et après la période du mandat britannique ont posé les bases des complexités politiques et sociales de l'Irak, qui ont continué à se manifester tout au long de son histoire moderne, y compris pendant le règne de Saddam Hussein et au-delà. La formation de l'Irak, un mélange de diverses régions et groupes, a été un facteur clé dans les nombreux défis auxquels le pays a été confronté dans le siècle suivant.

Influence Britannique et Intérêts Pétroliers (Début 20ème siècle)[modifier | modifier le wikicode]

La fascination de la Grande-Bretagne pour l'Irak dans la première moitié du 20ème siècle s'inscrit dans le cadre plus large de la politique impériale britannique, où la géostratégie et les ressources naturelles jouaient un rôle prépondérant. L'Irak, avec son accès direct au Golfe Persique et sa proximité avec la Perse riche en pétrole, est rapidement devenu un territoire d'intérêt majeur pour la Grande-Bretagne, qui cherchait à étendre son influence au Moyen-Orient. L'importance stratégique de l'Irak était liée à sa position géographique, offrant un accès au Golfe Persique, une voie d'eau cruciale pour le commerce et les communications maritimes. Ce contrôle offrait à la Grande-Bretagne un avantage dans la sécurisation des routes commerciales et maritimes vitales, en particulier en lien avec son empire colonial en Inde et au-delà. Le pétrole, devenu une ressource stratégiquement vitale au début du 20ème siècle, a accentué l'intérêt britannique pour l'Irak et la région environnante. La découverte de pétrole en Perse (Iran actuel) par la Anglo-Persian Oil Company (qui deviendra plus tard British Petroleum, ou BP) a mis en lumière le potentiel pétrolier de la région. La Grande-Bretagne, soucieuse de sécuriser ses approvisionnements en pétrole pour sa marine et son industrie, a vu dans l'Irak un territoire clé pour ses intérêts énergétiques.

Le mandat britannique en Irak, établi par la Société des Nations après la Première Guerre mondiale, a donné à la Grande-Bretagne un contrôle considérable sur la formation de l'État irakien. Cependant, cette période a été marquée par des tensions et des résistances, comme en témoigne la révolte irakienne de 1920, une réaction significative à la domination britannique et aux tentatives d'implanter des structures administratives et politiques étrangères. Les actions britanniques en Irak étaient guidées par une combinaison d'objectifs impériaux et de nécessités pratiques. Alors que le 20ème siècle progressait, l'Irak est devenu un enjeu de plus en plus complexe dans la politique britannique, surtout avec l'émergence du nationalisme arabe et la montée des revendications pour l'indépendance. Le rôle de la Grande-Bretagne en Irak, et plus largement au Moyen-Orient, a donc été un mélange de stratégie impériale, de gestion des ressources naturelles et de réponse aux dynamiques politiques en constante évolution de la région.

Rôle de Mossoul et Diversité Ethnique (Début 20ème siècle)[modifier | modifier le wikicode]

La région de Mossoul, dans le nord de l'Irak, a toujours été d'une importance cruciale dans le contexte historique et politique du Moyen-Orient. Sa signification est due à plusieurs facteurs clés qui en ont fait un territoire convoité au fil des siècles, notamment par la Grande-Bretagne durant l'ère coloniale. La découverte de pétrole dans la région de Mossoul a été un tournant majeur. Au début du 20ème siècle, alors que l'importance du pétrole comme ressource stratégique mondiale devenait de plus en plus évidente, Mossoul est apparue comme un territoire d'une immense valeur économique. Les réserves pétrolières substantielles de la région ont attiré l'attention des puissances impériales, particulièrement de la Grande-Bretagne, qui cherchait à sécuriser les sources de pétrole pour ses besoins industriels et militaires. Cette richesse en hydrocarbures a non seulement stimulé l'intérêt international pour Mossoul, mais a également joué un rôle déterminant dans la formation de la politique et de l'économie irakiennes au cours du siècle suivant. En outre, la position géographique de Mossoul, à proximité des sources des fleuves Tigre et Euphrate, lui confère une importance stratégique particulière. Le contrôle des sources d'eau dans cette région aride est vital pour l'agriculture, l'économie et la vie quotidienne. Cette importance géographique a fait de Mossoul un enjeu dans les relations internationales et les dynamiques régionales, en particulier dans le contexte des tensions liées à la répartition de l'eau dans la région. Le contrôle de Mossoul était également perçu comme essentiel pour la stabilité de l'ensemble de l'Irak. En raison de sa diversité ethnique et culturelle, avec une population composée de Kurdes, d'Arabes, de Turkmènes, d'Assyriens et d'autres groupes, la région a été un carrefour culturel et politique important. La gestion de cette diversité et l'intégration de Mossoul dans l'État irakien ont été des défis constants pour les gouvernements irakiens successifs. Le maintien de la stabilité dans la région du nord était crucial pour la cohésion et l'unité nationales de l'Irak.

Contribution de Gertrude Bell et Fondations de l'Irak Moderne (Début 20ème siècle)[modifier | modifier le wikicode]

La contribution de Gertrude Bell à la formation de l'Irak moderne est un exemple éloquent de l'influence occidentale dans la redéfinition des frontières et des identités nationales au Moyen-Orient au début du 20ème siècle. Bell, une archéologue et administratrice coloniale britannique, a joué un rôle crucial dans la création de l'État irakien, notamment en préconisant l'utilisation du terme « Irak », un nom d'origine arabe, au lieu de « Mésopotamie », d'origine grecque. Ce choix symbolisait une reconnaissance de l'identité arabe de la région, par opposition à une désignation imposée par des puissances étrangères. Cependant, comme l'a souligné Pierre-Jean Luisard dans son analyse de la question irakienne, les fondations de l'Irak moderne ont également été le berceau de problèmes futurs. La structure de l'Irak, conçue et mise en œuvre par des puissances coloniales, a réuni sous un même état des groupes ethniques et religieux divers, créant ainsi un terrain propice à des tensions et des conflits persistants. La domination des sunnites, souvent minoritaires, sur les chiites, majoritaires, a engendré des tensions sectaires et des conflits, exacerbés par des politiques discriminatoires et des différences idéologiques. De plus, la marginalisation des Kurdes, un groupe ethnique important dans le nord de l'Irak, a alimenté des revendications d'autonomie et de reconnaissance, souvent réprimées par le gouvernement central.

Ces tensions internes ont été exacerbées sous le régime de Saddam Hussein, qui a régi l'Irak d'une main de fer, exacerbant les divisions sectaires et ethniques. La guerre Iran-Irak (1980-1988), la campagne d'Anfal contre les Kurdes, et l'invasion du Koweït en 1990 sont des exemples de la façon dont les politiques internes et externes de l'Irak ont été influencées par ces dynamiques de pouvoir. L'invasion de l'Irak en 2003 par une coalition menée par les États-Unis et la chute de Saddam Hussein ont ouvert une nouvelle période de conflit et d'instabilité, révélant la fragilité des fondations sur lesquelles l'État irakien avait été construit. Les années qui ont suivi ont été marquées par une violence sectaire accrue, des luttes de pouvoir internes et l'émergence de groupes extrémistes comme l'État islamique, qui ont profité du vide politique et de la désintégration de l'ordre étatique. L'histoire de l'Irak est celle d'un État façonné par des influences étrangères et confronté à des défis internes complexes. La contribution de Gertrude Bell, bien que significative dans la formation de l'Irak, s'inscrit dans un contexte plus vaste de construction nationale et de conflits qui ont continué à façonner le pays bien au-delà de sa fondation.

