Le paradigme positiviste et le paradigme interprétatif

De Baripedia

Il faut faire un certain nombre de choix quand on fait une recherche. Le chercheur doit faire cinq choix :

  1. Ontologique et épistémologique : c’est-à-dire avoir une certaine conception de la société, on touche presque au domaine de la philosophie et moins au domaine de la recherche pratique.
  2. avoir une conception de la science : la science fait partie de la société, il n’y a pas une seule manière de concevoir la société et la science. On peut assimiler ce choix à la notion de paradigme.
  3. trouver un mode d'explication adéquat : pour un phénomène que l'on veut étudier, on va du plan le plus général et abstrait au plan le plus près des objets étudiés. Il dépend des conceptions de la société et de la science que l’on doit avoir.
  4. s'inscrire dans une théorie : renvoie au choix précèdent
  5. choisir une méthodologie : chacun de ces choix dépend du choix préalable que l'on fait. La manière dont on conçoit la société détermine le choix méthodologique qu'on fait sur une recherche. Toute une série de choix en découle concernant les techniques.

Deux paradigmes de la recherche sociale

Disctinction entre le paradigme (post-)positiviste et le paradigme interprétatif

Selon Colbert, distinction entre deux paradigmes. Trois question
Est-ce que la réalité sociale existe ? Et quel est-elle ? Question ontologique
Est-ce que cette réalité sociale est connaissable ? Question épistémologique
Comment peut-elle être connu ? Question méthodologique
Chaque paradigme donne une réponse différente à chaque question.


Question ontologique

  • -(Post-)positiviste : réalisme (critique)-> elle existe, elle est extérieure à nous.
  • -Interprétatif : constructivisme/relativisme → Elle n'existe pas en tant que telle, pas externe mais serait une construction. « «construction sociale de la réalité ».


Question epistémologique

  • (Post-)positiviste:Dualisme/objectivité : dualisme entre chercheur et réalité étudié
On essaie de copier ce qui est fait dans les sciences expérimentales, en quête de lois(théories).
L'objectif est d'expliquer.
Généralisation des résultats

*Interprétatif :Non dualisme/non objectivité : Le chercheur fait parti de la société étudié, le monde est subjectif.

Science interprétative, pas de lois, recherche du sens profond de ce qui est observé.
L'objectif est de comprendre.
Généralisation moins importantes, et lorsqu'on le fait, c'est à travers des types idéaux (caricatures, on fait ressortir les traits essentiels)



Question méthodologique

  • (Post-)positiviste : Experimentale-manipulative : le chercheur intervient sur la réalité
Observation
Méthode hypothético-déductive : on teste une explication avec l'empirique
Techniques quantitatives
Analyses par variables : on s’intéresse à une caractéristique spécifique se trouvant chez plusieurs individus

*Interprétatif : Interaction emphatique entre chercheur et objet d'étude : pour cerner le sens profond des actes des individus.

Interprétation
Méthode inductive : on part de l'empirique pour faire une théorie
Techniques qualitatives
Analyse par sujets : on s’intéresse à tout l'individu ?




Recherche quantitative et recherche qualitative

Approche générale

Recherche quantitative :
-La relation entre la théorie et la recherche est structurée, phases logiquement séquentielles, c'est le pôle morphologique de la recherche. C'est la méthodologie de recherche. C'est la recherche quantitative domine en sciences-Po.
On procède par déduction, on fait la théorie la plus complète possible d'abord, puis on procède à la phase d'observation, on parle de « tester des hypothèses ».
-La fonction de la littérature est fondamentale pour définir la théorie, définir des hypothèses.
-Lest concepts sont opérationnalisés(, transforment une idée théorique en un instrument d'analyse concrète.
-Rapport avec l'environnement : Approche manipulative, on intervient sur la réalité avec les instruments méthodologique.
-L'interaction psychologique entre le chercheur et l'objet d'étude est détachée, neutre, en tout cas vise à l'être.
-L'interaction physique entre le chercheur et l'objet d'étude, on cherche la distance. (questionnaire)
-Le rôle du sujet étudié est passif, c'est le chercheur qui est actif.

