Contestation et affirmation du principe national : mouvements internationalistes et la crise des démocraties dans l’Europe de l’entre-deux-guerres

De Baripedia

Pour illustrer le propos internationaliste, on aurait pu prendre comme exemple de nombreux phénomènes du XIXème siècle et du XXème siècle comme le cas de l’Église catholique qui se définit comme un gouvernement universel, alors que dans d’autres Églises notamment comme l’Église luthérienne qui est très liée à l’État et très souvent aux monarchies où il y a une alliance étroite entre systèmes politiques. À l’est de l’Europe, là où il y a l’Église orthodoxe ; il y a le principe d’église nationale jusqu’à aujourd’hui. C’est une organisation de l’église par les frontières politiques et les communautés linguistiques.

Les catholiques peuvent former une doctrine de croyance, mais en même temps on peut être nationaliste. La Pologne va lutter contre la grande Russie ayant un mouvement patriote et un fort attachement au religieux, avec deux grands principes nationaliste et internationaliste.

Dans chaque cas cela peut donner des constellations tout à fait particulières.

L’internationalise dans le mouvement ouvrier (1948 – 1914)

Marx et notamment Bakounine devient un anarchiste dans la lutte pour les droits des ouvriers, la constitution d’un mouvement ouvrier et ensuite d’un régime socialiste. Ce sont des représentants pour la lutte socialiste, pionniers, incarnant deux courants importants.

Marx est connu comme étant un organisateur de mouvements mais aussi et surtout comme un grand théoricien du capitalisme et la libération de la classe ouvrière. En 1848, Karl Marx participe aux luttes révolutionnaires démocratiques de la Révolution montant même aux barricades. La classe ouvrière était déjà bien organisée avec notamment des revendications de politiques sociales. Marx publie en collaboration avec Engels en 1848 le Manifeste du Parti Communiste, texte bref qui dessine un programme fantastique universel. C’est une analyse sur les classes et le capitalisme mais cela reste une analyse utopique du rêve d’une révolution.

Il faut souligner que dans ce texte, Marx et Engels écrivent que les ouvriers n’ont pas de patrie, ils appartiennent à une classe mondiale : les prolétaires engagés qui vont faire cette grande révolution sont une classe mais une classe dans une économie mondiale avec pour seul souci la lutte des classes avec le capitalisme.

C’est une initiative courageuse car la classe ouvrière au niveau national, le capitalisme industriel est encore très régionalisée. Il n’y avait pas d’industrialisation de pays entiers, c’est pourquoi cela reste un rêve.

Chez Marx, on trouve les premières analyses d’un marché économique mondial avec le concept sous-jacent de mondialisation. Cela est précoce, visionnaire et non pas vécu par les gens du moment.

Le principe de solidarité avec les membres de la même classe qui peuvent être citoyens d’un autre pays, les luttes doivent être organisées selon le principe de solidarité de classe et non pas selon le principe de solidarité nationale.

Cela a une incidence sur l’organisation du mouvement.

Sigle de la Fédération Régionale espagnole de l'AIT

La première Internationale ou Association internationale des travailleurs (AIT) est créé à l'initiative de socialistes français et britanniques en 1864. Le comité provisoire compte 21 Anglais, 10 Allemands, 9 Français, 6 Italiens, 2 Polonais et 2 Suisses (1864 – 1876).

Il y a des internationales, ce sont des associations qui regroupent des associations locales, régionales et nationales sous le principe de l’internationalité. Ces groupes qui s’investissent dans l’internationale peuvent être des groupes régionaux.

À ce moment, les groupes, les associations, les partis, les syndicats qui s’organisent sont de petits groupuscules, des groupes politiques et sociaux marginaux qui ont la volonté devenant une force profonde de l’histoire mondiale.

Ils se veulent aussi internationale sur le niveau de l’organisation principalement en France et en Angleterre où le socialisme et le communisme ont le plus de libertés de s’exprimer.

Un communisme ou un socialisme type « marxiste » pense qu’il y a une évolution naturelle vers une révolution et un régime de dictature du prolétariat qui transformerait dans le futur les sociétés industrielles pensant que la France et la Grande-Bretagne sont les moteurs d’une future révolution.

Photographie de Mikhaïl Bakounine par Nadar.

