« Surplus du consommateur et du producteur » : différence entre les versions
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L'économie du bien-être est une branche importante de l'économie qui se concentre sur la compréhension et l'évaluation de l'efficacité et de l'équité de l'allocation des ressources par le marché. Cette discipline s'attache à déterminer si l'allocation des ressources réalisée par le mécanisme de marché maximise effectivement le bien-être collectif. Elle opère à travers deux prismes d'analyse distincts mais complémentaires : l'analyse positive et l'analyse normative. | |||
L'analyse positive s'efforce d'observer et de décrire objectivement les phénomènes économiques. Par exemple, elle peut se pencher sur les effets d'une modification de la politique fiscale sur les revenus sans juger si ces effets sont souhaitables ou non. L'analyse normative, en revanche, s'aventure dans le domaine des jugements de valeur, se demandant ce qui devrait être. Elle évalue, par exemple, si l'allocation des ressources par le marché est juste ou efficace, allant au-delà de la simple observation pour s'interroger sur la souhaitabilité des résultats économiques. Dans le cadre de l'économie du bien-être, des outils tels que le surplus du consommateur et du producteur sont employés pour mesurer les bénéfices que les individus et les entreprises retirent de leur participation au marché. Ces outils aident à évaluer si le marché alloue les ressources de manière à maximiser le bien-être collectif, qui est la somme des avantages individuels de tous les participants au marché. | |||
L'économie du bien-être s'intéresse également à des questions d'équité et d'efficacité. Par exemple, elle peut examiner si la répartition des ressources et des richesses est équitable, ou si le marché parvient à allouer les ressources de manière à maximiser la production et la satisfaction des besoins et désirs de la société. Elle s'attarde aussi sur des phénomènes tels que les externalités et les biens publics, où les forces du marché peuvent ne pas conduire à une allocation efficace des ressources. Les externalités, telles que la pollution, où les coûts ou les bénéfices d'une activité économique affectent des tiers qui ne sont pas directement impliqués dans la transaction, sont un exemple classique de défaillance du marché que l'économie du bien-être tente de comprendre et de corriger. L'application de l'économie du bien-être dans la vie réelle est vaste. Par exemple, les gouvernements utilisent ses principes pour concevoir des politiques fiscales qui non seulement génèrent des revenus, mais cherchent également à répartir la charge fiscale de manière équitable. De même, dans le cas de la réglementation environnementale, l'économie du bien-être aide à équilibrer les coûts économiques de la réduction de la pollution avec les bénéfices en termes de santé publique et d'environnement. | |||
Pour évaluer les bénéfices tirés par les consommateurs et les producteurs de leur participation au marché, l'économie du bien-être s'appuie sur les concepts de surplus du consommateur et du producteur. Ces concepts sont fondamentaux pour comprendre comment le marché alloue les ressources et pour évaluer si cette allocation maximise le bien-être global de la société. Le surplus du consommateur est la mesure des avantages que les consommateurs obtiennent en achetant des biens et services. Plus précisément, il représente la différence entre ce que les consommateurs sont prêts à payer pour un bien ou un service et ce qu'ils paient effectivement. Si, par exemple, un consommateur est prêt à payer 15 euros pour un produit mais ne le paie que 10 euros, son surplus est de 5 euros. Ce surplus reflète le bénéfice ou la satisfaction obtenue au-delà du coût supporté. De l'autre côté, le surplus du producteur est la différence entre le montant que les producteurs reçoivent pour la vente de leurs biens ou services et le coût de production de ces biens. C'est essentiellement le bénéfice que les producteurs retirent de la vente de leurs produits au-delà de leurs coûts de production. Par exemple, si un producteur vend un bien 20 euros alors que le coût de production est de 15 euros, son surplus est de 5 euros. | |||
{{Translations | Dans un marché qui fonctionne parfaitement, sans failles (comme les externalités, les biens publics, l'information imparfaite, ou les monopoles), l'allocation des ressources par le marché est dite "efficiente" au sens de Pareto. Cela signifie que personne ne peut être rendu mieux sans rendre quelqu'un d'autre moins bien. Dans un tel scénario idéal, le marché parvient à maximiser le bien-être agrégé, qui est la somme du surplus des consommateurs et du surplus des producteurs. Cela se traduit par une allocation des ressources qui non seulement maximise la production globale, mais qui le fait d'une manière où les bénéfices des uns ne sont pas obtenus aux dépens des autres. Cette analyse idéalisée du marché parfait sert de référence pour évaluer les performances des marchés réels. Les économistes peuvent alors identifier les défaillances du marché et proposer des interventions politiques pour corriger ces défaillances, dans le but d'améliorer l'efficacité et l'équité de l'allocation des ressources.{{Translations | ||