Stratégie de 'Diviser pour Régner' et Domination Sunnite (Début 20ème siècle)[modifier | modifier le wikicode]

La méthode coloniale adoptée par la Grande-Bretagne dans la création et la gestion de l'Irak est un exemple classique de la stratégie de "diviser pour régner", qui a eu des répercussions profondes sur la structure politique et sociale de l'Irak. Selon cette approche, les puissances coloniales favorisaient souvent une minorité au sein de la société pour la maintenir au pouvoir, assurant ainsi sa dépendance et sa loyauté envers la métropole, tout en affaiblissant l'unité nationale. Dans le cas de l'Irak, les Britanniques ont installé la minorité sunnite au pouvoir, malgré le fait que les chiites constituaient la majorité de la population. En 1920, Fayçal Ier, un membre de la famille royale hachémite, a été installé comme le souverain de l'Irak nouvellement formé. Fayçal, bien qu'ayant des racines dans la Péninsule Arabique, a été choisi par les Britanniques pour sa légitimité panarabe et sa capacité présumée à unifier les divers groupes ethniques et religieux sous son règne. Cependant, cette décision a exacerbé les tensions sectaires et ethniques dans le pays. Les chiites et les Kurdes, se sentant marginalisés et exclus du pouvoir politique, ont rapidement manifesté leur mécontentement. Dès 1925, des soulèvements chiites et kurdes ont éclaté en réponse à cette marginalisation et aux politiques mises en œuvre par le gouvernement dominé par les sunnites. Ces contestations ont été violemment réprimées, parfois avec l'aide de la Royal Air Force britannique, dans le but de stabiliser l'État et de maintenir le contrôle colonial. L'utilisation de la force pour mater les révoltes chiites et kurdes a posé les bases d'une instabilité persistante en Irak. La domination sunnite, soutenue par les Britanniques, a engendré un ressentiment durable parmi les populations chiites et kurdes, contribuant à des cycles de rébellion et de répression qui ont marqué l'histoire irakienne tout au long du 20ème siècle. Cette dynamique a également alimenté un sentiment nationaliste parmi les chiites et les Kurdes, renforçant leur aspiration à une plus grande autonomie, voire à l'indépendance, en particulier dans la région kurde du nord de l'Irak.

Indépendance et Influence Britannique Continuée (1932)[modifier | modifier le wikicode]

L'accession de l'Irak à l'indépendance en 1932 représente un moment charnière dans l'histoire du Moyen-Orient, soulignant la complexité de la décolonisation et l'influence continue des puissances coloniales. L'Irak est devenu le premier État, créé de toutes pièces par un mandat de la Société des Nations à la suite de la Première Guerre mondiale, à obtenir formellement son indépendance. Cet événement a marqué une étape importante dans l'évolution de l'Irak de protectorat britannique à État souverain. L'adhésion de l'Irak à la Société des Nations en 1932 a été saluée comme un signe de son statut de nation indépendante et souveraine. Cependant, cette indépendance était en pratique entravée par le maintien d'une influence britannique considérable sur les affaires intérieures irakiennes. Bien que l'Irak ait officiellement obtenu sa souveraineté, les Britanniques ont continué à exercer un contrôle indirect sur le pays.

Ce contrôle s'exprimait notamment dans l'administration gouvernementale irakienne, où chaque ministre irakien avait un assistant britannique. Ces assistants, souvent des administrateurs expérimentés, avaient un rôle de conseil, mais leur présence symbolisait aussi la mainmise britannique sur la politique irakienne. Cette situation a créé un environnement où la souveraineté irakienne était en partie entravée par l'influence et les intérêts britanniques. Cette période de l'histoire irakienne a également été marquée par des tensions internes et des défis politiques. Le gouvernement irakien, bien que souverain, devait naviguer dans un paysage complexe de divisions ethniques et religieuses, tout en gérant les attentes et les pressions des anciennes puissances coloniales. Cette dynamique a contribué à des périodes d'instabilité et à des conflits internes, reflétant les difficultés inhérentes à la transition de l'Irak de mandat à nation indépendante. L'indépendance de l'Irak en 1932, bien qu'étant un jalon important, n'a donc pas mis fin à l'influence étrangère dans le pays. Au contraire, elle a marqué le début d'une nouvelle phase de relations internationales et de défis intérieurs pour l'Irak, façonnant son développement politique et social dans les décennies suivantes.

Coup d'État de 1941 et Intervention Britannique (1941)[modifier | modifier le wikicode]

En 1941, l'Irak a été le théâtre d'un événement critique qui a illustré la fragilité de son indépendance et la persistance de l'influence britannique dans le pays. Ce fut l'année du coup d'État mené par Rashid Ali al-Gaylani, qui a déclenché une série d'événements aboutissant à une intervention militaire britannique. Rashid Ali, qui avait déjà occupé le poste de Premier ministre, a mené un coup d'État contre le gouvernement pro-britannique en place. Ce coup d'État a été motivé par divers facteurs, notamment le nationalisme arabe, l'opposition à la présence et à l'influence britanniques en Irak, et les sentiments anti-coloniaux croissants parmi certaines factions de l'élite politique et militaire irakienne.

La prise de pouvoir par Rashid Ali a été perçue comme une menace directe par la Grande-Bretagne, notamment en raison de la position stratégique de l'Irak pendant la Seconde Guerre mondiale. L'Irak, avec son accès au pétrole et sa position géographique, était crucial pour les intérêts britanniques dans la région, en particulier dans le contexte de la guerre contre les puissances de l'Axe. En réponse au coup d'État, la Grande-Bretagne est rapidement intervenue militairement. Les forces britanniques, craignant que l'Irak ne tombe sous l'influence de l'Axe ou ne perturbe les voies de ravitaillement et d'accès au pétrole, ont lancé une campagne pour renverser Rashid Ali et restaurer un gouvernement favorable aux Britanniques. L'opération a été rapide et décisive, mettant fin au bref règne de Rashid Ali. À la suite de cette intervention, la Grande-Bretagne a placé un nouveau roi au pouvoir, réaffirmant ainsi son influence sur la politique irakienne. Cette période a souligné la vulnérabilité de l'Irak aux interventions étrangères et a mis en évidence les limites de son indépendance souveraine. L'intervention britannique de 1941 a également eu des répercussions durables sur la politique irakienne, alimentant un sentiment anti-britannique et anti-colonial qui a continué à influencer les événements politiques futurs dans le pays.

Irak pendant la Guerre Froide et Pacte de Bagdad (1955)[modifier | modifier le wikicode]

L'histoire de l'Irak pendant la Guerre froide est un exemple de la manière dont les intérêts géopolitiques des superpuissances ont continué à influencer et façonner la politique interne et externe des pays de la région. Durant cette période, l'Irak est devenu un acteur clé dans le cadre des stratégies de "containment" menées par les États-Unis contre l'Union Soviétique.

En 1955, l'Irak a joué un rôle majeur dans la formation du Pacte de Bagdad, une alliance militaire et politique initiée par les États-Unis. Ce pacte, aussi connu sous le nom de Pacte du Moyen-Orient, visait à établir un cordon de sécurité dans la région pour contrer l'influence et l'expansion de l'Union Soviétique. Outre l'Irak, le pacte incluait la Turquie, l'Iran, le Pakistan et le Royaume-Uni, formant ainsi un front uni contre le communisme dans une région stratégiquement importante. Le Pacte de Bagdad était en accord avec la politique de "containment" des États-Unis, qui cherchait à limiter l'expansion soviétique à travers le monde. Cette politique était motivée par la perception d'une menace soviétique croissante et la volonté d'empêcher la propagation du communisme, en particulier dans des zones stratégiques comme le Moyen-Orient, riche en ressources pétrolières.

L'implication de l'Irak dans le Pacte de Bagdad a cependant eu des implications internes. Cette alliance avec les puissances occidentales a été controversée au sein de la population irakienne et a exacerbé les tensions politiques internes. Le pacte était perçu par beaucoup comme une continuation de l'ingérence étrangère dans les affaires irakiennes et a alimenté le sentiment nationaliste et anti-occidental parmi certaines factions. En 1958, l'Irak a connu un coup d'État qui a renversé la monarchie et a établi la République d'Irak. Ce coup d'État a été largement motivé par des sentiments anti-occidentaux et par l'opposition à la politique étrangère pro-occidentale de la monarchie. Après le coup d'État, l'Irak s'est retiré du Pacte de Bagdad, marquant un changement significatif dans sa politique étrangère et soulignant la complexité de sa position géopolitique pendant la Guerre froide.

Révolution de 1958 et Montée du Baasisme (1958)[modifier | modifier le wikicode]

La révolution de 1958 en Irak a été un tournant décisif dans l'histoire moderne du pays, marquant la fin de la monarchie et l'établissement de la République. Cette période de changement politique et social profond en Irak coïncidait avec des développements politiques majeurs dans d'autres parties du monde arabe, en particulier la formation de la République arabe unie (RAU) par l'Égypte et la Syrie. Abdel Karim Kassem, un officier de l'armée irakienne, a joué un rôle clé dans le coup d'État de 1958 qui a renversé la monarchie hachémite en Irak. Après la révolution, Kassem est devenu le premier Premier ministre de la République d'Irak. Sa prise de pouvoir a été accueillie par un large soutien populaire, car beaucoup voyaient en lui un leader capable de mener l'Irak vers une ère de réformes et d'indépendance accrue vis-à-vis des influences étrangères. En parallèle, en 1958, l'Égypte et la Syrie ont fusionné pour former la République arabe unie, un effort d'unification panarabe sous la direction du président égyptien Gamal Abdel Nasser. La RAU représentait une tentative d'unité politique entre les nations arabes, fondée sur le nationalisme arabe et l'anti-impérialisme. Cependant, Abdel Karim Kassem a choisi de ne pas rejoindre la RAU. Il avait ses propres visions pour l'Irak, qui différaient du modèle de Nasser.