Avec Bakounine le mot anarchiste commence à se répandre mais il faut plutôt utiliser le mot de libertaire. Les ouvriers, à ce moment, sont très souvent des artisans, ce sont des gens qui travaillent avec leurs mains et on une certaines fierté voulant s’organiser eux-mêmes.

Le courant marxiste et le courant bakounien font exploser cette première tentative d’internationale.

Dans le Jura, les horlogers recevaient des gens comme Bakounine, ayant des idées libertaires. Ce n’est pas lié à la grande industrie et à la classe ouvrière dans les usines, c’est encore un socialisme de petits producteurs.

La seconde Internationale (ou Internationale ouvrière) s’organise entre 1889 et 1891 (disparaît 1923). Adopte le 1er mai.

C’est déjà un moment où beaucoup de choses se sont réglées en Europe. Il y a une Allemagne unifiée avec l’une des plus grande industrie du continent, avec un parti social-démocrate important. La classe ouvrière peut devenir avec une masse critique beaucoup plus importante liée au développement du capitalisme, de la production industrielle mais aussi liée à la création de ces grands États-Nations où les partis se retrouvent dans les parlements.

Ce ne sont pas seulement des partis qui se rencontrent, c’est la nébuleuse ouvrière qui souhaite une rencontre.

Il faut noter que la classe ouvrière américaine est très bien organisée travaillant à Chicago ou en Pennsylvanie.

Gravure de 1886 parue dans le journal Harper's Weekly représentant la tragédie de Haymarket Square.

Le Premier Mai devient à ce moment le jour de la lutte ouvrière pour réglementer des jours de travaille, c’est une revendication internationaliste. Cette date est le jour du massacre de Haymarket Square, d’une action policière contre des ouvriers en grève à Chicago. Le jour d’un massacre américain de la classe ouvrière devient un symbole international de la lutte ouvrière.

Cela fonctionne relativement bien mais jusqu’à la Première Guerre Mondiale. Avec le réarrangement des forces politiques, l’Union Sacrée, il faut soutenir l’effort de guerre, laisser les camarades dans leurs tranchées et oublier dans un certain sens le principe et l’idée de l’internationalisme.

Les arrangements politiques et sociaux à l’intérieur des pays ont rendus cette organisation internationale parfaitement inutile durant le conflit jusqu’en 1923 mais mort avec la guerre.

Il existe d’autres mouvements qui ne font pas exclusivement partie du mouvement ouvrier, des mouvement internationaux comme le mouvement espérantiste qui a pour ambition de créer une langue artificielle afin d’aller au delà des particularités nationales.

Le mouvement espérantiste s’organise en 1908 et constitue une véritable organisation transnationale.

Il ne faut pas sous-estimer l’effort engagé, les bolchevique au début de la Révolution ont pensés imposer l’esperanto dans l’Union Soviétique. C’est un effort de transgresser les frontières aussi fort que les efforts des armées de défendre les frontières.

Le pacifisme n’est pas seulement international mais lutte contre les menaces de guerre bien visible. Déjà au début du XXème siècle, on parle ouvertement et notamment dans les États major d’une grande guerre qui se prépare.

Le mouvement ouvrier va répandre cette idée et essayer pendant la première guerre mondiale de faire continuer la collaboration internationale autour du pacifisme notamment en Suisse afin de proposer des solutions afin de sortir de la guerre.

Les conférences pacifistes sont tenues en Suisse à l’initiation du parti socialiste suisse en septembre 1915 à Zimmerwald et en avril 1916 à Kienthal.

Il y a aussi l’idée d’organiser les syndicats, souvent des syndicats régionaux, mais qui ont des organisations nationales, elles pourraient opérer pour exercer une influence sur l’opinion publique dans leur pays. Les ouvriers gardent la consigne d’être dans la situation des opprimés, des exploités et des massacrés lors des batailles.

Les Conférences syndicales internationales sont tenues à Leeds 1916 et Berne 1917.

Cela était très important pour la paix. Ceux qui travaillent à la réorganisation de l’après guerre ont une longue expérience de coopération non-gouvernementale devenant après la guerre une collaboration gouvernementale.

L’échec de la diffusion internationale de la Révolution russe (1917 – 1920)

La Révolution est d’abord une révolution libérale bourgeoise afin de créer un régime constitutionnel.

En 1917 est créé le régime communiste en Russie sous Lénine. D’abord les révolutionnaires russes mais pas seulement, ils sont aussi autrichiens, etc., essaient de créer le socialisme alors que les théoriciens du parti argumentent que la Russie n’est pas adaptée à ce projet de révolution socialiste.