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Version du 31 décembre 2023 à 17:37
| Professeur(s) |
Milet, Emmanuel Sbergami, Federica[1][2][3] Ferro-Luzzi , Giovanni |
|---|---|
| Cours | Introduction à la microéconomie |
Lectures
- Introduction au cours d'introduction à la microéconomie
- Approche méthodologiques au cours d'introduction à la microéconomie
- Les forces du marché : l'offre et la demande
- Les élasticités et ses applications
- Offre, demande et politiques gouvernementales
- Surplus du consommateur et du producteur
- Les externalités et le rôle de l'État
- Les biens publics
- Les coûts de production
- Les entreprises en concurrence parfaite
- Les entreprises en monopole
- Concurrence monopolistique
- Oligopole
- Contrainte et préférences du consommateur
- Choix du consommateur
- Les problèmes d'information et les choix publics
L'économie du bien-être est une branche importante de l'économie qui se concentre sur la compréhension et l'évaluation de l'efficacité et de l'équité de l'allocation des ressources par le marché. Cette discipline s'attache à déterminer si l'allocation des ressources réalisée par le mécanisme de marché maximise effectivement le bien-être collectif. Elle opère à travers deux prismes d'analyse distincts mais complémentaires : l'analyse positive et l'analyse normative.
L'analyse positive s'efforce d'observer et de décrire objectivement les phénomènes économiques. Par exemple, elle peut se pencher sur les effets d'une modification de la politique fiscale sur les revenus sans juger si ces effets sont souhaitables ou non. L'analyse normative, en revanche, s'aventure dans le domaine des jugements de valeur, se demandant ce qui devrait être. Elle évalue, par exemple, si l'allocation des ressources par le marché est juste ou efficace, allant au-delà de la simple observation pour s'interroger sur la souhaitabilité des résultats économiques. Dans le cadre de l'économie du bien-être, des outils tels que le surplus du consommateur et du producteur sont employés pour mesurer les bénéfices que les individus et les entreprises retirent de leur participation au marché. Ces outils aident à évaluer si le marché alloue les ressources de manière à maximiser le bien-être collectif, qui est la somme des avantages individuels de tous les participants au marché.
L'économie du bien-être s'intéresse également à des questions d'équité et d'efficacité. Par exemple, elle peut examiner si la répartition des ressources et des richesses est équitable, ou si le marché parvient à allouer les ressources de manière à maximiser la production et la satisfaction des besoins et désirs de la société. Elle s'attarde aussi sur des phénomènes tels que les externalités et les biens publics, où les forces du marché peuvent ne pas conduire à une allocation efficace des ressources. Les externalités, telles que la pollution, où les coûts ou les bénéfices d'une activité économique affectent des tiers qui ne sont pas directement impliqués dans la transaction, sont un exemple classique de défaillance du marché que l'économie du bien-être tente de comprendre et de corriger. L'application de l'économie du bien-être dans la vie réelle est vaste. Par exemple, les gouvernements utilisent ses principes pour concevoir des politiques fiscales qui non seulement génèrent des revenus, mais cherchent également à répartir la charge fiscale de manière équitable. De même, dans le cas de la réglementation environnementale, l'économie du bien-être aide à équilibrer les coûts économiques de la réduction de la pollution avec les bénéfices en termes de santé publique et d'environnement.
Pour évaluer les bénéfices tirés par les consommateurs et les producteurs de leur participation au marché, l'économie du bien-être s'appuie sur les concepts de surplus du consommateur et du producteur. Ces concepts sont fondamentaux pour comprendre comment le marché alloue les ressources et pour évaluer si cette allocation maximise le bien-être global de la société. Le surplus du consommateur est la mesure des avantages que les consommateurs obtiennent en achetant des biens et services. Plus précisément, il représente la différence entre ce que les consommateurs sont prêts à payer pour un bien ou un service et ce qu'ils paient effectivement. Si, par exemple, un consommateur est prêt à payer 15 euros pour un produit mais ne le paie que 10 euros, son surplus est de 5 euros. Ce surplus reflète le bénéfice ou la satisfaction obtenue au-delà du coût supporté. De l'autre côté, le surplus du producteur est la différence entre le montant que les producteurs reçoivent pour la vente de leurs biens ou services et le coût de production de ces biens. C'est essentiellement le bénéfice que les producteurs retirent de la vente de leurs produits au-delà de leurs coûts de production. Par exemple, si un producteur vend un bien 20 euros alors que le coût de production est de 15 euros, son surplus est de 5 euros.