Kassem s'est concentré sur la consolidation du pouvoir en Irak et a cherché à renforcer son soutien interne en se rapprochant de groupes souvent marginalisés dans la société irakienne, notamment les Kurdes et les chiites. Sous son régime, l'Irak a connu une période de réformes sociales et économiques. Kassem a notamment promulgué des réformes agraires et a travaillé à la modernisation de l'économie irakienne. Cependant, son gouvernement a également été marqué par des tensions politiques et des conflits. La politique de Kassem envers les Kurdes et les chiites, bien que visant à l'inclusion, a également suscité des tensions avec d'autres groupes et puissances régionales. De plus, son régime a été confronté à des défis de stabilité et à des oppositions internes, y compris des tentatives de coup d'État et des conflits avec des factions politiques rivales.

La période post-révolutionnaire en Irak, au début des années 1960, a été marquée par des changements politiques rapides et souvent violents, avec l'émergence du baasisme comme force politique significative. Abdel Karim Kassem, après avoir dirigé l'Irak depuis la révolution de 1958, a été renversé et tué en 1963 lors d'un coup d'État. Ce coup d'État a été orchestré par un groupe de nationalistes arabes et de membres du parti Baas, une organisation politique panarabe socialiste. Le parti Baas, fondé en Syrie, avait gagné en influence dans plusieurs pays arabes, y compris en Irak, et prônait l'unité arabe, le socialisme et la laïcité. Abdel Salam Aref, qui a remplacé Kassem à la tête de l'Irak, était un membre du parti Baas et avait des opinions politiques différentes de celles de son prédécesseur. Contrairement à Kassem, Aref était favorable à l'idée de la République arabe unie et soutenait le concept d'unité panarabe. Son accession au pouvoir a marqué un changement significatif dans la politique irakienne, avec un mouvement vers des politiques plus alignées sur les idéaux baasistes.

La mort d'Abdel Salam Aref dans un accident d'hélicoptère en 1966 a conduit à une autre transition de pouvoir. Son frère, Abdul Rahman Aref, lui a succédé en tant que président. La période de gouvernance des frères Aref a été une époque où le baasisme a commencé à prendre pied en Irak, bien que leur régime ait également été marqué par des instabilités et des luttes de pouvoir internes. Le baasisme en Irak, bien qu'ayant des origines communes avec le baasisme syrien, a développé ses propres caractéristiques et dynamiques. Les gouvernements d'Abdel Salam Aref et d'Abdul Rahman Aref ont été confrontés à divers défis, y compris des tensions internes au sein du parti Baas et des oppositions de différents groupes sociaux et politiques. Ces tensions ont finalement conduit à un autre coup d'État en 1968, mené par le secteur irakien du parti Baas, qui a vu l'ascension de figures telles que Saddam Hussein dans les rangs du leadership irakien.

Règne de Saddam Hussein et Guerre Iran-Irak (1979 - 1988)[modifier | modifier le wikicode]

L'ascension de Saddam Hussein au pouvoir en 1979 a marqué une nouvelle ère dans l'histoire politique et sociale de l'Irak. En tant que figure dominante du parti Baas, Saddam Hussein a entrepris une série de réformes et de politiques visant à renforcer le contrôle de l'État et à moderniser la société irakienne, tout en consolidant son propre pouvoir. L'un des aspects clés de la gouvernance de Saddam Hussein a été le processus d'étatisation de la tribu, une stratégie qui visait à intégrer les structures tribales traditionnelles dans l'appareil étatique. Cette approche avait pour objectif de gagner le soutien des tribus, notamment des Tiplit, en les impliquant dans les structures gouvernementales et en leur accordant certains privilèges. En échange, ces tribus fournissaient un soutien crucial à Saddam Hussein, renforçant ainsi son régime.

Parallèlement à cette politique tribale, Saddam Hussein a lancé des programmes ambitieux de modernisation dans divers secteurs tels que l'éducation, l'économie et le logement. Ces programmes visaient à transformer l'Irak en une nation moderne et développée. Un élément majeur de cette modernisation a été la nationalisation de l'industrie pétrolière irakienne, ce qui a permis au gouvernement de contrôler une ressource vitale et de financer ses initiatives de développement. Cependant, malgré ces efforts de modernisation, l'économie irakienne sous Saddam Hussein a été largement basée sur un système clientéliste. Ce système clientéliste impliquait la distribution de faveurs, de ressources et de postes gouvernementaux à des individus et des groupes en échange de leur soutien politique. Cette approche a créé une dépendance envers le régime et a contribué à l'entretien d'un réseau de loyauté envers Saddam Hussein. Bien que les initiatives de Saddam Hussein aient entraîné certains développements économiques et sociaux, elles ont également été accompagnées de répression politique et de violations des droits humains. La consolidation du pouvoir de Saddam Hussein s'est souvent faite au détriment de la liberté politique et de l'opposition, ce qui a conduit à des tensions internes et à des conflits.

La guerre Iran-Irak, qui a débuté en 1980 et s'est poursuivie jusqu'en 1988, est l'un des conflits les plus sanglants et les plus destructeurs du 20ème siècle. Déclenchée par Saddam Hussein, cette guerre a eu des conséquences profondes tant pour l'Irak que pour l'Iran, ainsi que pour la région dans son ensemble. Saddam Hussein, cherchant à exploiter la vulnérabilité apparente de l'Iran dans le sillage de la Révolution islamique de 1979, a lancé une offensive contre l'Iran. Il craignait que la révolution dirigée par l'Ayatollah Khomeini ne se propage à l'Irak, en particulier parmi la majorité chiite du pays, et ne déstabilise son régime baasiste à dominante sunnite. De plus, Saddam Hussein visait à établir la dominance régionale de l'Irak et à contrôler des territoires riches en pétrole, en particulier dans la région frontalière de Shatt al-Arab. La guerre a rapidement escaladé en un conflit prolongé et coûteux, caractérisé par des combats de tranchées, des attaques chimiques et des souffrances humaines massives. Plus d’un demi-million de soldats ont été tués des deux côtés, et des millions de personnes ont été affectées par les destructions et les déplacements.

Sur le plan régional, la guerre a conduit à des alliances complexes. La Syrie, dirigée par Hafez al-Assad, a choisi de soutenir l'Iran, malgré les différences idéologiques, en partie à cause de la rivalité syro-irakienne. L'Iran a également reçu le soutien du Hezbollah, une organisation militante chiite basée au Liban. Ces alliances ont reflété les divisions politiques et sectaires croissantes dans la région. La guerre s'est finalement terminée en 1988, sans vainqueur clair. Le cessez-le-feu, négocié sous les auspices des Nations Unies, a laissé les frontières largement inchangées et aucune réparation significative n'a été accordée. Le conflit a laissé les deux pays gravement affaiblis et endettés, et a posé les bases de futurs conflits dans la région, notamment l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990 et les interventions ultérieures des États-Unis et de leurs alliés dans la région.

La fin de la guerre Iran-Irak en 1988 a été un moment crucial, marquant la fin de huit années de conflit acharné et de souffrances humaines considérables. L'Iran, sous la direction de l'Ayatollah Khomeini, a finalement accepté la résolution 598 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui appelait à un cessez-le-feu immédiat et à une fin des hostilités entre les deux pays. La décision de l'Iran d'accepter le cessez-le-feu a été prise dans un contexte de difficultés croissantes sur le front intérieur et d'une situation militaire de plus en plus défavorable. Malgré les efforts initiaux pour résister à l'agression irakienne et faire des gains territoriaux, l'Iran a été soumis à des pressions économiques et militaires énormes, exacerbées par l'isolement international et les coûts humains et matériels du conflit prolongé.

Un élément particulièrement troublant de la guerre a été l'utilisation par l'Irak d'armes chimiques, une tactique qui a marqué une escalade dramatique dans la violence du conflit. Les forces irakiennes ont utilisé des armes chimiques à plusieurs reprises contre les forces iraniennes et même contre leur propre population kurde, comme lors du tristement célèbre massacre d'Halabja en 1988, où des milliers de civils kurdes ont été tués par des gaz toxiques. L'utilisation d'armes chimiques par l'Irak a été largement condamnée sur la scène internationale et a contribué à l'isolement diplomatique du régime de Saddam Hussein. Le cessez-le-feu de 1988 a mis fin à l'un des conflits les plus sanglants de la seconde moitié du 20ème siècle, mais il a laissé derrière lui des pays dévastés et une région profondément marquée par les séquelles de la guerre. Ni l'Iran ni l'Irak n'ont réussi à atteindre les objectifs ambitieux qu'ils s'étaient fixés au début du conflit, et la guerre a finalement été caractérisée par son inutilité tragique et ses coûts humains énormes.