Il y une occasion avec la situation révolutionnaire, ce qui est souhaité est la révolution mondiale utilisant la Russie comme signal.

L’espoir est d’exporter la révolution vers l’Allemagne qui va être défaite. C’est un pays extrêmement industrialisé avec une classe ouvrière bien consciente de sa force. Les révolutionnaires bolcheviques font en sorte d’encourager leurs camarades ailleurs.

À la fin de la guerre, dans les derniers mois de 1917 et notamment en 1918 et 1919, après l’armistice, il y a des tensions sociales partout dans les pays avec des grandes grèves, des mutineries, des ouvriers de l’industrie d’armement, des gens qui sentent la dégradation de leur standards de vie, l’inflation dévalue les salaires. Il y abeaucoup de frustrations et d’amertume aussi à cause des pertes humaines très grandes.

Cette vague de revendications sociales, de grèves générales et de grèves politiques s’étend de l‘Irlande à la Grande-Bretagne, en Allemagne et en Suisse, même la Suède qui n’a pas participée à la guerre connait ce phénomène de revendications populaires.

L’idée d’une conspiration mondiale des communistes est une mythologie parce qu’ils n’ont pas la capacité de le faire même si le rêve y est. Les révolutions sociales sont vues comme des préparations aux révolutions politiques.

Lénine est ses camarades vont former une Troisième Internationale que l’on appelle aussi Kominterm afin de réaliser avec les forces nationales de la gauche extrême dans les différents pays ce projet de la Révolution Mondiale.

Cette Internationale va exister jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Staline décide la terminer parce qu’il veut donner une autre image de l’Union Soviétique ne voulant plus être une révolution mondiale mais une nationaliste.

Cette Internationale n’arrive pas à réaliser l’idée face aux mouvements nationaux mais il y un centre avec une logistique qui est l’Union Soviétique. Ensuite, les partis communistes vont se créer notamment en France, en Angleterre, aux États-Unis mais encore en Suisse.

Il y a également des raisons internes pour chaque pays expliquant pourquoi le mouvement ouvrier se partage en deux mouvements : courant marxiste-léniniste et courant social-démocrate. La question est de soutenir l’effort de guerre ou d’aller contre l’effort de guerre des mouvements nationaux.

Pour les communistes, il faut terminer cette guerre, terminer l’Union Sacrée et ouvertement lutter contre les gouvernements pour la paix mais aussi pour des réformes et des changements sociaux.

Veut-on qu’une organisation remplace une autre organisation ou comme les sociales-démocrates, souhaite t-on changer par la voie de l’intérieur est la grande question. Il y a desforces intérieures très fortes mais dans une communication absolument internationale.

Les informations circulent, la communication marche très bien, il y a le télégraphe, la presse, ce n‘est pas impossible de faire une révolution mondiale.

Comme les communistes occupent l’Internationale, l’Internationale Ouvrière Socialiste est créée pour regrouper les partis qui avaient refusés d’adhérer au réseau communiste. Dans un même pays il y a les tensions du mouvement ouvrier mondial.

Un journaliste hongrois, Béla Kun était impliqué dans la social-démocratie autrichienne-hongroise. Comme beaucoup de gens de son époque, Béla Kun était impliqué politiquement. Il se radicalise durant la guerre critiquant la politique de Vienne de déclencher la guerre contre les serbes et au côté de l’Allemagne.

C’est dans un certain sens une perspective nationalise : la Hongrie n’a rien à chercher dans cette guerre tout comme la classe ouvrière.

Dans un certain sens, il réussit à mobiliser des membres de l’ancien mouvement socialiste mais il a aussi des membres de l’ancienne armée impériale qui ont l’habitude de faire la guerre. Ce mouvement de frustrations sociales était dangereux et sensible parce que les gens qui retournaient au pays avaient fait la guerre pendant quatre ans.

Il y a l’éclatement de la guerre, Vienne devient la capitale de la petite Autriche ne s’occupant plus de l’ancien empire et les nouveaux États sont dans une situation de faiblesse.Béla Kun dirige une république dans le cadre de Conseils.

Les conseils sont des groupements élus directement ou gouvernés par les concernés, c’est-à-dire soit des ouvriers ou de soldats. C’est une sorte de légitimation directe par le peuple avec l’idée d’une démocratie directe et l’idée de gens qui représentent directement les intérêts soit le point de vue et les positions des classes.