Recherche qualitative :
-La relation entre la théorie et la recherche est plus ouverte, pas de moment distincts, le processus est plus flou/flexible/interactif.
On procède par induction, la théorie ne précède pas l'observation, elle émerge de celle-ci, le deux phases se succèdent, c'est cyclique.
-La fonction de la littérature est auxiliaire (terme de Corbetta), moins importante, surtout au début où on peut et on veut avancer sans formuler d'hypothèses
-Les concepts sont orientatifs, ils donnent une direction, ils peuvent être modifiés au cours du processus, on peut finir avec un meilleur concept à la fin de la recherche.
-Rapport avec l'environnement : Approche naturaliste, on veut pas modifier l'environnement qu'on étudie, ce qui pose des questions sur l'efficacité, comment peut-on faire ?
-L'interaction psychologique entre le chercheur et l'objet d'étude, identification empathique dans la perspective de l'objet étudié, c'est-à-dire, se mettre à la place de l'autre.
-L'interaction physique entre le chercheur et l'objet d'étude, on veut être le plus proche possible pour mieux connaître l'objet d'étude. (Ex: entretiens)
-Le rôle du sujet étudié est actif, on cherche l'interaction.

Recueil des données

Recherche quantitative :
-Le dessin de recherche est structuré, fermé, précède la recherche. Il est définitif avant d'aller sur le terrain.
-La représentativité : On travaille sur des échantillons statistiquement représentatif, tiré d'une population plus large. Les résultats seront généralisés à cette dernière.
-Instrument de recueil de données uniforme pour tous les sujets, comme les questionnaires où les questions sont les mêmes pour tout le monde.
On cherche à être objectif, on veut construire une matrice de données
-Nature des données :On veut des données objectives mais superficielles.

Recherche qualitative :
-Le dessin de recherche est déstructuré, ouvert, construit au cours de la recherche, cyclicité du processus de recherche.
-La représentativité:On recherche des cas singuliers qui ne sont pas statistiquement représentatifs
-Instruments de recueil de données différents selon les cas, comme les entretiens où on peut adapter à l’intérêt des sujets.
On ne tend pas vers la standardisation.
-Nature des données : Des données subjectives mais profondes.

Traitement des données

Recherche quantitative :
-Objet de l'analyse : on analyse des variables qu'on détache de la personne.
-Objectif de l'analyse : On veut trouver et expliquer des variations par d'autres variations.
-Techniques mathématiques et statistiques : Usage intensif pour traiter les nombreusesdonnées.

Recherche qualitative :
-Objet de l'analyse : On étudie des cas, on prend la personne entier
-Objectif de l'analyse : On veut comprendre les objets.
-Techniques mathématiques et statistiques : Aucun usage de ces techniques.

Résultats

Recherche quantitative :
-Présentation des résultats : On utilise des tableaux, c'est une perspective relationnelle, on cherche des corrélation entre des variables
-Généralisations : Corrélation, modèles causaux, lois
Logique de la causalité
-Portée des résultats : Générabilité, inférer (à la limite nomothétique)

Recherche qualitative :
-Présentation des résultats on reconstruit le parcours pour expliquer
-Généralisations : Classifications et typologies, types idéaux : on cherche à créer des profils
Logique de la classification
-Portée des résultats : Spécificité (à la limite idiographique)emple

Exemple

Peut-être que les deux recherches ne répondent pas aux mêmes questions.
-Engagement dans les mouvements sociaux
-Facteurs explicatifs (pourquoi) ?
-Mécanismes (comment) ?

Recherche quantitative :
On commence par lire sur le sujet, on a trouvé trois facteurs explicatifs :
Les caractéristiques socio-démographiques
Les réseaux sociaux, les liens avec des personnes déjà dans le mouvement
La perception qu'on a de l'impact de notre participation

Ce sont les hypothèses, on passe donc au dessin de recherche pour les tester.
Ils ont envoyé des questionnaires à certains membres d'un mouvement social, pour généraliser les résultats aux mouvements sociaux ressemblants.
Ils ont entré les données dans l'ordinateur, et après analyse, ils ont dit pouvoir généraliser les résultats à au moins tous les membres du mouvement social.

Recherche qualitative :

On fait des entretiens avec les gens adhérant aux mouvement sociaux, il y a une proximité avec eux.
Après ces entretiens, on formule une théorie.

La meilleure méthode ?

3 visions :

* -Elles sont incompatible, trop de différences, sur trop de points, logiques différentes, ontologies différentes.

  • -Fonction subsidiaire des méthodes qualitatives, c-à-d complémentaire, donnant quand même une marge de manœuvre.
  • -Pleine légitimité des deux méthodes.

Concilier les deux méthodes est très difficile.
Il faut s'adapter et choisir la méthode la plus adéquat à la question de recherche.