Invasion du Koweït et Guerre du Golfe (1990 - 1991)[modifier | modifier le wikicode]

L'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, sous le commandement de Saddam Hussein, a déclenché une série d'événements majeurs sur la scène internationale, conduisant à la Guerre du Golfe de 1991. Cette invasion a été motivée par plusieurs facteurs, dont des revendications territoriales, des disputes sur la production de pétrole et des tensions économiques. Saddam Hussein a justifié l'invasion en revendiquant le Koweït comme faisant historiquement partie de l'Irak. Il a également exprimé des griefs concernant la production de pétrole du Koweït, qu'il accusait de dépasser les quotas de l'OPEP, contribuant ainsi à la baisse des prix du pétrole et affectant l'économie irakienne, déjà affaiblie par la longue guerre avec l'Iran. La réponse internationale à l'invasion a été rapide et ferme. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a condamné l'invasion et a imposé un embargo économique strict contre l'Irak. Par la suite, une coalition de forces internationales, dirigée par les États-Unis, s'est formée pour libérer le Koweït. Bien que l'opération ait été sanctionnée par l'ONU, elle a été largement perçue comme étant dominée par les États-Unis, en raison de leur rôle de leader et de leur contribution militaire significative.

La Guerre du Golfe, qui a débuté en janvier 1991, a été brève mais intense. La campagne aérienne massive et l'opération terrestre subséquente ont rapidement expulsé les forces irakiennes du Koweït. Cependant, l'embargo imposé à l'Irak a eu des conséquences dévastatrices pour la population civile irakienne. Les sanctions économiques, combinées à la destruction des infrastructures lors de la guerre, ont entraîné une grave crise humanitaire en Irak, avec des pénuries de nourriture, de médicaments et d'autres fournitures essentielles. L'invasion du Koweït par l'Irak et la Guerre du Golfe qui a suivi ont eu des répercussions importantes sur la région et sur les relations internationales. L'Irak s'est retrouvé isolé sur la scène internationale, et Saddam Hussein a été confronté à des défis internes et externes accrus. Cette période a également marqué un tournant dans la politique des États-Unis au Moyen-Orient, renforçant leur présence militaire et politique dans la région.

Impact de l'Attaque du 11 Septembre et Invasion Américaine (2003)[modifier | modifier le wikicode]

La période post-11 septembre 2001 a marqué un tournant significatif dans la politique étrangère des États-Unis, en particulier en ce qui concerne l'Irak. Sous la présidence de George W. Bush, l'Irak a été de plus en plus perçu comme faisant partie de ce que Bush a décrit comme "l'axe du Mal", une expression qui a alimenté l'imaginaire public et politique américain dans le contexte de la lutte contre le terrorisme international. Bien que l'Irak n'ait pas été directement impliqué dans les attentats du 11 septembre, l'administration Bush a mis en avant la théorie selon laquelle l'Irak de Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive (ADM) et représentait une menace pour la sécurité mondiale. Cette perception a été utilisée pour justifier l'invasion de l'Irak en 2003, une décision qui a été largement controversée, en particulier après qu'il a été révélé que l'Irak ne possédait pas d'armes de destruction massive.

L'invasion et l'occupation subséquente de l'Irak par les forces dirigées par les États-Unis ont entraîné le renversement de Saddam Hussein, mais ont également conduit à des conséquences imprévues et à une instabilité à long terme. Une des politiques les plus critiquées de l'administration américaine en Irak a été la "débaasification", qui visait à éradiquer l'influence du parti Baas de Saddam Hussein. Cette politique a inclus la dissolution de l'armée irakienne et le démantèlement de nombreuses structures administratives et gouvernementales. Cependant, la débaasification a créé un vide de pouvoir et a exacerbé les tensions sectaires et ethniques en Irak. De nombreux anciens membres de l'armée et du parti Baas, soudainement privés de leur emploi et de leur statut, se sont retrouvés marginalisés et ont parfois rejoint des groupes insurgés. Cette situation a contribué à l'émergence et à la montée en puissance de groupes djihadistes comme Al-Qaïda en Irak, qui deviendra plus tard l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), connu sous le nom de Daesh. Le chaos et l'instabilité qui ont suivi l'invasion américaine ont été des facteurs clés dans la montée du nouveau djihadisme représenté par Daesh, qui a exploité le vide politique, les tensions sectaires et l'insécurité pour étendre son influence. L'intervention américaine en Irak, bien qu'initialement présentée comme un effort pour apporter la démocratie et la stabilité, a eu des conséquences profondes et durables, plongeant le pays dans une période de conflit, de violence et d'instabilité qui a persisté pendant de nombreuses années.

Le retrait des troupes américaines d'Irak en 2009 a marqué une nouvelle phase dans l'histoire politique du pays, caractérisée par une montée en puissance des groupes chiites et des changements dans la dynamique du pouvoir. Après des décennies de marginalisation sous le régime baasiste dominé par les sunnites, la majorité chiite d'Irak a gagné en influence politique suite à la chute de Saddam Hussein et au processus de reconstruction politique qui a suivi l'invasion américaine de 2003. Avec l'établissement d'un gouvernement plus représentatif et l'organisation d'élections démocratiques, les partis politiques chiites, qui avaient été réprimés sous le régime de Saddam Hussein, ont gagné un rôle prépondérant dans le nouveau paysage politique irakien. Des figures politiques chiites, souvent soutenues par l'Iran, ont commencé à occuper des postes clés au sein du gouvernement, reflétant ainsi le changement démographique et politique du pays.

Cependant, ce changement de pouvoir a également conduit à des tensions et des conflits. Les communautés sunnites et kurdes, qui avaient occupé des positions de pouvoir sous le régime de Saddam Hussein ou avaient cherché l'autonomie, comme dans le cas du Kurdistan irakien, se sont retrouvées marginalisées dans le nouvel ordre politique. Cette marginalisation, combinée à la dissolution de l'armée irakienne et à d'autres politiques mises en œuvre après l'invasion, a créé un sentiment d'aliénation et de frustration parmi ces groupes. La marginalisation des sunnites, en particulier, a contribué à un climat d'insécurité et de mécontentement, créant un terrain fertile pour l'insurrection et le terrorisme. Des groupes comme Al-Qaïda en Irak, et plus tard l'État islamique (Daesh), ont tiré parti de ces divisions pour recruter des membres et étendre leur influence, menant à une période de violence et de conflit sectaire intense.

Israël[modifier | modifier le wikicode]

Débuts du Sionisme et la Déclaration Balfour[modifier | modifier le wikicode]

La création de l'État d'Israël en 1948 est un événement historique majeur qui a été interprété de différentes manières, reflétant les complexités et les tensions inhérentes à cette période de l'histoire. D'un côté, cette création peut être vue comme une consécration des efforts diplomatiques et politiques, marquée par des décisions clés au niveau international. D'un autre côté, elle est perçue comme l'aboutissement d'une lutte nationale, portée par le mouvement sioniste et les aspirations à l'autodétermination du peuple juif.

La Déclaration Balfour de 1917, dans laquelle le gouvernement britannique soutenait l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, a jeté les bases de la création d'Israël. Cette déclaration, bien qu'elle fût une promesse plutôt qu'un engagement juridiquement contraignant, a été un moment clé dans la reconnaissance internationale des aspirations sionistes. Le mandat britannique sur la Palestine, établi après la Première Guerre mondiale, a ensuite servi de cadre administratif pour la région, bien que les tensions entre les communautés juives et arabes aient augmenté pendant cette période. Le plan de partage de la Palestine proposé par l'ONU en 1947, qui envisageait la création de deux États indépendants, juif et arabe, avec Jérusalem sous contrôle international, a été un autre moment décisif. Bien que ce plan ait été accepté par les dirigeants juifs, il a été rejeté par les parties arabes, menant à un conflit ouvert après le retrait britannique de la région.