Dans un marché qui fonctionne parfaitement, sans failles (comme les externalités, les biens publics, l'information imparfaite, ou les monopoles), l'allocation des ressources par le marché est dite "efficiente" au sens de Pareto. Cela signifie que personne ne peut être rendu mieux sans rendre quelqu'un d'autre moins bien. Dans un tel scénario idéal, le marché parvient à maximiser le bien-être agrégé, qui est la somme du surplus des consommateurs et du surplus des producteurs. Cela se traduit par une allocation des ressources qui non seulement maximise la production globale, mais qui le fait d'une manière où les bénéfices des uns ne sont pas obtenus aux dépens des autres. Cette analyse idéalisée du marché parfait sert de référence pour évaluer les performances des marchés réels. Les économistes peuvent alors identifier les défaillances du marché et proposer des interventions politiques pour corriger ces défaillances, dans le but d'améliorer l'efficacité et l'équité de l'allocation des ressources.
Surplus du consommateur et du producteur
Demande
Le surplus du consommateur mesure le bénéfice que le consommateur tire de sa participation au marché. Il est donné par sa volonté à payer (= prix de réserve) moins ce qu’il paie effectivement pour acquérir le bien.
Courbe de demande agrégée
Surplus du consommateur
La surface sous la courbe de demande et en dessus du prix du marché mesure le surplus des consommateurs, c.à.d. le bénéfice (ou bien-être) qu’ils tirent de leur participation au marché = valeur du bien pour les consommateurs – montant payé.
Changement du surplus du consommateur
Le changement dans le surplus du consommateur (bien-être des consommateurs) suite à un changement de prix est donné par la surface en-dessous de la courbe de demande entre les deux prix.
Offre
Le surplus du producteur mesure le bénéfice que le producteur retire de sa participation au marché. Il est donné par le revenu qu’il reçoit pour ce qu’il vend moins le coût de production (= prix de réserve) qu’il a du subir pour produire les biens.
Courbe d’offre agrégé
Surplus du producteur
La surface entre la courbe d’offre et le prix du marche mesure le surplus du producteur = montant reçu par le producteurs – coût de production.
Changement du surplus du producteur
Le changement dans le surplus producteur suite à un changement de prix est donné par la surface en dessus de la courbe d’offre entre les deux prix.
Efficience du marché
Surplus total
Est-ce que l’allocation des ressources par le marché maximise le bien-être (le surplus total) ? Est-ce que le marché est efficient ?
- Surplus du consommateur (SC) = Valeur pour le consommateur – Prix payé
- Surplus du producteur (SP) = Prix reçu – Coût de production
- Surplus total = Surplus consommateur + Surplus Producteur = Valeur pour le consommateur – Prix payé + Prix reçu – Coût de production
Et, étant à l'équilibre Prix payé = Prix reçu =>
- Surplus total = Valeur pour le consommateur – Coût de production
Une allocation des ressources est dite efficiente ou efficace si elle maximise le surplus total reçu par tous les membres de la société.
Exemple : marché de la viande d’agneau
- et
Remarques
Trois remarques sur l’efficience du marché :
- Le marché alloue les quantités offertes aux acheteurs qui leur attribuent une valeur plus importante mesurée par leur volonté à payer.
- Le marché alloue les quantités demandées aux producteurs plus efficients (ceux avec les coûts de production les plus bas).
- Le marché laissé à lui-même maximise le surplus total. Le laissez faire est donc optimal.
NB: ce critère ne dit pas si la situation d’équilibre est “juste” ou équitable!
Limites du laissez faire
On a supposé un fonctionnement parfait des marchés, et ceci est souvent loin de la réalité. Il y aura des failles de marché dans les cas suivants:
a) Concurrence imparfaite
b) Externalités positives ou négatives
c) Biens publiques
d) Problèmes d’inégalité
(Mais n’oublions pas l’existence de failles du gouvernement également!)