C’est l’idée d’une action directe, d’une démocratie qui vient par en bas. Les cadres du gouvernement ou des partis communistes se pensent comme les avant-gardes de la classe ouvrière ou des prolétariats mais c’est aussi un moyen d’implanter les communistes dans les organes gouvernants.

Dans le cas de la Révolution Russe, la révolution bourgeoise est une bonne chose pour Lénine mais pas assez moderne, c’est pourquoi des conseils vont être mis en place pour pouvoir y infiltrer des membres du parti. Ainsi, si on ne peut dominer les organes, on se positionne sur une politique révolutionnaire d’avant-garde, le putsch est une action légitimée par la volonté du peuple.

C’est un élément de délégitimisation du système libérale républicain. Il faut dans un certain sens une voie beaucoup plus directe entre volonté du peuple et décision politique ouvrant la porte à des régimes dictatoriaux. Toutefois, il y avait beaucoup d’espoirs pour une gouvernance directe.

En 1919, la Russie est très largement occupée par sa propre guerre civile. L’installation d’un régime communiste à Budapest est interprétée par tous les protagonistes de l’époque comme une menace : les alliés occidentaux donnent le feu vert à l’armée roumaine afin de mater la révolution hongroise.

Dans l’imaginaire de l’histoire nationale hongroise, les voisins ont maté une tentative d’indépendance nationale. Lorsque la Hongrie va être transformée en république socialiste, cela n’a pas aidé à consolider l’amitié entre les peuples.

Dans l’Empire Austro-Hongrois il y avait l’empereur et le roi de Hongrie, il n’y a pas de famille royale hongroise, c’est pourquoi va être installée une régence.

Horthy fut ministre de la guerre pendant la répression du mouvement de Béla Kun. Il va laisser intact la façade des institutions mais c’est l’installation d’un régime autoritaire qui ensuite se radicalise. Il va travailler avec Hitler non pas pour faire une politique nazie mais désire mettre en place une politique d’extension afin de réaliser la Grande Hongrie que le traité du Trianon a empêché de créer.

C’est pourquoi Horthy participe à la seconde guerre mondiale afin d’accomplir le projet de la constitution de la Grande Hongrie et non pour des idées nécessairement fasciste. Toutefois, Horthy va être renversé par les extrémistes qui vont mettre en place la persécution des juifs hongrois. Les hongrois ont le triste record d’éliminer leur population juive lorsque tout est pratiquement terminé.

Il y a l’essaie de créer un régime communiste et ensuite vient la création d’un régime autoritaire agressif.

Ces différents mouvements créées une crainte très répandue des Rouges que le communisme mondial prépare partout la révolution. Il faut remarquer que la répression de Horthy est beaucoup plus meurtrière que l’action de Béla Kun.

La montée et le déclin des régimes parlementaires en Europe (1918 – 1939)

les régimes démocratiques 1919 - 1933

En bleu apparaissent de régimes parlementaires qui renvoient à l’ordre interne mais pas nécessairement des démocraties conformes à l’État. La forme de la monarchie un peu comme aujourd’hui est alors très répandue. En Hongrie s’installe un régime autoritaire durable, pour le reste il y a un phénomène notamment en Allemagne donnant naissance à la République de Weimar.

En Autriche va être mis en place une république tout comme en Turquie avec l’installation d’une république présidentielle avec Ata Türck.

Tous les belligérants qui ont perdu la guerre changent de régime politique. Les gagnants n’ont évidemment pas de raison de changer de régime politique, cela n’empêche qu’il peut y avoir des grèves ou encore des insurrections communistes comme le mouvement spartakiste en Allemagne.

Nationalisme et mouvements autoritaires

Les régimes autoritaire 1933 - 1939

Il faut noter que la Tchécoslovaquie reste la dernière des démocraties créées après la première guerre mondiale. Le modèle du fascisme italien de Mussolini puis celui de Hitler en 1933 sont admirés pour gouverner efficacement sur la base d’élites technocratiques et militaires.

Beaucoup d’historiens se sont posé la question de savoir si la droite réagit à la gauche. Seulement, les différents régimes politiques s’observent d’une manière extrêmement intense, c’est plutôt une interdépendance qu’un jeu de pillage.

Références

Notes


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