La guerre d'indépendance d'Israël, qui a suivi la proclamation de l'État d'Israël en mai 1948 par David Ben-Gourion, premier Premier ministre d'Israël, a été marquée par des combats acharnés contre les armées de plusieurs pays arabes voisins. Cette guerre a été une lutte pour l'existence et la souveraineté pour les Israéliens et un moment tragique de perte et de déplacement pour les Palestiniens, un événement connu sous le nom de Nakba (la catastrophe). La fondation d'Israël a ainsi été accueillie avec jubilation par de nombreux Juifs à travers le monde, en particulier dans le contexte de la persécution subie pendant la Seconde Guerre mondiale et l'Holocauste. Pour les Palestiniens et beaucoup dans le monde arabe, cependant, 1948 est synonyme de perte et de début d'un long conflit. La création d'Israël a donc été un événement pivot, non seulement pour les habitants de la région, mais aussi dans le contexte plus large des relations internationales, influençant profondément la politique du Moyen-Orient dans les décennies suivantes.

La Déclaration Balfour, rédigée le 2 novembre 1917, est un document crucial pour comprendre les origines de l'État d'Israël et du conflit israélo-palestinien. Rédigée par Arthur James Balfour, le ministre des Affaires étrangères britannique de l'époque, cette déclaration a été adressée à Lord Rothschild, un leader de la communauté juive britannique, pour transmission à la Fédération sioniste de Grande-Bretagne et d'Irlande. Le texte de la Déclaration Balfour promettait le soutien du gouvernement britannique à l'établissement en Palestine d'un "foyer national pour le peuple juif", tout en stipulant que cela ne devrait pas porter préjudice aux droits civils et religieux des communautés non juives existantes dans le pays, ni aux droits et au statut politique dont jouissent les Juifs dans tout autre pays. Cependant, les populations non-juives de Palestine n'étaient pas explicitement nommées dans le document, ce qui a été interprété comme une omission significative. Les raisons derrière la Déclaration Balfour étaient multiples et complexes, impliquant à la fois des considérations diplomatiques et stratégiques britanniques durant la Première Guerre mondiale. Parmi ces motivations figuraient le désir de gagner le soutien juif pour les efforts de guerre alliés, particulièrement en Russie où la Révolution bolchevique avait créé des incertitudes, et l'intérêt stratégique pour la Palestine en tant que région clé proche du Canal de Suez, vital pour l'Empire britannique. L'émission de la Déclaration Balfour a marqué un tournant dans l'histoire de la région, car elle a été interprétée par les sionistes comme un soutien international à leur aspiration à un foyer national en Palestine. Pour les Palestiniens arabes, en revanche, elle a été vue comme une trahison et une menace à leurs revendications territoriales et nationales. Cette dichotomie de perceptions a jeté les bases des tensions et du conflit qui ont suivi dans la région.

Le contexte historique du conflit israélo-palestinien est complexe et s'étend bien avant la Déclaration Balfour de 1917. La présence juive à Jérusalem et dans d'autres parties de la Palestine historique remonte à des millénaires, bien que la démographie et la composition de la population aient fluctué au fil du temps en raison de divers événements historiques, y compris des périodes d'exil et de diaspora. Au cours des années 1800 et plus particulièrement dans les années 1830, un mouvement migratoire significatif de Juifs vers la Palestine a commencé, en partie en réponse aux persécutions et aux pogroms dans l'Empire russe et d'autres parties de l'Europe. Cette migration, souvent considérée comme faisant partie des premières Aliyahs (montées) dans le cadre du mouvement sioniste naissant, était motivée par le désir de retourner à la terre ancestrale juive et de reconstruire une présence juive en Palestine.

Un aspect important de ce renouveau juif était l'Askala ou la Haskala (la Renaissance juive), un mouvement parmi les Juifs européens, en particulier les Ashkénazes, visant à moderniser la culture juive et à s'intégrer dans la société européenne. Ce mouvement a encouragé l'éducation, l'adoption de langues et de coutumes locales, tout en promouvant une identité juive renouvelée et dynamique. Eliezer Ben-Yehuda, souvent cité comme le père de l'hébreu moderne, a joué un rôle crucial dans la renaissance de l'hébreu comme langue vivante. Son travail a été essentiel pour le renouveau culturel et national juif, donnant à la communauté juive en Palestine un moyen unificateur de communication et renforçant leur identité culturelle distincte.

Ces développements culturels et migratoires ont contribué à poser les bases du sionisme politique, un mouvement nationaliste visant à établir un foyer national juif en Palestine. Le sionisme a gagné en popularité à la fin du 19ème siècle, en partie en réponse aux persécutions antisémites en Europe et à l'aspiration à l'autodétermination. La migration juive vers la Palestine au 19ème et au début du 20ème siècle a coïncidé avec la présence de longue date des communautés arabes palestiniennes, conduisant à des changements démographiques et à des tensions croissantes dans la région. Ces tensions, exacerbées par les politiques du mandat britannique et les événements internationaux, ont finalement conduit au conflit israélo-palestinien que nous connaissons aujourd'hui.

L'histoire du mouvement sioniste et de l'émergence de l'idée d'un foyer national juif est étroitement liée à la diaspora juive en Europe et aux États-Unis à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. Cette période a été marquée par un renouveau de la pensée juive et une prise de conscience croissante des défis auxquels faisait face la communauté juive en Europe, notamment l'antisémitisme. Léon Pinsker, un médecin et intellectuel juif russe, a été une figure clé dans les premiers stades du sionisme. Influencé par les pogroms et les persécutions antisémites en Russie, Pinsker a écrit "Auto-Émancipation" en 1882, un pamphlet qui plaidait pour la nécessité d'une patrie nationale pour les Juifs. Pinsker croyait que l'antisémitisme était un phénomène permanent et inévitable en Europe et que la seule solution pour le peuple juif était l'autonomie dans leur propre territoire. Théodore Herzl, un journaliste et écrivain austro-hongrois, est souvent considéré comme le père du sionisme politique moderne. Profondément affecté par l'affaire Dreyfus en France, où un officier juif, Alfred Dreyfus, a été faussement accusé d'espionnage dans un climat d'antisémitisme flagrant, Herzl en est venu à la conclusion que l'assimilation ne protégerait pas les Juifs de la discrimination et de la persécution. Cette affaire a été un catalyseur pour Herzl, le conduisant à écrire "L'État des Juifs" en 1896, dans lequel il argumentait en faveur de la création d'un État juif. Contrairement à l'idée reçue, Herzl n'a pas spécifiquement envisagé de fonder le foyer national juif en France, mais plutôt en Palestine ou, à défaut, dans un autre territoire offert par une puissance coloniale. L'idée de Herzl était de trouver un lieu où les Juifs pourraient s'établir en tant que nation souveraine et vivre librement, loin de l'antisémitisme européen. Herzl a été le moteur derrière le Premier Congrès sioniste à Bâle en 1897, qui a jeté les bases du mouvement sioniste en tant qu'organisation politique. Ce congrès a rassemblé des délégués juifs de diverses origines pour discuter de la création d'un foyer national juif en Palestine.

L'Antisémitisme et les Migrations Juives[modifier | modifier le wikicode]

L'histoire de l'antisémitisme est longue et complexe, et elle est profondément enracinée dans les croyances religieuses et socio-économiques européennes, en particulier durant le Moyen Âge. Un des aspects les plus marquants de l'antisémitisme historique est la notion de "peuple déicide", une accusation selon laquelle les Juifs seraient collectivement responsables de la mort de Jésus-Christ. Cette idée a été largement promulguée dans la chrétienté européenne et a servi de justification à diverses formes de persécution et de discrimination envers les Juifs au cours des siècles. Cette croyance a contribué à la marginalisation des Juifs et à leur représentation comme "autres" ou étrangers au sein de la société chrétienne.

Au Moyen Âge, les restrictions imposées aux Juifs dans le domaine professionnel et social ont eu un impact significatif sur leur place dans la société. En raison des lois et des restrictions de l'Église, les Juifs étaient souvent empêchés de posséder des terres ou d'exercer certaines professions. Par exemple, dans de nombreuses régions, ils ne pouvaient pas être membres de guildes, ce qui limitait leurs opportunités dans le commerce et l'artisanat. Ces restrictions ont conduit beaucoup de Juifs à se tourner vers des métiers comme le prêt d'argent, une activité souvent interdite aux chrétiens en raison de l'interdiction de l'usure par l'Église. Bien que cette activité ait fourni une niche économique nécessaire, elle a également renforcé certains stéréotypes négatifs et a contribué à l'antisémitisme économique. Les Juifs étaient parfois perçus comme des usuriers et associés à l'avarice, ce qui exacerbait la méfiance et l'hostilité à leur égard. En outre, les Juifs étaient souvent confinés dans des quartiers spécifiques, connus sous le nom de ghettos, ce qui limitait leur interaction avec la population chrétienne et renforçait leur isolement. Cette ségrégation, combinée à l'antisémitisme religieux et économique, a créé un environnement dans lequel les persécutions, telles que les pogroms, pouvaient se produire. L'antisémitisme médiéval, enraciné dans des croyances religieuses et renforcé par des structures socio-économiques, a donc jeté les bases de siècles de discrimination et de persécution envers les Juifs en Europe. Cette histoire douloureuse a été l'un des facteurs qui ont alimenté les aspirations sionistes pour un foyer national sûr et souverain.