Application : Taxation
Introduction
Dans le chapitre 5 on a vu comment la taxation :
- réduit les quantités échangées sur le marché
- augmente le prix payé par le consommateur
- diminue le prix reçu par le producteur
Et comment l'incidence de la taxation :
- est indépendante de celui qui est désigné à payer cette taxe
(consommateurs ou producteurs)
- dépend des élasticités prix de l’offre et de la demande (le côté le plus inélastique du marché paie une part plus importante)
Ici on se concentre sur l’impact de la taxation sur:
- le bien-être (ou surplus total = SC+ SP)
- le revenu du gouvernement(SG)
On verra en particulier quelle est la structure de taxation qui permet de minimiser le coût social pour un niveau de revenu du gouvernement donné.
Finance publique.
Le coût social des taxes
Peu importe qui paie la taxe (consommateur ou producteur), elle réduira la taille du marché et l’impact sur les prix et les quantités sera identique.
Revenu du gouvernement
Mais le gouvernement collecte du revenu, qui est donné par le produit de la taxe (CHF/kilos) et des quantités vendues (kilos)
- Revenu Gouvernement (SG) = taxe ∙ quantités échangées
Effet net sur le surplus total
Intuition
Le bénéfice pour les consommateur est plus grand que le coût de production des producteurs et le gouvernement ne collecte pas de revenu sur cette différence car ces quantités ne sont plus échangées.
Exemple: marché de la viande d’agneau
- , et
Taxes et élasticités
Le coût social dépend des ajustements des quantités échangées après l’introduction de la taxe. Et cela dépend des élasticités-prix de la demande et de l’offre.
Plus grande est l’élasticité prix de la demande ou de l’offre et plus grande va être la réduction des quantités échangées suite à l’introduction de la taxe, et donc plus grand va être le coût social de cette taxe (la surface C+E dans le graphique précédant).
Pour un niveau de revenu donné, le gouvernement aura intérêt à collecter du revenu là où les élasticités sont les moins grandes.
Taxe forfaitaire
La manière la plus efficiente de collecter des taxes est d’introduire une taxe forfaitaire ou lump sum tax (poll tax de Margaret Thatcher à la fin des années 80s). Une taxe forfaitaire n’affecte pas le comportement de consommation ou production des individus (que je consomme ou pas une unité supplémentaire je devrais payer la taxe; que je travaille ou pas je dois payer la taxe, que je produise ou pas le bien je dois payer la taxe, etc.).
Le coût administratif est aussi très petit (si on arrive à identifier les individus sans difficulté). Pas besoin de comptables ou de codes de taxation compliqué.
Problème de la taxe lump sum: elle n’est pas très équitable. Quel que soit leur revenu ou leur consommation, les individus paient le même montant...
Il y a tout de même un consensus qui émerge parmi les économistes sur le système de taxation et de redistribution du revenue: il vaut mieux avoir un système de taxation qui n’est pas très progressif pour ne pas affecter les incitations des individus à travailler (générer du revenu) et réaliser les politiques de redistribution par la dépense du gouvernement plutôt que par la taxation.
Plein d'autres applications possibles…
Dans ce chapitre nous avons utilisé le concept de surplus du consommateur et du producteur pour faire l'analyse de bien-être de l'introduction d'une taxe indirecte. Ce même type d'analyse peut être employé pour évaluer l'impact de bien-être de toute autre sorte de choc ou d'intervention sur le marché :
- l'introduction d'un prix minimum provoque une redistribution (transfert) de surplus des consommateurs vers les producteurs et génère une perte sèche pour la collectivité (montrez cela avec une analyse graphique) → application au salaire minimum.
- l'introduction d'un prix maximum provoque une redistribution (transfert) de surplus des producteurs vers les consommateurs et génère une perte sèche pour la collectivité (montrez cela avec une analyse graphique) → application au loyers contrôlés.
Résumé
Surplus du consommateur (graphiquement: surface en-dessous de la courbe de demande et au dessus du prix).
Surplus du producteur (graphiquement: surface au dessus de la courbe d’offre et en-dessous du prix).
Une allocation des ressources qui maximise la somme du surplus du consommateur et du producteur (surplus total) est une allocation efficiente.
Le marché (et sa main invisible) maximise le surplus total et est donc efficient. On aurait pas besoin de la main plus visible du gouvernement.
Mais le marché ne fonctionne pas toujours parfaitement. En présence de failles de marché une meilleure allocation peut être obtenue si le gouvernement intervient dans le marché.
Une taxe réduit le SC et le SP d’un montant plus élevé que l’augmentation du revenu du gouvernement (coût social de la taxe ou perte sèche).
Les taxes ont un coût social plus petit pour un revenu collecté identique lorsqu’elles sont appliquées sur des marchés où la demande et/ou l’offre sont inélastiques.