L'évolution de l'antisémitisme au 19ème siècle représente un tournant significatif, où les préjugés et la discrimination à l'encontre des Juifs ont commencé à se fonder davantage sur des notions raciales que sur des différences religieuses ou culturelles. Ce changement a marqué la naissance de ce que l'on appelle l'antisémitisme "moderne", qui a posé les bases idéologiques de l'antisémitisme du 20ème siècle, y compris l'Holocauste. Dans la période pré-moderne, l'antisémitisme était principalement ancré dans des différences religieuses, avec des accusations de déicide et des stéréotypes négatifs associés aux Juifs en tant que groupe religieux. Cependant, avec les Lumières et l'émancipation des Juifs dans de nombreux pays européens au 19ème siècle, l'antisémitisme a commencé à prendre une nouvelle forme. Cette forme "moderne" d'antisémitisme était caractérisée par la croyance en l'existence de races distinctes avec des caractéristiques biologiques et morales inhérentes. Les Juifs étaient ainsi perçus non seulement comme une communauté religieuse distincte, mais aussi comme une "race" à part, avec des traits héréditaires et des comportements présumés qui les rendaient différents et, aux yeux des antisémites, inférieurs ou dangereux pour la société.

Cette idéologie raciale a été renforcée par divers écrits et théories pseudoscientifiques, y compris ceux de personnalités comme Houston Stewart Chamberlain, un théoricien racial influent dont les idées ont contribué à la théorie raciale nazie. L'antisémitisme racial a trouvé son expression la plus extrême dans l'idéologie nazie, qui a utilisé des théories racistes pour justifier la persécution et l'extermination systématique des Juifs pendant l'Holocauste. La transition de l'antisémitisme religieux vers un antisémitisme racial au 19ème siècle a donc été un développement crucial, alimentant des formes de discrimination et de persécution plus intenses et systématiques contre les Juifs. Cette évolution a également contribué à l'urgence ressentie par le mouvement sioniste pour la création d'un État-nation juif où les Juifs pourraient vivre en sécurité et être libres de telles persécutions.

Le Mouvement Sioniste et l'Établissement en Palestine[modifier | modifier le wikicode]

La fin du 19ème siècle a été une période cruciale pour le peuple juif et a marqué un tournant décisif dans l'histoire du sionisme, un mouvement qui allait finalement conduire à la création de l'État d'Israël. Cette époque a été caractérisée par une combinaison de réponse aux persécutions antisémites en Europe et d'un désir croissant d'autodétermination et de retour à la terre ancestrale. Le mouvement Hovevei Zion (Les Amants de Sion) a joué un rôle fondamental dans les premières étapes du sionisme. Formé par des Juifs principalement d'Europe de l'Est, ce mouvement visait à encourager l'immigration juive en Palestine et à établir une base pour la communauté juive dans la région. Inspirés par les pogroms et les discriminations en Russie et ailleurs, les membres de Hovevei Zion ont mis en œuvre des projets d'agriculture et d'établissement, jetant ainsi les bases d'un renouveau juif en Palestine. Cependant, c'est le premier Congrès sioniste, organisé par Theodor Herzl en 1897 à Bâle, en Suisse, qui a marqué un jalon historique. Herzl, un journaliste austro-hongrois profondément affecté par l'antisémitisme qu'il avait observé, notamment lors de l'affaire Dreyfus en France, a compris la nécessité d'un foyer national juif. Le Congrès de Bâle a rassemblé des délégués juifs de divers pays et a servi de plateforme pour articuler et propager l'idée sioniste. Le résultat le plus notable de ce congrès a été la formulation du Programme de Bâle, qui appelait à l'établissement d'un foyer national pour le peuple juif en Palestine. Ce congrès a également abouti à la création de l'Organisation sioniste mondiale, chargée de promouvoir l'objectif sioniste. Sous la direction de Herzl, le mouvement sioniste a gagné en légitimité et en soutien international, malgré les défis et les controverses. La vision de Herzl, bien que largement symbolique à l'époque, a fourni un cadre et une direction pour les aspirations juives, transformant une idée en un mouvement politique tangible. La période de la fin du 19ème siècle a été essentielle dans la formation du mouvement sioniste et a posé les jalons pour les événements futurs qui mèneraient à la création de l'État d'Israël. Elle reflète une période où les défis historiques rencontrés par les Juifs en Europe ont convergé avec un désir renouvelé d'autodétermination, façonnant ainsi le cours de l'histoire juive et du Moyen-Orient.

Le début du 20ème siècle a été une période significative de développement et de transformation pour la communauté juive en Palestine, marquée par une augmentation de l'immigration juive et la création de nouvelles structures sociales et urbaines. Entre 1903 et 1914, une période connue sous le nom de "Seconde Aliyah", environ 30 000 Juifs, principalement originaires de l'Empire russe, ont immigré en Palestine. Cette vague d'immigration a été motivée par une combinaison de facteurs, notamment les persécutions antisémites dans l'Empire russe et l'aspiration sioniste à établir un foyer national juif. Cette période a vu la création de la ville de Tel-Aviv en 1909, qui est devenue un symbole du renouveau juif et du sionisme. Tel-Aviv a été conçue comme une ville moderne, planifiée dès le départ pour être un centre urbain pour la communauté juive en croissance. L'un des développements les plus innovants de cette période a été la création des Kibboutzim. Les Kibboutzim étaient des collectivités agricoles basées sur des principes de propriété collective et de travail communautaire. Ils ont joué un rôle crucial dans l'établissement des Juifs en Palestine, en fournissant non seulement des moyens de subsistance, mais aussi en contribuant à la défense et à la sécurité des communautés juives. Leur importance allait au-delà de l'agriculture, car ils ont servi de centres pour la culture, l'éducation et le sionisme social.

La période entre 1921 et 1931 a vu une nouvelle vague d'immigration, connue sous le nom de "Troisième Aliyah", au cours de laquelle environ 150 000 Juifs sont arrivés en Palestine. Cette augmentation significative de la population juive a été en partie stimulée par la montée de l'antisémitisme en Europe, notamment en Pologne et en Russie, ainsi que par les politiques britanniques en Palestine. Ces immigrants ont apporté avec eux des compétences variées, contribuant ainsi au développement économique et social de la région. L'immigration juive pendant cette période a été un facteur clé dans la configuration démographique de la Palestine, menant à des changements sociaux et économiques substantiels. Elle a également exacerbé les tensions avec les communautés arabes palestiniennes, qui voyaient cette immigration croissante comme une menace pour leurs revendications territoriales et démographiques. Ces tensions se sont finalement intensifiées, conduisant à des conflits et des troubles dans les années et décennies suivantes.

La période suivant la Déclaration Balfour en 1917 a été marquée par une augmentation significative des tensions et des conflits entre les communautés juives et arabes en Palestine. La déclaration, qui exprimait le soutien du gouvernement britannique à l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, a été accueillie avec enthousiasme par de nombreux Juifs mais a suscité de l'opposition et de l'animosité parmi la population arabe palestinienne. Ces tensions se sont manifestées dans une série de confrontations et de violences entre les deux communautés. Les années 1920 et 1930 ont été témoins de plusieurs épisodes de violence, y compris des émeutes et des massacres, où les deux côtés ont subi des pertes. Ces incidents reflétaient la montée des tensions nationalistes des deux côtés et la lutte pour le contrôle et l'avenir de la Palestine.

En réponse à ces tensions croissantes et à la nécessité perçue de se défendre contre les attaques, la communauté juive en Palestine a formé la Haganah en 1920. La Haganah, qui signifie "défense" en hébreu, était initialement une organisation de défense clandestine destinée à protéger les communautés juives des attaques arabes. Elle a été fondée par un groupe de représentants des colonies juives et des organisations sionistes en réponse aux émeutes de Jérusalem de 1920. La Haganah a évolué au fil du temps, passant d'une force de défense locale à une organisation militaire plus structurée. Bien qu'elle ait été principalement défensive dans ses premières années, la Haganah a développé une capacité militaire plus robuste, y compris la formation de forces d'élite et l'acquisition d'armes, en prévision d'un conflit plus large avec les communautés arabes et les pays voisins. La formation de la Haganah a été un développement crucial dans l'histoire du mouvement sioniste et a joué un rôle important dans les événements qui ont conduit à la création de l'État d'Israël en 1948. La Haganah a constitué le noyau de ce qui allait devenir plus tard les Forces de défense israéliennes (FDI), l'armée officielle de l'État d'Israël.

La collaboration des milieux sionistes avec les puissances mandataires, en particulier la Grande-Bretagne, qui avait reçu le mandat de la Société des Nations pour gouverner la Palestine après la Première Guerre mondiale, a joué un rôle important dans l'évolution du conflit israélo-palestinien. Cette coopération a été cruciale pour les progrès du mouvement sioniste, mais elle a également alimenté les tensions et la colère parmi la population arabe palestinienne. La relation entre les sionistes et les autorités mandataires britanniques était complexe et parfois conflictuelle, mais les sionistes ont cherché à utiliser cette relation pour promouvoir leurs objectifs en Palestine. Les efforts sionistes pour établir un foyer national juif étaient souvent vus par les Arabes palestiniens comme étant soutenus, ou du moins tolérés, par les Britanniques, ce qui a exacerbé les tensions et la méfiance.

Un aspect important de la stratégie sioniste pendant la période mandataire a été l'achat de terres en Palestine. L'Agence Juive, établie en 1929, a joué un rôle clé dans cette stratégie. L'Agence Juive était une organisation qui représentait la communauté juive auprès des autorités britanniques et coordonnait les divers aspects du projet sioniste en Palestine, notamment l'immigration, l'établissement de colonies, l'éducation et, de manière cruciale, l'achat de terres. L'acquisition de terres par des Juifs en Palestine a été une source majeure de conflit, car elle a souvent entraîné le déplacement de populations arabes locales. Les Arabes palestiniens voyaient l'achat de terres et l'immigration juive comme une menace pour leur présence et leur avenir dans la région. Ces transactions foncières ont non seulement changé la composition démographique et le paysage de la Palestine, mais ont également contribué à l'intensification du sentiment nationaliste parmi les Arabes palestiniens.

L'année 1937 a marqué un tournant dans la gestion britannique du mandat de la Palestine et a révélé les premiers signes d'un désengagement britannique face à l'escalade des tensions et des violences entre les communautés juive et arabe. La complexité et l'intensité du conflit israélo-palestinien ont défié les efforts britanniques pour maintenir la paix et l'ordre, conduisant à une reconnaissance croissante de l'impossibilité de satisfaire à la fois les aspirations sionistes et les revendications arabes palestiniennes.

En 1937, la Commission Peel, une commission d'enquête britannique, a publié son rapport recommandant pour la première fois la partition de la Palestine en deux États distincts, un juif et un arabe, avec Jérusalem sous contrôle international. Cette proposition était une réponse à l'escalade de la violence, en particulier pendant la Grande Révolte Arabe de 1936-1939, une insurrection massive des Arabes palestiniens contre la domination britannique et l'immigration juive. Le plan de partage proposé par la Commission Peel a été rejeté par les deux côtés pour différentes raisons. Les leaders arabes palestiniens ont refusé le plan car il impliquait la reconnaissance d'un État juif en Palestine. D'autre part, bien que certains dirigeants sionistes aient envisagé le plan comme une étape vers un État juif plus vaste, d'autres l'ont rejeté parce qu'il ne répondait pas à leurs attentes territoriales.

Cette période a également été marquée par l'émergence de groupes extrémistes des deux côtés. Du côté juif, des groupes tels que l'Irgoun et le Lehi (aussi connu sous le nom de Stern Gang) ont commencé à mener des opérations militaires contre les Arabes palestiniens et les Britanniques, y compris des attentats. Ces groupes ont adopté une approche plus militante que la Haganah, l'organisation de défense principale de la communauté juive, dans la poursuite de l'objectif sioniste. Du côté arabe, la violence s'est également intensifiée, avec des attaques contre des Juifs et des intérêts britanniques. La révolte arabe a été un signe de l'opposition croissante à la fois à la politique britannique et à l'immigration juive. L'incapacité de la Grande-Bretagne à résoudre le conflit et les réponses extrémistes des deux côtés ont créé un climat de plus en plus instable et violent, posant les bases pour les conflits futurs et compliquant davantage les efforts pour trouver une solution pacifique et durable à la question de la Palestine.

Plan de Partage de l'ONU et la Guerre d'Indépendance[modifier | modifier le wikicode]

En 1947, face à l'escalade continue des tensions et des violences en Palestine mandataire, les Nations Unies ont proposé un nouveau plan de partage, dans une tentative de résoudre le conflit israélo-palestinien. Ce plan, recommandé par la résolution 181 de l'Assemblée générale des Nations Unies, envisageait la division de la Palestine en deux États indépendants, l'un juif et l'autre arabe, avec Jérusalem placée sous un régime international spécial. Selon le plan de partage de l'ONU, la Palestine serait divisée de manière à donner à chaque État une majorité de sa population respective. La région de Jérusalem, comprenant également Bethléem, serait établie comme un corpus separatum sous administration internationale, en raison de son importance religieuse et historique pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans. Cependant, le plan de partage de l'ONU a été rejeté par la majorité des dirigeants et des peuples arabes. Les Arabes palestiniens et les États arabes voisins ont estimé que le plan ne respectait pas leurs revendications nationales et territoriales, et qu'il était injuste en termes de répartition des terres, étant donné que la population juive était alors une minorité en Palestine. Ils ont vu le plan comme une continuation de la politique pro-sioniste des puissances occidentales et comme une violation de leur droit à l'autodétermination.

La communauté juive en Palestine, représentée par l'Agence juive, a accepté le plan, le considérant comme une opportunité historique pour la création d'un État juif. Pour les Juifs, le plan représentait une reconnaissance internationale de leurs aspirations nationales et un pas crucial vers l'indépendance. Le rejet du plan de partage par les Arabes a mené à une intensification des conflits et des affrontements dans la région. La période qui a suivi a été marquée par une escalade de la violence, aboutissant à la guerre de 1948, également connue sous le nom de guerre d'indépendance d'Israël ou de Nakba (catastrophe) pour les Palestiniens. Cette guerre a abouti à la création de l'État d'Israël en mai 1948 et au déplacement de centaines de milliers de Palestiniens, marquant le début d'un conflit prolongé qui persiste jusqu'à aujourd'hui.

La déclaration d'indépendance de l'État d'Israël en mai 1948 et les événements qui ont suivi représentent un chapitre crucial dans l'histoire du Moyen-Orient, ayant des répercussions majeures sur le plan politique, social et militaire. L'expiration du mandat britannique en Palestine a créé un vide politique que les dirigeants juifs, sous la houlette de David Ben-Gourion, ont cherché à combler en proclamant l'indépendance d'Israël. Cette déclaration, faite en réponse au plan de partage des Nations Unies de 1947, a marqué la concrétisation des aspirations sionistes mais a également été le catalyseur d'un conflit armé majeur dans la région. L'intervention militaire des pays arabes voisins, dont la Transjordanie, l'Égypte et la Syrie, visait à contrecarrer la création de l'État juif et à soutenir les revendications des Palestiniens arabes. Ces pays, unis par leur opposition à la création d'Israël, envisageaient d'éliminer l'État naissant et de redéfinir la géographie politique de la Palestine. Cependant, malgré leur supériorité numérique initiale, les forces arabes ont été progressivement repoussées par une armée israélienne de plus en plus organisée et efficace.

Le soutien indirect de l'Union soviétique à Israël, principalement sous la forme de livraisons d'armes via les pays satellites d'Europe de l'Est, a joué un rôle dans le renversement des rapports de force sur le terrain. Ce soutien soviétique était motivé moins par une affection pour Israël que par un désir de diminuer l'influence britannique dans la région, dans le contexte de la rivalité croissante de la Guerre froide. La série d'accords de cessez-le-feu qui ont mis fin à la guerre en 1949 a laissé Israël avec un territoire substantiellement plus grand que celui alloué par le plan de partage de l'ONU. La guerre a eu des conséquences profondément tragiques, notamment le déplacement massif de Palestiniens arabes, qui a engendré des questions de réfugiés et de droits qui continuent de hanter le processus de paix. La guerre d'indépendance a également solidifié la position d'Israël en tant qu'acteur central dans la région, marquant le début d'un conflit israélo-arabe qui persiste jusqu'à aujourd'hui.

La Guerre des Six Jours, qui a eu lieu en juin 1967, est un autre moment décisif dans l'histoire du conflit israélo-arabe. Ce conflit, qui a opposé Israël à l'Égypte, la Jordanie, la Syrie et, dans une moindre mesure, le Liban, a abouti à des changements géopolitiques majeurs dans la région. La guerre a débuté le 5 juin 1967 lorsque Israël, face à ce qu'il percevait comme une menace imminente de la part des armées arabes alignées à ses frontières, a lancé une série de frappes aériennes préventives contre l'Égypte. Ces frappes ont rapidement détruit la majorité de l'armée de l'air égyptienne au sol, donnant à Israël un avantage aérien crucial. Dans les jours suivants, Israël a étendu ses opérations militaires contre la Jordanie et la Syrie. Le conflit s'est déroulé rapidement, avec des victoires israéliennes sur plusieurs fronts. En six jours de combats intenses, Israël a réussi à capturer la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï de l'Égypte, la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est) de la Jordanie, et le plateau du Golan de la Syrie. Ces gains territoriaux ont triplé la taille du territoire sous contrôle israélien. La Guerre des Six Jours a eu des conséquences profondes et durables pour la région. Elle a marqué un tournant dans le conflit israélo-arabe, renforçant la position militaire et stratégique d'Israël tout en exacerbant les tensions avec ses voisins arabes. La guerre a également eu des implications importantes pour la population palestinienne, car l'occupation israélienne de la Cisjordanie et de Gaza a posé de nouvelles dynamiques et défis pour la question palestinienne. En outre, la perte de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et du plateau du Golan a été un coup dur pour les pays arabes concernés, en particulier l'Égypte et la Syrie, et a contribué à une atmosphère de désillusion et de désespoir parmi les Arabes. La guerre a également jeté les bases de futurs conflits et négociations, y compris les efforts pour un processus de paix durable entre Israël et ses voisins.

La Guerre du Kippour et les Accords de Camp David[modifier | modifier le wikicode]

La Guerre du Kippour, qui a éclaté en octobre 1973, constitue un jalon crucial dans l'histoire des conflits israélo-arabes. Cette guerre, déclenchée par une attaque surprise conjointe de l'Égypte et de la Syrie contre Israël, a eu lieu le jour du Yom Kippour, le jour le plus sacré du calendrier juif, ce qui a accentué son impact psychologique sur la population israélienne. L'attaque égyptienne et syrienne était une tentative de reprendre les territoires perdus lors de la Guerre des Six Jours en 1967, notamment la péninsule du Sinaï et le plateau du Golan. La guerre a débuté par des succès significatifs pour les forces égyptiennes et syriennes, remettant en cause la perception de la suprématie militaire israélienne. Cependant, Israël, sous la direction de la Première ministre Golda Meir et du ministre de la Défense Moshe Dayan, a rapidement mobilisé ses forces pour une contre-offensive efficace.

Cette guerre a eu des répercussions majeures. La Guerre du Kippour a obligé Israël à réévaluer ses stratégies militaires et de sécurité. La surprise initiale de l'attaque a mis en évidence des lacunes dans les renseignements militaires israéliens et a conduit à des changements significatifs dans la préparation et la doctrine de défense d'Israël. Sur le plan diplomatique, la guerre a agi comme un catalyseur pour les futures négociations de paix. Les pertes subies par les deux côtés ont ouvert la voie aux Accords de Camp David en 1978, sous l'égide du président américain Jimmy Carter, aboutissant au premier traité de paix israélo-égyptien en 1979. Ce traité a été un tournant, marquant la première reconnaissance d'Israël par un pays arabe voisin. La guerre a également eu un impact international, notamment en provoquant la crise pétrolière de 1973. Les pays arabes producteurs de pétrole ont utilisé le pétrole comme arme économique pour protester contre le soutien des États-Unis à Israël, ce qui a conduit à des augmentations significatives des prix du pétrole et à des répercussions économiques mondiales. La Guerre du Kippour a donc non seulement redéfini les relations israélo-arabes, mais a également eu des conséquences mondiales, influençant les politiques énergétiques, les relations internationales et le processus de paix au Moyen-Orient. Cette guerre a marqué une étape importante dans la reconnaissance de la complexité du conflit israélo-arabe et de la nécessité d'une approche équilibrée pour sa résolution.

En 1979, un événement historique a marqué une étape majeure dans le processus de paix au Moyen-Orient avec la signature des Accords de Camp David, qui ont débouché sur le premier traité de paix entre Israël et un de ses voisins arabes, l'Égypte. Ces accords, négociés sous l'égide du président américain Jimmy Carter, ont été le fruit de négociations difficiles et audacieuses entre le Premier ministre israélien Menachem Begin et le président égyptien Anwar Sadate. L'initiative de ces négociations a été prise dans le sillage de la Guerre du Kippour de 1973, qui avait mis en évidence la nécessité pressante d'une résolution pacifique au conflit israélo-arabe prolongé. La décision courageuse d'Anwar Sadate de se rendre à Jérusalem en 1977 a brisé de nombreuses barrières politiques et psychologiques, ouvrant ainsi la voie à un dialogue direct entre Israël et l'Égypte.

Les pourparlers de paix, qui se sont tenus à Camp David, la retraite présidentielle dans le Maryland, ont été marqués par des périodes de négociations intenses, reflétant les profondes divisions historiques entre Israël et l'Égypte. L'intervention personnelle de Jimmy Carter a été déterminante pour maintenir les deux parties engagées dans le processus et pour surmonter les impasses. Les accords qui en ont résulté comprenaient deux cadres distincts. Le premier accord posait les bases d'une autonomie palestinienne dans les territoires occupés de Cisjordanie et de la bande de Gaza, tandis que le second accord menait directement à un traité de paix entre l'Égypte et Israël. Signé en mars 1979, ce traité a conduit Israël à se retirer de la péninsule du Sinaï, qu'il occupait depuis 1967, en échange de la reconnaissance par l'Égypte de l'État d'Israël et l'établissement de relations diplomatiques normales.

Le traité de paix israélo-égyptien a été une percée révolutionnaire, modifiant le paysage politique du Moyen-Orient. Il a signifié la fin de l'état de guerre entre les deux nations et a établi un précédent pour les futurs efforts de paix dans la région. Cependant, le traité a également suscité une vive opposition dans le monde arabe, et Sadate a été assassiné en 1981, un acte largement perçu comme une réponse directe à sa politique de rapprochement avec Israël. En définitive, les Accords de Camp David et le traité de paix qui a suivi ont démontré la possibilité de négociations pacifiques dans une région marquée par des conflits prolongés, tout en soulignant les défis inhérents à la réalisation d'une paix durable au Moyen-Orient. Ces événements ont eu un impact profond non seulement sur les relations israélo-égyptiennes, mais aussi sur la dynamique régionale et internationale.

Le Droit de Retour des Réfugiés Palestiniens[modifier | modifier le wikicode]

Le droit de retour des réfugiés palestiniens demeure un sujet complexe et controversé dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Ce droit fait référence à la possibilité pour les réfugiés palestiniens et leurs descendants de retourner dans les terres qu'ils ont quittées ou dont ils ont été déplacés en 1948 lors de la création de l'État d'Israël. La résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations-Unies, adoptée le 11 décembre 1948, mentionne que les réfugiés souhaitant rentrer chez eux devraient être autorisés à le faire et vivre en paix avec leurs voisins. Cependant, cette résolution, comme d'autres résolutions de l'Assemblée générale, ne possède pas la capacité de déterminer des lois ou d’établir des droits. Elle est plutôt de nature recommandative. Par conséquent, bien qu'elle ait été confirmée à plusieurs reprises par les Nations-Unies, elle n'a pas été mise en œuvre jusqu'à aujourd'hui.

L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNRWA), créé en 1949, soutient plus de cinq millions de réfugiés palestiniens enregistrés. Contrairement à la Convention de 1951 sur les réfugiés en général, l'UNRWA inclut également les descendants des réfugiés de 1948, ce qui augmente significativement le nombre de personnes concernées. Les accords de paix tels que ceux négociés à Camp David en 1978 ou les Accords d'Oslo de 1993 reconnaissent la question des réfugiés palestiniens comme un sujet de négociation dans le cadre du processus de paix. Toutefois, ils ne mentionnent pas explicitement un "droit au retour" pour les réfugiés palestiniens. La résolution du problème des réfugiés est généralement considérée comme une question devant être réglée par des accords bilatéraux entre Israël et ses voisins.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]